L`arrivée devant Osiris L`hommage initial au roi du monde souterrain

Transcription

L`arrivée devant Osiris L`hommage initial au roi du monde souterrain
L'arrivée devant Osiris
L'hommage initial au roi du monde souterrain peut se limiter à une belle vignette sur
toute la hauteur de la feuille, représentant le mort, accompagné ou non des siens (sa
femme, son fils aîné), en prière devant le dieu suivi ou non des siens (sa sœur et
épouse Isis, son fils Horus), lui présentant un monceau d'offrandes, pour obtenir
accueil et subsistance à jamais. Mais il comprend souvent un hymne, une prière
plutôt, puisque l'hommage se termine en général par une demande de pain quotidien
et éternel.
HYMNE À OSIRIS OUNNÉFER (au dieu Osiris), le grand dieu qui demeure dans la
province de Taour, le roi de l'éternité, le seigneur du toujours, dont la vie s'étend sur
des millions d'années, le fils aîné du ventre de Nout, que Geb a engendré, le prince
maître de la double couronne, celui dont la couronne blanche est haute, le souverain
des dieux et des hommes, qui a reçu le sceptre et le chasse-mouche, insignes de la
fonction de ses pères.
Heureux sois-tu, toi qui es dans le monde des morts pendant que ton fils Horus est
installé sur ton trône. Tu as été couronné maître de la ville de Busiris, souverain
résidant à Abydos, toi le très vénéré et très craint sous ton nom d'Osiris, toi qui
dureras à jamais sous ton nom d'Ounnéfer.
Hommage te soit rendu, toi le roi des rois, le seigneur des seigneurs, le souverain
des souverains, qui a conquis le double pays quand il était encore dans le ventre de
Nout (...)
Daigne m'accorder la béatification dans le ciel [la reconnaissance], la richesse sur
terre, l'acquittement dans le monde des morts, et puissé-je, en âme vivante, aller à
Busiris, revenir en phénix à Abydos, sans être arrêté à aucune porte de l'Au-delà.
Et puisse-t-on m'accorder du pain dans la maison des purifications, des offrandes
dans la ville d'Héliopolis, et que soit établie ma propriété dans les Champs des
Roseaux, riche en blé et en orge.
L'enterrement : chapitres 1 à 15
La longue vignette du convoi funèbre représente la momie, placée dans son cercueil,
traînée vers la tombe après avoir traversé le fleuve pour gagner la rive ouest. Le
cercueil est souvent installé dans une barque posée sur un traîneau, qui à l'époque
tardive - IIe-Ier siècle avant J.-C. - peut être, comme nos corbillards, monté sur
roues. Il est suivi d'un coffre contenant les quatre vases "canopes" dans lesquels
sont momifiées à part les entrailles, et d'un coffre plus petit renfermant les serviteurs
funéraires.
Le convoi et la famille éplorée arrivent devant la tombe. Là sont rendus les derniers
devoirs au mort entre la façade de la tombe et une table d'offrandes bien garnie : la
momie (ou le cercueil) dressée, embrassée par l'épouse en larmes, est purifiée,
encensée et, par attouchements de divers instruments, retrouve l'usage de ses sens,
de sa bouche, de ses yeux.
Premières formules d'entrée et de sortie dans le monde des morts : chapitres 1
à 14
Les formules regroupées sous la vignette de l'enterrement sont, après la prière
d'accueil du premier chapitre, en majorité destinées à aider la sortie le jour (2, 3, 8 à
13), mais elles sont entrecoupées de conjurations contre les serpents hostiles de
l'Au-delà (ch. 1 et 7) et de deux formules pour éviter les corvées.
L'accueil du mort : extraits du chapitre 1
FORMULE POUR PERMETTRE À LA MOMIE DE DESCENDRE DANS LE
MONDE DES MORTS LE JOUR DE L'ENTERREMENT
(...) Ô vous qui introduisez les âmes accomplies dans la demeure d'Osiris,
introduisez l'âme impeccable du défunt Un tel avec [auprès de] vous dans la
demeure d'Osiris, qu'il entende comme vous entendez, qu'il voie comme vous voyez,
se meuve comme vous vous mouvez dans la demeure d'Osiris.
Ô vous qui donnez du pain et de la bière aux âmes accomplies dans la demeure
d'Osiris, donnez du pain et de la bière à tous les repas à l'âme du défunt Un tel, qui a
été acquitté auprès des deux maîtres de la province de Taour, qui est acquitté avec
vous. Ô vous qui frayez les routes et ouvrez les chemins aux âmes accomplies dans
la demeure d'Osiris, ouvrez donc les routes, frayez donc les chemins à l'âme du
défunt Un tel avec vous, qu'il entre librement et sorte sans encombres dans la
demeure d'Osiris, sans être repoussé, sans être arrêté, qu'il entre estimé et sorte
aimé, qu'il ait gain de cause et que soit exécuté ce qu'il ordonne dans la demeure
d'Osiris. Qu'il aille et parle avec vous, qu'il soit bienheureux avec vous, puisqu'il a été
trouvé irréprochable, n'ayant pas fait pencher la balance.
L'hommage au dieu soleil, Rê : chapitres 15 et 16
Le chapitre 16 est l'illustration pleine page du chapitre 15 :
-
en haut, le soleil dans sa barque, sous la forme d'une "trinité", les trois aspects du
dieu aux trois moments essentiels de son périple diurne : Khépri, le scarabée ou
le dieu à tête en scarabée, qui est le soleil advenant le matin à l'existence, Atoum,
coiffé de la double couronne, dont Rê prend la forme le soir à son coucher, et Rê
ou Horus-des-deux-horizons, dieu à tête de faucon, forme diurne du soleil.
