A Bruxelles, tout le monde connaît « Bonom », artiste fantasque qui

Transcription

A Bruxelles, tout le monde connaît « Bonom », artiste fantasque qui
BONOM, UN GRAFFITI ARTISTE DE PLUS DANS LES FILETS DE LA POLICE ET DE LA
JUSTICE
A Bruxelles, tout le monde connaît « Bonom », artiste fantasque qui rêve d’animaux en
pleine ville, sur nos murs les plus inattendus.
Hautes perchées ou campées dans les
endroits les plus improbables, au nom de
vues imprenables, les silhouettes tour à
tour
touchantes,
échevelées
ou
fantomatiques de Bonom font désormais
partie du paysage. Elles suscitent bien
souvent l’admiration pour la proximité
complice qu’elles déclenchent ou la
liberté de ton et de mouvement dont
elles sont le fait. Elles ont aussi - et ce
n’est pas négligeable - redonné vie et
enchantement
à
de
nombreuses
perspectives hideuses ou des façades
morbides.
Le niveau artistique, tant de la qualité de
réalisation que de l’audace de la
démarche, ne laisse pas planer de doute
sur l’apport de ces peintures. Au point
que même l’échevin du Tourisme de
Bruxelles-ville en a dressé un portrait
élogieux sur la RTBF, qualifiant
l’oeuvre de l’artiste comme un plus pour
le patrimoine local. Au point que la
boutique chic du Palais des Beaux Arts vend une carte annotée, répertoriant toutes ces
fresques sur l’ensemble de la géographie communale. Au point qu’innombrables sont les
photographes et les admirateurs qui en amassent les trésors au hasard des rues, des tunnels de
métros, des bâches d’échafaudages ou des bords de chemins de fer. Au point que la
télévision et plusieurs journaux du pays se sont penchés sur le cas de ce graffiteur
d’exception.
Malheureusement, ce doux dingue pour lequel
habitants et passants nourrissent une forme
d’affection, au vu du cadeau qu’il a offert à
notre capitale, risque gros pour ce que la
juridiction qualifie de vandalisme, d’atteinte à
la propriété et de dégradation de bien public.
La police est actuellement chargée de ce
dossier.
Or pour lui, qu’il s’agisse d’une façade privée anonyme ou d’une commande, comme ce fut
le cas de la part du Musée d’Histoire Naturelle, la préoccupation est la même et ne signifie
en rien une volonté de nuire ou de transgresser à tout prix. La démarche est celle d’un
créateur en recherche de liberté d’expression dans l’espace public et d’élargissement du
cadre de l’art : surprendre le regard, quel que soit le support et le lieu.
Nous savons tous que le phénomène massif des graffitis
dans nos métropoles (et désormais nos villages) est d’une
ampleur telle qu’il suscite malaise et questions. Mais la
réalité ne permet pas de séparer facilement ce qui tiendrait
de la pure désinvolture ou nuisance et ce qui serait plus de
l’ordre d’un « street art » ou d’un graffiti dit artistique,
dont les auteurs se vendent parfois très bien en galerie
d’art. D’autant moins que les uns et les autres sont souvent
les mêmes personnes (côté nuit ou côté jour), avant tout
aspirées par une soif immense de liberté et un manque
d’espace dans un monde bétonné que quadrillent des murs
innombrables, finalement tant au sens propre qu’au sens
figuré.
Voilà plus de trente ans que nos enfants crient sur nos murs, et nous n’avons toujours pas été
en mesure d’y répondre quoi que ce soit de plus subtil que de criminaliser ou tenter d’effacer
candidement la chose, avec plus ou moins de véhémence suivant les fluctuations du climat
d’insécurité, qui n’a pourtant rien à voir avec les graffitis.
Or n’est-il pas « laxiste » – pour employer un mot à la mode – de laisser uniquement à la
publicité le soin de colorer l’espace sans ménagement ? N’est-il pas laxiste de laisser nos
villes se développer de façon anarchique et dantesque sous la pression d’intérêts financiers
ou par insouciance écologique. C’est pourtant ce contexte agité, qui a favorisé l’éclosion puis
la déferlante du tag dans le paysage urbain.
Paradoxalement, on doit pourtant aux graffiteurs d’avoir réhabilité des kilomètres carrés de
béton aveugles ou de zones de chancres urbains, par la couleur, la créativité et les appels à
sortir de la torpeur ambiante.
On aura du mal à expliquer à des milliers de jeunes ou moins jeunes sympathisants, que
Bonom, Color et les autres devront payer pour l’exemple, pour la tolérance zéro ou pour la
confusion que nous n’arrivons pas à dissiper autour d’une forme d’expression controversée
peut-être, mais bien vivante et multiforme.
Les signataires de ce texte tiennent à marquer leur soutien aux artistes de la rue comme
Bonom qui donnent de la vie aux murs morts de nos cités et le refus d’une criminalisation
excessive comme jugement expéditif par rapport au problème des graffitis.
Carte Bonom : http://www.editionsdavril.com/bonom/
(RTBF info) : http://www.rtbf.be/info/regions/bruxelles/bonom-brussels-tour-195104

Documents pareils