EHPAD d`Aigueperse : Une restructuration pour une meilleure prise
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EHPAD d`Aigueperse : Une restructuration pour une meilleure prise
© M.O PRIETO EHPAD d’Aigueperse : Une restructuration pour une meilleure prise en charge des personnes âgées... Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes, la Maison de Retraite d’Aigueperse est un établissement public médico-social de 383 lits. Sous l’impulsion de son conseil d’administration, cet EHPAD s’est engagé dans un projet ambitieux destiné à restructurer la totalité de l’établissement. Cette restructuration était devenue nécessaire : implantée dans l’ancien hôpital d’Aigueperse dont les premiers bâtiments datent de la fin du XVIIIème siècle, la maison de retraite s’est organisée et étendue progressivement dans différents bâtiments, satellites ou isolés, qui sont venus compléter l’ensemble initial. Ce projet concerne donc la restructuration de la totalité de la maison de retraite d’Aigueperse, établissement actuellement situé sur deux sites peu éloignés, séparés l’un de l’autre par une voirie publique. Ce programme doit également permettre de supprimer les chambres à 3 lits de l’établissement et de disposer à la fin des travaux de près de 90 % de chambres à 1 lit. Sur la capacité de 383 lits qui reste inchangée, 272 seront situés dans les bâtiments neufs et 111 dans les locaux réhabilités. L’objectif est bien sûr de rénover l’établisse- ment, mais ce projet doit surtout améliorer la prise en charge des personnes âgées grâce, notamment, à l’aménagement de ces chambres, toutes équipées de cabinet de toilette avec douche. Il doit donc redonner à la fois une cohérence à la structure existante, permettre une meilleure organisation du personnel et donc une amélioration de la prise en charge des résidents. Depuis l’automne 2006, le projet architectural est entré dans une phase concrète par la construction d’un premier bâtiment d’une capacité de 136 lits, marquant ainsi le début de la restructuration complète de l’EHPAD d’Aigueperse. Ce nouveau bâtiment a été livré en septembre dernier. Ces travaux de longue haleine devraient être terminés d’ici 2012. Le coût de cette opération est estimé actuellement à 37.000.000 €. Le projet bénéficie notamment de subventions du Département du Puy de Dôme au titre du contrat de plan État-Région et du dispositif départemental d’aide à la modernisation des établissements, pour un montant total de 3,4 millions d’euros - soit près de 10 % du coût de l’opération. INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW Plus de précisions avec Jean-Jacques LAURENT, Directeur de L’EHPAD d’Aigueperse, Gilbert PETITALOT, Maire d’Aigueperse et président du conseil d’administration, et Jean-marc BERTIN Adjoint au directeur. Pouvezvous nous présenter votre établissement ? Jean-Jacques LAURENT : L’établissement d’Aigueperse est un EHPAD depuis 2003, de 383 lits, ce qui en fait l’un des plus importants d’Auvergne. Auparavant, il y avait environ 50% de lits d’U.L.S.D. et vers la fin des années 90, il y avait des lits de soins de suite. Nous sommes donc passés d’un statut hospitalier à celui d’une maison de retraite. C’est un établissement qui est en cours de signature de sa deuxième convention tripartite et, à ce titre, nous nous sommes engagés sur un certain nombre de points d’amélioration de la qualité avec, en contrepartie, la création de 27 postes sur les cinq années à venir. Sur ces 27 postes, 15 seront pourvus dès 2008, ce qui va permettre une meilleure prise en charge des résidents. Quelles sont les particularités architecturales de votre établissement ? J-J.L.: C’est un établissement ac- tuellement composé de bâtiments construits à diverses époques. Nous avons donc revu l’ensemble pour obtenir une meilleure cohérence. La phase 1 du projet a débuté en 2006 et s’est traduite en septembre dernier par la livraison d’un bâtiment de 136 lits. 5 autres phases vont suivre pour aboutir en 2012 à une structure soit rénovée, soit totalement neuve. décembre 2008 • Numéro 10 • 9 Quels sont les établissements avec lesquels vous avez le plus de liens ? Quels types de coopérations privilégiez-vous ? J-J.L. : Nous avons des liens privilégiés avec le centre hospitalier de Riom, mais aussi avec le C.H.U de Clermont-Ferrand. Pour la psychiatrie, nous sommes en relation avec le centre hospitalier Sainte Marie du Puy de Dôme et également avec le centre hospitalier de Vichy. Avec Sainte-Marie, nous avons une convention qui nous permet d’avoir des vacations de géronto-psychiatre à hauteur de 40% du temps ainsi que du temps d’infirmier psychiatrique. Qui