EHPAD d`Aigueperse : Une restructuration pour une meilleure prise

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EHPAD d`Aigueperse : Une restructuration pour une meilleure prise
© M.O PRIETO
EHPAD d’Aigueperse : Une restructuration pour une
meilleure prise en charge des personnes âgées...
Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées
Dépendantes, la Maison de
Retraite d’Aigueperse est
un établissement public
médico-social de 383 lits.
Sous l’impulsion de son
conseil d’administration,
cet EHPAD s’est engagé
dans un projet ambitieux
destiné à restructurer la
totalité de l’établissement.
Cette restructuration était
devenue nécessaire : implantée dans l’ancien hôpital
d’Aigueperse dont les premiers bâtiments datent de
la fin du XVIIIème siècle, la
maison de retraite s’est
organisée et étendue progressivement dans différents bâtiments, satellites
ou isolés, qui sont venus
compléter l’ensemble initial.
Ce projet concerne donc la
restructuration de la totalité
de la maison de retraite
d’Aigueperse, établissement
actuellement situé sur deux
sites peu éloignés, séparés
l’un de l’autre par une voirie
publique. Ce programme
doit également permettre
de supprimer les chambres
à 3 lits de l’établissement
et de disposer à la fin des
travaux de près de 90 %
de chambres à 1 lit. Sur la
capacité de 383 lits qui reste
inchangée, 272 seront situés
dans les bâtiments neufs
et 111 dans les locaux réhabilités. L’objectif est bien
sûr de rénover l’établisse-
ment, mais ce projet doit
surtout améliorer la prise
en charge des personnes
âgées grâce, notamment,
à l’aménagement de ces
chambres, toutes équipées
de cabinet de toilette avec
douche. Il doit donc redonner à la fois une cohérence
à la structure existante,
permettre une meilleure
organisation du personnel
et donc une amélioration
de la prise en charge des
résidents. Depuis l’automne
2006, le projet architectural
est entré dans une phase
concrète par la construction
d’un premier bâtiment d’une
capacité de 136 lits, marquant ainsi le début de la
restructuration complète
de l’EHPAD d’Aigueperse.
Ce nouveau bâtiment a été
livré en septembre dernier.
Ces travaux de longue haleine devraient être terminés d’ici 2012. Le coût de
cette opération est estimé
actuellement à 37.000.000 €.
Le projet bénéficie notamment de subventions du
Département du Puy de
Dôme au titre du contrat
de plan État-Région et du
dispositif départemental
d’aide à la modernisation
des établissements, pour
un montant total de 3,4
millions d’euros - soit près
de 10 % du coût de l’opération.
INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW
Plus de précisions avec Jean-Jacques LAURENT, Directeur de L’EHPAD d’Aigueperse, Gilbert PETITALOT,
Maire d’Aigueperse et président du conseil d’administration, et Jean-marc BERTIN Adjoint au directeur.
Pouvezvous nous
présenter
votre établissement ?
Jean-Jacques
LAURENT : L’établissement d’Aigueperse est un
EHPAD depuis 2003, de 383 lits,
ce qui en fait l’un des plus importants
d’Auvergne. Auparavant, il y avait
environ 50% de lits d’U.L.S.D. et
vers la fin des années 90, il y avait
des lits de soins de suite. Nous
sommes donc passés d’un statut
hospitalier à celui d’une maison
de retraite. C’est un établissement
qui est en cours de signature de
sa deuxième convention tripartite
et, à ce titre, nous nous sommes
engagés sur un certain nombre de
points d’amélioration de la qualité
avec, en contrepartie, la création
de 27 postes sur les cinq années à
venir. Sur ces 27 postes, 15 seront
pourvus dès 2008, ce qui va permettre
une meilleure prise en charge des
résidents.
Quelles sont les particularités
architecturales de votre établissement ?
J-J.L.: C’est un établissement ac-
tuellement composé de bâtiments
construits à diverses époques.
