25 boucles et pas mal de cheveux gris…

25 boucles et pas mal de cheveux gris…
« Amis du rallye, je ne suis pas peu fier de célébrer cette année
ma 25e édition à la tête des Legend Boucles de Spa. J’ai repris le
flambeau en 1987, après la mort de mon père, et malgré le break
de 2005, depuis la flamme ne s’est jamais éteinte. On a pourtant
essuyé quelques tempêtes et, aujourd’hui encore, l’on doit se
battre contre vents et marées pour perpétuer la tradition. Le
public, les pilotes et les medias ne se rendent pas toujours
compte qu’organiser un rallye en Belgique de nos jours est un
véritable combat. Surtout une épreuve aussi exceptionnelle que
les Boucles de Spa, démarrant dans un parc classé parmi les
monuments et sites et traversant des forêts. Maintenir la
Clémentine appartenant au patrimoine des rallyes belges relève
carrément du défi. On le relève chaque année avec toujours
moins de certitudes d’y arriver tant les embuches sont
nombreuses. Je n’en dors plus la nuit. Mais grâce à la bonne
volonté et la passion de certaines personnes, on devrait encore
faire des miracles. On espère que le public s’y montrera aussi
discipliné, civique et respectueux de la nature que l’an dernier.
C’est impératif !
Pourquoi le nier ? Nous souffrons, comme tout le monde, de la
crise économique mondiale. On a moins d’argent, de rentrées, de
sponsors et tout coûte plus cher. Certains partenaires de longue
date ont été contraints de renoncer à nous aider cette année. Ce
n’est pas facile de nouer les deux bouts. L’accident dramatique
du Condroz ne nous a pas aidés. Le rallye n’a plus la cote dans
l’opinion publique. Et pourtant, les Legend restent un rendez-vous
incontournable, l’un des événements les plus populaires de la
région.
Nous avions heureusement anticipé au niveau de la sécurité avec
notamment des stewards privés, en en faisant plus que demandé
pour les épreuves modernes. Nous en avons encore remis une
couche. La sécurité restera toujours ma priorité. J’ai la hantise
de l’accident. La vie des gens n’a pas de prix. Je pense qu’il ne
faut pas vous faire un dessin. Un nouveau drame signifierait
l’arrêt immédiat du rallye en Belgique. Je compte donc sur
l’auto-discipline du public. Le rallye, même en régularité, avec
des vieilles autos moins rapides, reste un sport dangereux. Il faut
respecter impérativement les commissaires et leurs consignes.
Il en va de la vie des gens et de la survie de la discipline. S’il vous
plait, montrons l’exemple et ne donnons pas à ceux qui
n’attendent que cela, le marteau pour nous frapper.
Heureusement, malgré les difficultés, les critiques blessantes et
le climat morose actuel, il y a tout de même pas mal de points
positifs. Pour la deuxième année, nous avons dépassé la barre
incroyable des 350 équipages engagés. Je ne m’attendais pas à
répéter un tel succès. Et la qualité est toujours bien là avec
environ 25% d’étrangers. Même à la glorieuse époque du
moderne et du championnat d’Europe on n’a jamais connu cela.
Cette année, on a aussi voulu mettre l’accent sur la variété du
plateau. On pourra ainsi voir ou revoir des autos exceptionnelles
comme la Nissan 240 RS, la Renault 5 Maxi Turbo, l’Audi Quattro
A2, une Mitsubishi Lancer Turbo ou bien sûr la Ferrari 308 GTB
Gr.4 de Bjorn Waldegard, une voiture qui en a fait rêver plus d’un
et ne s’était encore jamais élancée à l’assaut des Boucles. Avec
en prime la Lancia Delta S4 Martini Groupe B, la présence de
l’autre ex-champion du monde Didier Auriol et du gratin belge, on
est comblés. Cela s’annonce magnifique. Et même si les pneus
neige sont cette année imposés pour tous afin de limiter les
coûts, les vitesses et d’augmenter le spectacle, j’espère que les
conditions ne seront pas trop hivernales. On a déjà assez de
problèmes à régler comme cela. Et cette édition ne manquera
déjà pas de sel. Comme notre addition…
Allez, je vais essayer de fêter dignement mes 25emes boucles
car avec tous les cheveux gris que je me suis déjà arrachés, je
ne célèbrerai pas mes 50e. Bon rallye à tous et merci pour votre
fidélité.»