Tout sur les sondes géothermiques verticales
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Tout sur les sondes géothermiques verticales
01.03.2016 | 1 Tout sur les sondes géothermiques verticales Les sondes géothermiques verticales (SGV) font partie de la géothermie de faible profondeur. Une sonde géothermique verticale est un tube en forme de U enfoncé dans un forage destiné à utiliser la chaleur de la Terre jusqu’à 500 m de profondeur. Utilisation: chauffer et/ou rafraîchir Individuellement, les sondes géothermiques sont surtout utilisées pour des maisons individuelles, que ce soit à des fins de chauffage, de rafraîchissement ou encore de stockage saisonnier (p. ex. chaleur produite par des installations solaires thermiques). Pour le rafraîchissement, il ne faut pas excéder une profondeur d’environ 200 m, car au-delà, le sous-sol est trop chaud pour absorber la chaleur résiduelle des locaux. En été, la chaleur excédentaire de bâtiments est injectée dans le sous-sol, où elle est stockée de manière temporaire. En hiver, cette chaleur peut de nouveau être utilisée à des fins de chauffage. Diffusion et potentiel de la technologie: la Suisse en tête En Suisse, les sondes géothermiques verticales représentent l’utisation de la chaleur de la Terre la plus courante. À ce jour, il existe déjà plus de 90’000 sondes de ce type dans notre pays. Au plan mondial, la Suisse se classe parmi les premiers: Pays ProductionProduction (MWh/an) (MWh) par habitant Islande 7‘422‘00022.79 Suède14‘423‘380 1.40 Finlande5‘000‘400 0.91 Nouvelle-Zélande2‘394‘910 0.53 Norvège2‘294‘630 0.45 Suisse3‘288‘2600.41 Source: GEOTHERMIE.CH, sur la base des données de Lund, John W. / Boyd, Tonya L.: Direct Utilization of Geothermal Energy 2015 Worldwide Review. Proceedings World Geothermal Congress 2015. Melbourne, Australie, 19 – 25 April 2015, et Geothermics (en préparation) Par principe, le potentiel d’utilisation existe partout. Toutefois, il peut être limité si les eaux souterraines servent de réserves d’eau potable, et en raison de propriétés particulières du sous-sol (karst, gypse, anhydrite, gaz naturel, artésianisme de l’aquifère, etc.). Principe de fonctionnement: en circuit fermé En règle générale, des sondes géothermiques normales sont introduites dans des forages verticaux allant jusqu’à 250 m de profondeur au maximum. Entre 250 m et environ 500 m, on utilise des Tout sur les sondes géothermiques verticales | 2 sondes géothermiques plus résistantes à la pression. Un fluide composé d’eau et d’antigel circule dans le tube en forme de U. Ce fluide sert à capter la chaleur du sous-sol et à l’acheminer vers la surface au moyen d’un échangeur de chaleur et d’une pompe à chaleur jusqu’à un système de chauffage. Le fluide refroidi est réinjecté dans le sous-sol, où il peut de nouveau capter la chaleur de la Terre. À 250 m de profondeur, la chaleur moyenne atteint environ 14-16 °C. En été, cette température peut être utilisée pour rafraîchir des locaux d’habitation, sans avoir recours à une pompe à chaleur (free cooling). Écologie: jusqu’à 80% d’émissions de CO2 en moins La géothermie est une façon extrêmement écologique de produire de l’eau chaude, de chauffer ou rafraîchir des habitations. À titre d’exemple, pour obtenir la température de locaux souhaitée à l’aide d’une sonde géothermique verticale, il faut, en règle générale, 75% de chaleur de la Terre et 25% d’électricité pour la pompe à chaleur. La part géothermique est entièrement renouvelable. Pour les 25%, le bilan écologique d’une installation de géothermie est déterminé par l’origine du courant électrique utilisé. Ce bilan est aggravé lorsque l’électricité est produite par des centrales à charbon, alors qu’il est optimisé lorsque celle-ci est issue de sources d’énergie renouvelables (eau, soleil, vent, biomasse). L’utilisation d’une sonde géothermique verticale permet d’éviter beaucoup d’émissions de CO2. Cette économie dépend de la performance («coefficient de performance») de la pompe à chaleur et de l’origine du courant électrique. La géothermie en elle-même est pour ainsi dire exempte de CO2. Des émissions de CO2 ne proviennent que de la fabrication du matériel et du forage. Par rapport à des chaudières au mazout modernes, les pompes à chaleur permettent d’économiser jusqu’à 80% d’émissions de CO2. Ces chiffres ont été estimés dans une étude sur le mix énergétique bavarois et peuvent être reportés presque tels quels au niveau suisse. Par exemple, si les émissions de CO2 atteignent 2’800 kg d’équivalent CO2 par kilowattheure lors de la production de chaleur à l’aide d’une chaudière au mazout, celles-ci peuvent être réduites jusqu’à 560 kg avec une installation de pompe à chaleur. Par conséquent, une pompe à chaleur permet, en moyenne, d’économiser chaque année 2 tonnes d’équivalent CO2. Du fait de l’extraction de chaleur, le sous-sol se refroidit légèrement. Après quelques années, un équilibre presque constant s’établit à un niveau de température plus bas. L’importance de ce refroidissement dépend de la profondeur atteinte par la sonde géothermique, et peut donc être