La première Université d`été du bouddhisme de Bruxelles
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La première Université d`été du bouddhisme de Bruxelles
Une collaboration entre l’Institut Nalanda et l’Université Libre de Bruxelles, avec le soutien du Fonds National de la Recherche Scientifique et de la Ville de Bruxelles. La première Université d’été du bouddhisme de Bruxelles Du vendredi 27 au dimanche 29 août 2004 Université Libre de Bruxelles Salle Dupréel 44 Avenue Jeanne 1050 Bruxelles Informations: e-mail: [email protected] Web: www.institut-tibetain.org Tél.: 02- 675 38 05 ou bien 03- 685 09 19 « L’Est est taciturne, l’Ouest éloquent. » D.T. Suzuki INTRODUCTION Histoire du moi Depuis les origines de l’histoire de notre philosophie les grandes questions comme Qui suisje ? Puis-je connaître la réalité sans la déformer ? etc. sont traitées par les sages illustres de notre continent. Mais une fois la religion séparée des autres branches des sciences humaines ou positives, l’homme a de plus en plus été confronté aux possibilités comme aux limites de son appréhension de la réalité. Ces dernières décennies, l’examen critique de la méthode tout comme de l’objet du discours et de la connaissance n’a certainement pas été négligé. Par contre, le statut du sujet n’est pas encore intégré comme un élément à part entière du questionnement scientifique. Toutefois, depuis la révolution de la physique quantique, et peut-être partiellement et modestement sous l’influence de l’acculturation du bouddhisme - cette science de l’esprit - en Occident, la place du sujet tout comme le discours issu des expériences à la première personne font l’objet d’expériences diverses dans l’analyse scientifique. Voilà pourquoi l’histoire du moi nous a paru être un élément charnière de la vie culturelle de notre civilisation: son étude ne pourrait-elle être singulièrement enrichie et dynamisée à la lumière de la rencontre entre le bouddhisme et l’Occident ? L’esprit introuvable… La science arrive progressivement à tracer le contour d’un grand nombre de fonctions du cerveau: ainsi, il aurait une manière très habile de ranger l’information gigantesque qui lui arrive à travers les sens. Réfléchir, ou marcher, toutes ces activités dépendent d’une quantité inimaginable de processus. Mais il manque malgré tout un centre qui dirigerait cet ensemble cybernétique ou qui serait au moins conscient de la totalité des démarches entreprises. Et tout cela avec ce «bol de porridge» d’un kilo et demi ainsi que le qualifiait le mathématicien Penrose ! Mais qu’est-ce qui donne ce semblant de cohérence à cet amas de souvenirs, de sensations et de projets ? Et qu’est-ce qui fait que, en outre, nous nous identifions à lui ? Voies opposées, mais convergentes Les voies suivies par les bouddhistes et les neuroscientifiques sont tout à fait opposées, mais ce qui est véritablement surprenant c’est qu’elles n’en convergent pas moins vers la même issue. « Les bouddhistes ont obtenu la preuve, grâce à la méditation et au raison- nement logique, de l’absence de tout soi substantiel. Les neuroscientifiques arrivent par l’analyse mécaniste et les modèles théoriques à la conclusion qu’il n’y a pas besoin de supposer qu’un pilote homonculaire guide le cerveau, qu’une âme-esprit fait fonctionner la machine.» (Christopher deCharms) Dans les deux cas, on aboutit au déroulement d’un processus, celui de notre expérience individuelle. Mais où se trouve l’esprit dans la forêt de tissus nerveux ? Est-ce le cerveau, l’histoire et la langue qui produisent l’esprit ou bien y a-t-il une interrelation entre ces facteurs ? Un premier congrès Ce n’est pas la première fois que l’institut bouddhiste Nalanda se réjouit des points de rencontre entre le bouddhisme, l’humanisme, les spiritualités et la science. Dans le passé, de tels contacts ont été ponctuellement établis à l’occasion de conférences présentées à l’ULB, à la VUB ou à la KUL. L'humanisme ne consiste-t-il pas à tenter de comprendre l’esprit humain dans sa structure et sa pratique, à la lumière du monde contemporain tout en restant à l’abri des idées reçues et toutes faites. Voilà également la démarche à laquelle entend contribuer la première Université d'été du bouddhisme qui tiendra ses assises à Bruxelles, du 27 au 29 août 2004. Quels rapprochements peuvent être faits entre les perspectives humanistes, scientifiques, religieuses et la pensée bouddhiste que l’Occident redécouvre depuis