delirium - Devildead

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DELIRIUM
LE FOTO DI GIOIA
Titre original : FOTO DI GIOIA, LE
Autre titre : DELIRIUM
Année : 1987
Nationalité : Italie
Acteurs : Serena Grandi, Daria Nicolodi, Vanni Corbellini, David Brandon, George Eastman (Luigi
Montefiori), Karl Zinny, Katrine Michelsen
Réalisateur : Lamberto Bava
Scénario : Gianfranco Clerici, Daniele Stroppa & Luciano Martino
Musique : Simon Boswell
Après les succès de DEMONS et DEMONS 2, Lamberto
Bava va lâcher le troisième épisode, qui deviendra LA
CHIESA, pour suivre l´opportunité de monter sa société et
produire une série de téléfilms horrifiques : BRIVIDO
GIALLO. Entre-temps, il trouve le moyen de monter un projet
de thriller avec une des stars italiennes «hot» du moment :
Serena Grandi. Ce sera LE FOTO DI GIOIA, en français "Les
Photos de Gioia", jeu de mot sur le prénom de l´héroïne,
voulant aussi dire «joie», là aussi à double détente. Le film sera
exporté à travers le monde sous le titre de DELIRIUM. Il
sortira directement en video en France en VHS, mais demeure
inédit à ce jour en DVD (et on ne parle même pas de Blu Ray
!). Heureusement, Shriek Show a effectué une édition DVD
aux USA. Et Gioia devient Gloria dans la version doublée
anglaise.
Gioia (Serena Grandi), ancienne modèle, est propriétaire du
journal coquin Pussycat. Aidé de son frère (Vanni Corbellini)
et de son amie Evelyn (Daria Nicolodi), elle vole de succès en
succès. Pourtant, l´une de ses mannequins (Katrine Michelsen)
est retrouvée assassinée d´un coup de fourche. Son cadavre est
par ailleurs photographié devant l´un des anciens portraits nus
de Gioia.
Lamberto Bava réunit son équipe quasi habituelle.
Gianlorenzo Battaglia à la photographie, avec qui il collabore
depuis plus de 10 ans, notamment depuis l´écriture du premier
jet de ONDATA DI PIACERE en 1977. Simon Boswell à la
musique, Rosario Prestopino pour les effets spéciaux,
Antonello Geleng comme directeur artistique. Ainsi que
certains acteurs ayant déjà accompagné le maître. Karl Zinny
est d´abord le frère de Veronica Zinny, la petite chipie de
BAISER MACABRE, et qui vient de tourner DEMONS.
George Eastman appelé en dernière minute pour un petit rôle
sortait de BLASTFIGHTER, Lino Salemme a quant à lui
participé à DEMONS, DEMONS 2 et UNA NOTTE AL
CIMITERO. Pour compléter la tribu Bava, des noms de choix
qui fleurent bon le produit transalpin. Daria Nicolodi, l´excompagne de Dario Argento, coscénariste de SUSPIRIA et
actrice dans LES FRISSONS DE L´ANGOISSE, INFERNO
ou encore PHENOMENA. David Brandon, ancien danseur
anglais reconverti dans le cinéma en Italie notamment dans
BLOODY BIRD, CALIGULA LA VERITABLE HISTOIRE
et qui travaillera lui aussi à plusieurs reprises avec Lamberto
Bava, notamment sur PER SEMPRE ou encore LE PRINCE
DE LA TERREUR. Enfin, une surprise : Capucine, qui après
sa carrière française et américaine, échoua sur les rivages
italiens pour jouer une propriétaire de journal olé-olé.
DELIRIUM reste aujourd´hui un film qui se traîne une sale
réputation. Un Giallo érotique qui fait la part belle à la
généreuse et pneumatique Serena Grandi sous toutes ses
coutures. Sous l´œil avisé du célèbre photographe Angelo
Frontoni qui s´ingénia à immortaliser au long de sa carrière les
plus belles femmes du monde, de Gina Lollobridgida à Sophia
Loren, en passant par Jane Fonda, Ursula Andress et jusqu´à
Monica Bellucci. Miss Grandi venait de connaître coup sur
coup quelques succès : MIRANDA de Tinto Brass,
DESIDERANDO GIULIA d´Andrea Barzini et LA SIGNORA
DELLA NOTTE de Piero Schiavazappa. Ce fut tout
naturellement qu´elle retrouve propulsée en tête de distribution
pour un thriller à forte tendance érotique. Avec une histoire de
l´inusable Luciano Martino, Bava élabore une histoire qui
injecte quelques visions originales : celles du tueur, aux
couleurs changeantes et à l´obsession de femmes aux visages
monstrueux – se rapprochant ainsi des représentations picturales
du peintre Savini. Tout en préservant la partie «charme» du
métrage, assez peu avare en débordements féminins en tous
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genres.
