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A N D Y V ER O L & HH D U C HOM AGE … ©Andy Verol/HH 2 Il n’y a rien d’extraordinaire à parler du chômage et de ses ravages. Il ne faut pas imaginer que de l’écrire, cela provoquera un quelconque électrochoc. Tout le monde sait qu’il existe, qu’il est là, et qu’il menace chacun. Tout le monde sent que ce mal majeur est prêt à emporter un proche, un oncle, une amie, un cousin. Je suis né en 1973. L’année où ce cancer a commencé à se répandre dans le corps social de nos sociétés occidentales. L’époque était à l’insouciance, aux révoltes, aux rêves de lendemains qui chantent. Qu’il s’agisse des Marxistes maoïstes, des étranges rétrogrades de l’OAS, des hippies, des sans opinions, des j’en passe et des meilleurs, tout le monde imaginait un « autre chose » en phase avec ses idées, tout en consommant de plus en plus massivement. Un monde loin d’être parfait, bouffé par une Europe qui s’était anéantie en un demi-siècle. Loin de moi l’idée de faire une analyse historico-économico-sociale. 3 Le choc pétrolier et l’accélération du processus de libéralisation du monde capitaliste sont les phénomènes qui furent la cause, sans aucun doute, du développement d’un chômage extraordinairement destructeur. C’est un peu comme ces gens qui travaillèrent des années durant dans des bâtiments isolés à l’amiante. Et puis il y a le spectacle. Oui, je parle du spectacle. L’info spectacle, l’analyse spectacle, le débat spectacle… Tant de dispositifs mis en place pour anéantir la rébellion, l’opposition et les propositions d’un monde autre que capitaliste, affamé d’argent, d’égoïsme et de vérités toutes faites. Imaginons (vraiment ?) des législateurs, des scientifiques, tous au courant du caractère cancérigène de l’amiante, mais mettant en place tous les outils législatifs, informatifs voir juridiques pour cacher cette vérité pendant des décennies, quitte à livrer des centaines de milliers de personnes à la mort. C’est exactement ça, l’agent pathogène qui engendre le chômage, le Capitalisme décomplexé et parfaitement huilé, est en permanence dans l’accaparement, dans la tentative victorieuse de camoufler le mal criminel qu’il provoque. 4 Le Capitalisme est un système politicoéconomique cannibale où l’Homme se nourrit des autres Hommes. Ce qui suit est avant tout une lecture d’une maladie qui touche de plus en plus de personnes. Et s’il ne s’agit pas d’un chômage complet, est-il au moins partiel, réel, affligeant… Bien entendu, je suis en colère, je suis révolté par ce violon médiatico pseudo démocratique qui rabâche l’affreuse litanie : « On ne peut rien y faire. Les générations précédentes en ont bien profité, mais maintenant, il faut se serrer la ceinture. Il faut rembourser la dette. Il faut casser les régimes de retraite. Il faut… Il faut… » Inacceptable. Invraisemblable, pendant que des milliers de personnes s’enrichissent audelà de tous besoins nécessaires pour vivre et se divertir. Incroyable quand on entend nombre de responsables politiques affirmer qu’un pays serait à terre sans ses millionnaires et milliardaires. A vomir, le double discours des pontes du capitalismedémocrate : « Nous luttons contre le terrorisme, contre ceux qui tentent de détruire le monde libre », et de faire des milliers de milliards de dollars 5 d’investissements dans la pays le plus tyrannique, autoritaire et meurtrier du monde, la Chine. Voici ce texte dédié à la grande majorité des Peuples qui souffrent de n’être que les outils de dirigeants modernes, débiles et vomitifs. 6 D U CHOMAGE , DEU X XANAX ET UN WHISKY L’idée que injustes. les choses puissent être Exemple : le boulot. Puis derrière le chômage. Et ensuite les premières tentatives de tortures sur animaux. Les poulets. Un peu des grenouilles lorsque la nuit je parviens à me concentrer assez pour en choper une. Avec mes Xanax, je bois de l’alcool. Le Xanax efface bien l’angoisse, le stress, l’anxiété. Et l’alcool permet la démence. Le dégagement d’une violence telle, que même ta propre mère souhaite ta mort. Ca a commencé surtout après la seconde guerre mondiale. Au fur et à mesure que chaque pan de notre existence occidentale était concédée à la sacro-sainte entreprise, chaque individu s’est transformé puis divisé en deux, selon qu’il était en-dedans le monde (de l’entreprise), et en-dehors (de l’entreprise puis du monde entier). Certains ont du admettre, dès la naissance, qu’ils seraient à jamais à l’extérieur du monde (sans que, pour autant, le monde 7 de l’entreprise - ne cesse de lui rappeler qu’il peut s’intégrer quand il veut, s’il le veut, et seulement s’il le veut vraiment). Bon ça, ce sont les enfants d’ouvriers du Nord, par exemple, qui n’ont fait que regarder papa picoler ses « assedics » et maman