histoire - theme 3

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Thème IV, leçon 2 – La course à l’espace depuis la
Seconde Guerre mondiale.
Depuis 1945, différentes nations se livrent à une véritable compétition pour exploiter ce nouvel espace que constitue
l’espace. Cette « course à l’espace » traduit l’évolution des relations entre les différentes puissances mondiales et la
transformation de l’économie de la recherche.
Comment se déroule la compétition spatiale entre 1945 et aujourd’hui ?
La course à l’espace est d’abord un des domaines d’affrontement entre les Etats-Unis et l’URSS, entre 1945 et 1991.
Puis, après la fin de la Guerre froide, l’espace devient le théâtre d’une compétition entre un nombre croissant d’Etats
voire d’entreprises privées.
I.
La course à l’espace : un terrain de la guerre froide.
La conquête spatiale débute indirectement pendant la Seconde Guerre mondiale et se prolonge pendant la Guerre
froide, permettant ainsi d’observer l’évolution des relations entre les Etats-Unis et l’URSS marquée par une période de
fortes rivalités puis par une époque de détente.
A.
L’influence de la Seconde Guerre mondiale.
Dès 1935, un scientifique allemand, Hermann Oberth, réussit le lancement d’une première fusée. Par la suite, Hitler
installe un centre de recherche à Peenemünde en 1937 où, sous la direction de l’ancien assistant d’Obeth Wernher von
Braun, travaillent 15 000 techniciens et ingénieurs ainsi que des milliers de prisonniers de guerre. L’objectif est de mettre
au point des missiles à longue portée : dès 1942, les premières fusées sont testées et, en septembre 1944, les premiers V2
touchent le Nord de la France, Anvers et Londres. La capitale anglaise est la cible de la majorité des 6 000 V2 lancés par
les Allemands. Si les V2 suscitent la terreur des populations civiles, les dégâts restent limités.
A la fin de la guerre, les vainqueurs s’emparent du matériel et des ingénieurs allemands. Les Etats-Unis récupèrent les
plans des V2 et la majorité des chercheurs allemands, en particulier von Braun et son équipe. Les autres scientifiques sont
emmenés en URSS, France et Grande-Bretagne. L’objectif principal des deux Grands est de mettre au point des missiles
capables de projeter des armes nucléaires sur de longues distances. L’exploration spatiale et les applications civiles
n’arrivent qu’au second plan comme enjeu de la guerre froide. En effet, la course à l’espace permet de prouver la
supériorité du modèle de l’un ou l’autre Grand.
Mis au point par les nazis, la technologie des fusées est ensuite récupérée par les deux Grands qui en font un des
domaines de lutte entre les deux modèles.
B.
De la domination soviétique à la revanche américaine.
Les deux Grands se lancent, dès le début de la Guerre froide, dans une course à l’espace. Cependant, les Américains,
détenteurs de la bombe atomique et de bombardiers stratégiques, prêtent peur d’intérêt à l’élaboration de missiles à
longue portée, laissant ainsi le champ libre aux Soviétiques. En effet, ceux-ci veulent développer un lanceur capable de
transporter une charge nucléaire, ce sera la fusée R-7 mis au point par Korolev et dont les dérivés sont encore en activité
aujourd’hui.
Le 4 octobre 1957, l’URSS place en orbite le premier satellite artificiel Spoutnik-1 qui reste dans l’espace pendant 21
jours. Le 3 novembre 1957, la chienne Laïka est le premier être vivant envoyé dans l’espace. Le 4 octobre 1959, le
satellite Luna 3 photographie la face cachée de la Lune. Surtout, le 12 avril 1961, Youri Gagarine est le premier homme à
être envoyé dans l’espace. La domination russe se poursuit avec la première sortie extravéhiculaire, le 18 mars 1965,
d’Alexeï Leonov. Cette domination a un impact international considérable et place le prestige scientifique de l’URSS à
son apogée. Les Etats-Unis sont à la traîne : il faut attendre le 31 janvier 1958 pour qu’Explorer 1, le premier satellite
américain, soit mis en orbite ou le 5 mai 1961 pour qu’un Américain soit envoyé dans l’espace. Face à cette situation, les
Etats-Unis se doivent de réagir.