La structure narrative demeure classique. Multitudes de
fausses pistes, jeux sexuels, meurtres phalliques, chair
féminine en délire. De l´handicapé en fauteuil roulant, de rêves
prémonitoires, attaques nocturnes, femme en danger,
mystifications… avec révélation du meurtrier et ses
motivations (enfin, plus ou moins) en dernière minute. Et un
rebondissement final. On se retrouve en terrain connu. Bava y
ajoute sa touche personnelle. D´abord avec les visions
psychédéliques du meurtrier, mais surtout sa préférence de
suspense en endroits clos. Une marque de fabrique qui trouve
son ancrage dans BAISER MACABRE, se poursuivant avec
brio dans LA MAISON DE LA TERREUR – où les thématiques
étaient beaucoup plus riches-, voire même dans l´hôtel
abandonné de MIDNIGHT HORROR, la maison du scénariste
du PRINCE DE LA TERREUR. Quelques jolis effets
photographiques, une utilisation solide de la steadycam
apportent un rythme régulier qui
donne un look moins cheap que le
téléfilm MIDNIGHT HORROR, par
exemple. Ca ne fait pas pour autant un
vrai bon film. DELIRIUM ne
renouvelle pas le genre, loin s´en faut.
Il s´agit d´une résurgence tardive,
tendance exploitation, bâti autour de
la simple présence de Serena Grandi.
Le film mêLe sexe et violence de
manière relativement soft, par ailleurs –
une influence de la télévision italienne
qui FINIRA par éviscérer le film bis
italien dès le milieu des années 80.
Les plus fins verront quelques clins
d´œil à 6 FEMMES POUR
L´ASSASSIN et ses mannequins
presque animés.
A y regarder de plus près,
DELIRIUM
demeure
un
beau
concentré de sexualité faussement
transgressive et de pulsions refoulées.
Une ode à la pénétration sexuelle
inavouée ! Car de la pénétration de
chair et des paraboles phalliques, on
en trouve par louchées entières. On ne
peut montrer du sexe en action de
peur de verser dans la pornographie ?
Pas de problème. Versons dans la
violence. Soft, certes, mais lourde
d´imagerie psychosexuelle. Hormis
l´hommage brut de décoffrage à
FENETRE SUR COUR, quid du long télescope qui observe
Gioia et ses amies, hein ? La fourche qui pénètre le ventre de la
pauvre Katrine Michelsen. Le dard des abeilles qui pénètrent
violemment le corps dénudé de Sabrina Salerno – pas encore
célèbre pour ses seins débordant de générosité dans le clip
"Boys Boys Boys" qui la rendit mondialement célèbre.
Absence de pénétration hétéro = catalogue de frustrations. Tout
d´abord le frère de Gioia qui n´y arrive décidemment pas avec
les femmes. Le photographe, gay et qui court les aventures, ça
ne finira forcément pas très bien pour lui. L´adversaire de
Gioia, Flora, une lesbienne inassouvie de désir. Le voisin
voyeur qui vient hanter les nuits de Gioia avec une sorte de
lampe-torche-godemiché luminescent qui glisse entre ses
cuisses. Et le climax final, avec ce couteau qui tente de
perforer la belle Gioia et que tout finira en éjaculation
sanglante sur son corps meurtri. Un beau catalogue de sexualité
déviante qui mène au mal. Car rien ne vaut quand même une
bonne levrette ou un bon bain régénérant avec George
Eastman. On est sûr de ne pas avoir de problème. DELIRIUM
ou l´appel à la sexualité normative.
Appréhender DELIRIUM comme dépense d´énergie inutile
ou petite gemme hyperbolique d´un genre en fin de vie dépend
de l´humeur, de litres de café absorbés avant la vision, d´un
état d´ébriété avancé ou simplement l´esprit ouvert à toute
expérience de cinéma bis. La mixture est loin d´être indigeste,
même s´il faut bien comprendre que le film reste bien médiocre
et manquant d´une quelconque cohésion. Heureusement qu´on
peut compter sur des seconds rôles charnus et interprétés par
des Nicolodi, Eastman et Brandon au top de leur forme. Cela
compense les faiblesses d´un scénario paresseux, d´un nombre
de morts assez sage et d´un formatage qui explique le fait que
le film passait régulièrement à la TV italienne. Sexe &
Violence pour tous, quoi. Mais quelques éclairs visuels,
l´ambiance chaudes copines du samedi soir et le rythme
somme toute régulier laisse une
impression de produit certes faisandé,
mais hautement consommable pour
les pervers polymorphes que nous
sommes. Et en le comparant à d´autres
Gialli des années 80/90, DELIRIUM
se hisse sans peine au-dessus d´un
CARAMELLE
DA
UNO
SCONOSCIUTO,
voire
de
l´abominable FATAL FRAMES.
