Haydn / Chausson / Korngold / Dukas

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Haydn / Chausson / Korngold / Dukas
Haydn / Chausson / Korngold / Dukas
Lawrence Foster direction
Arabella Steinbacher violon
Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon
Vendredi 6 avril 20h30
Opéra Berlioz / Le Corum
Cahier pédagogique
Saison 2011-2012
Réalisé avec la participation de Geneviève Deleuze
Service Jeune Public et Actions Culturelles - 04 67 600 281 - www.opera-orchestre-montpellier.fr
Programme
Haydn / Chausson / Korngold / Dukas
Joseph Haydn
Symphonie n° 85 dite « La Reine »
Ernest Chausson
Poème pour violon et orchestre opus 25
Erich Wolfgang Korngold
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur opus 35
Paul Dukas
L’apprenti sorcier
Lawrence Foster direction
Arabella Steinbacher violon
Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon
Symphonie n° 85 dite « La Reine » de Joseph Haydn
Cette pièce fait partie des symphonies dites « parisiennes » (n°82 à 87) de Joseph Haydn, fruit
d’une commande passée par de riches amateurs de Paris, au premier rand desquels se plaçait
Claude-François-Mais Rigoley, plus connu sous le nom de Comte d’Ogny. La totalité du cycle
sera donnée au Concert de la Loge durant la saison 1787, sous le haut patronage de la reine
Marie-Antoinette. Cette symphonie en si b Majeur, doit son nom sans doute au fait qu’elle était
particulièrement appréciée par Marie-Antoinette. Cette œuvre est composée de trois parties :
1- Adagio Vivace
2- Romanza : allegretto
3- Menuetto : allegretto
4- Finale (presto)
Nomenclature de l’orchestre :
1 flûte
2 hautbois
2 bassons
2 cors
Cordes
Orchestration :
L'introduction lente fait référence à l'ouverture à la française et est suivie par un mouvement en
forme sonate. La romance évoque des variations sur la chanson La gentille et jeune Lisette. Le
finale, lui, est en forme sonate et en forme rondo.
Portrait de Marie-Antoinette
Tous droits réservés, diffusion gratuite à l’usage pédagogique
Poème pour violon et orchestre opus 25 d’Ernest
d’Ernest Chausson
Ce Poème pour violon et orchestre op25 est créé le 27 décembre 1896 à Nancy par Eugène Ysaye puis à
Paris. La première esquisse de ce chef-d’œuvre de la littérature pour violon et orchestre portait le titre
d’une nouvelle de Tourgueniev, ami du compositeur : Le chant de l’Amour triomphait (sous forme de poème
symphonique). Ce titre évolua en Poème pour violon et orchestre et maintenant, Poème seulement confirmant
la dissolution progressive de la source littéraire.
Nomenclature de l’orchestre
2 flûtes
2 hautbois
2 clarinettes
2 bassons
4 cors
cors
2 trompettes
3 trombones
1 tuba
1 harpe
T imbales
Cordes
C’est un orchestre opulent qui possède les caractéristiques typiques du post
post--romantisme avec un
effectif de vent très conséquent.
Le basson est un instrument de la famille des bois à anches doubles. Il
apparaît à la fin du XVIe siècle en Italie sous le nom de fagotto. Formé
d'un long tuyau d'environ 2,50 m en bois précieux (érable ou
palissandre), son étendue est de trois octaves et une quinte du si bémol 0
au fa 4. Cet ambitus important, le place à la fois dans les registres de basse
et de ténor d'où son utilisation fréquente par deux, le premier jouant dans
le médium/aigu, le deuxième jouant dans le grave.
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Orchestration
Ce Poème, qui semble être une libre improvisation, évolue dans un moule d’une solide architecture :
A-B-C-A’
Partie A :
Le prélude des cordes installe un climat d’errance étrange et de mal être. On ressent une instabilité entre le
majeur et le mineur, agrémenté de chromatisme.
Le soliste, seul, chante le premier thème en mib mineur repris ensuite par les cordes suivit d’une cadence
passionnée et virtuose au violon.
C’est un passage rapide avec beaucoup de doubles cordes. La virtuosité de l’écriture harmonique troublée
de chromatismes, forme une mélodie fermement dessinée et prenante.
La deuxième section en 6/8 où dominent trémolos frénétiques et écriture chromatique, profile ce qui sera
le deuxième élément thématique.
Partie B :
Les flûtes exposent le deuxième élément thématique. L’entrée des octaves du violon solo le prolonge et
débouche sur une longue période en doubles cordes.
Tous les violons à l’unisson du soliste jouent le deuxième thème. Puis peu à peu, l’atmosphère initiale de
l’œuvre revient avec le retour du premier thème.
