tradition artistique et dynamique de creation

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tradition artistique et dynamique de creation
REPUBLIQUE FEDERALE ISLAMIQUE DES COMORES
MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE, DE LA FORMATION
PROFESSIONNELLE ET DES DROITS DE L'HOMME
CENTRE NATIONAL DE DOCUMENTATION
ET DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE
TRADITION ARTISTIQUE ET
DYNAMIQUE DE CREATION
CONTRIBUTION A LA CONFERENCE REGIONALE SUR
"L'EDUCATION ARTISTIQUE SCOLAIRE
ET EXTRASCOLAIRE"
PORT ELIZABETH, SOUTH AFRICA
du 26 au 30 JUIN 2001
Par
ABDALLAH ALI Naguib
Architecte conservateur, professeur d'arts plastiques, Musée National – CNDRS
B.P. 169 Tél. (269) 74 41 87 Fax (269) 74 41 89 E-mail : [email protected] /
[email protected]
SOMMAIRE
INTRODUCTION
I.
UNE TRADITION ARTISTIQUE
1.
2.
3.
4.
5.
II.
L'ARTISANAT
LES ARTS PLASTIQUES
LA MUSIQUE ET LES DANSES
LA LITTERATURE
LE THEATRE
POUR UN PROGRAMME ARTISTIQUE SCOLAIRE
1. CONTENU DE LA DEMARCHE
2. PROGRAMME POUR LE 1er CYCLE DU SECONDAIRE
CONCLUSION
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INTRODUCTION
Aux Comores, il existe deux systèmes éducatifs où l'enfant peut évoluer parallèlement et
simultanément :
- l'école coranique, une institution qui a pour mission de dispenser un enseignement religieux visant à
renforcer la culture et la religion islamique. L'enfant peut y séjourner à partir de trois ans jusqu'à
l'âge de sa majorité "spirituelle".
- l'école officielle, l'institution inspirée du modèle français, placée sous la tutelle du ministère de
l'éducation nationale.
La réforme du système éducatif en cours de préparation se propose d'intégrer ces deux types
d'institution scolaire. Les langues d'enseignement sont le français et l'arabe. Jusqu'à la fin des années
1980, l'enseignement aux Comores était essentiellement dispensé dans les établissements publics.
Depuis le début de la décennie 90, l'enseignement privé connaît un développement rapide, en partie lié
aux perturbations sociaux politiques qui ont affecté le fonctionnement des établissements publiques.
Par ailleurs, les Comores éprouvent un réel besoin de re-formulation du programme de son
enseignement, compte tenu des nouveaux défis auxquels se trouvent confrontés les enfants en ce début
de millénaire. Son enseignement ne comporte pas encore de programme d'éducation artistique, à la
différence de nombreux pays. Pourtant les Comores, pays d'ancienne culture de plus de millénaire, ont
bel et bien une tradition artistique. Que ce soit dans le domaine de l'artisanat, de la musique, du chant,
de la danse et du théâtre, l'expression artistique y est très riche et représente une source d'inspiration
inépuisable. Mais les arts plastiques, tels qu'ils sont perçus à l'étranger, sont les formes d'art qui s’y
sont développées tardivement. Toutefois, on assiste aujourd'hui à une effervescence de ces disciplines
chez les jeunes. Il existe bien des peintres, des graphistes, des céramistes, des architectes, des
sculpteurs, etc.
I. UNE TRADITION ARTISTIQUE
1. QUELQUES ASPECTS SUR L'ARTISANAT
L'artisanat traditionnel comorien trouve sa source d'inspiration dans l'organisation spatiale, dans
les pratiques sociales et dans l'environnement immédiat.
La modernisation de l'économie nationale, l'évolution constante du goût du consommateur, les
exigences du marché, commande à l'artisan de présenter des produits compétitifs remplissant les
critères de qualité et de prix. Ainsi on trouve sur le marché de l'art des produits d'une nouvelle gamme
destinée le plus souvent aux touristes : il s'agit d'une miniaturisation d'objets usuels traditionnels, d'une
représentation d'éléments de la nature ou d'objets résultant d'une pure création.
La poterie.
