Lettre de la miniature n° 24 (mai 2014) - Lemoine

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Lettre de la miniature n° 24 (mai 2014) - Lemoine
La Lettre de la Miniature
N° 24. Mai 2014. Rédaction : ©Nathalie Lemoine-Bouchard. Tous droits réservés.
AGENDA
15 février au 18 mai 2014.
Exposition (rappel)
Le témoin méconnu,
Pierre Antoine Demachy,
Versailles
La première rétrospective
consacrée à cet artiste
membre de l’Académie se
termine au musée Lambinet
à Versailles. Le témoin
méconnu, Pierre Antoine
Demachy fut un
remarquable peintre de la
vie parisienne ainsi que de
ruines animées que l’on
compara en son temps à
celles de Pannini.
7 mai-18 mai 2014,
Salon d’antiquités
brocante de La Bastille,
Paris
La Galerie Lemoine-Bouchard
Fine Art expose stand 74 bis
sous le chapiteau une sélection
de belles miniatures, en
dialogue avec des dessins du
peintre surréaliste belge Marcel
Delmotte (1901-1984) dont elle
a acquis les archives d’atelier.
Jusqu’au 8 juin 2014
Le Musée des Arts
Décoratifs et le musée
Nissim de Camondo à Paris
mettent à l'honneur le
Vernis Martin avec une
exposition consacré à cette
laque qui fut utilisée au
XVIIIe siècle sur des
meubles mais aussi pour des
boîtes et tabatières.
Elle tire son nom des 4
frères Martin qui en firent la
renommée. On dit que le
miniaturiste de Lioux de
Savignac aurait un temps
travaillé avec eux.
ISSN 2114-8341
Vincent BERTRAND
(Paris, 1770 - mort après 1820).
Jeune homme aux cheveux poudrés
Miniature signée à droite
Diam. 6,2 cm, en médaillon.
(Lemoine-Bouchard Fine Arts)
Dans cette édition, 4 peintres en
miniature nouvellement répertoriés.
----Nos remerciements à Caroline Jorrand
pour sa participation à ce numéro.
La Lettre de la Miniature propose à chaque numéro un gros plan sur quelques
artistes, une miniature ou une collection ; l’actualité de Lemoine-Bouchard
Fine Arts (Galerie et Expertise) ; l’actualité de la Recherche et des musées.
N’hésitez pas à nous communiquer informations ou recherches en cours.
Bonne lecture!
Sommaire
p. 2 – Anecdotes
M. Alexandre en tournée à Rouen.
p. 3-5 - Peintre en miniature :
Qui se cache derrière la signature d’« O. Pollet » ? un mystère éclairci
par Caroline Jorrand et Nathalie Lemoine-Bouchard.
p. 6 et 10 - Peintres en miniature, le point sur :
p. 6. Hélène Formstecher (Paris, 1852 – après 1926 / vers 1930 ?)
p. 10 – PM Dambrin (actif en 1804-1820)
p. 7 – Peintres en miniature nouvellement répertoriés en France :
David-Antoine Artur de Hauterue (vers 1721- 1803) ; Aubert aîné ; Aubert
jeune, de Bordeaux ; Agalé de T… (voir p. 9).
p. 8-10 – Actualités de Lemoine-Bouchard Fine Arts :
- Galerie :
miniatures de Vincent Bertrand, B. Dufourcq, Adolphe de Labroue, Henri Pérès
(Perez), Speissegger, Aglaé de T…
- Expertise :
• une collection de miniatures chez Art Richelieu, hôtel Drouot, le 28 mai 2014, salle 2
•- vente en préparation chez Ader, hôtel Drouot, 25 juin 2014
Anecdotes : Alexandre en tournée à Rouen
Les tournées des peintres en province se font fréquentes à la fin du règne de Louis XVI. Les artistes
cherchent de nouveaux clients et se dirigent vers les villes prospères, proches de Paris, comme Rouen, les
ports et les villes de garnison, comme Bordeaux ou Brest. Ils logent généralement à l’hôtel et annoncent
leur arrivée dans les gazettes locales. Ces annonces sont une source formidable pour le chercheur et mises
bout à bout, permettent de suivre à la trace certains de ces artistes. Ici, c’est un M. Alexandre qui fait part
de son arrivée à Rouen en 1789. Il n’indique pas d’où il vient et ignore combien de temps il restera, cela
dépendra certainement des commandes reçues…
« M. Alexandre, peintre en miniature, est nouvellement arrivé dans cette ville, où il se
propose de faire quelque séjour. Les Amateurs qui voudront s'assurer de son talent pourront
avoir de ses ouvrages à l’Hôtel de Londres, où il demeure, rue des Charrettes, près du VieuxPalais. » (Journal de Rouen, 8 juillet 1789.
