Un coup d`œil derrière les coulisses de l`industrie laitière

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Un coup d`œil derrière les coulisses de l`industrie laitière
ACUSA -News
AN 2015 - décembre 2015
tirage: 847 150
Association Contre les Usines d’Animaux
Un coup d’œil derrière les
coulisses de l’industrie laitière
Faits et contexte de la triste affaire du lait
aux frais des animaux
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ISSN 1424-4438
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Association Contre les
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Editorial d’Erwin Kessler, président Acusa.ch
Mère et enfant
Je le reconnais, j’ai commis beaucoup d’erreurs dans ma vie, et n’ai
pas voulu admettre beaucoup de
choses pendant longtemps. Je me
suis trop longtemps persuadé qu’il
fallait peu de choses pour élever des
vaches de manière conforme à leurs
besoins et que le lacto-végétarisme
était en principe admissible, avec
des produits bio. Rétrospectivement,
je ne le comprends plus. Pourquoi
n’ai-je pas vu plus tôt ce que je vois
aujourd’hui? Ne voulais-je pas renoncer au fromage et au yogourt? Ou
bien parce que je trouvais que les vaches sur les alpages, c’était quelque
chose de beau et le son d’un troupeau de vaches qui paissent pour
moi était une musique apaisante? Faire des erreurs a aussi des bons côtés.
Un côté positif est l’opportunité d’en
tirer des enseignements et de s’en
sortir grandi.
Le présent numéro est entièrement
consacré à la production laitière
d’aujourd’hui et à la misère des vaches, à l’élevage haute performance
qui implique des mauvais traitements, aux grossesses forcées permanentes, à l’insémination artificielle
et aux tortures et à l’humiliation qui y
sont liées, à la séparation de la mère
et de l’enfant et à l’infanticide.
Est-ce faire preuve d’anthropomorphisme que de qualifier d’infanticide
l’abattage usuel des petits veaux?
Pourquoi? Parce que «ne sont que
des animaux»?
Dans un ouvrage historique traitant
de l’esclavage dans les Etats du sud
de l’Amérique, j’ai lu il y a longtemps
un incident qui ne me lâche plus. Aujourd’hui encore, quand je me le rappelle, cela me fait froid dans le dos et
je souhaiterais avoir une machine à
remonter le temps pour pouvoir me
transposer à cette époque et intervenir. Pas d’inquiétude, ce n’est pas une
histoire choquante ni sanglante, c’est
une chose tout à fait normale à cette
époque, et j’aimerais vous la raconter
brièvement.
Des esclaves noirs travaillaient sur
une ferme. Une jeune esclave a eu un
enfant. Mais on avait besoin d’elle
comme main-d’œuvre dans les
champs; donc on lui a enlevé le nouveau-né et l’a apporté à une nourrice
qui se trouvait loin de là, dont c’était
la tâche de s’occuper de la progéni-
ture des esclaves; chose normale à
l’époque. Poussée par le désir de son
enfant, la mère se rendait secrètement chaque nuit, après la dure journée de labeur, chez la nourrice pour
le voir brièvement. Puis elle devait
reprendre le chemin du retour pour
être au travail dès l’aube.
Pourquoi est-ce que je vous raconte
cela? Parce qu’à l’époque c’était considéré comme normal et nécessaire,
tout comme maintenant de retirer
aux vaches mères leur nouveau-né.
Cela ne servirait à rien de me transposer avec une machine à remonter
le temps à l’époque de l’esclavage.
Je ne pourrais pas aider les pauvres
mères esclaves, car je serais traité
d’extrémiste qui humanise les «nègres». Et si je dénonçais malgré tout
sans cesse publiquement l’inhumanité de la chose, je finirais en prison,
exactement comme j’ai été condamné voici 15 ans à la prison parce que
j’avais dit clairement en public ce
que je pensais des bourreaux d’animaux «au nom de la religion». Mon
crime: je suis d’avis que les mammifères supérieurs comme les vaches,
les moutons et les porcs souffrent de
manière similaire lorsque leurs besoins élémentaires sont réprimés de
force, par exemple lorsqu’on enlève
aux mères leurs enfants ou que l’on
tranche au sabre la gorge aux vaches
et aux moutons pleinement conscients parce que soi-disant Dieu le
veut ainsi ou parce que l’on ne veut
pas renoncer, en tant que personne
profondément religieuse, à la consommation malsaine de viande.
Stop, je pense encore à quelque chose. Peut-être que j’aurais quand même pu aider cette mère esclave. Peutêtre existait-il à l’époque des homes
pour les affranchis psychiquement et
physiquement endommagés, tout
comme il existe aujourd’hui des refuges pour les esclaves agricoles affranchis, oh pardon, aujourd’hui on
les appelle les «animaux de rente».
En effet, à l’époque déjà il y avait des
personnes qui ne détournaient pas
égoïstement le regard, qui faisaient
preuve de compassion et de responsabilité et qui faisaient ce qu’elles
pouvaient. Ainsi, en fin de compte,
l’esclavage n’a pas été aboli simplement comme ça, du néant, mais grâce à de courageux pionniers.
Aiyana und Amali
une histoire qui finit bien
par Sonja Tonelli, Acusa.ch
Aiyana avait déjà mis au monde six
petits veaux, mais les avait perdus directement après la naissance. Pendant neuf mois elle portait les petits
dans son ventre, sentait la vie qui
poussait en elle puis mettait les petits
veaux au monde dans la douleur. Elle
les léchait avec amour et comme toute vache mère éprouvait le besoin instinctif de les protéger. Mais c’était
toujours en vain. Chaque fois le fermier venait lui arracher son enfant,
parce qu’il n’était né que dans le
but de lui faire produire du lait. Du
lait que son corps constituait en fait
pour son petit veau, mais qui était utilisé pour les hommes.
La douleur était chaque fois immense. Le chagrin et la peur envahissaient Aiyana. Elle appelait ses petits
veaux, sachant instinctivement que
ceux-ci auraient pourtant tellement
besoin de la proximité et de la prévenance de leur mère. Mais en vain,
car les veaux étaient toujours placés
loin d’Aiyana dans de petits igloos
en matière plastique, les femelles
étant élevées pour devenir des vaches laitières et les mâles abattus
peu de temps après. Aiyana ne les
voyait plus jamais.
Aiyana vivait à l’époque dans une exploitation laitière avec confinement.
Son quotidien était monotone. En été,
elle avait parfois le droit d’aller sur
un pâturage, mais tout le long de l’hiver elle était généralement confinée.
Ses articulations lui faisaient mal. Il
lui était difficile de se lever et de se
coucher. Sa seule occupation consistait à manger et on la trayait deux fois
par jour. Son pis était tellement plein
chaque jour que c’en était douloureux. Aiyana était gestante la plupart
du temps. Quelques semaines après
avoir mis au monde un veau, elle
était de nouveau inséminée artificiellement. Ainsi, on assurait qu’elle
donne beaucoup de lait tous les
jours. Ce lait était bu par les hommes
ou transformé en produits comme le
beurre, le yogourt et le fromage.
A présent, elle était de nouveau sur
le point de mettre bas. Mais peu
avant qu’elle ne mette son veau au
monde, Markus Bosshard, qui a un
grand cœur pour tous les animaux, a
découvert Aiyana dans son étable.
Interrogé par Markus, le fermier lui a
dit qu’Aiyana devait être abatttue
peu après la mise bas, car elle présentait un problème d’utérus et ne
concevrait donc plus. Markus était
très ému par le sort d’Aiyana. Il ne
pouvait pas tout simplement la laisser là et, comme il avait déjà sauvé
de nombreux animaux de l’abattoir, il
n’a pas hésité à racheter la liberté
d’Aiyana.
Le 15 juin de cette année, grâce à
Markus, Aiyama a pu rejoindre, avec
son veau pas encore né, la Villa Kunterbunt, un refuge pour bovins, que
nous présenterons plus en détail à la
fin de ce numéro. Markus est étroitement lié à la Villa Kunterbunt et soutient encore divers autres refuges.
Huit jours plus tard, Aiyana a donné
le jour à un petit veau femelle. Peu
après, les contractions ont recom-
Par peur qu’on lui arrache de nouveau son veau, Aiyana l’a caché tout au fond de l’étable, l’a recouvert de paille et s’est couchée devant son petit pour le protéger.
mencé et elle a mis un autre petit
veau au monde. Malheureusement,
celui-ci n’avait pas pu se développer
correctement dans le ventre de sa
mère et était mort-né.
Malgré la pré-éclampsie dont elle
était atteinte à cause du veau qui était
mort dans son ventre et bien qu’elle
n’allât pas bien de ce fait, elle s’est
efforcée de protéger son veau vivant.
Dans l’angoisse qu’on le lui enlève
bientôt, elle l’a caché tout au fond de
l’étable, l’a entièrement recouvert de
paille et s’est couchée devant lui.
Mais à la Villa Kuhnterbunt, la vie est
différente et ses peurs étaient infondées. Pour la première fois de sa
vie, Aiyana pouvait garder son
veau. Personne ne le lui a retiré. La
petite génisse a été baptisée Amali,
ce qui signifie espoir; l’espoir qu’un
jour chaque être vivant sur cette planète se voie accorder le droit de vivre dans la dignité et la liberté.
En raison du fœtus mort, aussi bien
Aiyana qu’Amali présentaient des intoxications et ont dû recevoir immédiatement un traitement médical intensif. Des perfusions leur ont été administrées à toutes les deux. En plus
de cela, comme c’est souvent le cas
des jumeaux, Amali était initialement
très petite et faible. Elle voulait téter
sa mère, mais le pis d’Aiyana était
tellement conditionné pour être performant et tellement plein que les tétines touchaient presque le sol, rai-
La petite Amali a beaucoup de chance; elle ne connaîtra jamais le triste destin
d’une «vache laitière».
son pour laquelle la petite Amali ne
pouvait pas téter. Avec beaucoup de
soins, de traites et de biberons pour
la petite, le pis a tellement rétréci
que la petite Amali peut désormais
téter sa mère.
Entre-temps elles se portent bien
toutes les deux et ont intégré le troupeau existant. Amali a trouvé une
amie en Léonie, un autre veau de la
Villa Kunterbunt; les deux petites
jouent beaucoup ensemble et Aiyana
permet même à Léonie de la téter!
Aiyana et Amali ont eu beaucoup
de chance de pouvoir vivre aujourd’hui, grâce à Markus Boss-
hard et à la Villa Kunterbunt, une
vie loin des exigences de rente.
La petite Amali aurait connu autrement le même destin que la plupart
des autres vaches en Suisse: écornage, insémination artificielle, la perte
de leurs enfants et finalement, au
bout de 5 ou 6 ans, lorsqu’elles ne
donnent plus assez de lait, l’abattoir.
Tout cela a été épargné à Aiyana et à
Amali et elles pourront vivre ensemble jusqu’à la fin de leur vie
naturelle et savourer une existence
de vaches heureuses.
Plusieurs fois par jour, Amali tète le pis de sa mère. Aiyana est très heureuse d’être mère. Tous les veaux qu’elle avait mis au
monde auparavant lui avaient été arrachés. On voit bien sur la photo: les vaches de l’industrie laitière n’ont plus que la peau et
les os au bout de quelques années d’exploitation excessive. Désormais, à la Villa Kunterbunt, Aiyana ne sera plus exploitée et
reprendra des forces au fil du temps.
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Ci-dessus: Tendresse et familiarité entre mère et enfant. Si la petite Amali était venue au monde dans une exploitation laitière,
elle végéterait maintenant toute seule dans un petit igloo au lieu d’être soignée par sa mère.
Ci-dessous: Entre-temps Aiyana a compris qu’à la Villa Kunterbunt personne ne lui enlèverait son petit et elle profite en toute
quiétude de la présence de la petite Amali.
Le lait, un aliment naturel?
Chaque Suisse consomme 73 litres de lait par an, si l’on en croit
les indications de Swissmilk.
Pour beaucoup de gens, le lait
est aujourd’hui un aliment indispensable. L’offre de lait, fromage,
yogourts, fromages blancs, beurre, etc. est énorme. De plus, il y a
du lait dans les glaces, le chocolat et la pâtisserie, et même souvent dans le pain. Et aussi dans la
plupart des gâteaux, et souvent
même dans les biscuits salés on
trouve du lait sous forme de poudre.
par Sonja Tonelli, Acusa.ch
de 1% de teneur en protéines
dans le lait maternel. La différence est encore plus extrême
lorsque l’on compare le lait humain au lait de lapine ou de chatte. Les lapins doublent de poids
en six jours seulement, raison
pour laquelle le lait de lapine
contient une teneur en protéines
de plus de 10%. Les chatons nécessitent neuf jours pour doubler
de poids, et il leur faut donc un
lait contenant une teneur en protéines de 7%.
Le lait de vache est donc conçu
En 2012, 3’444’189’000 kg(=
précisément en fonction des be3444 millions de tonnes) de lait
soins du veau. Un veau doit granont été produits en Suisse. Dans
dir rapidement, ce qui dans la
notre pays, le lait est subventionnature est nécessaire à la survie,
né et il n’est donc pas étonnant
pour pouvoir suivre le troupeau
que le lobby du lait le présente
et échapper aux prédateurs.
sans cesse comme un aliment na- Beaucoup de gens ont le lait et les produits lai- C’est pourquoi le lait de vache
turel et indispensable à la santé, tiers à leur menu, parce qu’ils pensent que c’est est développé pour atteindre
et que les produits laitiers fas- indispensable pour leur santé
une croissance rapide ainsi
sent l’objet d’une énorme publiqu’une ossature solide. Par concité. Récemment, un encart de 36 pa- pas prévu que l’homme ou n’importe tre, pour un développement modéré
ges de Swissmilk était joint au jour- quel mammifère boive du lait d’une du cerveau. Chez le nourrisson hunal de la Coop. Il contenait un article autre espèce. Prenons comme exem- main, c’est exactement le contraire.
sur l’allergie au lait où se trouvait ple la teneur en protéines du lait de Comme il est longtemps porté et
même un avertissement en ces ter- différentes espèces: un veau double protégé par sa mère, une croissance
mes: «en raison de déficits nutrition- son poids en 47 jours et a besoin rapide n’est pas nécessaire. Chez
nels possibles, mieux vaut renoncer pour cela d’une teneur en protéines l’homme, la priorité dans les premièdurablement au lait à défaut d’un di- de 3,4% dans le lait de vache. Un res années de vie est surtout le déveagnostic médical sûr». Mais dans nourrisson humain en revanche, dou- loppement du cerveau. Son squelette
quelle mesure est-il vraiment naturel ble son poids lorsqu’il est nourri na- se développe donc beaucoup plus
turellement au lait maternel en 180 lentement que celui d’un veau. Il
de boire du lait?
jours. Il lui suffit donc d’un peu plus n’est donc pas étonnant que le lait de
Comme tous les mammifères femelles, une femme possède également
des glandes mammaires pour allaiter Le lait tourne vite et peut donc contenir rapidement d’innombrables germes pathoson nouveau-né. La première nourri- gènes et bactéries. Pour pouvoir le conserver, il faut le chauffer fortement
ture qu’un bébé prend après la naissance et pendant les premiers mois
de sa vie, c’est le lait. Ce n’est que
plus tard qu’il est à même d’assimiler
aussi de la bouillie et ensuite une
nourriture plus solide. Boire le lait
maternel, c’est donc pour un nourrisson vraiment la chose la plus naturelle qui soit. Mais en est-il de même pour le lait d’une espèce différente, par exemple le lait de vache?