quelques lustres ? C’est la question qui a inspiré les organisateurs de cette initiative, l’Institut Nalanda à Bruxelles et l’Université Libre de Bruxelles. Le comité organisateur de l’Université d’été veut offrir à un public large et diversifié une vision profonde des modes de pensées occidentaux et de l'apport dont le bouddhisme est devenu le vecteur possible. L’étude comparative des diverses approches et points de vue sera assurée par des philosophes et hommes de science occidentaux ainsi que par des maîtres orientaux de renom. Nous souhaiterions pouvoir proposer une telle analyse chaque année, en gardant la même approche comparative, mais en variant le thème central. Le débat de cette année portera donc sur le «moi», vu sous les angles de la science (sciences cognitives, psychologie, neurobiologie...), de la philosophie occidentale et du bouddhisme. Le congrès se structure de la manière suivante: Vendredi 27 août INTRODUCTION À LA GRANDE DIVERSITÉ DU BOUDDHISME Des représentants qualifiés de chacune des grandes traditions bouddhistes présenteront les mille visages du bouddhisme. Samedi 28 et dimanche 29 août HISTOIRE DU « MOI » A TRAVERS LES SCIENCES, LA PHILOSOPHIE OCCIDENTALE ET LE BOUDDHISME Journées consacrées à une étude comparative du thème de l’année, le «Moi», ainsi qu’à l’analyse de facettes particulières de ce thème. Nous tenons à remercier Madame Chantal Noël, échevine des Cultes de la Ville de Bruxelles, qui soutient les initiatives de rencontre et de réflexion favorisant le développement spirituel personnel et une meilleure connaissance mutuelle. Pour citer ses paroles dans un message confirmant l’aide de la ville de Bruxelles: «L’éveil individuel n’est-il pas ferment d’une société de bienveillance ? Société au sein de laquelle paix et respect sous-tendent une vigilance citoyenne vraie qui rappelle aux hommes et aux femmes politiques que leur mission n’est pas de faire le bonheur des gens mais de leur donner les moyens de choisir leur bonheur.» Les organisateurs espèrent que la réflexion suscitée par cette initiative permettra aux participants de mieux pénétrer nos propres traditions à l’aide d’éclairages nouveaux et multiples tout en apprenant à connaître ou en approfondissant sa compréhension de la philosophie bouddhiste. Le soutien du FNRS illustre bien l’intérêt et l’importance de cette approche. Qu’il en soit grandement remercié. Enfin, nos remerciements vont également au public, aux mécènes, aux bénévoles et surtout aux intervenants. Puisse cette initiative contribuer à une compréhension mutuelle, seul support pour les stratégies menant vers la paix ! Frans Goetghebeur Au nom du Comité Organisateur de l’Université d’été du bouddhisme Première journée: Vendredi 27 août Introduction à la grande diversité du bouddhisme Président: Monsieur Guy Caucheteur, docteur en médecine Guy Caucheteur est né en 1935. Il a fait ses études de médecine à l'ULB, dont il sort diplômé en 1960. Ancien médecin hospitalier, il a également été chef du service d'imagerie médicale au C.I.U. Ambroise Paré à Mons. 8h30 Ouverture de l’accueil: retrait des billets d’entrée et des dossiers. 9h Introduction par Monsieur PIERRE DE MARÊT, RECTEUR DE L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES 9h15 Bouddhisme ancien et Theravâda, «Ceci n’est pas Moi, ceci n’est pas mien » DOMINIQUE TROTIGNON, DIRECTEUR DE L’UNIVERSITÉ BOUDDHIQUE EUROPÉENNE, PARIS 10h45 Du Mahayana (le courage de l’altruisme) au Vajrayana (l’intrépidité de l’ultime), FABRICE MIDAL, PHILOSOPHE ET ÉCRIVAIN 12h30 Repas 14h30 Zen, la voie du non-agir MAÎTRE TOKUDA, DIRECTEUR DE CENTRES SOTO ZEN AU BRÉSIL ET EN FRANCE 16h Questions - Réponses 17h Fin de la première journée Depuis plus de deux millénaires, le bouddhisme propose des solutions contenues dans un corpus de points de vue et de conseils dont les hommes sont invités à faire l’expérience, en toute liberté, dans leur manière de comprendre la réalité et de vivre leur état humain. La tradition bouddhiste en est arrivée à revêtir des formes différentes en raison d’une inévitable adaptation aux variations d’un contexte socio-culturel mouvant. Toutes ces formes n’en demeurent pas moins homogènes quant au fond même des messages qu’elles peuvent véhiculer. Elles proviennent toutes du Bouddha lui-même. L’universalité du bouddhisme participe à sa manière à la compréhension profonde de notre humanité. Cette première journée sera consacrée à une présentation de ce