Peut-être s’agit de Louis Alexandre (Ecueil, Marne, 3
octobre 1759 - Reims, 25 juin 1827), cet excellent
artiste qui étudia à l’école de dessin de Reims puis à
l’école de l’Académie royale à Paris. Il fit un passage
dans l’atelier de François Dumont peu avant d’exposer
au Salon en 1801. Louis Alexandre est représenté
notamment aux musées des Beaux-arts d’Orléans et de
Reims, au Museum Briner und Kern, à Winterthur
(Suisse), au Nationalmuseum à Stockholm.
Signalons qu’une miniature signée de Louis Alexandre,
un Portrait de jeune fille au turban blanc, sera en vente
le 25 mai 2014 à l’hôtel Drouot, étude Art Richelieu,
(voir photo ci-contre), ovale 4,3 x 3,3 cm, signée et
datée en bas à droite : alexandre p / 1802 (?). Au
revers, la composition florale en cheveux sur ivoire [les
pétales des pensées manquent ] porte une jolie
inscription « elles son (sic) toutes pour vous » ; il est
inscrit sur le montage : Cécile Renault*
(verre pleureur ; revers fêlé et gondolé ; estimation :
600-800 €.)
* s’agirait-il d’un portrait commémoratif de
Cécile-Aimée Renault (1774-1794) accusée d’avoir voulu
assassiner Robespierre ? nous manquons de portraits
attestés pour comparaison. L’œuvre est postérieure au
passage d’Alexandre dans l’atelier de Dumont et en
montre l’influence, notamment dans le traitement des
chairs et des ombres.
En 1800, Louis Alexandre habitait Paris, rue du Renard
Sauveur, n° 20. Il exposa cette année-là au Salon, n° 2, le
Portrait du général Grouchy et n° 3 son propre portrait.
L’année suivante, il habitait rue de Sèvres, près la CroixRouge, n° 1059. On ignore quelles furent ensuite ses
occupations. Le portrait de cette jeune fille au turban
blanc est l’une de ses dernières miniatures datées
connues. Louis Alexandre mourut à Reims, le 25 juin
1827, à l’âge de 68 ans.
Elles [mes pensées] son (sic)
toutes pour vous…
2
Peintre en miniature :
qui se cache derrière la signature d’ « O. Pollet » ? un mystère éclairci
Par Caroline Jorrand et Nathalie Lemoine-Bouchard
Il était signalé en 2008 dans le dictionnaire Les peintres en miniature actifs en France, un artiste d’un bon
talent connu jusqu’alors par une miniature expressive conservée au musée Briner et Kern à Winterthur,
signée et datée « O. Pollet 1845 » (fig.1). De cet « O. Pollet » on ne savait rien et l’on pouvait juste
supposer qu’il avait pu travailler dans les Ardennes, à Charleville où vivait la dame représentée,
dénommée Mme Patoureau (1). Quelques miniatures sont apparues depuis sur le marché de l’art signées de
la même façon, sans développement du prénom complet. L’identité vient d’être établie grâce au travail de
recherches sur les miniatures du musée d’art et d’archéologie de Laon (Aisne), qui comporte un portrait du
même artiste, représentant Le maréchal Sérurier (fig 2) et dont l’inventaire indique qu’il est peint par « O.
Pollet, peintre, architecte et ancien professeur de dessin à Laon ».