La poterie locale a une longue tradition, confirmée par les fouilles archéologiques menées dans
l'archipel. Elle a été et reste un art féminin, parce que la tradition lui confère des aspects ludiques qui
ne peuvent intéresser que les femmes. Du modelage à la cuisson en passant par la décoration, la
technique rappelle une démarche créative qui serait propre à la femme : femme conceptrice,
génératrice de vie, et donatrice de soins. La décoration de la pièce de poterie pourrait être comparée à
une séance de maquillage traditionnel.
Les femmes réalisent jusqu'à nos jours des types de poterie dont les motifs, toujours
géométriques et le travail de bordure, perpétuent un art de la céramique qui remontent à plusieurs
siècles.
Des tentatives timides et novatrices, liées à la demande touristique, orientent la production vers
une céramique qui semble être en rupture avec une céramique utilitaire qui répondait aux besoins des
consommateurs locaux. Il s'agit notamment des modèles très variés de pots, de cassolettes, de brûleparfum et autres statuettes en forme d'animaux, d'avions, de bateaux, etc.
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L'art du bois.
L'art du bois s'est enrichi au cours des siècles, de différents apports des pays de l'aire swahilie et
de l'Orient.
Dans les anciennes mosquées et les vieilles demeures princières et nobles, le bois est beaucoup
utilisé dans le décor. Les portes d'entrée et les portes intérieures, les poutres et les madriers sous les
dalles de plaques de lave, présentent des éléments décoratifs basés sur des motifs floraux ou sur des
tracés géométriques. Les battants des portes qui font actuellement la renommée de l'artisanat comorien,
sont d'un mouvement renaissant. Ce secteur reste dynamique à cause de la créativité des menuisiers et
des ébénistes, de l'introduction de nouvelles techniques, la taille en creux, mais aussi à cause de la
préservation d'une tradition qui s'adapte en même temps aux aspirations et besoins des comoriens.
Dans beaucoup de secteurs, comme celui du bâtiment, les influences dans la conception et les
techniques reflètent les apports de nouveaux réseaux d'échanges qui se sont développés à partir de la
colonisation. Le travail du bois continu à se maintenir même avec les innovations technologiques dans
une tradition d'une sculpture et d'une calligraphie qui exprime la spécificité d'une culture de tradition
musulmane.
L'art de la calligraphie.
C'est dans les mosquées que l'art de la calligraphie sur bois et sur corail trouve son
épanouissement. On le retrouve notamment sur le cadre des portes, sur les impostes et sur les poutres
décorées des plafonds. Il reste encore des témoignages de ce travail d'artiste de l'ancienne tradition,
dans les vieilles cités de l'archipel. Dans certaines maisons, ces témoignages font encore partie du
décor quotidien.
La vannerie et la sparterie.
La vannerie est essentiellement un art féminin, développé dans les espaces domestiques des
villes et villages où traditionnellement les femmes vivaient cloîtrées. L'art de la sparterie était à
l'origine une activité réservée aux femmes nobles qui ne participaient pas aux travaux des champs. Il
s'agit notamment de la confection des nattes multicolores et rectangulaires utilisées encore comme
couvre-lit ou tapis, des petites nattes ovales qui servaient de tapis de prière ou de tapisserie pour la
décoration murale.
Ces produits reflètent les apports et les influences dues aux réseaux d'échanges entre les
Comores, l'Afrique de l'Est et Madagascar.
La bijouterie.
L'art de fabriquer des bijoux est une vieille tradition aux Comores. La fabrication se faisait et se
fait encore à partir de la refonte de bijoux ou de la fusion des monnaies étrangères (or ou argent). On
achète, on vend, on fait transformer, on introduit des nouveaux modèles, on lance des modes. On
développe un art original où la créativité ne se conçoit pas sans les influences et les modes venues
d'ailleurs. L'observation d'une collection de bijoux de mariée permet d'avoir une idée des pièces de la
bijouterie comorienne. Ces bijoux sont en massif, en filigrane ou réalisés à partir de pièces montées.
2. LES ARTS PLASTIQUES
De toutes les formes artistiques, les arts plastiques se sont développés tardivement aux Comores,
sans doute à cause du caractère essentiellement oral de la culture, combinée à la fois à une idée
faussement répandue que l'islam interdit l'icône et la représentation de la figure humaine et animale.
L'image figurée n'a pas toujours occupé une grande place dans la vie quotidienne.
