1 Bob Dylan. Robert Allen Zimmerman, de son nom d

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1 Bob Dylan. Robert Allen Zimmerman, de son nom d
Bob Dylan. Robert Allen Zimmerman, de son nom d’artiste Bob Dylan (le nom
viendrait probablement du poète Dylan Thomas), né aux Etats-Unis en 1941 de
parents immigrés juifs d'Odessa, a vécu son enfance à Duluth et Hibbing, dans
l’Amérique profonde. Il est, sans conteste, l’un des plus grands poètes et musiciens
américain, voire mondiaux. Ecoutons le dans une reprise de Robert Johonson, 30 20
blues :
http://www.musicalitis-ressources.com/node/150
Et dans le traditionnel « Man of constany sorrow » :
http://www.musicalitis-ressources.com/node/151
Ecoutons aussi, remontant loin dans le temps, « To ramona » :
http://www.youtube.com/watch?v=9Xqk_fjncOI
En passant par l’inoubliable « Tambourine man », cette fois par les Birds :
Et, plus récemment, « Things have changed »
http://www.youtube.com/watch?v=L9EKqQWPjyo
Tôt, Bob se met au piano, à la guitare et à l’harmonica. Le très bon film de
Scorcèse, du nom d’un des titres de Bob, No direction home, montre bien les tous
débuts du chanteur, de groupes en groupes, notamment The Golden Chord i . Il aime
la musique country de Hank Williams.
A Minneapolis, en 1959, il est étudiant à l’université du Minnesota et suit
cours d’art. Il passe par Chicago et vient à New York durant l’hivers 1961, en pleine
froidure, à Greenwich Village, un quartier bohème où habitent artistes et chanteurs.
Une personne avec laquelle il se lie lui fait découvrir Woody Guthrie, dont il se
passionne pour l’autobiographie, Bound For Glory, à tel point qu’il lui rend visite au
Greystone Hospital, dans le New Jersey. Les deux hommes sympathisent et Dylan
passe alors avec lui ses week-ends, faisant la connaissance de plus grands noms du
folk, Cisco Houston, Ramblin’ Jack Elliot, ou Pete Seeger. Nous sommes en plein
folk revival. Mais le mouvement folk ne se cantonne pas au seul Greenwich Village :
à Cambridge, en Nouvelle-Angleterre, Joan Baez et Eric Von Schmidt sont déjà
connus.
A New York, Bob rencontre Susan Rotolo, peintre, à peine âgée de 17 ans.
Lors de hoots, ou hootenannies ii d’un club connu du Village, Bob est repéré puis
engagé dans un club, sur les conseils de Robert Shelton iii, critique musical du New
York Times, qui publie sur lui un article flatteur, lui donnant une certaine notoriété.
En Nouvelle Angleterre, il rencontre Carolyn Hester, une chanteuse de folk,
chanteuse pour Columbia. Elle cherche un harmoniciste pour son prochain album et
propose à Dylan de travailler avec elle. Par son intermédiaire, il connaît John H.
Hammond, un des directeurs artistiques de Columbia, qui est persuadé de son talent
et, malgré les réticences de sa direction, lui fait signer un contrat. Bob a déjà un
imprésario, Al Grossman, critiqué pour ses visées lucratives. Nous sommes en 1959
et ce dernier a aussi comme clients le Kingston Trio, Odetta et surtout Peter, Paul and
Mary. Il s’arrange pour produire Bob en concert au Carnegie Chapter Hall, en 1961.
Bob commence à être connu dans les années 1960 et reste productif au début
du XXIe siècle.
Chez Columbia, en 1962, il enregistre son premier album dans lequel il n’y a
que peu de chansons de lui, une de sa composition étant dédiée à son idole de
l’époque, Woody Guthrie (Song to Woody ; V. aussi Talking New York times et, sur
son deuxième album, Talking world war three ; le style du « talking » est typique de
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Woody Guthrie). L’album ne rencontre pas un gros succès. Pourtant, son contrat n’est
pas rompu : il est défendu par J. H. Hammond et Johnny Cash. Et, dès son second
album, en 1963, la plupart des chansons sont de lui : Blowing in the wind et Don’t
think twice le rendent célèbre. Des chansons comme A hard rain's a-gonna fall,
faisant allusion à la crise des missiles de Cuba, Masters of war et Oxford town sont
ouvertement contestataires, alors que d’autres, comme Girl from the north country, et
Corinna Corinna, sont révélateurs de la tendresse et de la poésie qui l'inspirent. Les
sessions ont courtes, Bob enregistrant généralement une fois chaque chanson. Les
vidéos en public filmées en ce temps montrent qu’il maîtrise ses instruments et qu’il
est capable de refaire parfaitement ses titres.