sont les principaux acteurs de ce projet ? J-J.L. : Il y a deux cabinets d’architectes Ilot et Casa de ClermontFerrand, un mandataire ICADE et 25 entreprises pour un coût total de 37 millions d’euros. Pouvez-vous nous détailler les objectifs et les grands axes de votre projet de vie ? J-J.L. : Nous souhaitons, pour le résident, que notre établissement soit vraiment son domicile. Nous essayons de gommer les pesanteurs institutionnelles et faire en sorte que les occupants soient réellement considérés individuellement comme des personnes sans subir les contraintes de la vie en collectivité. Par exemple, nous allons modifier les horaires des repas qui sont encore trop tôt. Nous recueillons au maximum leurs avis en faisant une enquête de satisfaction auprès des résidents et des familles pour nous permettre d’améliorer de nombreux points. Notre objectif est bien évidemment d’appliquer la charte des droits et libertés des personnes accueillies en institution, mais aussi d’aller au-delà, c'està-dire en prendre soin au sens large du terme. La prise en charge a-t-elle évoluée ? J-J.L. : Oui, et sans porter aucune remarque et aucun jugement sur ce qui se faisait avant, je pense que cette évolution doit être calquée sur le regard que porte la société Comment les riverains ont-ils accueilli ce projet ? G.P. : Avec une certaine inquiétude parce qu’ils pensaient que c’était la commune qui allait financer ! Aujourd’hui il y a une réelle satisfaction d’accueillir ce nouveau projet. © M.O PRIETO Gilbert PETITALOT : Nous souhaitons que cette maison de retraite reste un lieu de vie, je tenais beaucoup à ce que ces murs soient supprimés pour nous permettre de développer un service à la personne, et nous avons un site particulièrement bien situé. Lorsque je suis devenu Maire en 1995, une seule personne assurait la direction de l’hôpital de Riom, d’Aigueperse et d’Effiat, ce qui veut dire qu’il ne pouvait pas passer beaucoup de temps ici. Nous nous sommes battus pour obtenir une direction sur le site. une amélioration de la prise en charge des résidents. Nous avons encore des chambres à trois lits ce qui est anormal en 2008. Nous n’avons pas, non plus, de salle de bains ni de toilettes dans chaque chambre. À la fin du projet, nous aurons 88% de chambres à un lit pour 12% à deux lits. Nous avons conservé des chambres à deux lits parce qu’il y a des personnes qui ne souhaitent pas être seules et nous pouvons également accueillir parfois des couples. L’idée était donc basée sur une restructuration totale de l’établissement. CLICHÉS SPARSAE De plus, dans la dernière phase, les murs d’enceinte seront arasés permettant ainsi une meilleure intégration de la structure dans la cité. Par exemple, je souhaite que les Aiguepersois puissent venir se promener dans le parc de la maison de retraite créant ainsi une animation essentielle pour les résidents. C’est à la fois symbolique et pratique : actuellement, lorsque nous observons ce qui se passe dans la cour d’honneur, les personnes installent leurs sièges devant la porte pour bénéficier de l’animation de la cité. Nous allons essayer de faire venir la vie sociale à l’intérieur de l’établissement. sur les personnes âgées. Les institutions ont toujours évolué et devront continuer à le faire. Vous avez engagé la restructuration complète de votre établissement, pouvez-vous nous présenter ce projet ? J-J.L. : Dans les grandes lignes, c’est un projet qui vise à améliorer notablement les prestations hôtelières et les conditions de travail du personnel. Il redonne une cohérence à la structure, permet une meilleure organisation et donc Cette restructuration répond-elle à des difficultés structurelles ? J-J.L. : Les difficultés structurelles actuelles résultent des transformations successives de l’établissement au fil du temps. Tailles très différentes de services, hôtellerie dépassée. Le projet architectural résout ces problèmes en donnant une cohérence à l’ensemble de l’établissement. Il permettra d’avoir une organisation homogène, ce qui est difficile actuellement. décembre 2008 • Numéro 10 • 11 Quelles ont été les premières étapes de réflexion ? Quel est le rôle des collectivités locales dans ce projet ? J-J.L. : Les toutes premières étapes de réflexion ont eu lieu en 2001, avant mon arrivée, avec la réalisation du programme technique détaillé par mon prédécesseur. G.P. : En tant que commune, nous avons appuyé tout de suite ce projet puisqu’il y a un attachement à cet établissement auprès de habitants, d’une part parce qu’ils sont concernés pour leur avenir, et d’autre part car c’est le plus gros employeur du canton avec environs 300 