Troubles musculosquelettiques de l`épaule

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Troubles musculosquelettiques de l`épaule
Troubles musculosquelettiques de l'épaule
Description médicale
Le trouble musculosquelettique de l’épaule le plus fréquent est la tendinite de l’épaule. La
présente fiche traite plus particulièrement de la tendinite de la coiffe des rotateurs, qui est
de loin la tendinite qui affecte le plus souvent l’articulation de l’épaule. Les nageurs, les lanceurs
au baseball, les menuisiers et les plâtriers sont des personnes plus à risque de souffrir de ce
type de tendinite. Cela est attribuable au fait qu’ils sont appelés à lever fréquemment le bras en
exerçant une force importante vers l’avant. Généralement, des moyens préventifs permettent d’y
échapper.
L’articulation de l’épaule comprend, entre autres, quatre muscles qui constituent ce que l’on
nomme la coiffe des rotateurs : le sous-scapulaire, le sus-épineux, le sous-épineux et le petit
rond. C’est le plus souvent le tendon du sus-épineux qui est en cause dans la tendinite de l’épaule.
Ce muscle relie l’humérus (os du haut du bras) à l’articulation de l’épaule. Voir le texte Anatomie
des articulations : notions de base.
Causes
La tendinite de la coiffe des rotateurs survient généralement lorsque le tendon est sur utilisé à
la suite de la répétition fréquente de mouvements faits de manière inadéquate. C’est pourquoi
elle appartient à la catégorie des lésions attribuables au travail répétitif ou LATR.
Elle peut aussi être causée par une modification trop rapide du travail ou de l’activité physique
sur une articulation mal préparée (manque de force ou d’endurance). Très souvent, on retrouve un
déséquilibre musculaire entre les muscles qui « tirent » l’épaule vers l’avant, qui sont
généralement forts, et les muscles à l’arrière, plus faibles. Ce déséquilibre amène l’épaule dans
une position inadéquate et cause un stress supplémentaire sur les tendons, les rendant plus
vulnérables à l’inflammation. Le déséquilibre est souvent accentué par une position de travail
inadéquate.
Complications
Bien qu’il ne s’agisse pas d’une affection grave en soi, on devrait la soigner rapidement au risque
de créer une série de problèmes plus graves : bursite, capsulite rétractile, déchirure du tendon,
etc. Dans certains cas, l’amplitude des mouvements du bras est réduite et les muscles de l’épaule
s’atrophient progressivement faute d’être utilisés. L'inflammation s’installe alors dans les tissus
voisins de l’articulation.
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D’après la D Susan Labrecque, diplômée en médecine sportive, il ne faut surtout pas attendre
d’être rendu à ce point avant de consulter, car plus la tendinite est traitée tôt, meilleurs sont les
résultats. En outre, cela permet d’éviter de douloureuses complications.
Symptômes
Une douleur sourde et diffuse dans l’épaule, qui irradie souvent dans le haut du bras
et parfois dans la cage thoracique. La douleur se ressent surtout lors des
mouvements.
Très souvent, la douleur s’intensifie durant la nuit, parfois au point de causer de
l’insomnie.
Une perte de la mobilité de l’épaule.
Dans les cas plus avancés, la douleur pourra être aiguë, la mobilité sera réduite à
presque nulle et on observera une atrophie musculaire à l’épaule atteinte.
Personnes à risque
Les personnes qui sont appelées à lever fréquemment le bras en exerçant une
certaine force vers l’avant : les menuisiers, les soudeurs, les plâtriers, les peintres,
les nageurs, les joueurs de tennis, les lanceurs au baseball, etc.
Les ouvriers et les athlètes de plus de 40 ans courent plus de risques que les jeunes.
Avec l’âge, l’usure des tissus et la baisse de l’apport sanguin aux tendons augmentent
le risque de tendinite et de ses complications.
Facteurs de risque
Au travail
Une cadence excessive.
Des quarts de travail prolongés.
L’utilisation d’un outil inadéquat ou la mauvaise utilisation d’un outil.
Un poste de travail mal adapté ou des positions de travail inadéquates.