Nous avons donc revu l’ensemble
pour obtenir une meilleure cohérence. La phase 1 du projet a débuté en 2006 et s’est traduite en
septembre dernier par la livraison
d’un bâtiment de 136 lits. 5 autres
phases vont suivre pour aboutir en
2012 à une structure soit rénovée,
soit totalement neuve.
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Quels sont les établissements
avec lesquels vous avez le plus
de liens ? Quels types de coopérations privilégiez-vous ?
J-J.L. : Nous avons des liens privilégiés avec le centre hospitalier
de Riom, mais aussi avec le C.H.U
de Clermont-Ferrand. Pour la psychiatrie, nous sommes en relation
avec le centre hospitalier Sainte
Marie du Puy de Dôme et également avec le centre hospitalier de
Vichy. Avec Sainte-Marie, nous
avons une convention qui nous
permet d’avoir des vacations de
géronto-psychiatre à hauteur de
40% du temps ainsi que du temps
d’infirmier psychiatrique.
Qui sont les principaux acteurs
de ce projet ?
J-J.L. : Il y a deux cabinets d’architectes Ilot et Casa de ClermontFerrand, un mandataire ICADE et
25 entreprises pour un coût total
de 37 millions d’euros.
Pouvez-vous nous détailler
les objectifs et les grands axes
de votre projet de vie ?
J-J.L. : Nous souhaitons, pour le
résident, que notre établissement
soit vraiment son domicile. Nous
essayons de gommer les pesanteurs
institutionnelles et faire en sorte
que les occupants soient réellement considérés individuellement
comme des personnes sans subir
les contraintes de la vie en collectivité. Par exemple, nous allons
modifier les horaires des repas qui
sont encore trop tôt. Nous recueillons
au maximum leurs avis en faisant
une enquête de satisfaction auprès
des résidents et des familles pour
nous permettre d’améliorer de
nombreux points. Notre objectif
est bien évidemment d’appliquer
la charte des droits et libertés des
personnes accueillies en institution,
mais aussi d’aller au-delà, c'està-dire en prendre soin au sens
large du terme.
La prise en charge a-t-elle
évoluée ?
J-J.L. : Oui, et sans porter aucune
remarque et aucun jugement sur
ce qui se faisait avant, je pense
que cette évolution doit être calquée
sur le regard que porte la société
Comment les riverains ont-ils
accueilli ce projet ?
G.P. : Avec une certaine inquiétude
parce qu’ils pensaient que c’était
la commune qui allait financer !
Aujourd’hui il y a une réelle satisfaction d’accueillir ce nouveau
projet.
© M.O PRIETO
Gilbert PETITALOT : Nous souhaitons que cette maison de retraite reste un lieu de vie, je tenais
beaucoup à ce que ces murs soient
supprimés pour nous permettre de
développer un service à la personne, et nous avons un site particulièrement bien situé. Lorsque
je suis devenu Maire en 1995, une
seule personne assurait la direction
de l’hôpital de Riom, d’Aigueperse
et d’Effiat, ce qui veut dire qu’il ne
pouvait pas passer beaucoup de
temps ici. Nous nous sommes battus
pour obtenir une direction sur le
site.
une amélioration de la prise en
charge des résidents. Nous avons
encore des chambres à trois lits
ce qui est anormal en 2008. Nous
n’avons pas, non plus, de salle de
bains ni de toilettes dans chaque
chambre. À la fin du projet, nous
aurons 88% de chambres à un lit
pour 12% à deux lits. Nous avons
conservé des chambres à deux lits
parce qu’il y a des personnes qui
ne souhaitent pas être seules et
nous pouvons également accueillir
parfois des couples. L’idée était
donc basée sur une restructuration
totale de l’établissement.
CLICHÉS SPARSAE
De plus, dans la dernière phase,
les murs d’enceinte seront arasés
permettant ainsi une meilleure intégration de la structure dans la
cité. Par exemple, je souhaite que
les Aiguepersois puissent venir se
promener dans le parc de la maison
de retraite créant ainsi une animation
essentielle pour les résidents.
