Salut les filles
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Salut les filles
Salut les filles! La jeune fille en images L’intégrale des textes de l’exposition Présentée au Musée McCord Du 25 novembre 2005 au 26 mars 2006. Table des matières Introduction 1. Mythes et allégories 2. Lieux et espaces 2.1 Espaces domestiques 2.2 Lire à la maison 2.3 Espaces de jeu 2.4 À l’école 2.5 À l’orphelinat 2.6 Espaces de travail 2.7 Espaces contemporains 3. Corps et âmes 4. Expressions autobiographiques 2 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 3 4 8 9 11 14 18 21 23 25 27 32 Introduction Ni femme ni enfant, la jeune fille se trouve dans un entre-deux de la vie. Comment les artistes représentent-ils ces années spéciales, et comment leurs représentations ont-elle évolué au fil du temps? Les peintures, dessins, gravures et photographies de cette exposition, qui présentent des images de la jeune Canadienne datant du dix-neuvième siècle jusqu’à nos jours, révèlent comment les artistes reflètent non seulement les idées que nous avons de la jeune fille, mais contribuent activement à créer de nouvelles visions, certaines restrictives, certaines libératrices. Les changements constants dans les conditions économiques, les comportements sociaux et les tendances culturelles influencent la signification de la jeunesse féminine et, par conséquent, la représentation de la fille. Alors que la société suscite chez elle des croyances, des attentes, des désirs et des fantasmes nouveaux, ce que signifie d’être une fille et les expressions artistiques de son vécu évoluent sans cesse. 3 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 1. Mythes et allégories Les idéologies ont toujours été exprimées par le biais de représentations du corps de la femme. Au Canada, l’image de la jeune fille naturellement bonne, forte et capable de grandir sainement s’est révélée particulièrement attrayante. À la fin du dix-neuvième et au début du vingtième siècle, alors que le Canada était encore une jeune nation, les artistes ont souvent eu recours à la métaphore de la jeune fille pour définir le statut du nouveau pays et sa relation avec sa mère patrie, l’Angleterre. Que ce soit dans des scènes allégoriques ou des contes mythiques, les filles ont personnifié les espoirs et les luttes de la nation. En revanche, les caricaturistes politiques ont utilisé le même symbole pour satiriser les comportements nationaux et commenter les événements de l’actualité. Le Dominion du Canada John Henry Walker (1831-1899) Vers 1867 Mine de plomb et encre sépia sur papier Don de David Ross McCord Musée McCord, M930.50.6.6 Le Dominion du Canada est ici représenté sous les traits d’une fille coiffée d’un diadème et tenant un sceptre. Debout sur les rives du Canada, elle incarne la Confédération de 1867. Les autres jeunes filles, personnifiant les provinces, lui offrent des présents symbolisant les ressources naturelles et les industries du pays. D’origine irlandaise, John Henry Walker est arrivé à Montréal en 1842. Huit ans plus tard, en 1850, il était établi comme peintre et graveur. Son entreprise illustrait des livres, des catalogues et des magazines comme le Canadian Illustrated News, le Dominion Illustrated, L’Opinion publique et Le Monde illustré. Les différentes provinces souhaitant la bienvenue à la princesse Louise (reproduction) Henri Julien (1852-1908) Publié dans L’Opinion publique, 12 février 1880 Photolithographie Don de Colin McMichael Musée McCord, M984.306.1027 Les provinces, symbolisées par des jeunes filles, souhaitent la bienvenue à la princesse Louise Caroline Alberta (1848-1939), fille de la reine Victoria (1819-1901). Protecteurs des arts et des artistes, la princesse Louise et son époux John Douglas Sutherland Campbell (1845-1914), marquis de Lorne et gouverneur général du Canada, ont fondé l’Académie royale des arts du Canada. Natif de Québec, Henri Julien a travaillé comme graveur et lithographe pour l’imprimeur Desbarats à Montréal, où il a également étudié le dessin et la peinture. Le Canadian Illustrated News, L’Opinion publique et le Dominion Illustrated ont fait appel à ses services, et il a occupé le poste de directeur artistique du Montreal Daily Star. Elle préfère la jolie poupée John Wilson Bengough (1851-1923) Publié dans le Grip, 7 décembre 1878 Photogravure Don du Dr Raymond Boyer Musée McCord, M994X.5.273.207 4 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Le Parti réformiste est ici représenté sous les traits d’une petite fille à qui l’on offre une poupée ressemblant au premier ministre Alexander Mackenzie (1822-1892). La fillette aimerait beaucoup mieux jouer avec la jolie poupée, mais on lui dit de se contenter de celle qu’elle possède déjà. Né à Toronto, John Wilson Bengough a travaillé comme caricaturiste, rédacteur en chef, éditeur, conférencier et politicien. Il a fondé et publié le Grip, journal hebdomadaire satirique de Toronto dont il était le rédacteur en chef et dans lequel étaient publiés ses caricatures et ses commentaires politiques. Une question pertinente (reproduction) Anonyme 1886 Photogravure Don du Dr Raymond Boyer Musée McCord, M994X.5.273.42 Mme Britannia accuse sa fille, Mlle Canada, d’être en faveur d’une union avec son cousin américain Jonathan. Dans les années 1880, l’annexion éventuelle du Canada par les États-Unis suscitait beaucoup d’inquiétude, tant en Grande-Bretagne qu’au Canada. La caricature fait référence aux tentatives infructueuses du Canada pour renouveler le Traité de réciprocité avec les États-Unis, qui avait eu pour effet de doubler les échanges commerciaux entre les deux pays. Dolce far niente. Le gouvernement du Québec durant l’interruption de session Henri Julien (1852-1908) Publié dans L’Opinion publique, 27 janvier 1877 Photolithographie Don de Colin McMichael Musée McCord, M988.182.144 Mlle Québec s’abandonne avec volupté à une dolce far niente à la suite de l’interruption de la session parlementaire à Québec. Représentés comme des bambins aux ailes de papillon allongés dans des coquillages, les chefs du gouvernement semblent profiter au maximum de ce congé. L’allure préraphaélite de la figure féminine et le titre principal ont été empruntés à un tableau de 1866 de l’artiste britannique William Holman Hunt (1827-1910). Trois fées jouant de la musique Farquhar McGillivray Knowles (1859-1932) 1909-1910 Carnet de croquis ouvert Mine de plomb sur papier Musée McCord, M994X.5.249.16 Des fées enchanteresses à l’allure de jeunes filles jouent de la harpe et des instruments à vent. Dans les poèmes et les histoires sur les fées, populaires à l’époque victorienne, elles étaient souvent associées aux qualités spirituelles de la terre et de la nation. D’origine écossaise, Farquhar McGillivray Knowles est né à Syracuse, New York, et a passé son enfance à Guelph, en Ontario. Suite à un grave accident à la West Point Military Academy où il s’était enrôlé, il s’est tourné vers les arts et a étudié à Toronto avec John Fraser et divers artistes en Angleterre et à Paris. Knowles, qui a dirigé une école d’art à Toronto avant de s’établir à New York, était reconnu pour ses paysages et ses marines. Salut au Dominion (reproduction) Gustav Hahn (1866-1962) 1906 Huile sur jute 5 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Morceau de réception à l’Académie royale des arts du Canada déposé par l’artiste, Toronto, 1906 Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 53 Salut au Dominion est une étude à l’huile pour la maquette d’une peinture murale intitulée Le Canada recevant les hommages de ses enfants, proposée par huit artistes pour le hall d’entrée du Parlement à Ottawa. Le « Canada » y est entouré de ses filles les provinces, évoquant l’image d’une famille unie. Les filles d’Hahn, Freya et Hilda, que l’on peut voir dans l’étude au pastel, ont posé pour cette œuvre. Natif de Reutlingen, en Allemagne, Gustav Hahn a étudié à la Kunstgewerbeschule, à Stuttgart, puis à Munich et en Italie pour ensuite émigrer au Canada. Il a réalisé des peintures