Garde Impériale – Régiments des Chasseurs et Grenadiers à cheval

Transcription

Garde Impériale – Régiments des Chasseurs et Grenadiers à cheval
L’Armement et le sabre des Grenadiers à cheval de la
Garde
GREGOIRE BOYER
Grenadier du Dixième Escadron
Le Dixième Escadron
Association loi 1901, déclarée le 2 décembre 1988 à la Préfecture de police de Paris
Siège social : 3 place du Général Catroux – 75017 Paris – Tel/Fax : 01 40 54 02 00
Site web : http://www.10escadron.com – Courriel: [email protected]
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Cet article traitera principalement des sabres de cette troupe d’exception.
Les descriptions de la photo ci-dessus fournissent le vocabulaire minimal pour l’étude
d’une arme blanche.
1 – LES ARMES À FEU LONGUES
A sa création, le corps des Grenadiers à cheval de la garde (Directoire) devait être
armé du mousqueton modèle 1777. Une centaine furent livrés. En 1797, une
commande spéciale fut passée à la manufacture de Versailles pour un modèle
spécifique réservée à la cavalerie de la garde. Ce modèle est très proche du 1777 dont
il est tiré mais il est légèrement plus court et peut recevoir la baïonnette d’infanterie
1777. Suite à l’augmentation du corps, une seconde commande sera faite pour un
modèle identique mais équipé d’une platine du mousqueton modèle an IX.
Avec le consulat un nouveau modèle de mousqueton est adopté pour équiper les
nouveaux escadrons. Il est légèrement plus grand que les modèles précédents et de
conception différente : le bois se prolonge plus en avant sur le canon, il possède une
grenadière supplémentaire et la forme de la crosse est différente.
Ces trois modèles cohabiteront au régiment jusqu’en mars 1806, date à laquelle les
grenadiers reçoivent le fusil de dragons (de la ligne).
En 1807 les Grenadiers à cheval reçoivent le fusil de vélite de la garde à garniture
laiton qui mesure 1,431m. Ce modèle suivra le régiment jusqu'à la fin de l’Empire.
Après la campagne de Russie, le régiment recevra des fusils d’infanterie en
complément de son fusil de vélite.
Ces fusils longs sont fixés à la selle par une botte de crosse. Ils ne sont pas emmenés
au combat et servent uniquement au service a pied. La première restauration en
transformant le régiment en cuirassier avait pour projet de l’équiper avec des
mousquetons et il est possible que les Grenadiers à cheval en étaient équipés lors de
la campagne de Belgique.
2 – LES PISTOLETS
Au cours de son existence le régiment a reçu trois types de pistolet : sous le directoire
et le consulat, le “ 1763 ” à garniture de cuivre puis sous l’Empire brièvement le
modèle An IX et enfin les modèles l’An XIII. (Ces deux dernières armes sont
communes aux Grenadiers et aux Chasseurs à cheval).
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3 - LE SABRE
3.1 - Période Directoire et Consulat
La Garde du Directoire reçoit un premier modèle de sabre particulier. Cette arme
porte sur sa garde une grenade et l’inscription “ grenadier de la gendarmerie ”. Un
peu plus de cent sabres ont été produits : sa lame est plate et son fourreau est en cuir
à trois garnitures en laiton.
Photo tiré de l’ouvrage de C. Blondieau
Avec la création d’un second escadron dans la Garde des Consuls, un nouveau modèle
de sabre est donné au deuxième escadron du régiment (le premier conservant ses
anciens sabres l’inscription sur la garde étant effacée) ; ce nouveau modèle est très
proche tant au niveau de la lame que de la monture du sabre de Chasseur a cheval de
l’an IV.
En l’an IX, un nouveau modèle de sabre est commandé à la manufacture de Versailles
pour 481 exemplaires (473 selon d’autre sources), ce qui permet d’équiper les deux
escadrons du régiment à cette date : la lame est droite et plate (c’est celle de la
cavalerie de ligne) mais la garde ornée de la grenade enflammée correspond déjà au
modèle de l’empire. Ce modèle a été élaboré par Boutet. Cette monture très innovante
est une vraie nouveauté. Le fourreau est celui des dragons. Lorsque les Grenadiers à
cheval recevront leurs nouveaux sabres, ceux-ci seront également donnés aux
Gendarmes d’élite. Ce sabre est appelé sabre du premier type.
3.2 - L’Empire
Deux ans plus tard, Versailles fournira 962 sabres d’un modèle plus abouti : la
poignée reste à peu prés la même, mais la lame prend sa forme caractéristique avec
une légère courbure et un pan creux : la fameuse lame à la Montmorency.
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Le fourreau est en bois recouvert de laiton et laisse apparaître une fenêtre (crevé) en
cuir nu entre les deux bracelets d’anneaux de bélières ; ce crevé de forme oblongue à
les extrémités arrondies. La faiblesse engendrée par ce crevé sera vite compensée par
la présence d’un ou deux bracelets de métal. Ces deux types de renforts de fourreaux
se rencontrent (le double renfort étant plus fréquent) et l’on ne sait pas s’ils sont
l’oeuvre de l’armurier du régiment ou de la manufacture.
Ce sabre est le deuxième type du consulat ou le premier type de la période
impériale
La description du sabre est la suivante : “ Lame à la Montmorency de 975mm,
18mm de flèche à deux pans creux et deux gouttières. Monture en laiton, la garde est
formée d’une branche principale creuse, s’épanouissant en plateau, se terminant par
un quillon plat et d’une coquille (composée d’un médaillon encadrant une grenade
enflammée ; pommeau en laiton à double prolongement incliné vers l’avant ; poignée
en bois de hêtre recouverte de double filigrane tors… ”.
A cette description de l’arme on peut ajouter que le plateau est entouré d’un cordon
brise lame.
En 1807 un modèle d’un troisième type est réalisé par la manufacture de Versailles.
Ce modèle sera produit à partir de 1810. Ce troisième type de sabre est le modèle
définitif de l’arme et il ne se distingue du précédent que par un nouveau fourreau,
celui-ci sera à deux crevés entre les bracelets d’anneaux de bélières afin de compenser
la faiblesse de la version précédente.
3.3 - Sous la Restauration
Le régiment conservera son sabre qui sera équipé d’un fourreau d’acier.
****
Entre les trois types de sabre de Grenadiers à cheval si la monture n’a pas
connu d’évolution majeure, il y a eu de nombreuses petites modifications :