agents. Comment vont être organisés les différents types de prises en charge ? J-J.L. : Nous disposerons de 323 lits permettant d’accueillir des personnes dépendantes mais pouvant évoluer dans un milieu ouvert. Dés 2009, nous ouvrirons un service neuf de 60 lits, organisé en quatre cantous de quinze personnes, destinés à accueillir des résidents atteints de maladie d’Alzheimer ou troubles apparentés dans un service fermé. gré dans le sol et à l’absence de seuil d’entrée. En retenant comme fournisseur la société qui s’est illustrée dans la réalisation des salles-de-bains pour le Queen Mary 2 ou pour de grands groupes hôteliers, nous avons bénéficié avec plus de 300 cabines sanitaires préfabriquées, d’une conception personnalisée à la hauteur de nos ambitions. Dans quelle mesure allez-vous mettre en œuvre une prise en charge personnalisée ? J-J.L. : Dans la mise en œuvre des projets de vie et de soins, nous avons prévu une prise en charge individualisée et globale de chaque résident. Cette prise en charge doit être médicale et également sociale. Dans ce but, nous avons demandé un poste d’assistant socio-éducatif et un demi-poste de psychologue pour 2009. L’objectif est d’avoir une pluralité de compétences professionnelles au service des résidents. Avez-vous innové en matière d’espaces culturels ? J-M.B. : La pratique et l’utilisation par les résidants des nouvelles technologies de l’information et de la communication, ont été rendues possibles grâce à un maillage de bornes Wifi. Certains résidants pratiquent déjà l’informatique au quotidien, mais dans un tout proche avenir, les activités multimédia formeront un support incontournable de dialogue et d’échange. Dans quelle mesure allez-vous améliorer la qualité des prestations hôtelières offertes aux personnes que vous hébergez ? J-M.B. : L’environnement, l’architecture extérieure et intérieure, l’aménagement des espaces personnels et collectifs : tout concourt à offrir un cadre de vie adapté au grand âge. Ainsi chaque chambre, claire et spacieuse, est dotée d’équipements fonctionnels : lit à hauteur variable, volets roulants à commande électrique ou bien encore système d’appel malade de dernière génération. Sa configuration permet dans la majorité des cas, de disposer de deux positions de lit. Les résidants disposeront ainsi de plus de facilités pour personnaliser leur cadre de vie par l’apport de petits meubles et d’objets personnels. La salle de bains de conception cabine, résolument moderne, est accessible en fauteuil roulant grâce au receveur de douche inté- J-J.L. : Sur l’aspect culturel, nous accueillons notamment des auteurs auvergnats et nous organisons des expositions, ce qui nous permet d’ouvrir l’établissement sur l’extérieur. Nous participons également, tous les ans, aux journées du patrimoine. Est-ce que la Ville intervient au niveau culturel ? G.P. : Il y a une fête au mois d’Août à Aigueperse avec une cavalcade : l’établissement participe à la confection d’un char et à la mise en place du défilé avec l’équipe d’animation. J-M.B. : Trois personnes s’occupent de l’animation en relais avec chaque unité, ce qui est conséquent. Avez-vous fait des efforts de concertation et de réflexion avec votre personnel ? Dans quelle mesure a-t-il été impliqué dans ce projet ? J-J.L. : Le programme technique détaillé a été élaboré par ICADE en collaboration avec des groupes de réflexion composés de volontaires de l’établissement. Le cahier des charges a été établi par le personnel. Une commission technique constituée de représentants du personnel a donné son avis sur les différents projets au jury lors du concours d’architecte. Ensuite à chaque fois qu’il y avait une étape importante, les plans étaient affichés et chacun pouvait apporter des remarques, ce qui a donné lieu à des modifications architecturales. Une fois que le projet est arrivé à un stade ultime, deux maquettes ont été réalisées, et des panneaux, comportant les 6 phases d’avancement du projet, ont été disposés dans une salle ouverte au personnel et aux familles. J-M.B. : La concertation a également porté sur le choix des mobiliers destinés aux chambres et aux locaux collectifs qui représentent, à euxseuls, une dépense de l’ordre d’un million d’euros. Les enseignements tirés de l’expérience de chacun ont été mis à profit tout en sachant que le perfectionnement des lieux d’habitation nous pousse à être plus performants. Après l’organisation d’une consultation allotie, cinq des fournisseurs les plus représentatifs du marché ont été sélectionnés et leurs fabrications exposées pendant une semaine. Les personnels se sont largement exprimés à