Une musculature insuffisamment développée pour l’effort requis.
Dans les activités sportives
Un échauffement inexistant ou insuffisant.
Une activité trop intense ou trop fréquente.
Une technique inadaptée.
Une musculature insuffisamment développée pour l’effort requis.
Prévention
Recommandations générales
Prévoir des exercices d’échauffement de l’épaule avant de se livrer à une activité qui
demande d’exercer une force vers l’avant avec le bras en position élevée.
Prendre des pauses fréquemment.
Les méthodes d’éducation somatique (par exemple, la technique Alexander, l’anti
gymnastique et la Gymnastique sur table TCP) peuvent contribuer à prévenir les rechutes et
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à adopter des postures plus sécuritaires . Consulter la fiche Éducation somatique sous
l’onglet Thérapies.
Prévention en lieu de travail
Faire appel aux services d’un ergonome afin d’implanter un programme de prévention. Au
Québec, les experts de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) peuvent
guider employés et employeurs dans cette démarche (voir Sites d’intérêt).
Prévention chez les sportifs
Faire appel aux services d’un entraîneur qui se spécialise dans la discipline sportive que l'on
pratique ou d’un médecin spécialisé en médecine sportive afin d’apprendre les techniques
adéquates et sécuritaires. Pour les joueurs de tennis, par exemple, il pourrait suffire
d’utiliser une raquette plus légère ou de modifier la technique de jeu.
Un sportif qui veut augmenter l’intensité de son entraînement devrait le faire de manière
progressive.
Pour diminuer le risque de tendinite, il peut être nécessaire de renforcer les muscles de
l’épaule (incluant les muscles de la coiffe des rotateurs, en particulier des rotateurs
externes), ce qui a pour effet de diminuer le stress sur les ligaments, la capsule articulaire
et les structures osseuses.
Développer et maintenir une bonne force musculaire dans le tronc, les jambes et les bras.
Ces muscles sont importants pour générer une force dans un bras élevé au-dessus de la tête.
Une bonne musculature du corps en entier permet de diminuer le stress exercé sur l’épaule.
Porter des chaussures appropriées au sport pratiqué.
Traitements médicaux
Note. Il importe de consulter un médecin en cas de douleur à l’épaule. Celui-ci pourra déterminer s’il
s’agit d’une simple tendinite ou si le tendon ou un autre tissu mou de l’articulation est déchiré. Les
tendons enflammés peuvent subir des dommages irréversibles s’ils continuent d’être sollicités (et cela,
malgré la prise d’anti-inflammatoires). Par ailleurs, en raison de la nature parfois diffuse de ce type de
douleur, les symptômes ressentis à l’épaule pourraient être liés à un problème aux vertèbres cervicales
ou, plus graves encore, à des troubles pulmonaires ou cardiaques.
Phase aiguë
Lorsque la tendinite se déclare, il est important de soulager au plus tôt la douleur et
l’inflammation. Voici quelques conseils.
- Mettre l’épaule au repos en lui évitant les gestes qui ont causé la lésion. Il ne faut jamais
immobiliser le bras à l’aide d’une écharpe ou d’une attelle, car cela risque de provoquer une
raideur de l’articulation (ankylose) grave et parfois irréversible.
- Appliquer de la glace sur l’épaule trois à quatre fois par jour, pendant 10 à 12 minutes. Il est
inutile d’appliquer des compresses froides ou des sacs magiques (ils ne sont pas assez froids et
se réchauffent en quelques minutes). Continuer l’application de glace tant que les symptômes
persistent.
Truc et mise en garde pour l’application de froid.
On peut utiliser des cubes de glace dans un sac en plastique qu’on applique directement sur la peau, ou les
mettre dans une serviette mouillée. Il existe également des sachets de gel mou réfrigérants (Ice pack)
vendus en pharmacie qui peuvent s’avérer pratiques. Toutefois, lorsqu’on utilise ces produits, il ne faut pas
les placer directement sur la peau, car il y a risque d’engelure. Le sac de petits pois verts (ou de maïs)
congelés, déjà dans un emballage plastique, est une option pratique et économique puisqu’il se moule bien
aux formes du corps et peut être appliqué directement sur la peau.