Partie C Poco lento :
Le thème est présenté ici en fa# mineur puis en si mineur dans le style choral. Les deux thèmes s’affrontent
d’abord prudemment puis de plus en plus violemment. Cette section pourrait être considérée comme un
développement des deux thèmes.
Partie A’ :
Tempo I ff, tout l’orchestre clame le premier thème en un choral puissant, digne de Wagner et des Maîtres
chanteurs. Puis progressivement, un climat serein s’installe. Un accord parfait de mib Majeur pianissimo
transfigure cette passion déployée.
Ce poème possède donc une architecture solide, un lyrisme extrême ainsi que des modulations aux tons
éloignés. Les couleurs dominantes sont plutôt modales avec des gammes défectives, on note la présence
constante de tierces majeures et mineures ainsi que de chromatismes. L’influence de César Franck est
incontestable dans cette partition. Cependant, en estompant les ruptures entre les différentes sections, en
sorte de « fondu-enchaîné », Chausson choisit une palette orchestrale chatoyante et assouplit cet héritage,
comme une ouverture vers Debussy.
Musique
usique française
f rançaise et renouveau : la bande
bande de César Franck
Les années 1880 sont marquées par le début du «Renouveau de la musique française ». César Franck, son
initiateur belge d’origine, mène une vie sage de professeur et d’organiste. Il se vit entouré de la légende du
« Pater Séraphicus ». Survient Augusta Holmes, filleule d’Alfred de Vigny, qui inspire à son maître une
passion aussi violente que refoulée. C’est alors que naît le premier chef d’œuvre du compositeur, le quintet
pour piano et cordes d’une sensualité surprenante (1878-1879), probablement écho de cette passion. Il est
suivi d’autres pièces maîtresses : le Chasseur maudit (poème symphonique 1882), Les variations
symphoniques pour piano et orchestre (1885), La sonate pour piano et violon (1887) dédiée à Eugène Ysaye,
La symphonie en Ré mineur (1885-1888). Toutes ces œuvres, inspirant un désamour à cette période, vont
pourtant totalement changer le paysage de la musique française.
C’est à ce moment là qu’autour de lui se constitue une pléiade d’élèves. Henri Duparc, Vincent d’Indy,
Charles Bordes et Ernest Chausson. Tous vont faire rayonner l’enseignement du « père Franck » fondé sur
l’expression, l’opulence, la beauté, l’usage des formes classiques. Ils veulent avant tout une conception
sérieuse et ouverte de la musique. Sans eux, il n’y aurait peut-être pas eu de Debussy ou de Ravel.
Salon de Pauline Viardot de Gallica (illustration du renouveau français)
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Concerto pour violon opus 35 d’Erich Wolfgang Korngold
« Je n’ai jamais fait de différence entre la musique de film, d’opéra ou de concert »
Erich Wolfgang Korngold
C’est pourtant en tant que titulaire d’un oscar de la musique de film pour la bande-son du film The
Adventures of Robin Hood en 1938 qu’il déclare ceci. Son concerto pour violon et orchestre opus 35 prend
cette déclaration au pied de la lettre.
Korngold transfère le matériau thématique de quatre films pour lesquels il avait composé la bande-son.
Celui du film Another Dawn (la Tornade) de William Dieterle (1937), dont le motif essentiel devient le
premier thème du 1er mouvement « moderato mobile ». C’est la musique d’un autre film du même cinéaste
Suarez and Maximilien (1939) qui en fournit le deuxième thème. Les mélodies du mouvement central, une
« Romance », jouées dans l’aigu du violon sont extraites du film d’aventures Anthony Adverse (Marchand
d’esclaves) de Mervyn LeRoy (1935). Le troisième mouvement « Finale », est une variation sur le thème
premier du film The Prince and the Pauper (Le Prince et le Pauvre) de William Keighley (1937).
Korngold se veut l’héritier de la tradition musicale de Vienne (ville de la création de l’opéra allemand) et
des formules classiques (sonate, symphonie, concerto…). C’est sur ce support qu’il construit son concerto,
suivant la tradition classique des trois mouvements, au cours desquels le violon joue, constamment le rôle
de meneur. L’orchestre amplifie, répercute le jeu et l’action du soliste. C’est un orchestre opulent au
service d’un lyrisme évocateur ; impressionniste élaboré sur la base d’une formation classique.
