UN PEU D`HUMOUR Texte de Léo-Paul Lauzon, professeur au

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UN PEU D`HUMOUR Texte de Léo-Paul Lauzon, professeur au
UN PEU D’HUMOUR
Texte de Léo-Paul Lauzon, professeur au département des sciences comptables et titulaire de la
Chaire d’études socio-économiques de l’Université du Québec à Montréal
JANVIER 2011
Ça fait partie de ma guérison (qui tarde à venir) que m’ont dit mes thérapeutes Pancho et Igor qui
«zigonnent» sur les trois premières années de mon existence depuis 5 ans. Pensez-vous que l’on
va se rendre à mon adolescence avant ma mort que je leur ai demandé? Ils n’ont pas apprécié ma
question et ont ajouté une rallonge à la durée de ma thérapie. Ça m’apprendra à poser des
questions impertinentes! Faut que je sois plus positif et plus jovialiste en 2011 et que j’arrête de
chialer et d’avoir une attitude négative. Me convertir au capitalisme me ferait grand bien qu’ils
m’ont dit pour la énième fois. Pour eux, le socialisme est passé date et y adhérer n’est pas un
signe de grande lucidité. Parfois, je tiens mon bout et doit en assumer les conséquences comme
quand je leur ai dit récemment : «Ça prend bien des fossiles pour me traiter de dinosaures». Et
v’lan, six mois de plus à ma thérapie.
Dans ce texte, je serai plus positif que le sénateur Jacques Demers et les premiers ministres Jean
Charest et Stephen Harper réunis. Peut-être qu’un de ces jours, ils vont me nommer assistant de
l’adjoint du commis junior à une de leurs commissions ou à un de leurs comités. Ça ferait
tellement plaisir à ma mère Alice et ma marraine Marcelle. Tiens, commençons par les deux
opinions «scientifiques» d’Érik Richer La Flèche (un nom très aristocratique, beaucoup mieux
que Lauzon qui sonne comme dans Lauzon de conduite), qui est associé à l’important cabinet
d’avocats Stikeman Elliott, qui n’a pas de clients à St-Henri. Un homme très sérieux et avocat en
plus de ça. Dans le Journal de Montréal du 1er juillet 2009, il a écrit : «Les nombreux avantages
des PPP» et dans La Presse du 4 juillet 2009 : «Pourquoi se priver des PPP». Deux opinions
objectives rédigées par un expert. C’est très bien. Mais, en fouillant dans mes vieux articles de
journaux, je vois un article de René Lewandowski publié dans La Presse du 15 novembre 2007
et intitulé : «PP Payant pour Stikeman Elliott» avec une belle grosse photo d’Érik Richer La
Flèche (Érik et non Éric et La Flèche et non Laflèche). Moi je trouve ça intriguant.
Le sens éthique planétaire très ancré de Jean Charest ne date pas d’hier. En 2007, André Martel,
propriétaire d’Hélicoptères Panorama a été condamné pour braconnage mais cela n’a pas
empêché une miette Jean Charest d’accorder au braconneur et à sa compagnie pour 320 000$ de
contrats pour compter… les populations d’orignaux et de cerfs. Martel et le gouvernement ont
répliqué : «La compagnie de monsieur Martel, c’est une affaire et le pilote, l’individu, c’en est
une autre» (Journal de Montréal, 13 février 2008). Là, j’ai besoin d’un peu de temps de réflexion
pour comprendre. En attendant, je trouve ça rigolo.
