Boire un café avec une amie, ça aide vraiment

Transcription

Boire un café avec une amie, ça aide vraiment
“Boire un café avec une amie, ça aide vraiment” Si Mariette était votre meilleure amie, vous feriez beaucoup de jaloux. Vous profiteriez des histoires qu’elle vous raconterait. Mariette est une belle personne. La vie ne l’a pourtant jamais épargnée. Elle a perdu son mari beaucoup trop tôt. Depuis, elle mène sans cesse un combat inégal contre la pauvreté. Chaque jour, son cœur généreux lui donne la volonté de continuer. “Boire un café avec une amie, ça aide vraiment.” Mariette a presque 75 ans. Elle a passé sa jeunesse dans une ferme du Brabant flamand. Comme elle le dit elle-­‐même, elle est une fille de la campagne. Mais elle a suivi son mari en ville, où ses sept enfants ont grandi. Mariette parle comme un ketje, en mélangeant complètement sa langue maternelle, le néerlandais, au français qu’elle parle avec ses enfants. Et ce qui la rend tellement belle aussi : Mariette ne ressent pas de jalousie. “Il y a de superbes maisons dans le quartier du Westland Shopping à Anderlecht. Je vais souvent me promener là-­‐bas pour passer un bon moment. C’est magnifique de voir les jardins bien entretenus par les propriétaires, les pelouses tondues. A Noël, j’admire les décorations féeriques, ça me rend heureuse.” Pourtant, si quelqu’un a des raisons d’être malheureuse et jalouse, c’est bien Mariette. Du café et de bonnes amies Une pension d’un peu plus de 1000 €, un loyer de 680 € et un tas de frais fixes. En fait, il ne reste jamais rien à Mariette pour pouvoir se gâter elle-­‐même. Elle est très contente de pouvoir se rendre une fois par mois à la Banque Alimentaire, le colli comme on dit dans la région bruxelloise. “Des légumes frais, un morceau de viande, mais aussi du café, du lait et du sucre. C’est ce que je vais y chercher chaque mois. Parfois, il y a une surprise. Un petit paquet de saumon fumé par exemple. Je le mange avec ma fille. C’est un peu la fête.” Et ce qui importe peut-­‐être encore plus pour Mariette, c’est la tasse de café qu’elle y boit avec des amies. Qui sont devenues des amies de cœur entre-­‐temps, qu’elle peut écouter et à qui elle peut se confier. L’une d’elle est décédée il y a peu. Mariette tremble de tout son corps. Elle essuie une larme. “Cela m’a très fort touchée. Je ne peux vraiment pas y penser… Je suis restée au lit pendant deux jours. Puis j’ai rassemblé mon courage. Une véritable amie. Nous allions promener le chien et nous nous installions sur un banc. Il nous arrivait de pleurer ensemble, il nous arrivait de rire ensemble. Cela faisait toujours tellement de bien. Je l’ai encore vue la veille de sa mort… On avait bu une tasse de café ensemble.” Un long silence suit. La douleur l’envahit. Après une bonne gorgée de café, elle parvient à se reprendre. “C’est bon, ça aide”. Puis elle rit à travers ses larmes. Le café réconforte. Comme une bonne conversation. Mariette confie aussi ses secrets intimes à ses animaux, ça l’aide à meubler sa solitude. Elle essaie de décrire ce que ça signifie pour elle, être seule. “C’est attendre quelque chose…. quelque chose qui ne vient jamais.” Oublier tout le stress Et pourtant. Pourtant Mariette caresse de grands rêves et de petits souhaits. Un rêve lointain, inaccessible, est de gagner au Lotto. Même alors, une maman affectueuse pense d’abord à ses enfants. “Je paierais toutes les factures des enfants qui ont du mal à joindre les deux bouts. Je remplirais leur réfrigérateur et leur armoire à provisions de nourriture. Peut-­‐être que je paierais quelques mois de loyer à l‘avance. Pour enlever tout le stress.” Et elle caresse aussi toujours ce petit souhait. Elle fête son 75e anniversaire juste avant les fêtes. Mais avec qui ? “Goh, mes enfants me réserveront sans doute une surprise. Mais ce serait magnifique si un ami venait sonner à l’improviste et m’invitait à aller manger. J’en rêve parfois.” Puis elle ajoute avec un clin d’œil coquin. “Pas besoin que ça soit un prince, hé. Un homme plus âgé avec une canne, c’est bien aussi !” Un rire et une larme, voilà Mariette. Et plus encore que d’un bon repas, Mariette se délecte de préférence d’une conversation chaleureuse autour d’une tasse de café fumante. “Je trouve que c’est quelque chose de très naturel. Quand ma petite-­‐fille a accouché, la première chose que nous avons faite, c’est boire une tasse de café pour nous remettre des émotions. Pour moi, ça fait vraiment partie de la vie.”