Le DVD codé Zone 1 de chez
Shriek Show a été édité en 2002. Pas
de nouvelle édition n´a pointé le bout
de son nez depuis. 1.85:1 et 16/9,
d´une durée complète de 90mn14 et
un accès via 12 chapitres : un
minimum assuré. Maintenant, le
nirvana visuel reste rarement atteint.
La version anglaise est seule
disponible, avec un doublage de la
plupart des protagonistes. Pour les
plus fins limiers, dirigez-vous vers la
VHS française de chez GCR : il faut
entendre l´hilarante voix française de
Sabrina avec un accent italien à
couper au couteau : mémorable ! A
noter qu´il ne faut pas confondre avec
l´autre
film
italien
nommé
DELIRIUM de Renato Polselli,
redoutable mais sympathique zèderie
nommé DELIRIO CALDO.
Le télécinéma se révèle rarement agréable à l´œil. Faute à
une définition médiocre et quelques effets de peigne : le
transfert accuse le nombre des années et un qualitatif
insuffisant. Cependant, l´ensemble demeure assez clair,
rendant bien compte de cette espèce de photographie quelque
peu vaporeuse, typique des productions italiennes de cette
décade. Et une belle emphase sur la retranscription des
couleurs saturées lors des scènes de meurtre. Un goût gothique
qui transparait parfaitement à l´écran. Les nombreuses scènes
de nuit sont dotées de jolis contrastes. Quelques poussières se
montrent ici et là depuis la source originale, mais on ne note
que très peu de grain et traces de compression.
La piste audio anglaise est en mono
mixage italien d´origine a visiblement
Stereo pour sa sortie transalpine. Ceci
VHS ou DVD à travers le monde ne
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2,0. Dommage, car le
été réalisé en Dolby
dit, toutes les sorties
bénéficient que d´un
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mixage mono Quelques chuintements et sifflements le long du
film, surtout dans le déclenchement de la bande sonore
élaborée par Simon Boswell. Elle est tonique en diable,
rythmée, puissante, mais sature un peu trop par moments.
Egalement, un souffle notable se dégage dans les scènes
muettes. Hormis ce souci, les dialogues restent facilement
audibles.
Le plus vient des bonus tournés pour l´occasion. Un
entretien avec Lamberto Bava : toujours aussi affable,
abondant en commentaires et les conditions réunies pour le
tournage. George Eastman ne semble pas vraiment se souvenir
grand chose du film même, l´ayant fait par pure amitié pour le
réalisateur – ce qui lui a en outre permis de se retrouvé réuni
avec
Serena
Grandi,
qui
avait
tourné
dans
ANTHROPOPHAGOUS – la femme au fœtus arraché, c´est
elle. Enfin David Brandon, peu à l´aise devant la caméra, parle
lui aussi de sa carrière mais reste assez discret sur DELIRIUM.
Dommage que l´interviewer soit assez mauvais en italien et ne
pose pas vraiment de questions intéressantes. Ce qui donne
quelques moments d´incompréhension totale de la part des
trois acteurs/réalisateurs. Pas très pro.
L´édition est complétée par les biographies des principaux
interprètes, des photos shoot et des films annonces du
catalogue de l´éditeur, mais hélas, pas pour DELIRIUM.A
noter que Shriek Show a ressorti le film dans une Box «Psycho
Killer» en compagnie de BEYOND THE DARKNESS (BLUE
HOLOCAUST chez nous) et HOUSE OF THE EDGE OF
THE PARK (LA MAISON AU FOND DU PARC).
Francis Barbier
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Spécifications de l’édition DVD chroniquée
Editeur : Shriek Show
Zone : 1 - USA
Format Disque : Simple face/Double couche
Durée : 90 minutes
Format d’image : 16/9 - 1.85
Format(s) sonore(s) : English (Dolby Digital 1.0)
Sous-titrage(s) : Liste des bonus de l’édition DVD chroniquée
• Interviews
• Lamberto Bava (12mn09)
• George Eastman (8mn36)
• David Brandon (12mn37)
• Biographies
• Lamberto Bava
• George Eastman
• Serena Grandi
• Daria Nicolodi
• David Brandon
• Inside Delirium : texte de Scott McCrae
• Galerie de 11 photos
• Bandes annonce
• Nights of Terror
• House of Clocks
• Beyond the Darkness
• Sweet House of Horror
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