LES GRADES DE VENGEANCE ET LEUR

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LES GRADES DE VENGEANCE ET LEUR
LES GRADES DE VENGEANCE ET LEUR LEGENDE
Par Jean-Claude L.
Le jeudi 31 janvier 6008
L.P. Le Parthénon
Dans la progressivité de la démarche maçonnique au REAA, les grades dits de vengeance ou
grades d’élus, succèdent aux grades de perfectionnement.
C’est dans un groupe d’hommes éclairés, zélés et fidèles, prudents et équitables, ainsi que
vertueux, c’est à dire hommes de qualité et de confiance que seront élus ceux à qui on
confiera la mission de châtier les assassins d’Hiram.
On constatera également, au fil de l’histoire que, de simple chargé de mission désigné par le
sort parmi plus de 90 postulants, l’Elu s’élève progressivement vers la notoriété après s’être
illustré par ses actes, pour atteindre un rôle social élevé, au service de l’intérêt commun.
Mais traitons d’abord de la légende et de la scène qui est présentée aux récipiendaires du
premier grade dit de vengeance.
1er acte:.
L’histoire se situe sous le règne du roi Salomon, après que le grand architecte chargé des
travaux de construction du Temple ait été assassiné par les 3 mauvais compagnons avides
de connaître le mot de passe des Maîtres.
Apprenant par Pérignan, un étranger, (le dieu Hermès ou nouvelle manifestation du hasard
?) La cachette d’un des meurtriers, le sage roi Salomon envoie 9 Maîtres pour l’appréhender
et le livrer à la justice, chiffre choisi en souvenir des 9 maîtres qui sont partis à la recherche
de la sépulture d’Hiram.
L’un d’entre eux, le zélé Johaben, déjà rencontré comme secrétaire intime outrepasse sa
fonction en exécutant le mauvais compagnon au lieu de le livrer à la justice et ne doit son
salut qu’à ses pairs qui plaident pour lui devant Salomon.
Analyse du tableau.
La légende est illustrée par un tableau, véritable document pédagogique alchimique. Au
travers les époques, les multiples représentations qu’en ont tiré les artistes, j’en ai trouvé 4,
représentées ici.
Qu’y a t il là ? Un individu, le meurtrier endormi, dans un décor plein de symboles.
Citons-les: Un buisson ardent - La fontaine - La caverne - Le poignard - La lampe et,
présents dans certaines représentations, L’étoile - L’arc-en-ciel - L’escalier à 9 marches.
Auxquels on peut ajouter l’étranger, absent ici mais parfois représenté sous les traits d’un
chien, soit 9 symboles.
Présent devant lui, l’Elu se trouve ébloui par l’éclat du buisson ardent, représentation
allégorique de la divinité, porteuse du commandement « Tu ne tueras point » placé là pour
lui rappeler la limite de son action, et obtenir la bonne réponse, se saisir du meurtrier et
l’amener devant la justice.
Au-delà, l’initié découvre, la caverne où le criminel s’est réfugié, lieu sacré image brute du
monde dépourvue des valeurs fondamentales qu’il était censé construire, la sagesse, la
force, et la beauté.
Il ne peut être confondu avec le cabinet de réflexion, car le coupable y dort, pour oublier je
pense, mais il n’a pas tout oublié, il reste à son chevet une toute petite lumière, peut être
celle du remord.
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Quant au M. il connaît le chemin à parcourir pour accomplir sa mission, mais il est seul et
démuni.
En effet, il n’a pas d’outils, ni équerre ni compas, ni aucun de ceux qui ont accompagnés
ses voyages vers la quête mais il aperçoit un poignard - posé là par qui? -, instrument
ambivalent de la tentation purificatrice empreint de noblesse avec sa poignée d’or et sa
lame d’argent.
Seul avec sa loi morale encore fragile et sa soif de vengeance, c’est la première fois qu’il se
trouve devant son devoir; auparavant il ne s’est qu’engagé à le faire, maintenant il doit
l’accomplir. Qu’elle va être sa réaction ? Il décide d’avancer, d’avancer seul et se dirige vers
la caverne, dépasse le buisson ardent et poursuit son chemin.
