L`évolution des systèmes irrigués dans les zones de montagnes

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L`évolution des systèmes irrigués dans les zones de montagnes
L’évolution des systèmes irrigués dans les zones de montagnes faces aux
Politiques Interventionnistes de l’Etat :
La gestion communautaire de l’eau d’irrigation à Amizmiz entre changement et rupture (Haut Atlas Occidental- Maroc)
Colloque Habiter le littoral, Marseille 16-18 octobre 2014
Hind SABRI, Toufik FTAÏTA
Laboratoire LIRCES (EA 3159), Université de Nice Sophia Antipolis, France
Diagnostic territorial de la commune rurale de Sekoura
Dans le processus de l'évolution de la politique de l’eau au Maroc (en passant d’une gestion globale et centrale à une
gestion intégrée et locale de l’eau), l’eau d’irrigation a toujours été le socle des stratégies de développement. Dans un
contexte de pénurie en la matière, l’eau d’irrigation n’a pas cessé, ainsi, d’être le vecteur prépondérant et favorable aux
nombreuses politiques étatiques notamment celle de la grande hydraulique. Dans cette perspective, les zones de montagnes y
compris celle d’Amizmiz sont restées partiellement à l’abri des interventions rigides de l’Etat. Afin de sauvegarder leur
autonomie vis à vis des services administratifs et ainsi la fiabilité de leurs systèmes de gouvernance de l’eau, basés sur les
modes traditionnels d’organisations, les groupes sociaux trouvent en la consolidation des modalités de la gestion
communautaire de l’eau d’irrigation le seul moyen de parvenir à assurer leur cohésion sociale. L’eau, dans ce contexte de
pénurie, est un facteur structurant des sociétés locales.
, la dépression de Sekoura bénéficiée de nombreuses potentialités en eau entre autres :
La vallée d’Amizmiz fait partie de quatre circonscriptions administratives formant la région du Haouz.
* Elle est départagée entre 10 communes :
- Amizmiz et Ameghras ;
- le Caïdat de Guédmioua, composé de quatre communes : Azgour, Anougal, Tizguine et Dar Jamaa ;
- ainsi que le caïdat d’Ouzguita composé ainsi de quatre communes : Oulad M’taa, Sidi Bedhaj, Ouzguita et Lalla
Takerkoust ;
Les Contrastes climatiques et topographiques et l’organisation
sociale, hydraulique et territorirale
* Elle fait partie du haut pays dont l’altitude diffère entre 900 et plus de 3000 mètres mais également du bas pays où
la platitude du relief et la sécheresse constituent les traits les plus dominants
*Dans ce contexte local, la pénurie partielle
en eau transforme cette denrée en catalyseur
Organisation
Organisation
hydraulique
territoriale
des rapports sociopolitiques et hydrauliques.
* les stratifications territoriales quicaractérisent
la vallée d’Amizmiz ont plus au moins une
influence sur le choix des modalités de gestion
Organisation
de l’eau d’irrigation adoptées par les communautés
sociale
d’irrigants et le bon fonctionnement des systèmes
irrigués
*L’interaction entre ces trois types d’organisation détermine le bon fonctionnement des
systèmes irrigués de la Vallée
La dichotomie entre logiques étatiques et logiques
communautaires et la répression des structures sociales et
institutionnelles traditionnelles de la vallée d’Amizmiz
L’irrigation gravitaire à l’épreuve des mutations socioéconomiques dues
aux interventions aménagistes de l’État
Malgré l’adoption théorique par le Maroc de la gestion intégrée des
ressources en eau à partir des années 80, les logiques étatiques n’ont pas
cessé de voir en l’eau une ressource non épuisable.