Nomenclature de l’orchestre
2 flûtes dont 1 piccolo
2 hautbois dont 1 cor anglais
2 clarinettes
1 clarinette basse
2 bassons dont 1 contrebasson
4 cors
2 trompettes
1trombone
1 harpe
1 vibraphone
1 xylophone
1 glockenspiel
1 célesta
1 gong
1 paire de cymbales
Timbales
1 grosse caisse
1 carillon tubulaire
Pupitres de cordes
Cet orchestre possède donc ses bois par deux, un quintette à cordes enrichi d’un pupitre de quatre cors et
de percussions colorées et importantes. Tous les pupitres de violon sont divisés en deux ainsi que les
violoncelles en six. Cette formation symphonique offre des possibilités illimitées de couleurs et de nuances.
Orchestration
1er mouvement « moderato mobile »
L’expression mélancolique du premier thème, exposé par le violon, domine le mouvement. La quarte
augmentée, mise au premier plan, joue le rôle de cellule génératrice de tout le concerto.
A partir de la mesure 38, ce moment constitué de valeurs rythmiques brèves, croches et doubles croches,
conduit au deuxième thème.
Au nombre 14 on a une variante du premier thème joué au violon solo :
Suit un développement où domine un lyrisme passionné.
Au nombre 20, cette musique s’inscrit dans la plus pure tradition classique. Korngold écrit une cadence,
moment où le soliste se libère de l’orchestre.
La réexposition reproduit la première partie, agrémentée des traits de virtuosité. Une brillante coda
termine ce mouvement. Changements fréquents de métrique et traitement souple des tempi apportent un
sentiment de jeu improvisé qui équilibre la rigueur de la construction classique.
2ème mouvement « Romance »
Le chant du violon, librement déployé, évoque un ailleurs extatique, onirique, nostalgique sur les sonorités
« irréelles » des bois, ainsi que des cordes avec sourdines, vibraphone, célesta et harpe.
Ce songe se termine sur un accord de Sol Majeur troublé d’un fa# au vibraphone.
3ème mouvement « Finale »
Dans la plus pure tradition classique, ce final est un mouvement rapide qui débute à la manière du dernier
mouvement du concerto pour violon de Beethoven. Mais très vite, ce sultarello vire à la « chasse à courre »
ou à la « chevauchée fantastique » menée par le violon solo. Korngold élabore une forme de thème et
variations.
Thème :
1ère variation :
2ème variation :
Le thème devient sonnerie de chasse plus loin soutenu de trilles presque électriques.
3ème variation :
Cette variation est ornementale.
La première configuration du thème de base revient mais bifurque vers une autre variante :
Au n°100 on a un retour au tempo initial, pour peu de temps. À partir de ce moment, le tempo se resserre
pour ralentir ensuite. On observe un court moment de reprise avec un canon :
Le concerto amorce son dernier « rush » au n°108. Le tempo ne cesse d’accélérer, la virtuosité est délirante,
aussi bien pour le soliste que pour l’orchestre (traits rapides, doubles cordes, tessitures extrêmes…).
Cette pièce est un grand concerto et une pièce maîtresse du répertoire symphonique. Les mesures
précédant les accords conclusifs donnent un exemple de la polytonalité chère à Korngold.
Le tempo ralenti des dernières mesures qui pourraient bien figurer l’arrivée de coureurs extrêmes.
L'Apprenti sorcier de Paul Dukas
Créé à Paris à la société Nationale, le 18 mai 1897 sous la direction du compositeur, il faut cependant
attendre quarante-trois ans pour que la popularité de cette pièce atteigne son apogée. En effet en 1940, le
long métrage d’animation de Walt Disney, Fantasia, sort sur les écrans et nous fait entendre le fameux
Scherzo de Dukas avec pour héros Mickey Mouse transformé pour dix minutes magiques en apprenti
sorcier.
Avec ce scherzo pour orchestre, Paul Dukas s’essaie, avec éclat au style très prisé du poème symphonique
sur un argument littéraire.
Poème symphonique : C'est une composition orchestrale très en vogue au XIXe siècle, généralement en un
seul mouvement, de forme libre, inspirée par un sujet littéraire. Le poème symphonique est l'un des genres
représentatifs de la musique à programme au XIXe siècle.
L’histoire
Cette œuvre a été composée d’après le poème de Goethe Der Zauberlehrling.
Constituée de quatorze strophes (sept huitains alternant avec sept sixains) cette ballade écrite en 1797, fut
admirablement traduite en musique par Paul Dukas un siècle plus tard exactement, au point que l’œuvre
littéraire par elle-même laissait la place à la musique qui en devenait l’essence profonde.