-
au 2e registre, le soleil brille entre les déesses qui sont l'Orient et l'Occident.
-
au 3e registre : le soleil, soulevé par le dieu Chou qui a hissé le ciel au-dessus de
la terre, apparaît acclamé par quatre babouins et l'âme ou les âmes du mort (des
oiseaux à tête humaine).
-
en bas, le mort assis à sa table va profiter du repas d'offrandes.
Le grand chapitre de l'exégèse : chapitre 17
Ce long chapitre isolé est surmonté d'un défilé de divinités étranges évoquées dans
un texte obscur de magie protectrice ordinaire, invocations pour obtenir des divinités
leur protection contre les forces mauvaises du monde des morts, pour les y
contraindre en proclamant l'identité du défunt avec des dieux encore plus puissants
qu'eux. Il se développe en gloses, véritable leçon d'analyse théologique à
l'égyptienne qui nous fait pénétrer au cœur de la pensée mythologique ancienne.
L'hier m'appartient et je connais le demain.
Qu'est-ce que c'est donc ?
L'hier, c'est Osiris, et le demain, c'est Rê, en ce jour de l'anéantissement des
ennemis du maître de l'univers, et du couronnement de son fils Horus.
Autre solution :
En ce jour de la fête de "Nous sommes installés", c'est-à-dire quand les funérailles
d'Osiris furent organisées par son père Rê (...)
et c'est selon mon ordre que l'on a aménagé l'arène des dieux.
Qu'est-ce donc ? C'est l'Occident (...)
Je suis ce phénix dans la ville d'Héliopolis, préposé à l'inventaire de ce qui est.
Qui est-ce donc ? C'est Osiris, et "ce qui est", c'est son cadavre.
Autre explication : c'est l'éternité et le toujours : l'éternité c'est le jour, et le toujours,
c'est la nuit (...)
Je serai dans mon pays après être parti de ma ville.
Qu'est-ce que c'est ? C'est l'horizon de mon père Atoum.
Je chasserai de moi le malheur, je balaierai de moi le mal.
Qu'est-ce que c'est ?
C'est que l'on a tranché le cordon ombilical d'Un tel.
La justification devant les tribunaux : chapitres 18 à 20
Chapitre 18
Deux prêtres funéraires introduisent le défunt devant les grands tribunaux du ciel, de
la terre et du monde des morts. Après avoir rendu hommage à Osiris et à l'ensemble
des juges, celui-ci demande au dieu Thot d'obtenir sa victoire devant les dix
principaux tribunaux des grands sanctuaires du pays, victoire qui va de soi, puisque
son Livre des Morts lui fournit les noms de leurs juges.
PAROLES PRONONCÉES PAR LE PRÊTRE "FILS CHÉRI"
Je viens à vous, membres du tribunal qui est dans Rosétaou, et je vous amène
l'Osiris Un tel. Donnez-lui du pain, de l'eau, le souffle et une fondation dans le champ
des offrandes, comme aux suivants d'Horus.
Un tel adore Osiris, seigneur de l'éternité et les membres du tribunal des maîtres de
Rosétaou :
Hommage te soit rendu, roi du monde des morts, souverain de la nécropole
d'Iguéret, je viens à toi connaissant tes desseins, paré de tes formes de l'Au-delà :
fais-moi place dans le monde des morts à côté des maîtres de la vérité, avec une
fondation établie dans le champs des offrandes, et que je reçoive les offrandes qui
t'auront été présentées.
O Thot, toi qui as donné gain de cause à Osiris contre ses ennemis, accorde gain de
cause à Un Tel contre ses ennemis devant le tribunal qui est dans Héliopolis, la nuit
des affaires nocturnes, cette nuit du combat et de la garde contre les adversaires,
cette journée où furent anéantis les ennemis du maître de l'univers.
Le grand tribunal qui est dans Héliopolis, c'est Atoum, c'est Chou, c'est Tefnout. La
garde contre les ennemis c'est l'anéantissement des complices de Seth quand il a
récidivé en ses méfaits.
Et ainsi de suite devant les sept autres tribunaux.
On récitera cette formule après s'être purifié. C'est sortir le jour après le trépas et se
transformer à volonté. Celui sur lequel cette formule sera récitée, il prospérera sur
terre et échappera à toute flamme, aucun mal ne l'atteindra.
Chapitres 19 et 20
Le mort, reconnu innocent et vainqueur de ses ennemis devant tous les tribunaux,
reçoit la marque de son triomphe : la couronne de justification.
La conservation des moyens du mort : chapitres 21 à 30
Une série de formules est destinée à rendre au mort l'usage de ses forces : sa
bouche pour parler (21-22-23), sa magie (24), son nom (25), son coeur (26-30).
Chapitre 23
FORMULE POUR L'OUVERTURE DE LA BOUCHE DE L'OSIRIS UN TEL
Ma bouche sera ouverte par Ptah, les liens de ma bouche seront déliés par le dieu
de ma ville, Thot viendra, paré et équipé de magie pour délier les liens de Seth qui
entravent ma bouche (...)
Ma bouche sera ouverte, mes lèvres seront écartées par Chou avec ce ciseau de fer
avec lequel il a ouvert la bouche des dieux, car je suis la déesse Sekhmet, et je suis
installé sur le côté tribord du ciel.