qu’on appelle «les mille visages» du bouddhisme. Des spécialistes en la matière présenteront les lignes de force des grandes traditions du bouddhisme. vendredi 27 août 9h15 Bouddhisme ancien et Theravâda « Ceci n’est pas Moi, ceci n’est pas mien » DOMINIQUE TROTIGNON DIRECTEUR DE L’UNIVERSITÉ BOUDDHIQUE EUROPÉENNE, PARIS Le message fondamental du Bouddha porte sur la souffrance existentielle et la possibilité d’y mettre un terme, mais la démarche qu’il propose pour y parvenir ne peut être entreprise sans un travail sur les notions de « MOI » et « mien », sans lesquelles cette souffrance n’apparaîtrait pas. Ce travail suppose tout autant une analyse intellectuelle et psychologique, que la mise en œuvre de méthodes pratiques, visant à vérifier et à modifier les rapports d’identité et d’appropriation qui fondent ces deux notions de «Moi» et «mien». Directeur de l’Université Bouddhique Européenne, Dominique Trotignon est aussi vice-président de l’Association bouddhique Theravâda Vivekârâma. Enseignant de formation, il effectue des travaux de synthèse et de réflexion sur le bouddhisme ancien et l'implantation du bouddhisme en France. Il a notamment publié «La femme et le féminin selon le bouddhisme» et «La Création du Monde selon le bouddhisme» (éd. de l'Atelier, coll. «Ce qu'en disent les religions»). Les différents courants du bouddhisme ancien apparus au cours des cinq premiers siècles de son histoire, et dont le Theravada est toujours vivace de nos jours, n’ont que peu modifié les méthodes pratiques préconisées par le Bouddha; en revanche, ils en ont développé les analyses intellectuelles et psychologiques. La mise en cause de l’existence d’une âme permanente et durable, la question de l’existence des phénomènes objectivement considérés comme extérieurs à l’individu, et le problème posé par les actes intentionnels et leurs conséquences individuelles, nourriront de nombreuses controverses théoriques. Ces querelles sont d’autant plus importantes qu’elles influeront directement sur la pratique et que certaines des options choisies se radicaliseront au fil des siècles: faut-il se retirer du monde ? Comment agir pour le bien des êtres souffrants ? Quel degré de connaissance doiton développer ?... Autant de débats qui nourriront et expliqueront aussi, en grande partie, le mouvement de réforme qui apparaît aux environs de l’ère chrétienne avec un nouveau courant dit du «Grand Véhicule» (le Mahayana). vendredi 27 août 10h45 Du Mahayana (le courage de l’altruisme) au Vajrayana (l’intrépidité de l’ultime) FABRICE MIDAL PHILOSOPHE ET ÉCRIVAIN Le bouddhisme est tout entier une description du fonctionnement de l’ego qui, contrairement à toutes nos idées reçues, est une douloureuse fiction. Il n’existe pas d’ego. C’est ce fait même qui nous conduit à tenter continuellement de nous sécuriser. Mais cette lutte est vaine et sans aucun espoir de réussite. Nous ne réussirons jamais à trouver la sécurité que nous cherchons. Une insécurité constante nous habite. Le bouddhisme mahayana met l’accent sur la vacuité et la compassion qui, une fois découvertes, peuvent nous aider à habiter dans cette absence de sol ferme et y découvrir le sens véritable de la liberté. La vacuité révèle au sens le plus plein cet étrange phénomène: l’ego n’existe pas comme une entité indépendante. Ce terme d’ego désigne tout à la fois le commentaire constant qui accompagne chacune de nos actions cherchant ainsi, en vain, à nous rassurer; le souci de nous protéger en nous mettant au centre de notre monde; l'effort pour manipuler la réalité en vue d’accroître notre propre plaisir. Il est donc ce geste fait pour recouvrir une ouverture primordiale que nous n’avons pas besoin de fuir. Fabrice Midal est Docteur en Philosophie (Paris, PanthéonSorbonne), enseignant bouddhiste autorisé, et auteur de nombreux livres dont Trungpa, une biographie, Ed. Seuil, Mythes et dieux tibétains, Ed. Seuil, Lumières au Pays des Neiges, Ed. le Relié. Il prépare actuellement un Cahier de l’Herne sur Chögyam Trungpa. Le vajrayana est la radicalisation de cette perspective bouddhique du non-ego. Le non-ego est vu positivement comme la nature vajra, une qualité d’être indestructible qui n’a besoin d’aucune confirmation. Il nous est possible d’être, sans avoir à déterminer ce qu’on doit être ou comment être. Si le vajrayana est connu pour la présence en son sein de déités aux multiples visages, son sens reste obscur s’il n’est pas compris que tous