Voulant imiter son maître magicien, l’un de ses aides parvient à prononcer la
formule magique qui permet de transformer un balai en serviteur docile et lui
ordonne de remplir un bassin. Mais il oublie la formule pour échapper à
l’enchantement et voilà le balai qui apporte des seaux et des seaux d’eau au
point de submerger la maison. L’apprenti sorcier se saisit alors d’une hache,
fend le balai en deux, mais après quelques secondes de répit les débris du balai
s’ébranlent et, à leur tour, remplissent inlassablement le récipient. Le retour
providentiel et inespéré du magicien permet de ramener le calme et de
renvoyer le balai à sa tâche première.1
Illustration de l'Apprenti sorcier © Gallica
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Hat der alte Hexenmeister
Sich doch einmal wegbegeben!
Und nun sollen seine Geister
Auch nach meinem Willen leben.
Seine Wort und Werke
Merkt ich und den Brauch,
Und mit Geistesstärke
Tu ich Wunder auch.
Le vieux sorcier n'est plus là
Cette fois il est bien parti!
Cette magie qu'il m'interdisait
Est enfin à ma portée!
Je vais pouvoir essayer
De faire obéir les esprits,
Jeter des sorts, jouer avec les maléfices!
Je vais montrer tout mon art!
Walle! Walle
Manche Strecke,
Daß, zum Zwecke,
Wasser fließe
Und mit reichem, vollem Schwalle
Zu dem Bade sich ergieße.
etc.
Flots! Flots! En avant!
Répandez-vous, ne vous ménagez pas!
Eau jaillissante du ruisseau
Viens remplir et éclabousser le bassin.
1
http://www.musimem.com
etc
Nomenclature de l’orchestre
L’envahissement par les eaux et l’effroi de l’apprenti offrent à Dukas l’occasion de libérer toute la puissance
de l’orchestre et de créer un véritable kaléidoscope de timbres:
14 premiers violons
12 seconds violons
10 altos
8 violoncelles
6 contrebasses
1 harpe
1 piccolo
2 flûtes
2 hautbois
2 clarinettes
1 clarinette basse
3 bassons
1 contrebasson
4 cors
2 trompettes
2 cornets à pistons
3 trombones
3 timbales
1 grosse caisse
1 paire de cymbales
1 triangle
1 glockenspiel
Le contrebasson est un parent du basson et sonne une octave plus grave que ce dernier. Son étendue est
moins importante, trois octaves et une seconde. Le tuyau comporte quatre coudes contre un seul pour le
basson et sa colonne d'air est d'environ 5m. Ravel l'utilise dans les « Entretiens de la Belle et de la Bête ».
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Le glockenspiel est un instrument de musique à percussion de la famille des idiophones, composé de lames
de métal mises en vibration à l'aide d'un maillet de la même façon qu’un xylophone. En allemand,
glockenspiel signifie « carillon », cet instrument étant à l'origine composé de clochettes. Le jeu de lames
permet de couvrir deux à trois octaves de la gamme chromatique.
Orchestration2 :
Tout en s’appuyant sur le texte de Goethe, Paul Dukas structure son poème symphonique à la manière
d’un mouvement de symphonie de forme sonate. Quatre thèmes principaux apparaissent entourés d’une
introduction et d’une coda de longueur égale.
L’introduction, esquisse les quatre thèmes pendant une courte durée puis se clôt sur un trémolo orchestral
écourté par un coup de timbales.
Le premier thème est ensuite exposé par le basson et évoque l’animation du balai :
Le second aux cordes, rappelle le ruissellement de l’eau et la magie :
Le troisième thème, joué aux bois et au glockenspiel, évoque la satisfaction de l’Apprenti :
À la fin de la partie centrale, la destruction du balai articule la réexposition du premier thème, mais cette
fois repris en duo avec le contrebasson et la clarinette basse.
Le dernier thème, celui de l’incantation, n’apparaît que deux fois : une première lorsque le jeune Apprenti
invoque le balai et la seconde fois lorsque le maître revient pour conjurer le sort avant la coda :
2
Guide de la musique Symphonique sous la direction de François-René Tranchefort, éd. Fayard
Lors du développement, on voit une progression ascendante où les thèmes du balai et de l’Apprenti se
répondent sous de multiples transformations, les thèmes du sortilège et de l’eau formant une nappe sonore.
La réexposition commence avec le coup de hache fendant le balai :
Puis soudainement un grand silence qui permet au thème du balai de revenir, cette fois-ci décuplé. Les
motifs se combinent et se compliquent dans la même ascension irrésistible qu’au début du développement.
L’agitation grandit jusqu’au vertige, symbole de l’Apprenti en détresse dont le thème lui-même est
submergé.
Enfin au retour du magicien, le thème de l’incantation est joué, puis s’élargit pour ramener la paix. Un
dernier souvenir des différents motifs traverse l’orchestre et l’œuvre s’achève sur deux mesures vives, en
tutti à l’orchestre.