A compter de 1962, paraît Broadside Magazine, où Bob apparaît sous le
pseudonyme Blind Boy Grunt et où écrivent notamment Tom Paxton et Phil Ochs,
qui y publient les textes de leurs chansons. Bob correspond, par ses textes, aux
aspirations d’une génération luttant contre le droitisme et le conservatisme de
l’époque. Blowin' in the wind fait l’objet d’une publication dans le numéro six de
Broadside. Elle est interprétée avec éclat par Peter, Paul and Mary. Elle devient le
symbole d’une certaine forme de résistance.
Grace à Suze Rotolo, qui travaille au CORE (le Congress of Racial Equality),
et de Broadside, il côtoie le milieu contestataire qui militait pour les minorités. En
mai 1963, à Greenwood, dans le Mississipi, Dylan chante à un rassemblement destiné
à pousser la population noire des États du Sud à s'inscrire sur les listes électorales. En
août 1963, il est présent à la Marche sur Washington lors de laquelle Martin Luther
King prononce son discours remarqué « I had a dream » et à l’occasion de laquelle il
chante aussi. Sa présence aux côtés de Joan Baez et leur relation amoureuse firent
beaucoup pour établir sa stature contestataire. Les défenseurs des Civil rights (Joan
Baez, Pete Seeger…) le prennent pour porte drapeau (témoin son intervention
publique devant le Capitole, sur des pelouses bourrées de monde, lors de la Marche
sur Washington, où il chante Blowing in the wind : un garçon de quelques vingtquatre ans…, V. le film de Martin Scorsese), mais ils déchanteront vite, car Bob
n’entend pas se laisser enfermer dans un mouvement politique, même si des idées de
gauche continueront parfois d’inspirer ses chansons (Only a pawn in their game).
Joan Baez sera longtemps fascinée par lui et, après Susan Rotolo (qu’on voit sur la
pochette de l’album In free wheelin’), finira par le quitter.
Dès cette époque, on sent le penchant de Bob pour le mysticisme,
l’ésotérisme, le fantastique, l’onirique, lequel culminera (dope aidant) avec les
inoubliable « Desolation row » de l’album Highway 51th revisited et « Visions of
johanna », de l’album Blonde and Blonde, ou en plus sage avec « Lilly, rosemary and
the Jack of heart », de l’album Blood on the tracks, ou « Isis », de l’album Hurricane.
Car, on peut se demander ce que signifie « blowin’ in the wind » dans des
phrase comme « How many roads must a man walk down/Before you call him a
man ? » (Combien de routes un homme doit-il parcourir /Avant que vous ne l'appeliez
un homme ?) : la réponse mon ami se trouve dans le vent (« The answer my friend, is
blowin’ in the wind »). De quoi laisser rêveur : flotte dans le vent, comme un
drapeau, un store de boutique, une feuille morte… En fait, on a envie de dire : la
réponse est dans l’air du temps.
Le temps de la révolte, où tout le monde avait ce refrain à la bouche comme
un slogan, une ritournelle, un emblème.
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Comme le dit Bob sur son site officiel : « Bob Dylan was born in Duluth,
Minnesota on 24th May 1941. He grew up in the mining town of Hibbing and played
in a number of rock and roll bands as a high school student. In 1959 he enrolled at the
University of Minneapolis but left after his freshman year 1961 In January, Dylan
moved to New York City where he visited his idol Woody Guthrie in hospital and
performed in the folk clubs of Greenwich Village. Following a performance at New
York's Gerde's Folk City in September, Dylan received public recognition through a
review by critic Robert Shelton in The New York Times. Dylan's talents were
brought to the attention of A&R producer John Hammond and in October he signed a
contract with Columbia Records. 1962 In March, Dylan released his first album, 'Bob
Dylan'. 1963 Dylan's second album, 'The Freewheelin', including songs like 'Blowin'
in the Wind' and 'Don't Think Twice’ ».
Dès lors, Bob Dylan évolue d’un style folk song, un dérivé du style country
(Don’t think twice, Blowing in the wind, de l’album In free wheelin’, The times they
are-a-changin’) mêlé de blues (Baby let me follow you down, See that my grave is
kept clean), avec un accompagnement de guitare sèche et parfois d’harmonica, à un
genre plus rock et électrifié (Mr tambourine man, Like a rolling stone ; Bob a
rencontré les Beatles en 1964, lors de leur tournée aux USA, un an avant sa tournée
anglaise, de 1965) iv. Ce tournant vers plus de modernité devait décevoir beaucoup
de gens, attachés au dépouillement de ses premières interprétations, et ressentant
comme une sorte de frustration (en particulier, Pete Seeger). Nombreux sont ceux qui
reprennent ses titres. Il faut entendre Mr tambourine man par les Byrds.
