Le transport routier de personnes à la Réunion
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Le transport routier de personnes à la Réunion
Le transport routier de personnes à la Réunion Sous l’effet de la croissance démographique et de l’étalement urbain, les déplacements à la Réunion ne cessent de croître au regard des besoins d’accès aux services de la vie quotidienne (éducation, emploi, santé, …) et du développement du tourisme. Le réseau routier tend à saturer. L’enjeu d’en réduire les conséquences (embouteillages, pollution, …) amène le territoire à adopter des mesures et des actions en faveur de modes de déplacement alternatifs à la voiture individuelle. C’est ainsi que le développement des transports collectifs a été définie comme une priorité à la Réunion. L’attractivité de ce secteur dépend cependant d’une amélioration de la qualité de service qui est subordonnée à la professionnalisation des acteurs, conducteurs comme chefs d’entreprise. 1. Le transport routier de personnes : un ensemble d’établissements de petite taille Le dynamisme du transport routier de voyageurs à la Réunion est attesté par la croissance de la fréquentation des transports collectifs et l’évolution du nombre d’entreprises. Le tableau ci-dessous présente l’augmentation régulière des inscriptions des entreprises au registre des transporteurs. Evolution des inscriptions au registre des transporteurs (2007-2011) 2007 434 Source : DEAL 2008 453 2009 461 2010 473 2011 504 Ces entreprises de transport routier de personnes sont majoritairement de petite taille : 93% des établissements comptaient moins de 10 salariés en 2011. Les seuls établissements de 100 salariés et plus se trouvent dans les activités de transports réguliers de voyageurs et de transports urbains et suburbains de voyageurs. Les entreprises cumulent fréquemment des activités de transport urbain, de transport scolaire, de transport interurbain et de transport de tourisme. La zone d’emploi Sud est la plus dynamique en matière de localisation des établissements de transport routier de voyageurs. 1 2. Des capacités de transport en croissance Les capacités de transport ont augmenté, ainsi qu’en témoigne la croissance annuelle moyenne du parc de véhicules de TRV, de 6% entre 2004 et 2011. En 2011, le registre des transporteurs recense 2 283 véhicules de transport routiers de voyageurs à la Réunion, dont 30% de véhicules de moins de 10 places. Ces petits véhicules sont principalement affectés à la desserte des écarts et des zones rurales et au transport à la demande, pour lesquels la demande est importante. 3. Une structure démographique qui implique… Les effectifs dans le transport routier de personnes ont progressé régulièrement depuis 2000, avec une répartition quasi-identique entre les zones d’emplois Sud, Nord et Ouest, mais un poids très faible de l’Est qui ne recueille que 15% de ces effectifs. 3.1. …des départs à la retraite importants dans les années à venir Les effectifs du secteur ont un âge moyen de 40 ans, mais avec une tendance au vieillissement. Les effectifs de 40 ans et plus dans les transports routiers de voyageurs sont plus nombreux que ceux des moins de 40 ans. Près de 20% des effectifs du secteur partiront à la retraite dans les années à venir, dans des proportions plus importantes dans les transports urbains et suburbains de voyageurs et dans les transports de voyageurs par taxis. Structure par âge des effectifs 450 400 350 300 20 à 24 ans 250 25 à 29 ans 200 30 à 39 ans 150 40 à 54 ans 100 55 à 64 ans 50 65 à 79 ans 0 4931Z - Transports 4932Z - Transports de 4939A - Transports 4939B - Autres urbains suburbains voyageurs par taxis routiers réguliers transports routiers de voyageurs voyageurs voyageurs Source : RGP, 2009 2 Les départs à la retraite concernent les métiers de techniciens d’exploitation non cadres, de conducteurs de transport en commun et de conducteurs de taxi salariés. Le nombre de jeunes actuellement en activité ne permettra toutefois pas le remplacement de tous ces départs à la retraite. 3.2. …un renouvellement des effectifs qui serait favorisé par une meilleure attractivité des métiers… L’image du secteur mais aussi les conditions de travail (rémunérations, insécurité, conflits avec les usagers, …) des conducteurs de transport en commun sont un frein à l’entrée dans ce secteur. 