Joseph Haydn
Franz Joseph Haydn est né le 31 mars 1732 à Rohrau sur la Leitha, à la frontière autrichienne. C'est à
peine âgé de cinq ans, qu'un parent organiste à Hainbourg, remarque les dons de l'enfant et lui enseigne la
musique. Trois ans plus tard, Haydn se fait remarquer par le maître de chapelle, Karl Georg Reutter, pour
sa jolie voix de soprano et devient enfant de chœur de la maîtrise de la cathédrale Saint Etienne de Vienne
jusqu'à ce que sa voix mue à l'âge de dix-huit ans.
Sans ressources, le jeune homme donne alors des cours de musique qui lui permettent de financer sa
formation auprès du compositeur réputé Nicola Porpora jusqu'en 1755. Dès 1750, il compose ses
premières pièces, dont Missa brevis, mais c'est en 1757 qu'il entre réellement dans l'histoire de la musique,
grâce à ses premiers Quatuors à cordes, dont le succès lui permet de devenir l'année suivante maître de
chapelle pour le comte von Morzin. Il compose à cette époque plusieurs symphonies et quatuors, qui
deviennent tous des succès et le font connaître à travers l'Europe.
L'année suivante, la famille des princes Esterhazy, conquise par les prestations du compositeur, l'invite à
travailler à Eisenstadt, à quelques kilomètres de Vienne. Cette même année, il écrit les symphonies n°6
« Matin », n°7 « Midi » et n°8 « Soir ». Malgré la contrainte de travailler aux côtés du maître de chapelle
Werner les cinq premières années, Haydn est si bien accueilli par la famille (le château contient un opéra
de quatre cent places comprenant un orchestre complet auquel il peut confier toutes ses expériences et
fantaisies) qu'il reste à ce poste pendant plus de trente ans.
L'œuvre produite pendant cette période est par conséquent très fertile, et Haydn ne cesse d'accroître sa
popularité. Parmi ses opéras de l'époque, on trouve Lo Speziale en 1768, L'infedelta delusa en 1773,
Orlando paladino en 1782, et Armida en 1784. Le Prince est un fervent admirateur d'opéra, et Haydn
produit pour lui près d'une centaine d'œuvres du genre, acceptant même de jouer d'autres auteurs comme
Piccini et Grétry.
Mais Haydn prouve également ses grandes qualités de compositeur de musique sacrée grâce à Stabat mater,
qui connaît un succès européen en 1767, et de musique symphonique avec la Symphonie des adieux écrite
en 1772. En 1779, Haydn est autorisé à éditer ses œuvres, ce qu'il fait jusqu'en 1790 chez Artaria, le
même éditeur que Mozart. Les deux compositeurs se rencontrent d'ailleurs en 1784 et une grande amitié
les unit rapidement.. Lorsque le prince Esterhazy meurt en 1791, Haydn perd son orchestre et décide donc
de quitter sa cour.
Joseph Haydn s'installe alors à Vienne, tout en séjournant de temps à autres à Londres, où ses symphonies,
dites londoniennes, fonctionnent à merveille.. Quand il apprend le décès de son ami Mozart à la fin de
l'année, il décide de rentrer à Vienne quelques mois plus tard. Entre temps, il fait une escale à Bonn où il
rencontre le jeune Beethoven,, en quête de professeur de musique. Les deux artistes collaborent quelques
temps mais en 1794, Haydn repart à Londres et y achève ses Quatuors à cordes ainsi que ses dernières
symphonies, parmi lesquelles figure la Symphonie militaire qui connaît un énorme succès.
De retour en Autriche en 1795, il devient maître de chapelle. Trois ans plus tard, il présente son oratorio
la Création, un véritable chef-d'œuvre reconnu comme sa plus grande composition. A cette époque,
l'Europe entière reconnaît son talent et les compliments affluent de toute part. Il produit encore de
grandes pièces, comme son autre célèbre oratorio les Saisons (1801) et ses six derniers Quatuors à cordes
(1797).
C'est donc en pleine gloire que le compositeur décède d'une longue maladie, à l'âge de soixante-dix-sept
ans, le 31 mai 1809. Son corps, qui subit les dérives de l'occupation napoléonienne, est finalement
transporté en 1932 dans un mausolée d’Eisenstadt.
Ernest Chausson
1855 Paris – 1899 Limay
Il est « l’agent de liaison » entre César Franck et Claude Debussy. Comme Henri Duparc, il est un
« amateur » et vient tardivement à la musique à l’âge de 25 ans. Il entre au conservatoire de Paris après
avoir obtenu le titre de docteur en droit. Il suit la classe de Massenet et l’enseignement de César Franck
tout en étant Wagnérien passionné. Il écrivit cependant « Il faut se déwagnériser »3.