prédéterminée. Pour prévenir un refroidissement du sous-sol, des sondes géothermiques verticales ne doivent pas être placées trop près les unes des autres. De plus, en été, de la chaleur excédentaire des locaux ou de la chaleur produite par des installations solaires thermiques peut être stockée de manière temporaire dans le sol et ainsi recharger le terrain en chaleur. La priorité absolue est accordée à la protection des eaux souterraines en tant que réserves d’eau potable. Une pollution des eaux souterraines ne peut être exclue si les forages ne sont pas réalisés dans les règles de l‘art, et de ce fait, des sondes géothermiques verticales sont interdites dans de telles zones (cf. «Autorisation»). Mesures d’encouragement: se renseigner avant tout Aucun subside fédéral ne peut être attendu pour la construction d’une installation géothermique de faible profondeur. En revanche, certains cantons et communes encouragent de telles installations. La plupart du temps, il existe une aide financière pour la pompe à chaleur. Il convient de se renseigner auprès d’un service de conseils en énergie ou de consulter les sites Internet correspondants: • Services cantonaux de l’énergie et services d’information en matière d’énergie: http://www.bfe. admin.ch/dossiers/00677/index.html?lang=de • Office fédéral de l’énergie: http://www.bfe. admin.ch/dienstleistungen/05822/index. html?lang=fr • Énergie Suisse: http://www.suisseenergie.ch/ fr-ch/energies-renouvelables/financement-subventions.aspx Tout sur les sondes géothermiques verticales | 3 Économie: faibles coûts d‘exploitation C’est la profondeur du forage qui détermine les coûts. Dans des zones géologiques exigeantes, on peut s’attendre à un surplus de coûts dû à des mesures techniques supplémentaire ou des expertises géologiques. Dans un cas normal, il faut compter de 60 fr. à 90 fr. par mètre de perforation et de sonde. En dehors du forage, il faut aussi prendre en compte les frais occasionnés par la pompe à chaleur et les raccordements en surface. Coûts d‘investissement: exemple de coûts d’une sonde géothermique verticale pour une nouvelle maison individuelle sur le Plateau suisse, y compris la production d’eau chaude: Caractéristiques techniques Surface habitable à chauffer 160 m2 Puissance calorifique, y c. production d’eau chaude 5 kW (100 %) Puissance de la sonde géothermique 3,9 kW (78 %) Puissance de la pompe à chaleur 1,1 kW (22 %) Profondeur du forage 100 m Coûts d‘investissement (CHF) Forage et sonde géothermique ~ 12‘000 CHF Pompe à chaleur ~ 10‘000 CHF Installation, matériel, système de régulation et production d’eau chaude ~ 7‘000 CHF Total ~ 29‘000 CHF Coûts d‘exploitation: ils sont déterminés par la pompe à chaleur et sa consommation d‘électricité. En règle générale, les coûts d’investissement sont plus élevés qu’avec un chauffage au gaz ou au mazout, mais les coûts d’exploitation sont moindres. Par conséquent, à moyen terme, une installation géothermique est plus rentable. Chaque installation est toutefois différente. Lors de l’estimation des coûts d’investissement et d’exploitation, il faut donc prendre en compte ce qui sert de référence énergétique et sur quoi reposent les exigences en matière de chaleur et d’eau chaude. Planification et installation: exécution dans les règles de l‘art L’installateur en chauffage ou le planificateur détermine la profondeur requise en fonction du besoin de chaleur et du sous-sol. La profondeur correcte est fondamentale pour garantir un fonctionnement irréprochable. La profondeur devrait être fixée selon les normes de la Société suisse des ingénieurs et des architectes (SIA). Étant donné que la profondeur du forage doit être connue lors du dépôt de la demande d’autorisation (cf. ci-après), la planification de l’installation doit avoir lieu au préalable. Si le sous-sol est peu connu, il faut faire appel à un géologue ou à un hydrogéologue. Le forage nécessaire à l’installation peut aller de 50 m à 500 m de profondeur, et le diamètre du forage peut atteindre 160 mm. Après l’introduction des tubes, l’espace entre les tubes et la terre est rempli intégralement de bas en haut d’un mélange de bentonite-ciment (argile naturelle). Seule une exécution dans les règles de l’art peut garantir un bon contact thermique entre la sonde géothermique et le soussol. Des entreprises spécialisées exécutent ces travaux selon des critères de qualité définis. Le Groupement professionnel suisse pour les pompes à chaleur (GSP) certifie ainsi des entreprises satisfaisant aux exigences requises. Pour avoir un aperçu des entreprises certifiées en Suisse, consulter le site Internet http://www.fws.ch/adressportal.html Jusqu’à présent, il n’existait que des certificats pour les pompes à chaleur, mais pas pour l’interaction efficace de tous les composants et une installation correcte. Le nouveau certificat «PAC système-module» tient compte de cette interaction optimale. Pour de plus amples informations, consulter le site PAC Système-module sous http://www. wp-systemmodul.ch/de-ch/page/WaermepumpenSystem-Modul-Heizung-Energieeffizienz-4 Procédure