grossir aux chocolats, de noël, de pâques, de la promo Auchan sur les friandises, etc. Ce sont aussi les immigrés, ou enfants d’immigrés, ou petits-enfants d’immigrés... Puis enfin, il y a des erreurs. Genre le mec qui vivait confort et qui a pété un câble à 14 ans sans plus jamais pouvoir s’en dépêtrer. Certains autres, sont garantis purs porcs que, même s’ils ne sont ni des génies, ni des grands stratèges, ils pourront vraiment compter sur les pontes de l’économie et du monde moderne : le papa-pdg (rappelons, que maman-pdg, ça arrive, mais ça ne sera pas mieux, sauf pour son fiston ou pour sa fistonne). Dans ce monde mouvant, turbulent, exigeant en flexibilité, en productivité et en guerres préventives, ces enfants-là connaîtront une tranquillité matérielle telle qu’ils en déprimeront (si si, je l’ai vu dans les 8 émissions de fils à papa Delarue qui fait sa pleureuse avec tout ce qui bouge). Enfin, il y a un groupe intermédiaire. La dite classe moyenne. Ou aussi classe ouvrière spécialisée, ou je ne sais qui encore (si j’en ai oublié dans la salle, qu’ils ne s’en offusquent pas, je suis pas dans un état super lucide). Le groupe danger, je l’appelle. Parce que là, t’es pas garanti. Tu échoueras complètement, à moitié, un petit peu, ou pas du tout. Mais avec l’idée que, tout de même, si t’en as pas mangé tous les jours, de la merde, tu finiras bien par t’en sortir... D’autant que dans la boite à images de propagande d’entreprise qu’est la télé -autant publique que privée- on a de cesse de te répéter : Si tu veux, tu peux. Alors maintenant, moi je bousille des poulets, avec leurs têtes toutes gentilles. Mais justement, si je le fais, c’est parce que, de ma vie de l’en-dedans, dans l’entreprise, il y a un ou deux mecs un peu qui en voulaient, qui m’ont fait la peau pour se partager le gâteau de mon salaire et de mes compétences. Ce genre de mecs qui aiment aller aux putes et qui prônent la libération des femmes. 9 Des mecs sains. Pas des saints. Mais maintenant je m’en fous. Mais le fait d’être maintenant considéré comme mort socialement, je n’ose plus dire ce que je fais dans la vie à mes amis, qui, eux, pour l’essentiel, ont un boulot. Je sais qu’ils ne m’en voudraient pas. Je les connais. Je sais qu’ils me diraient "mais non arrête, c’est bon, te prends pas la tête pour ça. Tu retrouveras un boulot." Seulement voilà, je pense qu’en zigouillant des poulets et des grenouilles, je ne suis plus un mec suffisamment net pour entrer dans le monde. Je prends deux xanax (le docteur m’a dit de n’en prendre qu’un par un, mais je le trouve un peu minoré ce docteur-là) et je les avale avec une rasade de whisky. Puis j’attends que ça vienne, en buvant d’autres whisky, si bien qu’à 8h00 du mat’, je me sens prêt à rendre service au monde de l’entreprise qui m’entoure : tuer d’la poule, bousiller d’la grenouille, égorger du chat domestique et écarteler des p’tits chiens poilus qui sentent souvent de la bouche. Depuis deux trois semaines, j’ai atteint un cap idéal : l’agonie sociale. Il m’est désormais impossible de comprendre exactement les mouvements humains qui m’entourent. 10 Ainsi, vers 8h15, je descends à la station RER et je me poste à côté d’un photomaton en panne (ouais, c’est moi "les mecs bizarres" qui restent campés sur ton chemin à rien foutre avec les yeux fixes et ça te fait peur à chaque fois), et je regarde les gens avec des mallettes et des habits corrects courir vers le transport en commun de leur journée active. Et je me dis, que si en définitive, ils avaient des têtes de poulets ou de grenouilles, sans doute n’hésiterais-je plus à leur faire payer mon abus salvateur d’alcool et de médicaments. 11 DU CHOMAGE, ZERO XANAX, SIX OU SEPT TEQUILAS FRAPPEES L’accélération. On a fini de faire les cartons. On a tout rangé. On a vraiment, définitivement bossé pour rien. A la suite de mon licenciement, j’ai choisi de prendre tout de suite un boulot. J’étais accro à mes loyers, à mon frigo rempli et à mon repli idéologique dans mon cocon/maison. On nous a bien dit, dès le premier jour, qu’on faisait partie d’une équipe. Des hommes et des femmes, entre 30 et 45 ans, avec lesquels je devais accepter de sucer en tutoyant le patron-sacro-sainthumain aux crocs de carnassier. Le dédale des couloirs. Le bureau toc en teck. La liste des missions punaisée au mur d’en face et la slut de secrétaire du boss qui te casse les neurones toutes les 20 minutes, pour te refourguer un "ça s’passe bien monsieur la roubignole ?" Ouais Alors la démission rapidement et le retour à la case départ. Le robot type occidental dans l’entreprise c’est, tutoiement, sourires de gros faux12 culs et face de rats au restaurant brillant coloré de menus variés. L’avalanche d’hypocrisie, d’infamie. Le dédale