Je suis le grand Orion qui est parmi les esprits d'Héliopolis, et toutes les formules
magiques, toutes les paroles qui seront prononcées contre moi, les dieux se
dresseront contre elles, toutes ennéades réunies.
Chapitre 30 B, gravé sur les scarabées de cœur :
FORMULE POUR ÉVITER QUE LE COEUR D'UN TEL NE PRENNE PARTI
CONTRE LUI DANS LE MONDE DES MORTS
Ô mon cœur maternel, mon cœur de mes différents âges, ne témoigne pas contre
moi, ne prends pas parti contre moi dans le tribunal, ne fais pas pencher contre moi
la balance devant le peseur, puisque tu es ma force qui est dans mon ventre, le
modeleur qui a donné vie à mes membres.
Alors, tu atteindras le bon destin qui nous est promis.
Ne me calomnie pas auprès de l'assemblée qui fait comparaître les hommes, et cela
se passera bien pour nous, cela se passera bien pour nos juges et celui qui tranche
les causes sera heureux.
Ne dis pas de mensonge contre moi, la décision dépend de toi.
L'élimination des êtres malfaisants et des catastrophes menaçant le mort :
chapitres 31 à 53
Ce large groupe de formules est destiné à conjurer les principaux dangers à l'arrivée
dans le monde des morts. Comme sur terre, la menace prend l'aspect du crocodile
(ch. 31 et 32), du serpent (ch. 33, 34, 35, 37, 39) et la magie employée est la même
que pour les vivants.
Les bêtes nuisibles : chapitre 32
FORMULE POUR CHASSER LES CROCODILES QUI VIENDRAIENT ARRACHER
LA MAGIE D'UN BIENHEUREUX DANS LE MONDE DES MORTS
Arrière, crocodile de l'ouest, qui te repais des étoiles infatigables, ce que tu détestes
est dans mon ventre : j'ai avalé la gorge d'Osiris.
Je suis le dieu Seth, arrière, crocodile qui es à l'ouest, le ver est dans mon ventre, je
ne te serai pas livré, ta flamme ne pourra rien contre moi.
Les catastrophes menaçantes : chapitre 43
FORMULE POUR EMPÊCHER QU'ON NE COUPE LA TÊTE D'UN TEL DANS LE
MONDE DES MORTS
Je suis le grand, fils du grand, le feu, fils du feu
à qui sa tête a été rendue après qu'elle eut été coupée.
De même qu'on ne saurait arracher à Osiris sa tête,
on ne saurait m'arracher la tête.
Je me suis dressé, plein d'ardeur et de jeunesse,
car je suis Osiris maître de l'éternité.
Après les bêtes nuisibles viennent des menaces plus générales, des châtiments, des
mutilations, de nouvelles morts, la décomposition, l'errance sans place fixe, les
abattoirs où on pourrait être sacrifié comme du bétail, la marche tête en bas, la
famine réduisant à manger ses excréments et boire son urine, etc.
Les catastrophes menaçantes : chapitre 47
FORMULE POUR EMPÊCHER QU'ON NE PRENNE À UN TEL SA PLACE ET
SON TRôNE DANS LE MONDE DES MORTS
Ô ma place, ô mon trône, venez et servez-moi,
car je suis votre maître.
Et vous les dieux, venez et suivez-moi,
car je suis le fils de votre maître.
Vous m'appartenez car c'est mon père qui vous a créés.
L'eau et l'air : chapitres 54 à 63
Dans un pays torride, l'eau qui apaise la soif et apporte la fraîcheur est le premier
symbole de vie. Ceci est illustré par l'image de la déesse dans l'arbre, Nout,
Nephthys ou Hathor, qui verse l'eau au mort ou à sa petite âme-oiseau. Cette eau et
le vent du nord qui apporte la fraîcheur le soir comptent parmi les souhaits essentiels
du mort, que l'on retrouve sur les stèles dans la formule du repas funéraire : boire
l'eau sur la rive du fleuve et respirer le doux vent du nord.
Chapitre 56
FORMULE POUR RESPIRER LES VENTS ET DISPOSER D'EAU DANS LE
MONDE DES MORTS
Ô Atoum, puisses-tu m'accorder le doux souffle qui est dans ta narine !
Je suis celui qui entoure de ses bras cette place qui est dans Hermopolis
et j'ai veillé sur cet œuf du grand caqueteur.
Si je suis sain et sauf, il sera sain et sauf,
si je vis, il vivra,
si je respire le souffle, il respirera le souffle.
A nouveau la sortie le jour : chapitres 64 à 74
La sortie diurne avait été le thème central d'une dizaine de chapitres au début du
Livre. Un autre groupe d'importance comparable est intercalé ici, avec parfois des
sujets analogues. Par exemple :
ch. 10
sortir le jour contre son ennemi
ch. 65
sortir le jour et disposer de son ennemi
ch. 9
sortir le jour après l'ouverture de la tombe
ch. 71
sortir le jour, ouvrir la tombe.
Il est difficile de trouver là une progression bien définie.
Chapitre 68
FORMULE POUR SORTIR LE JOUR
Les vantaux du ciel sont écartés pour moi,
les vantaux de la terre sont écartés pour moi,
les mâchoires du dieu-terre Geb sont écartées pour moi,
le château de *** est ouvert pour moi,
celui qui me gardait m'a délivré,
celui qui me tenait de son bras a relâché de moi son bras,
le bec du pélican s'est écarté pour moi,
le bec du pélican s'est ouvert pour moi,
le bec du pélican m'a laissé partir le jour vers tous les lieux qui me plairaient,
et je disposerai de mon cœur,
j'aurai pouvoir sur mon cœur,
je disposerai de mes bras,
je disposerai de mes jambes,
je disposerai de ma bouche,
je disposerai de mon corps entier,
et je disposerai de mon repas funéraire,
je disposerai d'eau,
je disposerai d'air,
je disposerai du fleuve,
je disposerai des rives,
je disposerai de ceux qui agiraient contre moi,
je disposerai de celles qui agiraient contre moi dans le monde des morts,
je disposerai de ceux qui ordonneraient de mal agir contre moi sur terre.