J’en ai trouvé deux bonnes, juste pour vous, que je vais vous dévoilez si vous me promettez de
vous abstenir de critiquer. Dans La Presse du 19 novembre 2010, un article s’intitulait : «Un
médecin montréalais appuie une compagnie de tabac indienne. Il a affirmé sous serment que
fumer du tabac ne cause pas le cancer du larynx». Si c’est un médecin «indépendant» qui le dit,
c’est que ça doit être vrai! Fumer de pot indien, est-ce cancérigène? Puis, cet autre texte dans Le
Devoir du 8 mai 2007 : «Imperial Tobacco dit vouloir prévenir le tabagisme chez les jeunes». Si
c’est une compagnie de cigarettes portée sur la responsabilité sociale qu’il affirme, faut
évidemment la croire… Je vous ai à l’œil et je ne tolérerai pas aucune critique négative de votre
part. Un homme avertit en vaut deux et même trois. La même journée dans Le Devoir, j’ai trouvé
une autre perle : «Attractions hippiques veut lutter contre le jeu pathologique», même s’ils
avaient exigé et avaient obtenu l’autorisation de Charest d’installer 1300 appareils de loterie
vidéo dans leur hippodrome projeté. Fantasmagorique et très cool de leur part. Puis-je remercier,
en votre nom, Imperial Tobacco et Attractions hippiques de vouloir tant de bien à nos jeunes
d’aujourd’hui et de demain? Peut-être que trop c’est comme pas assez. Tant de bonté m’émeut
aux larmes. Je suis très sensible, je retiens ça de ma mère.
Maintenant, pour réduire les coûts de la santé publique, rien de mieux qu’une hausse du prix de
l’essence, même si cela enrichit les transnationales pétrolières et que l’on se fait arnaquer, dixit
Stephen Harper : «La hausse du prix de l’essence fait maigrir» qu’ont affirmé sans rire des
économistes très sérieux dans leur étude «scientifique» (La Presse, 16 septembre 2007).
En vérité, je vous le dis, une vraie grosse hausse du prix du gaz, jumelée à une autre crise
financière de luxe, et voilà que les coûts de la santé publique vont diminuer d’au moins la moitié,
argent que nos gouvernements pourront dépenser, pardon, «investir» intelligemment dans des
subventions additionnelles aux entreprises et dans des baisses d’impôts au privé et aux nantis :
«Les récessions sont bonnes pour la santé» (La Presse, 22 février 2009). L’expression n’est pas
de moi, je n’en ai pas les facultés intellectuelles, mais de l’intarissable Bernard Landry qui avait
dit : «Le gouvernement «dépense» dans la santé publique et «investit» dans les subventions aux
entreprises par le biais de la SGF» (anciennement la Société générale de financement du Québec,
fusionnée récemment avec Investissement-Québec).
Ce n’est pas fini, d’autres bonnes nouvelles pour améliorer notre système de santé publique, qui
découlent d’initiatives géniales de Charest, eh oui, encore lui : «Le CHUM veut devenir plus
humain grâce à des œuvres d’art» (La Presse, 8 juin 2010) et «La ministre Blais (Marguerite de
son prénom) prend le parti des clowns (peut-être des ministres de son parti?) dans les CHSLD
(Centres d’hébergement et de soins de longue durée)» (Le Devoir, 21 mai 2009). Et puis une
autre formidable nouvelle : «Des coquerelles au CHUM» (La Presse, 5 février 2009). Je vous le
dis, bien apprêtées, c’est tout simplement délicieux, servies sur un coulis de sauce à la punaise
marbrée de la Terre de Baffin. Et voilà, on règle le fléau des punaises de lit du même coup!
Enfin, je vais terminer par une autre note positive et porteuse d’espoir pour les travailleurs qui
ont eu la chance de perdre récemment leur emploi (Electrolux, Raffinerie Shell, Merck, AbitibiBowater, etc.) : «Perdre son emploi à 40 ans, une… opportunité» (j’ajouterai encore plus passé
40 ans. Vous avez perdu votre job? Soyez dans l’allégresse bande de chanceux). Et, dans La
Presse du 11 juillet 2009 : «Au chômage, pourquoi ne pas en profiter»… bande de profiteurs va.
Dans Les Affaires : «Comment tirer le maximum (d’un minimum s’entend) d’un congédiement.
Une perte d’emploi est une bonne occasion de faire le point sur ses finances (sur ses dettes
s’entend)». Ceux qui sont «flushés» sont des privilégiés selon ces experts spécialistes en
relations humaines et en psychologie.
J’ai hâte de montrer mon texte à mes thérapeutes. Ils vont être contents de mes progrès, du
moins, je l’espère. Pas de négativisme et de critiques; rien que de la sérénité, du jovialisme et,
quitte à passer pour un prétentieux, avec un soupçon de spiritualité. Je suis sur la bonne voie de
la réhabilitation. Mieux vaut trop tard que jamais! Que pensez-vous de ma nouvelle attitude?

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