travers un questionnaire. Le classement qui en découla, a facilité le travail de la commission d’appel d’offres et, dans la quasi-totalité des attributions de marché, les choix esthétiques et fonctionnels rejoignaient les considérations économiques. Cette structure sera-t-elle évolutive ? J-J.L. : Elle pourra l’être, sachant que le Conseil d’Administration et moi-même avons estimé qu’une capacité de 383 lits était déjà importante. L’évolution pourrait se faire grâce à la disponibilité du foncier. Le coût du projet est de 37 millions d’euros, quelle est l’origine des fonds ? J-J.L. : L’origine des fonds est essentiellement par emprunt. Nous avons une subvention du Conseil Général du Puy de Dôme de 3 millions d’euros, mais aussi quelques subventions ou prêts à taux zéro de la part de caisses de retraite. Nous n’avons pas encore obtenu de subvention de la C.N.S.A., mais nous redéposons un dossier tous les ans. décembre 2008 • Numéro 10 • 13 CLICHÉS SPARSAE Quel serait votre idéal en matière de prise en charge des personnes âgées ? J-J.L. : Pour moi l’idéal serait d’arriver à gommer de plus en plus l’aspect institutionnel et hospitalier pour que la personne se sente véritablement chez elle et que nous puissions la prendre en charge individuellement. Par exemple, dans ce projet de vie, nous rendons possible la venue d’une personne avec son animal de compagnie, avec certaines règles bien évidemment. Nous avons également le projet de remplacer les tenues professionnelles par une tenue civile, sauf pour les actes qui nécessitent une tenue particulière. Je pense que c’est une chose tout à fait réalisable si je me réfère à ce qui se passe dans le social où la plupart du temps, les personnels n’ont pas de tenue professionnelle. Nous le testons dans un service et cela se passe bien. Ce que nous remarquons, c’est que les résidents sont ravis. J-M.B. : Le projet architectural de 2003 à l’origine de la restructuration des 383 lits de l’établissement, le renouvellement de la convention tripartite et la formalisation d’un nouveau projet institutionnel plus récemment, ont été autant d’occasions de tracer un nouveau cadre de vie le long desquels des objectifs ont été définis. J’en citerai les principaux axes : affirmer l’établissement comme un lieu de vie, respecter la vie sociale et familiale et les choix de chaque résidant, maintenir et découvrir ses centres d’intérêt, préserver et rendre l’autonomie, améliorer les prestations hôtelières, faciliter l’arrivée dans l’établissement. Mon idéal en matière de prise en charge des personnes âgées y figure. © Sandor Kacso - Fotolia.com Le projet de vie... INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW Propos recueillis auprès de Jean-Jacques LAURENT, Directeur, Elisabeth FRERE, Cadre de santé, Docteur Dominique VERMYNCK, médecin Coordonnateur, Docteur Marie Gabriele PARRAIN, Présidente de CME et Docteur James de GAND, praticien hospitalier. Quels sont les objectifs et les axes principaux de votre projet de soins ? Élisabeth Frere : Le projet d’établissement, c’est tout d’abord un travail de réflexion de partage d’idées avec les équipes pluridisciplinaires. C’est un travail qui appelle à une dynamique d’évolution et à une démarche de qualité. Il doit permettre de construire ensemble un cadre de vie personnalisé ou la personne âgée pourra vivre sereinement. Le projet de soins s’associe au projet de vie pour apporter une cohérence et une réponse la plus proche de l’attente. Nous accueillons des personnes qui n’ont pas fait nécessairement le choix de rentrer en maison de retraite, c’est pourquoi, il est de notre devoir de faire en sorte que les droits, les prestations ainsi que l’information soient assurés auprès de ces per- sonnes. Les axes et les objectifs du projet de soins s’articulent autour de la charte des droits et liberté de la personne âgée et du prendre soin, en assurant le respect de celle-ci, une continuité dans sa prise en charge, la sécurité et le confort. L’objectif du professionnel, c’est avant tout d’être humain, respectueux de la vie antérieure de la personne âgée et de sa famille, mais aussi du maintien de ses liens sociaux. Cette restructuration apportera beaucoup de réponses à notre projet. De plus, il faut noter que l’établissement est doté de 7 médecins, qui grâce à leur présence, à leur participation, permettent, dès aujourd’hui, avec l’aide des soignants, d’apporter une réponse adaptée aux problèmes de santé, de vieillissement et de psychiatrie. décembre 2008 • Numéro 10 • 17 Qu’avez-vous mis en place pour améliorer la prise en charge des résidents ? James de Gand : Il s’agit tout d’abord du