les rituels qu’il a déployés visent d’abord et avant tout à développer cette présence intangible de notre être. Les déités, ou esprits médiateurs, émergent du rien, du non-moi ou de la non-existence. Elles nous apprennent à nous abandonner dans une attitude fondamentale de confiance. Alors que, la plupart du temps, on s’appuie sur des points de référence, des idées conceptuelles et sur les réactions des autres pour savoir si on se conduit comme il faut ou pas, le vajrayana nous montre une autre voie, libre d’une pareille dépendance. Cette découverte repose sur le geste initial du vajrayana: faire de l’Eveil la base même du chemin, une expérience qu’il est possible de transmettre sur le champ. vendredi 27 août 14h30 Zen, la voie du non-agir MAÎTRE TOKUDA DIRECTEUR DE CENTRES SOTO ZEN AU BRÉSIL ET EN FRANCE Après une brève carrière militaire, Ryôtan Tokuda-Igarashi (1938) entreprend des études de philosophie à l’Université bouddhiste de Komazawa (Tokyo) et suit le dur entraînement des moines Rinzaï, avant de rejoindre l’école Sôtô. En 1968, il est envoyé au Brésil où il fonde le monastère de Morro da Vargem à Ibiraçu, premier monastère zen d’Amérique latine, et celui de Pico dos Raios à Ouro Preto, où il enseigne l’acupuncture et la médecine chinoise. En 1984, Ryôtan Tokuda fonde la Sociedad Sôtô Zen do Brasil et, en 1985, le Centre d’études bouddhistes de Porto Allegre. Suit, en 1998, le monastère de Serra do Trovao à Ouro Preto, centre de formation pour les moines. Arrivé en France à la fin des années quatre-vingt, Ryôtan Tokuda y fonde l’Association Maha Muni (« Le grand silence »), le Centre Zen Maha Muni Paris et le centre d’Eitai-ji dans l’arrière-pays niçois. Lors de son intervention, maître Tokuda retracera brièvement les grandes lignes de la tradition zen et illustrera la spécificité de cette école à travers différents passages du Shôbôgenzo, l’oeuvre maîtresse de Dôgen (1200-1253), dont l’extrait suivant du chapitre «Manifestation de la vérité»: «Reconnaître l’infinité des manifestations au travers du soi est illusion. Réaliser le soi au travers de l’infinité des manifestations est éveil. Celui qui illumine complètement la nature illusoire est un éveillé. Celui qui s’illusionne au sujet de l’illumination est un être ordinaire. Il y a ceux dont la réalisation se poursuit au-delà de la réalisation; il y a ceux qui errent dans l’illusion. Lorsque les éveillés sont authentiquement éveillés, nul besoin pour eux de le savoir. Ils n’en sont pas moins des êtres éveillés, attestant l’éveil à chaque instant. Lorsqu’ils perçoivent formes et sons dans un engagement total du corps et de l’esprit, ils en font l’expérience entière, intime - non pas comme un reflet dans le miroir ou l’image de la Lune dans l’eau. Illuminer une face, c’est laisser dans l’ombre l’autre face. Étudier la voie du Bouddha, c’est s’étudier soi-même. S’étudier soi-même, c’est s’oublier soi-même. S’oublier soi-même, c’est se laisser illuminer par la réalisation de toute chose. Réaliser toute chose, c’est être libéré de l’attachement au corps et à l’esprit, le sien comme celui des autres. C’est être libéré de toute trace de l’éveil même, et continuer de manifester cette absence de trace, indéfiniment.» Journées 2 et 3: Samedi 28 et dimanche 29 août HISTOIRE DU « MOI » A TRAVERS LES SCIENCES, LA PHILOSOPHIE OCCIDENTALE ET LE BOUDDHISME «...Au temps du Bouddha, certains prétendaient que les buts religieux élevés ne concernaient que les personnes dont le statut social impliquait quelque divine approbation, tandis que les autres, de moindre rang, ne pouvaient y prétendre. D’autres encore croyaient que les hommes avaient ce potentiel de développement spirituel, mais que les femmes en étaient dépourvues. Le Bouddha déclara qu’une telle faculté n’a rien à voir avec le contexte social ou culturel, ni avec l’éducation religieuse ou le sexe, mais qu’en dispose quiconque prend le temps et fait l’effort d’accroître sa propre pénétration d’esprit.» Extrait de «Au Coeur du Bouddhisme» de Traleg Kyabgon Rinpoché. Les sciences et philosophies occidentales, tout comme le bouddhisme, étudient, chacun à leur manière, la différence entre un être ordinaire et un être «éveillé». Deuxième journée: Samedi 28 août HISTOIRE DU « MOI » A TRAVERS LES SCIENCES, LA PHILOSOPHIE OCCIDENTALE ET LE BOUDDHISME Président: Monsieur Jacques Rifflet, professeur honoraire de droit, de politique internationale et d’histoire comparée des religions à l’Institut supérieur de traducteurs et interprètes à Bruxelles (ISTI) et à l’Université de Mons-Hainaut. Il est aussi l’auteur du livre «Les mondes du sacré», Ed. Mols, nouvelle édition 2002, Bierges, Belgique. 