Et quoi ! vous allez dire de moi :
"Il vit du pain du dieu-terre Geb."
Mais je déteste ça et je n'en mangerai pas,
je vivrai de pain de blé blanc et de bière du blé rouge
du dieu-crue du Nil Hâpy,
et je m'assiérai sous les rameaux de l'arbre de la déesse Hathor (...)
Les transformations : chapitres 76 à 88
Ces formules répondent aussi à la promesse de sortir le jour :
Celui qui saura cette formule, il sortira le jour sous toutes les formes qui lui plairont
(...)
Celui qui connaîtra ce livre, il sortira le jour du monde des morts et il rentrera après
être sorti.
Mais celui qui l'ignorera, il ne rentrera pas après être sorti et ne sera pas capable de
sortir le jour.
Le mort souhaite tour à tour se transformer en :
ce qui lui plaît (ch. 76), faucon d'or (ch. 77), faucon divin (ch. 78), doyen du tribunal
(ch. 79), dieu (ch. 80), nénufar (ch. 81), dieu Ptah (ch. 82), phénix (ch. 83), héron (ch.
84), âme ou âme du dieu Atoum (ch. 85), hirondelle (ch. 86), serpent (ch. 87), dieu
Sébek (ch. 88).
Chapitre 77
FORMULE POUR SE TRANSFORMER EN FAUCON D'OR
Oui, je suis apparu comme ce grand faucon d'or sorti de son œuf, et je me suis
envolé, je me suis posé, en faucon d'or haut de quatre coudées, aux ailes de
malachite. Je suis parti de la cabine de la barque de la nuit, j'ai rapporté mon cœur
de la montagne orientale et je me suis posé dans la barque du jour.
M'ont été amenés prosternés ceux qui étaient en leur place primordiale pour me
rendre hommage, à moi qui suis apparu comme le beau faucon d'or au-dessus du
phénix, celui dont Rê vient chaque jour écouter les paroles. Et je m'installerai entre
ces dieux doyens du ciel, les champs déposeront devant moi des offrandes pour que
j'en vive, en sois bienheureux et en dispose à satiété .
Chapitre 79
FORMULE POUR SE TRANSFORMER EN DOYEN DU TRIBUNAL
Celui qui aura appris ce livre sur terre,
ou dans la sépulture de qui il aura été inscrit,
il sortira le jour sous toute forme qui lui plaira,
et il rentrera dans sa tombe sans être arrêté ;
on lui donnera du pain, de la bière, de la viande, provenant de l'autel d'Osiris,
il se rendra aux Champs des Roseaux
où on lui donnera de l'orge et du blé,
et il sera florissant comme il était sur terre ;
il fera tout ce qui lui plaira, comme les dieux qui sont là-bas.
Procédé garanti, efficace à coup sûr.
Les déplacements de l'âme : chapitres 89, 91 et 92
Trois chapitres assurent le libre déplacement de l'âme du mort en empêchant qu'elle
soit retenue prisonnière, en lui ouvrant la porte de la tombe, en lui permettant de
rejoindre le cadavre qu'elle a quitté.
Chapitre 89
FORMULE POUR QUE L'AME REJOIGNE SON CADAVRE DANS LE MONDE
DES MORTS
Ô toi le transporteur, toi l'itinérant qui est dans sa cabine, toi le dieu grand,
fais que vienne à moi mon âme d'où qu'elle soit.
Si tu omets de m'amener mon âme d'où qu'elle soit, tu trouveras l’œil d'Horus dressé
contre toi.
Et vous les dieux qui halez la barque du maître des millions,
qui faites passer du ciel au monde souterrain et des régions mystérieuses à la voûte
céleste,
vous qui ramenez les âmes vers les défunts,
vous qui maniez les cordages,
et empoignez vos lances pour chasser les ennemis,
la barque est dans l'allégresse quand le dieu grand s'avance sans encombres, alors
faites que mon âme sorte derrière vous de l'horizon oriental du ciel pour vous suivre
vers la destination du lendemain, sans encombres, vers l'Occident, qu'elle aperçoive
son cadavre et rejoigne sa momie.
A
RÉCITER
SUR
UNE
AME-OISEAU
D'OR
INCRUSTÉE
PRÉCIEUSES PLACÉE SUR LA POITRINE DU MORT.
Thot et le mort
DE
PIERRES
Trois chapitres encore pour être aux côtés de Thot et recevoir le matériel de scribe
du dieu.
Chapitre 94
FORMULE POUR DEMANDER LE GODET ET LA PALETTE DE SCRIBE
Toi le Grand qui voit son père, toi l'archiviste de Thot, me voici bienheureux, animé,
tout-puissant, armé des écrits de Thot, apporte-moi le godet, la palette et le porte
documents de Thot avec les secrets qu'il contient, car je suis scribe.
Apporte-moi les sécrétions d'Osiris, pour que j'écrive avec. Je ferai ce que dit le dieu
grand, et serai chaque jour heureux de l'excellence de tes instructions, Horus des
Horizons. Je ferai la justice et rejoindrai Rê chaque jour.