encore. L’accélération. L’impression de s’en sortir... "Tant pis je me compromets un peu mais c’est pour bouffer..." J’aurai les vacances pour me masturber sur ma soi-disant liberté de vivre en croupissant. Moi, j’préfère la femme un peu ronde et au rouge à lèvres trop brillant de l’ANPE. Je l’aime bien avec son air sévère et le ton un peu maternel qu’elle emploie. Je ne sais pas. Je la sens humaine... Humaine comme la Tequila que je m’envoie à répétition devant mon écran LCD, mon écrou, mes escrocs. Les croquis de mon agonie sociale évidente... Mais jouissante. Dans l’alcool, il ne me reste que les sauts déments sur une drum n’bass pénible et jouissive. Ma main caresse ses cheveux à l’invisible. "Puisque je sais maintenant qu’il ne me reste plus qu’à crever anonyme, lent, long, définitivement..." 13 D U CHOMAGE , DE LA COLERE ET DES CRS Les territoires socialement ravagés de mon enfance. La fermeture des usines Thomé-Génot à Nouzonville, dans les Ardennes, est l’illustration parfaite de l’escroquerie intellectuelle, sociale et économique qu’est le capitalisme moderne (Mettez-y du libéralisme si vous voulez, peu importe, c’est exactement la même chose). Avez-vous entendu parler des Ardennes ? Oui sans doute, ses forêts, Rimbaud et les braconniers. Mais les Ardennes -ce coin totalement oublié et naufragé qui se dresse en pic au nord de la carte de France- ne sont jamais traitées que pour l’asphyxie économique subie. Les corps d’ouvriers de toutes origines crèvent la dalle. Il ne reste rien. Une misère infâme... L’Etat, en réponse à la fermeture et à la colère des ouvriers frappés par l’abandon économique, envoie ses CRS, tabasse ses citoyens de « seconde zone » et distribue quelques pièces par pitié... L’Etat français, la France, l’Europe qui établissent les limites de la lutte. Le désarroi et le dégoût qui broient nombre 14 de travailleurs lynchés par des patrons bornés traduisent l’incapacité des masses actuelles à comprendre que la mort douce/violente est au bout de ces destins. Envie de changements et de lutte décapitée. Si l’on me qualifie de « déclinologue » parce que je ne fais que le constat sans faire de propositions, peu m’importe. Il est frappant -cancrelats de moralistes progressistes ou libéraux- que vous n’ayez pas, à l’évidence, réfléchi à une réalité lourde de conséquences : vous demandez à des gens dont vous avez sectionné les jambes, de courir un marathon (et dans la bonne humeur avec ça). Si je parle spécifiquement de ce cas, de ces ouvriers-là, c’est parce que j’ai vécu mon enfance dans cette ville... Cette situation m’est tellement familière, que mon désir de lutte en leur faveur a aussi le goût du lien inaliénable... A cette occasion, et même si je vis dans d’autres lieux, d’autres quartiers sans faveur (je n’ai pas dit défavorisés pour ne pas être un « misérabiliste » tant décrié), je me rappelle d’où je viens, où je suis, et où je ne veux en aucun cas aller... J’ai vécu 7 ans dans cette petite ville enclavée entre les collines boisées : Nouzonville. La vallée de la Meuse. 15 Les usines immenses désaffectées, et les quelques-unes qui perduraient, plus petites... Nous vivions dans un quartier construit en 1978... Mes parents avaient choisi l’impasse des bleuets parce que c’était neuf, accessible... Les maisons étaient grandes et le terrain dont nous disposions était géant... C’était un peu comme si nous possédions enfin un morceau du monde moderne. Les promesses liées à des supermarchés flambants neufs, des routes goudronnées, des télévisions couleurs multi-chaînes, l’Europe, les Droits de l’Homme, la démocratisation des vols aériens,... Etc. Dans ce quartier qui s’est rempli très rapidement, la population était ouvrière essentiellement, à 90%. J’allais à l’école avec des gosses d’ouvriers... Mais le drame. Les années passaient. Même si l’endroit était sublime, verdoyant, presque magique, peu à peu, la fermeture répétitive et permanente des usines aidant, un climat lourd s’est posé sur la ville. Nombre de pères tombaient en dépression, dans l’alcoolisme le plus dur... Naturellement, tous ces gens étaient simples, avec un bon fond (qu’ils touchaient sans faire d’efforts), mais déjà 16 radicalement sacrifiés sur l’autel du capitalisme triomphant. Mes voisins étaient des français d’origine polonaise, italienne et maghrébine. Loin de ces Ardennes paysannes, très focalisées sur la fortune céréalière et le vote francotraditionnaliste, nous vivions en bonne intelligence, une hémorragie sociale dramatique. Les uns après les autres, les foyers étaient confrontés au chômage et tout ce qui s’ensuit : pas de mutuelle (trop chère), bouffe pas chère (grasse et de mauvaise qualité), alcoolisme, dépression, endettement, etc. Mes parents passaient pour des bourgeois avec leurs