9h15 La présence du moi dans la philosophie occidentale BAUDOUIN DECHARNEUX, DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE ET DE SCIENCES DES RELIGIONS DE LA FACULTÉ DE PHILOSOPHIE ET LETTRES DE L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES 10h45 L’identité: une illusion, une arme ou une nécessité ? FRANÇOISE BONARDEL, PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE DES RELIGIONS À LA SORBONNE (PARIS), ET ÉCRIVAIN. 12h30 Repas 14h30 Expérience subjective et neurosciences Le moi dans les neurosciences, aperçu historique et courants contemporains JEAN-MARIE JACQUES, PROFESSEUR AUX FACULTÉS UNIVERSITAIRES NOTRE-DAME DE LA PAIX, NAMUR; PROFESSEUR À L’ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE DE CACHAN, PARIS et NATHANAEL LAURENT, CHERCHEUR POST-DOCTORANT AUX FACULTÉS UNIVERSITAIRES NOTRE-DAME DE LA PAIX, NAMUR 16h Questions-réponses 16h30 Fin de la seconde journée samedi 28 août 9h15 La présence du moi dans la philosophie occidentale BAUDOUIN DECHARNEUX, DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE ET DES SCIENCES DES RELIGIONS DE LA FACULTÉ DE PHILOSOPHIE ET LETTRES DE L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES Le moi en Occident: de la conscience au sujet pensant Nous examinerons en un premier temps, comment la question du moi (sans doute une traduction possible en Occident au fameux «ego» compris à la manière orientale) traverse toute la philosophie moderne et contemporaine. Cette interrogation sur le sujet, son identité et sa différence, a été développée par les théologiens et philosophes à un point tel que l’idée de l’articulation du monde autour du sujet s’est peu à peu imposée. Il faut sans doute ici entendre ces spéculations comme une tentative de dépasser les systèmes théologiques traditionnels et comme une façon originale de régler la question de la providence divine qui apparaît comme le débat crucial des XVIIe et XVIIIe siècle. Baudouin Decharneux, philosophe et historien des religions, est chargé de recherches du Fonds national de la recherche scientifique et enseigne la littérature chrétienne des origines à l'Institut d’études des religions et de la laïcité de l'Université Libre de Bruxelles. Il est l'auteur d'une trentaine d'articles consacrés à la philosophie ancienne, au judaïsme hellénistique et romain et au christianisme des Ier et IIe siècles. En optant pour le modèle d’un monde articulé autour du sujet pensant et observant, l’Occident entamait une prospective philosophique dont les enjeux scientifiques sont évidents. La question que nous souhaitons poser dans la seconde partie est, en conséquence, quel fût l’avènement de l’idée de conscience dans le monde grec et judéo-chrétien et comment cette idée s’est-elle peu a peu imposée comme condition de la lecture du monde ? samedi 28 août 10h45 L’identité: une illusion, une arme ou une nécessité ? FRANÇOISE BONARDEL PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE DES RELIGIONS À LA SORBONNE (PARIS), ET ÉCRIVAIN De quoi parle-t-on exactement quand on fait allusion à l'identité d'une personne ou parfois d'un groupe humain ? La notion recouvre en fait aussi bien la singularité d'un individu, doté d'un caractère propre et d'une personnalité originale, que la cohérence et la relative stabilité de l'être ainsi désigné. Mais l'identité c'est aussi le moi (ego) supposé en être le noyau, le "sujet" reconnu pour libre et responsable, ou bien encore la conscience, de soi et du monde environnant. Agrégée de Philosophie, Docteur d'Etat, Françoise Bonardel est actuellement professeur à l'Université de Paris 1-Sorbonne où elle enseigne la philosophie des religions. Elle a traduit Les instructions fondamentales de Kalou Rinpoche (A. Michel, 1990). Auteur de plusieurs ouvrages sur cette Voie du Milieu qu'est aussi la tradition hermétique et alchimique occidentale, elle a notamment publié: Philosophie de l'alchimie (PUF, 1993), Philosopher par le Feu (Seuil, 1995), La Voie hermétique (Dervy, 2002), et prépare dans cette même perspective non dualiste un livre sur "Bouddhisme et philosophie". Elle est par ailleurs membre de l'Université bouddhique européenne (UBE) et co-dirige la revue "Connaissance des religions". La réalité de l'identité ainsi entendue