Il n'y a pas encore de programme d'éducation artistique dans l'enseignement publique. Toutefois
on assiste aujourd'hui à une effervescence de la discipline chez les jeunes comoriens, malgré l'absence
d'une éducation artistique dans les lycées et collèges.
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L'art contemporain tel qu'il existe aux Comores montre des influences africaines, orientales et
européennes. Tandis que la sculpture reste rare, la peinture commence à se développer et quelques
artistes doués se forgent une réputation au pays et ailleurs.
Notons que ces dernières années, le Programme Culturel Bantu organisé par le CICIBA sur
financement de l'Union européenne, a donné une place de choix à la promotion des arts plastiques aux
Comores. La stratégie développée est de privilégier les actions structurantes. Ainsi une association
d'artistes plasticiens est née. A l'actif de l'association il y a eu plusieurs ateliers d'échanges
d'expériences et de création, une vingtaine d'expositions, des centaines d'œuvres et une sensibilisation
constante du public.
3. LA MUSIQUE, LE CHANT ET LES DANSES
La musique est pour le Comorien un moyen de communication efficace et prestigieuse. Aux fils
des siècles, les Comoriens ont exprimé leurs pensées, transmis leur expérience de la vie, exercé leur
imagination et leurs talents artistiques, presque exclusivement par la musique.
Que se soit des berceuses qu'une mère chante à son bébé, des chants des pêcheurs qui servent à
attirer les poissons ou des chants religieux, la vie est rythmée et mélodique. Le rôle de la musique et de
la danse est si important que, les fêtes religieuses et profanes qui marquent les grands moments de la
vie collective et les principaux actes de la vie familiale et individuelle, ont singulièrement façonné
l'habitat, aussi bien urbain que rural. En effet, presque toutes les villes comoriennes sont dotées de
différentes catégories de forums qui accueillent des manifestations musicales aux fonctions
socioculturelles bien déterminées.
Le chant est une forme privilégiée de la littérature comorienne. Il a permis la conservation, sans
le support de l'écriture, de tous les événements saillants de l'histoire nationale et locale : la fondation
d'une dynastie, l'avènement d'un roi, l'arrivée des nouveaux migrants, l'introduction d'une technique,
d'une nouvelle forme d'organisation sociale, etc. Tout est chanté et ainsi "archivé" dans la mémoire
collective, avec pour chaque chose, chaque événement, sa charge de poésie, de mythe et de légende.
Il existe des danses d'hommes et des danses de femmes et toutes se déroulent pendant les
cérémonies liées au mariage et chacune a sa place dans l'ordre des choses. D'autres danses témoignent
de la diversité des influences.
La musique moderne et la chanson connaissent ces derniers temps un essor favorable. Elles
puisent dans les sources d'Afrique et d'Arabie. Certains musiciens ont un son fortement rythmé tandis
que d'autres jouent plutôt sur les mélodies.
4. LA LITTERATURE
Autrefois, les histoires et les contes faisaient parties de la tradition orale et l'écrit était rare,
d'autant plus que la fiction, le roman, sont des idées européennes. On peut pourtant affirmer qu'une
littérature propre au terroir a existé : c'était celle des érudits, des nobles, des princes et autres
chroniqueurs. Elle était essentiellement d'expression arabe et swahili. Ce n'est que tardivement que la
langue comorienne a été employée comme langue littéraire.
Les Comores sont malheureusement restées longtemps en marge des mouvements littéraires
francophones : la problématique de l'homme comorien colonisé ne s'est pas exprimée ni par la poésie
moderne ni par le roman moderne, mais par ces traditions littéraires d'oralité.
Actuellement il existe bien des poètes, des nouvellistes, des romanciers, des dramaturges qui
écrivent en comorien ou en français mais la diffusion de leurs œuvres reste limitée.
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5. LE THEATRE
Le théâtre se développe également et dans ce domaine, la diffusion radiophonique est très
appréciée du public, qui retrouve dans cette expression le reflet de son quotidien dans toute sa
complexité. Nombreuses sont les pièces de théâtre s’appuyant sur des thèmes historiques et sociaux.
Plusieurs auteurs écrivent des pièces destinées à la scène ou à la radio. Avec peu de moyen, des jeunes
acteurs écrivent et arrivent à monter à jouer leurs spectacles devant des salles souvent combles.