3.3. …et un enjeu de plus grande mixité des emplois. La présence des femmes reste faible dans ces métiers. Aujourd’hui, la féminisation concerne plutôt les activités de transports réguliers de voyageurs et les transports urbains dont 21% des effectifs sont des femmes. Répartition des effectifs par activité et par sexe 4939B - Autres transports routiers de voyageurs 4939A - Transports routiers réguliers voyageurs Hommes Femmes 4932Z - Transports de voyageurs par taxis 4931Z - Transports urbains suburbains voyageurs 0% 20% 40% 60% 80% 100% Source : RGP, 2009 4. Un secteur soumis à des difficultés de recrutement Les employeurs observent parmi les candidats des insuffisances en matière d’expérience, de niveau de qualification, de motivation et enfin d’aptitude commerciale. 5. Un bas niveau de qualification 82% des effectifs salariés du transport routier de voyageurs ont des niveaux de qualification inférieurs ou égaux à V. Cette proportion est encore plus importante (84%) parmi les conducteurs de transport en commun. 3 Les niveaux de qualification des effectifs du TRV 4939B - Autres transports routiers de voyageurs Niveau VI 4939A - Transports routiers réguliers voyageurs Niveau V Niveau IV Niveau III 4932Z - Transports de voyageurs par taxis Niveau II 4931Z - Transports urbains suburbains voyageurs 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% Source : RGP, 2009 6. Des emplois globalement stables et à temps complet Les contrats de longue durée (CDI) sont la règle, mais le secteur compte aussi de nombreux CDD et des statuts d’indépendants et d’employeurs. Pour des raisons de sécurité mais aussi de maintenance du matériel roulant, les entreprises font rarement appel à l’intérim. Le temps partiel est peu répandu : seuls 12% des effectifs du transport routier de voyageurs sont concernés. 7. Des parcours professionnels peu diversifiés Les parcours professionnels reposent à la fois sur l’individu, l’entreprise et les opportunités offertes aux salariés, en rapport avec leur desiderata, les compétences requises et les moyens de les acquérir ou de les compléter. Les mobilités professionnelles sont peu fréquentes et se traduisent généralement par une évolution d’un poste d'opérateur vers un poste de technicien/maîtrise. Les conducteurs restent souvent dans la conduite, en démarrant dans le transport scolaire, en exerçant ensuite comme conducteurs-receveurs, pour devenir conducteur de tourisme. Une évolution vers d’autres métiers mène à des postes en exploitation (agent de mouvement, …). 8. Une offre de formation défaillante L’offre de formation initiale à la Réunion ne prépare à aucun diplôme ou titre dans le transport routier de personnes alors que l’offre en formation continue est assez variée mais peu sollicitée au regard des effectifs et de l’usage des dispositifs de formation existant. 4 8.1. Une absence de formation initiale diplômante ou qualifiante Aucune formation initiale diplômante ou qualifiante n’est dispensée à la Réunion, seules les formations d’accès aux métiers sont disponibles. Ce sont les formations initiales minimales obligatoires (« FIMO ») et les formations continues obligatoires (« FCO ») pour la conduite et les attestations de capacité professionnelle (« ACP ») pour la gestion d’entreprise qui permettent l’accès aux professions du secteur. Le nombre de FIMO délivrées varie suivant les années, dans une fourchette de [50-170] environ. Les formations passerelles permettant aux conducteurs routiers de marchandises de se réorienter vers le transport de personnes ont été suivies par 36 personnes en 2011. En 2011, 60 ACP Voyageurs ont été délivrées, dont 43 par équivalence de diplômes. La réforme (Paquet Routier) modifie les conditions d’accès et renforce la professionnalisation avec l’instauration d’une formation obligatoire de 140 heures préalablement à l’examen pour le transport léger de personnes. 