Il est révélateur de constater que
l’homme est la seule espèce qui se
nourrisse de lait d’une espèce différente. Avez-vous déjà vu une
chienne allaiter des chatons? Ou une
lapine naine un bébé cochon d’Inde?
Cela ne se produit pas parce que la
composition des différents laits est
extrêmement différente. La nature n’a
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La première nourriture qu’un bébé et la progéniture de mammifères prennent, c’est le lait. Le lait des différentes espèces est
adapté précisément aux besoins de leur progéniture. Alors que chez l’homme, le développement du cerveau est au premier
plan, chez le veau c’est surtout une croissance rapide qui a la priorité. Seul l’être humain continue à boire du lait après le
sevrage et a le sentiment d’en avoir besoin toute sa vie.
vache contienne quatre à cinq fois
plus de calcium que le lait d’une femme et aussi beaucoup plus de substances minérales et de protéines. En
revanche, le lait maternel contient
presque deux fois plus de lactose, ce
qui est nécessaire à la constitution du
système nerveux et du cerveau et
donc pour le développement mental
de l’homme.
Ces exemples montrent que chaque
espèce a le lait maternel parfait pour
approvisionner sa progéniture. Elle
reçoit toujours exactement les nutriments dont les nourrissons ont besoin dans la phase de développement correspondante. Chez chaque
espèce, la composition du lait maternel est totalement différente et parfaitement adaptée aux besoins du
nourrisson respectif.
Quelque temps avant le tarissement
du lait maternel, les mammifères
commencent à se nourrir avec la
nourriture prévue par la nature. Les
lapins commencent à manger de la
verdure, les chats rapportent des
souris à leurs bébés et les petits veaux commencent à brouter de l’herbe, comme leurs mères.
L’homme est le seul être vivant qui
continue à se nourrir de lait même
après le sevrage. Et qui plus est, de
lait d’une autre espèce.
On s’efforce de convaincre les parents que les enfants ont absolument
besoin de lait pour poursuivre leur
croissance. On fait une si énorme publicité pour le lait de suite pour les
bébés et, pour les enfants déjà plus
grands, pour des boissons au lait, des
en-cas contenant du lait pour les pauses, etc. Mais est-ce que les animaux sont donc tellement mieux
développés que nous les humains,
puisque eux n’ont pas besoin de
lait après la phase de nourrisson,
alors que l’homme en a soi-disant
besoin toute sa vie pour sa croissance et sa santé ultérieure? On ne
peut guère l’affirmer!
L’humanité aurait aussi disparu depuis longtemps s’il lui fallait vraiment
encore du lait après l’âge de nourrisson. En effet, les hommes n’ont découvert le lait pour eux-mêmes
qu’après avoir commencé à être «sédentaires» et à élever des animaux
dits «de rente». Et même là, le lait
était un aliment rare, parce que le
nombre d’animaux était limité et que
l’on n’avait pas la possibilité de conserver le lait. La production laitière
proprement dite, qui a rendu le lait
accessible à tous les hommes, n’a
commencé que vers la fin du XVIe
siècle. Mais le lait était à l’époque un
aliment problématique et considéré
comme un risque pour la santé en
raison de son caractère rapidement
périssable. Pendant longtemps, la
mort d’enfants était souvent attribuée
à la consommation de lait tourné. Ce
n’est qu’au milieu du XIXe siècle,
lorsque le réfrigérateur et la pasteurisation ont été inventés, que le risque de consommer du lait tourné a
été réduit. Lors de la pasteurisation,
le lait est chauffé pendant une demiminute à plus de 70 degrés Celsius,
puis refroidi immédiatement. Le lait
UHT est même chauffé à plus de 130
degrés Celsius (chauffage à ultrahaute température). Ainsi, le lait était largement exempt de germes pathogènes et pouvait être conservé nettement plus longtemps.
Continuer à boire du lait au-delà
de l’âge de nourrisson, ce n’était
donc pas prévu dès le début pour
l’homme et n’a rien à voir avec le
naturel. Encore moins la manière
dont le lait est produit, comme nous
allons le voir en lisant les articles suivants.
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«Le taureau dans la mallette»
Et les naissances programmées grâce aux traitements hormonaux
Le technicien d’insémination enfonce
profondément dans le corps de la vache son bras tenant la pipette d’insémination. Pour la vache, la procédure
est visiblement désagréable. Mais elle se laisse faire avec patience, tandis
que le sperme de taureau lui est injecté directement dans l’utérus. Elle
est artificiellement inséminée et si
tout va bien, elle mettra un veau au
monde dans neuf mois.
Bien des gens pensent toujours à
tort qu’il suffit qu’une vache mette
bas une seule fois pour produire
du lait toute sa vie. C’est inexact.
Comme pour une femme avec un
nourrisson, chez une vache aussi la
production de lait diminue aussitôt
que l’enfant n’est plus tributaire du
lait maternel. C’est pourquoi les vaches sont engrossées de nouveau
quelques semaines après la naissance d’un veau. Elles sont pour ainsi dire gestantes en permanence. Ainsi,
elles sont assurées de donner du lait
sans arrêt.
Seuls quelques très rares producteurs de lait en Suisse gardent
encore un taureau pour une descendance naturelle. Plus de 90% préfèrent le «taureau dans la mallette». La
majeure partie du «sperme de qualité» est produite par l’entreprise
Swissgenetics, où l’on peut rechercher en ligne ou sur catalogue l’éjaculat de taureau qui convient. Swissgenetics propose avec plus de 200
techniciens d’insémination et une
centaine d’inséminateurs contractuels un service d’insémination dans
toute la Suisse. Lorsqu’une vache est
en rut, le paysan appelle simplement
le technicien d’insémination qui s’occupe de lui, qui passe ensuite le plus
vite possible avec le sperme commandé et fertilise la vache selon le
processus décrit ci-dessus..
«Tes jambes doivent se dérober sous
toi et ton cœur battre la chamade
quand tu vois une belle vache équilibrée et fonctionnelle» – voilà ce qui
est écrit pour la motivation requise
dans le descriptif de poste en vue de
la formation de technicien d’insémination sur le site Internet de Swissgenetics, afin que chacun trouve la vache qui convient pour chacune de
«ses» exploitations.
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par Sonja Tonelli, Acusa.ch
Les affaires avec les «veaux sur catalogue» marchent bien. Le sperme est
aussi toujours plus souvent exporté à
l’étranger. Une dose de sperme de
taureau coûte entre 10 et un peu plus
de 100 francs, selon le taureau dont il
provient et les avantages qu’il offre.
Ainsi on trouve dans le catalogue
pour chaque taureau des chiffresclés sur les valeurs d’élevage probables comme la morphologie, le «fondement» et la qualité des pis, etc. Le
sperme sexué, qui a été séparé au
préalable par chromosomes X et Y et
qui augmente donc la probabilité de
produire avec 90% de sécurité un
veau du sexe souhaité, est plus cher.
Il faut encore ajouter au coût de la semence les frais de trajet et de transfert. On paie par facture.
Mais l’insémination artificielle n’est
pas une garantie de descendance
dans l’étable. Les éleveurs peuvent
certes reconnaître à l’appui du comportement de la vache quand elle est
en chaleur, mais il ne leur est pas
possible de déterminer le moment
exact de l’ovulation. Comme l’ovule
de la vache n’est fécondable que
pendant 24 heures environ et que le
sperme de taureau n’est actif qu’environ 20 heures, il n’est pas toujours
facile de trouver le bon moment pour
l’insémination artificielle. C’est la raison pour laquelle une équipe de recherche du département de biosys-
tèmes de l’EPFZ a élaboré une capsule en cellulose dans laquelle les
spermatozoïdes restent frais pendant
trois jours. Cela élargit la fenêtre de
temps pour une insémination réussie, car on implante des centaines de
ces capsules avant l’ovulation attendue dans l’utérus de la vache. Les
cellules vivantes réagissent aux hormones de la vache, qui sont libérées
lors de l’ovulation, et sortent de la
capsule à la nage pour rejoindre
l’ovule. Ainsi, la chance d’obtenir une
descendance est accrue.
Les gestations régulières des vaches
sont importantes pour les fermiers,
pour qu’il y ait le moins possible de
pertes de lait. Ils ne peuvent pas se
permettre de garder une vache qui
ne tombe pas enceinte. C’est pourquoi ils recourent toujours plus souvent aux hormones sexuelles. En effet,
malgré l’insémination artificielle, selon la Fédération suisse pour la race
bovine brune, les problèmes de fertilité sont toujours la cause la plus fréquente de l’abattage prématuré des
vaches laitières. Tandis que les hormones de croissance sont interdites
en Suisse, l’emploi d’hormones sexuelles est toujours permis. Rien
d’étonnant donc à ce que les fermiers recourent toujours plus
souvent aux médicaments hormonaux pour engrosser les vaches
plus rapidement. L’injection aide à
L'insémination artificielle – un viol ou une intervention anodine? Les défenseurs
des animaux et les agriculteurs ne sont pas d'accord. Une chose est sûre toutefois,
c'est qu'elle sert surtout au profit.
déclencher l’ovulation. L’avantage
pour les éleveurs est de ne pas avoir
à faire venir aussi souvent le technicien d’insémination, mais de pouvoir
faire inséminer plusieurs vaches à la
fois qui ont été traitées auparavant
aux hormones. Les veaux viennent au
monde en même temps du fait des
traitements hormonaux, ce qui facilite beaucoup le travail des fermiers.
Samuel Kohler, chargé de cours pour
la santé animale à l’école supérieure
suisse d’agriculture, critique ce développement, mais concède ce qui
suit, dans la revue K-Tipp 04/2014 sur
le thème du «recours systématique à
l’injection»: «Il existe un nombre considérable d’exploitations qui appliquent systématiquement l’injection
d’ovulation à chaque insémination.»
Le lait représente de l’argent pour
les fermiers et si les prix du lait sont
bas on ne peut tout simplement pas
se permettre une vache qui ne devient pas immédiatement de nouveau gestante.
Les thérapies hormonales et l’insémination artificielle sont devenues si
normales dans l’industrie laitière que
personne ne songe plus à l’aspect éthique. Est-il moralement correct
d’intervenir à tel point dans la na-
ture d’un animal pour le profit?
L’homme a-t-il le droit de produire
en masse des «veaux sur catalogue» et d’engrosser de force les
vaches chaque année juste pour
pouvoir consommer du lait? Et si
c’est encore défendable pour certains du point de vue moral, comment
les vaches se sentent-elles à cet
égard? Nous sommes d’avis que de
telles pratiques représentent un
viol et une exploitation des animaux que nous ne voulons pas soutenir. Ce n’est que l’une des nombreuses raisons pour lesquelles
nous renonçons au lait.
Et son enfant lui est sans cesse arraché
par Sonja Tonelli, Acusa.ch
Comme nous l'avons vu dans l'article
précédent, une vache doit donner
naissance à un veau chaque année
pour produire du lait. Exactement
comme chez l'homme, la gestation de
la vache dure 9 mois. Pour que les vaches donnent toujours beaucoup de
lait, elles sont engrossées quelques
semaines à peine après la mise-bas.
Ainsi, chaque année elles ont un petit
et sont donc gestantes pratiquement
en permanence. Une vache met son
enfant au monde dans la douleur.
Mais on ne lui laisse pas les joies
de la maternité. Peu après la naissance, le petit veau est arraché à
sa mère.
Les vaches sont des animaux très
sensibles. Le lien entre la ma mère et
l'enfant est profond. C'est pourquoi
c'est toujours un événement très
traumatisant pour la vache et le
veau lorsqu'ils sont séparés. Avezvous déjà entendu une vache meugler sans cesse sur le pâturage? La
plement que plusieurs centaines de
milliers de vaches laitières en Suisse
subissent exactement ce destin chaque année? Nous ne voyons justement pas ce qui se passe derrière les
murs des étables et les pâturages se
trouvent souvent loin des zones d'habitation.
Si vous avez eu l'occasion d'observer
une vache avec son veau, vous avvez
pu voir une mère pleine d'amour qui
lèche son petit avec attention, le protège et le soigne. Même lorsqu'il peut
déjà courir et qu'il joue un peu plus
loin avec d'autres veaux, elle ne le
quitte jamais des yeux. Et le petit
veau accourt toujours vers sa maman
pour quémander des caresses et téter.
prochaine fois que vous observerez
cela, rappelez-vous qu'il se peut Les vaches seraient de bonnes mèqu'on vienne de lui voler son veau res, mais elles n'en ont pas la posnouveau-né. Les vaches appellent sibilité, parce que leurs veaux ne
souvent leurs enfants pendant des viennent au monde que dans le but
heures et des jours, elles les cher- de nous permettre de boire leur
chent et ont un immense chagrin lait.
quand elles se rendent
compte qu'elles les ont per- La nourriture dans un seau au lieu de la maman, parce que le lait que la vache a produit
dus.
pour son petit est utilisé par les hommes
Nous sommes toujours émus
lorsque nous voyons des mammifères avec leurs jeunes.
Chacun se réjouit de la vue
d'un petit poulain qui tète sa
mère. Notre cœur déborde de
tendresse lorsque nous voyons
une maman chatte veiller sur
ses bébés et les lécher. Et une
personne normale trouverait
extrêmement cruel de retirer
tout simplement ses petits à la
chatte.
Pourquoi acceptons-nous sim-
Les plus petites victimes d’une industrie
laitière orientée profit
Il est 9h du matin et j’entends le bruit
des tracteurs. Mon estomac se contracte car je sais ce que cela signifie.
J’habite directement à côté d’un petit
abattoir de village et par la fenêtre je
peux observer les fermiers lorsqu’ils
amènent leurs animaux. Je regarde
dehors et aperçois dans la remorque
ouverte un petit veau mâle. Il n’a que
quelques jours. Deux jeunes paysans
plaisantent avec le boucher. Au bout
d’un moment, le petit veau s’agite et
frappe impatiemment de ses petits
sabots la paroi du transporteur. Estce qu’il a peur, ou peut-être trouve-til simplement qu’il serait plus amusant de découvrir le monde au lieu
de rester debout là, attaché pendant
si longtemps? L’un des hommes le
détache et l’emmène hors du transporteur. Le petit animal regarde avec
curiosité autour de lui de ses grands
yeux et mordille avec confiance la
manche de l’homme. Celui-ci l’emmène dans la salle d’abattage, où
peu après un boulon fracasse la tête
du veau.