Le 29 juillet 1958, la NASA (National Aeronautics and Space Administration) est fondée pour organiser l’action
américaine et, le 25 mai 1961, le président américain Kennedy lance le programme Apollo afin d’envoyer des hommes
sur la Lune. D’importants moyens sont accordés à la NASA : de 1960 à 1966, ses effectifs passent de 36 500 à 376 000
personnes. Et, le 20 juillet 1969, Neil Amstrong et Buzz Aldrin sont les premiers hommes à marcher sur la Lune. En
juillet 1965, la sonde Mariner 4 survole Mars. Le 12 août 1977, la première navette spatiale réutilisable, Columbia, est
mise en service. L’espace devient un symbole de la suprématie américaine.
Dans un premier temps, les Soviétiques dominent les Etats-Unis mais ceux-ci rattrapent rapidement leur retard
devenant la première nation à envoyer un homme sur la Lune. Comme évolue la compétition spatiale avec l’amélioration
des relations entre les deux Grands lors de la Détente ?
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C.
De la détente à la chute de l’URSS.
Avec la Détente des relations entre les Etats-Unis et l’URSS, la course à l’espace prend un nouveau cours, à la fois
comme cause et conséquence des nouvelles relations entre les deux Grands. Tout d’abord, le traité SALT I de limitation
des armes nucléaires en 1972 n’est possible que par l’existence de satellites d’observation permettant de vérifier le respect
des engagements réciproques. Ensuite, le 15 juillet 1975, les vaisseaux Apollo 18 et Soyouz 19 s’arriment en direct à la
télévision. Cependant, la compétition se poursuit autour des vols habités. En réponse aux navettes américaines, les
Soviétiques lancent, en novembre 1988, la navette Bourane. De même, le 19 avril 1971, l’URSS place en orbite Saliout 1,
la première station orbitale, ce à quoi répondent les Américains en plaçant en orbite, le 14 mai 1973, Skylab 1. Mais, ces
projets sont coûteux et peu spectaculaires : Skylab est détruit en 1979.
La période de la « guerre fraîche » est marquée par la mise en avant des projets militaires. Le symbole de cette
évolution est l’Initiative de Défense Stratégique (IDS ou Starwars) de 1983 : un ambitieux programme de bouclier
antimissile. Les Soviétiques ripostent par un programme de défense antibalistique. La mise en avant de l’espace militaire
contraint l’URSS à renoncer à la course à la Lune et à ne pas effectuer de nouveaux vols avec Bourane. Seules les stations
orbitales sont conservées : Saliout 7 est mise en orbite en 1982 puis MIR en 1986. La compétition spatiale finit par ruiner
l’URSS et participe à la victoire des Etats-Unis dans la guerre froide. La Russie renonce à une grande partie des
programmes soviétiques : en 1991, Saliout 7 est détruite ; en 1993 le projet Bourane est abandonné et, en 2001, la station
MIR est détruite.
La course à l’espace constitue un des domaines d’affrontement entre les deux Grands. D’abord dominée par l’URSS,
la compétition spatiale tourne rapidement à l’avantage des Etats-Unis et amène, entre autres, à la ruine de l’URSS. Après
la fin de la Guerre froide, la domination américaine va-t-elle se poursuivre ?
II. L’espace après la guerre froide.
Pendant et après la Guerre froide, le paysage spatial s’élargit à d’autres nations permettant de multiplier les
programmes et donc les découvertes. Mais, l’espace reste un domaine d’affrontement entre les nations.
A.
Un paysage spatial en constante évolution.