Chapitres 100 et 129
LIVRE POUR FAIRE RECONNAÎTRE UN BIENHEUREUX ET LE LAISSER
MONTER DANS LA BARQUE DE RÊ AVEC CEUX QUI SONT DANS SA SUITE
J'ai fait traverser le Phénix vers l'Orient et Osiris vers la ville de Busiris,
j'ai ouvert les cavernes de la crue du Nil,
j'ai déblayé la route pour le disque solaire,
j'ai remorqué le dieu Sokar sur son traîneau,
j'ai renforcé la puissance de l'attaque du Grand Uræus,
j'ai chanté et j'ai prié le disque solaire,
je me suis joint aux quatre babouins adorateurs
et suis l'un d'entre eux,
j'ai été le second de la déesse Isis et l'assistant de Nephthys,
j'ai renforcé leurs pouvoirs magiques.
J'ai arrangé les cordages,
j'ai repoussé le serpent Apophis et je l'ai mis en fuite,
Rê m'a tendu les bras et son équipage ne me repoussera pas.
Si je suis puissant, l'oeil Oudjat sera puissant et vice versa.
La connaissance des esprits divins des grandes régions et sanctuaires
Interrompant les chapitres de navigation dans la barque de Rê, les formules 107 à
116 constituent une espèce de guide des régions du ciel et de la terre qui livre leurs
pièges et leurs secrets. Le mort ainsi averti, pourra y surmonter tous les obstacles.
Ainsi sont dévoilés les mystères de l'Occident (ch. 107, 108, 111), de l'Orient (ch.
109), des villes de Pé (112), Hiérakonpolis (ch. 113), Hermopolis (ch. 114 et 116),
Héliopolis (ch. 115).
Chapitre 108
CONNAÎTRE LES ESPRITS DE L'OCCIDENT
Ce mont de Bakhou sur lequel repose ce ciel, il est à l'orient du ciel.
Il est long de 300 lieues et large de 50. Sébek, seigneur de Bakhou, réside à l'est de
ce mont et son château est fait de cornaline. Il y a un serpent de silex blond long de
30 coudées avec une tête de 8 coudées au sommet de ce mont, mais je sais le nom
de ce serpent qui est sur sa montagne, il s'appelle "Celui qui est en sa fournaise" (...)
Les travaux dans les champs de l'Au-delà : chapitre 110
Il continue le chapitre 109 qui décrivait déjà les Champs des Roseaux.
Ici commencent les formules des Champs des Offrandes, les formules pour sortir le
jour, entrer et sortir dans le monde des morts, rejoindre les Champs des Roseaux, se
retrouver dans les Champs des Offrandes, le grand lieu riche en vents, et là être
puissant, bienheureux, y labourer, y récolter, y manger, y boire, y faire l'amour, y
faire tout ce qu'on fait sur terre.
Le chapitre 110 est consacré aux champs de l'Au-delà et est illustré par une planche
pleine page, sorte de carte de géographie de ces champs dont les principales
curiosités et activités sont figurées rabattues, comme sur certaines de nos cartes
touristiques. A l'époque tardive, la composition générale est toujours la même, sur
trois registres. Dans le registre du haut, trônent les principales divinités des lieux,
auxquelles le mort rend hommage. Dans le registre du bas, serpentent les canaux
qui doivent irriguer les champs, avec les barques qui les parcourent et les villes qu'ils
arrosent.
Au milieu, les champs proprement dits. Le mort, que nous avons vu répugner aux
travaux agricoles d'intérêt collectif et payer des remplaçants pour être dispensé de
corvée (chap. 6), semble prendre ici plaisir, vêtu de ses habits du dimanche, à
labourer, semer et récolter les céréales dans le terrain qui lui a été donné (mais la
formule lui assure que les serviteurs d'Horus effectueront pour lui le travail). Il est vrai
que le travail y est fort rentable puisque au chapitre 109 nous avons appris que l'orge
y est haut de cinq coudées (2,5 mètres !) avec des épis de deux coudées et des
tiges de trois, et que le blé y a sept coudées (épis de trois, tiges de quatre).
Le jugement du mort : chapitre 125
Ce jugement du mort, qui fait dépendre son sort futur de son comportement sur terre,
est un élément nouveau qui apparaît seulement au Nouvel Empire. Auparavant, les
tribunaux jugeant de l'avenir du défunt ne manquaient pas, mais ils avaient à
trancher entre des plaignants faisant valoir des droits à la victoire basés sur l'histoire,
la puissance, les règles de la propriété, les lois d'héritage et non sur leur vertu, la
conformité de leur vie avec des règles sociales, morales ou religieuses.
FORMULE POUR ENTRER DANS LA COUR DES DEUX JUSTICES, (...) À
PRONONCER EN ARRIVANT DEVANT LES DIEUX QUI SONT DANS LE MONDE
DES MORTS
Hommage vous soit rendu, dieux qui êtes dans cette cour des deux justices,
je vous connais et je connais vos noms,
je ne succomberai pas à vos menaces,
vous ne me calomnierez pas auprès de ce dieu que vous servez, vous ne trouverez
rien à me reprocher et vous direz ce qui est vrai de moi devant le maître de l'univers,
sans dire de mensonge contre moi, car j'ai fait ce qui est juste en Egypte, le roi
régnant n'a rien eu à me reprocher (...)
- Viens donc et entre par cette porte de cette cour des deux justices puisque tu nous
connais.