«C’est tellement injuste», tout crie en
moi. Il n’y a même pas encore de viande sur ce petit veau. Il n’a eu que
quelques jours dans ce monde alors
que son espérance de vie naturelle
aurait été de plus de 20 ans.
Environ 600’000 vaches laitières vivent en Suisse et chacune met au
monde chaque année un petit veau.
Tandis que les veaux femelles sont
parfois élevées pour devenir des vaches laitières, les veaux mâles sont
inutiles.
Comme les races bovines laitières
sont élevées pour produire le
moins possible de viande, il n’est
souvent plus rentable d’engraisser
la progéniture mâle.
Le délai légal dans lequel un veau
peut être abattu est de 7 jours, en fait.
Mais tout le monde ne respecte pas
ce délai, comme l’a indiqué la Protection Suisse des Animaux PSA en
février de cette année dans un communiqué de presse. Selon ce reportage, la PSA est en possession de diverses affirmations de vétérinaires, éleveurs de bétail, engraisseurs de veaux et conseillers agricoles qui rapportent que certains fermiers tuent
10
par Sonja Tonelli, Acusa.ch
les veaux mâles immédiatement
après la naissance. Le prix bas du lait
et le tourisme d’achats désavantage
financièrement toujours plus de producteurs laitiers. Abreuver un veau
encore pendant 7 jours après la naissance, cela coûte du temps et de l’argent. Pour s’éviter cette dépense,
les veaux mâles sont parfois tués
illégalement de leurs propres
mains et éliminés, ou des veaux
malades ne sont tout simplement
pas traités et on les laisse mourir.
Les animaux sont alors simplement
déclarés dans la banque de données
du trafic des animaux de la Confédération comme «mort-né» ou comme
«mort dans les 3 jours», comme le
suppose la PSA.
Cette supposition s’appuie sur des
chiffres officiels qui enregistraient
pour les races bovines laitières communes au cours des dernières années une hausse frappante des avis
de «mort-né» ou «mort 3 jours après
la naissance». Ceci bien que les naissances chez les vaches laitières sont
moins susceptibles aux complications que chez les races bovines destinées à l’industrie de la viande. Des
demandes auprès de quelques postes de cadavres d’animaux confirment également cette terrible suppo-
sition, d’après un article du journal
«Aargauer Zeitung». Ils ont confirmé
que le nombre de cadavres de veaux
livrés a presque doublé au cours des
mois de vêlage.
Plus le prix du lait baisse, plus la
pression financière sur les paysans
augmente et de ce fait des abattages
illégaux de veaux nouveau-nés en
Suisse pourraient devenir un problème toujours plus grand. Dans de
nombreux autres pays comme par
exemple l’Italie, l’Ecosse et l’Irlande,
la pratique cruelle de tuer des veaux
nouveau-nés dès la naissance est déjà courante.
Mais même les veaux qui sont encore
abreuvés conformément à la loi pendant 7 jours, puis abattus représentent un grand gaspillage de vies et
de ressources. Seule une société de
consommation démesurée peut se
permettre une chose pareille en
faveur de la consommation de lait.
La plupart des petits veaux qui doivent mourir si vite sont des mâles.
Mais parfois aussi des femelles qui
ne sont pas aptes à la reproduction.
Ce sont des bébés animaux qui ont
une espérance de vie naturelle de 20
ans ou davantage. Ils ne sont venus
au monde que parce que leurs mè-
Veau mâle peu avant l’abattage. Il n’a que quelques jours et ne veut pas mourir.
Mais il n’était qu’un déchet de l’industrie laitière.
res doivent nous fournir du lait à
nous les hommes et ont dû tout de
suite mourir parce qu’ils étaient
simplement un déchet de l’industrie laitière!
Les veaux femelles issus de l’industrie laitière sont généralement élevés
comme vaches laitières. Arrachés à
leur mère peu après la naissance, ils
sont généralement détenus pendant
les deux premières semaines de leur
vie seuls dans des caissons. Loin des
soins plein d’amour de leur maman,
ils passent leur petite enfance dans
l’isolation et sans la chaleur du nid, et
sont nourris au biberon.
Les bovins sont des animaux très
sensibles et la séparation de la mère signifie pour les petits veaux un
stress psychique énorme.
Ce stress, de même que d’autres
facteurs comme le manque d’hygiène à l’étable ou une alimentation erronée les rendent très susceptibles
aux infections. Beaucoup de veaux
souffrent donc dès les premiers jours
de leur vie de diarrhées dangereuses ou de pneumonies. Pas étonnant donc que plus de 90% des veaux en Suisse reçoivent des antibiotiques dès les premières semaines de leur vie. La mortalité parmi
les veaux est aussi relativement importante.
Après les deux premières semaines,
les veaux sont placés dans de petits
igloos en plastique. Comme les taux
d’infection sont très élevés, les veaux
sont là aussi généralement détenus
seuls. Mais les vaches sont des animaux grégaires. C’est la raison pour
laquelle la détention individuelle est
dès le début liée à une souffrance
énorme pour les petits veaux. Ils ne
peuvent pas apprendre ni vivre correctement le comportement social typique pour un animal grégaire. Les
igloos doivent certes être disposés
de façon à permettre un contact visu-
el avec les autres veaux. Mais un contact physique avec d’autres animaux
leur est généralement interdit.
Si plusieurs veaux sont détenus ensemble dans un igloo, le problème
de la tétée mutuelle se produit souvent. C’est une conséquence de la séparation d’avec leurs mères. En effet,
le comportement naturel de tétée n’a
pas seulement la fonction de nourrissage, mais c’est un comportement inné qui peut durer jusqu’à une heure
pendant la période d’allaitement, et
qui transmet au veau beaucoup de
proximité et de protection de sa mère. Puisque l’on retire aux veaux la
possibilité de téter, beaucoup s’efforcent de compenser ce manque. Ils tètent tout ce qu’ils peuvent, également
d’autres veaux, ce qui peut entraîner
des lésions des mamelles et des infections douloureuses. Ce comportement de compensation dure parfois
jusqu’à l’âge adulte. Ainsi on voit occasionnellement sur le pâturage des
vaches qui portent ce qu’on appelle
un anneau de sevrage. Ce sont des
anneaux à crochets acérés qu’on place dans le nez des animaux. L’anneau
sert à ce que les vaches qui se font
téter se défendent contre les crochets douloureux, de façon que les
veaux ou les vaches adultes ne viennent plus téter leur pis et boire leur
lait.
Les vaches mères lèchent sans cesse
leurs veaux. Le léchage mutuel entre
les vaches n’est pas seulement important pour les soins corporels,
mais il favorise et approfondit aussi
les relations sociales entre elles et
exerce une action calmante sur les
animaux. Les veaux qui vivent seuls
dans des igloos ne jouissent jamais
du léchage plein de tendresse et
d’affection de leurs mères, et n’ont
pas de contact physique.
Dans la nature, où lorsque les veaux
sont élevés avec leurs mères de la
manière la plus conforme possible à
Cette vache a développé un dérangement du fait de la séparation prématurée d’avec sa mère. Bien qu’elle ne
soit plus au stade de nourrisson, elle
continue à téter les pis de ses congénères. L’anneau de sevrage dans son nez a
pour but de prévenir ce comportement.
leurs besoins, ils développent ce
qu’on appelle des «groupes d’école
maternelle» où ils s’entraînent à leur
comportement de jeu et s’ébattent,
ce que les petits veaux adorent faire.
Cela fend le cœur des amis des animaux lorsqu’ils voient les petits veaux, qui aiment tellement jouer, tenter désespérément d’exécuter des
cabrioles dans l’espace réduit dont
ils disposent. Une enfance perdue
pour notre consommation de lait!
Après la phase de l’igloo, les jeunes
génisses sont tenues en groupes jusqu’à ce qu’elles atteignent leur maturité sexuelle et passent leur vie de la
même triste manière que leurs mères, en tant que «vaches laitières».
Qu’ils soient abattus en tant que veau
mâle peu après la naissance ou élevés en tant que femelle pour devenir
une vache laitière, ils ont tous un
point commun: ce sont les plus petites victimes d’une industrie laitière sans cœur et axée sur le profit!
Loin des soins pleins d’amour de leur maman, les veaux femelles passent les premières semaines de leur vie seules dans un
petit igloo en plastique, en été souvent en plein soleil. Ces animaux pleins de joie de vivre ne peuvent même pas s’ébattre.
11
Des vaches sans cornes de fermiers sans cœur
par Erwin Kessler, président Acusa.ch
L’écornage est un exemple de la
manière dont des animaux sont
ajustés à un système de détention au lieu d’adapter le système aux animaux. Bio Suisse et
KAGfreiland permettent aussi
cette mutilation exploiteuse des
animaux.
Documentation détaillée:
www.vgt.ch/doc/enthornen
ce danger, tout comme il doit
tenir compte des nombreux
dangers découlant
Elles ont l’air triste, les vaches sans
cornes, pitoyables et ridicules. Mais il
n’en va pas seulement de la dignité
des vaches. La corne de la vache, irriguée par le sang et sensible à la douleur, est davantage qu’un ornement
pour la tête. La corne remplit des
fonctions importantes dans les soins
corporels, réglemente le comportement social, renforce le caractère.
La corne de la vache pousse à partir
de l’âge où le jeune animal commence à manger du foin et de l’herbe. Elle est constituée de la corne comme
organe cutané épaissi et du bouchon
osseux, qui, du point de vue anatomique, est une protubérance de l’os
frontal. L’organe en apparence mort
est extrêmement fortement irrigué, le
sang circule entre la corne et le bouchon osseux. Celui-ci est creux, relié
au front et à la cavité nasale et il est
donc rattaché à la circulation des gaz
digestifs. Ces gaz et énergies de digestion sont renvoyées de la corne à
l’organisme de la vache. Elles animent la masse digestive dans le
tractus gastro-intestinal (selon une
théorie anthroposophique claire).
L’écornage est en tout cas une intervention douloureuse, car la corne est
un organe vivant, irrigué par le sang
et traversé de fibres nerveuses. En
cas d’écornage inapproprié, il existe
un risque considérable d’infection
dans le sinus frontal, et de plus les
nerfs peuvent être durablement endommagés. Des méthodes d’écornage usuelles pour les veaux consiste
en la brûlure avec un agent corrosif
ou un crayon combustible. Même si
cela se passe, comme le prescrit la
loi, sous anesthésie (qui le contrôle?),
le veau subit des douleurs postopératoires.
12
L’écornage des vaches et des veaux
me rappelle le conte de Cendrillon.
La méchante marâtre coupe les orteils de ses filles pour que leurs pieds
puissent entrer dans la pantoufle de
vair, en fausses princesses. Les vaches et les veaux sont écornés pour
pouvoir entrer dans des étables trop
étroites, par goût du lucre.
Enfant pendant les vacances d’été à
la ferme de mon oncle, j’ai appris à
me méfier des cornes du taureau. Les
cornes des vaches ne présentaient
aucun danger. Les vaches sont des
animaux paisibles lorsqu’on les laisse
tranquilles. J’aimais toujours être près
d’elles. Je me rappelle encore vivement la bousculade quotidienne lors
du retour à l’étable et en particulier
près de l’étroite porte lorsque les vaches allaient au pâturage et en revenaient le soir. Parfois il prenait à une
vache l’envie de se retourner justement encore une fois à cet endroit le
plus étroit, de se mettre en travers, et
moi, petit garçon, j’étais au milieu de
cette mêlée. Même dans une telle situation, les vaches savent exactement
où se trouvent les pointes de leurs
cornes. Je suis sans cesse étonné lorsque je vois les vaches manger avec
les pointes de leurs cornes qui évoluent à un centimètre de l’œil de leurs
voisines, et que celles-ci ne font que
cligner un peu de l’œil, sachant que
l’autre contrôle parfaitement ses cornes. Les cornes font partie des vaches
et elles savent les manier, mieux que
bien des automobilistes avec leur véhicule. Malgré cela, on ne retire pas
préventivement les roues à toutes les
voitures, comme les vaches sont écornées préventivement à titre de routine.
Un agriculteur qui ne sait pas gérer
des machines agricoles, n’a
pas choisi la bonne profession. Et
lorsque les vaches se blessent mutuellement, c’est aussi qu’il n’a pas
choisi la bonne profession, car il fait
quelque chose de fondamentalement
faux, que ce soit transmettre sa propre nervosité aux animaux, les traiter
sans égards ou leur fournir simplement une étable mal conçue.
Du fait de l’écornage, les bovins sont
tellement restreints dans leur comportement typique que de nombreuses capacités et fonctions ne peuvent
être vécues qu’avec une restriction
considérable ou ne le peuvent plus
du tout.
Des études éthologiques de l’EPF de
Zurich ont prouvé que les étables ne
nécessitent nullement des vaches
écornées, mais que l’écornage des
animaux ne sert qu’à pouvoir construire des étables plus étroites. Cette
mutilation des animaux ne représente
donc qu’une mesure de maximisation
du profit, sans égards pour eux, un
symbole de l’agriculture technocratique et dénaturée, où des êtres vivants
sensibles ne sont plus traités que
comme des moyens de production.
En 2011, le Conseiller national du PS
zurichois, Daniel Jositsch, a soumis
une interpellation contre l’écornage,
mais le Conseil fédéral l’a refusé en
reprenant simplement de manière
unilatérale les arguments du lobby
agricole. L’intérêt officiel ancré dans
la constitution pour la protection et la
dignité animales n’a régulièrement
aucun poids dans la pensée et l’action du Conseil fédéral par rapport
aux intérêts particuliers représentés
au parlement, notamment le lobby
agricole, car il est élu par le parlement et non par le peuple.
Les étables en stabulation libre sont-elles
respectueuses des animaux?
La joie était grande parmi certains
défenseurs des animaux lorsque les
premières étables à stabulation libre
ont été créées en Suisse. Des vaches
pouvant se déplacer librement étaient pour beaucoup une plus belle
notion que des bovins attachés dans
des étables sombres qui ne sortent
presque jamais en hiver. Mais à présent, après quelques années d'expérience avec les étables à stabulation
libre, il y a même entre agriculteurs
de grandes discussions sur la question de savoir si elles sont vraiment
plus respectueuses des animaux. Une
fermière qui exploite elle-même une
étable à stabulation libre pour les vaches laitières nous a fait part de ses
expériences. Son rapport démontre
bien les problèmes qu'une étable à
stabulation libre peut entraîner et
que cette forme de détention est malheureusement tout sauf respectueuse
de certaines vaches. Voici quelques
extraits de son rapport:
«Je serais heureuse qu'un peu plus de
résistance se forme contre la folie des
grandeurs sans limites qui règne dans
l'élevage de vaches laitières. Il est vrai
que partout, lorsque l'on parle d'un
système de stabulation particulièrement respectueux des animaux on entend une étable à stabulation libre. Je
travaillais jour après jour dans notre
petite étable à stabulation libre et dois
constater qu'une étable de ce genre
recèle plus d'inconvénients pour les
par Sonja Tonelli, Acusa.ch
animaux par rapport à une étable moderne à stabulation entravée.