On va de The times they are-a-changin’ à Things have changed v en passant
par World gone wrong.
En 1964, on trouve le Bob contestataire dans The times they are-a-changin’,
avec des chansons aussi marquées que Only a pawn in their game, ou The time when
the ship comes in, puis, la même année, un Bob différent, plus intimiste, sur l’album
Another side of Bob Dylan, où est gravé le très beau All I really want to do et la
douloureuse To Ramona.
En 1965, il est accompagné par guitariste génial de l’époque, Mike
Bloomfield vi, et enregistre un album, mi-acoustique, mi-électrique, Bringing it all
back home, où se trouve Mr tambourine man. Son public n’apprécie pas, alors même
que cet album ressemble encore aux précédents. La même année, il grave Highway
61 revisited, qui contient le sublime Desolation row. Bob est accompagné alors par
Mike Bloomfield et Al Kooper vii. L’inspiration sent un peu la marijuana, ou d’autres
sortes de drogues. Dans le même esprit, en 1966, il enregistre Blonde and Blonde, un
double album, qui contient notamment l’allucinant Visions of Johanna. Fin 1965,
Dylan se marie avec Sara Lownds, une mannequin de 25 ans.
En 1966, Bob Dylan édite Tarantula !, un recueil de poème, qui de connaît pas
un grand succès. Ayant commencé sa vie d'artiste à l’époque de Jack Kerouac, il
connaît Allen Ginsburg et ne cache pas son admiration pour Arthur Rimbaud. Il est
souvent nominé pour le Prix Nobel de littérature.
Toujours, en 1966, Bob a un accident de la moto et se retrouve à l’hôpital.
Forcé de lever le pied, il enregistre l’album qui deviendra plus tard, en 1975, The
Basement Tapes, les bandes du sous-sol, avec The Band viii . Et c’est en 1968 que
Bob refait surface dans l’album John Wesley Harding, qui contient All along the
watch tower et la belle Ballad of Frankie Lee and Judas Priest ix.
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Par la suite, Bob se tourne vers la musique Country. En 1969, l’album
Nashville Skyline, où Bob rencontre Johnny Cash, est fait de ballades dont Lay lady
lay, et, en 1970, le double album Self Portrait est composé en majeure partie de
reprises de titres folk et pop. Le début des années 1970, voit arriver des albums plus
ou moins heureux : en 1970 New morning, en 1973 la bande originale de Pat garett
and billy the kid, film dans lequel il joue x et qui contient Knocking on heaven’s
door, en 1974 Planet waves ; il joue dans le concert pour le Bangladesh qu'organise
George Harrison en août 1971 à New York ; sa tournée de l’époque, avec The Band,
est l’objet de l’album Before the flood, paru en 1974.
Mais bientôt, en 1975, paraît l’album Blood on the tracks, qui marque un
retour du grand Dylan, avec notamment Lily, Rosemary and the jack of hearts, et
Meet me in the morning (blues), où l’on sent ses dépits amoureux. Le disque connaît
un certain succès. Et Desire, avec l’immense Isis, fruit d’un travail avec le parolier
Jacques Levy et où se trouve un violon joué par Scarlet Rivera ; on y écoute aussi un
chant de révolte Hurricane qui raconte le procès du boxeur Hurricane Carter
emprisonné pour meurtre.
La même année, Bob rassemble ses vieux amis, la chanteuse Joan Baez, le
chanteur Jack Elliot et le guitariste Roger McGuinn, pour une tournée intitulée la
Rolling Thunder Revue. Hard Rain est enregistré en 1976. Et en 2002 seulement,
paraîtra le témoignage live des concerts de 1975, dans le cadre des Bootleg Series
(Live 1975, The Rolling Thunder Revue).
En 1976, l’album Hard rain est fait principalement de reprises. En 1978, sort
Street legal, qui n’offre rien de saillant. En 1979, Dylan se convertit au christianisme
et se met à écrire sur sa relation avec Dieu.
Paraît alors, en 1979, Slow train coming, avec Mark Knopfler à la guitare xi,
contenant le sublime Man gave names to the animals, sur un rythme « raggae ». Puis,
en 1980, Saved et, en 1981, Shot of Love, avec Dead man, dead man.
En 1983, Dylan abandonne son inspiration chrétienne et, cette année là,
enregistre Infidels, qui traite du judaïsme. En 1989, Il enregistre avec le producteur
Daniel Lanois l'album, Oh Mercy, dans lequel certains voient comme une
renaissancen (Fr.. Bellion, www.music-story.com/bob-dylan/oh-mercy/critique). Au
début des années 1990, Bob enregistre Under the red sky, Good as I Been to You et
surtout, en 1993, World Gone Wrong, titre d’une des meilleures chansons de l’album.
