En Suisse, l`aide au suicide plutôt que l`euthanasie
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En Suisse, l`aide au suicide plutôt que l`euthanasie
En Suisse, l'aide au suicide plutôt que l'euthanasie http://www.rts.ch/emissions/temps-present/sante/2867405-dignitasla-mort-sur-ordonnance.html http://www.francetvinfo.fr/en-suisse-l-aide-au-suicide-plutot-que-leuthanasie_154365.html http://www.exit-geneve.ch/matin_842012.htm C’est une pratique en constante augmentation. Près de 300 personnes ont eu recours à une assistance au suicide en 2009, selon les récents chiffres de l’Office fédéral de la statistique. Pour ceux qui ont fait ce choix, la vie s’arrête après l’absorption d’une solution médicamenteuse «au mauvais goût d’apéritif à l’orange», comme le décrit le Dr Jérôme Sobel, président d’Exit pour la Suisse romande. En Suisse et dans les pays européens qui autorisent le suicide assisté, cette potion est constituée de pentobarbital sodique (15 grammes) Avant d’être un poison, cette substance est un médicament de la classe des barbituriques, connus pour leur action somnifère, mais qui ont également des indications antiépileptiques ou anesthésiques selon les dosages. Très répandus au milieu du siècle dernier, les barbituriques ont partiellement été abandonnés au profit de substances plus maniables et plus sûres. Comme l’explique Nicolas Schaad, pharmacien responsable de la Pharmacie inter-hospitalière de la Côte : «Leur usage est risqué en raison de leur fenêtre thérapeutique très étroite. Autrement dit, une légère augmentation de la dose peut se traduire par des effets nocifs, parfois très graves. De plus, ils occasionnent de l’accoutumance et de nombreuses interactions. Aussi, avec le temps, les doses doivent être toujours plus grandes pour obtenir les mêmes effets.» La présence d’un tiers En revanche, le pentobarbital est jugé efficace pour provoquer la mort. «On le préfère à un cocktail de médicaments dont les effets pourraient être aléatoires et se neutraliser entre eux», précise Jérôme Sobel. Comment agit-il sur l’organisme? C’est un dépresseur du système nerveux central. Il a la capacité de réduire les activités automatiques des systèmes cardio-vasculaires et respiratoires. A faible dose, il abaisse la vigilance et rend somnolent. A une dose plus importante, il provoque un sommeil profond, puis le coma. Lorsque la dose est très élevée, la personne cesse de respirer, puis son cœur s’arrête. Concrètement, la personne résolue à mourir ne doit rien avaler durant les six heures qui précèdent la prise du pentobarbital et prendre un antivomitif. La présence d’un accompagnateur bénévole, qui ne quittera les lieux qu’après la levée du corps, est incontournable. «Comme pour une anesthésie, il faut être très rigoureux. On n’a pas le droit à l’échec. D’ailleurs, aucun ratage n’a été déploré jusqu’ici», assure le docteur Sobel. Le moment venu, la personne boit le poison, pour autant que son état physique le lui permette. Si elle ne peut pas avaler, en raison d’une maladie neurologique par exemple, elle s’injecte elle-même le produit dans une sonde gastrique ou une perfusion intraveineuse. C’est en effet toujours à elle d’accomplir le geste fatal pour que le suicide assisté soit légalement valable. «La personne s’endort tranquillement, sans souffrir, dans les cinq minutes, reprend Jérôme Sobel. La mort causée par un arrêt cardio-respiratoire survient généralement dans les vingt minutes.» Pour répondre à la détermination dont font preuve les candidats au suicide assisté, la mort se doit d’être certaine. Les conditions fixées par Exit sont strictes et les précautions prises très grandes. La dose contenue dans la potion est cinq fois mortelle; même si l’intéressé n’en boit que la moitié, il lui serait très difficile d’en réchapper. «Fruit d’un long parcours, une telle décision sonne souvent comme une délivrance», poursuit-il. Pour autant, «on n’est pas au pays des Bisounours, relève le Dr Serge Félix, médecin-chef adjoint au Centre de Traitements et de Réadaptation de l’Hôpital Riviera Chablais et référent médical en soins palliatifs. Les études montrent que les demandes d’aide au suicide