Intéressé par d’autres formes d’art, familier des classiques et des écrivains allemands, il collectionne toiles
romantiques et impressionnistes. Il côtoie Degas et Renoir, lui-même sera à la recherche d’une palette
harmonique et timbrale impressionniste ouvrant la voie vers Claude Debussy.
Chausson participe à la création de l'Union des Jeunes compositeurs, mais cette association ne dure pas et
il rejoint bientôt la Société nationale de musique (SNM), qui présente ses mélodies de l'opus 2, le 23
décembre 1882.
Il rencontre Jeanne Escudier avec qui il se marie le 19 juin 1883 à la mairie du 8e arrondissement. Avec ses
amis musiciens, il donne un nouvel élan aux « Concerts populaires » de Jules Pasdeloup, en s'engageant
artistiquement et financièrement. En novembre 1886, à la SNM, Franck, d'Indy et Chausson poussent à la
démission Saint-Saëns et Bussine. Chausson devient secrétaire et prend ce rôle très à cœur, écrivant un
volumineux courrier et apportant son soutien financier. Il reçoit chez lui nombre d'artistes majeurs de son
temps, notamment Paul Dukas et Claude Debussy avec qui il se lie d'amitié. Chausson compose des
œuvres courtes telles que des chansons, et aussi des œuvres plus longues telles que sa symphonie en si bémol
majeur et surtout un opéra, Le roi Arthus, dont il rédige aussi le livret dès 1885-86 et dont la musique lui
demande sept années d'efforts, de 1887 à 1894.
Le 10 juin 1899, à Limay, il tombe de vélo et meurt sur le coup, il n'avait que 44 ans. Son quatuor à cordes
était presque terminé. Son opéra, Le roi Arthus est représenté pour la première fois le 30 novembre 1903 au
Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles.
Portrait d’Ernest Chausson
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3
Jean Gallois, Ernest Chausson, Paris, Fayard, 1994, page 197.
Erich Wolfgang Korngold
L’enfant n’a que 9 ans, lorsqu’au cours d’une visite à Gustav Mahler,
il lui joue par cœur sa cantate (qu’un camarade de classe malicieux
lui a fait intituler Gold). Le célèbre directeur de l’Opéra de Vienne d’ordinaire fort critique - n’a alors qu’un cri : « Un Génie ! ».4
1897 Brno – 1957 Hollywood
A l’époque des films muets, souvent un pianiste jouait des extraits de son répertoire pour accompagner
l’action qui se déroulait à l’écran. A partir des années 20, les grandes salles de cinéma ont employé des
orchestres symphoniques pour accompagner les projections. Des musiciens ou compositeurs arrangeaient
des partitions existantes ou parfois écrivaient des partitions originales. A l’arrivée du film sonore, des
compositeurs de renom composaient des « bandes-sons », comme Serge Prokofiev, créateur de celle
d’Alexandre Nevsky, film d’Eisenstein.
En 1934, Korngold accompagne à Hollywood le célèbre metteur en scène Max Reinhard pour l’adaptation
cinématographique du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, lui-même devant se charger d’ajuster la
partition de Mendelssohn.
Le 12 Mars 1938, après le rattachement de l’Autriche à l’Allemagne nazie, il s’installe à Hollywood. Il est
engagé par la Warner Brothers et devient l’un des compositeurs principaux de musique de film, travaillant
essentiellement pour cette firme. Elle lui accorde des prérogatives exceptionnelles puisqu’il a même la
liberté d’agir sur le montage des films alors que Prokofiev composait sa partition au jour le jour après les
prises de vues de la journée.
Korngold réinvente ce genre musical. Très curieux des choses du cinéma, il considère la partition musicale,
non point comme un élément décoratif étranger au scénario mais comme lui étant fondamentalement liée.
Dans la tradition du drame Wagnérien ou des opéras de Puccini et de Strauss, cette partition est chargée
d’installer une atmosphère, d’exprimer une attitude ou de préciser une pensée. Ces partitions pour bandeson s’inscrivent dans cette tradition.
En janvier 1938, alors que Korngold, juif d’origine, était à Stockholm pour la création de son cinquième
opéra, Kathrin, il est considéré par les nazis comme un représentant de l’art dégénéré « Entartete Kunst », il
rejoint précipitamment les Etats-Unis. Lorsque la fin de la deuxième guerre mondiale se précise, il revient
à la musique dite « sérieuse » dans la tradition de Mozart, Haydn…
Cependant dès 1937, Bronisław Huberman, l’un des grands violonistes de cette époque, le persuade
d’écrire un concerto pour violon et orchestre qu’il débute dès lors. Le concerto sera finalement pour Jascha
Heifetz et dédicacé à Alma Mahler. Le concerto sera créé par ce violoniste avec le Saint Louis Orchestra
sous la direction de Vladimir Goshmann le 15 février 1947.