C’est à la fois symbolique et pratique : actuellement, lorsque nous
observons ce qui se passe dans la
cour d’honneur, les personnes installent leurs sièges devant la
porte pour bénéficier de l’animation de la cité. Nous allons essayer de faire venir la vie sociale à
l’intérieur de l’établissement.
sur les personnes âgées. Les institutions ont toujours évolué et devront
continuer à le faire.
Vous avez engagé la restructuration complète de votre
établissement, pouvez-vous
nous présenter ce projet ?
J-J.L. : Dans les grandes lignes,
c’est un projet qui vise à améliorer
notablement les prestations hôtelières et les conditions de travail
du personnel. Il redonne une cohérence à la structure, permet une
meilleure organisation et donc
Cette restructuration répond-elle
à des difficultés structurelles ?
J-J.L. : Les difficultés structurelles
actuelles résultent des transformations successives de l’établissement au fil du temps. Tailles
très différentes de services, hôtellerie dépassée. Le projet architectural résout ces problèmes en
donnant une cohérence à l’ensemble de l’établissement. Il permettra d’avoir une organisation
homogène, ce qui est difficile
actuellement.
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Quelles ont été les premières
étapes de réflexion ? Quel est
le rôle des collectivités locales
dans ce projet ?
J-J.L. : Les toutes premières
étapes de réflexion ont eu lieu en
2001, avant mon arrivée, avec la
réalisation du programme technique
détaillé par mon prédécesseur.
G.P. : En tant que commune, nous
avons appuyé tout de suite ce projet
puisqu’il y a un attachement à cet
établissement auprès de habitants,
d’une part parce qu’ils sont concernés
pour leur avenir, et d’autre part car
c’est le plus gros employeur du
canton avec environs 300 agents.
Comment vont être organisés
les différents types de prises
en charge ?
J-J.L. : Nous disposerons de 323
lits permettant d’accueillir des
personnes dépendantes mais pouvant
évoluer dans un milieu ouvert.
Dés 2009, nous ouvrirons un service neuf de 60 lits, organisé en
quatre cantous de quinze personnes, destinés à accueillir des
résidents atteints de maladie
d’Alzheimer ou troubles apparentés dans un service fermé.
gré dans le sol et à l’absence de
seuil d’entrée. En retenant comme
fournisseur la société qui s’est illustrée dans la réalisation des
salles-de-bains pour le Queen Mary 2
ou pour de grands groupes hôteliers,
nous avons bénéficié avec plus de
300 cabines sanitaires préfabriquées, d’une conception personnalisée à la hauteur de nos ambitions.
Dans quelle mesure allez-vous
mettre en œuvre une prise en
charge personnalisée ?
J-J.L. : Dans la mise en œuvre
des projets de vie et de soins,
nous avons prévu une prise en
charge individualisée et globale
de chaque résident. Cette prise en
charge doit être médicale et également sociale. Dans ce but, nous
avons demandé un poste d’assistant
socio-éducatif et un demi-poste
de psychologue pour 2009. L’objectif est d’avoir une pluralité de
compétences professionnelles au
service des résidents.
Avez-vous innové en matière
d’espaces culturels ?
J-M.B. : La pratique et l’utilisation
par les résidants des nouvelles
technologies de l’information et
de la communication, ont été rendues possibles grâce à un maillage de bornes Wifi. Certains
résidants pratiquent déjà l’informatique au quotidien, mais dans
un tout proche avenir, les activités
multimédia formeront un support
incontournable de dialogue et
d’échange.
Dans quelle mesure allez-vous
améliorer la qualité des prestations hôtelières offertes aux
personnes que vous hébergez ?
J-M.B. : L’environnement, l’architecture extérieure et intérieure,
l’aménagement des espaces personnels et collectifs : tout concourt
à offrir un cadre de vie adapté au
grand âge. Ainsi chaque chambre,
claire et spacieuse, est dotée
d’équipements fonctionnels : lit à
hauteur variable, volets roulants à
commande électrique ou bien encore
système d’appel malade de dernière
génération. Sa configuration permet
dans la majorité des cas, de disposer de deux positions de lit. Les
résidants disposeront ainsi de
plus de facilités pour personnaliser
leur cadre de vie par l’apport de
petits meubles et d’objets personnels. La salle de bains de conception cabine, résolument moderne,
est accessible en fauteuil roulant
grâce au receveur de douche inté-
J-J.L. : Sur l’aspect culturel, nous
accueillons notamment des auteurs
auvergnats et nous organisons des
expositions, ce qui nous permet
d’ouvrir l’établissement sur l’extérieur. Nous participons également,
tous les ans, aux journées du patrimoine.