Une stabulation libre apporte à la rigueur un avantage pour les fermiers. Il
n'est alors plus nécessaire de franchir
d'aussi grandes distances, puisque la
nourriture, l'évacuation du fumier,
presque tout en somme est dirigé par
ordinateur. Toute l'étable est construite avec des tubes en fer partout pour
que les vaches ne puissent s'approcher de trop près des «gentils humains». Les animaux de ce genre ne
connaissent pas le contact rapproché
avec nous en tant que gardiennes et
gardiens. Sauf quand on leur met un licou pour les emmener hors de l'étable.
En revanche, les vaches de rang supérieur peuvent pourchasser sans entrave leurs congénères, pour les faire
quitter la mangeoire ou une logette.
De même, lorsqu'une vache entre en
rut, elle doit être attachée le plus vite
possible dans une logette pour éviter
qu'elle essaie de saillir les autres en
permanence. A cela s'ajoute l'une ou
l'autre bagarre de rang occasionnelle.
Ce n'est pas mon imagination, non,
j'assiste tous les jours à de tels scénarios dans notre petite étable à stabulation libre, avec tout juste 26 vaches au
maximum dans ce groupe. Plus il se
trouve de vaches dans une fabrique
laitière de ce genre, toujours plus industrialisée et dirigée par ordinateur,
plus il est difficile, voire impossible, de
garder le contrôle. Il faut pour cela de
nouveau des capteurs qui enregistrent
le comportement des vaches 24 heures sur 24. Où est en fait le véritable
bien-être des animaux???»
Comme le montrent nettement les
descriptions de cette fermière, les étables à stabulation libre ne sont pas
exemptes de problèmes et pas non
plus automatiquement plus respectueuses des animaux. En effet, pour le
peu de «liberté» supplémentaire,
bien des vaches paient un prix élevé.
Ainsi par exemple, le pâturage régulier n'est prescrit que pour les
bovins en stabulation entravée.
C'est la raison pour laquelle il y a
toujours plus de vaches qui ne voient jamais un pré, ce qui restreint
fortement la qualité de vie des animaux.
Une étable à stabulation libre est généralement disposée de façon à consister en un couloir bordé de logettes. Ces logettes sont plus courtes
que les vaches. Ceci les empêche de
se soulager dans les logettes. A l'extrémité de la logette où se trouve la
tête de la vache, il y a une barre de
fer. Cette barre force la vache à reculer d'un pas en se levant. Il ne leur est
donc pas possible de se lever confortablement dans la zone de couchage parsemée de paille. Les logettes
sont aussi beaucoup trop étroites et
Qui profite vraiment des étables à stabulation libre – le fermier ou les vaches?
Les vaches de rang inférieur sont souvent mal loties dans l'étable à stabulation libre. Elles sont parfois véritablement harcelées par les bovins de rang supérieur et évincées des mangeoires et des logettes les plus convoitées.
lorsque plusieurs vaches sont couchées ensemble l'une à côté de l'autre, elles ont beaucoup trop peu de
place pour étendre correctement les
jambes. Les étables à stabulation
libre sont surtout conçues pour
permettre une détention de vaches
automatisée et non adaptées en
premier lieu pour le confort des
vaches. Elles sont presque toujours
traites et nourries par ordinateur.
Ce qui signifie pour les fermiers un
travail en moins rend la vie de nombreuses vaches plus difficile et plus
désagréable. Du fait du manque de
pâturage, par exemple, on empêche
les vaches d'user leurs sabots de manière naturelle. Le sol dur dans les étables à stabulation libre favorise certes d'une part l'usure de la semelle
des sabots, mais d'autre part il se
produit rapidement à la moindre petite blessure des infections, car la
plante des pieds des vaches est sans
cesse exposée dans une étable à stabulation libre à l'humidité et à la saleté. Ainsi, depuis l'introduction d'étables à stabulation libre, il s'est produit
aussi une augmentation des maladies
des sabots, ce qui fait souvent beaucoup souffrir les vaches et entraîne
des traitements très désagréables. Le
fait de se tenir sans cesse debout sur
le sol dur signifie pour de nombreu-
14
ses vaches des lésions douloureuses
des articulations à un jeune âge déjà.
Rien d'étonnant donc que pour beaucoup d'étables à stabulation libre il
faudrait plutôt employer le terme
d'«étables debout» parce que les vaches ne bougent de toute façon que
très peu en raison des douleurs occasionnées.
Comme l'a mentionné la fermière cidessus, un autre gros problème consiste en le fait que des vaches plus
âgées et plus faibles sont souvent véritablement harcelées par les vaches
de rang supérieur. De nombreuses
étables à stabulation libre fournissent beaucoup trop peu de place et
de possibilités de fuite. Pour minimiser le risque de blessures, les
vaches qui vivent dans une étable
à stabulation libre sont tout simplement écornées.
Même BioSuisse ne connaît pas de
meilleure solution. En se justifiant par
le fait que souvent les moyens financiers manquent pour construire les
étables à stabulation libre plus grandes qui seraient nécessaires pour
garder les vaches avec cornes, BioSuisse laisse aux fermiers la liberté
de décider s'ils veulent écorner leurs
vaches. Mais même l'écornage ne résout pas entièrement le problème et
il se produit malgré tout des blessu-
res, des égratignures et des contusions.
Le stress auquel sont soumises les
vaches plus faibles, peureuses et
de rang inférieur est très élevé
dans une étable à stabulation libre. Alors que les vaches de rang supérieur se déplacent librement dans
l'étable et dans le parcours parfois
rattaché, celles de rang inférieur doivent se tenir là où les autres leur laissent de la place. Ainsi, on ne voit
guère ces vaches sur le parcours extérieur et même à l'intérieur il ne
leur reste que les places de couchage les plus mauvaises et les plus
sales.
Il arrive même souvent que les vaches de rang inférieur ne puissent
même pas se coucher et qu'elles doivent rester debout, parce qu'il n'y a
plus de place libre qu'entre deux vaches de rang supérieur et qu'elles
n'osent pas s'y mettre.
Ce qui de l'extérieur, vu superficiellement, paraissait de prime
abord pour de nombreux défenseurs des animaux une amélioration de la qualité de vie pour les vaches, s'est avéré comme si souvent dans la détention d'animaux
de rente être un bénéfice pour les
agriculteurs.
L’élevage intensif: des vaches turbo pour le profit
30 litres par jour et davantage, voilà
ce que produisent les vaches suisses
haute performance d’aujourd’hui, résultat d’un élevage intensif brutal et
sans égards. Les conséquences en
sont négatives pour les animaux et
positives pour les vétérinaires. Ainsi,
de nombreuses vaches laitières souffrent aujourd’hui d’inflammations des
pis, d’articulations enflées, d’arthrose, d’inflammations douloureuses des
sabots, de paralysie, d’infertilité, de
maladies métaboliques, de diarrhée
chronique et ont un pis tellement surdimensionné qu’elles ne peuvent
plus marcher correctement. De ce
fait on voit souvent de jeunes vaches
percluses de douleurs se traîner sur
les pâturages. Des estropiées créatures de Frankenstein, produites par
des technocrates inhumains avec le
soutien des milliards de francs des
contribuables. C’est la folie tout à fait
normale de notre époque.
par Erwin Kessler, président Acusa.ch
C’est ainsi que se présentent les vaches turbo primées aux expositions agricoles. Leur pis est plus gros que leur tête. Les fermiers écervelés préféreraient sans doute des vaches sans tête, puisqu’elles
sont déjà sans cornes et n’ont plus que des pis..... Notons par ailleurs l’ul-
cère de pression sur le jarret arrière. Il provient du fait que ces vaches élevées pour
Les vaches vivraient 15 à 20 ans. être grandes et lourdes doivent coucher sur le sol dur. Elles n’ont de litière qu’aux
Dans l’agriculture industrialisée expositions. On remarquera aussi à quel point cette vache est amaigrie: elle n’a
d’aujourd’hui, elles sont rares à att- plus que la peau et les os. Toute l’énergie du corps est dirigée vers la production laieindre l’âge de 7 ans, car du fait de tière maximale dans le cadre de l’élevage intensif.
l’exploitation excessive elles sont rapidement totalement épuisées et leur
performance laitière baisse. Elles ne
sont plus rentables et partent à l’abattoir. Il vaut peut-être
mieux, car cela raccourcit leur calvaire. La mort et l’abattage
commencent dès que les veaux naissent.
Heureusement que la nourriture fortifiante pour laquelle les
forêts vierges sont abattues, n’est pas bon marché. C’est cela
qui place des limites à la haute performance, et non la loi sur
la protection des animaux, qui permet pratiquement tous les
mauvais traitements.
Une vache suisse typique: elle n’a plus que la peau et les os.
15
La vache, un article jetable de l’industrie laitière
Le fermier est pensif, debout dans
l’étable et tâte la vache Alina. Elle
part demain à l’abattoir, parce que
son inflammation des sabots ne
s’améliore pas. Alina n’a que cinq
ans. Mais sa production laitière a
baissé du fait de l’inflammation chronique et le fermier ne veut tout simplement plus payer d’autres frais vétérinaires.
Le sort d’Alina n’a rien d’unique. Les
vaches pourraient en fait vivre plus
de 20 ans, mais la plupart des vaches
laitières en Suisse sont déjà abattues
à 5 ou 6 ans pour être transformées
en saucisses et en viande hachée. Les
raisons en sont multiples: rendement
laitier moindre, infertilité, problèmes
de pis, troubles des articulations ou
des sabots, etc. Les vaches laitières
sont aujourd’hui élevées de manière
à donner beaucoup plus de lait qu’elles n’en produiraient en fait pour
leurs veaux. Le rendement élevé en
lait, les gestations permanentes,
la détention sur le sol dur et l’alimentation axée sur la plus forte
production laitière possible laissent des traces. Ainsi, beaucoup de
vaches sont tellement épuisées
après peu d’années déjà qu’elles
ne deviennent plus portantes ou
que leur production de lait diminue. De nombreuses vaches tombent
aussi malades à un jeune âge déjà.
Des problèmes comme les maladies
du métabolisme, les paralysies dues
à une carence en calcium (fièvre de
lait), les inflammations du pis, les
problèmes digestifs et les inflammations des sabots figurent presque à
par Sonja Tonelli, Acusa.ch
l’ordre du jour dans l’élevage des vaches laitières aujourd’hui. Les traitements sont souvent désagréables
pour les vaches et onéreux pour les
paysans. Les prix bas du lait et une
réflexion orientée profit ont eu pour
conséquence que pour de nombreux
paysans ce n’est tout simplement
plus rentable de faire traiter une vache malade pendant longtemps par
un vétérinaire. La vache est devenue un article jetable de l’industrie laitière.
Même des vaches gestantes finissent
toujours plus souvent à l’abattoir. Environ 15’000 vaches arrivent gestantes à l’abattoir, selon une étude faite en 2012 par l’Office fédéral pour la sécurité alimentaire et
vétérinaire. Environ 5 ou 6% d’entre elles sont même déjà au 5e mois
ou encore plus avancées. Souvent cela se produit par ignorance ou négligence du paysan. Mais selon l’étude,
au moins 28,8% des propriétaires
concernés sont au courant de la gestation des vaches abattues. Dans
certains cas, des maladies de la vache ou des raisons économiques sont
déterminantes pour l’abattage. On
accepte tout simplement que les veaux non nés étouffent de façon atroce
pendant le processus d’abattage.
Les maladies les plus fréquentes des
vaches et les souffrances qui y sont
liées ainsi que la pression économique croissante représentent aussi
pour de nombreux éleveurs de vaches laitières une sollicitation psychique croissante.
Une fois qu’une vache a fait son temps comme «fournisseur de lait», il ne lui reste
plus que l’abattoir. En Suisse, c’est généralement le cas au bout de 5 à 6 ans.
16
La traite mécanique entraîne souvent
des inflammations du pis chroniques,
très douloureuses pour la vache.
Un agriculteur qui avait encore 55 vaches laitières jusqu’à la fin de l’année
dernière et qui avait investi voici sept
ans près d’un million de francs dans
l’industrie laitière (nouvelle fosse à
purin, étable à stabulation libre pour
67 places de vaches, robot de traite)
ne pouvait plus concilier les multiples souffrances des vaches laitières
du point de vue éthique avec sa
conscience et a cessé l’élevage des
vaches. Avec sa famille, il a converti
son alimentation au végétalisme. Il
nous a écrit ces lignes: «Avant même
d’être végétalien, j’ai souvent pensé
lorsque j’amenais une vache à l’abattoir qu’elle pouvait être contente que
ce serait bientôt fini. En fait nous savions depuis longtemps que ce
n’était pas bien, ce que nous faisons
aux animaux, mais nous pensions très
sérieusement que le lait était important.
Nous avons dû sans cesse faire souffrir
de nombreuses vaches car elles peuvent subir des ulcères aux sabots en
raison de l’élevage même dans les
meilleures conditions de détention, ce
qui arrive même plus souvent dans les
étables à stabulation libre que dans
les étables à stabulation entravée
inacceptables. Malheureusement, on
ne pas anesthésier trop fortement la
jambe affectée pour le traitement, car
sinon la vache ne pourrait plus marcher après le traitement. Pour un animal pesant entre 600 et 800 kg, c’est
un énorme problème. Le fait est que
les vaches sont pratiquement toujours
traitées sans anesthésie. Nous avons
essayé plusieurs fois avec anesthésie,
mais ce n’était manifestement pas un
grand soulagement, alors que les vaches risquaient des accidents car elles
marchaient très maladroitement après
le traitement. Elles éprouvent un stress
énorme dans un tel état de traitement,
même s’il n’était pas nécessaire de
leur infliger des douleurs pour ce faire.»
Il est également douloureux pour les
vaches lorsque certaines sont cesse
arrachées au troupeau et conduites à
l’abattoir ou vendues. Les bovins
sont des animaux très sociaux et affectueux. Un troupeau de vaches est
comparable à une meute de loups,
où il y a des animaux alpha et qui vivent dans une hiérarchisation fixe. Elles sont capables de reconnaître
d’autres membres du troupeau et
d’établir des relations profondes.
Ainsi des amitiés étroites naissent
sans cesse dans un troupeau de vaches. On le voit déjà parmi les petits
veaux, qui établissent déjà des liens
avec d’autres congénères de leur
âge et se lient d’amitié avec eux pour
la vie. Les liens familiaux sont particulièrement forts.
Si ces amitiés sont dissoutes parce
qu’une vache est conduite à l’abattoir ou vendue, on observe très
souvent les vaches qui portent le
deuil de leurs congénères perdus.