Fig.1
Fig. 2 Olympe POLLET (1798-après 1848)
Le maréchal Sérurier (1742-1819)
Miniature sur ivoire, 13 x 9,5 cm
Signée et datée à droite, le long du cadre :
O. Pollet 1828 [Fc ?]
Inv. 988.338
©Musée d’Art et d’archéologie de Laon,
reproduction interdite
Caroline Jorrand, ancienne conservatrice du musée, a pu trouver son prénom, Olympe, dans les archives de
la ville. Grâce aux recherches généalogiques de Jean-Marc Melon publiées sur Geneanet, nous pouvons
préciser qu’il s’appelait Nicolas-Joseph-Olympe Pollet (Laon, 28 décembre 1798 – après 1848). Il était le
fils de Jean-Baptiste Pollet, professeur de musique, secrétaire commis au district de Laon et originaire
d’Athies-sous-Laon, et de Marie-Josephe Blanche. Les parents d’Olympe s’étaient mariés le 2 décembre
1793 à Festieux dans l’Aisne ; on lui connait un frère cadet, Jean-Baptiste, né en 1801.
Olympe Pollet épousa à Laon, le 22 novembre 1824 Thérèse Joséphine Colinet, née en 1797 à Rethel dans
les Ardennes. De père inconnu, elle était majeure et orpheline, ayant perdu sa mère, Marie-FrançoiseJosèphe Colinet, en 1821. Les Ardennes étaient donc le berceau familial de son épouse. Olympe Pollet a
du y séjourner et y travailler occasionnellement, d’où le portrait de Mme Patoureau de Charleville signé
en 1845 du musée de Winterthur. De son mariage, l’artiste eut une fille, Joséphine Olympe Pollet, née à
Laon le 8 janvier 1829 ; elle mourut probablement au début du XXe siècle car son nom figure sur la liste
des pensions civiles diverses de 1903 (Bulletin des lois, selon Geneanet, no 0290080).
…/…
3
« O. Pollet » ? un mystère éclairci (suite)
Olympe Pollet semble avoir été peintre de formation (2). Son activité est attestée par des tableaux religieux
relevés dans la cathédrale de Laon : Étienne Midoux signale de lui un Jésus sur la croix, signé et daté
0. Pollet. 1829 et un Saint Remy et un Saint Roch, sans signature (Société académique de Laon, Bulletin, t
XXV, Paris, 1884 [16e séance, 12 novembre 1880]).
A la même époque, il pratique déjà la miniature, car le portrait du maréchal Sérurier, réalisé à titre
posthume, semble daté de 1828 (date difficile à lire après la signature).
Fig. 3 détail de la signature à droite, le
long du cadre :
O. Pollet 1828 [F ?]
©MAA Laon ; reproduction interdite
Dans les années 1830, son activité principale est l’architecture. Les archives gardent la trace de ses
déboires avec son projet d’hôtel de ville. En effet, « le projet d’hôtel de ville de Pollet choisi par la
municipalité lors du concours de 1833 est remplacé par celui de Charles Bringol, préféré par les Bâtiments
civils ».(3) C'est peut-être pour dédommager l’artiste qu'il est recruté comme architecte voyer. Il exerce de
novembre 1836 à novembre 1837. Il apparaît dans la série M et 2K des archives communales de Laon. (4).
Il a été chargé du décor de l'ancienne église Saint Rémi au cours de sa transformation en salle de
spectacles. En 1837, il établit le constat des désordres qui affectent la cathédrale Notre-Dame de Laon pour
le conseil de fabrique. Puis il est remplacé par Duval et son nom n'apparaît plus.
La miniature du maréchal Sérurier a été offerte au musée le 19 mai 1895 (5) par Georges Ermant, lui aussi
architecte, né le 22 juin 1852 à Laon et décédé le 13 février 1935 dans sa ville natale. Il était maire de Laon
de 1892 à 1919. (Signalons qu’il choisit de rester à Laon pendant l'occupation allemande pour y mieux
défendre ses concitoyens et leur assurer un minimum de ravitaillement. L'occupant l'enleva comme otage à
la veille de l'évacuation de Laon, en 1918 ; il fut délivré lors de la prise de Vervins, le 8 novembre
suivant). Le modèle représenté, Jean Mathieu Philibert Sérurier (1742-1819), était fils de Mathieu
Guillaume Sérurier, seigneur de Sore et de Saint-Gobert, garde du corps du roi et de Elisabeth Danye. Il
entra dans la carrière militaire en 1755 ; en 1789, il est major et joue un rôle prépondérant dans la
campagne d'Italie (1796-1799). En mai 1804 il est fait maréchal et comte de l'Empire par lettres patentes
du 8 mai 1808. Son bâton de maréchal, que l’on voit sur la miniature et qui est conservé aussi au musée de
Laon, lui a été remis par Louis XVIII en 1819.