murales pour des résidences privées, des églises et pour l’édifice de l’Assemblée législative à Toronto. Il a également assumé la direction du département de décoration intérieure de la Toronto Art School (l’actuel Ontario College of Art and Design). Étude pour Salut au Dominion Gustave Hahn (1866-1962) Sanguine, pastel et mine de plomb sur papier Collection privée Petits anges féminins Gustave Hahn (1866-1962) Années 1890 Carnet de croquis ouvert Mine de plomb sur papier Collection privée Les figures allégoriques féminines représentées dans les décorations murales de Hahn étaient parfois accompagnées de putti, symbolisant l’amour, l’innocence et l’espoir. La fille de Gustav Hahn, Freya, qui était alors un bébé, a servi de modèle pour ces croquis de putti. Fais-le encore svp papa! Achète-moi un bon de la Victoire Joseph Ernest Sampson (1887-1946) Vers 1918 Affiche – encres noire et de couleur sur papier Don de Barbara Bate Musée McCord, M985.216.29 Une fille supplie son père d’acheter d’autres bons de la Victoire afin d’amasser de l’argent pour l’effort de guerre. Elle représente les innocents touchés par la guerre, qui avaient un urgent besoin de protection. Natif de Liverpool, en Angleterre, Joseph Ernest Sampson a fréquenté la Liverpool School of Art et l’Académie Julian à Paris avant d’émigrer à Toronto. Portraitiste et paysagiste, il a travaillé au Bureau canadien des archives de guerre en 1918 et fut président de Sampson-Matthews Ltd., une agence de publicité de Toronto. Maria Chapdelaine de Louis Hémon (1880-1913) Paris, Éditions Mornay, 1933 (édition à tirage limité) Illustré de gravures sur bois en couleurs de Clarence Gagnon (1881-1942) Bibliothèque nationale du Québec – Collection des livres d’artistes et des ouvrages de bibliophilie 6 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Maria Chapdelaine est l’histoire d’une jeune femme vivant dans une ferme isolée du Québec qui a trois prétendants : un bûcheron et trappeur, un ouvrier d’usine et un fermier. L’artiste Clarence Gagnon a expliqué qu’en illustrant Maria Chapdelaine, il avait cherché à « saisir l’esprit du Canada et la façon de vivre des Canadiens français immortalisée dans le livre. » Écrivain et traducteur, Louis Hémon est né à Brest, en France. Arrivé au Canada en 1911, il travaillait comme ouvrier agricole dans une ferme de Péribonka, au Québec, lorsqu’il a écrit Maria Chapdelaine. En 1913, Hémon périt dans un accident de train. Un an plus tard, son histoire fut publiée à Paris dans le journal Le Temps et connut un grand succès. Né à Montréal, Clarence Gagnon a étudié avec William Brymner à l’Art Association of Montreal ainsi qu’à l’Académie Julian à Paris. Gagnon est réputé pour ses œuvres mettant en scène le village de Baie-Saint-Paul, au Québec. Il vivait à Paris lorsqu’il a réalisé les illustrations de Maria Chapdelaine. 7 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 2. Lieux et espaces Du milieu à la fin du dix-neuvième siècle, la maison fut l’espace le plus étroitement associé à la jeune fille. Les filles devaient rester à la maison où elles apprenaient à devenir de bonnes épouses et des mères dévouées. Au sein de la bourgeoisie, l’idéal féminin exigeait des filles qu’elles fassent honneur à la famille par leur vertu et leur connaissance de la littérature et des arts. Les photographies de jeunes filles prises en studio par William Notman sont des représentations idéalisées de cet univers en vase clos. Mais les filles était aussi représentées dans des jardins pour symboliser leur innocence naturelle, ou dans des paysages d’hiver pour souligner leur identité canadienne. Dès le début des années 1900, plusieurs filles âgées de 5 à 16 ans fréquentaient l’école publique. Dans les milieux plus modestes, un grand nombre de filles plus âgées venant de la campagne ou de familles d’immigrants travaillaient comme domestiques, ouvrières d’usine ou vendeuses dans les magasins. Rares sont les images de cette époque qui illustrent les activités physiques et les occupations quotidiennes des jeunes filles, que ce soit au jeu, à l’école ou au travail, images souvent présentes dans les œuvres d’art d’aujourd’hui. 8 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 2.1 Espaces domestiques Philip S. Ross et sa famille, Montréal, 1876 William Notman (1826-1891) Henry Sandham (1842-1910) 1876 Photographie composite – épreuve d’époque Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, II-41408 Voici une photographie de la famille de Philip Simpson Ross (1827-1907) et Christina Chalmers Dansken Ross profitant d’un moment de détente dans la maison familiale située à l’angle des rues Cathcart et University. Dans cette image de la famille idéale où règnent l’harmonie et la vertu, les filles sont représentées en train de jouer du piano, de lire ou de s’amuser tranquillement. William Notman, photographe, et Henry Sandham, peintre, illustrateur et associé de Notman de 1877 à 1882, ont créé ensemble cette photographie composite. Né en Écosse, Notman a ouvert un premier studio de photographie à Montréal pour ensuite étendre ses activités et inaugurer d’autres studios à Toronto, Ottawa, Saint John, Halifax et dans le nord-est des États-Unis. Mlle Ross (posant pour cette photographie composite) 1876 Photographie – épreuve contemporaine Musée McCord, II-40916.1 Mlles C. et D. Ross (posant pour cette photographie composite) 1876 Photographie – épreuve contemporaine Musée McCord, II-40920.1 Les filles Ross ont posé séparément pour la photographie composite créée à partir de photos individuelles qui ont ensuite été découpées et collées ensemble sur un arrière-plan. Le petit monde des enfants Anonyme Publié dans le Canadian Illustrated News, 20 novembre 1880 Photolithographie Musée McCord, M982.530.5055.9 Renforçant les rôles stéréotypés, l’artiste a illustré des garçons et des filles jouant et se comportant différemment dans leur « petit monde ». Plus passive et réservée, la fille cajole sa poupée, pleure un pot cassé et cherche l’approbation et l’aide de sa mère. Fille assise, Toronto Robert Ford Gagen (1847-1926) ou John Arthur Fraser (1838-1898) Vers 1885 Photographie peinte – épreuve d’époque, aquarelle Don de Harvey Yalonetsky Musée McCord, N-1986.11 Contrairement aux images de filles à l’allure plus docile typiques de cette époque, cette jeune fille, confortablement installée dans un fauteuil au milieu d’une pièce richement décorée, affiche un air confiant et déterminé. 9 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 La peinture à l’aquarelle, appliquée sur la pellicule photographique, a été réalisée par le photographe, soit Robert Ford Gagen ou John Arthur Fraser. Natif de Londres, Fraser a étudié aux Royal Academy Schools. Quant à Gagen, également de Londres, il a étudié avec G. Gilbert de Toronto et a travaillé pour Fraser au studio de Notman. Mlle Alice Graham et sa mère Annie Beckman Atholstan (Hamilton) William Notman & Son 1899 Photographie – épreuve d’époque Don de Mme E. G. Finley Musée McCord, N-1975.12.6 Alice Graham, âgée de sept ans, pose ici dans une robe dont le style remonte aux années 1830, tandis que sa mère porte une robe du soir contemporaine. Cette photographie au caractère officiel évoque l’idéal du foyer et rappelle le rôle de la mère qui doit veiller à la formation morale, spirituelle, intellectuelle et sociale de sa fille, conformément à l’idéal victorien de la féminité. Mme Archie MacFarlane et ses filles Sheila et Charlotte, Montréal William Notman & Son Vers 1925 Photographie peinte – épreuve d’époque, aquarelle sur carton Don de Mme Archie MacFarlane Musée McCord, N-0000.13.1 Conformément à une pratique qui remonte au dix-neuvième siècle, Sheila et Charlotte MacFarlane ont été photographiées dans des robes identiques. Les marques d’affection et les sourires des jeunes filles constituent un élément nouveau dans les portraits de famille officiels. 