II.
POUR UN PROGRAMME D’EDUCATION ARTISTIQUE SCOLAIRE
L’éducation artistique, on le sait, vise à développer, comme toute autre discipline enseignée, la
personnalité de l’individu à travers une approche spécifique du réel. Cependant celle-ci a pour
particularité d’en appeler à des aptitudes et des fonctions dont la plupart sont d’ordre affectif sensoriel.
Et c’est grâce à leur affinement et en accord avec elles que pourra s’instaurer une créativité équilibrée,
où la sensibilité s’allie à la cognition, l’élan émotionnel à la rationalité, l’imagination à l’expérience.
Le professeur d’arts plastiques aura alors pour vocation :
- d’initier l’adolescent à toutes les techniques relevant du visuel pour lui apprendre à s’exprimer et à
communiquer grâce à des signes non verbaux.
- d’éveiller l’élève à la perception du monde des objets, des formes et des signes, de lui fournir au sens
large du terme, les moyens de les exprimer.
L’enseignement des arts plastiques consiste surtout à aider les élèves dans l’acquisition
progressive des moyens leur permettant d’être apte à : percevoir, interpréter, représenter, symboliser,
communiquer.
1. CONTENU DE LA DEMARCHE
Contrairement à des nombreux programmes, celui des arts plastiques laisse le champ libre à
l'imagination. Toutefois quelques soient les divergences des cours proposés, ils doivent tourner autour
de ces principes qui sont à la base de cet enseignement :
Ø Le premier traitant essentiellement de la composition et des techniques,
Ø Le second de quelques points forts : les thèmes, le dessin libre et l'image,
Ø Le troisième de l'observation et de la créativité.
A. LA COMPOSITION
Dans un premier temps, et au moyen d'images découpées par exemple, on doit faire apparaître
l'importance de la place occupée par un élément, comment cette place conditionne les impressions que
l'on ressent en le regardant (impression d'équilibre, de stabilité, de sécurité ou le contraire ; importance
que prend l'élément situé à tel ou tel endroit, etc.).
Dans un second temps, les amener à découvrir la structure d'une image. Commencer par des
constatations très évidentes, s'appuyant sur des tracés géométriques avant d'aborder des types de
compositions plus subtiles qui au seul niveau du raisonnement seraient incompréhensibles par des
enfants.
Opérer expérimentalement aussi souvent que possible en reconstituant par exemple, une
composition au moyen d'éléments découpés, simplifiés et assemblés. Etablir des comparaisons et
conduire pas à pas l'enfant vers l'idée qu'il n'y a pas de composition type.
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B. LES TECHNIQUES
La technique ne doit pas être génératrice de difficultés, de refus, de blocage. Il nous appartiendra
d'en libérer l'enfant en lui expliquant que l'idée engendre la production laquelle crée les dispositifs
plastiques à mettre en œuvre : ces derniers n'étant pas réductibles à la combinaison d'éléments ou
d'invariants préexistants, toute solution sera acceptée, pourvu qu'elle soit capable de communiquer des
intentions.
Sortir du cadre de la feuille de papier et l'usage du crayon pour multiplier les moyens
d'expression. Entraîner l'enfant à toutes sortes d'assemblage et de constructions à partir de matériaux
traditionnels et de matériaux de rencontre.
C. LES THEMES
Ils permettent une approche pluri ou interdisciplinaire. On peut faire des propositions aux élèves,
les élaborer avec eux par exemple, procéder à des séances de travail autour d'un thème parfois
volontairement peu défini. Ou bien dans le souci de liaison avec d'autres disciplines, il est possible
d'opérer autour des "thèmes polyvalents", englobant plusieurs formes d'expressions artistiques : thèmes
techniques (impressionnisme, cubisme, etc.), thèmes du sujet (la mer, les paysans, etc.), etc. Saisir
également chaque concours de dessin lancé au niveau national et faire participer les élèves au grand
maximum.
D. LE DESSIN LIBRE
On exercera l'élève à chercher la rigueur qui doit exister dans le rapport entre ses intentions et sa
production. Lorsque la seconde présente des résultats en adéquation suffisante avec les premières,
l'expression atteint son optimum et le dessin libre a trouvé un sens.