Cette miniature, qui semble datée de 1828, figure parmi les premières connues de l’artiste. Nous en
connaissons une autre, qui d’après le costume est aussi de la seconde moitié des années 1820 représente
un Jeune Homme vu à mi-corps, de trois-quarts à gauche, en redingote marron, gilet jaune avec chaîne de
montre et nœud papillon rouge-orangé, sur fond gris ; elle est signée de façon bien visible à gauche le
long du cadre et en blanc O. Pollet, ovale, H. 7,6 cm, L. 6,4 cm (commerce de l’art en 2013).
A part Jean Toussaint Docteur en médecine, mort en 1855, capitaine
des sapeurs-pompiers, représenté en 1839 en uniforme à mi-corps de
trois-quarts à droite, signé et daté O. Pollet 1839, rectangulaire
(étude Chenu-Berard-Peron, groupe Ivoire, 17 octobre 2010, n° 191
repr. ci-contre), les autres portraits que nous avons relevés ne sont
pas identifiés.
4
« O. Pollet » ? un mystère éclairci (suite)
Signalons notamment parmi les œuvres d’Olympe Pollet :
- Un couple en pendant, lui en redingote noire, son épouse en robe de soie mauve, coiffe de dentelle blanche,
S.D. 1838 et 1839, ovales H : 7,8 cm L : 6,4 cm (vendu par l’étude Aguttes, 2012 ; photo ci-dessus à gauche).
- Femme en robe noire, à mi-corps de ¾ à gauche, S.D. 1840, ovale (étude Dapsens, 5 novembre 2006, n° 36
repr. ; photo ci-dessus à droite)
- Miniature par Pollet 1841 (vente de la succession Aicardi, étude Pescheteau-Badin, Drouot, 26 nov. 2007).
- Femme en robe noire, S.D.g. O. Polet 1848, ovale, H. 7,5 cm, L. 6 cm (Drouot, étude Pescheteau-Badin, 6-7
juin 2000, n° 407 non repr.).
Les dates des miniatures d’Olympe Pollet s’étendent sur une vingtaine d’années. Si le corpus est encore trop
réduit pour former des conclusions, il permet néanmoins de voir combien l’artiste a progressé au cours de sa
carrière et qu’entre les miniatures de ses débuts, dans les années 1820 et les plus tardives, bien des progrès ont
été réalisés dans le dessin, le rendu du modelé des chairs, la tonalité des carnations, le relief des visages.
La miniature de Laon n’est pas exempte de maladresses de dessin, avec un raccourci du corps, mais peut-être
cela tenait il en partie au portrait qui servit de modèle. La maîtrise du dessin est bien meilleure dans les
miniatures plus tardives, des années 1840. Le traitement des chairs fait largement appel à la couleur naturelle de
l’ivoire, avec là encore de gros progrès réalisés entre les premières miniatures et les plus tardives. Pollet savait
dès ses débuts rendre ses miniature expressives. D’une œuvre à l’autre, les ombres des vêtements restent
nettement tranchées, ce qui donne un rendu efficace des costumes sans autoriser les subtilités qui permettent aux
plus grands maîtres de jouer sur les nuances des étoffes et d’en laisser deviner toute la texture. Pour le traitement
des chairs aussi, l’artiste joua l’efficacité sans viser l’excellence. On ignore quel fut son maître pour la miniature.
Quand à la date de décès de Pollet, elle n’a pas été trouvée dans les archives de Laon, - faut-il chercher dans les
Ardennes ? - et se situe après 1848, date de sa dernière miniature actuellement connue.