d’octroi d’une autorisation: des différences selon les cantons En premier lieu, l’admissibilité de sondes géothermiques dépend des zones de protection des eaux souterraines appropriées servant de réserves d’eau potable. Dans certaines régions, par exemple en bordure nord de la Suisse, certaines couches rocheuses telles qu’anhydrite, gypse, karst, réservoirs Tout sur les sondes géothermiques verticales | 4 de gaz naturel ou artésianisme des nappes aquifères (eau qui jaillit avec pression en surface), peuvent restreindre l’utilisation. En règle générale, des sondes géothermiques verticales sont autorisées si les eaux souterraines ne sont pas touchées, et si les conditions géologiques le permettent. Des cartes cantonales montrent où de telles sondes sont possibles, et à quelles conditions. Presque tous les cantons en disposent. Si un forage n’est pas autorisé, il faut examiner d’autres systèmes (p. ex. corbeilles géothermiques, capteurs horizonatux, sondes géothermiques par processus de forage radial aussi appelé procédé GRD). Avant de procéder à un forage, il faut demander une autorisation. La procédure d’octroi d’une autorisation est différente selon les cantons. Les procédures cantonales s’appuient sur l’aide à l’exécution «Exploitation de la chaleur tirée du sol et du sous-sol» publiée par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) destinée aux autorités d’exécution et aux spécialistes de géothermie. Il faut disposer, au minimum, d’une autorisation de forage communale et d’une autorisation cantonale. Si d’autres documents sont requis, ils doivent être joints à la demande. Étant donné que les procédures d’octroi d’autorisations, les critères d’admissibilité et d’autres documents (expertises, etc.) varient d’un canton à l’autre, il est recommandé de s’informer en consultant le site Internet du canton concerné. La plupart du temps, les cantons fournissent les informations requises sur les procédures sur la page «Environnement» de leur site Internet. Beaucoup de cantons ont d’ailleurs établi des directives pour la procédure d’octroi des autorisations et/ou des notices d’information. Sondes géothermiques verticales aussi possibles en cas de rénovation Lors de rénovations de bâtiments, il vaut la peine d’examiner le recours possible à des sondes géothermiques verticales. Même si elles ont été développées initialement pour des chauffages à basse température (chauffage au sol), il existe aujourd’hui des pompes à chaleur produisant des températures de 50 à 60°C. Au moyen de radiateurs, elles permettent de chauffer des maisons rénovées équipées avec un degré de rendement élevé. Pour réduire le besoin énergétique total d’un bâtiment, et dimensionner exactement la sonde géothermique et la pompe à chaleur, un assainissement énergétique (partiel) du bâtiment est indiqué. Ce n’est que lorsque tous les assainissements énergétiques ont été réalisés qu’un nouveau chauffage peut être conçu en fonction du nouveau besoin en chaleur réduit. Pour une maison devant être rénovée, il est économiquement défendable d’installer une sonde géothermique verticale après une évaluation préalable du bilan énergétique du bâtiment. Avantages • Énergie renouvelable. • Chauffage et/ou rafraîchissement au moyen de la même sonde et de la même installation. • Peu d’encombrement en surface. • Brève durée de forage (1 à 2 jours). • Aucune visibilité en surface, car la sonde géothermique est enfouie dans le sous-sol. • Place libérée du fait de l’absence d’un chauffage au mazout ou au gaz. • Plus de cheminée requise. • Fiabilité élevée et longue durée de vie. • Degré de rendement élevé du fait que le soussol est chaud toute l‘année. Plus les sources de chaleur sont élevées et plus la température d’utilisation est basse (côté chauffage), plus le degré de rendement est meilleur. C’est la raison pour laquelle des sondes géothermiques verticales sont plus efficaces en moyenne annuelle que des capteurs horizontaux ou des corbeilles géothermiques. L’avantage est particulièrement grand par rapport à des pompes à chaleur air/ eau, étant donné qu’en hiver, l’air extérieur est froid et que la pompe à chaleur doit être d’autant plus efficace. • Rentabilité à moyen terme, du fait que les coûts d’investissement sont normalement amortis après quelques années. Les tarifs de l’électricité influencent la durée d’amortissement. • Pratiquement aucune émission de CO2 et de particules fines. Inconvénients • Pas utilisable partout en raison de la protection des eaux souterraines et des conditions particulières géologiques locales (anhydrite et gypse) • Refroidissement indésirable du sous-sol lorsque Tout sur les sondes géothermiques verticales | 5 • • • des sondes géothermiques verticales sont placées trop près les unes des autres. Coûts d’investissement plus élevés que pour des chauffages au mazout ou au gaz, par exemple. Une installation non exécutée dans les règles de l’art peut engendrer une exploitation inefficace ou des pannes. Surplus de coûts éventuel dû au manque de qualification du personnel en charge du forage et d’équipements techniques suffisants.