Est-ce que la Ville intervient
au niveau culturel ?
G.P. : Il y a une fête au mois
d’Août à Aigueperse avec une cavalcade : l’établissement participe
à la confection d’un char et à la
mise en place du défilé avec
l’équipe d’animation.
J-M.B. : Trois personnes s’occupent
de l’animation en relais avec chaque
unité, ce qui est conséquent.
Avez-vous fait des efforts de
concertation et de réflexion
avec votre personnel ? Dans
quelle mesure a-t-il été impliqué
dans ce projet ?
J-J.L. : Le programme technique
détaillé a été élaboré par ICADE
en collaboration avec des groupes
de réflexion composés de volontaires
de l’établissement. Le cahier des
charges a été établi par le personnel.
Une commission technique constituée
de représentants du personnel a
donné son avis sur les différents
projets au jury lors du concours
d’architecte. Ensuite à chaque fois
qu’il y avait une étape importante,
les plans étaient affichés et chacun
pouvait apporter des remarques,
ce qui a donné lieu à des modifications architecturales. Une fois
que le projet est arrivé à un stade
ultime, deux maquettes ont été
réalisées, et des panneaux, comportant les 6 phases d’avancement
du projet, ont été disposés dans
une salle ouverte au personnel et
aux familles.
J-M.B. : La concertation a également
porté sur le choix des mobiliers
destinés aux chambres et aux locaux
collectifs qui représentent, à euxseuls, une dépense de l’ordre d’un
million d’euros. Les enseignements
tirés de l’expérience de chacun
ont été mis à profit tout en sachant
que le perfectionnement des lieux
d’habitation nous pousse à être
plus performants. Après l’organisation d’une consultation allotie,
cinq des fournisseurs les plus représentatifs du marché ont été sélectionnés et leurs fabrications
exposées pendant une semaine.
Les personnels se sont largement
exprimés à travers un questionnaire. Le classement qui en découla, a facilité le travail de la
commission d’appel d’offres et,
dans la quasi-totalité des attributions
de marché, les choix esthétiques
et fonctionnels rejoignaient les
considérations économiques.
Cette structure sera-t-elle
évolutive ?
J-J.L. : Elle pourra l’être, sachant
que le Conseil d’Administration et
moi-même avons estimé qu’une
capacité de 383 lits était déjà importante. L’évolution pourrait se
faire grâce à la disponibilité du
foncier.
Le coût du projet est de 37 millions
d’euros, quelle est l’origine des
fonds ?
J-J.L. : L’origine des fonds est essentiellement par emprunt. Nous
avons une subvention du Conseil
Général du Puy de Dôme de 3 millions d’euros, mais aussi quelques
subventions ou prêts à taux zéro
de la part de caisses de retraite.
Nous n’avons pas encore obtenu
de subvention de la C.N.S.A., mais
nous redéposons un dossier tous
les ans.
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CLICHÉS SPARSAE
Quel serait votre idéal en matière de prise en charge des
personnes âgées ?
J-J.L. : Pour moi l’idéal serait
d’arriver à gommer de plus en plus
l’aspect institutionnel et hospitalier
pour que la personne se sente véritablement chez elle et que nous
puissions la prendre en charge individuellement. Par exemple, dans
ce projet de vie, nous rendons
possible la venue d’une personne
avec son animal de compagnie,
avec certaines règles bien évidemment. Nous avons également
le projet de remplacer les tenues
professionnelles par une tenue civile, sauf pour les actes qui nécessitent une tenue particulière.
Je pense que c’est une chose tout
à fait réalisable si je me réfère à
ce qui se passe dans le social où
la plupart du temps, les personnels
n’ont pas de tenue professionnelle.