fut d'autant plus déterminante dans la pensée occidentale que la logique repose depuis Aristote sur le "principe d'identité", et que la métaphysique s'est employée à penser l'Être comme substance identique à elle-même (ontologie). Mais la psychologie moderne des profondeurs permet également d'envisager que l'identité véritable de chacun d'entre nous puisse naître d'un dialogue avec l'inconscient, individuel ou collectif. Le processus de transformation du moi en Soi, nommé individuation par C.G. Jung, en résulte. Le bouddhisme considère comme toujours relative, conventionnelle et à ce titre illusoire, toute identité substantielle, qu'elle soit celle d'une chose, d'un animal ou d'un être humain. Et la philosophie moderne et contemporaine – Hume et Kant à leur manière, puis Schopenhauer, Nietzsche et Heidegger – ne s’est-elle pas mise à douter de la réalité de ce « moi » jusqu’alors tenu pour solide et garant de l’identité de chacun ? Ni l’Occident philosophique, ni l’Orient bouddhique, n’ont en tout cas admis que l’inexistence éventuelle ou avérée du « moi » puisse affranchir l’être humain de ses responsabilités». samedi 28 août 14h30 Expérience subjective et neurosciences « Le moi dans les neurosciences, aperçu historique et courants contemporains » JEAN-MARIE JACQUES NATHANAEL LAURENT PROFESSEUR AUX FACULTÉS UNIVERSITAIRES NOTRE-DAME DE LA PAIX, NAMUR; PROFESSEUR À L’ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE DE CACHAN, PARIS et NATHANAEL LAURENT, CHERCHEUR POST-DOCTORANT AUX FACULTÉS UNIVERSITAIRES NOTRE-DAME DE LA PAIX, NAMUR Dr. Jean-Marie Jacques (Biologie et Sciences Cognitives), professeur aux Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix (Namur) et à l’École normale supérieure de Cachan, Paris. Dr. Nathanael Laurent (Biologie et Philosophie), chercheur postdoctorant aux Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix, Namur. Ils travaillent tous deux sur des recherches fondamentales portant sur le langage et la cognition (mind and language) et sur des recherches appliquées dans le contexte de l’analyse des crises. Ils développent de nouvelles approches méthodologiques de l’analyse du discours. En particulier, avec leur collègue le Dr. Anne Wallemacq, ils développent un logiciel d’analyse du langage naturel (Evoq). Ils ont tous trois abondamment publié sur ces sujets dans des revues internationales. En prenant comme point de départ les travaux expérimentaux réalisés par Jean-Marie Jacques et par Nathanael Laurent, les conférenciers exploreront d’une manière élargie l’expérience subjective (le « moi », la « conscience », le « self » des anglosaxons). Leurs travaux portent sur la manière dont la perception vécue en première personne structure le discours en y modelant un espace de sens. Ils situeront l’expérience subjective dans un continuum qui part d’une approche biologique du « moi » (inscription corporelle) à une approche « langagière » du moi (inscription socioculturelle). Ils la replaceront, d’une part, dans un contexte historique (James, Freud, Jung, Merleau-Ponty) et, d’autre part, dans certains courants contemporains qui explorent le « moi » et la conscience (Edelman, Searle, Varela). Les participants seront amenés par conséquent à mieux comprendre les nouvelles approches du « moi » telle que la neurophénoménologie qui tente de relier les observations empiriques obtenues par des méthodes d’imagerie cérébrale (fMRI, EPR, etc.) réalisées sur des individus, à une description verbale (évocations, métaphores, etc.) par laquelle le sujet fait état de son expérience subjective. L’importance du lien entre l’inscription corporelle du « moi » (processus neuronaux) et l’inscription socioculturelle du « moi » (production discursive) est particulièrement bien mise en évidence, et montre que l’expérience subjective émerge d’une tension entre ces deux pôles. Troisième journée: Dimanche 29 août HISTOIRE DU « MOI » A TRAVERS LES SCIENCES, LA PHILOSOPHIE OCCIDENTALE ET LE BOUDDHISME Président: Luc Quéré, docteur en sciences 10h La science a-t-elle déjà trouvé le moi ? LUC QUÉRÉ, DOCTEUR EN SCIENCES 10h30 Le moi et le bouddhisme LAMA KARTA, DIRECTEUR DE L’INSTITUT YEUNTEN LING, HUY (BELGIQUE), ET AUTEUR D’OUVRAGES SUR LE BOUDDHISME 12h Repas 14h Que se passe-t-il avec l’ego tout au long des étapes de la pratique de méditation ? TRALEG KYABGON RIMPOCHE, DIRECTEUR DU E-VAM BUDDHIST INSTITUTE, MELBOURNE, AUSTRALIE 15h30 Questions - Réponses 16h Fin de