10 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 2.2 Lire à la maison Vie familiale (reproduction) John Henry Walker (1831-1899) 1850-1885 Gravure sur bois Don de David Ross McCord Musée McCord, M930.50.1.768 Cette scène illustre le comportement attendu de toute jeune fille. Elle est obéissante et studieuse, soucieuse de plaire à sa mère qui fait son éducation, alors que son frère dissipé n’a même pas ouvert son livre. Elle a fait le meilleur choix (reproduction) John Henry Walker (1831-1899) 1850-1885 Gravure sur bois Don de David Ross McCord Musée McCord, M930.50.3.257 Cette gravure représente sainte Anne éduquant sa fille, la Vierge Marie, modèle absolu de toutes les filles catholiques. Marie fait le bon choix : tenant la Bible d’une main, elle tend son autre main vers l’arbuste épineux, représentant les sacrifices et les récompenses du ciel, et non vers le rosier, symbolisant la facilité et les plaisirs terrestres. The Mother’s Picture Alphabet de Henry Anelay (1817-1883) Londres, S. W. Partridge, vers 1860 Gravures de James Johnston Dédié avec la permission de Sa Majesté à S.A.R. la princesse Beatrice Offert à Mary Martha Phillips par sa mère et son père à l’occasion de son sixième anniversaire, St. Andrews, 8 mars 1862 Musée McCord, M994X.5.342.1 Cet abécédaire a été conçu spécialement pour les mères désirant apprendre à lire à leurs filles. Les objets choisis par l’artiste pour représenter les lettres de l’alphabet appartiennent tous à l’univers des filles. Par exemple, D pour Doll [poupée], H pour Hen [poule], I pour Infant [nourrisson], P pour Play [jouer] et Q pour Queen [reine]. Le Britannique Henry Anelay était illustrateur et aquarelliste paysagiste. Deux filles de la famille Atwater, Montréal A. B. Taber (actif à Montréal 1859-1865) Vers 1860 Photographie – épreuve d’époque Don de Mme William R. Dean Musée McCord, MP-1977.9.17 Tenant un livre de prières, l’aînée est représentée comme la guide et la protectrice de sa jeune sœur. La pose rigide des jeunes filles évoque la piété et une éducation régie par un code moral très strict. 11 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Mlles Jane et Bessy Allan, filles d’Andrew Allan, armateur et marchand, et d’Isabella Ann Smith William Notman (1826-1891) 1861 Photographie – épreuve contemporaine Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, I-80.1 Mlles Hortense et Joséphine Cartier, filles de sir George-Étienne Cartier, principal lieutenant du premier ministre sir John A. MacDonald, et de Marguerite Paradis William Notman (1826-1891) 1865 Photographie – épreuve contemporaine Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, I-15391.1 Mlle Louise Jacobi, fille d’Otto Reinhold Jacobi, artiste, et de Sybille Reuter William Notman (1826-1891) 1867 Photographie – épreuve contemporaine Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, I-28018.1 Mlle Emily Mary Notman, photographiée par son père William Notman William Notman (1826-1891) 1868 Photographie – épreuve contemporaine Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, I-32900.1 Les enfants de Mme Smith William Notman (1826-1891) 1869 Photographie – épreuve contemporaine Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, I-37646.1 Le groupe de Mlle H. E. Roberts William Notman (1826-1891) 1869-1870 Photographie – épreuve contemporaine Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, I-42813.1 Les portraits de studio de William Notman représentant des filles de la classe moyenne supérieure en train de lire font écho à un sujet récurrent dans la peinture du dix-neuvième siècle, celui de la femme lisant dans un décor bourgeois. À partir des années 1860, la lecture était considérée comme une activité importante dans l’éducation de la jeune fille : « Laissez-la fureter à sa guise dans la vieille bibliothèque par un jour de pluie, et laissez-la seule. Elle y trouvera ce qui est bon pour elle. Je le redis, laissez-la fureter à sa guise dans la bibliothèque, tel un faon dans la nature. » (John Ruskin, Sesame and Lilies, 1865). 12 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Fille et garçon Alice Webster (active à la fin du dix-neuvième siècle) Vers 1900 Mine de plomb sur papier Don du colonel J. Ralph Harper Musée McCord, M981.144.3 Ce dessin plein de sensibilité représentant la tête d’une fille et d’un garçon souligne le contraste entre la concentration de la fille en train de lire et l’air distrait du petit garçon. Alice Webster a vécu à Kentville, en Nouvelle-Écosse. En 1886, elle a exposé un dessin à l’aquarelle lors de la Colonial and Indian Exhibition présentée à Londres. Contes de fée Mary Bell Eastlake (1864-1951) Vers 1916 Huile sur toile Don de Vera M. Bell, Almonte, Ontario, 1934, à la douce mémoire de son époux James Mackintosh Bell, Ph. D., LL. D, M.S.R., O.B.E. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 4224 Les filles étaient souvent représentées ensemble d’un air rêveur, comme c’est le cas dans ce tableau où la plus âgée lit un conte de fée à sa jeune sœur, qu’elle entoure affectueusement de son bras. Les tableaux de jeunes filles de Mary Bell Eastlake ont souvent été comparés à ceux de l’artiste américaine Mary Cassatt (1884-1926). Née à Douglas, en Ontario, Mary Bell Eastlake a étudié à Montréal avec Robert Harris ainsi qu’aux académies Julian et Colarossi à Paris. En 1892, avant son mariage avec le paysagiste britannique Charles Eastlake, elle enseignait à la Victoria School of Art. 13 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 2.3 Espaces de jeu Portrait de la princesse Victoria Augustin Edouart (1789-1861) Vers 1820 Silhouette – encre sur papier Don de David Ross McCord Musée McCord, M2388 Ce portrait représentant la silhouette de la princesse Victoria tenant une poupée illustre la pose typique d’une fille en train de jouer. Augustin Edouart a souvent utilisé ce motif de silhouette dont il modifiait les traits du visage pour représenter les filles de différentes familles britanniques et américaines. Natif de France, Augustin Edouart était un artiste itinérant qui a réalisé des silhouettes pour des clients de l’Ontario, du Québec et de la Nouvelle-Écosse. Jeune fille avec des oiseaux et des animaux John Henry Walker (1831-1899) 1850-1885 Gravure sur bois Musée McCord, M991X.5.483 Il est facile d’imaginer que la jeune fille en médaillon est en train de faire un dessin ou d’écrire une histoire sur les lapins, animaux de compagnie populaires auprès des filles. L’illustration accompagnait sans doute une histoire pour fille dans un livre ou un magazine. Mlle M. Kirkpatrick, Montréal William Notman (1826-1891) 1863 Photographie – épreuve contemporaine Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, I-7479.1 La pose de Mlle M. Kirkpatrick, qui tient une corde à danser, laisse croire que Notman connaissait les portraits hollandais de la Renaissance représentant des enfants jouets à la main. D’abord réservés aux garçons, les jeux de saut sont à l’origine du jeu de filles associant corde et comptines qui a fait son apparition lorsque les familles ont quitté la campagne pour s’installer en ville, où les filles pouvaient sauter à la corde sur les trottoirs pavés. Les enfants de Mme Kerry, Montréal William Notman & Son 1890 Photographie – épreuve contemporaine Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, II-92220.1 On encourageait les filles de la classe supérieure à imiter le comportement de leur mère et à suivre les rituels raffinés qui encadraient la vie domestique et sociale. Ici, les sœurs posent ensemble - leur frère étant légèrement à l’écart - autour d’un service à thé miniature, dans une composition qui rappelle les peintures de femmes bourgeoises représentées dans des moments de loisir. 