Il fait les 9 pas, effaçant successivement les commandements transmis par Moise, oubliant
ainsi sa Loi Morale, action régressive irréversible car le mal attire le mal. Saura-t-il en
pénétrant dans la caverne y retrouver trouver la pierre cachée des sages ? Il n’est pas à cet
instant dans un état de calme réflexion mais sous l’emprise du tumulte de l’émotion. Le
combat entre le buisson et la grotte, entre le bien et le mal est d’ors et déjà perdu.
Et, entré, se saisissant du poignard, il transgresse le dernier commandement, il frappe, il
frappe en criant « NEKAM », cri par lequel on excite quelqu'un à la vengeance. Au front
d’abord pour effacer le geste mortel ayant mit fin aux jours de l’Architecte, acte magique, le
semblable appelant le semblable, puis au cœur pour recréer l’harmonie détruite sans
percevoir, sourd au dernier message, « NEKAH » du supplicié, qu’en agissant ainsi, en se
conduisant lui-même comme un assassin, il a détruit la sienne. Enfin, il parachève
l’extinction de sa soif de vengeance d’abord en le décapitant, châtiment humiliant car
réservé aux apprentis, matérialisant ainsi ce qu’il considère comme son triomphe, puis en
se purifiant à la source.
C’est dans les yeux de ses compagnons qu’il lit la bassesse de son comportement social,
découvre que, ses passions ayant asservi son zèle, la sauvagerie de son action a fait de lui
un être aussi méprisable que celui qu’il a châtié. Prise de conscience tardive par ces mots
BEGOHAL-KOL de ce qu’il aurait du combattre, de ce qui est caché en lui.
Sensible à l’intercession des autres Elus, à leur commune alliance fraternelle en faveur du
pardon d’un acte outrancier mais réalisé par devoir au nom de la justice, Salomon, réussit
lui, le roi, à surmonter une phase d’emportement, pour évoluer vers plus de discernement,
leçon ainsi donnée à Johaben. D’ailleurs, Salomon qui est, lui, au courant du plan du Grand
Architecte ne pouvait que pardonner.
Et pour montrer que, malgré cet excès la justice à triomphé, la tête du meurtrier est
exposée à la porte du Temple, là ou a été frappé l’Architecte
Cette histoire est édifiante par la pertinence de la démarche éducative. Voilà un homme,
curieux par essence, instruit d’humanisme, déjà prévenu des conséquences de ses possibles
errements qui échoue, instantanément, encore emporté par ses passions.
Je vois dans ce psychodrame une expérience aussi nécessaire que les travaux pratiques
complétant un cours magistral. C’est grâce à ce parcours, démarche nécessaire, que la
connaissance théorique et livresque de la vengeance se métamorphose en connaissance
pratique par la vengeance.
Mais évitons de généraliser, la maçonnerie est spéculative et ce récit n’est qu’une légende.
Nous restons toujours des enfants, nous ne savons ni lire (le monde) ni écrire (notre
morale) et comme eux sommes normalement attirés par la transgression, expérience de la
vie. Ces histoires qu’on leur raconte pour les éduquer contribuent à leur éducation et les
préviennent des risques encourus.
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2eme acte:
Lorsque la cachette des 2 autres assassins est révélée, Salomon envoie 15 maîtres que,
cette fois, il choisi (dont Johaben encore et les huit précédents) pour les capturer. Pourquoi
15 maintenant ? Certains auteurs interprètent ce nombre comme la somme 3+5+7
expression du choix de maîtres ayant parfaitement intégré les enseignements successifs
des 3 degrés des loges bleues.
Cette fois, pas de vengeance, les fugitifs sont capturés, couverts de chaînes aux maillons en
forme d’équerre et de compas. Ainsi, prisonniers de ce qu’ils avaient voulu conquérir sans le
mériter ils sont traduits devant Salomon qui les fait enfermer dans une tour.