C. J. et N L.-B.
Notes
(1) Louise Rosalie Patoureaux (1774-1858), épouse Bourin, âgée, en buste de ¾ à droite, coiffée d’un bonnet bleu, en robe
noire et châle imprimé, S.D. O. Pollet 1845, ovale, H. 8 cm, L. 6,5 cm (Museum Briner et Kern, Winterthur ; LemoineBouchard, Les peintres en miniature…, 2008, repr.).
(2) Xavier de Massary, « La construction publique », in Laon [vol. 2] : belle île en terre, sous la dir. de Martine
Plouvier, Amiens : AGIR-Pic., 1996, (Cahiers du patrimoine ; 40), p. 89 ; le dit peintre de formation mais ne donne
pas son prénom.
(3) Marie Gloc-Dechezleprêtre, Hôtels de ville au XIXe siècle, architectures singulières, livraisons d’histoire de
l’architecture, 2001, vol. 1, n° 1, p. 34 (en ligne sur persee.fr) ; cite le « projet Pollet » (prénom non précisé), et pense, à
juste titre, qu’il ne s’agit pas l’architecte Jean Pollet (Floreal an III-1839).
(4) Les quelques informations sur Pollet sont conservées aux Archives départementales de l'Aisne, dans les Archives
communales de Laon : séries " 2K personnel municipal" et "M architectes et édifices communaux, monuments et
établissements publics".
A part les Archives municipales, la source principale pour son activité d'architecte est la publication dirigée par Martine
Plouvier (voir note 2) aux Cahiers du Patrimoine.
(5) Don de Georges Ermant le 19 mai 1895, d’après une lettre du donateur et les délibérations du conseil municipal.
5
Peintre en miniature : le point sur Hélène Formstecher (Paris, 25 février 1852 – après
1926 / vers 1930 ?)
Hélène Formstecher, dont on ne connaît encore que très peu d’œuvres, fut peintre en miniature, peintre et
graveur, professeur de dessin et de gravure à Paris. Elle commença à faire parler d’elle dans les années 1880.
Bellier de la Chavignerie dans son Dictionnaire des artistes (t. 2 et suppl. 1880), la signale en 1880 comme
graveur, « née à Paris, élève de son père et de M. E. Frère [probablement Pierre Edouard Frère 18191886]... ». La Revue universelle illustrée de 1889 est plus précise sur l’origine familiale « Élève l'un père
naturalisé français, Mlle Hélène Formstecher, est bel et bien Parisienne » et fait honneur à son art.
Schidlof signale le peintre en miniature et illustrateur Moses, dit Formstecher (Gehaus, près de
Stadtlengsfeld, 1760 – Offenbach, 1836) qui doit avoir un lien de parenté avec Hélène, peut-être s’agit-il son
grand-père. Une ordonnance du 25 février 1846 admet le sieur Formstecher à établir son domicile en France
(Bulletin des lois de la république française, 1846, n° 828, p. 286). Notre artiste naît donc à Paris en 1852.
Elle fit partie de la Société des aquafortistes français et fit une eau-forte pour l’album du premier salon de
cette société en 1886. En 1883 et 1891, elle collabore au livre d’or du salon de peinture et de sculpture ; en
1893, elle participa au World’s Columbian Exhibition. Elle se fait répertorier comme « graveur et peintre »
en 1911-1913. Elle grava notamment d’après Jules Coignet, Burne Jones et d’après Jean-Baptiste Greuze.
En 1894-1904, Hélène Formstecher donnait comme adresse le 8, boulevard de Clichy, à Paris et elle est
signalée comme professeur de dessin et de gravure. Elle exposa surtout des eaux-fortes. Elle participa au
salon la SNBA (société nationale des Beaux-arts), ainsi qu’à L’Union Centrale des arts décoratifs à
l’exposition des arts de la femme, au salon de Dijon de 1894.
De ses miniatures, on sait fort peu de choses et les collectionneurs sont invités à nous en envoyer des
exemples s’ils en connaissent, ainsi que tout détail complémentaire. Nous publions ci - dessous le portrait
d’un Homme en costume noir brodé d’or, à trois décorations (©Lemoine-Bouchard Fine Arts ; vendu) ; il
porte trois décorations :
celle d’officier de la Légion d’honneur, et semble-t-il
la médaille commémorative de Crimée de 1854 et celle
de la campagne du Mexique de 1853.