salaires de fonctionnaires... Ces ravages entraînaient une sédentarisation de la misère. Plombé par le chômage, les petits boulots et la liquéfaction familiale (femmes battues, suicides massifs, guerres de voisinage, démotivation, engourdissement psychique, liquéfaction des rapports affectifs, etc.), chaque voisin n’était plus que l’ombre de lui-même. La pulvérisation des existences n’est pas neuve. L’Humanité a eu à subir les pires souffrances. Une minorité qui accapare l’ensemble des biens et affame délibérément la majorité. Une marche 17 forcée que l’ensemble des humains a eu à subir. Mais les promesses du capitalisme moderne sont loin d’être réalisées. A Nouzonville, on se rassemble dans les rues. Après s’être entre-déchirée (« Tiens regarde ce salaud, il s’est ach’té une nouvelle bagnole... c’est ça de sucer les patrons... »), s’être jalousée, critiquée, entre-tuée, la population s’est aperçue, avec cette ultime fermeture d’usine, que les pontes de la croissance et de l’industrie sidérurgique puis métallurgique, préféraient offrir à leurs enfants le meilleur, quitte à déchiqueter les enfants des autres, des petites mains, des exécutants, des ouvriers qualifiés ou non... Un patronat socialement cynique et assassin. Les propriétaires de l’usine Thomé-Génot de Nouzonville avaient prémédité le meurtre social des 320 salariés « trop coûteux » qui grossiraient leur portemonnaie jusqu’à lors... Une préméditation revient à parler d’un assassinat social, alourdissant ainsi le caractère néfaste d’une société régie par la loi du profit, du bénéfice à tout prix. 18 Il n’est pas question, pour moi de disserter sur des gens que je ne connais pas... Celui des investisseurs, des promoteurs, des actionnaires. Rappelons simplement que chaque contribuable, mais aussi chacun des ouvriers paie la note. L’enrichissement des patrons français, et sans aucun doute ceux du reste du monde est assimilable à celui des mafias. Les salariés Ardennais acceptent des salaires minimums, refoulent leurs désirs de lutte, de changement pour garder un emploi, des revenus pour ainsi, nourrir leurs familles et vivre sous un toit. Ils se taisent, se terrent. Ils restent polis avec le patron... Mais ce dernier joue la menace. « Si vous voulez que je laisse mon usine dans votre trou pourri, voici mes conditions : pas de revendications salariales, aides financières de la commune, du département, de la région et de l’Etat, avantages fiscaux, embauches de personnes à mi-temps, en stage, par intérimaire, etc. » Ce deal dure quelques années. Les bénéfices sont juteux et les ouvriers, la gueule enfarinée, se disent qu’ils arriveront jusqu’à la retraite s’ils plient 19 encore l’échine, pour conserver leur emploi... C’est sans compter avec le peu de férocité des représentants syndicaux, la mollesse d’action des élus politiques, l’absence de projet des intellectuels et la certitude qu’un jour, avec le capitalisme, tout le monde pourra s’en sortir s’il le souhaite. Un ravage. L’envie de dégueuler. En repassant, l’hiver dernier, dans cette ville où j’avais vécu, j’ai vu la disparition des commerces, des maisons abandonnées, l’absence de vie dans la rue... C’était une ville pleine de vie... J’ai roulé, sillonné les quartiers que je fréquentais quotidiennement, et j’y ai vu l’abandon, la peine, les solitudes, l’amertume, un peu de dépit, de la colère, l’anéantissement volontaire des volontés. A en devenir fou. Le sens. Je pense au sens. Je me suis souvent caché, derrière l’espoir. Les jours meilleurs... Alors ce texte ne parle pas à ces travailleurs là, qu’il ne faut pas sacrifier un peu plus. Il est à l’attention de tous les autres, ceux qui ne sont pas encore sclérosés. Sans doute des jours meilleurs se profileront. Bien sûr l’Homme a un énorme potentiel pour se sortir de la merde. Mais l’Homme accepte 20 des sacrifices humains gigantesques avant même de condamner les responsables. Ma pensée est pour eux, ceux qui ne s’en sortiront pas. Ceux qui sont déjà morts, avec des millions d’autres... 21 DU ET CHOMAGE , DES COUPS DE POING UNE DEFENESTRATION SOCIALE Ce qui commence à stresser les élites et les "embauchés" de classe moyenne, c’est le sort lamentable proposé à leur gosse, par une société tranchée, laminée, détruite par un système économique qui est allée chercher ses esclaves ailleurs. Le capitalisme est une monstruosité conduite par des hordes de cerveaux malveillants en quête de fortune, de gloire et bien sûr, de privilèges. Depuis le XIXème siècle, avec l’avènement de la "révolution industrielle", les sociétés humaines, et particulièrement celles qui constituent l’Occident ont mis en place un système qui pousse l’Humanité à se défenestrer, dans sa globalité. Etre bouffé après s’être gavé de tout ce que la planète et