Nous le testons dans un service et
cela se passe bien. Ce que nous
remarquons, c’est que les résidents
sont ravis.
J-M.B. : Le projet architectural de
2003 à l’origine de la restructuration
des 383 lits de l’établissement, le
renouvellement de la convention
tripartite et la formalisation d’un
nouveau projet institutionnel plus
récemment, ont été autant d’occasions de tracer un nouveau cadre
de vie le long desquels des objectifs
ont été définis. J’en citerai les
principaux axes : affirmer l’établissement comme un lieu de vie,
respecter la vie sociale et familiale
et les choix de chaque résidant,
maintenir et découvrir ses centres
d’intérêt, préserver et rendre l’autonomie, améliorer les prestations
hôtelières, faciliter l’arrivée dans
l’établissement. Mon idéal en matière de prise en charge des personnes âgées y figure.
© Sandor Kacso - Fotolia.com
Le projet de vie...
INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW
Propos recueillis auprès de Jean-Jacques LAURENT, Directeur, Elisabeth FRERE, Cadre de santé, Docteur
Dominique VERMYNCK, médecin Coordonnateur, Docteur Marie Gabriele PARRAIN, Présidente de CME et
Docteur James de GAND, praticien hospitalier.
Quels sont les objectifs et les
axes principaux de votre projet
de soins ?
Élisabeth Frere : Le projet d’établissement, c’est tout d’abord un
travail de réflexion de partage
d’idées avec les équipes pluridisciplinaires. C’est un travail qui appelle
à une dynamique d’évolution et à
une démarche de qualité. Il doit
permettre de construire ensemble
un cadre de vie personnalisé ou la
personne âgée pourra vivre sereinement. Le projet de soins s’associe
au projet de vie pour apporter une
cohérence et une réponse la plus
proche de l’attente. Nous accueillons
des personnes qui n’ont pas fait
nécessairement le choix de rentrer
en maison de retraite, c’est pourquoi, il est de notre devoir de faire
en sorte que les droits, les prestations ainsi que l’information
soient assurés auprès de ces per-
sonnes. Les axes et les objectifs
du projet de soins s’articulent autour
de la charte des droits et liberté
de la personne âgée et du prendre
soin, en assurant le respect de
celle-ci, une continuité dans sa
prise en charge, la sécurité et le
confort. L’objectif du professionnel,
c’est avant tout d’être humain,
respectueux de la vie antérieure
de la personne âgée et de sa famille,
mais aussi du maintien de ses
liens sociaux. Cette restructuration
apportera beaucoup de réponses
à notre projet. De plus, il faut noter
que l’établissement est doté de 7
médecins, qui grâce à leur présence,
à leur participation, permettent,
dès aujourd’hui, avec l’aide des
soignants, d’apporter une réponse
adaptée aux problèmes de santé,
de vieillissement et de psychiatrie.
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Qu’avez-vous mis en place pour
améliorer la prise en charge
des résidents ?
James de Gand : Il s’agit tout
d’abord du renfort de l’équipe médicale. Nous sommes un peu sur
un mode de fonctionnement du
système hospitalier ou chaque
médecin a son service avec ses
résidents. La prise en charge se
fait par unité. Ensuite ces médecins répondent rapidement aux
appels lorsqu’il y a des urgences
et l’établissement à cette spécificité d’avoir une couverture médicale 24h/24, y compris le samedi
et le dimanche. La prise en charge
s’est améliorée avec la signature
de conventions, avec à la fois les
services psychiatriques ou avec
les centres des soins palliatifs.
En terme médical, la région at-elle une particularité ?
James de Gand : Nous sommes
la particularité de cette région par
le fait que nous nous définissons
sur un mode de fonctionnement
semi-hospitalier, avec un médecin
par service et une prise en charge
globale de la personne âgée.
Qu’est-ce que cela vous apporte
au niveau de l’organisation ?
James de Gand : Sur l’organisation médicale, nous avons des unités de soins avec des infirmières
référentes, avec une visite journalière, une pharmacie interne et
un dossier médical avec PSI, un
système de prescription informatisé.