Erich Wolfgang Korngold et Jasha Heifetz en 1946
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4
Anecdote extraite de L’Histoire de la musique occidentale de Brigitte et Jean Massin
Paul
Paul Dukas
Né à Paris le 1er octobre 1865, il étudie au Conservatoire de Paris l'harmonie avec Théodore Dubois, le
piano avec Georges Mathias et la composition avec Ernest Guiraud, classe où il côtoie Debussy (à qui il
dédia sa pièce pour piano La plainte, au loin, du faune...). Il quitte le Conservatoire pour se consacrer à la
critique et à la composition musicale. En 1888 il obtient le second Grand Prix de Rome. En 1891 il
compose l'ouverture de concert de Polyeucte. De 1892 à 1901, il écrit des critiques musicales dans «La
Revue hebdomadaire».
En 1895, il participe à l'édition des œuvres complètes de Rameau. De 1896 à 1902, il écrit dans «La
Gazette des Beaux- arts». En 1897, il compose l'Apprenti sorcier puis en1901, sa sonate en mi bémol pour
piano, dédiée à Saint-Saëns et enfin en 1903 Variations, Interlude et Finale sur un Thème de Rameau.
Ariane de Barbe-Bleu, opéra en 3 actes est créé à l'Opéra-comique en 1907. Sa dernière grande
composition publiée est le ballet La Péri, qu'il faillit cependant brûler avant la première représentation en
1912.
En 1928, il succède à Charles-Marie Widor au Conservatoire de Paris comme professeur de composition
et d'orchestration où il eut notamment pour élève Messiaen.
Dans la deuxième partie de sa vie, son perfectionnisme l'amène en effet à détruire beaucoup de ses
partitions, dont au moins une seconde symphonie, un poème symphonique, une sonate pour piano et
violon, un drame lyrique et deux ballets.
Ses cendres reposent au columbarium du Cimetière du Père-Lachaise à Paris N°4938 (angle Nord).
Portrait de Paul Dukas
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Biographie des artistes
Laurence Foster
Direction musicale
Avec la saison 2011-2012, Lawrence Foster assume sa dixième saison en tant que Directeur artistique et
Chef principal de l’Orchestre de la Fondation Gulbenkian de Lisbonne. Auparavant, Lawrence Foster a été
Directeur musical des Orchestres Symphoniques de Barcelone, Jérusalem et Houston, de l’Orchestre
Philharmonique de Monte-Carlo et de l’Orchestre de Chambre de Lausanne.
Il a dirigé la saison dernière : des concerts avec l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig (Lisa Batiashvili,
soliste), les Orchestres Philharmoniques de Helsinki de des Pays-Bas et un concert au Festival de
Grafenegg (Autriche) en juillet 2010. Avec le pianiste Daniel Barenboim, il donne les deux concertos pour
piano de Chopin à la tête de l’Orchestre Gulbenkian et l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. En
2010-2011, il dirige le NDR Sinfonieorchester de Hambourg, l’Orchestre Philharmonique de Radio
France, le Residentie Orkest de la Haye (avec Aldo Ciccolini), l’Orchestre Symphonique de Tivoli (avec
Evgueni Kissin) et les concerts de la saison du MDR Sinfonieorchester Leipzig. Après le récent succès de
son intégrale des symphonies de Schumann avec l’Orchestre Philharmonique Tchèque (enregistré pour
Pentatone), il retourne diriger l’orchestre au printemps 2011.
Lawrence Foster travaille avec bon nombre de jeunes orchestres les plus importants. L’été 2004, il amène
l’Australian Youth Orchestra aux Proms de la BBC, ainsi qu’au Concertgebouw d’Amsterdam, avant de
repartir en tournée avec l’ensemble en juillet 2007. Il effectue également une tournée avec la Junge
Deutsche Philharmonie à Pâques 2009 et dirige l’Orchestre de l’Académie au Festival de SchleswigHolstein en août 2009. Auparavant il est Directeur musical des Festival et Ecole de Musique d’Aspen
(Colorado), y retournant l’été 2009 pour fêter le 60e anniversaire du festival.
En tant que chef lyrique, Lawrence Foster est engagé par les opéras les plus prestigieux à travers le monde.