Lorsqu’un animal est chargé dans le
transporteur ou séparé d’une autre
manière du troupeau, les vaches restantes et celles qui lui étaient particulièrement attachées s’efforcent de
la suivre et appellent souvent leur
amie perdue pendant des heures. On
entend souvent parler de vaches qui
sont déprimées pendant des jours,
voire des semaines, par la perte
d’une amie. Quand on songe à quelle
fréquence des vaches sont abattues
dans un grand troupeau parce qu’el-
Lorsque des vaches sont arrachées à un troupeau, cela signifie toujours un grand
changement pour ses congénères qui restent. Les hiérarchies doivent être redéfinies et certaines vaches sont extrêmement affligées par la perte de leurs amies.
Ce troupeau de vaches multicolores sur cette photo est heureusement à l’abri de
telles souffrances. Elles vivent à la Villa Kuhnterbunt, un refuge pour bovins où aucun animal n’est abattu ou placé ailleurs.
les ne sont plus rentables, on ne peut
que s’imaginer la souffrance que l’on
fait subir sans cesse aux animaux.
Mais personne ne songe à cet
aspect-là. On n’aime pas attribuer
des sentiments aux animaux de rente.
John Avizienius, Senior Scientific Officer au département «Animaux de
rente» du Farm Animals Department
de la RSPCA en Grande-Bretagne, dit
qu’il «se rappelle une vache spéciale
qui semblait pendant une durée d’au
moins six semaines fortement affectée par la séparation d’avec son
veau. Quand on lui a retiré son veau,
elle a d’abord éprouvé un chagrin aigu; elle se tenait devant l’enclos où
elle l’avait vu pour la dernière fois et
appelait son enfant pendant des heures. Elle n’est partie de là que lorsqu’on l’y a forcée. Même après six
semaines, elle regardait sans cesse
vers l’enclos où elle avait vu son
Fœtus d’une vache abattue gestante. Environ 15’000 vaches sont abattues chaque année gestantes. Les veaux non nés étouffent alors de façon atroce.
veau pour la dernière fois, et restait
parfois immobile un instant devant
l’enclos.»
Alina, que nous avons mentionnée au
premier paragraphe, a été chargée
tôt le matin dans un transporteur où
se trouvaient déjà de nombreuses autres vaches qu’elle ne connaissait
pas. Une grande excitation régnait
dans l’étable. Ses amies ont encore
longtemps meuglé pour l’appeler. Le
transport à l’abattoir était rempli de
stress et d’angoisse pour Alina. Arrivée sur place, elle a été poussée
dans un couloir avec d’autres vaches.
Elle avait de la peine à marcher, car
son sabot enflammé la faisait énormément souffrir. Mais lorsqu’il s’agit
d’abattre 70 vaches par heure, tout
doit aller vite et on ne peut pas prendre beaucoup d’égards pour chacun
des animaux. Alina reçu un coup de
tige perforante dans la tête, puis elle
a été suspendue pour se vider de son
sang et dépecée en nombreux morceaux.
Dans sa courte vie, Alina avait donné
plus de 30’000 litres de lait. Du lait
produit en fait pour son petit veau,
mais qui était consommé par les
hommes. Elle était beaucoup trop
jeune pour mourir et aurait pu encore vivre 20 ans. Mais dans une industrie laitière orientée profit, les
vaches doivent être rentables pour
avoir le droit de vivre.
L’abattage d’Alina n’était que la fin
d’une vie marquée par beaucoup de
souffrance cachée, qui n’avait qu’un
seul objectif, celui de servir des
hommes consommateurs de lait.
17
Les pauvres vaches de laboratoire d’Agroscope
Agroscope est le centre de compétences de la Confédération pour la
recherche agricole, rattaché à l’Office fédéral de l’agriculture. Dans le
domaine des animaux de rente,
Agroscope réalise des expériences
autorisées sur des animaux vivants.
L’une de ces expériences est ce
qu’on appelle la fistule de la panse
qui est implantée à des bovins.
Un trou est découpé dans la paroi du
flanc sous anesthésie complète derrière la dernière côte et avant les os
du bassin, dans ce qu’on appelle la
fosse paralombaire. L’ouverture est
ensuite obturée avec un anneau en
plastique et un bouchon. La fistule
forme de ce fait un accès direct à la
panse de l’animal, à travers lequel on
peut pénétrer profondément à l’intérieur de la vache, introduire de la
nourriture et la retirer. Les vaches
portent la fistule pendant toute
leur vie. Le but de ces expériences
est l’étude et le développement
d’aliments qui rendent les vaches
laitières encore plus efficaces.
Selon ses propres indications, Agroscope possède 14 de ces vaches à fistule. Dans l’émission «10vor10» du
24.2.2014 le thème des vaches de laboratoire d’Agroscope a été abordé
sous le titre «Das Loch in der Kuh» (le
trou dans la vache). Le reportage
commençait par ces paroles: Ce qui
choque totalement les gens émotionnellement normaux, la télévision
suisse le minimise une fois de plus et
s’en moque même. Ensuite le reportage montrait un bouchon qui était
dévissé sur une vache et qui laissait
voir l’intérieur de la panse. Un collaborateur d’Agroscope enfonce à travers l’ouverture un sachet contenant
de la nourriture dans l’estomac de la
vache. Au bout d’un certain temps, le
sachet est retiré et analysé. Cela permet d’étudier la composition de
nourriture qui produit le plus de lait.
Les vaches ne souffrent soi-disant pas
de cette fistule, dit un vétérinaire
dans l’émission. Comme preuve il
avance notamment que ces vaches
donnent autant de lait que des vaches normales. Effectivement, Agroscope se vante sur sa page d’accueil
que les vaches à fistule produisent
jusqu’à 10’000 kilogrammes de lait
par lactation.
18
par Sonja Tonelli, Acusa.ch
Vache portant une fistule dans la panse au site Agroscope de Reckenholz
Abstraction faite de la fistule dans la
panse: est-ce que ces vaches laitières
à haute performance peuvent vraiment bien se porter si l’on songe
qu’elles sont engrossées chaque année à nouveau et qu’elles doivent
produire quatre fois plus de lait que
nécessaire en fait pour leurs petits
veaux? Comme leurs congénères
dans l’industrie laitière, ces vaches
sont déjà totalement épuisées au
bout de quelques années, ne sont
alors plus rentables et conduites à
l’abattoir. Déjà avec le haut rendement laitier d’aujourd’hui, de nombreuses vaches doivent lutter contre
des inflammations récurrentes du pis
et souffrent souvent de graves douleurs articulaires en raison de la perte de calcium élevée. N’est-ce pas
une insulte lorsque l’émission
10vor10 prétend que les expériences
avec les fistules, qui ne sont pratiquées que pour étudier comment
soutirer à une vache encore plus de
lait, servent en fin de compte au bien
de toutes les vaches?
Que les vaches souffrent ou non de la
fistule dans la panse, le fait est qu’elles ont au moins des douleurs postopératoires, comme l’avoue Agroscope, douleurs qui sont comparables à
celles d’une césarienne chez la femme. Les vaches sont traitées après
l’opération pendant cinq jours aux
analgésiques et aux antibiotiques.
Celui qui a déjà subi une gastrotomie
endoscopique et un accès artificiel à
l’estomac que les médecins utilisent
pour l’alimentation artificielle peut
Conditions de détention cruelles des vaches de laboratoire Agroscope: stabulation
entravée avec un minimum de parcours sur le sol dur sans paille
de même d’une entreprise d’Etat davantage que le respect
du strict minimum
de l’ordonnance sur
la protection des animaux.
Agroscope devrait plutôt montrer l’exemple
et obliger les paysans
chargés de la garde de
ces vaches à leur offrir
la meilleure vie possible. Vivre attachées
toute leur vie, sans litière, sur un sol en
béton, c’est tout sauf
conforme aux besoins de l’espèce.
L’attitude de ce paysan
consistant
à faire le Enfermés dans une petite étable parseAttachée court toute la journée et ne voir sans cesse
strict
minimum
pour mée d’une litière sale, les bovins du site
que le même mur de l’étable.
les animaux est reflé- Agroscope de Reckenholz/ZH passent
tée dans sa détention de bovins: en- leur existence sans jamais sortir à l’air
probablement le mieux s’imaginer à
fermés dans une petite étable parse- libre.
quel point le port à vie de la fistule
mée d’une litière sale, les bovins du
doit être désagréable pour les vasite Agroscope de Reckenholz/ZH
ches.
passent leur existence sans jamais coup plus saines au lait. Si vous ne
Vers la fin du reportage, il est préten- sortir à l’air libre. Ils ne voient jamais souhaitez plus soutenir l’exploitation
du que les vaches de laboratoire un pré et ne peuvent donc jamais cruelle des vaches, mangez végétad’Agroscope seraient détenues de donner libre cours à leur instinct du lien, pour la dignité des animaux et
manière conforme à leurs besoins. jeu et à leur besoin de mouvement. pour votre santé.
Ce que les collaborateurs respons- Une vie triste et ennuyeuse est malables à Agroscope entendent par heureusement permis et donc la tris- Nous avons donné à Agroscope Re«conforme à leurs besoins» est con- te réalité pour de nombreux bovins à ckenholz l’occasion d’exprimer une
prise de position avant la publication
tredit par les communications récur- l’engrais.
de
ce rapport. On y a réagi uniquerentes de promeneurs qui se plaiAgroscope est financé par l’argent ment par une lettre disant qu’on avait
gnent qu’au site Agroscope à Redu contribuable. Les expériences pris connaissance de notre article.
ckenholz deux vaches de laboratoire
onéreuses servent à la seule fin
sans parcours vivent dans des condid’étudier la manière de tirer enco- Nous avons tout de même pu obtenir
tions très tristes en stabulation entrare plus de lait des vaches à haut grâce au rapport que les deux vavée. A notre question, Agroscope a
ches de l’expérience puissent sortir
rendement.
confirmé qu’au site de Reckenholz
depuis lors plus souvent sur le pré
deux des vaches avec fistule sont hé- Ces expériences cruelles servant avec les autres.
bergées chez le paysan voisin en exclusivement au profit ne sont
rapport contractuel. Les images mon- qu’un exemple des nombreuses
trent à quel point ces deux vaches émergences de la
passent la plus grande partie de leur misère des vaches Après la publication de notre rapport sur Internet, les deux vavie dans des conditions «conformes à dans
l’industrie ches de l’expérience ont été au moins menées souvent au pâleurs besoins».
laitière, où les ani- turage. Est-ce une sécrétion de la plaie ou du suc gastrique
maux ne sont plus qui s’écoule du trou dans le ventre de la vache? C’est en tout
Agroscope a prétendu, en réponse à
considérés
que cas certainement désagréable pour l’animal.
notre question, que les deux vaches
comme des machisont sorties deux ou trois fois par senes devant être opmaines dans le parcours extérieur,
timisées pour promais les promeneurs qui passent réduire toujours plus
gulièrement devant l’étable en doude lait au coût le
tent. Seulement en été, les deux vaplus bas possible
ches apparaissent très rarement sur
et donnent ainsi un
le petit parcours extérieur bétonné.
profit maximal.
Mais
même
si
l’allégation
d’Agroscope est exacte et que les Il existe aujourd’hui
vaches ont le droit d’aller deux ou d’innombrables altrois fois par semaine sur un par- ternatives très sacours bétonné, on attendrait tout voureuses et beau-
La triste vie des taureaux d’insémination
par Sonja Tonelli, Acusa.ch
Nous entendons un bourdonnement singulier lorsque nous approchons, un
dimanche de novembre
dernier, des étables de
Swissgenetics
à
Bütschwil/SG. On dirait presque une lamentation en
chœur. Les taureaux sont
fixés sur des barres et attendent d’être nourris.
La coopérative Swissgenetics est le plus grand
producteur et distributeur suisse de sperme
pour l’insémination artificielle.
Son siège principal se
trouve à Zollikofen, dans
le canton de Berne. Les
jeunes taureaux sont élevés à Lucerne. Dès qu’ils
sont en âge de se reproduire, leur semence est
prélevée à la succursale Humiliant: deux fois par semaine, les taureaux à Mülligen sont forcés à saillir un chevalet avec
du canton d’Argovie, à un vagin en caoutchouc. Leur sperme est recueilli dans un bocal, emballé et vendu dans le
Mülligen, et leur sperme monde entier. D’autres taureaux doivent regarder parce que cela améliore soi-disant la qualité
conservé dans un bocal. du sperme.
Les semences de taureau
sont ensuite examinées à la loupe, de prélèvement,où ils doivent sail- sante de sperme est en vente sont
triées et sexées en partie, c.-à-d. que lir un chevalet et éjaculer dans un amenés ici à Bütschwil où ils doivent
les spermatozoïdes X sont séparés vagin en caoutchouc. D’autres tau- attendre jusqu’à leur prochain prélèdes Y pour pouvoir déterminer plus reaux regardent à l’arrière-plan. «Ce- vement.
tard le sexe du veau lors de la fécon- la les excite et améliore la qualité du Au dire de ce collaborateur, ils
dation de la vache. Ensuite, la se- sperme», explique Swissgenetics.
n’ont jamais le droit d’aller au pré.
mence est versée dans des tuyaux en A Bütschwil se trouve ce qu’on appel- Un unique «parcours» minuscule est
plastique et finit surgelée dans de le l’exploitation d’attente. Lorsque rattaché à chaque box individuel, où
l’azote liquide jusqu’à la vente.
nous voulons inspecter les étables les taureaux peuvent tout juste faire
Pour le prélèvement de la se- depuis l’extérieur, un collaborateur quelques pas en avant et en arrière.
mence, les taureaux sont conduits accourt et nous demande ce que Nous demandons au collaborateur
au moyen d’une boucle nasale nous faisons là. Il nous indique que s’il trouve que les taureaux ont la beldeux fois par semaine dans la salle les taureaux dont une quantité suffi- le vie ici. Oui, dit-il, ils dépassent larUne des diverses succursales de l’entreprise Swissgenetics à Bütschwil/SG avec des étables extrêmement longues. Ici environ 200 taureaux attendent jusqu’à ce que leur provision de sperme soit épuisée, et d’être ensuite transportés à Mülligen/AG
pour le prélèvement.
20
gement les prescriptions de la protection animale. Les taureaux auraient même un tapis en caoutchouc sur
le sol en béton. Ils leur apporteraient
ainsi «un peu de pré dans l’étable».
Cette opinion selon laquelle un tapis
de caoutchouc peut remplacer un
pré naturel montre l’attitude aberrante de ces gens envers les animaux.
Pour manger, les taureaux sont attachés entre des barres de fer. La prise
de nourriture est leur seule distraction dans une longue journée monotone.
Selon la qualité et la popularité de la
semence d’un taureau, il vit plus ou
moins longtemps. Le collaborateur
de Swissgenetics nous annonce fièrement que le plus vieux taureau a atteint l’âge de 11 ans. Dès que les
commandes de semence d’un taureau diminuent, il est envoyé à
l’abattoir. Il peut donc arriver que
des veaux viennent au monde alors
que leur père est mort depuis longtemps.
