Hélie – La chanteuse arrivée sur le tard qui sait ce
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Hélie – La chanteuse arrivée sur le tard qui sait ce
Hélie – La chanteuse arrivée sur le tard qui sait ce qu’elle veut Spectacles – Musique Écrit par Philippe Rezzonico Dimanche, 23 mai 2010 14:40 Mise à jour le Dimanche, 23 mai 2010 18:43 Alors qu’elle prend la pose, Laurence Hélie souligne au photographe de Rue Frontenac qu’elle ne se sent pas à l’aise avec l’une des postures qu’il lui demande de prendre. Vu d’où j’étais, tout juste à quelques pieds, ça me semblait pourtant plutôt réussi. Pas pu m’empêcher de sourire, surtout que la jeune artiste n’est pas exactement une habituée des projecteurs. Son album éponyme, qui vient de paraître, est son tout premier. Bref, les séances de photos, je me disais que ça ne devait pas être son truc. J’avais pourtant l’explication sous les yeux – ou plutôt dans les oreilles – depuis trois jours. Laurence Hélie n’est pas un premier disque comme les autres. Comprendre ici qu’il n’est pas le fruit d’une passion adolescente débridée qui fut gravée pour la postérité dans l’urgence du moment. Comprendre par là qu’il n’est pas la résultante d’un désir spontané et furtif qui risque de disparaître au gré des années. Tout, sur ce disque aux influences country, bluegrass et folk, évoque le refus du compromis d’un bout à l’autre. Zéro concession Les textes écrits pour Hélie par des tas de copains et copines (Dave Richard, Frédérick Baron, Sandrine Roy, Martine Coupal) sont le fruit d’amitiés. «Le but, c’est d’être honnête avec ce que tu chantes. C’est de croire en ce que tu fais», explique Laurence Hélie. Photo RueFrontenac.com La production de Joe Grass est celle d’un réalisateur qui fait passer l’aspect artistique avant toute considération commerciale, la voix de Catherine Durand qui accompagne Hélie, ici et là, est de l’ordre de la filiation pure. Zéro compromis. Ce disque est celui d’une artiste qui sait ce qu’elle veut, même s’il n’en a pas toujours été ainsi. «J’ai toujours voulu chanter, mais j’ai décidé de travailler en technique de son, de travailler dans les studios, dit-elle, une fois attablée devant un gros bol de café au lait. Tout ça en ayant derrière la tête le désir de devenir une musicienne chanteuse. Je suis une late bloomer. Quand j’étais petite, ma mère me disait d’aller jouer dehors, mais je me terrais dans ma chambre à écouter de la musique. Ça me passionne. «Mais ça m’a pris un certain temps avant que quelqu’un (N.D.L.R. : son mari, Pascal Desjardins, technicien de son, lui aussi) me pousse dans le dos afin de me dire qu’il était temps de le faire, cet album. Depuis cinq ans, j’ai commencé à écrire des chansons et que j’ai décidé que ça allait être concret. J’ai aussi fait des back vocals pour Catherine Durand qui m’a bien aidée.» Si elle signe toutes les musiques, sauf une, Hélie a eu un gros coup de main de plusieurs auteurs, comme Dave Richard qu’elle a rencontré par l’entremise de Sylvie Paquette, une artiste de qui elle semble avoir conservé certaines inflexions vocales sur disque. «Je viens d’un background très anglophone, dit Hélie. J’ai toujours chanté en anglais. Avant mon album, la seule chanson que j’ai chantée en français, je pense que c’est Petit papa Noël. J’ai toujours écrit en anglais et je ne me sentais pas si à l’aise d’écrire en français. J’ai trouvé des auteurs qui écrivent des textes qui semblent être de moi, mais encore mieux écrits (rires).» La première production Ce disque de Laurence Hélie qui voit le jour en 2010, nous aurions peut-être pu l’avoir quelques années plus tôt, mais ça n’aurait pas été le même. Il y a cinq ans, elle avait des démos en mains. Elle avait travaillé cette matière brute en studio avec une bande de musiciens à faire peur, soit Rick Haworth, Louis-Jean Cormier et Mario Légaré. Pas eu de suivi. «C’est tellement gênant de parler de démos avec Rick Haworth, Mario et LouisJean… (pause). On a fait des trucs, c’était super beau, mais ce n’était pas encore ÇA. Je savais ce que je ne voulais pas, mais je ne savais pas encore ce que je voulais…» Aujourd’hui, Laurence Hélie sait. Elle sait ce qu’elle veut. Country, oui. Bluegrass, oui. Folk, oui. Mais cru. Vrai. Sans filet. Pas grave si on entend une fausse note, ici et là. Pas grave si on entend le glissement des doigts sur les manches des six cordes. Ou plutôt, si… C’est important qu’on l’entende. Comme pour Hank Williams, le troisième du nom, qu’elle vénère autant que d’autres modèles féminins de l’idiome. «Le but, c’est d’être honnête avec ce que tu chantes. C’est de croire en ce que tu fais. Les gens aimeront ou n’aimeront pas, mais il faut que tu sois honnête avec toi-même.» Et a-t-elle songé à chanter en anglais? «Oui. J’ai des cahiers… J’ai des boîtes et des boîtes de textes remplis en anglais. Mais j’ai eu un déclic en écoutant Catherine Durand et Stéphanie Lapointe chanter en français. Et je me suis souvenu d’une chose que Dumas avait dite à Tout le monde en parle: «J’ai le goût de faire en français la musique que j’écoutais en anglais.» Ce n’était même pas un défi pour moi. Ce n’est donc pas exclu de chanter en anglais un jour.» Quand elle aura décidé de le faire. Pas avant. • Laurence Hélie, actuellement en magasin • Laurence Hélie sera aux FrancoFolies de Montréal, en première partie de Jeanne Cherhal, à L’Astral, le 15 juin.