- Au fil du temps la monture est devenue un peu plus volumineuse, l’espace
entre la poignée et la grenade a augmenté ; la poignée grandissant aussi de
quelques millimètres.

- Le dessin de la palmette en fin de quillon s’est transformé : Sous le consulat il
était dans le prolongement et à contour découpé, puis il devient ajouré et
ensuite plein sous l’Empire il s’est peu à peu courbé. Attention de nombreux
sabres ont vu leur quillon se tordre soit du fait des combats ou de l’usure soit
du fait de leur “ propriétaire ”.
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Si dans la monture du premier type les soubassements de la grenade (triangle) sont
pleins, ils seront remplacés par deux petites crosses (évidées) sous l’Empire.
Photo G. Boyer
Ce sabre outre les grenadiers équipera les Dragons de l’impératrice et la Gendarmerie
d’élite.
*****
4 - DIMENSIONS ET PRODUCTION
4.1 – Tableau récapitulatif du sabre de Grenadiers à cheval
1130 mm
Longueur du sabre dans son fourreau
965 mm
Longueur de la lame
156 à 161 mm
Longueur de la monture
28 à 30 mm
Largeur du talon
22 à 30 mm
Fleche
22 mm
Hauteur des bracelets de bélièresEcartement
des bracelets de bélières
Longueur du crevé (avant 1810) 180 à 200
mm
180 à 200 mm
Longueur de chaque crevé (âpres 1810)
84 mm
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1.3 kg
Poids du sabre
environ 1 kg
Poids du fourreau environ
Sous le consulat et l’empire, le modèle de sabre a été réalisé à Versailles, les montures
sont réalisées à Versailles, les lames sont forgées à Kligenthal et l’assemblage finale à
lieu à Versailles.
4.2 - Synthèse de la production d’après Bottet
AN X
AN XI
1806
1807
1808
1809
1810
1811
1813
473
962
1808
595*
803
867
3197**
50
221
* Principalement a destination des dragons de l’impératrice
** Peut être uniquement une refonte des fourreaux
Photo tiré de l’ouvrage de C. Blondieau
5 - LES RECONSTITUTIONS
Il existe actuellement en France plusieurs modèles de copies de ce sabre, même si
toutes ces copies présentent des défauts qui varient selon les fournisseurs : monture
trop grossière ou trop grande, lame trop faible, lame marquant trop, arme trop
lourde... (PS l’auteur n’a pas encore pu tester la dernière version du sabre d’AntikCostume), elles ont le mérite d’exister et permettent d’équiper rapidement avec un
modèle somme toute convenable un grenadier à cheval en reconstitution.
Les principaux fournisseurs français de copie de ce sabre sont Chevalier d’auvergne,
Armae et antikCostume.
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EN GUISE DE CONCLUSION
Sous l’Empire, la lame à la montmorency a équipé quatre régiments français à
l’historique des plus glorieux : le 2eme chasseur à cheval, les grenadiers à cheval, les
dragons de la garde et enfin les gendarmes d’élites.
Ce modèle de lames dit le bancal sera adopté par l’ensemble de la cavalerie mais
également sera critiqué par tous comme étant incapable de tailler ou pointer. Au vue
des faits d’armes des utilisateurs de ces lames à Austerlitz, Eylau ou Hanau, on peut
se demander si le procès fait en 1822 était si justifié.
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Annexe
Les étapes de la réalisation d’un sabre
Apres une description et un historique de cette arme voici une description très
sommaire des étapes de sa construction.
A.1 - LA RÉALISATION DE LA MONTURE
La monture est composée de trois pièces indépendantes : la pièce de garde, la calotte
et la poignée.
La poignée est réalisée en hêtre, cuir et fil de laiton ; les deux premières pièces sont
fondues dans un alliage de cuivre. L’alliage le plus utilisé à la fin de l’empire est : deux
parties d’arco (alliage de 3 parties de cuivre rouge, de poudre de charbon et 1 partie
de zinc) et d’un de bronze (9 de cuivre 1 d’étain).
Une pièce modèle déployée à plat est utilisée pour réaliser les moules de la garde et
de la calotte.
Les moules sont réalisés à l’aide de sable à mouler, placé dans des moules en fer.
Deux demi-empreintes sont réalisées dans chacun des demi-moules en n’omettant
pas de placer les canaux de coulée ni de garnir les calottes modèles de leur noyau.
Les demi-moules sont mises à sécher puis l’empreinte est recouverte de charbon pilé.
La réalisation de ces demi-moules nécessite des interventions de retouche après avoir
retiré les modèles.
Une fois les moules secs, ils sont mis sous presse, puis l’alliage est fondu. Le métal
étant dans un creuset, un creuset est un récipient qui supporte une forte température
sans se briser ou se vitrifier, il doit être remplacé après la fonte d'une centaine de
monture de sabre. Le métal en fusion débarrassé de ses scories est versé dans les
moules. Le creuset est prêt pour une nouvelle utilisation. Le fondeur après les avoir
vérifié et ébarbé les épreuves (nom des pièces qu’il vient de réaliser) les portera au
contrôleur et recyclera le métal des pièces non conformes.
Les pièces seront contrôlées (et poinçonnées) et stockées en attendant l’assemblage.
La réalisation de cette monture demande 704 g d’alliage de cuivre, 704 g de charbon,
10 pouce de hêtre, environs 1 gramme de ficelle et 5 à 6 gramme de fil de laiton.
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A.2 - LA LAME
Les matières premières utilisées dans la réalisation des lames sont le fer pour la soie,
l’acier pour la lame et la houille. Le but de cet article n’étant pas de donner un cours
de forge on se contentera de lister les principales opérations :