8.2. Des dispositifs de formation peu utilisés Les bénéficiaires des périodes de professionnalisation ont suivi des formations en lien avec leur activité professionnelle, en conduite économique et rationnelle d'un autocar, en prévention et gestion des conflits et du stress, perfectionnement de la connaissance de la Réunion, Sauveteur secouriste du travail, mais également pour préparer l’attestation de capacité professionnelle (voyageurs). Les contrats de professionnalisation portent principalement sur des BTS Transport, des BTS Management des unités commerciales mais aussi des licences (Activités et techniques de commercialisation, …). Peu de formations tutorales ont été dispensées alors que le tutorat est une voie privilégiée pour combiner reclassement des actifs les plus âgés et transmission des savoirs et des compétences dans le contexte de vieillissement des actifs que connaît la Réunion. 7.3. Des besoins de formation importants face à de faibles capacités de formation Le Trans Eco Express est le plus structurant des projets touchant au transport routier de personnes. Il prévoit un renouvellement du parc de matériel roulant, l’acquisition de nouveaux bus (véhicules propres), devant alors générer 120 postes de conducteurs de véhicules de TRV et une dizaine de postes de techniciens de maintenance. En prenant en compte les différents projets, deux scénarios ont été établis, le scénario 1 ayant pour hypothèse un taux moyen de croissance de l’emploi de 5% et le scénario 2, une hypothèse de croissance de 7%. 5 Créations annuelles d’emplois Scénario 1 Scénario 2 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 163 228 171 244 180 261 189 280 198 299 208 229 219 240 229 252 2015 189 200 2016 198 214 2017 208 229 2018 219 240 2019 229 252 2020 241 265 Besoins de renouvellement Scénario 1 Scénario 2 2013 171 174 2014 180 187 Les besoins de formations induits annuellement sont synthétisés dans le tableau cidessous : Catégories d’emploi Cadres, techniciens et agents de maîtrise Contrôleurs des transports Autres agents et hôtesses d'accompagnement Conducteurs de véhicule routier de transport en commun Autres agents et ouvriers des services commerciaux et d'exploitation des transports Effectifs [70-105] [5-8] [60-94] [155-240] [65-100] Les flux à former sont importants au regard des capacités en formation initiale aujourd’hui. De plus, les FIMO sont insuffisantes pour doter les conducteurs de toutes les compétences requises dans le transport routier de personnes, quelle que soit l’activité considérée : transport urbain, tourisme, …Les formations initiales longues, de 280 heures au moins (à l’instar de celles existant en métropole), appréciées des employeurs, permettent en outre de conduire plus tôt, à 21 ans, au lieu de 23 ans pour les titulaires de la FIMO et devraient attirer des jeunes. 8. Synthèse des enjeux 8.1. Accompagner le développement du transport routier de voyageurs Le développement du transport routier de personnes sur le territoire réunionnais est un impératif pour infléchir l’usage de la voiture individuelle, réduire les nuisances qui en découlent (embouteillages, pollution, …) mais aussi accompagner le développement du tourisme. L’amélioration de la qualité de service (fréquence, amplitude horaire, accueil, interconnexion entre réseaux, …) est une condition sine qua non pour améliorer la part des transports collectifs. Elle repose en partie sur la professionnalisation des acteurs. 8.2. Professionnaliser les acteurs La qualification constitue l’un des moyens de professionnaliser les acteurs. Il s’agit, pour les chefs d’entreprises, qu’ils se dotent de compétences en gestion et en comptabilité, de connaissance de la réglementation, etc…, pour les conducteurs de disposer d’un sens 6 commercial (accueil, …), de savoir gérer les situations de conflits, de conduire en toute sécurité et dans le respect des règles, … 8.3. Améliorer l’attractivité des métiers Améliorer l’attractivité des métiers pour permettre le renouvellement des effectifs passe de meilleures conditions de travail dans le secteur mais aussi une meilleure connaissance des métiers des transports et de la logistique auprès de publics variés, solaires, jeunes et femmes. 8.4. Poursuivre le développement de l’offre de formation L’offre de formation en transport ne cesse d’évoluer, mais reste insuffisante. Le renforcement de l’offre de formation doit être poursuivi, pour inclure une formation initiale qualifiante axée sur le transport routier de personnes, dans les métiers de la conduite et ceux de l’exploitation. Le renforcement de l’offre de formation continue est également essentiel pour créer des passerelles et favoriser les mobilités professionnelles entre les métiers et les secteurs. 7