Mais la porte n'est pas d'accord. Pour passer, il faut en plus que le mort prouve sa
connaissance des noms de toutes les parties de la porte :
- Nous ne te laisserons pas passer par nous, tant que tu ne nous auras pas dit notre
nom, disent les montants de cette porte.
- Vous vous appelez "Peson de la justice" (...)
- Je ne te laisserai pas passer sur moi, tant que tu n'auras pas dit mon nom, dit le
seuil de cette porte.
-
Tu t'appelles "Taureau de Geb" (...)
La confession négative
Arrivé dans la cour des deux justices (des deux déesses Maât, la fille du soleil et la
fille de la lune), le nouveau mort proclame son innocence. S'adressant tour à tour à
chacun des 42 dieux qui assistent le juge suprême Osiris, il énumère tous les péchés
qu'il n'a pas commis. Cette liste est un curieux mélange de crimes, de transgressions
des conventions sociales, des interdits religieux, de toutes les formes d'atteinte à
l'ordre et à la discrétion.
Le mort ayant plaidé non coupable est mis à l'épreuve de la pesée du cœur,
représentée sur la plus grande vignette du Livre.
Introduit devant Osiris dans la grande salle du tribunal par la déesse de l'Occident, il
assiste à l'opération dont toute sa survie dépend.
Là se dresse une grande balance, version ancienne du détecteur de mensonge,
manœuvrée par les dieux Anubis et Horus, contrôlée par Thot, le scribe de la justice.
Son cœur est posé sur un plateau, la déesse de la justice, Maât, sur l'autre. S'il a
menti, la balance penchera et la terrible "mangeuse" l'attend. Sinon, il sera reconnu
innocent, juste de cause, et sera admis dans la suite d'Osiris, considéré lui-même
comme un Osiris.
Le mort arrive devant la grande salle du tribunal des deux justices où siègent Osiris
et ses quarante-deux dieux assesseurs.
Ô le grand marcheur sorti d'Héliopolis, je n'ai pas commis d'iniquité,
ô l'embrasseur de flamme sorti du Caire, je n'ai pas volé (...),
ô l'avaleur des ombres sorti des cavernes, je n'ai pas assassiné (...),
ô le briseur d'os sorti d'Hérakléopolis, je n'ai pas dérobé de nourriture (...)
ô le mangeur de sang sorti de l'abattoir, je n'ai pas abattu de bétail divin (...)
ô l'encorné sorti de Saïs, je n'ai pas été bavard (...),
ô le musicien sorti du Noun, je n'ai pas élevé la voix, (...)
Les quelques chapitres qui suivent confirment l'acquittement du mort : hymnes aux
babouins adorateurs de Rê pour que soit reconnue et récompensée par le dieu
solaire la loyauté du mort (ch. 126), nouvel hymne aux juges du tribunal d'Osiris (ch.
127), hymne à Osiris lui-même (ch. 128). Ensuite reprennent les formules de
reconnaissance du mort comme bienheureux par Rê.
Chapitre 126
Ô vous les quatre babouins assis devant la barque de Rê,
qui présentez la vérité au maître de l'univers,
qui tranchez entre le pauvre et le riche,
qui donnez des offrandes aux dieux, le repas funéraire aux défunts,
qui vivez de vérité et vous repaissez de justice,
dans le cœur de qui il n'est pas de mensonge,
qui haïssez l'iniquité,
chassez tout mal qu'on pourrait me faire,
permettez-moi d'ouvrir la tombe et d'entrer dans Rosétaou,
de passer par les portails mystérieux de l'Occident,
et qu'alors on me donne du gâteau, de la bière et du pain,
comme à ces défunts qui entrent et sortent de Rosétaou.
Viens donc et nous éloignerons de toi le mal,
nous te débarrasserons de l'iniquité,
éliminant ce qui te menacerait,
nous rejetterons tout mal qu'on pourrait te faire
Entre donc à Rosétaou,
passe par les mystérieux portails de l'Occident,
car on te donnera du gâteau, de la bière et du pain,
tu sortiras et entreras à ta guise comme ces défunts récompensés
et on t'appellera chaque jour dans l'horizon.
La reconnaissance du mort par Rê et la navigation dans la barque solaire :
chapitres 100-102, 129-131, 133-136, 141-143
La reconnaissance du mort comme bienheureux par le dieu Rê, reconnaissance qui
lui donne le droit de monter dans la barque solaire et d'être traité d'égal à égal par les
autres dieux, au même titre que la justification devant les tribunaux l'admet dans la
suite d'Osiris, était, après la sortie le jour, le thème dominant du Livre des Morts.
Chapitre 133
LIVRE POUR FAIRE RECONNAÎTRE LE BIENHEUREUX, À EXÉCUTER LE
PREMIER JOUR DU MOIS
Rê est apparu dans son horizon, suivi de sa cour divine,
le dieu est sorti de la région mystérieuse
et la peur s'abat sur l'horizon oriental du ciel à la voix de la déesse Nout préparant la
route de Rê, le doyen des dieux, pour qu'il accomplisse son périple.
Lève-toi Rê, toi qui es dans ta cabine, hume l'air et absorbe le vent du nord,
redresse-toi et attaque le jour, respire la justice et répartis les compagnons et dirige
la barque vers la route céleste.
Les grands accourent à ta voix. Compte tes os, rassemble tes membres
et tourne-toi vers le bel Occident, viens, chaque jour rajeuni. Oui,
tu es cette image d'or dont le front est le disque du soleil. Le ciel est dans la terreur,
viens, chaque jour rajeuni (...)