E. L'IMAGE
Une particulière importance sera donnée à la lecture d'images. compte tenu de la prolifération de
l'image en tant que support à la communication visuelle (images fixes, images séquentielles de bandes
dessinées ou photographiées ou du cinéma), il est indispensable d'entamer l'élève à la déchiffrer, pour
lui permettre d'en saisir le sens et les intentions, et d'adopter à son égard une attitude active et critique.
L'essentiel est de faire apparaître que toute image est un ensemble organisé utilisant un certain
nombre de signes diversement agencés, que cet ensemble est toujours chargé d'un sens qu'il s'agit de
décoder.
Les exercices proposés impliqueront de façon simple mais précise :
Ø La reconnaissance, dans l'image fixe, des éléments plastiques constitutifs et de leur combinaison
avec le texte,
Ø La prise de conscience dans l'image séquentielle et leur relation avec les éléments sonores
(musicaux et autres),
Ø L'apport de données fondamentales sur la construction d'un message et les aspects techniques (prise
de vue, plans, découpage, etc.).
Il sera indispensable que toute analyse débouche sur une manipulation concrétisée et ne se solde
pas uniquement par le seul recours à la théorie sans support pédagogique nécessaire.
F. L'OBSERVATION
Des exercices d'observation et de manipulation fondée sur l'expérimentation et l'analyse tendront
par un contact direct avec la réalité immédiate à faire prendre conscience des différentes composantes
de tout ensemble visuel (formes, couleurs, textures, structures, etc.).
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G. LA CRÉATIVITÉ
La créativité dans l'art peut se définir comme étant le processus par lequel l'artiste se base sur sa
sensibilité, son vécu ou son environnement pour créer des œuvres qui ont un aspect nouveau. La
créativité étant l'approfondissement d'une idée originale, travaillée pour être finalement nouvelle ; elle
se caractérise donc par l'originalité, l'esprit d'adaptation et le souci de réalisation.
Le besoin de créer est une énergie potentielle que chacun porte en lui, et commande l'élaboration
non répétitive, le changement. Il est relativement difficile d'obtenir de ces jeunes esprits une création
originale. La peur de ne pas "trouver" soi-même et de ne pouvoir faire "un joli dessin" condamne
l'action et la conduite de l'élève.
La créativité devrait donc être perçue ici, dans une certaine mesure, comme une mentalité, une
note d'originalité apportée à l'expression d'une idée, d'une intention.
2. PROGRAMME
Ce programme est non officiel. Il est le fruit de dix années d'expérience dans une école privée et
concerne le premier cycle du secondaire.
MATERIELS :
-
Matériels de dessin et de coloriage classique
Matériels naturels et de récupération
Classe de 6e
§
Objectifs :
Ø Apprendre à réunir, à créer et à utiliser les matériaux qui peuvent servir à la représentation et
à la communication.
Ø Entraînement à l'observation, de "fini" et de présentation où l'imagination est cesse sollicitée.
§
Centre de travail :
Ø Le graphisme : format, mise en page, recherche de composition.
Ø Les couleurs : aplats, mélanges complémentaires, neutres, tons rompus et tons rabattus,
personnalité des couleurs, tons froids et tons chauds.
Ø La perspective : frontale, oblique, aérienne.
Ø Le dessin : proportions, rectangle enveloppant, mise en place, croquis, valeurs.
§
Résultats attendus en fin d'années :
Ø Habitude de soin et de propreté
Ø Habitude à observer
Ø Perception affinée des formes et des couleurs
Ø capacité à organiser un espace donné
Classe de 5e
§
Objectifs :
Ø Consolider les acquis de la 6e
Ø Approfondissement de l'apprentissage de la couleur
Ø Etude des différents types d'expression graphique
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§
Centre de travail :
Ø Les couleurs : révision sur les mélanges, les complémentaires, les neutres.
Ø La perspective conique : frontale, oblique, aérienne, paysages en perspective
Ø Le dessin d'art : proportions, mise en place, croquis, valeurs, dégradé, contraste, dessin avec
valeurs en noir et blanc et en couleurs, observation du corps humain.
§
Résultats attendus en fin d'années :
Ø Distinction des différents types de représentation graphique ainsi que leur utilisation
pertinente dans chaque domaine d'intervention.