Etant donné la date de naissance de l’artiste (1852),
cette miniature n’a pas été réalisée avant les années 1870.
Elle est ovale (6,2 cm, L. 4,8 cm) et signée à droite
le long du cadre H. Formstecher.
Deux autres femmes artistes portèrent le même patronyme :
Anne-Rose Formstecher, née à Paris 5e arrondissement le 8 août 1848 ; et Bertha Formstecher née à Paris le
16 février 1840, qui habitait boulevard de clichy – comme Hélène -, mais au n° 34. Anne-Rose (Anna) et
Bertha exposèrent conjointement au Salon des artistes indépendants de 1880 : Mlle A.[Anne-Rose]
Formstecher montra n° 1470 le portrait de « mlle H. F. » - était-ce le portrait d’Hélène Formstecher ? ; et
Bertha Formstecher exposa aussi deux portraits (n° 1472-1473). Bertha donna des cours de dessin et de
peinture boulevard de Clichy ; elle exposa à l’étranger, notamment en 1873 à la Society of Women artists à
Londres ; elle était alors domiciliée chez « Miss Rothschild, 35 Porchester Terrace, High Park », une belle
introduction sur la scène londonnienne.
N. L.-B.
6
Peintres en miniature
nouvellement répertorié en France :
Le dictionnaire Les peintres en miniature actifs en France, éd. de l’Amateur, 2008, fait l’objet de travaux
d’amélioration constants. Voici quelques noms que nous y ajoutons.
ARTUR de HAUTERUE David-Antoine
(Caen, vers 1721 – Périers-sur-le-Dan, Calvados, 15 juillet 1803)
D’une vieille famille protestante, les Artur de Hauterue, David-Antoine est le fils d’un bourgeois de Caen,
Jacques Artur (1674-1748), « commerçant très lettré », et de sa seconde épouse, dame de la Fosse Chastrie.
D’une fratrie de 12, il compte parmi ses demi-frères le médecin Jacques-François Artur (Caen, 1708-Caen,
1779), installé à Cayenne (correspondant de l’Académie des Sciences avec Réaumur, Jussieu, La
Condamine) avec lequel il reste en contact épistolaire. Cette correspondance permet de savoir qu’il est
installé comme peintre en miniature à La Rochelle en 1759 et qu’il s’occupe de ses deux neveux qui arrivent
de la Guyane : Jean-Jacques Isidore Artur, alors âgé de 13 ans, est placé chez les pères de l’Oratoire à Niort
et sa sœur cadette Marie-Thérèse, au couvent des Dames blanches de La Rochelle.
En 1753-1756, Artur est à l’école de l’Académie à Rome où il rencontre Anton Raphael Mengs dont il sera
l’élève et le fervent admirateur. Il écrit en décembre 1753 : « j’ai le bonheur qu’il est venu ici le premier
peintre du roi de Pologne qui est un homme étonnant, possédant à un degré suprême toutes les parties de la
peinture, depuis la miniature en émail jusqu’à l’histoire : grand imitateur de Raphaël pour le dessin, de Van
Dick pour le portrait ; au-dessus je crois de la Rosalba pour le pastel ; égal pour la miniature à son père qui a
été un des plus habiles qu’il y eut jamais eu. J’ai l’avantage d’être son ami, et je compte beaucoup de fruits
de ses avis, de voir ses ouvrages et la manière dont il peint. Excepté lui, l’école moderne romaine est très peu
aujourd’hui ».
Artur quitta Rome en juin 1756 et sur la recommandation de Mengs se rendit à Stuttgart dans l’atelier de
Guibal, mais faute d’obtenir des commandes, il rentra en France. Son ami Mengs lui envoya deux lettres de
Rome, l’une début 1757, l’autre adressée à Paris le 29 août 1759. Son ami Mengs évoque « des apprêts pour
son mariage -car on dit que vous prenez femme » et demande qu’après les épousailles qu’il s’occupe de lui
envoyer ce qui est convenu. En fait, Artur ne se maria que bien plus tard, en 1774, à 53 ans, avec MarieElisabeth Beuzelin, dont il eut une fille en 1778. Winckelmann signale de Hauterue deux lettres adressées en
1763 au sculpteur danois Wiedewelt (qui séjourna à Rome en 1758) conservées à la Bibliothèque royale de
Copenhague.