Swissgenetics est le fournisseur leader de sperme de taureau suisse et
couvre la majeure partie des inséminations artificielles des vaches en
Suisse. Mais elle livre aussi à l’étranger. Les veaux produits avec du sperme de taureaux suisses se trouvent
entre-temps dans toute l’Europe, et
même en Amérique latine. Si des animaux sont produits par un taureau
pendant des années avec un rendement laitier ou une charnure
supérieurs à la moyenne, les se-
Taureau à la station d’attente de Bütschwil. Triste regard vers l’extérieur dans une
vie monotone et morne entre barres de fer et sols en béton. Les taureaux ne voient
jamais un pré vert.
mences de ces taureaux sont particulièrement demandées. Les affaires de
semence marchent bien. Swissgenetics a un chiffre d’affaires annuel
d’environ 55 millions de francs.
Nous rentrons songeurs chez nous
après notre visite chez Swissgenetics
à Bütschwil. Le bourdonnement singulier des taureaux qui évoque une
triste lamentation nous poursuit encore longtemps. Est-ce que l’homme
joue ici à Dieu avec les animaux? Et
qui nous donne le droit de produire
une vie animale de cette manière selon nos critères? La réponse à ces
questions dépend de notre convicti-
on éthique et sera peut-être différente pour chacun.
Mais une chose est claire, c’est que
les taureaux d’insémination de Swissgenetics mènent une vie très triste et
sans dignité et sont tout autant victimes de l’industrie du lait et de la viande que les vaches qui portent leur
descendance. Une industrie orientée
uniquement vers le profit et pour laquelle on ne prend malheureusement plus aucun égard pour les besoins des animaux.
21
Les cochons sont eux aussi victimes
de l'industrie fromagère
par Erwin Kessler, président Acusa.ch
Vente des sous-produits
de la production
fromagère dans des
camps de concentration
pour porcs.
Les fromagers n'ont pas le
temps de s'occuper du bienêtre des animaux, mais ils ont
du capital pour établir des usines d'animaux «rationnelles»
où les porcs sont nourris par
pression sur un bouton avec
toujours la même soupe puante. La soupe n'est pas un aliment conforme à leurs beLa fromagerie appenzelloise de Hans Näf à Niederbüren/SG. soins. Les porcs doivent manger et mâcher, pas seulement
En haut, prise de vue de 1999, en bas, de 2015.
boire. La plupart du temps, cette administration de soupe
conduit à une diarrhée chronique et ces usines de porcs sentent particulièrement mauvais
selon le vent. Les mauvais traitements massifs envers les animaux permis par la loi sur la
protection animale soi-disant
sévère et financés aussi par les
consommateurs de fromages
bio et les lacto-végétariens.
ACUSA le documente depuis
des décennies. Voici quelques
nouveaux exemples typiques.
La folie tout à fait normale et
permise. L'holocauste des animaux de rente.
A propos des photos sur cette
page:
la société Züger Frischkäse AG
fabrique cette mozzarella bio.
Les sous-produits sont vendus
à l'usine de porcs de l'entreprise, nommée «Thurosan». à Niederbüren/SG. Les illustrations
sur cette page montrent comment sont détenues les truies
mères; elles doivent mettre bas
et allaiter leurs jeunes ainsi
jusqu'à ce que ceux-ci leur soient retirés beaucoup trop tôt.
Les consommateurs bio et les
lacto-végétariens soutiennent
ces mauvais traitements massifs envers les animaux.
Son usine de porcs n'est pas
«bio», se justifie la société Züger AG, comme si cela faisait
une différence pour les animaux maltraités et pour les
consommateurs conscients de
leurs responsabilités, qui ne
veulent pas soutenir une telle
détresse animale.
Devenez végétalien. C'est
tout simple. Il vous suffit de
changer d'habitudes. C'est la
méthode la plus efficace pour
fournir de manière pacifique la
contribution la plus importante
pour le climat, l'environnement, les animaux, les hommes et sa propre santé.
Ernst Walter Henrich, dr méd.
23
Les prescriptions en matière de protection animale
restent lettre morte
Le système avec lequel le Conseil fédéral, non élu par le peuple, veille
sous la pression de la mafia de la viande et de l’agriculture à ce que la
loi sur la protection des animaux reste lettre morte est construit de manière très raffinée et par conséquent
il n’est pas compris à ce jour par le
grand public. Seuls les lecteurs réguliers des médias d’ACUSA en ont une
idée. www.acusa.ch révèle ce que
d’autres médias dissimulent.
Je vais esquisser ci-après, pour le
présent grand tirage qui sera diffusé
dans toute la Suisse alémanique,
comment ce système de non-exécution de la protection animale fonctionne, puis je citerai quelques exemples
simples.
La loi sur la protection animale a été
approuvée à une majorité écrasante
par le peuple, mais la volonté populaire n’est perçue par les politiciens
corrompus au pouvoir que comme
du sable dans les rouages politiques
et économiques. Lorsque le peuple
ne vote pas comme le souhaitent les
mafieux de la politique, ils empêchent par toutes sortes de ruses
qu’une décision populaire soit appliquée.
La loi sur la protection des animaux
n’a pas été promulguée pour la protection des animaux, mais pour calmer la population et surtout les consommateurs de produits animaux.
La mafia agricole pratique, subventionnée par l’argent des contribuables, une publicité persistante comme
un lavage de cerveau au moyen de
laquelle on persuade systématiquement le consommateur que la Suisse
a une loi stricte sur la protection animale, que la viande suisse peut être
consommée en toute bonne conscience, et que tout le reste n’est que
garniture. Au lieu de réprimer cette
publicité mettant en danger la santé
nationale, la Confédération la subventionne généreusement.
Sévère ou non, la loi sur la protection
animale ne sert qu’à tromper le public et elle a peu d’influence sur le
bien-être des animaux de rente.
L’exécution de la protection animale ne s’aligne pas sur la loi sur
la protection des animaux, mais
sur l’ordonnance du Conseil fédé-
24
par Erwin Kessler, président Acusa.ch
ral sur la protection des animaux,
qui permet pratiquement tous les
mauvais traitements usuels sur
animaux, qui sont interdits selon la
loi sur la protection des animaux.
Avec l’ordonnance sur la protection des animaux, le Conseil fédéral
a pratiquement abrogé la loi sur la
protection des animaux. De manière illégale et au mépris de la démocratie.
On sait qu’une loi est supérieure à
une ordonnance; en cas de contradictions c’est la loi qui est déterminante. Dans la protection animale,
c’est l’inverse qui se produit. Comment est-ce possible? C’est tout
simple: personne, pas un citoyen et
pas une organisation de protection
animale n’a le droit d’intenter une
action contre le non-respect de la
loi sur la protection des animaux.
Le Conseil fédéral peut faire ce
qu’il veut, et il fait ce que veulent
les défenseurs des intérêts du parlement, par lequel il est élu et réélu.
Non seulement il n’y a aucun moyen
de recours juridique contre ce système mafieux, mais pratiquement aucun moyen démocratique non plus.
Une initiative populaire avec l’exigence d’appliquer la loi sur la protection des animaux ne serait rien
d’autre que ridicule, parce qu’elle
exigerait quelque chose qui est déjà
en vigueur de par la loi, mais uniquement sur le papier, ce qui ne peut
être changé par une initiative populaire.
Mais le système raffiné de non-exécution de la protection animale va
encore plus loin: l’Office fédéral responsable de la protection animale
(Office fédéral de sécurité alimentaire et office fédéral vétérinaire) continue à assouplir encore l’ordonnance
sur la protection animale, là où celleci aurait des effets contraires aux intérêts des propriétaires d’animaux
pour le bien des animaux.
Exemple 1: viande de veau blanche
Depuis des décennies, les organisations de protection animale luttent
contre l’alimentation carencée des
veaux. Pour que la viande reste
blanche même chez des veaux plus
âgés (pour pouvoir mieux la distinguer de la viande de bœuf meilleur
marché), les veaux sont nourris essentiellement avec des mélanges de
succédané de lait. Le foin et l’herbe,
la nourriture naturelle pour les veaux
plus âgés, donnent naturellement à la
viande une couleur rouge. Les bouchers ne le veulent pas et font des réductions de prix pour la viande de
veau de couleur rouge, ce qui à son
tour pousse les engraisseurs à priver
les veaux de ce fourrage grossier
(herbe, foin). Migros et Coop en sont
depuis lors revenus, mais les bouchers qui approvisionnent des magasins de village et les restaurants le
veulent toujours. Cela enfreint la loi
sur la protection des animaux et aussi
l’ordonnance sur la protection des
animaux, qui exige que les veaux
doivent toujours avoir du fourrage
grossier à disposition. L’article 37 de
l’ordonnance sur la protection des
animaux est libellé ainsi (objectivement très correct mais probablement
une inadvertance du point de vue politique:
«Les veaux âgés de plus de deux semaines doivent pouvoir consommer
à volonté du foin, du maïs ou un autre
fourrage approprié afin de couvrir
leurs besoins en fibres. La paille
comme seul fourrage grossier n’est
pas réputée être un aliment adéquat.»
Cela ne convient pas du tout aux
bouchers et aux engraisseurs, raison
pour laquelle l’Office fédéral supprime cette prescription dans une ordonnance officielle en la remplaçant
par une prescription plus faible et
non contrôlable: «S’il y a de la paille
à disposition en permanence pour
l’apport de fourrage grossier, un autre fourrage approprié qui garantit
l’apport en fibres brutes peut être
mis à disposition de façon limitée
tous les jours.» C’est clairement illégal, car un office n’a pas le droit
d’abroger une prescription d’une ordonnance du Conseil fédéral. Mais
dans l’Etat de droit réel qu’est la
Suisse, les organisations de protection animale n’ont pas le droit d’intenter une action en justice contre de
tels agissements illégaux. La formulation choisie par l’Office fédéral «S’il
y a de la paille à disposition en per-
manence pour l’apport de fourrage grossier,...» on fait
comme si les veaux disposeraient quand même toujours
de fourrage grossier. Mais la paille n’est pas un fourrage
pour les veaux! Ils peuvent la mâchouiller un peu s’ils
s’ennuient, mais elle ne convient pas comme fourrage à
manger pour les veaux; ils la mangent à la rigueur en cas
de nécessité, si on les prive d’autre fourrage grossier.
tants d’avoir à enlever le fumier. Pour les animaux, c’est
tout sauf bon et sain de devoir se coucher sur un caillebotis en béton et d’être sans cesse exposés aux gaz qui
montent du réservoir. Et comme on ne peut pas parsemer
les sols en caillebotis intégral de paille parce que cela
boucherait les fentes, l’office fédéral compétent a également pratiquement supprimé cette prescription concernant la litière pour les veaux et autorisé à la demande des
agrotechnocrates de l’institut de recherche fédéral
Agroscope Reckenholz Tänikon des sols en caillebotis intégral avec revêtement en caoutchouc dur. On fait comme
si le caoutchouc dur pouvait remplacer la litière. Voici à
quoi cela ressemble:
Exemple 2: Litière pour les veaux et les vaches
L’ordonnance sur la protection des animaux prescrit de
manière objectivement correcte ce qui suit: « L’aire de
repos des veaux âgés de moins de quatre mois, des vaches, des génisses en état de gestation avancée et des taureaux d’élevage, des buffles et des yacks doit
être pourvue d’une litière suffisante
et appropriée. » Cela sonne bien en
ce qui concerne la publicité pour la
viande, mais reste lettre morte parce
que cela ne convient pas à de nombreux propriétaires d’animaux puisque la litière donne du travail et du
fumier. Aussitôt, l’administration
avec des allégements illégaux constitue un abus d’autorité, mais dans
l’Etat de droit réel qu’est la Suisse,
c’est possible impunément. ACUSA
révèle comment c’est fait; cela n’intéresse ni l’émission «Kassensturz»
ni les autres médias «mainstream».
Les sols dits sur caillebotis intégral
sont appréciés par les exploitants
paresseux. Ce sont des sols en béton
fendus. Les animaux piétinent leurs
excréments pour les faire passer à
travers la fente dans les réservoirs Mauvais traitement envers des animaux, permis par les prescriptions et illégal: des
veaux sur des sols en caillebotis intégral, dans leurs propres excréments.
en dessous, ce qui évite aux exploi-
Pour les vaches aussi, l’Office vétérinaire fédéral (OVF), dirigé par la mafia agricole, a trouvé le moyen d’économiser
aux exploitants la litière prescrite. Dans la pratique exécutoire, l’absence de litière satisfait – avec une justification
étrange – toujours à la prescription relative à la litière. Les conséquences sont telles qu’illustrées dans la photo en
exemple 4 à la page prochaine.
Exemple_3: Animaux de reproduction en détention
entravée: promenade avec anneau nasal au lieu d’un
parcours
Pour les animaux de reproduction détenus enchaînés, ce
qui est déjà un mauvais traitement en soi, l’OVF a supprimé la prescription de parcours et permet (article 12 de
l’ordonnance de l’OVF) au lieu d’un parcours la promenade conduite par anneau nasal.
Ce n’est pas un parcours au sens de la loi, mais simplement un «déplacement attaché» mais explicitement approuvé par la Conseillère fédérale Doris Leuthard lors
d’une séance de questions au Conseil national.
L’agriculture bio et à label participe également à cette
cruauté envers les animaux.
La culture de l’anneau nasal, grossière, méprisante des
animaux et sans égards, de nos agriculteurs a été montrée en public par Jörg Abderhalden, roi de la lutte:
25
Exemple_4: Parcours pour vaches enchaînées
Selon l’ordonnance sur la protection des animaux, les vaches
qui sont détenues enchaînées doivent avoir droit à une courte sortie une ou deux fois par semaine, peu importe sa brièveté, sortir et tout de suite entrer remplit la prescription. Sinon elles passent leur triste vie sans cesse attachées court, et
c’est parfaitement légal. Cet attachement restreint extrêmement les mouvements.
Par exemple, quand le dos démange, ce qui n’est pas rare
dans l’étable poussiéreuse (poussière de foin), elles ne peuvent pas se gratter, ni avec la tête tournée vers l’arrière pour
se lécher, ni en se grattant contre une brosse ou un arbre. Le
fait de devoir se coucher sur un revêtement en caoutchouc
dur est douloureux. Ces vaches ne peuvent pas donner libre
cours à leur désir de mouvement. Lorsqu’elles sont enfin lâchées au printemps, même des vaches plus âgées font des
bonds effrénés, ce que les spectateurs ignorants trouvent
«attendrissant».
Des articulations enflées et des escarres
lorsque les animaux grands et lourds doivent
coucher sur le sol dur.
Chez d’autres espèces animales, la manipulation mafieuse de la loi sur la protection des animaux fonctionne de manière similaire.