son tapis de vie pouvaient fournir. Cette révolution industrielle n’a, au fond, toujours apporté du confort qu’à une toute petite minorité. Pour les autres, les plus privilégiés des autres, c’est l’espoir puis la frustration et l’humiliation. Une minorité des hommes se nourrit de la chair de la majorité... Mais là, je n’invente 22 rien. Je répète inlassablement toutes ces évidences dont les dirigeants ne tiennent pas compte. Les deux guerres mondiales sont le fruit de l’idéalisation de la Nation, mais aussi, et surtout, la conséquence directe de l’industrialisation... Chaque époque produit ses victimes humaines. Mais au cours de ces deux derniers siècles, des idées nouvelles, ou tout du moins nouvellement généralisées ont saisi les esprits de millions d’hommes et de femmes. Etrangement, ces idées "révolutionnaires" et progressistes qui proposent l’égalité entre les hommes et un bien-être commun ont été générées par le capitalisme et son lot de massacres visibles ou invisibles... La machine ne s’emballe pas. Elle a été délocalisée. Comme je l’indiquais dans un texte sur la fermeture des usines Thomé-Génot, il est stupéfiant de remarquer que des zones vastes de peuplement humain, en France, soient en récession : suicides massifs, dépressions, violences conjugales, violences urbaines, dépréciation de la personne humaine par l’Etat (fermeture des services publics), enclavement (disparition d’escales SNCF), exode massif de la jeunesse vers des zones produisant 23 des emplois précaires (des dizaines de milliers de jeunes français nettoient des chiottes de restaurants londoniens avec un niveau bac + 3), dé mutualisation des assurés sociaux... Le bannissement Les chômeurs sont considérés, toujours à tort, comme des profiteurs, des "abuseurs" de système par les patrons, les responsables politiques et, de plus en plus souvent, par des représentants syndicaux. Je parlerai spécifiquement de la zone France... Les trente glorieuses ont offert aux français, l’illusion d’un avenir meilleur. Le traumatisme de la guerre et la faim qui tenaillait chacun ont permis au capitalisme de s’installer durablement, avec de moins en moins de contestation. Les Babyboomers avaient du travail, même mal payés et voyaient leurs moyens augmenter de décennie en décennie... Certains d’entre eux, de 68 à 81 se sont cependant inquiétés de cet emballement. Etait-il raisonnable d’accepter un système injuste et assassin sous prétexte qu’il endormait chacun de façon provisoire ? Mais c’était sans compter sur le système qui sait une chose : plutôt que de détruire directement et très visiblement des réfractaires, il est préférable d’absorber 24 les moins virulents d’entre eux, et bannir tous les autres. A l’échelle du pays, ce bannissement se traduit par la destruction lente et profonde des administrations (bureaux de poste, commissariats, écoles, etc.). A l’échelle de chacun, la situation est catastrophique : "Tu acceptes un boulot avec un salaire minimum qui ne tient pas compte de ton parcours professionnel et scolaire. Si tu te syndicalises, on te flinguera à vue si tu contestes notre gestion." Ce bannissement est réalisé avec la complicité des hommes et femmes politiques. Ceux-ci, plutôt que de proposer une alternative sérieuse au capitalisme carnassier, soutiennent des centaines de lois/mesurettes, des pansements inefficaces : aides publics à l’emploi, zones franches, prime de Noël, etc. On me qualifiera de "sans-coeur". "En attendant mieux, il faut bien aider ces pauvres gens." La politique et les idéologues actuels se contentent de ce message. Aucun ne remet en cause le capitalisme. Personne ne le dénonce totalement. Ce travail de sape des leaders économiques a permis : la disqualification des syndicats, le muselage de 25 l’information (groupes de presse propriétés des multinationales), la corruption des représentants politiques de tout bord, la manipulation statistique généralisée (Je me rappelle qu’en matière d’économie, mes enseignants focalisaient essentiellement sur les chiffres officiels), le renforcement d’un dispositif sécuritaire massif (en vue de rejeter tout banni soucieux de rentrer dans le rang), le cynisme politique ("Nous lutterons contre la fracture sociale" - 1995 - France), l’accentuation des rapports conflictuels entre les personnes (Pour payer son loyer et remplir son frigo, il faut, face à un marché du travail détruit, écraser son collègue ou partir), l’émergence d’un fascisme nouveau, une approche nationaliste des collectifs (Les propos racistes et communautaires s’imposent aussi dans des structures associatives et politiques de gauche), un mutisme ignoble des élites intellectuelles, etc. J’entends des salariés (s’imaginant à l’abri du chômage et de la chute sociale) me dire : "Mais t’es