En 1997, Dylan sort, à nouveau avec Daniel Lanois, Time Out of Mind, fait quant à
lui de compositions originales, et dans lequel on trouve Highlands. En 2001 il
enregiste Love and Theft, en 2006 Modern times, dans lequel on trouve l’excellent
Thunder on the mountain.
Bob met la dernière main à la rédaction de la première partie de ses mémoires.
Les albums se succèdent et vont de reprises « life », en « essentiel » (l’essentiel,
Essential Bob Dylan, paru en 2000 contient, outre beaucoup de reprises, Times have
changed, qui est une merveille, et dont on voit un clip sur la version luxe de Modern
times), légèrement écourté et en compilations, de bootlegs en « best of ». Les
Bootlegs series, enregistrements pirates jadis introuvables, désormais remasterisés et
officiels, lèvent le voile sur des enregistrements légendaires disponibles pour la
première fois. Le huitième volume de cette « série », Tell Tale Signs : Rare and
Unreleased 1989-2006, est sorti en octobre 2008 et on y trouve l’inoubliable Tell ol'
Bill (chanson composée pour le film « North country », mais dont l’interprétation est
assez différente dans la bande originale cinématographique). En 2007, le film de
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Todd Haynes I'm not there, s'inspire « des nombreuses vies » et chansons de Bob
Dylan et est interprété par six acteurs et une actrice. En 2008, Bob se voit descerner le
prix Pulitzer.
En 2009, Dylan sort un nouvel album : Together through life, dans lequel on
trouve Beyond here lies nothin’, et qui est issu d'une collaboration avec le parolier du
Grateful Dead Robert Hunter. Et à la fin de la même année paraît Christmas in the
Heart, un album de reprises de chants de Noël dont les bénéfices sont intégralement
reversés à diverses œuvres caritatives.
A voir absolument : « No Direction Home », de Martin Scorsese (2005)
Adaptation, impressions : Jérôme Huet/Information, principaux faits : Wikipedia
i
No Direction Home, de Martin Scorsese (2005).
Soirées dans un club où des débutants, en fin de spectacle, sont conviés à monter sur
scène, V. Valérie ROUVIÈRE, LE MOUVEMENT FOLK EN France (1964-1981),
internet.
iii
Robert Shelton, Bob Dylan sa vie et sa musique : Like a Rolling Stone.
iv
La liste de l’ensemble des chansons de Bob Dylan se trouve sur son site officiel,
http://www.bobdylan.com/#; V. aussi, www.music-story.com/bob-dylan
/discographie.
v
Créé pour le film « Wonder boys », 2000 ; le titre figure en 2000 aussi sur
« Essential Bob dylan » en fin d’album, V. infra note 14.
vi
V. Wikipedia, Mike Bloomfield.
vii
Mike Bloomfield, « non prévu pour la séance, et amené par Dylan lui-même, qui se
love sur l’orgue menaçant d’Al Kooper le nouveau venu, initialement prévu par le
producteur Tom Wilson pour tenir les parties de guitare (il n’avait jamais joué
d’orgue auparavant !) », Fr.. Bellion, Cronique de Highway…, www.music-story.
com/bob-dylan/highway-61-revisited.
viii
V. Wikipedia, The Band. Robie Robertson, guitariste, apparaît comme le leader du
groupe qui jouera un grand rôle dans l’aventure de Bob entre 1965 et 1966
notamment lors de tournées ; le groupe peut être vu- dans le film « The last walz ».,
de Martin Scorcese, où l’on voit apparaître notamment
Emmylou Harris
("Evangeline") , le gospel-soul group The Staple Singers ("The Weight").
ix
« Curieux album que ce John Wesley Harding qui rompt un silence radio de deux
ans, début 1968 en plein « flower power » ; alors que tous ses pairs anglais rivalisent
de sophistication (Sgt. Peppers pour les Beatles et Their Satanic Majesties Request
pour les Stones), Bob Dylan surprend en sortant son disque le plus épuré depuis
quatre ans. Les recherches poétiques survoltées de Blonde On Blonde sont laissées de
côté pour faire place à une écriture moins alambiquée tout en paraboles bibliques.
L’accompagnement est minimal… (l’album se concentre) sur la narration d’histoires.
ii
Celles-ci regorgent de vagabonds, d’immigrants, de chapardeurs, de messagers et
même de saints », dira Fr. Bellion, www.music-story.com/bob-dylan/john-wesleyharding/critique.
x
Y joue aussi son ami et chanteur, Kris Kristopherson (auteur de Mee and Bobby Mc
Gee, chanté notamment par Janis Joplin), dont il enviera toujours le talent d’acteur.
xi
L’excellent guitariste du très connu Dire straits (dont le Sultans of swing, premier
grand succès, ressemble étrangement à du Dylan).
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