14 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Service à thé jouet Début du 20e siècle Céramique Don de Mme William Van Horne Musée McCord, M970.23.60.1-21 Mlle Alice Graham costumée William Notman & Son 1907 Photographie peinte – épreuve d’époque, techniques mixtes Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, N-0000.118 Les filles plus âgées issues de familles aisées fréquentaient les bals costumés, occasions propices aux rencontres galantes. Alice Graham, âgée de 15 ans, personnifie ici la contrariante « Mary » de la comptine bien connue : Mary, Mary, quite contrary, How does your garden grow? With silver bells and cockleshells, And pretty maids all in a row. Conformément à son personnage de jardinière, Alice a choisi un costume comprenant un râteau et un arrosoir. Et comme le dit la comptine, « des cloches d’argent et des coquillages » bordent son boléro et ses manches, tandis que de « jolies demoiselles en rang » ornent l’ourlet de sa jupe. Les filles de Gustav Hahn portant des costumes fabriqués par Mme Hahn, Toronto Vers 1905 Photos de famille (épreuves contemporaines) Collection privée Monter des pièces de théâtre était l’un des passe-temps favoris des filles. Les filles de l’artiste Gustav Hahn sont ici déguisées en fée, en dame et en fille de la campagne. Les costumes ont été fabriqués par leur mère, Ellen Hahn, pour les pièces de théâtre jouées par les filles devant les autres membres de la famille. Mlle Sheila MacFarlane, Montréal William Notman & Son 1898 Photographie peinte – épreuve d’époque, peinture à l’huile sur carton Musée McCord, N-0000.31 Voici une photographie peinte de la petite Sheila MacFarlane assise sur un traîneau dans un paysage enneigé. Sur la photographie originale, elle est assise dans un escalier. Même si on les encourageait à faire preuve de réserve dans leurs jeux, les filles aimaient le toboggan – un passe-temps typiquement canadien - tout autant que les garçons. Mlle Sheila MacFarlane, Montréal William Notman & Son 1898 Photographie (épreuve contemporaine) Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, II-126755.1 15 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Jeux à la patinoire Victoria, Montréal - Jeunes filles faisant la course Anonyme Publié dans le Canadian Illustrated News, 23 mars 1872 Photolithographie Don de Charles deVolpi Musée McCord, M979.87.79 Cet événement fit l’objet d’un article dans le Canadian Illustrated News : « Le clou de la soirée fut sans aucun doute la course des filles, à laquelle participaient plusieurs demoiselles aux joues roses, et dont la reine fut sans conteste Mlle Charlotte Fairbairn, âgée d’environ 10 ans, bien qu’une autre petite dame, Mlle Bethune, se tirât très bien d’affaire. » À cette époque, le patinage était considéré comme un excellent sport féminin car il ne « surmenait » pas le corps des filles. Jeune fille sur une balançoire James MacDonald Barnsley (1861-1929) 1889 Aquarelle et mine de plomb sur papier Legs de Thomas Greenshields Henderson Musée McCord, M969.21.3 Dans cette scène étrangement troublante, une fille est assise seule sur une balançoire suspendue à un arbre dans une clairière. L’atmosphère qui se dégage de l’image de Barnsley diffère de celle des tableaux sur le même thème des peintres français de style rococo, où la jeune fille est souvent représentée se balançant en compagnie d’un prétendant. Né à Dundas, en Ontario, James MacDonald Barnsley a étudié à la St. Louis School of Fine Arts de même qu’à Paris. Sa carrière a pris fin en 1892 lorsqu’il fut interné au Verdun Protestant Hospital de Montréal pour maladie mentale. Mlle Frances Wiltshire Linton Cooper, Montréal William Notman (1826-1891) Henry Sandham (1842-1810) 1875 Photographie peinte – épreuve d’époque, aquarelle Don de William H. Gear Musée McCord, N-1994.20 Vêtue d’une robe décorée de broderie anglaise, Frances Wiltshire Linton Cooper, huit ans, est assise dans un décor de jardin, entourée d’un véritable éden de fougères, d’herbes et de fleurs sauvages. Les filles étaient souvent représentées jouant dans un jardin, afin d’évoquer la beauté naturelle et l’innocence. Deux filles jouant au croquet Anonyme Copie réalisée par William Notman & Son en 1909 Photographie (épreuve contemporaine), Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, II-175593.0 Le croquet était considéré comme une activité convenant aux filles alors que d’autres sports plus exigeants physiquement, comme la bicyclette, étaient jugés peu distingués et dommageables pour le système reproducteur. 16 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Portrait posthume de Sarah Diana de Tessier Percy Porteous (1889-1900) William Brymner (1855-1925) 1901 Huile sur toile Don de Sarah Humphrey Musée McCord, M2002.10.1 L’enfance de Diana Porteous s’est terminée de façon abrupte lorsqu’elle décéda à l’âge de 11 ans des suites d’une appendicite. William Brymner a peint Diana dans des tons éthérés qui se fondent dans les nuances de vert d’un jardin éternel. Elle tient une fleur rose – un sabot de la Vierge – symbolisant la fugacité de la vie et de la beauté. Né à Greenock, en Écosse, William Brymner a grandi au Québec dans les Cantons de l’Est. Après avoir étudié à l’Académie Julian à Paris, il a enseigné à l’Art Association of Montreal dont il était aussi le directeur. 17 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 2.4 À l’école Le retour de l’école ou Les filles du Canada Frederic Marlett Bell-Smith (1846-1923) 1884 Huile sur toile Présenté à la ville de London par Mme Annie W.G. Cooper à la douce mémoire de son époux Albert Edward Cooper, 1940 Museum London, 40.A.04 Frederic Marlett Bell-Smith enseignait le dessin à l’Union Grammar School (site actuel de l’Alexandra Public School) située rue King à London, en Ontario, lorsqu’il a peint Le retour de l’école, utilisant plusieurs de ses élèves comme modèles. Le tableau fait ressortir le contraste entre la conduite exemplaire des filles (à l’exception d’une seule) et l’indiscipline des garçons à l’arrière-plan qui s’amusent à lancer des boules de neige. Natif de Londres, Frederic Marlett Bell-Smith a d’abord fait son apprentissage auprès de son père, également artiste, pour ensuite étudier à la South Kensington School of Art. Il peignait des photographies au studio de Notman et créait des illustrations pour le Canadian Illustrated News avant de quitter le pays pour aller étudier à Paris. Congrégation de Notre-Dame, Montréal Henry Richard S. Bunnett (1845-1910) 1885-1890 Huile sur carton Don de David Ross McCord Musée McCord, M647 Ce tableau représente la maison mère de la congrégation de Notre-Dame ainsi que le pensionnat catholique pour filles Villa Maria. Les religieuses qui vivaient dans des couvents et enseignaient dans les écoles qui y étaient annexées ont joué un rôle important dans le soin et l’éducation des jeunes filles. Né en Angleterre, Henry Richard Bunnett a vécu à Montréal entre 1885 et 1889. Il a peint des paysages ruraux et des bâtiments historiques de la région, plusieurs ayant été commandés par David Ross McCord. La loi des écoles de Québec en vigueur Henri Julien (1852-1908) Vers 1872-1908 Plume et encre noire sur mine de plomb sur papier Don de Marius Barbeau, Ottawa, 1938 Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 4480 Une petite fille gravit stoïquement les marches de son école. L’école obligatoire, qui a tardé à entrer en vigueur au Québec, était controversée, surtout pour les filles dont on avait souvent besoin à la maison pour contribuer aux tâches ménagères. École normale pour filles, Notre-Dame-de-Pitié Georges Delfosse (1869-1939) 1908 Huile sur toile Achat, 1967 Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 15248 18 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Georges Delfosse a peint cette vue de l’école catholique normale pour filles Notre-Dame-de-Pitié depuis sa résidence de la rue Sherbrooke située directement en face de l’école, qui lui servait également d’atelier. De nombreuses écoles furent construites au début du vingtième siècle. Né au Québec à Saint-Henri-de-Mascouche, Georges Delfosse a étudié avec Joseph Chabert et William Brymner à Montréal, et avec Léon Bonnat et Alexis Harlamoff à Paris. Intérieur d’une salle de classe Anonyme 1929 Photographie (épreuve contemporaine) Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, II-292807.0.2 Cette photographie d’une salle de classe d’une école montréalaise offre un aperçu de l’éducation stricte