pessimiste toi ! Tu vois tout en noir et tu exagères tout. C’est vrai qu’il y a des problèmes, mais pas à ce point-là." 26 L’égoïsme des classes moyennes est sans doute le facteur de dégradation morale le plus inquiétant. Tandis que nombre de salariés aux revenus convenables vivent normalement et consomment, des milliers d’autres tombent comme des mouches sur le pas de leurs portes. Ils les voient, mais refusent de penser qu’ils jouent un rôle dans cette dégradation. Des plus de 7 millions de français qui souffrent de la précarité économique, sociale et psychologique, un très grand nombre meurt sans avoir jamais rien réalisé. Les membres de la classe moyenne, soucieux de préserver leur niveau de vie et angoissés à l’idée de devenir à leur tour les parias de ce monde, ne jouent jamais le rôle qu’ils devraient avoir. Ils votent pour ces grands partis qui ont entraîné le monde dans ce contraire-de-vie, ils contestent l’honnêteté, la fierté et la force des plus pauvres. Ils sont favorables à la pérennisation de ce système économique (en attendant mieux ?)... Je sais, il ne faut pas toucher aux classes moyennes... Et pourtant. Tout le monde connait les remèdes, mais aucun des privilégiés qui nous dirigent ne souhaitent les appliquer. 27 Il est évident que les hommes et femmes politiques ne veulent pas remettre en cause leur niveau de vie. Ils veulent le beurre, l’argent du beurre, la crémière, le mari de la crémière et pas leurs gosses. Ce qui sauvera finalement beaucoup de gens et leurs descendants, c’est finalement la dégradation massive des existences de la majorité. Les mouvements sociaux grandissent. Les luttes et les correspondances entre sceptiques, militants et déçus du système s’accélèrent... Nous entendons souvent parler de radicaux, d’extrémistes, etc. Ce mensonge odieux est le meilleur moyen de grandir le bannissement de ceux qui ont compris que ce système n’est au service que de ceux qui en profitent pleinement. Nous sommes à la fin d’une époque. Les partis dirigeants sont discrédités par la masse des gens qui souffrent. La meilleure façon de ne pas être absorbé, c’est la lutte sous toutes ses formes. Et plutôt que de subir un bannissement, il est préférable de refuser catégoriquement de pénétrer pleinement dans ce système. Pour ça, il est nécessaire de mettre aux oubliettes, ses rêves de maison, de voiture et de vacances au soleil. Mais en échange, chacun vivra peut-être plus paisiblement 28 dans "l’en-soi" et se suffira de la vie en toute humanité... Nous en passerons, hélas, par une phase violente de changement. 29 DU CHOMAGE, DU SARKO ET DE LA GUERRE CIVILE Bluffé. J'ai été bluffé par la capacité de Sarko à embrouiller les esprits... Véritable cochon féroce, il se pointe à CharlevilleMézières, non loin des usines ThoméGénot, fermées très récemment... Je pense à ces ouvriers qui, aujourd'hui, ont l'obligation de pointer à l'ANPE, justifier leurs Assedic ou encore assurer des missions d'Intérim au Cora de VillersSemeuse... "La France qui travaille, pas celle qui brûle des voitures... La France qui ne se plaint pas... La France qui ne bloque pas les transports en commun..." Ces mots résonnent dans ma tête. Sarko, ce chiard éructant à tout va, celui-là même qui a fait savater les ouvriers de ThoméGénot avec ses sans cervelles de CRS, vient se plonger dans ce trou et y desservir sa verve infecte... L'homme n'a peur de rien. Il promet dans tous les sens. Il affirme qu'il sauvera la France, qu'il permettra à tous les français d'avoir un logement, qu'il inventera le plein emploi, qu'il déglinguera tous ces salauds de pauvres gueulards de cité, ces "soushommes" trafiquants, mal élevés, bref, d'origine africaine... Il alourdit la note. Il banalise complètement les idées fascistes. Il préfère mener la France à l'agonie 30 psychique collective, voir civile pour REUSSIR... à la guerre Je les vois moi les ardennais au chômage qui, pour plus d'un tiers d'entre eux, pensent que tout ça est du "aux bougnoules et aux négros"... Sarko parle à ceux-là et embrigade les autres qui aurait des doutes: "C'est bien de lever les français les uns contre les autres! C'est sublime comme projet politique!" Mais rappelons simplement ce qu'il souhaite promouvoir le Sarko: un ultra libéralisme à l'américaine, une politique anti-terroriste se rapprochant violemment d'une politique anti-arabes, une lutte insensée contre le service public, contre l'école de la République, contre la séparation des pouvoirs... Et rien n'y fera, les mains tendues aux plus gauchistes des lepénistes (c'est à dire ces anciens communistes désabusés et racistes) sont des mensonges, des crachats balancés à la gueule du Peuple pour la seule réussite d'un revanchard gueulard, arrogant, prétentieux et complètement con... Je lis une biographie sur Adolf Hitler en ce moment, celle écrite par Ian Kershaw... Loin d'être ce type, Sarko en a les traits 31 d'humeur. Il gesticule, harangue les foules, ment, jette de l'huile sur le feu, et entraîne, avec lui, tout un pays dans sa fureur mégalomaniaque. Il n'est doué que de haine. Pendant ce temps-là, au bar-tabac, les chômeurs ont les yeux fixés sur l'écran du Rapido. L'air est gris de fumée de cigarettes, et une odeur de bière plane... Les conversations sur la question vont bon train. Plus personne ne sait quoi penser... "Après tout, Sarko, c'est pas si mal. Il remettra peut-être la France sur pieds et mettra tout ce bordel dehors." 