Invité régulier du Hamburgische Staatsoper, il y dirige une reprise de Pelléas et Mélisande en 2008-2009,
Der Freischütz et une reprise de Carmen en 2010-2011. Au printemps 2011, il retourne à l’Opéra de
Marseille pour Wozzeck et dirige la création mondiale d’un nouvel opéra de René Koering pour l’Opéra de
Monte-Carlo, La Marquise d’O. L’enregistrement de son interprétation de l’Esmeralda de Louise Bertin,
capté live au Festival Radio France – Montpellier en 2008 est sorti en CD (Accord).
Avec l’Orchestre Gulbenkian, Lawrence Foster donne au moins un opéra en version concert à Lisbonne
par saison ; en 2010, il y dirige Ariane à Naxos de Strauss.
2011-2012 marque la dernière saison de Lawrence Foster en tant que Directeur musical de l’Orchestre et
Opéra national de Montpellier, où il a dirigé de nombreuses productions, notamment La Flûte enchantée à
l’automne 2009, Otello au printemps 2010, Die Fledermaus et Samson et Dalila, en janvier 2011.
Né en 1941 à Los Angeles, de parents roumains, Lawrence Foster est devenu un champion important de la
musique de Georges Enesco et a servi comme Directeur artistique du Festival Georg Enescu de 1998 à
2001. Son dernier enregistrement au compositeur roumain – sa propre orchestration de l’Octuor pour
cordes, avec l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo (EMI) – a paru au printemps 2009.
En janvier 2003, il se voit décoré par le Président de la Roumanie pour services rendus à la musique
roumaine.
Parmi ses projets : cette saison, il retournera à l’Opéra de Marseille pour Wozzeck et à l’Opéra de Monte
Carlo pour La Marquise d’O. Pour le Staatsoper d’Hambourg, il dirigera les productions de La Dame de
Pique (2011-12) et The Cunning Little Vixen (2013-14). Il sera à l’Opéra de Francfort pour une nouvelle
production de La Khovanschina en 2012-13.
Arabella Steinbacher
Violon
Née à Munich en 1981, Arabella Steinbacher figure aux côtés de Julia Fischer parmi les « étoiles »
montantes du violon. A neuf ans, Arabella est la plus jeune élève d’Ana Chumanenko au Conservatoire de
Munich, puis elle parfait sa formation auprès de Dorothy DeLay et de Kurt Sassmannshaus à Aspen. Sa
rencontre avec Ivry Gitlis à Paris s’avère également déterminante pour sa carrière et ses choix artistiques.
En 2000, elle remporte le concours Joseph Joachim à Hanovre et l’année suivante, la Fondation AnneSophie Mutter lui apporte son soutien.
En quelques années de sa jeune carrière, Arabella Steinbacher a joué en soliste avec nombre de prestigieuses
formations, tels que le Philharmonique de New York dirigé par Lorin Maazel, l’Orchestre de la Scala de
Milan sous la baguette de Riccardo Muti, l’Orchestre de la Staatskapelle de Berlin avec Daniel Barenboïm,
l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dirigé par Marek Janowski, sans oublier l’Orchestre national
de Russie et Mikhaïl Pletnev, l’Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg et Yuri Temirkanov,
l’Orchestre Tchaïkovski de Moscou et Vladimir Fedosseyev ou encore l’Orchestre national de Belgique
avec Mikko Franck, les Philharmoniques de Londres et de Munich, l’Orchestre de la Radio bavaroise et le
Deutsches Sinfonie Orchester de Berlin.
Parmi les chefs avec lesquels elle a travaillé on peut également citer Sir Colin Davis, Valery Gergiev,
Neeme Jarvi et Sir Neville Marriner, sous la direction duquel elle a fait ses débuts à Paris en 2004 dans le
Concerto pour violon de Beethoven, avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France.
Pendant la saison 2007-2008, elle joue à Leipzig avec Fabio Luisi, se produit avec le Philharmonique de
Munich, l’Orchestre symphonique de Prague. Ses tournées la mènent au Danemark et au Royaume-Uni,
en Espagne, Italie, Autriche, Suisse, Finlande, Norvège et en Australie. En novembre 2007, elle a joué avec
l’Orchestre symphonique de Chicago.
En musique de chambre, elle se produit avec le pianiste Robert Kulek et les violoncellistes Alban Gerhardt
et Daniel Müller-Schott. La jeune violoniste allemande a enregistré le Concerto pour violon de
Khatchaturian avec le City of Birmingham Symphony Orchestra dirigé par Sakari Oramo, les deux
concertos de Darius Milhaud avec Pinchas Steinberg, « Violino Latino » consacré au répertoire espagnol et
sud-américain, ainsi que les deux concertos de Chostakovitch avec le Bayerischen Rundfunks de Munich.
Arabella Steinbacher joue un violon Stradivarius « Booth » (Cremona, 1716) prêté par la Nippon Music
Foundation.

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