(cf. www.vgt.ch/vn/0901/tierschutzrevision.htm.)
Seuls les consommateurs ont le pouvoir de mettre fin a des agissements aussi
cruels pour les animaux: avec une alimentation végétalienne.
«La cruauté envers les animaux et même déjà
l’indifférence envers leur souffrance est à mon
avis l’un des péchés les plus
lourds de l’humanité.
il est la base de la perversité humaine.
Si l’homme crée tant de souffrance, quel droit at-il de se plaindre de ses propres souffrances ?»
Romain Rolland écrivain français (1866-1944)
26
Lait bio: pas OK, juste un peu moins affreux
(EK) La détention d’animaux bio n’est pas vraiment axée sur les besoins des animaux, mais sur la détention habituelle permise qui implique de mauvais traitements envers eux. Bien des choses sont reprises directement, certaines un peu atténuées. Le résultat n’améliore pas beaucoup la vie des animaux, il la rend
seulement un petit peu moins mauvaise.
Cette petite différence est commercialisée au moyen d’une publicité mensongère, comme si le bio était une
idylle pure pour la nature et les animaux. C’est un peu la même chose en ce qui concerne la détention des
porcs et de la volaille, à un niveau encore plus bas et bien pire, comme le documentent les nouvelles
d’Acusa depuis des années.
Archives en ligne de tous les numéros des Acusa-New: www.acusa.ch
L’attitude de mépris envers les animaux se révèle dans la détention des vaches bio déjà par la mutilation permise des animaux qu’est l’écornage. C’est
le contraire qui est suggéré par une publicité mensongère.
Publicité mensongère (ci-dessous) et réalité (à droite)
Insémination artificielle, gestations forcées
et permanentes, arrachage des veaux, reproduction intensive des animaux et abattage précoce sont des conséquences de la production laitière également dans l’agriculture bio et ne sont pas plus respectueux des
animaux que dans l’agriculture conventionnelle.
On voit à l’exemple de la prescription relative au fourrage brut pour les veaux que le bio
n’apporte pas beaucoup d’avantages aux animaux. La Confédération l’a tellement diluée
qu’elle n’est plus contrôlable (voir page 24):
«Les prescriptions en matière de protection
animale restent lettre morte». BioSuisse suit tout
simplement le mouvement; ce n’est pas un avantage pour les veaux bio.
Les fromageries bio sont souvent rattachées à
d’horribles usines de porcs pour revaloriser
les sous-produits (petit-lait). Voir l’article pages
22-23. Des consommateurs de bio indignés, qui
ne veulent pas soutenir de tels mauvais traitements envers les animaux, reçoivent la réponse
selon laquelle l’usine de porcs n’est pas bio,
mais seulement le fromage, comme si cela
changeait quelque chose pour les consommateurs et pour les animaux.
L
La cruauté envers les animaux est la même,
quelles que soient les habiles justifications des
bureaucrates du bio.
e développement de l’humanité en direction d’une société sans violence et pacifique
est impensable sans que le meurtre des animaux ne cesse. La violence, c’est la violence, quels que soient les êtres sensibles qu’elle affecte. Et les crimes contre les animaux
restent des crimes, même si ce n’est malheureusement pas stipulé dans le code pénal.
Dr Erwin Kessler, fondateur et président de l’Association contre les usines d’animaux Suisse Acusa.ch
27
Le lait de chèvre et de brebis n’est pas une bonne
solution de rechange
(EK) Beaucoup de ce que nous avons
documenté sur les vaches s’applique
aussi aux brebis et aux chèvres.
Pour leur lait, toujours plus de brebis
et de chèvres sont malheureusement
détenues de manière intensive et
doivent donc passer leur vie en permanence à l’étable. Par ailleurs, elles
sont aussi modifiées par l’élevage de
manière à produire plus vite plus de
viande et à donner plus de lait. Également parce que les chèvres sont
des évadées vives et habiles, elles
sont souvent détenues dans des étables sombres sans parcours. De nombreuses brebis et chèvres passent au
moins le long hiver dans des étables
étroites et sombres, puisqu’il n’y a
rien à manger dehors. Cela n’intéresse pas les éleveurs peu scrupuleux
que les animaux aiment prendre l’air.
Ils leur coupent les queues pour que
celles-ci ne se couvrent pas d’ex-
créments lorsque les
animaux doivent rester
couchés dans la saleté
dans l’étroite étable.
Tout cela représente
des mauvais traitements
permis et parfaitement
légaux conformément à
la loi suisse sur la protection des animaux,
soi-disant sévère.
Et parmi les brebis qui
peuvent être dehors,
beaucoup boitent ou
broutent même sur les
genoux, parce qu’elles
souffrent de pourriture
des sabots, très douloureuse, car
négligées par les exploitants.
La plupart des jeunes sont arrachés
tôt à leurs mères, assassinés et transformés en côtelettes d’agneau. Comme les vaches, les brebis et les
chèvres doivent avoir chaque année
des jeunes pour continuer à donner
du lait. Ainsi, les lacto-végétariens
contribuent tout à fait directement au
massacre des agneaux et des cabris.
Ohhh comme ils sont mignons, et puis
hop, à l’abattoir.
Subvention pour les bourreaux d’animaux
par Erwin Kessler, président Acusa.ch
«Lorsque des politiciens déterminent ce qui est bien et ce qui est mal (lois et subventions, note de la rédaction), la vérité est fixée par un groupe professionnel qui, du point de vue statistique, ment plus souvent
que tous les autres groupes professionnels réunis. En d’autres termes: le mensonge est promu au rang de
vérité et le fait de dire la vérité est puni.» Andreas Thiel, humoriste
Les subventions fédérales sont distribuées par divers
départements. Ce n’est pas une question d’intérêt public mais de la satisfaction de certains groupes de pression, en particulier la mafia de l’agriculture et de la viande, qui est représentée au parlement de manière largement disproportionnelle. Ainsi par exemple, la bureaucratie agricole de l’administration subventionne la
culture du tabac, tandis que l’Office fédéral de la santé
publique mène des campagnes d’information onéreuses contre le tabagisme.
L’élevage de chevaux dans le Jura est subventionné,
bien qu’il n’existe aucun intérêt public identifiable pour
une promotion du sport équestre.
Tandis que l’Office fédéral de la santé publique avertit à
juste titre contre la forte consommation de viande très
répandue, la publicité pour la consommation de la viande («tout le reste n’est que garniture») est subventionnée à raison de millions et l’engraissement d’animaux
de milliards. L’Etat prend en charge des milliards supplémentaires de frais consécutifs par le subventionnement des hôpitaux et des caisses maladie.
On ne subventionne pas par exemple uniquement
l’agriculture bio respectueuse de l’environnement et
des animaux, comme l’intérêt public l’exigerait, mais
essentiellement et pour la part du lion les agriculteurs
28
polluants et les bourreaux d’animaux.
Ceux qui touchent les soi-disant subventions «pour le
bien des animaux»(BTS et RAUS) sont gardés secrets. Les
contribuables peuvent payer, mais ne doivent pas savoir
où passe leur argent. Ainsi, un contrôle par le public ou
par les organisations de protection des animaux est empêché.
Si nous constatons des irrégularités, nous ne savons généralement pas si l’exploitation touche des subventions.
Souvent nous l’apprenons par hasard longtemps après.
Cela fait partie du système de non-exécution de la protection des animaux: Les subventions «pour le bien des
animaux» servent peu au bien des animaux; il s’agit essentiellement de rendre plus acceptable pour le public
les milliards de subventions à l’agriculture sans avantage
proportionnel, avec une étiquette plus euphonique. C’est
pourquoi le public ne doit pas savoir comment les prescriptions au libellé agréable sont effectivement appliquées dans la détention des animaux. Là aussi, comme
dans les prescriptions générales en matière de protection
animale, la réalité est toute autre que ce que les politiciens et la publicité veulent faire croire au public et aux
consommateurs. Le lobby agricole entretient une machinerie de propagande subventionnée pour tromper systématiquement les contribuables, qui doivent encore la financer.
La folie écologique de la production laitière
(Rebi) La consommation de viande
est moralement condamnable non
seulement en raison des énormes
souffrances des animaux dits «de
rente», mais aussi de la misère qu’elle produit dans le monde. La famine
et les catastrophes écologiques en
sont notamment des conséquences.
Dans la société actuelle, plusieurs
motivations conduisent à renoncer
aux produits animaux. Pour les uns, le
motif réside dans les mauvais traitements sans fin que les animaux doivent subir. D’autres en revanche placent au centre de la considération la
pollution qui résulte de la production
des produits alimentaires animaux.
Un autre aspect négatif considérable
est la destruction de la base de vie
de la population des pays émergents
et en développement (voir à ce sujet
le chapitre sur les humains).
Si l’on renonce à la viande, il faudrait
aussi réfléchir aux conséquences
pour l’homme, l’animal et l’environnement de continuer quand même à
consommer d’autres produits animaux. Si l’on fait abstraction du martyre des «animaux de rente», il y a de
nombreuses bonnes raisons de renoncer à tous les produits animaux.
Pourquoi la consommation de lait
et de produits laitiers est-elle tout
aussi nocive pour l’homme, l’animal et l’environnement que la consommation de viande?
L’homme:
L’industrie laitière est énorme, et il
ne s’agit pas seulement de la consommation directe de lait, mais aussi
de tous les sous-produits qu’il sert à
fabriquer. Des aliments comme le
fromage, le yogourt et le beurre,
produits à partir de lait animal,
dévorent des quantités aussi immenses de ressources que les aliments carnés.
Les «vaches laitières» doivent être
nourries avec exactement autant de
protéines, voire plus, que les «vaches
à viande», avec de grandes quantités
de céréales comme le maïs et le soja
de pays en développement ou émergents. Mis à part le fait que de vastes
surfaces de forêt vierge doivent être
abattues pour la culture de fourrage
et sont généralement vendues ou mises à ferme à des entreprises étrangères, nous volons aux populations
indigènes leurs bases de vie. Elles
perdent leurs sols et ne peuvent plus
cultiver de nourriture pour eux-mêmes et leurs familles. Les champs
surdimensionnés sont généralement
exploités avec de gigantesques machines industrielles, de sorte qu’il ne
reste que peu d’emplois pour les autochtones. Même si des gens reçoivent un travail de ce fait, il touchent
un salaire véritablement de misère
dont ils doivent se contenter pour
nourrir leurs familles. Ils meurent littéralement de faim et de soif à côté
de gigantesques champs de céréales.
Le fourrage produit est transporté
autour du monde, pour que l’Européen puisse engraisser ses «animaux
de rente». Il en est de même de la
consommation d’eau, qui est nécessaire en immenses quantités pour la
production des céréales fourragères.
Les installations d’irrigation pour les
champs font baisser continuellement
la nappe phréatique et les puits doivent être creusés toujours plus profond pour que les autochtones puissent encore parvenir à leurs sources.
Dans le monde entier, selon l’ONU,
795 millions de gens meurent de faim
ou de carences alimentaires.
La question se pose donc: quel est
l’avantage des subventions alléguées
pour les gens en détresse, si les donateurs consomment en même temps
des produits animaux et encouragent
ainsi la misère?
Animaux et environnement:
La sollicitation pour l’environnement
et les animaux est énorme. Pour la
culture des champs de céréales, les
forêts vierges sont généralement
abattues de manière illégale et sans
égards. Avec une force destructrice,
l’industrie prédatrice envahit avec
ses bulldozers l’idylle du royaume
végétal et animal. Des espaces naturels et vitaux sont ainsi irrémédiablement perdus en très peu de
temps. De nombreuses espèces animales perdent leur base de vie et
donc également la possibilité de se
reproduire et de créer de nouvelles
générations, et s’éteignent. Ce qui
reste encore après la déforestation
est détruit par le feu. Ainsi, la dernière végétation est également détruite.
L’ONU considère les plantations de
monoculture de bambou comme propriété du bois – une politique mala-
de.
Dans notre pays aussi, les forêts
meurent. De l’azote sous forme
d’ammoniac endommagent nos sols
par fertilisation excessive. L’Office
fédéral de l’agriculture part du principe que 90% des sols de forêts présentent des valeurs critiques en oxydes d’azote.
Par tonnes, on répand du lisier sur
les champs et on détruit ainsi la
flore indigène et la vie au sol. La
fertilisation excessive nuit à la biodiversité sur les prairies et cause des
dommages considérables. Cela parce que ce sont surtout les espèces de
plante à croissance rapide et haute
qui en profitent et font donc littéralement de l’ombre aux petites plantes
et fleurs. Une réaction en chaîne défavorable suit son cours.
Le lisier, les herbicides et les pesticides tuent la diversité de la flore et les
sols souffrent de carence en oxygène. Cela prive aussi les insectes de
leur base de vie et donc également
les oiseaux de leur nourriture.
A cela s’ajoute la pluie acide causée
par l’ammoniac et la pollution à la
poussière fine dans l’atmosphère. La
part de la détention d’animaux de
rente dans les émissions de méthane
est de 18%, tandis que la circulation
mondiale contribue à «seulement»
13% au changement climatique.
En plus des dommages à la forêt et à
l’air, il y a un dégât écologique supplémentaire: la pollution des eaux.
Les champs sont inondés de lisier.
Celui-ci s’infiltre dans la terre dans la
nappe phréatique vitale pour tous ou
est déversée dans les rivières et les
lacs par la pluie.
La fertilisation excessive favorise une
croissance contre nature des algues.
Cela a pour conséquence qu’il faut
parfois apporter artificiellement de
l’oxygène aux eaux pour que la vie
puisse encore y exister. Un exemple
négatif de cette misère est le lac de
Sempach en Suisse centrale. En raison de la forte pollution par les nitrates, dans certaines régions de la Suisse on ne peut plus utiliser la nappe
phréatique comme eau de boisson.
Les conséquences pour l’environnement ne sont pas prévisibles à ce
jour, qui seront causées par l’utilisation d’hormones et de médica-
29
ments sur les animaux exploités.
Toutefois, la résistance aux antibiotiques par des bactéries dangereuses a déjà été identifiée et est devenue une catastrophe médicale naissante. Comme dans la détention intensive, dans l’industrie laitière on
donne aux animaux des tonnes d’antibiotiques. Cela parce que les vaches élevées pour un rendement élevé souffrent souvent d’inflammations
des pis. L’antibiotique parvient par
les excréments des animaux dans les
champs et les prairies et donc également dans l’écosystème.
Un extrait de l’Office fédéral de l’environnement sur le thème de la pollution: La pollution par les produits
alimentaires: les écobilans font table rase
Près d’un tiers de la pollution causée
par notre consommation est attribuable aux aliments. La consommation de
viande et d’autres produits animaux
en est de loin le plus grand responsable. C’est ce que révèle une analyse
complète de produits alimentaires et
de menus à l’aide d’écobilans.
