Fiche du film

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Fiche du film
Fiche n° 1320
Du 4 au 10 novembre 2015
De Asif KAPADIA
avec Amy WINEHOUSE, Mark RONSON
Sortie le 8 juillet 2015 - 2H 07 – Etat Unis
Dotée d’un talent unique au sein de sa génération, Amy Winehouse a
immédiatement capté l’attention du monde entier. Authentique artiste jazz, elle
se servait de ses dons pour l’écriture et l’interprétation afin d’analyser ses
propres failles. Cette combinaison de sincérité à l’état brut et de talent ont
donné vie à certaines des chansons les plus populaires de notre époque. Mais
l’attention permanente des médias et une vie personnelle compliquée associées
au succès planétaire et un mode de vie instable ont fait de la vie d’Amy
Winehouse un château de cartes à l’équilibre précaire. Le grand public a
célébré son immense succès tout en jugeant à la hâte ses faiblesses. Ce talent si
salvateur pour elle a fini par être la cause même de sa chute. Avec les propres
mots d’Amy Winehouse et des images inédites, Asif Kapadia nous raconte
l’histoire de cette incroyable artiste, récompensée par six Grammy Awards.
Amy Winehouse est morte à 27 ans, au pic de sa jeunesse, comme Brian Jones, Jimi Hendrix, Jim Morrison et Janis
Joplin. La disparition de ces idoles rock, à la fin des années 1960, avait donné prise aux fantasmes et aux légendes
les plus folles. Quarante ans plus tard, peu de zones d'ombre demeurent autour de la mort de la diva soul
londonienne : les images pullulent et s'échangent à flux continu sur la Toile. La caméra suivait déjà la chanteuse
bien avant ses premiers enregistrements, quand elle sortait de l'enfance et prenait des poses de princesse sexy pour
chanter Happy Birthday à une copine. Elle ne l'a pas quittée, jusqu'au zoom final sur son cadavre roulé dans un
drap, disséminé sur les écrans du monde entier.
Amy Winehouse est l'une des premières icônes filmées partout et par tout le monde, de sa naissance (ou presque) à
sa mort au coeur de l'été 2011. En piochant dans ce foisonnement de séquences, le cinéaste britannique d'origine
indienne Asif Kapadia tisse une chronique dérangeante et triste à pleurer, qui met en lumière, avec une crudité rare,
la foire aux célébrités brûlant une jeune femme en peu d'années.
Remarqué pour son film sur Ayrton Senna, Asif Kapadia est un documentariste accrocheur. Amy regorge d'images
saisissantes, d'autant plus inédites qu'elles ont été filmées dans l'intimité de la chanteuse. Tous ses proches (même
ceux qui dénoncent le film aujourd'hui) sont de la partie et livrent leur témoignage en voix off. On se demande
quels pactes diaboliques furent scellés pour qu'il nous soit permis de voir la fille d'East Finchley, un quartier du
nord de Londres, voguer d'appartements en chambres d'hôtel, d'auditions en coulisses, de cuite en cuite et
d'amoureux en amoureux. Jusqu'aux centres de désintoxication, filmés de l'intérieur par Blake, le beau gosse de
Camden avec qui elle a abordé le versant dur de la drogue (crack et héroïne) et pour qui elle était prête à se damner
(« Je ferai tout comme toi »). Le pic de la déprime est atteint quand son ange noir, qui maigrit et se décompose au
fil de l'histoire, demande à sa douce de chanter, rien que pour lui, dans la chambre de la clinique, une version
ultime de Rehab — le tube d'Amy Winehouse sur la dépendance.
Tous ces documents ont pour effet de nous river à l'écran, sans qu'on en soit fier pour autant. Leur vertu est de nous
faire communiquer, comme rarement, avec la musique et ses sources. Les différents complices de la chanteuse
livrent leurs secrets : les bandes fantastiques d'une première audition dans les bureaux d'une maison de disques, ou
celles de l'enregistrement de l'album Back to black dans un studio de New York. Amy Winehouse se remet très mal
d'une rupture avec son chéri toxique et lui écrit chanson sur chanson. L'instant poignant où elle chante le morceau
Back to black, qu'elle vient d'écrire sur le coin d'une table, a peu d'équivalents dans l'histoire du documentaire rock.