Le médecin peut suggérer de prendre, durant cette période, des analgésiques (Tylenol®,
Aspirine® ou autres) ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’ibuprofène (Advil®,
Motrin® ou autres), offerts en vente libre, et vous référer ensuite à un physiothérapeute. Dans
les cas les plus graves, le médecin a parfois recours à une injection de cortisone pratiquée
directement dans l’articulation afin d'enrayer une inflammation tenace.
Bien que le repos soit une composante essentielle du traitement, une inactivité prolongée peut
raidir les articulations. L’articulation ne devrait jamais être mise au repos complet.
Phase de réadaptation
Les traitements de physiothérapie doivent commencer dès que le diagnostic de tendinite de
l’épaule est posé. La physiothérapie permet de réduire l’inflammation, de prévenir l’ankylose ou de
retrouver la mobilité perdue. Par la suite, lorsque l’inflammation aura diminué, l’accent sera mis
sur le renforcement musculaire tout en continuant de travailler sur la mobilité de l’articulation.
Cela peut se faire à l’aide de massages par frictions, ou par l’utilisation d’ultrasons, de courants
électriques ou de laser.
Pour un résultat optimal, la personne doit s’impliquer de façon active dans son traitement en
faisant à la maison les exercices enseignés.
Retour aux activités normales
L’activité normale (les mouvements qui ont causé la tendinite) est reprise progressivement,
lorsqu’on a retrouvé toute l’amplitude de ses mouvements et que toute douleur a disparu. Un suivi
en physiothérapie après la reprise normale des activités permet de prévenir les rechutes.
La chirurgie est rarement nécessaire, et on y a généralement recours seulement lorsque les
traitements habituels n’ont pas donné de résultats satisfaisants au bout de plusieurs mois de
traitements actifs.
Les résultats d’une étude de cohorte danoise publiée récemment démontrent que la tendinite de
l’épaule causée par un travail répétitif exige un traitement médical d’une durée moyenne de dix
8
mois .
N.B. Une réadaptation incomplète ou un retour trop rapide aux activités normales ralentit le processus
de guérison et augmente le risque de récidive. Le respect du traitement – repos, glace, médicaments
analgésiques, physiothérapie - permet le retour complet des capacités antérieures chez la majorité des
personnes.
Traitements non conventionnels
Phytothérapie
Arnica (Arnica Montana). La Commission E reconnaît aux fleurs d’arnica des vertus antiinflammatoires et analgésiques, et elle en permet l’usage topique pour traiter les troubles
articulaires.
Dosage
Plusieurs fois par jour, on applique sur l’épaule des compresses ou des cataplasmes imbibés d’une
infusion préparée en mettant 2 g de fleurs séchées dans 100 ml d’eau bouillante (infuser 5 à
10 minutes et laisser refroidir avant l'emploi). On peut également tremper la compresse ou le
cataplasme dans une solution composée de teinture d'arnica et d'huile ou d'eau, à raison d’une
partie de teinture pour 3 à 5 parties d’huile ou d'eau. On trouvera également dans le commerce
des onguents à base d'arnica. Selon la Commission E, ces préparations devraient renfermer 20 %
à 25 % de teinture ou 15 % d’huile d’arnica.
Griffe du diable (Harpagophytum procumbens). La Commission E et l’ESCOP ont reconnu
l’efficacité de la racine de cette plante africaine pour soulager les douleurs arthritiques et
musculosquelettiques, dont la tendinite. Au cours d'un essai clinique à double insu mené auprès de
63 patients souffrant de douleurs lombaires, les chercheurs ont constaté qu’en plus d'agir sur
les articulations et les tendons, la griffe du diable favorisait la vascularisation et la détente
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musculaire .
Dosage
On prend habituellement un ou deux comprimés de 500 mg, trois fois par jour, soit 1,5 g à 3 g par
jour. Les dosages peuvent varier suivant le type d'extrait. Suivre les indications du fabricant.
Note. On recommande de suivre ce traitement pendant au moins deux ou trois mois afin de
profiter pleinement de ses effets.