la troisième journée dimanche 29 août 10h La science a-t-elle déjà trouvé le moi ? LUC QUÉRÉ DOCTEUR EN SCIENCES C’est dans la première moitié du XXème siècle que l’exercice de la science, et plus particulièrement de la physique quantique, reconnaît la présence gênante d’un moi « observateur » que l’on pensait exclu par le principe d’objectivation. Paradoxalement, quand d’autres disciplines scientifiques (médicale, astrophysique, neurobiologique...) recherchent activement le moi, elles ne peuvent que constater l’incomplétude de leur démarche. Ainsi, l’histoire récente des sciences dites « dures » nous apprend que le sujet, s’il est nié, semble s’imposer et, si on le recherche, semble introuvable par les méthodes habituelles. Luc Quéré (né en 1968) a fait son cursus universitaire aux Facultés Notre-Dame de la Paix à Namur (Belgique). Après avoir obtenu son doctorat en sciences (chimiephysique), et terminé un séjour post-doctoral à l'institut Max Planck de Munich, il a rejoint en 1998 le secteur privé de l'industrie pharmaceutique où il dirige une unité de chimie structurale, en support à la recherche de nouveaux médicaments. Parallèlement à sa carrière scientifique, il étudie depuis une quinzaine d'années le bouddhisme et, depuis plus récemment, ses points de convergence avec la sphère scientifique. Dans le domaine des sciences de l’homme et de la vie (psychologie, philosophie, histoire, sociologie,...) d’autres méthodes d’investigation sont employées. La psychologie moderne par exemple jette les bases de l’expérience de soi en étudiant la conscience dans son fonctionnement propre et non plus uniquement dans ce qu’elle observe. Lorsque le Je, l’âme ou l’ego, devient psyché ou conscience mentale en fonction, il devient alors un objet d’étude scientifique, mais au prix de conflits à caractère philosophique. A ce titre, le bouddhisme semble être une science à part entière, voire même une science intérieure de la conscience et donc du sentiment de soi. dimanche 29 août 10h30 Le moi et le bouddhisme LAMA KARTA DIRECTEUR DE L’INSTITUT YEUNTEN LING, HUY, BELGIQUE, AUTEUR D’OUVRAGES SUR LE BOUDDHISME Le Lama Karta est né de parents tibétains. Il a passé son enfance en Inde, auprès du Vénérable Kalou Rinpoché, un des grands maîtres bouddhistes du XXème siècle. Il a fait ses études au monastère de Sonada (Darjeeling) ainsi que dans une école anglaise. Le Lama réside depuis 1987 en Belgique à l’Institut Yeunten Ling et enseigne en Belgique, en France et aux Pays-Bas. Son premier livre, Introduction au bouddhisme, est présenté dans les écoles et les bibliothèques comme une excellente lecture de base. Il a déjà été traduit en plusieurs langues. Il est également l’auteur de La voie de la confiance, Champs purs et champagne: La pratique du bouddhisme tibétain en Occident, etc. publiés aux éditions Kunchab. Le Lama Karta est également connu comme interprète de chants mystiques tibétains. Il a déjà enregistré plusieurs CD et a donné des concerts en France, en Allemagne, en Hollande et en Belgique. Où situer le moi ? Quel rôle positif ou négatif joue-t-il dans l’évolution vers l’éveil ? Qu’appelle-t-on le soi des personnes ? Le soi des phénomènes ? Comment combiner l’idée d’un moi avec le caractère illusoire de tout ce qui apparaît ? Tant de questions débattues dans le bouddhisme. Le bouddhisme apprend à ne pas confondre l’ego avec la « personnalité » d’un individu. L’attachement à l’ego est considéré comme la source de toute souffrance. Par ailleurs, l’idée d’un non-attachement et du non-moi donne lieu, en Occident, à de nombreux malentendus sur le bouddhisme qui affirme en effet que rien n’existe par soi-même. Il y a toujours un ensemble de causes et de conditions qui expliquent l’apparition de tout phénomène. Le concept bouddhiste de la « production conditionnée » aide à reconnaître que le monde (extérieur et intérieur) est un réseau, sans limite, de variations et de relations en évolution continuelle... et que sans celles-ci le monde ne se manifesterait tout simplement pas. En outre, les explications apportées par le bouddhisme sur la production conditionnée témoignent de l’importance de ces interrelations qui relient toutes choses et toutes actions: si celles-ci sont saines, elles favoriseront un état heureux, si par contre elles sont négligées ou malsaines, elles génèreront de la souffrance. De cette analyse découle donc une proposition d’éthique de vie. Si, au début du cycle des douze