sont associées à des facteurs comme la douleur, la souffrance psychologique, la perte d’espoir, la crainte de la perte d’autonomie, le manque de soutien social ou la détresse existentielle, etc. Une réalité qui reflète toute la complexité de la prise en charge des patients en fin de vie.» «L’euthanasie active est punissable» Quelle différence la loi fait-elle entre euthanasie et suicide assisté ? On parle d’euthanasie «active» lorsqu’une tierce personne, par son geste, met fin à la vie d’un patient. Dans l’assistance au suicide en revanche, c’est le patient lui-même qui exécute le geste qui met fin à ses jours. Dans les faits, ces deux situations peuvent revêtir des réalités quasi semblables, mais leur traitement juridique est fort différent. Sur le plan pénal, l’euthanasie active est assimilée à une forme de meurtre et est punissable d’une peine de privation de liberté de trois ans au plus, tandis que le suicide assisté n’est condamnable que si le tiers est mû par des mobiles égoïstes. La loi fixe-t-elle des conditions pour le suicide assisté ? Non. Contrairement au droit belge, luxembourgeois ou néerlandais, le droit suisse ne fixe aucune condition, si ce n’est que celui qui aide une personne à mourir doit agir sans mobile égoïste. Implicitement, la loi exige toutefois que celui qui désire mourir soit capable de discernement. En revanche, la loi ne se préoccupe pas de savoir quelle aide est apportée, si elle est donnée par un médecin, si la personne est proche de la mort ou simplement fatiguée de vivre, ni même de son âge. Dans les faits, il y a prise de pentobarbital sodique. Or, pour qu’un médecin puisse prescrire ce stupéfiant de manière licite, il doit s’assurer que le patient émet une volonté sérieuse, claire et répétée de mourir, qu’il est dans un processus de fin de vie et souffre d’une maladie incurable, selon un arrêt du Tribunal fédéral de 2007. Est-ce que d’autres méthodes sont envisageables légalement ? Oui, puisque la loi ne dit rien à ce sujet. On peut tout imaginer, pour autant que la personne accomplisse elle-même le geste qui met fin à ses jours. Dans son reportage, la TSR filme la prise de ce produit par Michèle Causse, la Française qui fait le choix de se suicider avec l'aide de Dignitas. Allongée sur un lit, elle ingurgite le pentobarbital dilué dans un verre d'eau tiède. En trente secondes environ, ses paupières se ferment. Son cœur cesse de battre à peine deux minutes plus tard, sans spasmes. En Suisse, l'aide au suicide plutôt que l'euthanasie Mis à jour le 18/12/2012 | 15:16 , publié le 18/12/2012 | 15:16 C'est dans cette maison située dans la banlieue de Zurich (Suisse) que l'association Dignitas pratique le suicide assisté. (SEBASTIAN DERUNGS / AFP) EUTHANASIE - La maison bleue ne désemplit pas. Depuis plus de dix ans, l'association Dignitas, basée à Zurich (Suisse), propose d'aider à se suicider les personnes qui le souhaitent. La Suisse n'autorise pourtant pas l'euthanasie. Mais avec le suicide assisté, elle propose une autre voie. Et reste l'un des seuls pays d'Europe à autoriser une telle"prestation", pour reprendre la terminologie de l'association. Comment se déroule ce service de l'extrême ? Francetv info s'est penché sur la question. Adhérer pour avoir droit au suicide assisté Le Code pénal suisse autorise l'assistance au suicide, à condition que celle-ci ne soit pas motivée par un "mobile égoïste". L'assistance au suicide (ou suicide assisté) se distingue de l'euthanasie car elle désigne le fait de fournir à une personne les moyens de se suicider. La mort n'est donc pas déclenchée par un tiers, mais par le patient luimême. Deux grandes associations proposent d'aider ces personnes déterminées. Exit, qui ne s'adresse qu'aux Suisses, et Dignitas, qui accueille aussi des étrangers. Cette dernière est membre de la Fédération mondiale des associations pour le droit à mourir, dont fait également partie l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), principale association française pro-euthanasie et pro-suicide assisté. Pour bénéficier des prestations de Dignitas, il faut auparavant adhérer à l'association. Si celle-ci reçoit principalement des