Boswellie (Boswellia serrata). Dans les médecines traditionnelles de l'Inde et de la Chine, la
résine qui exsude du tronc de ce grand arbre originaire de l'Inde (implanté également en Afrique
du Nord et au Moyen-Orient) est considérée comme un anti-inflammatoire.
Dosage
Prendre 300 mg à 400 mg, trois fois par jour, d'un extrait normalisé à 37,5 % d'acide
boswellique. Voir notre fiche Boswellie.
Note. Les effets thérapeutiques pourront prendre de quatre à huit semaines avant de se
manifester pleinement.
Saule blanc (Salix alba). L’écorce du saule blanc renferme de la salicine, la molécule qui est à
l’origine de l’acide acétylsalicylique (Aspirine®). Elle possède des vertus analgésiques et antiinflammatoires. La Commission E et l’ESCOP reconnaissent son utilité pour faire baisser la fièvre
de même que pour soulager les douleurs rhumatismales et le mal de tête. Bien que, depuis des
millénaires, elle ait été utilisée pour traiter la tendinite, on n'a mené aucun essai clinique
permettant de confirmer cet usage. Toutefois, des essais portant sur un autre problème
musculosquelettique, les douleurs lombaires, ont permis de démontrer que l'écorce de saule était
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tout aussi efficace que les traitements classiques pour soulager ce type de douleur .
Dosage
Consulter la fiche Saule blanc.
Suppléments
La glucosamine et la chondroïtine jouissent d’une certaine popularité en médecine sportive. Bien qu’il
existe des preuves importantes de l'efficacité de ces suppléments à soulager les douleurs
articulaires de l’arthrose, d’après nos recherches (avril 2004), aucun essai clinique n’a évalué leur
capacité à traiter les différentes formes de tendinite.
Autres approches
Acupuncture. Les résultats d’une étude clinique portant sur 52 sportifs souffrant d’une
tendinite de la coiffe des rotateurs indiquent que l’acupuncture peut contribuer à soulager la
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douleur . Les participants étaient suivis par un acupuncteur durant quatre semaines. Certaines de
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nos sources expertes mentionnent que l’acupuncture peut aider à soulager la douleur
.
Aromathérapie. En raison de leur haut pouvoir de pénétration transcutanée et de leur capacité
à se diffuser dans les tissus sous-jacents, les huiles essentielles, en application topique, peuvent
contribuer à calmer la douleur, soulager l’inflammation et détendre la musculature aux environs
de l’épaule atteinte. Un bon aromathérapeute pourra conseiller un mélange adapté à cet usage. On
peut aussi se référer à l’ouvrage de l’aromathérapeute Dominique Baudoux : L'aromathérapie : se
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soigner par les huiles essentielles .
Thérapies manuelles
Parmi les raisons fréquentes de consulter en thérapie manuelle (ostéopathie, chiropratique, ortho
thérapie, massothérapie, etc.), il y a les troubles musculosquelettiques causés par des mouvements
répétitifs au travail ou au sport. Ces thérapies sont-elles efficaces? Peu d'études nous permettent de
répondre par l'affirmative à cette question. D’après mon expérience, les thérapies manuelles ne sont pas
très efficaces pour soigner ce type de lésion. Cependant, certaines personnes affirment avoir été
soulagées, et même guéries. Pourquoi?
Les thérapies manuelles sont d’une grande utilité lorsque le facteur qui empêche le plus la guérison n’est
pas à l’endroit de la douleur, mais provient d’une dysfonction de la colonne vertébrale. Par exemple, la
douleur se manifeste au coude, mais des manipulations aux vertèbres cervicales procurent un soulagement
parce qu’elles agissent directement à la source du problème. En traitant la colonne vertébrale en thérapie
manuelle, on enlève le blocage qui nuisait le plus à la guérison. Si les autres traitements sont en place, ils
seront alors efficaces, et la personne guérira.
Ainsi, chez certaines personnes, les thérapies manuelles sont des approches complémentaires précieuses
pour guérir d’un tel trouble musculosquelettique.

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