Publicité et humanitaire - Article Educateur 3.10

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Publicité et humanitaire - Article Educateur 3.10
Education et développement
Isabelle Steinhäuslin
Publicité et humanitaire
Tel est le sujet d’un projet
interdisciplinaire conduit à
l’établissement secondaire
de Béthusy à Lausanne. Au
moment du vernissage présentant les productions des
élèves, nous avons interrogé
ces derniers à brûle-pourpoint sur leurs apprentissages. Etonnement, ils se
bousculent non seulement
pour prendre la parole, mais
surtout pour prendre position. C’est la qualité de ces
réactions qui nous a incités
à donner largement la
parole aux élèves.
◗ A l’origine de ce projet, l’émotion de
deux enseignants, Madame Anne-Françoise Fuchs et Monsieur Jörg Sieber,
face à une campagne publicitaire d’Helvetas (voir photo). Ils sont frappés par
l’originalité de la campagne et la prise
de risque de l’organisation non gouvernementale (ONG) qui n’hésite pas à choquer pour faire passer son message.
La décision est prise: lancer 23 adolescent-e-s à la découverte de deux
mondes, celui familier de la publicité et
celui peu exploré de l’humanitaire; avec
l’objectif d’éveiller la curiosité, l’esprit
critique et la prise de conscience
citoyenne chez les élèves. Le projet va
durer près d’une année, il donnera lieu à
trois types de productions réalisées
par groupes:
– présenter une ONG et une de ses campagnes publicitaires;
– créer une affiche sur un thème lié à
l’humanitaire;
– réaliser un clip vidéo portant sur les
activités d’une ONG.
Au cours de ces étapes, les élèves ont
appris à analyser le langage publicitaire. Ils ont découvert les activités
d’ONG, réfléchi et débattu sur des questions sociétales et éthiques portant
notamment sur la manière de récolter
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«Face aux images choc, les destinataires
ne réagissent pas tous de la même
manière. Chacun réagit en fonction de
sa personnalité et de ses expériences
personnelles. Il faut avoir du respect par
rapport à ces diverses réactions.»
«Avec des messages trop violents, moi
je me bloque; je reste focalisée sur
l’image et je ne pense plus à ce que
l’ONG fait et au sens de son action.»
«Pour inciter les gens à agir, il faut montrer la réalité, ne pas exagérer. Il faut
penser aussi qu’il y a des enfants qui
voient les affiches; il ne faut pas les choquer inutilement.»
Décoder des messages publicitaires
des fonds. Ils sont sortis du cadre scolaire pour rencontrer des personnes
actives dans le domaine humanitaire.
Des savoir-faire en informatique ont été
acquis.
A l’heure de la présentation publique,
les élèves de la classe 9VSG1 se montrent très à l’aise avec les thématiques
étudiées et manifestent une forte envie
de partager leurs apprentissages.
Acquisition de savoir-faire
«J’ai acquis des savoir-faire pour créer
un clip vidéo, donc des connaissances
en informatique importantes pour mon
avenir professionnel.»
«Le travail en équipe nous apprend à
nous mettre d’accord, à prendre des
décisions communes. On doit aussi
veiller à combiner efficacement travail
individuel et travail collectif.»
Analyse éthique
«Certaines affiches sont faites pour choquer, dans le but de récolter davantage
d’argent. Mais les ONG font attention de
ne pas aller trop loin. Nous avons vu un
clip de l’UNICEF avec des squelettes; là,
ça dépasse les limites.»
«Je comprends bien la nécessité de
récolter de l’argent. Pour autant, faut-il
tout oser? Je ne le pense pas.»
«J’ai appris à réfléchir par rapport aux
messages des affiches et à les analyser.
On les regarde maintenant plus en profondeur.»
«A travers ces messages on s’est posé
des questions sur notre existence ici et
celle des autres: comment on vit, nous,
et comment d’autres vivent dans le
monde.»
«On a analysé l’utilisation d’objets
détournés: paille dans une cuvette de
WC, cercueil dans une station d’essence. On comprend le message. Il
retient notre attention. Mais il ne faut
pas aller trop loin.» Ici les avis divergent.
Le fonctionnement des ONG
«Je comprends mieux ce que font les
ONG et le sens du travail qu’elles fournissent.»
«On connaît mieux les ONG. C’est bien et
nécessaire qu’il y ait des bénévoles et
des salariés. Les frais administratifs de
10% ou plus, plus ou moins d’accord.
Mais il est important que les donateurs
le sachent.»
«On est prêts à donner de l’argent. Mais
il faut que les ONG nous montrent ce qui
se passe vraiment ici et ailleurs dans le
monde.»
«Pourquoi y a-t-il autant d’ONG et plein
de petites association? Pourquoi ne se
mettent-ils pas davantage à travailler
ensemble? Ce serait plus efficace.»
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1
Ont participé aux entretiens: Stefan, Guillaume, Alex; Denisa,
Cyndi, Mirjeta; Laura, Aïba, Dorentina, Mike; Sonita, Adyam,
Constance, Alma.
Educateur 03.10

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