32 DU CHOMAGE… CERTAINS JOURS, LA CHINE ME TERRIFIE PLUS QUE LA NUIT CHEZ MEME Tu vois, c'est con, mais hier je regardais un truc sur un pont gigantesque construit en Chine, à Shangaï. Et je n'ai pas tenu plus de 10 minutes parce que ça m'a fait peur. Pourtant, je ne suis pas un de ces beaufs français qui flippent du "niaques". Non absolument pas. Mais comme tu l'as dit, j'ai flippé de ce que la Chine a fait du Capitalisme: un régime totalitaire au service du libéralisme le plus sauvage. Si ça, ça n'est pas la chose la plus affreuse à laquelle nous sommes confrontés! Je pense que, finalement, c'est encore plus terrifiant que l'Allemagne Nazie. Entre ma peur de choper un cancer et celle d'être le microbe d'une Chine économiquement cannibale, je me dis qu'il serait préférable de ramener l'espérance de vie à 42 ans pour ne pas tomber dans une dépression totale. On s'est tellement fourvoyés dans cette histoire. On a tellement abusé de notre suprématie ultraviolentes et injustes, que je ne parviens toujours pas à me mettre dans la position de l'humilié, le rien-du-tout, l'Africain quoi... Je m'y refuse. 33 L'arrogance, la prétention, et une certaine sensation de supériorité sont imprimés en moi. C'est culturel, inscrit dans les programmes scolaires, dans le discours des parents, dans le monde du travail... Et pourtant tout s'écroule, très très vite. Pendant ce temps-là, cher citoyen libre, le charisme culturel français s'étiole, s'effiloche, se réduit comme une peau de chagrin. Nous sommes de lamentables microbes. Et plus nous sommes sombres, pessimistes, plus cette civilisation du mérite capitaliste nous enferme dans notre médiocrité. Je suis trop lâche pour me flinguer. Je suis trop chétif pour faire la guerre. Je suis trop paresseux pour apprendre le chinois. Il ne me reste donc rien... Peutêtre émigrer... Devenir l'immigré d'un autre pays... Le reconduit à la frontière. Le sans-papiers. Le regardéde-travers. Le délinquant potentiel. Le destructeur potentiel de culture locale... Mais il y a la Sibérie et la fonte du pergélisol, toutes ces terres fertiles, ce climat tempéré futur, ces russes pour pas chers... Il y a ces expéditions sur Mars. Des années passées dans une bulle transparente à regarder un ciel rouge cauchemardesque. Des vomissements permanents. 34 Mais il y a Dieu, là-bas, un peu plus, loin, caché derrière une super Nova. L'oeil coquin. Prompt à la réflexion de mauvais goût: "Fallait pas la croquer la pomme ducon." Mais il y a ce terrain aride, acheté pas très cher, où, en tant que gourou charismatique, je permets une culture bio et une approche malthusianiste de l'existence... Mes adeptes bien maigres. Bien hagards. Bien lascifs dans mon lit. Je suis ce que l'on peut appeler, un mec paumé. 35 DU CHOMAGE, DU CYNISME, DE LA CRAINTE ET DE L'EVIDENCE Putain ! Je me suis bien marré, « jaunement j'avoue », parce que je m'y suis retrouvé dans ton ressenti, Andy. Y a matière à flipper grassement dans son froc ! c'est clair ! D'ailleurs, l'espace d'un instant je me suis vu en train de me faire fouetter le cul à grands coups de Nem Royal par une bande d'ouvriers_libéraux Asiatiques : « Méchant petit français, on va t'en donner du Capitalisme dans ton p'tit cul biactolé, NiiiiAAA ! » . En fait, tu vois, moi hier, je me suis laissé aller fragilement à mater un reportage sur M6 (les condescendants thermomètres sociaux du PAF). Un de ces reportages « qui te fait aimer l'espace d'un instant, ton canapé pourri que t'hésite parfois à changer, par effet de mode ». On y voyait en 16/9 et en stéréo les effets pervers de la précarité dans 36 notre pays. C'était un truc sur le « peuple/décharge» vivant aux abords du périphérique parisien. Dégueulasse et émouvant. _ Et bien je me suis dit l'espace d'une minute, que c'est pas qu'un mythe « la merde »_ Et ça pend au nez d'un paquet de gonze, si tu fais pas un peu gaffe à tes réelles capacités d'adaptation à l'ambiance capitaliste exfoliante. Pour si peu qu'en plus tu ais un penchant pour le laisser-aller anisé, et la mélancolie, tu peux finir en moins de deux à dormir dans des sacs en plastique, le cul et la gueule défoncés par l'indifférence et la dalle (quand c'est pas par tes nouveaux potes aux mains gonflés par le froid). J'ai frémi à l'idée que ma femme pourrait, un jour, me foutre à la porte pour une vulgaire histoire d'adultère (ben quoi, j'y peux rien si elle a insisté pour me sucer la stagiaire merde, je sais pas dire non moi, tu le sais comme je suis faible toi putain!). 