David-Antoine Artur mourut le 26 messidor an XI (15 juillet 1803) ; il fut enterré dans le jardin de la
propriété familiale de Hauterue, située à Périers-sur-le-Dan, à une dizaine de kilomètres de Caen, restée dans
sa descendance, la famille Hoël, jusqu’en 1945.
Bibl. : Ronsseray Cécile, « Un destin guyanais : Jacques-François Artur, 1er médecin du roi à Cayenne »,
Annales de Normandie, 2003, vol. 53-4, p. 351-380. Roettgen Steffi, Anton Raphaël Mengs, 1728-1779,
2003, I, p. 471 (lettre d’Artur de 1753), 487. J. J. Winckelmann, n° 535.
AUBERT aîné (actif en 1784-1785).
Peintre en miniature signalé à Saint-Domingue. Il était le frère aîné d’Aubert jeune (voir notice suivante),
avec qui il faisait commerce de vin. Il passa une annonce dans Les Affiches américaines, le 4 juin 1784 :
« Le Sieur Aubert, Peintre en miniature & grand portrait, arrivant de France pour séjourner quelques tems en
cette ville, a l’honneur d’offrir ses talens (sic) au Public ;il peint la ressemblance au point de ne rien lasser à
désirer ; & la facilité de son pinceau lui fait espérer l’approbation des connaisseurs ». Six semaines plus
tard ; il annonce qu’il « fait actuellement sa résidance (sic) dans la maison de la nommée Marianne Valdec,
rue Vaudreuil, vis-à-vis Mme veuve Bearut ; il a l’honneur de prévenir les amateurs de son art de son départ
prochain pour le Cap. »
Source : http://ufdc.ufl.edu/AA00000449/00027 . Les Affiches américaines, n° 23, 4 juin 1784, supplément,
p. 366 ; 14 août 1784, p. 514.
AUBERT jeune (Bordeaux, vers 1758- après 1786 ).
Peintre en miniature signalé à Port-au-Prince, Saint-Domingue. Il était le frère cadet d’Aubert aîné (notice
précédente), signalé lui aussi dans l’île. Il avait 28 ans en 1786 et était « de Bordeaux ».
Source : http://ufdc.ufl.edu/AA00000449/00027 .
7
LEMOINE-BOUCHARD FINE ARTS
Galerie. Sur rendez-vous ou sur le site www.lemoinebouchard.com. Prix sur demande.
Prix et photos sur demande.
Henri PÉRÈS
(actif vers 1790 – 1815 à Madrid et en
France).
Jeune homme coiffé au naturel, en costume
bleu, sa cravate ornée d’une épingle en or
Miniature sur ivoire ; trace de la signature
gauche au stylet (peu visible) : [ P]eres
vers 1795
rect. H. 6,2 cm, L. 4,2 cm.
Pérès (Perez) est représenté au musée
Lambinet, à Versailles et au musée de la
Residenz à Munich.
SPEISSEGGER
Homme de profil, officier de la Légion
d’honneur
Miniature sur ivoire, diam. 6,8 cm
Signée à droite le long du cadre :
SpeiFsegger.
Cadre en laiton doré de style Louis XVI à
décor de frise surmonté d’un nœud
enrubanné. H. totale : 10,5 cm
Portrait aux contours remarquablement
ciselés.
Ecole italienne du XIXe siècle
Portrait d’un jeune nonce apostolique, sa
cape violette passée sur l’épaule
Miniature sur ivoire, diam. 5,8 cm
Cadre en gutta percha
8
Aglaé de T…
(active au début du XIXe siècle, jusqu’ici
non répertoriée)
Femme à la capote de paille ornée de lilas, sur
fond de paysage
Miniature sur ivoire, H. 8,4 cm, L. 6,8 cm
Signée verticalement à droit sur le tronc
d’arbre : Aglaé de T…. f
Cadre en loupe de tuya, 12,6 cm, L. 10,6 cm
- Vendue-
B. DUFOURCQ
(actif en France et en Italie, 1824-1835).
