Discours de Frédérique Calandra, Maire du 20e

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Discours de Frédérique Calandra, Maire du 20e
Discours de Frédérique Calandra, Maire du 20e arrondissement
A l’occasion du 4e anniversaire de la disparition de Guy-André Kieffer
- 16 avril 2008 -
Nous sommes réunis aujourd’hui, en ce 16 avril 2008, pour rendre hommage au
combat mené sans relâche par une famille de notre arrondissement. Une famille qui
se bat depuis des années pour briser le mur du silence derrière lequel se cache
depuis trop longtemps un drame qui ne dit pas son nom. Une famille avec laquelle
nous partageons un même combat : le combat pour la vérité et pour la liberté.
Cette famille, c’est celle de Guy-André Kieffer, qui avec sa femme, Osange, et leur
fille, Cannelle, habite dans le 20eme arrondissement. Ils sont près de nous et
pourtant se battent contre l’oubli. Contre le silence qui menace à chaque instant de
se refermer sur une histoire qui n’a pas encore dévoilée toutes ses pages.
Peut-être certains d’entre vous ont-ils lu les articles de Guy-André Kieffer, ce brillant
journaliste qui a longtemps travaillé pour plusieurs publications françaises. Il s’était
fait une spécialité des sujets ayant trait aux matières premières, en particulier la
filière cacao-café, dont la Côté d’Ivoire est le principal producteur mondial.
En 2002, Guy-André Kieffer est parti là-bas. Pendant de longs mois, il a enquêté sur
la corruption et les différents trafics qui rongent ce pays. Pendant de longs mois, il
s’est battu pour faire entendre cette vérité, écrivant régulièrement des articles pour la
presse ivoirienne. Pendant de longs mois, il s’est battu pour que cette vérité puisse
être librement dite, librement exprimée à tous.
Mais le 16 avril 2004, il y a quatre ans, jours pour jours, Guy-André Kieffer a été
enlevé, en plein jour, en plein centre d’Abidjan. Depuis ce jour, nous sommes sans
nouvelle de lui. Depuis ce jour, sa famille, ses proches, vivent dans l’insupportable
attente d’explications. Que s’est-il passé ? Pourquoi avoir voulu faire taire cette
vérité ? Qui a pris à Guy-André Kieffer sa liberté, et en même temps celle de sa
famille ?
Depuis, le combat de Guy-André Kieffer se conjugue plus que jamais avec celui de
sa femme, de sa fille, de ses frères, de ses proches, de ses voisins, de ses
concitoyens. Guy-André Kieffer s’est battu pour la vérité et l’a chèrement payé de sa
liberté. Depuis, c’est sa famille qui paie également le prix de sa liberté en ne pouvant
avoir accès à la vérité autour de sa disparition.
Car, comme l’a dit Jacques Prévert, « Quand la vérité n'est pas libre, la liberté n'est
pas vraie. La liberté ne va pas sans la vérité.
Or quatre après, la vérité se fait toujours attendre.
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L’enquête menée en Côte d’Ivoire et en France a permis d’avancer plusieurs
éléments autour de cette disparition, mais elle n’est toujours pas close. L’enquête
continue aujourd’hui de stagner face à la faible coopération des autorités ivoiriennes.
Je souhaite profiter de ce moment pour saluer, en accord avec la famille de GuyAndré Kieffer, le travail accompli par les juges d’instruction français, Patrick Ramaël
et Emmanuelle Ducos, leur détermination et leur investissement face aux
nombreuses difficultés rencontrées pour mener à bien les recherches.
Je souhaite également saluer le soutien qu’apporte sans relâche à la cause de GuyAndré Kieffer Reporters Sans Frontière. Robert Ménard et Léonard Vincent sont
présents aujourd’hui pour qu’ensemble, une nouvelle fois, nous affirmions haut et fort
notre attachement à ce combat pour la vérité et pour la liberté.
Et c’est cette vérité que nous réclamons de nouveau avec force aujourd’hui, en ce
triste anniversaire de la disparition de Guy-André Kieffer. Pour que sa famille puisse
enfin être libérée du poids du silence, de la souffrance de ne pas savoir ce que leur
mari, leur père, leur frère est devenu. Cette famille c’est la nôtre. Ce combat pour la
vérité c’est celui de chacun d’entre nous.
Vous pouvez compter sur notre détermination, ma détermination à soutenir sans
relâche cette exigence de vérité et à porter avec vous cet appel à la mobilisation de
tous, et avant tout des autorités ivoiriennes et françaises, pour que la justice puisse
faire son travail jusqu’au bout et que le mur du silence se brise enfin. Pour qu’ainsi
Guy-André Kieffer ne disparaisse pas une seconde fois et avec lui le combat de toute
une famille.
Pour que chacun se souvienne, aujourd’hui j’ai souhaité aux côtés d’Osange et de
Cannelle ainsi que de Reporters Sans Frontières écrire de nouvelles pages d’espoir.
Aujourd’hui n’est que la première car, ensemble, nous en écrirons d’autres afin
d’inscrire durablement cette mobilisation au cœur du 20ème. A travers ce portrait de
Guy-André Kieffer déployé aujourd’hui sur la mairie de notre arrondissement nous
vous appelons à vous souvenir chaque jour que notre combat commun pour la liberté
de la presse n’est pas terminé et vous donnons rendez-vous pour un nouvel
événement d’ici la fin juin.
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