Système de gestion de l’eau d’irrigation
La logique de l’appauvrissement des zones de montagnes, montre
clairement le décalage entre les logiques étatiques interventionnistes et les
stratégies de certaines communautés locales de la haute montagne
Les trois âges de l’irrigation en passant par trois axes de l’histoire hydraulique à la fois
locale et globale nous permettent de mettre en exergue un héritage précolonial, colonial
et postcolonial
L’histoire de l’irrigation et de l’appropriation de l’eau dans la région d’Amizmiz révèle
que le Makhzen n’a jamais réussi d’administrer la gestion et l’organisation de l’eau
communautaire. C’est par les tentatives d’accaparement de droits d’eau que le Makhzen
a voulu soumettre les communautés locales. En revanche, l’objectif de l’intervention
les services du protectorat français s’inscrivait dans le bouleversement de la répartition
de l’eau d’irrigation au sein de la localité d’Amizmiz par la mise en place d’un système
de gestion administrative visant á délégitimer les institutions communautaires telle que
la Jmaâ et ainsi de les remplacer par ce qui porte le nom de la « Commission » comme
l’indique la loi de 1924 des ASAP.
Si nous postulons que les services
publics ont adopté une approche
relativement intégrée en matière de la
gestion des ressources en eau. (INDH,
Plan Maroc Vert), il ne faut pas
ignorer que les communautés locales
ont depuis des siècles su gérer
durablement des ressources en eau
souvent limitées révélant ainsi leur
capacité à maintenir un équilibre
social et environnemental en d’autres
termes une bonne gouvernance locale
de l’eau
Après l’indépendance la politique hydraulique s’est inscrite dans la
continuité du modèle colonial déconsidérant ainsi les modalités de la
gestion communautaire de l’eau d’irrigation en les considérants
comme étant un frein au développement de l’agriculture irriguée
Au cours des années 90, le Maroc a mis en place un nouveau code des
eaux consolidant ainsi les approches concertées voire intégrées des
ressources en eau notamment la gestion participative de l’irrigation et
l’instauration des AUEA comme nouvelle structure d’organisation
des irrigants
RECOMMENDATIONS :
SI LES SERVICES D’ADMINISTRATION REPRODUISENT LES MEMES POLITIQUES INTERVENTIONNISTES EN NE PRENNANT PAS EN CONSIDERATION LA COMPLEXITÉ ET LES
SPÉIFICITÉS LOCALES, TOUTE PLANIFICATION IMPOSÉE OU TOUTE NOUVELLE STRATÉGIE HYDRAULIQUE CONDUIRANT À UN ÉCHEC CUISANT
LA RECONNAISSANCE VOIRE LA VALORISATION DES STRUCTURES TRADITIONNLLES RESTE UN MOYEN PRÉPONDÉRANT AFIN DE RESTITUER LA CONFIANCE PERDUE ENTRE LES
COMMUNAUTÉS ET LE POUVOIR PUBLIC
LE DÉSANGAGEMENT DE L’EAT DOIT ËTRE EFFECTIF AFIN DE PERMETTRE AUX IRRIGANTS SURTOUT D’AMIZMIZ DE MENER UNE AUTO GESTION VOIRE UNE CONCERTATION
REELLE DANS LE PROCESSUS DE LA GOUVERNANCE DE L’EAU
DEPPASSER L’APPROCHE CLASSIQUE PAR LA VALORISATION DES ZONES DE HAUTES MONTAGNES PAR RAPPORT AUX ZONES DE PLAINES DE LA VALLEE QUI ONT DEPUIS TOUJOURS
ACCAPAREES L’ENSEMBLE DES SUBVENTIONS ÉTATIQUES
LA CONSOLIDATION DE L’AGRICUTURE MONTAGNARDE PAR DES PRODUITS Á HAUTE VALEUR AJOUTÉE
ANOUGAL (HAUTE
MONTAGNE V.A)
Les systèmes de gestion
de l’eau sont restés
relativement à l’abri des
interventions rigides de
l’Etat
Flexibilité, permanence et durabilité
des modalités de gouvernance
ancestrale de l’eau d’irrigation :
acceptation de l’innovation et
assurance du bon fonctionnement des
systèmes irrigués
Le maintien du réseau gravitaire et
l’identification des communautés
d’irrigants via son appropriation
LA LOCALITE D
AMIZMIZ (ZONE
DIR V A)
Intervention accrue du
Makhzen, du protectorat
français et désormais de
l’Etat dans la gestion
sociale et institutionnelle
de l’eau d’irrigation
Défiance des systèmes de
gestion communautaire et
bouleversement des
structures sociales
Déstructuration
des
systèmes de gestion sociale
et technique de l’eau et la
reconversion du réseau
gravitairee

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