37 J'aurais l'air de quoi moi et mon sac de fringue, comme un con sur le trottoir, une photo de ma fille dans la poche, ma CB et mes 300 euro d'économie qui partirai aussi sec dans l'alcool et la défonce, mon portable et ma liste vide d'amis. Saurais-je me démerder ? Je ne crois pas trop. Juste le temps de 300 euro, quoi ! Bref, cette projection de schéma (tellement palpable), m'a laissé légèrement anxieux quand à la modification pernicieuse de la sphère capitalistique et de ses conséquences sur ma vie, mon confort et ma tronche de pucelle laiteuse (on pense toujours à sa gueule quand on flippe, c'est très con). Mais que veux-tu, comme tu le dis, y a plus rien à dire, on l'a eu notre part du gâteau (en même temps on était peu nombreux à avoir la recette). On a rien anticipé. Que dalle ! On n'a fait que tourner autour de son propre 38 cul, sans se méfier de « l'émergence »_ et du tonnerre « marchand » qui grondait a des milliers de miles de son petit quotidien de baltringue. Comme des gros cons, on a bien consommé, on a bien bouffé, on s'est bien défoncé, on a bien baisé sans capote, on a bien gueulé pour bosser moins, on a bien pleuré dans la rue pour gagner plus, on a bien branlé sur les bancs de l'école, on a bien paressé, bien philosophé, bien sucé notre histoire « la putain de fierté hypocrite », parallèlement on a bien fait les enculés de puissances dominantes, sans analyser une seule seconde « l'effet papillon » et le revers « smashé » de nos actes aveuglés. Bref, moi j'ai pas été éduqué à anticiper (je crois qu'on a le même age vieux, il me semble, et on a du être impacter grosso_modo par les mêmes valeurs, peut-être _ le genre « j'avance, je prends, je suis pas un enculé, mais je me fais plaisir, j'aime pas tout le monde, mais le 39 monde est petit, je suis un peu révolté, mais c'est normal, je suis un Occidental, j'aime pas trop les normes mais je fais pas trop avancer les choses_ etc. ! ? »). Alors ouais je suis mal ! Je suis mal parce que je sens bien que les choses partent en couille, que ça va bientôt être fini le temps à papa, les acquis sociaux, la gauche, les allocations, le gratuit, la pseudosolidarité sociale, la pseudo-tranquillité dans son studio subventionné. Je suis mal parce que je prends conscience de manière violente, que je risque de pas suivre, et je commence à flipper parce que je me rends compte que j'ai pas la culture de la gagne, que j'ai pas les bons diplômes, que j'ai pas trop de pognon pour spéculer et surfer sur le putain de CAPITAL, que j'ai pas les armes pour m'expatrier et sucer la bite aux nouveaux noyaux durs de l'économie, que j'ai pas la trempe de faire partie de l'intelligentsia 40 marchande, que j'ai pas la foi dans le pognon, que j'ai pas l'énergie, ni l'insouciance, ni l'adaptabilité d'un mec de 20 piges, que j'ai plus le goût à l'effort et la remise en question. Et je me réfugie dans le cynisme, la crainte, l'évidence_ et j'attends la sentence. Et j'attends que tout ça se termine vite, sans souffrir .Putain ! C'est pathétique, je me sens pathétique, parce que faible et spectateur. Alors que le spectacle c'est moi. J'aurais du, j'aurais pu et j'ai gâché, paresseusement, indifférent et débonnaire, un pseudo potentiel qui m'aurait permis d'anticiper. Au contraire, j'en suis à me chier dessus, en matant la TV. Fais chier, en plus je crée rien d'autre, qu'un misérable petit profit pour l'entreprise qui m'emploie. J'ai plus envie de bosser pour des chiffres et des valeurs boursières, j'ai plus envie de cette 41 prostration/sidération, et je me perd en nostalgie et divagations, j'ai commis un enfant, déboussolé, comme pour détourner mon attention, Obscène, c'est terrifiant_ j'ai créé une douleur de plus, la sienne à venir et la mienne à contenir. J'ai en plus mal pour une chair autre que moi ! Une chair à capitaliser _ouais..Mon amour HH 42 Ces textes (à l’exception de celui de HH) ont été publiés sur le site Internet de DI2 et de Franca Maï : http://www.e-torpedo.net Ainsi que sur le site des éditions du Mort-QuiTrompe : http://le-mort-qui-trompe.fr Ensemble des textes Andy Verol et HH: http://andy-verol.blogg.org Textes format papier : Baise de Rue (Ecrit avec Arturo B, Lucie Ferraille, fol lol, Verge et Vidal) Mon Usine Roman en pdf (participation financière libre) : Steady Bicycle Of France, l’histoire des derniers Cowboys français… 43