Quel est l’état de votre système
d’information aujourd’hui ?
J-J.L. : Tous les services sont
dotés de micro-ordinateurs en réseau. Nous pouvons considérer
que toutes les fonctions administratives sont informatisées. Les
plannings informatisés vont être
complétés prochainement par un
système de badgeuses. Les badgeuses, qui ne sont pas des pointeuses, permettront d’avoir une
partie d’horaires dits ‘variables’.
Cela apportera de la souplesse
dans le travail du personnel.
Ce que nous avons fait, en plus,
depuis fin 2005, c’est l’informatisation du dossier médical avec
une transmission automatique
des prescriptions à la pharmacie.
Marie Gabriele Parrain : Pour
nous, personnel médical, l’informatisation est vraiment un plus et
un moyen de transmission fiable
auquel se sont adaptées les équipes
de tous les niveaux. Le dossier
médical informatisé est un outil
tout à fait intéressant.
Où en êtes-vous du dossier
médical ?
James de Gand : Lorsqu’une
personne est admise nous mettons dans ce dossier médical les
antécédents, les pathologies actives, le motif d’hospitalisation.
Nous avons donc une traçabilité
complète du dossier médical avec
l’observation du médecin et la
possibilité d’une prescription qui
© Paul Hill - Fotolia.com
Marie Gabriele Parrain : Au niveau
de la prise en charge, nous sommes
le plus gros établissement de la
région Auvergne et nous n’avons
pas l’appellation de service palliatif, mais nous assumons de
grosses pathologies et nous accompagnons nos résidents jusqu’en
fin de vie grâce au fonctionnement
semi-hospitalier avec nos PH gériatres et la possibilité d’une
intervention médicale rapide 24h/24.
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est informatisée avec une signature
électronique qui part directement
à la pharmacie de l’établissement
pour permettre le traitement de la
personne. Le dossier médical a la
particularité de pouvoir être consulté
par l’ensemble des intervenants,
avec un code qui leur est personnel. Il y a un nouveau codage qui
est mis en place pour permettre à
un médecin qui n’est pas du service d’intervenir avec un dossier
complet. Les médecins extérieurs
qui sont appelés ont également la
possibilité d’accéder à ce dossier.
Ce dossier fonctionne avec le logiciel
PSI.
J-J.L. : Je voudrais préciser un
point important concernant la
pharmacie à usage interne. Nous
serons bientôt parmi les rares établissements réalisant une dispensation nominative. C’est-à-dire que
les piluliers seront préparés à la
pharmacie par des préparatrices
et partiront directement dans les
services. Deux objectifs seront atteints : d’une part la sécurisation
du circuit du médicament et d’autre part un gain de temps appréciable pour les infirmières, évalué
pour l’ensemble de la structure à
un équivalent temps plein.
Dans quelle mesure le soignant est-il impliqué dans la
prise en charge du résident ?
Élisabeth Frere : Dès le départ,
la spécificité, le projet et l’objectif
du service font que chaque soignant
doit répondre aux attentes du résident
et des familles. En effet, il est important que nous n’excluions pas
les familles de la prise en charge,
la personne arrive souvent de son
domicile. Le soignant fait en sorte
de répondre à toutes les règles
institutionnelles, mais aussi aux
compétences professionnelles d’une
infirmière diplômée d’état, d’une
aide soignante ou d’un aide médicopsychologique en EHPAD. L’équipe
soignante est composée d’une
pluridisciplinarité de professionnels
qui sont là pour assurer une prise
en charge de qualité. De plus, des
formations ont lieu toute l’année
pour lesquelles les agents sont
sollicités. Celles-ci permettent de
se remettre en question, d’évoluer.
Il est important de rappeler que
l’informatique permet un suivi sur
24 heures et permet à tout professionnel de répondre à l’attente du
résident et à sa famille. Chaque
professionnel doit se sentir concerné
et investi dans son rôle pour répondre
à une démarche qualité.
Dans quelle mesure les personnels de votre établissement sont-ils impliqués dans
les projets d’animation ?