que recevaient les élèves à cette époque. Pour les filles, les matières à l’étude mettaient l’accent sur les tâches ménagères et excluaient souvent les sciences. La première communion Emily Coonan (1885-1971) Vers 1912 Huile sur toile Don d’Elizabeth Fisher Musée des beaux-arts de Montréal, 1955.1111 C’est habituellement vers l’âge de sept ans que les enfants catholiques reçoivent le sacrement de l’eucharistie pour la première fois. Animées d’une énergie fébrile, les filles dans le tableau d’Emily Coonan nous rappellent les ballerines de Degas attendant dans les coulisses. La Montréalaise Emily Coonan a étudié au Conseil des arts et manufactures ainsi qu’à l’Art Association of Montreal avec William Brymner. En 1912, une bourse en art lui a permis de voyager en Europe. Groupe de fillettes, couvent du Sault-au-Récollet Anonyme 1866 Photographie (épreuve contemporaine) Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, I-21676.0 Situé à Montréal, le couvent du Sault-au-Récollet accueillait des externes ainsi que des pensionnaires de la région. Mlle M. Vertongen, Montréal William Notman (1826-1891) 1869 Photographie (épreuve contemporaine) Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, I-38776.1 La robe portée lors de la première communion, qui rappelle beaucoup celle d’une mariée, signifiait que la jeune fille se dédiait à une vie vertueuse. 19 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Mlle F. St. Louis dans sa robe de communiante, Montréal William Notman & Son 1891 Photographie (épreuve contemporaine) Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, II-95239.1 Jardinet : maraîchères en herbe Pegi Nicol MacLeod (1904-1949) 1924-1949 Aquarelle sur papier Legs de Vincent Massey, 1968 Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 15508 Dans cette aquarelle, les filles qui entretiennent le jardin ressemblent elles-mêmes à des fleurs aux teintes délicates. La notion pédagogique d’un « jardin d’enfants », ou kindergarten, a été introduite par l’éducateur allemand Friedrich Froebel (1782-1852), pour qui chaque enfant était unique. Les enfants, disait-il, « sont comme de petites fleurs. Il en existe de multiples variétés et tous ont besoin de soins, mais chacun est beau en soi et radieux lorsqu’il se trouve parmi ses semblables ». Pegi Nicol MacLeod était reconnue pour ses tableaux de groupes d’enfants et pour les portraits de sa fille qu’elle a peinte à différentes étapes de son développement. Pegi Nicol MacLeod est née à Listowel, en Ontario. Elle a étudié à Ottawa avec Franklin Brownell ainsi qu’à l’École des beaux-arts de Montréal. 20 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 2.5 À l’orphelinat Incidents de la semaine – « Saines et sauves dans les bras de Jésus ». Les orphelines de Mlle Rye au hangar de l’immigration, Montréal (reproduction) Anonyme Publié dans le Canadian Illustrated News, 28 juin 1879 Photolithographie Musée McCord, M990X.627.1.3 Maria Susan Rye (1829-1903), réformatrice sociale originaire de Londres, a fait venir au pays près de 3 000 filles provenant des quartiers pauvres et des hospices de Londres afin qu’elles puissent travailler comme domestiques dans des résidences canadiennes. Grâce au soutien financier d’organismes religieux et de philanthropes, plus de 100 000 enfants défavorisés d’Angleterre furent envoyés au Canada entre 1869 et le début des années 1930. Le foyer d’accueil de Mlle Rye pour les filles immigrantes à Niagara, lac Ontario (reproduction) Anonyme Publié dans l’Illustrated London News, 29 septembre 1877 Gravure sur bois Musée McCord, M994X.5.189 Vu de l’extérieur, le « foyer » de Mlle Rye semble agréable et bien tenu, alors qu’en réalité, les filles y étaient entassées et traitées avec cruauté. Mlle Rye et ses protégées Anonyme Publié dans le Canadian Illustrated News, 7 octobre 1871 Photolithographie Don de Colin McMichael Musée McCord, M984.306.101.2 Les filles de Mlle Rye posent en compagnie des mécènes masculins du foyer. L’article du Canadian Illustrated News soulève la question à savoir si le projet de Mlle Rye est un succès ou un échec, tout dépendant du nombre de filles demeurées « respectables » durant leur formation et après avoir été placées comme domestiques. L’orpheline Jean Paul Lemieux (1904-1990) 1956 Huile sur toile Achat, 1957 Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 6684 L’anonymat de l’orpheline de Jean Paul Lemieux, représentée dans un paysage rural du Québec, est atténué par les traits distinctifs de son visage : bouche minuscule, nez retroussé et étincelle dans les yeux. Natif de Québec, Jean Paul Lemieux a étudié à l’École des beaux-arts de Montréal ainsi qu’à l’Académie Colarossi, à Paris, en 1929. Il a enseigné pendant de nombreuses années à l’École des beaux-arts à Québec. 21 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Orphelinat et couvent des religieuses, Montfort Anonyme 1905-1914 Phototypie Don de Stanley G. Triggs Musée McCord, MP-0000.992.12 L’orphelinat de Montfort était annexé au couvent de Notre-Dame-de-Montfort, situé dans les Laurentides. Financés par des institutions religieuses et des organismes de bienfaisance, les orphelinats canadiens accueillaient des enfants de mères célibataires et de familles démunies, ainsi que des orphelins. 22 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 2.6 Espaces de travail Illustration de catalogue d’une machine à laver (reproduction) John Henry Walker (1831-1899) 1860-1885 Gravure sur bois Don de David Ross McCord Musée McCord, M930.50.5.520 Ici, une jeune fille tourne la manivelle d’une machine à laver manuelle dont l’invention remonte aux années 1860. Au dix-neuvième et au début du vingtième siècle, les filles de la classe ouvrière commençaient à participer à l’entretien de la maison dès l’âge de six ans, et à 14 ans, elles accomplissaient plusieurs des tâches ménagères. Jeune fille lavant la vaisselle à Saint-Eustache (Québec) Regina Seiden Goldberg (1897-1991) Vers 1923 Huile sur panneau Don de l’artiste, 1975 Musée des beaux-arts de Montréal, 1974.65 Ce tableau d’une jeune fille accomplissant une tâche monotone devant une fenêtre évoque un désir d’évasion – si ce n’est que dans son imagination. Regina Seiden Goldberg, née à Rigaud, au Québec, a étudié à l’Art Association of Montreal avec William Brymner et à l’Académie Julian à Paris. Deux filles dans une cuisine William Notman (1826-1891) Vers 1865 Photographie (épreuve contemporaine) Musée McCord, N-0000.5.24 Offrant un contraste saisissant par rapport aux filles des classes moyenne et supérieure qui se faisaient prendre en photo au studio de Notman, ces deux filles photographiées dans une cuisine étaient soit des domestiques, soit des filles de la famille aidant aux tâches ménagères. Intérieur de H. P. Labelle & Cie., Montréal Anonyme 1920 Photographie (épreuve contemporaine) Musée McCord, MP-0000.587.127 Après la Première Guerre mondiale, les filles âgées de 15 ans et plus ont littéralement envahi le marché du travail. Le travail d’employée de bureau était plus recherché que celui d’ouvrière d’usine, de vendeuse ou de domestique. Dans cette image, deux filles travaillent côte à côte, tandis que les hommes sont assis dans un espace plus vaste, conformément à leur position plus élevée. Girl’s Own Annual Publiés sous la direction de Flora Klickmann Londres, vers 1911-1912 et vers 1927-1928 Musée McCord, C117/D.02-03 23 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Le Girl’s Own Annual était une collection de numéros hebdomadaires (puis mensuels) du Girl’s Own Paper, renommé Girl’s Own Paper and Woman’s Magazine en 1908. Destiné aux filles plus âgées, le magazine illustré témoigne des changements sociaux radicaux qui ont transformé l’existence des filles, qui sont passées d’une vie protégée à la maison à une vie de travailleuse en milieu urbain. Les premiers numéros contenaient des articles sur l’enfance de la reine Victoria, les costumes historiques, ainsi que des conseils sur la cuisine et les travaux d’aiguille. Avec le temps, cependant, le Girl’s Own Annual en est venu à parler de carrières, du travail de missionnaire et de la conduite appropriée pour une célibataire. 