Le couple américano-soviétique domine, certes, largement le paysage spatial. Cependant, d’autres acteurs apparaissent
progressivement. Tout d’abord, ce sont les puissances européennes qui tentent d’exister aux côtés des deux Grands : en
1965, la France et, en 1971, le Royaume-Uni lancent respectivement leur premier satellite. Mais, le coût élevé des
programmes spatiaux incitent les Européens à fonder, en 1975, l’Agence Spatiale Européenne (ASE) malgré les freins
américains. Quatre ans plus tard, en 1979, la première fusée Ariane est lancée puis suivent des sondes vers la comète de
Halley, la Lune, Mars ou Vénus. Des nations non occidentales développent, elles-aussi, des programmes spatiaux : le
Japon et la Chine dès les années 1950, l’Inde dans les années 1960, Israël et le Brésil dans les années 1980 ou l’Iran au
début du XXIe siècle. L’industrie spatiale constitue un moyen et un reflet de la puissance d’une nation car cette activité
nécessite d’importantes capacités financières, des compétences scientifiques et techniques ainsi que des commandes
suffisantes.
Cependant, ces autres acteurs ont du mal à rivaliser avec les Etats-Unis et l’URSS/Russie qui sont seuls capables de
produire à la fois des lanceurs, des satellites et de mener des vols habités. Ce retard s’explique aussi par l’orientation des
programmes spatiaux de ces nations vers des usages civils (télédétection, télécommunications, télévision) et par le retard
dû à la non-participation à la guerre froide. Ce paysage spatial change fortement, le 15 octobre 2003, lorsque la Chine
envoie son premier taïkonaute dans l’espace devenant ainsi la troisième nation a réalisé par ses propres moyens un vol
habité. En 2007, des sondes sont lancées vers la Lune pour préparer une future mission lunaire afin d’égaler les EtatsUnis. L’exploration spatiale chinoise est un des éléments de sa reconnaissance mondiale.
Les puissances spatiales sont désormais relativement nombreuses ce qui permet de nombreuses innovations.
B.
D’importants progrès technologiques et scientifiques.
La conquête spatiale est d’abord le lieu d’un affrontement militaire mais de nombreux progrès scientifiques en sont
issus. Les allers-retours dans l’espace ainsi que les séjours des astronautes dans les stations spatiales permettent
d’importantes découvertes dans les domaines de l’alimentation, de la médecine (pompe d’assistance ventriculaire,
machines de dialyse, prothèses…) mais aussi dans celui des matériaux composites utilisés aujourd’hui couramment dans
l’aéronautique, l’automobile, la construction navale ou ferroviaire. Enfin, les sondes spatiales, les robots d’exploration et
le télescope spatiale Hubble modifient notre vision de l’univers et approfondissent notre connaissance du système solaire.
La majorité des satellites ont des applications dans le domaine civil : météorologie, observation de la terre,
télécommunications, navigation, télédétection, cartographie… Le GPS, mis en service en 1978 par l’armée américaine,
illustre parfaitement le principe d’une technologie militaire devenue indispensable à la vie quotidienne. En effet,
désormais, les satellites sont devenus indispensables à nos sociétés.
Depuis la fin de la guerre froide, les coopérations se multiplient afin de réduire les coûts. Ainsi, les Etats-Unis et
l’URSS/Russie servent à envoyer dans hommes dans l’espace pour les autres nations. En 1982, Jean-Loup Chrétien est le
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premier Français dans l’espace grâce à un vaisseau soviétique. De même, la station MIR accueillent, entre 1986 et 2001,
137 astronautes d’une douzaine de nations grâce à des vaisseaux Soyouz ou des navettes américaines. En 2003, les EtatsUnis et l’Europe collaborent au projet Cassini-Huygens destiné à envoyer une sonde d’observation vers Saturne et ses
satellites. Les bases de lancement sont aussi partagées, comme celle de Kourou qui accueille des fusées russes depuis
2011. Pour finir, le symbole de cette collaboration internationale est l’ISS (International Space Station) mise en service à
partir de 1998 et impliquant 15 pays : les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Russie et les 10 membres de l'Agence
spatiale européenne (Belgique, Danemark, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suède et Suisse).
