L`artisanat de tranchées

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L`artisanat de tranchées
L'artisanat de tranchées
Les « arts du quotidien » : arts appliqués, design, objets d'art ; arts populaires.
Période : Guerre de 14/18 et quelques années d'après guerre.
Lieux de conservation : chez les particuliers, les collectionneurs, des musées (Meaux, Peronne, Verdun,
Chemin des Dame « Grotte du dragon » …).
Présentation.
L’artisanat de tranchée, appelé aussi « Art du Poilu » ou « Art des tranchées » – Trench Art par les
anglophones – désigne une activité de création artistique manuelle et un art populaire pratiqué – entre autres
– par les soldats de la Première Guerre mondiale, pendant les périodes de répit, entre deux montées au
combat.
Les soldats de toutes les puissances combattantes, contraints à l’inaction et à l’immobilité de la guerre de
tranchées, disposaient de quantités importantes de métaux, provenant des douilles des munitions tirées sur
l’ennemi. La consommation d’obus de 75 mm est démesurée : fin 1916, plus de 60 millions d’obus auront
été tirés.
Ces hommes fabriquent de nombreux objets de la vie courante (briquets, couteaux, bagues, boîtes à bijoux,
tabatières, cannes, objets de piété, portes-plumes, encriers, etc.), ou décoratifs (figurines militaires,
maquettes d’avions…) à partir des matières premières trouvées sur place : laiton et cuivre provenant des
projectiles (douilles de balles, douilles et têtes d’obus, shrapnels) et de l’équipement individuel (quarts,
gamelles, boutons, etc.), aluminium fondu servant à la fabrication de bagues, cuir, tissus, pierre et même
paille et autres végétaux.
Dans les tranchées, à cause du manque d'hygiène, la moindre blessure pouvait dégénérer en problème de
santé important allant jusqu'à la gangrène. C'est pourquoi, l'état major interdira aux poilus de fabriquer des
objets autres que ceux nécessaires au combat. Cette interdiction n'aura que peu d'effet …
Présentation des « artistes » :
Les « objets des tranchées » sont fabriqués par les soldats de toutes les puissances combattantes pendant les
périodes de répit, entre deux montées au combat, souvent dans les casemates des tranchées de seconde ligne
et parfois de première.
Une partie est réalisée à l’arrière des lignes de combat par des soldats blessés ou mutilés, dans des ateliers
aménagés par l’autorité militaire. Des écoles de rééducation et des associations sont créées, comme « Les
Blessés au travail, », qui certifient l’origine des objets vendus.
Certains objets ont aussi été réalisés après le conflit par les soldats restés sur les champs de bataille pour le
travail de déminage, et par des prisonniers de guerre dans un but lucratif et furent vendus dès 1919 aux
touristes visitant les anciens champs de batailles.
Nombreux parmi les poilus qui fabriquent les différents objets n'ont aucune compétence particulière, mais
pour certains soldats « professionnels » dans le civil, c'est l'occasion de retrouver les gestes du métier :
bijoutiers, ferblantiers, ajusteurs, graveurs, menuisiers, cordonniers ...
Contexte historique.
La Première Guerre mondiale
En 1914, l’Europe domine le monde. Les grandes puissances rivalisent entre elles et forment des alliances
défensives. L’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie forment la Triple Alliance ou Triplice alors que le
Royaume-Uni, la France et l’Empire Russe forment la Triple Entente. L’attentat de Sarajevo (assassinat de
François Ferdinand, Archiduc d'Autriche-Hongrie) le 28 juin 1914 déclenche le jeu des alliances, qui
débouche sur une guerre européenne puis mondiale.
En 1915, la guerre de mouvement se transforme rapidement en guerre de position. Le conflit devient une
guerre totale. Sur le front, les morts sont nombreux et les soldats survivants vivent sans hygiène ce qui leur
vaut leur surnom de « poilus ». Leurs lettres subissent la censure d’État. Épuisés par la guerre, ils multiplient
les désertions et les mutineries. Les femmes remplacent les hommes à leur travail à l’arrière. L’État
transforme son économie en économie de guerre. Les populations sont rationnées et leurs bien
réquisitionnés.