C’est là, dans cet endroit rappelant la tour de Babel, lieu ou aucun dialogue n’est plus
possible que ces criminels, coupables d’avoir essayé de voler les mots de maître pourront,
dans le silence, prendre conscience de la démesure de leur orgueil dans le temps qui leur
est laissé pour, peut être, se repentir de leur acte en attendant leur jugement.
Puis ils sont exécutés. Le chaos qu’ils ont engendré, est censé être réparé par celui que l’on
créée dans leur chair, par leur souffrance lors du supplice et que, ainsi, l’ordre universel soit
reconstruit, renaisse. C’est pour la justice encore, en absence de jurisprudence, le temps de
la loi du talion.
De nos jours, on dirait que le désir d’ordre était, là, supérieur à l’idéal de justice.
Aujourd’hui, le dieu de vengeance et de châtiment a cédé la place au dieu d’amour et de
pardon. La souffrance n’est plus rédemptrice ni pour l’individu ni pour la société.
3eme acte
On dit que ce grade est celui de la récompense, j’y vois plutôt celui d’une nouvelle
conscience.
Ce qui leur a été demandé, leur action pratique au service du Devoir, leur à permis, en étant
descendus au fond de leur conscience de remonter vers la lumière avec une détermination
renforcée et définitivement acquise.
On les dit Sublimes matérialisant ainsi le changement d’état de leur démarche spirituelle. Et
Chevaliers, donc à cheval, maîtrisant leur monture c’est à dire leur coté animal, bien loin de
la confusion des centaures, capables d’avancer plus rapidement sur le chemin, armés du
poignard qu’ils conservent à leur coté pour rappeler la détermination sans faille de faire taire
leur ego.
L’épée, ou glaive qu’ils reçoivent et la devise «Vaincre ou mourir» ainsi que ce qu’ils ont
accompli les met définitivement, car il y a changement d’état, sur la voie sacrée, c’est à dire
jusqu’au sacrifice, par le pouvoir de l’esprit imprégné d’un idéal de justice et d’équité,
triomphant de l’ignorance et du fanatisme grâce au progrès conjoint de la connaissance et
de la morale
Les maîtres mots sont :
• Maîtrise de soi, de l’exercice de sa fonction, dans l’action pour une grande cause.
• Transcendance par franchissement de la frontière des émotions permettant l’accord
de l’action et de l’esprit.
La méthode maçonnique, spirale ascendante revenant cycliquement sur les enseignements
précédents, les a transformés en hommes sages, maîtres de leurs passions, ce sont des
humanistes guerriers, leur connaissance les rend «vrais en toutes circonstances».
Conclusion
Dans ces grades d’Elus, grades d’immanence, le REAA propose, une consolidation de
l’instruction du degré précédent par un travail pratique sur le Devoir.
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La fatalité ils l’ont rencontrée à la mort du R∴M∴ Hiram.
Ils ont su se plier à la nécessité de venger l’art Royal.
La destinée, le sort, ne les a pas tous récompensés mais tous ont accomplit leur
Devoir.
Il enseigne par la pratique que, puisque l’ennemi est en nous, l’esprit humain ne peut
chercher la vérité qu’en luttant contre ses propres imperfections.
Pour atteindre la vérité, la transgression expérimentale, les erreurs, sont nécessaires à
condition qu’elles soient à postériorité analysées pour se nourrir de leur enseignement et
alimenter sa morale. C’est par ces actions (expérience pratique de la vie initiatique
continuée à l’extérieur du Temple) que l’initié trouve ou retrouve l’étincelle divine qui est en
lui, aidé par les symboles semés dans l’inconscient par l’expression d’un dessein intelligent
le guidant vers la vérité donc vers la liberté pour plus de spiritualité, de conscience et
d’amour à la suite de l’accomplissement d’une mission à haute valeur morale, quelle que
soit la façon dont on l’a remplie.
Un jour, un ami dans la détresse m’a demandé de le conseiller sur le chemin à choisir pour
s’en sortir. Je me suis servi de mon expérience pour lui répondre. Il a suivi mes conseils et,
plus tard, m’en a remercié.
C’est une des rares fois ou je me suis senti un homme véritable.
Mes Frères, j’ai dit.
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