24 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 2.7 Espaces contemporains Une amitié fatale (de la série des Enfants terribles) Susan G. Scott (née en 1949) 2003-2004 Huile, acrylique et pierre ponce sur toile Collection de l’artiste Les tableaux de jeunes filles de Susan G. Scott explorent les espaces physiques et mentaux de leurs relations. Dans cette image où une fille en aide une autre à attacher sa robe dans le dos, nous avons l’impression d’être les témoins de l’intimité entre deux personnes liées par une profonde amitié. Le titre de l’œuvre vient cependant ébranler cette impression de confiance. Native de Montréal, Susan G. Scott a étudié au Pratt Institute et à la New York Studio School of Drawing and Painting à New York. Elle enseigne à l’Université Concordia. Projections pour non-voyants Yvonne Singer (née en 1944) 2005 Installation (détail) – plan fixe Collection de l’artiste Offrant une image bien différente des jeunes filles sages du dix-neuvième et du début du vingtième siècle, cette sœur livre une bataille féroce à son frère qui lui a pris sa poupée, tout en continuant à sourire devant l’objectif. Les visages joyeux des enfants démentent la tension sousjacente de la situation. Tirées des films de famille d’Yvonne Singer, ces photographies figent dans le temps un moment poignant d’un drame familial qui nous est tous familier, celui de la rivalité entre frères et sœurs. Née à Budapest, en Hongrie, Yvonne Singer a émigré au Canada lorsqu’elle était enfant. Elle a étudié à l’Ontario College of Art et possède une maîtrise en beaux-arts de l’Université d’York où elle enseigne aujourd’hui et dont elle dirige le Programme d’études supérieures en arts visuels. École Marcelle-Mallet, Lévis (de la série des Photos d’écoles, 1993-1998) Clara Gutsche (née en 1949) 1998 Épreuve chromogénique en couleurs Collection de l’artiste Nous ne sommes pas ici en présence d’une photo scolaire officielle. L’artiste Clara Gutsche a fait appel à quatre filles pour mettre en scène cette photographie. Assise au bureau, l’une d’elles joue au professeur, tandis que les autres sont au tableau en train de résoudre des problèmes fictifs. Institut Reine-Marie, Montréal (de la série des Photos d’écoles, 1993-1998) Clara Gutsche (née en 1949) 1997 Épreuve chromogénique en couleurs Collection de l’artiste Ici, les filles posent pour une répétition du ballet Giselle. Les photographies grand format de mises en scène de Clara Gutsche donnent à ses sujets un impact qui rappelle la peinture historique du dix-neuvième siècle. 25 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Née à St. Louis, au Missouri, Clara Gutsche possède une maîtrise en beaux-arts avec spécialisation en photographie de l’Université Concordia à Montréal. Elle enseigne au Champlain College ainsi qu’à l’Université Concordia. La poupée qui vouvoie Eve K. Tremblay (née en 1972) 2001 Épreuve chromogénique en couleurs Collection de l’artiste Dans un espace clos rempli à capacité de poupées, une fille et une poupée ont les yeux recouverts de cache-oeils, symbolisant l’unanimité et l’incapacité d’agir indépendamment. Une fille assise tenant une poupée, que l’on a peine à distinguer parmi la foule, dévisage le spectateur qui se sent obligé de la regarder à son tour, prenant ainsi part à l’action. Outre des études en littérature française à l’Université de Montréal, Eve K. Tremblay a étudié le théâtre à New York et la photographie à l’Université Concordia. La course en sac de Parkdale Allison Freeman (née en 1981) 2005 Huile sur toile Collection de l’artiste Ce tableau donne un double sens sinistre à une image prise sur le vif d’un jeu habituellement amusant. Les filles sont soit prises par l’excitation de la course, soit tentées d’échapper à une calamité invisible. Le ciel rose bigarré et le jeu d’ombres consument l’espace réel, infusant l’image d’une ambiguïté menaçante. Allison Freeman a étudié les arts libéraux, l’art de studio et l’histoire de l’art à l’Université Concordia. 26 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 3. Corps et âmes Les portraits de filles sentimentaux et un peu mièvres du dix-neuvième et du début du vingtième siècle ont fait place dans les années 1940 à des portraits dévoilant les états mentaux et émotionnels de leurs sujets. Cet intérêt pour la conscience de soi psychologique et physique de la fille – pour son passage à l’âge adulte – témoignait d’une nouvelle compréhension de la fille adolescente. La définition de la fille canadienne s’est élargie pour englober un plus vaste éventail de filles de milieux urbains et ruraux, ainsi que des filles de diverses origines ethniques et classes sociales. Aujourd’hui, les forces combinées de la culture populaire et des médias présentent parfois les filles comme des êtres forts, libérés sexuellement et non préoccupés par la vie adulte, mais la plupart du temps, elles sont infantilisées et stéréotypées par des définitions étroites de la beauté et du type corporel. Les femmes artistes ont répondu à cette exploitation médiatique de la jeunesse féminine par des œuvres d’art qui explorent une multitude d’images sur la féminité naissante, allant de filles vulnérables et à risque à des filles pleines de potentiel, d’estime de soi et de promesses pour l’avenir. Jeune fille au bouquet Paul Peel (1860-1892) 1870-1880 Huile sur toile Don de Louis Laflamme, Jean-Paul Soucy et François Lamoureux Musée McCord, M992.87.1 Le bouquet fraîchement cueilli et le visage aimable de la jeune fille évoquent l’innocence, mais les courbes de son corps laissent deviner une puberté naissante. Les filles cueillant ou tenant des fleurs étaient un sujet populaire auprès de certains peintres du dix-neuvième siècle comme Joshua Reynolds (1723-1792) et William Bouguereau (1825-1905). Natif de London, en Ontario, Paul Peel a étudié à la Pennsylvania Academy of Fine Arts, en Angleterre, de même qu’en France où il a vécu à partir de 1881. La cueillette de fraises des champs William Brymner (1855-1925) Avant 1885 Huile sur toile Don de Sydney Dawes Musée McCord, M22205 Accroupie dans l’herbe, une fille tient un panier de fraises sur ses genoux, alors qu’un enfant au loin continue à en chercher. Brymner a souvent représenté des filles dans un paysage, associant ainsi la nature avec la jeunesse, la fertilité avec la féminité. Portrait d’un enfant (Mme Margaret Campbell Brown Gillespie) Laura Muntz Lyall(1860-1930) 1912 Huile sur toile Don de Margaret Gillespie Musée McCord, M995.34.1 27 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Dans ce tableau qui rappelle les portraits d’enfants attendrissants de Renoir, Margaret, âgée de huit ans, élégamment vêtue pour l’hiver, a un visage de chérubin qui ressemble à celui d’une poupée. Née à Radford, Warwickshire, en Angleterre, Laura Muntz Lyall s’est établie en Ontario dans la région de Muskoka. Elle a étudié à la South Kensington School of Art en Angleterre ainsi qu’à l’Académie Colarossi à Paris. Portrait d’un enfant – Peinture de Laura Muntz William Notman & Son 1913 Photographie (épreuve contemporaine) Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, VIEW-13014 Le Portrait d’un enfant de Laura Muntz Lyall a été photographié par William Notman et reproduit dans le Canadian Magazine en 1913. De la fin du dix-neuvième siècle au milieu du vingtième, des portraits de filles de tout âge se retrouvaient souvent sur les couvertures des magazines canadiens. Jeune fille Jori Smith (née en 1907) 1940 Huile sur toile Achat, 1978 Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 18935 Cette petite fille au regard détourné a l’air triste et un peu maussade. L’artiste s’est efforcée d’illustrer comment se sent et pense une vraie fille. La Montréalaise Jori Smith a étudié à l’Art Association of Montreal et à l’École des beaux-arts. Tête de fille (Lucille Vaughan) Orson Wheeler (1902-1990) 1946 Bronze Morceau de réception déposé à l’Académie royale des arts du Canada par l’artiste, Montréal, 1956 Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 6483 Ce buste est l’une des très rares représentations d’une fille de race noire datant de cette époque. Lucille Cuevas (née Vaughan) se souvient que lorsqu’il enseignait les arts au Sir George Williams College, Orson Wheeler lui avait demandé de poser pour lui. Originaire de Barnston, dans les Cantons de l’Est, Orson Wheeler a étudié au Conseil des arts et manufactures à Montréal, ainsi qu’à la Cooper Union et à la National Academy of Design, toutes deux situées à New York. Petite fille de la rue Saint-Dominique, Montréal Louis Muhlstock (1904-2001) Vers 1931-1932 Fusain, pastel et crayon sur papier Succession Louis Muhlstock Durant la dépression, Muhlstock a réalisé plusieurs portraits de filles pauvres de différentes nationalités, dont cette jeune fille aux traits tirés d’un quartier défavorisé de Montréal. 