maillons de la production conditionnée décrits par le Bouddha, nous transformons l’ignorance – le premier de ces maillons – en sagesse, nous sommes en mesure de déduire les conséquences de cette altération tout le long de la chaîne. Dans une approche ou tout possèderait intrinsèquement le statut de conséquence et/ou de cause, l’ignorance elle non plus n’existe donc pas par elle-même, telle un démon extérieur qui prendrait possession de nous, ou tel un fait accompli irréversible. Il est possible de la transformer en sagesse, puisque l’ignorance comme la sagesse ne se situent nulle part ailleurs que dans notre propre esprit. dimanche 29 août 14h Que se passe-t-il avec l’ego tout au long des étapes de la pratique de méditation ? TRALEG KYABGON RINPOCHE DIRECTEUR DU E-VAM BUDDHIST INSTITUTE, MELBOURNE, AUSTRALIE Les pensées et comportements des êtres « ordinaires » sont conditionnés par l’ignorance, la confusion, la méprise et le manque de discernement. Lorsque l’esprit est purifié de tous ces voiles, appelés aussi « obscurcissements », nous pouvons réaliser la nature des phénomènes, ce qui correspond à l’obtention de la bouddhéité, ou état de Bouddha, encore appelé «éveil». Cette voie progressive est parcourue grâce à la pratique de la méditation qui introduit une révolution silencieuse au sein même de la conscience et à travers les différentes étapes de la pacification, de la concentration de l’esprit et de la « vision pénétrante»; par le dépassement des obstacles (la paresse, la somnolence, l’agitation,...) et l’actualisation ultime de toutes les caractéristiques inhérentes de l’esprit. Le Vénérable Traleg Kyabgon Rinpoché dirige l’institut bouddhiste kagyu E-Vam de Melbourne, en Australie. Né en 1955 dans l’Est du Tibet, il se rendit en Australie en 1980 afin d’y enseigner le bouddhisme. Il anime régulièrement des retraites, des conférences et des cours aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Asie du Sud-Est et en Europe de l’Ouest et de l’Est. La méditation aide le pratiquant à se pencher sur l’identification à l’ego: il ou elle commence à réaliser que l’ego n’existe pas en tant qu’entité indépendante, et que «notre moi» est la simple réunion et l’assemblage temporaire de facteurs physiques et mentaux. D’où vient cette identification à un «je» intrinsèque plus permanent que ses expériences ? Le démantèlement de l’ego qui résulte des pratiques méditatives et analytiques a un effet autolibérateur. La sagesse vient de la compréhension que « moi » et les autres phénomènes ne sont pas séparés: esprit, matière organique, inorganique – tout ce qui existe en ce monde est interdépendant et n’a, de ce fait, aucune substantialité propre. Rien n’a d’essence immuable et tout est interdépendant: c’est ce qui est défini par la notion de vacuité (shunyata) au sens bouddhiste. La sagesse découle de cette réalisation. Si nous avons fortement ancré en nous la notion d’existence intrinsèque (svabhava) d’un moi complètement cloîtré dans le corps et isolé de l’extérieur, alors nous ne nous sentirons jamais en harmonie avec le monde. Nous percevrons le monde externe soit comme hostile, soit comme quelque chose d’exploitable et de manipulable, à raison de nos désirs et de notre colère. Prix : - 1 jour: 25 € - 2 jours: 45 € - 3 jours: 60 € Les repas ne sont pas compris dans le prix. Parking : Le parking souterrain du département de sociologie, 44 avenue Jeanne, peut être utilisé par les participants au congrès. Informations : (E-mail : [email protected]) Institut Nalanda 50, rue de l’Orme B-1030 Bruxelles Tél. : + 32 (0)2 675 38 05 Fax : +32 (0)2 675 38 90 E-mail : [email protected] ou bien Tél. : +32 (0)3 685 09 19 Fax : +32 (0)3 685 09 91 E-mail : [email protected] INSCRIPTIONS • par formulaire en ligne sur le site web: www.institut-tibetain.org, page « Congrès ». • par e-mail: [email protected] (merci de communiquer les informations reprises sur le coupon-réponse ci-dessous) • Par la poste, à l’aide du coupon-réponse ci-dessous: Inscription: coupon réponse à retourner à Institut Nalanda, 50 rue de l’Orme, B-1030 Bruxelles, Belgique Nom : ........................................................................................................................ Adresse : ................................................................................................................... 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Le nombre de places est limité à 350 participants.