Marie Gabriele Parrain : Une
éthologue vient une demi-journée
par semaine dans chaque service,
elle a une formation de psychologue et intervient seule avec son
chien. C’est une aide précieuse
pour la communication auprès des
personnes âgées, notamment pour
les personnes démentes. « Raya »
est une Golden Retriever qui a été
formée par l’ANECAH, elle est
très douce avec les résidents,
c’est donc une vraie professionnelle. Nous avons également des
chats thérapeutiques dans différents
services. Les gens étant issus du
milieu rural, ils ont été habitués
aux animaux domestiques.
Marie-Gabriele Parrain :
Puisque nous parlons de lieu de
vie, je tiens à préciser que l’établissement possède un salon de
coiffure, des esthéticiennes, ce
qui est très important pour les
personnes démentes, pour l’image
qu’elles ont d’elles. C’est une
prestation qui est offerte.
James de Gand : Nous avons
donc un système d’animation par
service, mais également une animation centrale ouverte sur l’extérieur, comme un pique-nique,
des sorties au restaurant, une sortie
de pêche… De même, les enfants des
écoles rendent visite aux résidents.
Ce sont des activités récurrentes
et un planning est établi.
Élisabeth Frere : Le projet d’animation fait partie du projet d’établissement. En effet, ici le projet
institutionnel est composé du projet de vie, de soin et d’animation.
L’animation est un acte de soin à
part entière de la prise en charge
globale du résidant. Il permet à la
personne accueillie de rester en
relation avec les autres, de retrouver une vie sociale et donner
du sens à leur vie ici. Il faut savoir,
qu’il y a une équipe d’animatrice
qui propose des activités globales
pour l’ensemble des services,
mais aussi met en place des activités individuelles dans chaque
service afin de répondre aux attentes des personnes âgées ;
c’est le cas, entre autres, pour
l’unité Alzheimer où notamment
les activités sont différentes sur
la durée, le lieu et le type. Cependant le service animation s’articule avec l’ensemble des services
de l’établissement et suscite la
collaboration des familles et des
équipes soignantes.
Hospitaliers à mi-temps, un Praticien
Attache mi-temps et 1 Praticien
Hospitalier Psychiatre à mi-temps.
Ce projet répond-il à toutes
vos attentes ?
James de Gand : Pour le moment
oui. Nous allons voir comment
cela va s’articuler sur le terrain,
mais sur le plan de l’organisation,
c’est un projet d’avenir.
Élisabeth Frere : C’est une dynamique qui permet de booster au
niveau des équipes. Il est vrai que
nous répondons à l’attente des familles et des résidents, notamment au niveau des chambres
individuelles. Si nous faisons également un bon accueil de la personne, cela à une répercussion
pour sa prise en charge par la
suite. La structure va être plus
grande, avec des locaux aménagés différemment et de nouveaux
matériels. Nous avons du matériel
de pointe puisque nous avons beaucoup
de manutention, il s’agit donc de
préserver le personnel. Nous aurons
une salle de bain dans chaque
chambre, ce qui permettra aux résidents de prendre une douche
tous les jours avec le moindre déplacement. Nous sommes impatients que les travaux soient
terminés pour que tout le monde
puisse déménager. Il y a eu un conseil
de la vie sociale auquel les familles
ont été associées. Nous espérons
accéder réellement à une qualité
supérieure à celle d’aujourd’hui.
Comment avez-vous accueilli
le projet de restructuration
complète de l’établissement ?
James de Gand : Nous ne
l’avons pas accueilli, nous sommes
moteur de cette restructuration.
C’était un établissement ancien.
Pour la pérennité de l’établissement, il fallait que cela change.
Tout le monde était très volontaire
pour booster ce projet. L’objectif,
c’était des chambres individuelles
et une meilleure prise en charge
des résidents. Toutes les équipes
de tous les services ont participé
à l’élaboration du projet. L’élaboration
du projet a duré environ 3 ans,
avec beaucoup de réunions.
Marie Gabriele Parrain : Les
médecins ont bénéficié d’une formation continue avec une validation
gériatrique. Nous sommes actuellement cinq Gériatres Praticiens
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