renfort de l’équipe médicale. Nous sommes un peu sur un mode de fonctionnement du système hospitalier ou chaque médecin a son service avec ses résidents. La prise en charge se fait par unité. Ensuite ces médecins répondent rapidement aux appels lorsqu’il y a des urgences et l’établissement à cette spécificité d’avoir une couverture médicale 24h/24, y compris le samedi et le dimanche. La prise en charge s’est améliorée avec la signature de conventions, avec à la fois les services psychiatriques ou avec les centres des soins palliatifs. En terme médical, la région at-elle une particularité ? James de Gand : Nous sommes la particularité de cette région par le fait que nous nous définissons sur un mode de fonctionnement semi-hospitalier, avec un médecin par service et une prise en charge globale de la personne âgée. Qu’est-ce que cela vous apporte au niveau de l’organisation ? James de Gand : Sur l’organisation médicale, nous avons des unités de soins avec des infirmières référentes, avec une visite journalière, une pharmacie interne et un dossier médical avec PSI, un système de prescription informatisé. Quel est l’état de votre système d’information aujourd’hui ? J-J.L. : Tous les services sont dotés de micro-ordinateurs en réseau. Nous pouvons considérer que toutes les fonctions administratives sont informatisées. Les plannings informatisés vont être complétés prochainement par un système de badgeuses. Les badgeuses, qui ne sont pas des pointeuses, permettront d’avoir une partie d’horaires dits ‘variables’. Cela apportera de la souplesse dans le travail du personnel. Ce que nous avons fait, en plus, depuis fin 2005, c’est l’informatisation du dossier médical avec une transmission automatique des prescriptions à la pharmacie. Marie Gabriele Parrain : Pour nous, personnel médical, l’informatisation est vraiment un plus et un moyen de transmission fiable auquel se sont adaptées les équipes de tous les niveaux. Le dossier médical informatisé est un outil tout à fait intéressant. Où en êtes-vous du dossier médical ? James de Gand : Lorsqu’une personne est admise nous mettons dans ce dossier médical les antécédents, les pathologies actives, le motif d’hospitalisation. Nous avons donc une traçabilité complète du dossier médical avec l’observation du médecin et la possibilité d’une prescription qui © Paul Hill - Fotolia.com Marie Gabriele Parrain : Au niveau de la prise en charge, nous sommes le plus gros établissement de la région Auvergne et nous n’avons pas l’appellation de service palliatif, mais nous assumons de grosses pathologies et nous accompagnons nos résidents jusqu’en fin de vie grâce au fonctionnement semi-hospitalier avec nos PH gériatres et la possibilité d’une intervention médicale rapide 24h/24. 18 • décembre 2008 • Numéro 10 est informatisée avec une signature électronique qui part directement à la pharmacie de l’établissement pour permettre le traitement de la personne. Le dossier médical a la particularité de pouvoir être consulté par l’ensemble des intervenants, avec un code qui leur est personnel. Il y a un nouveau codage qui est mis en place pour permettre à un médecin qui n’est pas du service d’intervenir avec un dossier complet. Les médecins extérieurs qui sont appelés ont également la possibilité d’accéder à ce dossier. Ce dossier fonctionne avec le logiciel PSI. J-J.L. : Je voudrais préciser un point important concernant la pharmacie à usage interne. Nous serons bientôt parmi les rares établissements réalisant une dispensation nominative. C’est-à-dire que les piluliers seront préparés à la pharmacie par des préparatrices et partiront directement dans les services. Deux objectifs seront atteints : d’une part la sécurisation du circuit du médicament et d’autre part un gain de temps appréciable pour les infirmières, évalué pour l’ensemble de la structure à un équivalent temps plein. Dans quelle mesure le soignant est-il impliqué dans la prise en charge du résident ? Élisabeth Frere : Dès le départ, la spécificité, le projet et l’objectif du service font que chaque soignant doit répondre aux attentes du résident et des familles. En effet, il est important que nous n’excluions pas les familles de la prise en charge, la personne arrive souvent de son domicile. Le soignant fait en sorte de répondre à toutes les règles institutionnelles, mais aussi aux compétences professionnelles d’une infirmière diplômée d’état, d’une aide soignante ou d’un aide médicopsychologique en EHPAD. L’équipe soignante est composée d’une pluridisciplinarité de professionnels qui sont là pour assurer une prise en charge de qualité. De plus, des formations ont lieu