Femme au chapeau de velours noir orné de
grandes plumes, guimpe de dentelle blanche
sur sa robe brune.
Miniature sur ivoire, ovale, H. 7,5 cm, L. 6 cm
Signée et datée à droite : B. Dufourcq 1826
Historique : ancienne coll. Sernagiotto
- VendueAdolphe de LABROUE
(Metz, 1791- Metz, 1863)
Femme à mi-corps, coiffée d’un bonnet de
dentelle à noeuds bleus, vers 1825-1830
Miniature sur ivoire oblong, H. 7 cm, L. 5 cm
Signée au milieu à gauche : Labroue
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LEMOINE-BOUCHARD FINE ARTS
(Expertise)
Nos prochaines ventes à l’hôtel Drouot, Paris :
Prix et photos sur demande.
mercredi 28 mai 2014,
Art Richelieu, hôtel Drouot, salle 2, à 13H30.
Collection de miniatures, n° 365 à 386
notamment par Louis ALEXANDRE (voir repr. plus
haut dans cette Lettre de la miniature page 2),
Adolphe de LABROUE (Metz, 1791-1863) (n° 380381), Flavien Emmanuel CHABANNE (Lons-leSaunier, 1799 – Courlans, Jura, 1864) ; Homme à la
gibecière attribuée à Nicolas JACQUES, miniatures
attribuées à FONTALLARD, SINGRY, etc. ; Portrait
du curé de St Eustache en 1816
(intéressant
document historique, voir repr. ci-dessous), etc.
Renseignements et catalogue
[email protected]
sur
demande :
n° 368
N° 374
L’abbé Pierre-Louis Bossu (1747-1830), curé
de Saint Paul puis de Saint Eustache à Paris,
en 1816
Miniature sur ivoire
époque Restauration, diam. 5,7 cm
Au revers, reste d’inscription manuscrite :
Aux Respectables / [pères ?] de St Eustache ? /
offert par l’amitié / reçu par […] / 1816 L Bofsu /
curé de St Eustache et / doyen de …. Ste Marie
Cadre rectangulaire en bois noirci (fendu)
Bossu fut nommé jeune en 1777 curé de la
paroisse St Paul dans le Marais, alors l’une des
plus considérables à Paris. Ses détracteurs lui
reprochèrent son goût du faste et de la dépense. Il
prêcha à la Cour en 1785 puis ayant refusé de
prêter serment en 1791, il émigra en 1792 en
Allemagne et servit d’aumônier au comte de
Provence, futur roi Louis XVIII ; il fut nommé
lors du concordat à la cure de St Eustache à Paris,
puis chanoine de la métropole. Doyen du clergé
de Paris, il mourut le 29 mars 1830 à Chaillot, âgé
de 83 ans.
Estimation : 300/500 €
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- Ader, hôtel Drouot, 25 juin 2014, vente en préparation.
Miniatures, notamment portrait d’homme, signé et daté 1810 par
P.M. DAMBRIN (DANBRIN) (actif en 1804-1820), H. 6 cm, L. 5 cm
(photo de détail ci-contre ; estimation : 200-300 €)
Selon nos dernières recherches, cet artiste fut itinérant une partie de sa carrière
avant de se fixer à Paris. Il est signalé à Middlebourg aux Pays-Bas au début du
XIXe siècle où il peignit le portrait de Paulus de Wind, gravé en 1798 à
Amsterdam par Reinier Vinkeles (Amsterdam, 1741-1816) (Rijskmuseum,
Amsterdam). « Dambrin, peintre en miniature » habitait en 1817 à Paris, rue des
Moulins, n° 14. Par coïncidence c’était l’adresse du peintre Charles Bourgeois de
1800 à 1811 au moins. En 1820, Dambrin était installé « rue et île St Louis n°98 ».
Cet artiste est représenté au musée de la miniature, Montélimar ; au musée
historique lorrain, Nancy ; et au musée Tavet, à Pontoise.
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