personnes atteintes de maladies incurables, son fondateur controversé, l'avocat Ludwig Minelli, revendique le droit à un accompagnement élargi. Seule condition : "Avoir une maladie." Une définition floue qui va donc au-delà de l'euthanasie telle qu'elle est pratiquée en Suisse. Une Française filmée par la TSR en 2011 s'est ainsi suicidée avec l'aide de Dignitas alors qu'elle était encore valide et s'exprimait sans difficulté. L'avocat suisse Ludwig Minelli, fondateur de Dignitas, pose devant les dossiers des adhérents de son association. (REX FEATURES / SIPA) Le nombre annuel de suicides assistés est en croissance constante. Près de 300 personnes résidant en Suisse ont eu recours à l'assistance au suicide en 2009, selon des chiffres publiés par l'Office fédéral de la statistique, ainsi qu'une vingtaine de Français. Depuis 1998, date des premières données sur la question, environ 1 500 personnes ont été "accompagnées". Une procédure rapide et très détaillée "Nous mettons en avant un principe : être aussi rapidement et simplement que possible aux côtés d'une personne qui recherche de l'aide", indique l'association (PDF). Entre l'adhésion et le suicide programmé, la procédure peut aller vite (une semaine tout au plus). "La raison est évidente : si nous devions appliquer un délai de réflexion, nous serions totalement incapables d'aider dans les cas d'urgence, ce qui n'est pas acceptable d'un point de vue éthique." Après avoir fourni des documents médicaux, la personne s’entretient avec un médecin sur place. Celui-ci est seul habilité à prescrire l'ordonnance du produit qui servira à donner la mort. Un délai maximal de trois à quatre mois entre la prescription et l'assistance au suicide est demandé par les autorités. Dignitas assure qu'elle ne relance jamais les adhérents : à chaque étape, c'est à eux d'enclencher les démarches nécessaires. Bien entendu, jusqu'à la dernière seconde, la personne peut faire le choix de ne pas se suicider. "Fin juin 2011, le Conseil fédéral a décidé de ne pas réglementer de manière spécifique l'assistance organisée au suicide, rappelle le quotidien suisse Le Matin. La prévention du suicide demeure pour lui une priorité." Une substance létale aussi disponible en France Sur l'ordonnance prescrite par le médecin se trouve la mention "pentobarbital". C'est un barbiturique qui devient mortel à partir d'une certaine dose. Un accompagnateur, membre de Dignitas, est chargé d'aller se procurer ce produit à la pharmacie. En 2008, la Française Chantal Sébire, atteinte d'une tumeur au visage, s'est suicidée à Dijon avec ce produit, expliquait alors Libération.fr. En France, le pentobarbital est disponible mais exclusivement réservé à un usage vétérinaire. Dans son reportage, la TSR filme la prise de ce produit par Michèle Causse, la Française qui fait le choix de se suicider avec l'aide de Dignitas. Allongée sur un lit, elle ingurgite le pentobarbital dilué dans un verre d'eau tiède. En trente secondes environ, ses paupières se ferment. Son cœur cesse de battre à peine deux minutes plus tard, sans spasmes. Si la personne n'est pas en mesure de se donner elle-même la mort, l'association a défini très précisément la procédure, pour éviter toute poursuite juridique : "Il est admissible d'aider l'adhérent dans la mesure où cette aide n'entraîne pas l'absorption ou l'introduction du médicament dans le corps : il est donc permis de tenir le verre avec la paille, mais il ne l'est pas de faire basculer le verre afin que le liquide rentre dans la bouche." Compter 8 500 euros pour un suicide assisté En 2011, une assistance au suicide coûtait 10 500 francs suisses, soit 8 500 euros. Un prix élevé qui comprend les frais de crémation et de transport du corps, généralement demandés par l'entourage. Ludwig Minelli a-t-il profité de cette activité pour s'enrichir ? Plusieurs médias l'ont suggéré. Pour l'instant, malgré une enquête publique, aucune preuve allant dans ce sens n'a pu être apportée. Si besoin, assure-t-il à la TSR, "je serai en mesure de prouver mon innocence". Précision : contactée par francetv info, l'association Dignitas a refusé de répondre à nos questions. Ariane Nicolas