1 : Forger la maquette et le talon
2 : Souder la maquette au pilon
3 : Forger la lame (cette opération demande 4 chaudes)
4 et 5 : Former les pans creux et les gouttières (les pans creux et les gouttières
permettent principalement l’allégement de la lame tous en conservant sa
robustesse)
6 : Former le tranchant ; c’est une des opérations les plus délicates de la forge.
Une dernière étape de soudure de la soie aura lieu puis la lame poinçonnée sera
remise à un contrôleur appelé le réviseur des armes noires.
Toutes ces opérations nécessitant biensûr un outillage spécifique avec des formes
spécifiques, un certain nombre de chaudes portant le métal à des températures
différentes.
La forge proprement dite aura nécessité 26 onces d’acier, 5 de fer à soie et 5 litre de
houille.
La lame passe ensuite entre les mains du trempeur, c’est l’opération de trempe qui
déterminera les qualités de résistance et de flexibilité de la lame. La trempe demande
3 Livre de charbon par armes.
La Lame est ensuite aiguisée passant de l’état d’arme noir à arme blanche. L’aiguisage
d’un sabre de grenadiers à cheval nécessité 12 étapes et pour cent sabres il faut 6 livre
d’huile et 4 livre d’émeri.
La lame sera ensuite vérifiée et poinçonnée par le contrôleur.
La dernière étape est le montage. Celui-ci est fait à Versailles par un maître monteur.
C’est le monteur qui met en forme et poli la monture, qui équipe la poignée (il reçoit
la poignée en forme et percée) et assemble le sabre sans omettre la cravate. La
dernière opération consiste a marteler à froid la soie dépassant de la poignée pour lui
donner une forme en “ goutte de suif ” le sabre est maintenant prêt au service.
Pour plus de renseignement, je vous conseille de vous reporter soit aux aidesmémoires pour “ Officier d’artillerie ” de la période soit à l’article de M. Petard paru
dans le magazine “ Soldat Napoléonien ” de Mars 2008.
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Sources :
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Christian Aries :Armes blanches Militaires Francaises
Michel petard : La sabre des grenadier a cheval de la garde imperiale :
Tradition magazine
Michel Petard : des sabres et des epées
Christian Blondieau : Sabres Francais
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