toute l’année pour lesquelles les agents sont sollicités. Celles-ci permettent de se remettre en question, d’évoluer. Il est important de rappeler que l’informatique permet un suivi sur 24 heures et permet à tout professionnel de répondre à l’attente du résident et à sa famille. Chaque professionnel doit se sentir concerné et investi dans son rôle pour répondre à une démarche qualité. Dans quelle mesure les personnels de votre établissement sont-ils impliqués dans les projets d’animation ? Marie Gabriele Parrain : Une éthologue vient une demi-journée par semaine dans chaque service, elle a une formation de psychologue et intervient seule avec son chien. C’est une aide précieuse pour la communication auprès des personnes âgées, notamment pour les personnes démentes. « Raya » est une Golden Retriever qui a été formée par l’ANECAH, elle est très douce avec les résidents, c’est donc une vraie professionnelle. Nous avons également des chats thérapeutiques dans différents services. Les gens étant issus du milieu rural, ils ont été habitués aux animaux domestiques. Marie-Gabriele Parrain : Puisque nous parlons de lieu de vie, je tiens à préciser que l’établissement possède un salon de coiffure, des esthéticiennes, ce qui est très important pour les personnes démentes, pour l’image qu’elles ont d’elles. C’est une prestation qui est offerte. James de Gand : Nous avons donc un système d’animation par service, mais également une animation centrale ouverte sur l’extérieur, comme un pique-nique, des sorties au restaurant, une sortie de pêche… De même, les enfants des écoles rendent visite aux résidents. Ce sont des activités récurrentes et un planning est établi. Élisabeth Frere : Le projet d’animation fait partie du projet d’établissement. En effet, ici le projet institutionnel est composé du projet de vie, de soin et d’animation. L’animation est un acte de soin à part entière de la prise en charge globale du résidant. Il permet à la personne accueillie de rester en relation avec les autres, de retrouver une vie sociale et donner du sens à leur vie ici. Il faut savoir, qu’il y a une équipe d’animatrice qui propose des activités globales pour l’ensemble des services, mais aussi met en place des activités individuelles dans chaque service afin de répondre aux attentes des personnes âgées ; c’est le cas, entre autres, pour l’unité Alzheimer où notamment les activités sont différentes sur la durée, le lieu et le type. Cependant le service animation s’articule avec l’ensemble des services de l’établissement et suscite la collaboration des familles et des équipes soignantes. Hospitaliers à mi-temps, un Praticien Attache mi-temps et 1 Praticien Hospitalier Psychiatre à mi-temps. Ce projet répond-il à toutes vos attentes ? James de Gand : Pour le moment oui. Nous allons voir comment cela va s’articuler sur le terrain, mais sur le plan de l’organisation, c’est un projet d’avenir. Élisabeth Frere : C’est une dynamique qui permet de booster au niveau des équipes. Il est vrai que nous répondons à l’attente des familles et des résidents, notamment au niveau des chambres individuelles. Si nous faisons également un bon accueil de la personne, cela à une répercussion pour sa prise en charge par la suite. La structure va être plus grande, avec des locaux aménagés différemment et de nouveaux matériels. Nous avons du matériel de pointe puisque nous avons beaucoup de manutention, il s’agit donc de préserver le personnel. Nous aurons une salle de bain dans chaque chambre, ce qui permettra aux résidents de prendre une douche tous les jours avec le moindre déplacement. Nous sommes impatients que les travaux soient terminés pour que tout le monde puisse déménager. Il y a eu un conseil de la vie sociale auquel les familles ont été associées. Nous espérons accéder réellement à une qualité supérieure à celle d’aujourd’hui. Comment avez-vous accueilli le projet de restructuration complète de l’établissement ? James de Gand : Nous ne l’avons pas accueilli, nous sommes moteur de cette restructuration. C’était un établissement ancien. Pour la pérennité de l’établissement, il fallait que cela change. Tout le monde était très volontaire pour booster ce projet. L’objectif, c’était des chambres individuelles et une meilleure prise en charge des résidents. Toutes les équipes de tous les services ont participé à l’élaboration du projet. L’élaboration du projet a duré environ 3 ans, avec beaucoup de réunions. Marie Gabriele Parrain : Les médecins ont bénéficié d’une formation continue avec une validation gériatrique. Nous sommes actuellement cinq Gériatres Praticiens décembre 2008 • Numéro 10 • 19