Le Musée : coup d`œil sur la statue de saint Jean

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Le Musée : coup d`œil sur la statue de saint Jean
Le Musée : coup d’œil sur la statue
de saint Jean-Baptiste de la Salle
Le bâtiment qui abrite notre Musée est un véritable lieu
d’histoire, celle de notre ville bien sûr, mais aussi d’histoire
nationale, en particulier des débats sur l’École. Il abritait en
effet la chapelle du pensionnat des Frères des écoles
chrétiennes, aujourd’hui école Saint-Martin.
Ce qui explique une certaine statue, que vous n’avez peutêtre jamais remarquée, juste au-dessus de la monumentale
porte de bois…
Les Frères des écoles chrétiennes
C’est en 1684 que Jean-Baptiste de la Salle fonde à Reims un
institut religieux voué à l'éducation des jeunes des classes
modestes : les Frères des écoles chrétiennes. Cet institut se
développe rapidement au cours du 18e siècle et survit à la
Révolution française : si les Frères refusent de prêter le
serment de la Constitution civile du clergé (devenus des
instituteurs publics, ils ne pouvaient accepter d'enseigner le
catéchisme révolutionnaire), ils sont réhabilités sous
l’Empire. Un décret de Napoléon Ier prévoit que les Frères
des écoles chrétiennes s’occuperont de l’enseignement
primaire et formeront les instituteurs. Ils reprennent donc
officiellement leurs fonctions en 1810. Encouragés pour
contrer l'influence des jésuites, ils se développent
rapidement dans toute la France. En 1833, François Guizot,
ministre de Louis-Philippe Ier, crée une nouvelle loi visant à
organiser l'éducation primaire, qui les conforte dans leurs
positions.
À Dreux, le pensionnat Saint-Pierre ouvre en 1855 grâce à
Mme de Couasnon, grande bienfaitrice de la ville. Elle offre
sa maison de la rue Saint-Martin pour en faire une école (il
en reste un pavillon d‘époque Louis XIII). Les autres
bâtiments sont édifiés peu à peu pour constituer cet
imposant édifice de la rue Saint-Martin et de la place du
Musée que les Frères des écoles chrétiennes dirigeront 56
ans.
En 1876, un projet d’agrandissement est confié à Louis
Loisel, architecte renommé de Rouen : on érige ainsi en 1895
cette chapelle déployant une monumentale architecture
néo-romane.
Cependant, l'exode des Frères hors de France amorcé dès
1881, avec les lois laïques de Jules Ferry, est général après la
suppression légale de l'ordre en France le 7 juillet 1904.
Ainsi, la chapelle des Frères des écoles chrétiennes de Dreux
ne sert au culte que 8 ans, le pensionnat étant fermé dès la
Séparation de l’Église et de l’État. La ville de Dreux achète
La façade occidentale du Musée
© Dreux-Musée d’art et d’histoire
Marcel Dessal
l’école en 1908 et y installe une école de filles. En 1950, la
chapelle devient le Musée d’art et d’histoire Marcel Dessal.
Le souvenir des Frères des écoles chrétiennes subsiste sur la
façade occidentale du Musée.
Dans la niche qui surmonte l’entrée monumentale aux
grandes portes de bois, se trouve en effet une sculpture de
saint Jean-Baptiste de la Salle. Elle contraste, par son style
classique, avec l’austérité du décor sculpté néo-roman de la
façade où se côtoient pinacles, modillons, roses et rosaces,
chapiteaux et colonnettes.
Cette effigie est l’un des nombreux exemples de statues
réalisées en l’honneur du saint qui est à rapprocher du
groupe en bronze (1875) de Jean-Alexandre-Joseph Falguière
à Rouen où il est représenté avec deux enfants. Ici, l’espace
dédié à la statue ne permettait que deux personnages.
Mais la douceur du geste de la main sur l’épaule de l’enfant,
le regard rassurant, bienveillant et calme du prêtre ainsi que
le visage de l’enfant tourné vers lui comme pour lui
demander conseil dans la vie en font une des sculptures les
plus émouvantes de notre commune.
La statue de saint Jean-Baptiste de la
Salle
© Dreux-Musée d’art et d’histoire
Marcel Dessal