L'Osiris Un tel est florissant sur terre et dans le monde des morts,
l'Osiris Un tel est florissant comme Rê chaque jour (...)
Chapitre 142
LIVRE POUR FAIRE RECONNAÎTRE UN BIENHEUREUX, FAIRE QU'IL SE
DÉPLACE LIBREMENT, QU'IL SORTE LE JOUR SOUS TOUTES LES FORMES
QU'IL VOUDRA : CONNAÎTRE LES NOMS D'OSIRIS EN TOUTES LES PLACES
OU IL VEUT ÊTRE
Suit une liste de noms, c'est-à-dire d'aspects divers du dieu, qui sont en grande
partie celui d'Osiris déterminé par un qualificatif ou un lieu de résidence, mais sont
aussi ceux d'autres dieux considérés alors comme ses manifestations possibles, ses
"avatars".
Quelques-uns des 156 noms d'Osiris :
Osiris Ounnéfer
Osiris vivant
Osiris maître de vie
Osiris maître universel (...)
Osiris dans la ville de Pé
Osiris dans la ville de Dep (...)
Osiris dans le ciel
Osiris sur terre (...)
Osiris dans tous les pays (...)
Osiris maître de vie dans Abydos
Osiris maître de Busiris (...)
Osiris Horus des deux horizons
Atoum le taureau de la grande assemblée divine (...)
Ptah, l'auguste pilier rejeton de Rê (...)
Geb, le doyen des dieux,
Horus l'aîné,
Horus le fils d'Isis, (...)
Les portes et les portails : chapitres 144 à 146
Le souhait de franchir librement la multitude de portes et de barrages qui peuvent
séparer le monde des vivants de celui des morts ou de barrer l'accès aux lieux les
plus attirants de l'Au-delà revient d'une manière lancinante dans le Livre des Morts.
Les chapitres 144-146 lui sont consacrés exclusivement et occupent une place
importante dans la plupart des Livres des Morts, car les portes sont nombreuses et
de plusieurs natures.
Le plan est toujours le même : le mort arrive devant la porte gardée par un
redoutable génie armé de couteaux, qu'il faudra amadouer, contraindre à laisser le
passage en démontrant qu'on connaît les noms de la porte et du gardien.
Chapitre 146
ICI COMMENCENT LES FORMULES POUR FRANCHIR LES PORTAILS
MYSTÉRIEUX DE LA DEMEURE D'OSIRIS DANS LES CHAMPS DES ROSEAUX
En arrivant au premier portail d'Osiris, on devra dire :
Laisse-moi passer, je te connais et je connais ton nom, je connais le nom du dieu qui
te garde.
Tu t'appelles "Souveraine de la peur, aux hautes murailles, la supérieure, souveraine
de hebheb, la prophétesse qui repousse la tempête, qui sauve de la spoliation celui
qui vient de loin" et ton portier s'appelle "le Redoutable".
En arrivant au deuxième portail, on devra dire :
Laisse-moi passer,
je te connais et je connais ton nom,
je connais le nom du dieu qui te garde.
Tu t'appelles "Souveraine du ciel, maîtresse du double pays,
l'avaleuse, souveraine des hommes, contrôleuse de tous"
et ton portier s'appelle "le Rejeton de Ptah".
et ainsi de suite pour chacun des vingt et un portails de la demeure d'Osiris.
Chapitre 148
Enfin la série des formules pour la reconnaissance du bienheureux s'achève par la
grande vignette pleine page représentant un taureau et sept vaches, accompagnés
de quatre avirons, qui n'est, malgré son apparence mystérieuse, qu'une
FORMULE POUR ALIMENTER UN BIENHEUREUX DANS LE MONDE DES
MORTS.
Elle peut être aussi intitulée :
LIVRE POUR FAIRE RECONNAÎTRE LE BIENHEUREUX PAR RÊ, FAIRE QU'IL
SOIT PUISSANT CHEZ ATOUM, GRAND CHEZ OSIRIS, RICHE CHEZ CELUI QUI
EST À LA TÊTE DE CEUX DE L'OCCIDENT, RESPECTÉ PAR L'ASSEMBLÉE
DIVINE.
A EXÉCUTER LE PREMIER JOUR DU MOIS, LE 6e JOUR DU MOIS (...)
Hommage à toi qui brilles en ton disque,
âme vivante sortie de l'horizon,
Un tel te connaît, connaît ton nom,
connaît le nom de tes sept vaches et de leur taureau,
qui donnent du pain, de la bière et le bonheur aux âmes,
et qui alimentent les habitants de la région cachée.
Puissiez-vous donner du pain, de la bière, puissiez-vous alimenter Un tel,
qu'il vous accompagne, qu'il naisse entre vos cuisses,
qu'il soit l'un de vous pour toujours et à jamais,
qu'il soit bienheureux dans le bel Occident (...)
Ô le beau puissant, bel aviron du ciel septentrional,
ô l'itinérant, guide du double pays, bel aviron du ciel occidental,
ô le lumineux qui réside dans le château des images, bel aviron du ciel oriental,
ô le président qui réside dans le château des rouges, bel aviron du ciel méridional,
puissiez-vous accorder du pain, de la bière, des offrandes, des aliments
et le bonheur au bienheureux Un tel,
puissiez-vous lui accorder vie, force, santé, joie et durée sur terre (...)
Les buttes de l'Au-delà : chapitres 149 et 150
Suite de la leçon de géographie et d'onomastique du monde des morts, liste des 14
ou 15 buttes qui s'élèvent dans le monde des morts, avec les noms des dieux qui y
président et les paroles à prononcer pour y dégager le maximum d'avantages.