Classe de 4e
§
Objectifs :
Ø Consolidation des acquis de la 5e
Ø Poursuite de l'affinement de la perception esthétique et perfectionnement des moyens
d'exprime celle-ci.
§
Centre de travail :
Ø La perspective conique : frontale, oblique, aérienne, paysages en perspective, intérieur en
perspective, perspective cavalière
Ø Le dessin : proportions, croquis poussés, valeurs, clair obscur, le corps humain, dessin en
couleurs.
Ø La composition d'une œuvre d'art : unité, variété, équilibre, mémoire visuelle, imagination,
interprétation personnelle.
§
Résultats attendus en fin d'années :
Ø Une expression plastique assez claire de l'environnement social et culturel, à travers des codes
et des signes.
Classe de 3e
§
Objectifs :
Ø En général, la classe de 3e constitue une cassure pour beaucoup d'élèves. Il est donc essentiel
qu'un acquis artistique, certes quantitativement limité mais sûr, soit installé dans ces jeunes
mentalités. Il conviendra de favoriser, grâce au travail sur thème, l'expression libre et la
production créative.
§
Centre de travail : Lecture de l'image.
Ø Analyse d'une œuvre d'art : unité, variété, équilibre,mémoire visuelle,
imagination, expression libre à partir d'un thème,
composition d'une œuvre d'art.
Ø Dessin d'art : dessin d'imagination, mémoire visuelle,
initiation à la bande dessinée, affiches, panneaux publicitaires.
Ø Perspective intérieure : aménagement d'un espace donné, décoration plane.
§
Résultats attendus en fin d'années :
D'une manière générale, l'élève devrait pouvoir "se situer" vis-à-vis des différentes modes
d'expressions plastiques. Il sait "voir" et "regarder". Il dispose de pré- requis notionnels et
instrumentaux élémentaires nécessaires à :
- l'approche des diverses formes plastiques.
- la représentation d'un réel divers et évolutif qui constitue son environnement.
- l'expression fondamentale de sa sensibilité individuelle.
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CONCLUSION
Le but de l’enseignement artistique, à notre sens, consiste à développer l’esprit du jeune dans le
domaine de l’art, sans l’arracher du cadre de la tradition en dehors duquel il serait dépaysé. L’objectif
de l’enseignement serait de le conscientiser sur la valeur du patrimoine artistique de son pays et de le
placer dans un contexte qui réunira à la fois, la profondeur de la tradition avec tout ce qu'elle renferme
de richesses et l'inconnu de la modernité, avec ce qu'elle implique d'audaces et de découvertes.
Dès les premières classes, l'enfant doit être initié aux valeurs et autres richesses de son
patrimoine culturel et de son environnement naturel, à travers des activités d'observation et de création.
A l'exemple des autres pays africains et du monde entier, les Comores devraient donc accorder
une plus grande importance à l'éducation artistique dans le scolaire. Pour cela, elles devraient :
restructurer le programme scolaire afin d'y introduire les matières artistiques à tous les niveaux ;
solliciter et obtenir des pays amis, la formation des futurs enseignants ; encourager les artisans et les
artistes dans l'exercice de leur métier.
En outre, une action permanente et dynamique de sensibilisation devra alors être menée en
direction des artistes afin qu'ils saisissent la valeur et la noblesse de leur travail et l'intérêt qu'ils ont à
transmettre leur savoir. Cette campagne de sensibilisation devra aussi s'étendre à toute la population
afin qu'elle comprenne qu'en fait, l'activité artistique est sûrement un élément irremplaçable du
développement et de l'équilibre de l'homme. On reconnaît à quel point le travail manuel engage l'être
tout entier, corps, esprit et jugement.
Je vous remercie de votre attention.
Port Elizabeth, 26 juin 2001
Sources bibliographiques :
-
Musique et société dans l'Archipel des Comores, D. Ben Ali, mém. anthropologie, EHESS 1982
Propos sur la création littéraire écrite aux Comores, Club Kalam.
Comores : guide culturel, Iain Walker, Prg. Cult. Bantou / UE 1998
Bilan de l'Education Pour Tous à l'an 2000, Ministère de l'Education Nationale, 2000
Culture, Style, Créativité, Design, Abdallah A Naguib, Sém. sur l'Artisanat, Maurice déc. 1994
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