La période de restriction budgétaire que connaît actuellement le monde constitue un frein à de nombreux programmes
spatiaux. Ainsi, en 2011, le président Obama renonce au programme Constellation prévoyant un retour sur la Lune et met
fin au programme de navette spatiale. De son côté, l’Europe s’interroge sur la nécessité de développer son propre système
de vol spatial habité, envisageant de s’appuyer sur les vaisseaux russes pour accéder à l’ISS. Malgré tout, de nouveaux
moteurs animent la conquête spatiale comme la nouvelle frontière à franchir : l’exploration martienne.
Les innovations réalisées grâce à la conquête spatiale permettent d’améliorer notre vie quotidienne mais leur
importance en fait aussi un enjeu économique.
C.
Un terrain de la guerre économique.
L’activité spatiale reste encore largement sous le contrôle des Etats pour des raisons géopolitiques. En effet, les
satellites conservent un rôle stratégique à la fois dans le domaine militaire et dans le contrôle de l’information. Par
conséquent, la conquête spatiale est fortement soutenue par les Etats ce qui en fait un secteur générateur d’emplois et
d’activités dans le secteur des services. Aux Etats-Unis, plus de 350 000 personnes travaillent pour le programme spatial
et son budget s’élèvent à 33 milliards d’euros, soit 67,5 % du budget mondial alloué à l’espace. En comparaison, l’Europe
investit 6 milliards d’euros dont 1,7 rien que pour la France, la Chine 2 milliards, la Russie 1,5 milliards, l’Inde 1 milliard.
La domination américaine est aussi visible dans la répartition dans satellites : sur les 800 actifs, 400 appartiennent aux
Etats-Unis, 95 à la Russie, 40 à la Chine, 30 à l’Europe, 16 au Japon et 15 à l’Inde. Encore une fois, l’espace est donc un
lieu de rivalité entre les puissances, comme le montre la compétition entre les systèmes de localisation (GPS américain,
Galilée au européen, Beidu chinois, Glonass russe). Cependant, il n’est plus l’exclusivité des Etats et des entreprises
privées s’intéressent de plus en plus à ce juteux marché : le secteur des télécommunications est estimé à plus de 20
milliards de dollars.
Dès 1965, la société Intelsat a mis en place un réseau international de satellites de communication. Aujourd’hui, elle
reste le premier fournisseur mondial de service de télécommunications avec 51 satellites. La société Arianespace contrôle
60% du marché des satellites. Depuis 2001, la société Space Adventures, en partenariat avec l’agence spatiale russe,
propose contre plus de 20 millions de dollars un séjour dans la station spatiale internationale (7 clients depuis). Depuis
2010, l’entreprise Virgin Galactic teste un avion permettant de rester pendant quelques minutes en apesanteur. En 2010,
la société SpaceX a lancé la première capsule privée. Enfin, de nouveaux centres de lancement sont construits par des
sociétés privées afin de rivaliser avec les sociétés d’Etat. Parmi les 50 premières entreprises mondiales, la domination
américaine reste forte même si 15 sociétés européennes apparaissent.
Développée par l’Allemagne nazie à des fins militaires, la technologie spatiale est reprise par les deux Grands qui la
développent afin de prouver la supériorité respective de leur modèle. Cette compétition, d’abord dominée par l’URSS,
tourne à l’avantage des Etats-Unis qui épuisent ainsi l’autre Grand. En 1991, les Etats-Unis constituent la première
puissance spatiale. Cependant, de nombreux autres concurrents, nations comme entreprises privées, sont désormais
présents dans le domaine spatial. Elles se livrent une guerre économique et technologique particulièrement intense dont
les populations bénéficient, d’une certaine façon, grâce à de nombreuses innovations issues de l’activité spatiale.
Un des nouveaux objectifs de la course à l’espace est l’exploration martienne. En quoi la conquête de Mars
symbolise-t-elle l’évolution de la course à l’espace depuis la fin de la Guerre froide ?
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