Avec la seconde butte nous retrouvons les Champs des Roseaux tels qu'ils sont
décrits dans le chapitre 109 :
2e BUTTE (VERTE)
Le dieu qui y réside (...) Rê Horus des deux horizons. Un tel y dira :
Je suis le richissime dans le Champ des Roseaux.
Et ce Champ des Roseaux a une enceinte de cuivre,
l'orge y est haut de 5 coudées (...)
Je connais la porte centrale du Champ des Roseaux par laquelle sort Rê (...)
4e BUTTE (VERTE) : LA TRÈS TRÈS HAUTE
O toi la première des buttes mystérieuses,
toi la plus élevée des montagnes du monde des morts sur laquelle le ciel repose,
qui a 30 000 coudées de long et 23 000 coudées de large,
sur laquelle habite le serpent appelé "le Lanceur de couteaux", qui
est long de 70 coudées [35 mètres] et qui vit de tuer les bienheureux
et les morts dans le monde des morts,
je me dresserai sur ton enceinte et bonne sera ma route car j'aurai vu
le chemin qui mène à toi.
Je t'atteindrai et je suis un combattant, alors cache-toi la face.
Si je me porte bien tu te porteras bien.
Je suis le grand magicien et mes yeux m'ont été rendus pour que je sois
bienheureux.
Quel est donc cet esprit qui rampe et dont la force est dans sa montagne ?
Je viens contre toi, armé de ta propre force et j'augmente la force.
Je suis venu pour éliminer le serpent de Rê, quand il se couchera le soir
et je parcourrai le ciel pendant que tu seras enserré de liens ; c'est ton destin sur
terre.
Le chapitre 150 est un grand tableau index des buttes avec leurs noms et le nom du
dieu qui y demeure.
La protection de la momie et les quatre briques : chapitre 151
Dans les exemplaires tardifs, ce chapitre est rejeté vers la fin du Livre et se limite à
une grande vignette rehaussée ou non de courts textes. On voit, au centre, la momie
sur son lit de mort pleurée par les déesses Isis et Nephthys qui pleurèrent leur frère
Osiris, et protégée ou embaumée par Anubis, dieu à tête de chien, qui momifia le
corps mutilé d'Osiris. E n haut et en bas, Anubis chien, couché sur son coffre, veille.
Les amulettes : chapitres 155 à 158
Ces chapitres groupés sont consacrés à l'"activation" d'amulettes à placer "au cou"
du mort (en général disposées en collier sur la poitrine de la momie) pour le protéger
des dangers les plus divers. Les matières recommandées - or, cornaline, amazonite sont souvent remplacées par des imitations de verre ou de faïence de la même
teinte, voire par des matières franchement différentes.
Chapitre 155
FORMULE DU PILIER DJED D'OR
Lève-toi, Osiris, place-toi sur le côté,
j'ai mis de l'eau à ton chevet,
je t'ai apporté le pilier djed d'or pour te procurer la joie.
Chapitre 156
FORMULE DU NOEUD D'ISIS DE CORNALINE
Tu disposes de ton sang, Isis, tu disposes de tes charmes, Isis, tu disposes
de ta magie, Isis, ils sont l'amulette protectrice de ce Grand, écartant
qui voudrait lui nuire.
Formule à prononcer sur une amulette "nœud d'Isis" en cornaline,
trempée dans de l'eau de "ankhimi", avec un collier de fibres
de sycomore, placée au cou du défunt le jour de l'enterrement.
Celui pour qui on aura fait ça, les charmes d'Isis seront la protection
de son corps, Horus, fils d'Isis, sera heureux de le voir, et aucun chemin,
qu'il aille au ciel ou sur terre, ne lui sera inconnu.
Il sera dans la suite d'Osiris dans le monde des morts, on lui ouvrira toutes les routes
dans le monde des morts, on lui donnera de l'orge et du blé dans les Champs des
Roseaux.
Son renom sera égal à celui des dieux qui sont là-bas, et les serviteurs d'Horus
feront pour lui la récolte.
Thot et les portes du ciel : chapitre 161
C'est en général une vignette pleine page qui montre le dieu Thot quatre fois, ouvrant
une porte en tirant le verrou scellé.
Tout défunt sur le cercueil de qui on aura dessiné ces figures, on lui ouvrira les
quatre ouvertures du ciel :
une pour le vent du nord, qui est Osiris,
une pour le vent du sud, qui est Rê,
une pour le vent de l'ouest, qui est Isis,
une pour le vent de l'est, qui est Nephthys,
et leurs souffles entreront dans sa narine.
Chapitre 162
ALLUMER UNE FLAMME SOUS LA TÊTE DU BIENHEUREUX
La déesse-vache mère de Rê intercède auprès de ce grand dieu protecteur
multiforme, en même temps lion terrible pour les ennemis, Amon, Rê, âme à quatre
têtes de tous les grands dieux du pays, qui cache sa nature sous des noms barbares
et mystérieux, et rassemble en lui un peu des pouvoirs de tous ces génies
protecteurs qui se multiplient à l'époque tardive.
J'adore tes noms, je suis la vache, écoute mon appel aujourd'hui,
j'ai placé pour toi la flamme sous la tête de Rê, qui le protège dans
l'Au-delà, rends le divin dans Héliopolis.
Fais qu'il soit comme il était sur terre, car il est ton âme, ne te détourne pas de lui,
viens à l'Osiris Un tel, allume la flamme sous sa tête
oui, c'est l'âme du grand cadavre qui repose à Héliopolis.