Mais le film se détourne de la musique à mi-parcours. Pour ne s'intéresser qu'aux ravages de la célébrité. La
chanteuse n'arrive plus à composer. Elle est traquée, espionnée, bousculée par la presse tabloïd. Elle dépérit mais
doit alimenter le business qui tourne à pleins tubes. Son père l'emmène se reposer sur une île mais invite une équipe
de télé-réalité. « Papa, si c'est de l'argent que tu veux, je t'en donne... », lui dit sa fille, excédée, devant les caméras.
Ensuite, rideau. Son coeur lâche. Le nôtre avec. — Laurent Rigoulet
En retraçant la confection de l’album Back to Black aux 11 millions d’exemplaires vendus dans le monde, et en
partageant la vision d’Amy Winehouse sur sa vie, sa célébrité et ses relations personnelles, y compris avec son
mari Blake Fielder-Civil, le documentaire livre un portrait complet, d’une incroyable profondeur et d’une grande
sincérité. Car ce film d’amour, déclaration pleine de respect d’un réalisateur impartial, livre des témoignages et
des images inédites qui parlent d’elles-mêmes. C’est ce qui rend ce documentaire si singulier : l’opinion du public
n’est jamais orientée. Le spectateur n’a qu’à profiter des documents d’archives, des images intimes et des
témoignages des proches de la chanteuse, de son mari, de ses ex, mais aussi de ses parents. Le travail de montage
joue un rôle essentiel : Chris King a réalisé une œuvre magnifique, influencée notamment par l’approche musicale
du cinéma bollywoodien ; les chansons et leurs paroles sont la colonne vertébrale du film, alors que les entretiens
structurent la narration. - L’émotion des intervenants, palpable à travers leurs voix, ne fait que renforcer le
dispositif visuel. Ainsi, aucune des protagonistes interviewés n’est visible à l’écran. Seule la vérité profonde de
l’artiste a de l’importance, Amy Winehouse est donc de tous les plans. Le spectateur se laisse ainsi happé par les
images, transporté dans l’univers singulier d’une artiste unique. Les documents amateurs offrent au film une
authenticité incomparable. L’image n’est certes pas parfaite, mais la mosaïque audiovisuelle apporte au film une
grande fluidité et met encore plus l’accent sur l’artiste. Dans ce film où l’émotion est forcément au rendez-vous,
chaque spectateur aura envie de retenir Amy Winehouse et de la sauver de la pente descendante qui l’a conduite à
la mort, il reste avant tout son génie, son sourire, sa démarche cathartique dans chacun de ses titres... En situant
l’artiste dans son époque, Amy ne cache rien de ses pathologies sous-jacentes, de ses souffrances et des joies d’une
jeune femme qui est devenue, bien malgré elle, un phénomène de société. Le bon équilibre est toutefois trouvé,
entre ses chansons, ses joies et les épreuves qui l’ont fragilisée. Le film témoigne de la vérité profonde de l’artiste,
sans gâcher le propos par un jugement quelconque, qui serait mal placé. -Critiques A voir, à lireSecret de tournage sur Amy :
La musique : un exutoire
Au travers de leurs recherches sur Amy Winehouse, l'équipe du film a réalisé à quel point ses textes pouvaient
raisonner sur le plan personnel. Elle se servait sans doute de son répertoire pour se libérer, tel un exutoire ou une
catharsis. Asif Kapadia confie : "Je me suis dit qu’il nous fallait décrypter ces paroles. Pour moi, son écriture est
devenue une véritable révélation. Tout le monde était au courant qu’elle savait chanter, mais les gens ignoraient
peut-être qu’elle écrivait aussi bien. Elle composait également la musique. Elle était un auteur complet."
Contrairement aux apparences, Asif Kapadia n'a jamais rencontré Amy Winehouse. Ce n'était ni un grand fan de
sa musique, ni un connaisseur de sa vie privée, largement éventée par les tabloïds. Il a tout appris en faisant le
documentaire. Comme quoi, parfois, il n'est pas nécessaire d'être fan pour raconter au mieux l'histoire d'une star.
Tempérance de rigueur
Ce n'est pas la première fois qu'Asif Kapadia se retrouve au festival de Cannes. Bien qu'il n'ait pas remporté de
prix à l'époque, il se félicite d'être de retour avec Amy. Il reste très heureux de cette sélection, car pour lui, Amy
Winehouse, en plus d'être une grande star, mérite cette récompense.
La semaine prochaine du
4 au 10 novembre