En 1917, la Russie se retire après la révolution bolchevique pendant que les États-Unis entrent en guerre :
grâce à eux, la Triple Entente remporte la victoire. L’Allemagne signe l’armistice le 11 novembre 1918.
La guerre a détruit l’Europe : elle subit de nombreuses modifications territoriales lors des signatures de
traités de paix (exemple : traité de Versailles signé le 28 juin 1919). La Première Guerre mondiale a fait plus
de 10 millions de morts et plusieurs millions de kilomètres carrés dévastés.
Quelques dates :
28 juin 1914 : Attentat de Sarajevo.
Août 1914 : Début de la Première Guerre mondiale, guerre de mouvement.
A partir de 1915 : Guerre de tranchée : guerre de position.
1916 : Bataille de Verdun (200 000 morts).
Avril 1917 : entrée en guerre des États-Unis/ Reprise de la guerre de mouvement.
Octobre 1917 : Révolution bolchévique.
11 Novembre 1918 : L’Allemagne signe l’armistice.
28 Juin 1919 : L’Allemagne signe le traité de Versailles
1919 : Création de la SDN (société des nations).
Description de l’œuvre
Les principaux objets fabriqués :
- Broches, pendentifs, bijoux divers et surtout des bagues.
- Objets du fumeur : tabatières et surtout briquets
- Objets décorés : douilles, gourdes, casques, plats ...
- Objets du quotidien : coupe papiers, cadre photo, encriers, ronds de serviette, cannes, instruments de
musique, jouets ou maquettes, lampes ...
- Objets religieux divers : oratoires portatifs, crucifix, calices ...
Les principales matières utilisées : aluminium ( têtes d obus allemandes), cuivre et laiton, bois facile à
trouver et ne nécessitant qu’un outillage rudimentaire, os (d'animaux), pierre, papier, boutons, obus ou
parties d'obus (têtes, ceinture ...), douilles de divers calibres, balles, verre, feuilles sculptées, ...
Mise en relation avec d’autres domaines ou œuvres d'art :
L'artisanat des poilus est a rapprocher de l'art populaire, l'art brut ou l'art naïf, qui regroupent des productions
réalisées par des non-professionnels de l'art, indemnes de culture artistique, œuvrant en dehors des normes
esthétiques convenues, sans prétentions culturelles et sans démarche intellectuelle remarquable. Il existe
toutefois certains critères qui permettent de déterminer si une œuvre peut être classée ou non dans les arts
populaires.
Thèmes : symboliques : un trèfle à quatre feuilles, une fleur, un fer à cheval, une enclume, des ailes d avion,
un écusson, une croix, un cœur, un obus, croix de Lorraine (déjà durant la WW1), le coq symbole de la
France, noms ou initiales du poilu, numéro du régiment, ville ou dénomination d'un lieu de combat (Verdun,
Ypres, La marne ...), caricatures (souvent de l'ennemi), les grandes absentes des lieux de combat : les
femmes, l'omniprésente : la mort ...
« Ces productions ne témoignent pas seulement de l’habileté manuelle et de l’ingéniosité infinie des hommes
ordinaires. Elles sont autant de protestations contre la laideur, contre la bêtise guerrière, contre l’absurdité
du sacrifice. »
– Jean-Claude Guillebaud, préface à De l’horreur à l’art : dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale,
de Nicole Durand. 2006.
Pour qui ?
Le soldat, sa famille (femme, fiancée, enfants, mère ...), un « client », sa marraine de guerre, pour rapporter
un souvenir.
Les techniques : Coulage du métal, soudure, repoussage, gravure, peinture, dessin ...
Affiche pour Les Blessés au travail - 1914
A consulter :
Les livres :
- « Artisanat de tranchée » - Tome 2, de Patrice Warin, Ysec (2005)
- »Artisanat de tranchée & briquets de poilus », de Patrice Warin, Ysec (2002)
– « De l’horreur à l’art dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale », de Nicole Durand, Seuil
(2006).
Les sites :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Artisanat_de_tranch%C3%A9e
http://www.artisanat-de-tranchees.fr/intro-22.html
http://bleuhorizon.canalblog.com/archives/2007/05/07/3945289.html