28 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Né en Pologne, Louis Muhlstock est arrivé à Montréal avec sa famille. Il a étudié au Conseil des arts et manufactures, à l’Art Association of Montreal ainsi qu’à Paris. Une jeune Indienne Prudence Heward (1896-1947) 1936 Huile sur toile Musée des beaux-arts de Montréal, 1975.30 Les couleurs franches et les contours bien définis de ce tableau ajoutent à l’intensité de l’expression de cette jeune autochtone. Les portraits de filles de Prudence Heward évoquent l’idéal féminin d’une personne sûre d’elle-même – modèle pictural qui reflétait son propre caractère et son indépendance. Native de Montréal, Prudence Heward a étudié à l’Art Association of Montreal avec William Brymner et Maurice Cullen, ainsi qu’à l’Académie Colarossi à Paris. À l’ombre de l’arbre Helen Galloway McNicoll (1879-1915) Vers 1914 Huile sur toile Achat, 1951 Musée national des beaux-arts du Québec, Québec, 51.140 « Une jeune femme est assise à côté d’un bébé couché dans un landau protégé du soleil par un parasol. Tout en lisant, elle crée son propre espace mental auquel n’appartient pas l’enfant, avec lequel elle maintient néanmoins un contact physique. La main qui unit la femme et l’enfant a été peinte de façon légèrement différente du reste du tableau, soulignant ainsi son rôle essentiel, tant sur le plan psychologique que de la composition. » (Kristina Huneault, historienne d’art, Université Concordia) Mlle Prudence Heward, Montréal William Notman & Son 1898 Photographie (épreuve contemporaine) Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, II-125117 Sixième de huit enfants, l’artiste Prudence Heward, ici âgée de deux ans, a grandi au sein d’une famille aisée. Elle a reçu une éducation privée et a démontré très tôt pour les arts un intérêt que sa mère et sa sœur Dorothy ont encouragé. Deux filles en train de manger Peter Pitseolak (1902-1973) 1975 Lithographie en couleurs Musée McCord, M977.91.4 Ces deux jeunes filles en train de manger tiennent un ulu – un couteau de femme – dans la main droite. Pitseolak a transformé un sujet banal en une image iconique qui dévoile le caractère poétique de la pose et de la gestuelle d’une fille. Peter Pitseolak, un Inuit natif de Cape Dorset, sur l’île de Baffin, a produit un important corpus de photographies, de sculptures, de dessins et d’estampes illustrant la vie traditionnelle des Inuits. 29 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 La fêtée (de la série des Filles Alpha) Angela Grossmann (née en 1955) 2005 Huile et encre sur papier Collection de l’artiste La fêtée incarne les dualités de l’innocence et de la maturité, de l’individualité et de la conformité. Les cheveux en bataille du sujet ne cadrent pas avec sa robe d’anniversaire, et le rendu plein de sensibilité de son visage tranche avec la désintégration de ses mains et de sa robe. Native de Londres, Angela Grossmann possède une maîtrise en beaux-arts de l’Université Concordia à Montréal. Elle enseigne à l’Emily Carr Institute of Art and Design à Vancouver. Mort à petit feu Natalka Husar (née en 1951) 2004 Huile sur carton Collection de l’artiste Mort à petit feu est la suite logique de la série de l’artiste sur les Blondes aux racines foncées qui regroupe des portraits fictifs d’immigrantes de l’ex-Union soviétique grandissant dans un nouvel environnement politique, social et économique. Comme on le devine par son crâne à moitié chauve, cette fille est originaire de Chernobyl. La poignée en forme de fer à cheval de son sac à main semble symboliser les espoirs de réussite de son ancien pays dans un nouveau monde insolent, mais ces espoirs sont subtilement dissipés par ses vêtements étrangement assortis : une jupe d’été à pois et un tricot d’hiver en mohair piquant. D’origine ukrainienne, Natalka Husar est née dans le New Jersey. Elle possède un baccalauréat en beaux-arts de l’Université Rutgers et enseigne à l’Ontario College of Art and Design à Toronto. Helga et le bœuf musqué Katie Dutton (née en 1981) 2005 Huile sur carton, fils sur tissu Collection de l’artiste Ce diptyque est une parodie des images victoriennes de jeunes filles cajolant leurs animaux favoris. On y voit un couple inusité formé d’une jeune fille et d’un puissant bœuf musqué. Sont-ils amis ou ennemis? S’agit-il de son animal de compagnie ou de son dîner? Sautera-t-il dans le cerceau comme un chien savant ou s’en ira-t-il tout bonnement vers de meilleurs pâturages? Native de Kingston, en Ontario, Katie Dutton possède un baccalauréat en beaux-arts de l’Université Concordia à Montréal et elle vit maintenant à Ottawa. Les femmes portent la culture (de la série des Études sur la ligne matriarcale) Ann Beam (née en 1944) 2002 Émulsion photographique, aquarelle et mine de plomb sur papier Collection de l’artiste Ce double portrait fait partie d’une série en cours intitulée Études sur la ligne matriarcale, commencée en 2000. Il s’agit d’une photographie d’Ann Beam et de sa fille de 13 ans Anong (devenue plus tard artiste) prise à White Fish Lake, en Ontario, au cœur de l’été. Une grande énergie unie la mère et la fille, transmise en partie par les bouquets rouges, les lis tigrés et les sceaux de Solomon qu’elles tiennent dans leurs mains. L’arche qui encadre les deux figures, les 30 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 dessins d’animaux de pouvoir dans le coin supérieur gauche et les trois étoiles situées sur un point de référence céleste du côté droit soulignent le caractère sacré de cet échange qui transmet la vie. Ann Beam possède un baccalauréat en beaux-arts de la State University of New York, à Buffalo. Elle vit et travaille à M’chigeeng, sur l’île Manitoulin, dans le nord-est de l’Ontario. Méditation Josette Trépanier (née en 1946) 2004 Report photographique sur plaque de cuivre, eau-forte, aquatinte, pointe sèche et chine encollé Collection de l’artiste Pour réaliser cette suite d'estampes, Josette Trépanier a photographié une danseuse à qui elle a demandé de prendre les attitudes d'une adolescente observant son corps dans un sauna. L'idée de départ était de montrer l'inquiétude qu'éprouvent les jeunes filles d'aujourd'hui face à la moindre imperfection physique. Or, cette séquence de gestes, accomplis avec calme et sérénité par le modèle, évoque plutôt une sorte de rituel, un espace méditatif dénué de toute ironie. La Montréalaise Josette Trépanier est peintre, graveur et auteur dramatique. Depuis 1994, elle enseigne au Département des arts de l'Université du Québec à Trois-Rivières. En 2003, elle a complété une thèse portant sur les pratiques artistiques issues de la quotidienneté au vingtième siècle dans le cadre du programme de doctorat en études et pratiques des arts de l'UQAM. 31 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 4. Expressions autobiographiques À diverses époques dans l’histoire du Canada, les filles se sont exprimées par le biais de différents outils comme les carnets de croquis, les journaux intimes et les albums. Ces documents attribuent une voix et une imagerie personnelles à l’expérience qui consiste à devenir femme et au défi d’en tirer une signification. Ils offrent un accès privilégié aux aspects secrets de la vie sociale d’une fille, à ses rituels privés, à ses opinions et ses émotions, et à la façon dont elle compose avec les contradictions, les conflits et les conséquences qu’entraîne le passage de la jeunesse féminine à la vie adulte. Marquoir Elizabeth Irving (active au milieu du dix-neuvième siècle) 1860 Fils de soie sur toile Musée McCord, M993X.1.3 Investi de ses expériences personnelles, le marquoir d’Elizabeth Irving, 13 ans, représente une maison avec un chien ainsi qu’une urne contenant une plante, qui pourrait symboliser la mort. Au dix-neuvième siècle et avant cette période, une fille réalisait habituellement son premier marquoir à l’âge de six ans, dans le cadre de son apprentissage des travaux d’aiguille. Fleurs Mary Frary (active au début du dix-neuvième siècle) Vers 1813 Carnet de croquis ouvert Mine de plomb, encre et aquarelle sur papier Don de M. Gould Musée McCord, M925.1.1.13-14 Mary Frary, qui a commencé ce carnet de croquis de fleurs sauvages du Canada lorsqu’elle était une jeune fille, était manifestement intéressée par l’art de peindre des fleurs, enseigné aux jeunes filles et aux femmes au début du dix-neuvième siècle. Cupidon Sophie Amélie Bruneau (active au milieu du dix-neuvième siècle) Vers 1860 Album ouvert Mine de plomb et aquarelle sur papier Don de M. Lightbound Musée McCord, M988.109.3.25 Sophie Amélie Bruneau a rempli cet album de peintures à l’aquarelle, de dessins, de photographies, de gravures, de cartes de la Saint-Valentin, de poèmes et de souvenirs. Dans son dessin d’un putto volant au-dessus de Montréal, elle fait preuve d’un bon sens de l’humour au sujet de la frivolité de l’amour. Le texte sous le dessin se lit comme suit : L'amour armé des grelots de la folie et porté sur les ailes d'un papillon voltige au-dessus du globe terrestre. Il s'arrête complaisamment sur l'Amérique du Nord, et jette quelques fleurs sur Montréal. 32 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Deux jeunes filles Mary L. Frothingham (active à la fin du dix-neuvième siècle) 1873 Carnet de croquis ouvert Aquarelle et mine de plomb sur papier Don de Dorothy E. Benson Musée McCord, M968.31.9.2 Mary Frothingham a réalisé ce carnet de croquis lors d’un séjour à Monte Shanti, la maison d’été familiale située à Cacouna, dans l’est du Québec, lorsqu’elle était une jeune fille. Mary a peint deux filles assises dans la forêt, portant des robes et des chapeaux identiques. La figure tenant le carnet de croquis sur les genoux est sans doute un autoportrait, tandis que l’autre est la sœur de Mary, Harriett. Maison d’été Mary L. Frothingham (active à la fin du dix-neuvième siècle) 1875 Carnet de croquis ouvert Aquarelle et mine de plomb sur papier Don de Dorothy E. Benson Musée McCord, M968.31.8.2 Ici, Mary a représenté la maison d’été familiale avec sa clôture blanche et des ouvriers agricoles en train de procéder à la récolte. Album de la famille Frothingham William Notman (1826-1891) et photographes anonymes Vers 1869 Cuir repoussé, fibre, carton Don de Dorothy E. Benson Musée McCord, N-1986.5.1.1-48 Cet album magnifiquement relié contient des photographies et des cartes de visite – de petites photographies montées sur une carte – des membres de la famille Frothingham et de leurs connaissances. La famille Frothingham vivait dans la maison Piedmont, rue Durocher à Montréal. Mlle Mary (May) Louisa Frothingham, Montréal William Notman (1826-1891) 1869-1870 Photographie - épreuve contemporaine Acquis de l’Associated Screen News Ltd. Musée McCord, I-42777.1 Journal intime Henriette Dessaulles (1860-1946) 1874-1877 Encre sur papier Musée McCord, P010-B/3-1 Henriette Dessaulles a vécu à Saint-Hyacinthe, au Québec, où elle a écrit pendant plusieurs années quatre journaux intimes qui lui ont survécu. Annmarie Adams (historienne en architecture, Université McGill) et Peter Gossage (historien, Université de Sherbrooke) se sont penchés sur les efforts acharnés d’Henriette pour obtenir le contrôle de son espace privé après la mort de sa mère et le remariage de son père, lorsque le principal refuge de la jeune fille était sa chambre située au troisième étage. 33 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Henriette y parle de l’intrusion de sa belle-mère dans sa chambre : « Triste interruption! Maman n’entre pas une fois par année dans ma chambre, elle y est venue, pour me faire un petit discours vite résumé… Elle sortit de la chambre fâchée, en disant : Tu n’oseras pas me braver! » Les journaux intimes d’Henriette Dessaulles ont été publiés en français et dans leur traduction anglaise. Henriette a élevé cinq enfants et a travaillé comme journaliste sous différents pseudonymes (dont « Fadette ») pour La Patrie, Le Journal de Françoise, Le Nationaliste, L’Action française et Le Devoir. Livre de prières ayant appartenu à Henriette Dessaulles 1874 Encre sur papier, ivoire et soie Don de Suzanne Morin Raymond, petite-fille d’Henriette Dessaulles Musée McCord, M999.36.3 Rosaire ayant appartenu à Henriette Dessaulles 1875-1900 Argent, nacre et ivoire Don de Suzanne Morin Raymond, petite-fille d’Henriette Dessaulles Musée McCord, M999.36.4 Album photographique Margery Paterson (1921-1998) Vers 1929-1939 Carton, photographies d’époque Musée McCord, MP-1999.3.2 « Cet album a été compilé par une jeune Montréalaise, Margery Paterson, qui fut atteinte de tuberculose après ses études secondaires. L’album fait ressortir les conditions de la jeunesse féminine et de l’adolescence du point de vue d’une jeune femme isolée par la maladie, et qui revit par le biais de la photographie la liberté et les promesses de son enfance. » (Martha Langford, historienne d’art, Université Concordia) Collection de travaux d’élèves d’Anne Savage Fille lisant Anonyme Vers 1920 Fusain et gouache sur papier Service des archives de l’Université Concordia, Fonds Anne Savage, P146-05.5.1 Danseuses Anonyme Vers 1920 Gouache sur papier Service des archives de l’Université Concordia, Fonds Anne Savage, P146-05.8.16 « Anne Savage, pionnière d’un enseignement des arts progressiste, a encouragé ses élèves (principalement des filles) de la Baron Byng High School à Montréal à créer des œuvres où elles se mettaient en scène et qui présentaient un lien esthétique avec l’art canadien récent. » (Leah Sherman, éducatrice en art, Université Concordia) Née à Montréal, Anne Savage a étudié avec William Brymner et Maurice Cullen à l’Art Association of Montreal ainsi qu’à la Minneapolis School of Art. 34 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005 Anne Savage à son bureau, Baron Byng High School, Montréal Anonyme Vers 1935 Photographie (épreuve contemporaine) Service des archives de l’Université Concordia, Fonds Anne Savage, P146-06-01.17 Série - Brûlures, directement de l’enfer ou l’art de la survie Katja Kessin, aussi appelée MacLeod (née en 1959) 2005 Pyrogravure, acrylique et vernis Collection de l’artiste Lapin effrayé Sur le dos de maman Devenir transparente Rivière En lieu sûr (Petite poupée portable) Pont Hue! Flotter Des singes sur mon dos Prenant la forme d’un journal visuel, les pyrogravures de Katja Kessin sont des projections de souvenirs visuels qui refont surface jour après jour. Elles représentent la dernière tentative de l’artiste pour retrouver, par le biais de son art pictural, des souvenirs oubliés, employant ainsi une approche freudienne fondamentale afin de créer une imagerie puisée dans sa petite enfance. Née à Hambourg, en Allemagne, Katja Kessin vit maintenant au Canada. Elle est titulaire d’une maîtrise en beaux-arts et d’un doctorat en lettres et sciences humaines de l’Université Concordia. Sa thèse de doctorat, « To Lend the Dead a Voice » (2003), à la fois une série d’expositions personnelles et une thèse écrite, a été la source d’inspiration de plusieurs explorations artistiques de l’inconscient. 35 Salut les filles! La jeune fille en images © Musée McCord d’histoire canadienne, 2005