Ci-dessus: Champ brûlé à l’herbicide. L’année suivante, des céréales ont été récoltées ici. Photo VgT, Thundorf/TG
Ci-dessous: Une prairie excessivement fertilisée comme d’habitude. Le lisier passera avec la prochaine pluie dans les ruisseaux et les eaux souterraines. Pollution de
l’air et détérioration du climat du fait de la libération d’ammoniac. Décimation des
êtres vivant dans le sol. Tout cela seulement pour la consommation en masse malsaine de lait. Photo VgT, Wängi/TG
Bien que notre gouvernement soit informé des énormes dégâts
causés à l’homme, à l’animal
et à l’environnement par la
consommation de produits
animaux, il n’est pas prêt à
promouvoir davantage le
mode de vie végétalien. Au
contraire, chaque année des
milliards de l’argent des
contribuables passent sous
forme de subventions à
l’agriculture, surtout à l’élevage d’animaux de rente.
Par conséquent, seul le
consommateur
peut
changer cela. C’est le consommateur qui détermine
la demande et qui a donc
le pouvoir de faire bouger
les choses. Vivez végétalien, pour l’homme, pour
l’animal et pour l’environnement, et pour votre propre
santé!
30
copyright swissveg.ch
Peter Gerber de la section Consommation et produits auprès de l’OFEV
(Office fédéral de l’environnement):
«Ceci vaut en particulier aussi pour la
fabrication de produits animaux comme la viande et le fromage. Ainsi par
exemple, l’ammoniac, polluant de l’air
et les gaz à effet de serre méthane et
gaz hilarant proviennent pour la majeure partie de l’agriculture.»
Renoncer au lait, c’est un grand bénéfice non
seulement pour les animaux, mais aussi pour
nous les humains
par Sonja Tonelli, Acusa.ch
Diane vient de recevoir de son médecin l’information selon laquelle il a
constaté chez elle une ostéoporose
au stade initial. Lors d’un examen
préventif, le médecin a mesuré sa
densité osseuse et les résultats ne
montrent rien de bon. Diane ne sent
encore rien de la fragilité osseuse
naissante, mais avec l’âge elle pourrait subir des fractures. Diane doit
désormais veiller à une alimentation
riche en calcium et en vitamine D, lui
conseille le médecin. Il lui est donc
conseillé de consommer plusieurs
portions de produits laitiers par jour
comme le yogourt, le fromage et le
séré, parce qu’ils contiennent beaucoup de calcium.
Diane rentre chez elle et réfléchit à
sa conservation avec le médecin. Si
les produits laitiers contribuent à
stopper la fragilité osseuse, pourquoi
ne l’ont-ils pas empêchée jusqu’ici
chez elle? Depuis son enfance elle
aimait et consommait régulièrement
des produits laitiers. Et aujourd’hui
encore le yogourt, le fromage et les
boissons lactées font partie de son
alimentation quotidienne. Quelque
chose cloche.
Depuis de nombreuses décennies, la
consommation régulière de produits
laitiers est considérée comme une
bonne prévention de l’ostéoporose.
Mais ces recommandations commencent toujours plus à s’effriter. L’incidence de l’ostéoporose parmi les
gens est la plus élevée dans les
pays où l’on consomme le plus de
lait. Toujours plus d’études prouvent
aussi que le calcium du lait ne protège pas contre la fragilité osseuse.
Ainsi par exemple, une étude suédoise, publiée l’année dernière dans la
revue spécialisée «British Medical
Journal». Les chercheurs suédois ont
suivi l’état de santé de près de
100’000 personnes pendant 20 ans.
Les sujets de l’étude étaient interrogées en détail sur leur alimentation
et leur consommation de lait et de
produits laitiers. Le résultat était surprenant: les femmes qui buvaient
chaque jour trois verres de lait et
davantage présentaient même un risque accru de se casser la hanche que
celles qui n’en buvaient qu’un verre.
Le lait ne pouvait donc pas protéger
la santé osseuse des sujets testés; au
contraire, il favorisait même la perte
osseuse.
Le lait est un produit courtisé. Et on lit
sans cesse dans les émissions et magazines soi-disant de santé à quel
point il est bon pour la santé. Des slogans publicitaires comme «Le lait
rend fort» ou «Moi j’bois mon lait
comme ça m’plaît» se sont gravés
dans la mémoire des consommateurs. Mais on voit à quel point les
campagnes publicitaires de ce genre
sont sans fondement, à l’exemple de
la publicité de Swissmilk avec la célèbre vache noire et blanche
«Lovely». On fait de la publicité avec
elle depuis des années: «Le lait et les
produits laitiers rendent fort et intelligent. Lovely le sait depuis longtemps. Rien n’est impossible pour la
vache la plus sportive et la plus intelligente du monde.» Mais franchement: Avez-vous déjà vu une vache
adulte boire du lait? Il n’y a que
l’homme pour faire cela. Les vaches,
comme
la
vache
publicitaire
«Lovely», sont fortes sans lait.
Le lait contient certes effectivement
en grandes quantités les nutriments
et vitamines essentiels nécessaires à
notre santé, par ex. le calcium, le
magnésium, la vitamine D, etc. Rien
d’étonnant donc qu’un nourrisson ne
consomme dans la première phase
de sa vie uniquement du lait maternel et qu’il doive recevoir tout ce
dont il a besoin pour sa croissance et
son développement. Mais malgré cela, la consommation de lait est toujours davantage mise en rapport
avec diverses maladies de civilisation. Toutefois, on fait rarement état
des conséquences négatives de la
consommation de lait. Cependant, elles sont désormais indéniables.
Comme l’a prouvé l’étude suédoise, le lait ne protège pas de l’ostéoporose. Au contraire, il la favorise
même. Le calcium contenu dans le
lait de vache ne peut pas être utilisé de façon optimale par notre organisme, car le lait de vache contient une teneur élevée en phosphore, qui diminue la capacité de l’intestin à absorber le calcium. Les aliments comme les légumes, qui
contiennent certes moins de calcium que le lait, sont donc beaucoup
plus précieux pour l’apport en calcium, parce que l’absorption du
calcium qu’ils contiennent n’est
pas entravée comme avec le lait
animal. A cela s’ajoute que le lait réchauffé a un effet acidifiant. Pour lier
l’acide excessif, notre organisme détache du calcium de nos os, pour ramener le sang à un équilibre acidobasique sain. Du fait de la consommation de lait, notre corps est souvent privé de plus de calcium qu’il ne
peut en absorber à partir du lait.
La vache «Lovely» vainc dans la publicité de Swissmilk même le lutteur le plus fort
et sert sans cesse de symbole du fait que la consommation de lait rend fort. Mais
ce qui est curieux, c’est que les vaches ne boivent pas de lait! Lovely tire sa force
d’une nourriture végétale.
31
Près d’un Suisse sur cinq est affecté
par une intolérance au lactose. Le
chiffre caché est probablement encore bien plus élevé, car beaucoup
n’attribuent pas leurs problèmes digestifs chroniques à cela et ne savent
pas qu’ils sont intolérants au lactose.
Personne ne supporte bien le lactose
en fait. Certains s’en accommodent
simplement mieux et se sont habitués à la digestion du lactose du fait de
la consommation régulière de lait.
Mais au Japon par exemple et en
Afrique, où les gens ne consomment
pratiquement pas de lait, l’intolérance au lactose dans la population est
proche des 100%.
Souvent les gens développent aussi
une allergie aux protéines de lait.
Cette allergie a généralement des effets si subtils qu’on ne la remarque
même pas. Mais elle représente une
sollicitation constante pour notre organisme, qui doit en venir à bout. En
cas d’allergie, le système immunitaire est sans cesse sollicité à nouveau
par la consommation de protéines de
lait et a de ce fait moins de réserves
pour s’adresser à d’autres maladies.
Tout comme le lait, les fruits et légumes contiennent de précieuses vitamines et oligoéléments. Contrairement au lait, ils sont toutefois sans propriétés pathogènes. Ils renforcent notre système immunitaire et nous protègent grâce à leurs substances végétales riches contre de nombreuses maladies de civilisation comme le cancer et l’infarctus
du myocarde, par exemple.
Les produits laitiers comme le fromage, le beurre et le yogourt contiennent souvent une quantité importante de cholestérol. Un nombre
croissant de gens doivent lutter contre des taux de cholestérol trop élevés dans notre société de civilisation.
Le cholestérol dans le sang entraîne
des maladies cardio-vasculaires et
de l’artériosclérose. L’infarctus du
myocarde et l’attaque cérébrale, qui
sont déclenchés par les maladies
vasculaires susmentionnées, sont les
principales causes de décès n° 1 et
3 en Suisse.
Le diabète peut également être favorisé par la consommation de lait,
comme le montrent diverses études
épidémiologiques dans différents
pays, qui démontrent un grand rapport entre la consommation de produits laitiers et la fréquence due diabète insulinodépendant.
Il est en outre incontesté aujourd’hui
que le lait fait partie des aliments
cancérigènes. Des comparaisons internationales montrent que les régions à forte consommation de lait présentent parallèlement aussi un taux
plus élevé de cancers de la prostate
et des ovaires. De même, on soupçonne que le lait favorise le cancer
du sein.
Le lait contient des hormones de
32
croissance qui incitent les cellules à
se diviser. Ceci est utile chez les
nourrissons. Mais à l’âge adulte cet
effet peut s’avérer un boomerang.
Chaque personne a des cellules cancéreuses dans son organisme. Mais
pour qu’elles puissent se reproduire
et former une tumeur, il faut l’hormone de croissance IGF1, qui est d’une
part formée par notre organisme luimême et qui est absorbée en outre
par le biais de la nourriture. Le lait
contient une très grande quantité de
l’hormone de croissance IGF1. Chez
les buveurs réguliers de lait, on trouve donc des quantités accrues de
l’hormone dans le sang. Toutefois,
l’hormone de croissance similaire à
l’insuline ne cause pas le cancer.
Mais il peut inciter des cellules cancéreuses pré-existantes à la croissance. Des particules de graisse minuscules dans le lait transportent l’IGF1
à travers les parois de l’intestin dans
la circulation sanguine, où ils circulent à travers le corps humain et peuvent déployer pleinement leurs propriétés favorisant la croissance.
Des bébés souffrent toujours plus
souvent de la consommation de
lait étranger à l’espèce. L’allergie
au lait de vache peut déclencher une
neurodermite et des problèmes digestifs. La carence martiale est également constatée plus souvent chez
les enfants en bas âge qui reçoivent
du lait de vache comme nourriture.
Alors qu’autrefois on allait chercher
chez des fermiers villageois un bidon de lait, on l’achète aujourd’hui
en Tetrapak. La composition en protéines de chaque lait maternel est
adaptée de manière si individuelle à
un nourrisson que l’on pourrait identifier la vache productrice sur la base
d’une seule goutte de lait. Mais aujourd’hui, le lait acheté ne provient pas d’une seule vache, mais
c’est un mélange de centaines de
vaches. C’est pourquoi notre système immunitaire, qui réagit au lait
étranger à l’espèce, ne peut plus
guère s’adapter à la composition du
lait et cela le sollicite énormément.
Le fait est également que le lait
contient très souvent des résidus
d’antibiotiques et des traces de
pus et que près de la moitié (47%)
des toxines environnementales absorbées (dioxine, PCB, etc.) provient de produits laitiers.
Le lait contient de très nombreuses
substances minérales et vitamines,
comme il constitue un aliment complet pour les nourrissons. Mais toutes ces substances minérales et vitamines peuvent être obtenues tout
aussi bien d’une nourriture végétale sans s’exposer aux risques
multiples que la consommation de
lait et de produits laitiers entraîne.
Malgré ses nombreuses substances
minérales et vitamines, le lait est tout
sauf bon pour la santé et chacun ferait bien d’y renoncer.
La totalité du monde animal nous
montre qu’il est possible de vivre
sans lait. L’homme est le seul être
vivant qui continue à boire du lait
après la phase de nourrisson. Si le
lait était important pour la santé,
la nature aurait certainement veillé à le rendre accessible également aux animaux. Mais ceux-ci
jouissent d’une parfaite santé,
d’une ossature forte et de puissance sans la moindre goutte de lait.
Pour nous les humains, c’est également possible!
Il est très facile de renoncer au lait
(Rebi) Boire du lait, c’est pour la plupart lié à des souvenirs de leur propre enfance. Comme on aimait le matin, enfant, boire un chocolat chaud et
manger un bol de corn flakes avec
du lait le matin au petit déjeuner. Qui
ne connaît pas l’affirmation (des parents ou de la publicité): «Le lait c’est
bon pour la santé, bon pour tes os, et
tu en as particulièrement besoin pendant la croissance.»?
Contrairement aux allégations du
lobby laitier, on sait depuis longtemps que le lait n’est pas bon pour
notre santé. Toujours plus d’études
démontrent à quel point les produits
laitiers et la caséine qu’ils contiennent sont nocifs pour le corps humain. Une des études les plus connues et un ouvrage très recommandé
est probablement la China Study par
Colin Campbell, qui attire l’attention
de manière détaillée sur les problèmes posés par les protéines animales.
Le lait n’est pas bon pour les os, et il
n’est pas naturel de boire du lait de
vache. Au contraire, le lait peut même
favoriser l’ostéoporose dans la vieillesse. Nous savons tous à quoi le lait
maternel de tous les mammifères, y
compris le nôtre, est destiné, c’est
pour notre PROPRE bébé. Par conséquent, c’est la chose la moins naturelle qui existe de voler et de boire
le lait d’une autre créature.
Les consommateurs savent encore
beaucoup trop peu ce que la mafia
du lait s’efforce de cacher et de recouvrir par une publicité mensongère. D’une part, ce sont les souffrances
infinies causées à des animaux par
Ci-dessus: Yogourt et glace: Sojade utilise des fèves de soja de la zone de l’UE, p.
ex. de France. Glace délicieuse au chocolat, à la fraise, à la pistache et bien dâutres encore, à base de riz de Naturattiva et The Green Fairy.
l’industrie laitière, et d’autre part les
risques pour la santé des consommateurs. Mais régulièrement on est insécurisé par des scandales à propos
du pus et des résidus de médicaments dans le lait. Il est regrettable
que de telles «nouvelles de choc»
soient rapidement de nouveau refoulées par le consommateur, mais pour
les animaux il reste une triste existence avec une fin horrible.
La tendance à l’alimentation végétalienne, qui est toujours plus à l’ordre
du jour dans le public depuis quelques années, apporte des solutions
de rechange délicieuses (la demande produit les offres). Des solutions
de rechange pour remplacer le lait et
les produits laitiers comme le fromage, le beurre, les yogourts étaient
naguère disponibles uniquement
dans des magasins bio et Fairtrade,
mais aujourd’hui, même des grands
groupes comme Migros et Coop ont
remarqué qu’ils doivent élargir leur
offre.
Toutefois, on trouve le plus grand
choix de lait végétal dans les magasins spécialisés végétaliens, qui ouvrent fort heureusement dans toujours
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plus de villes de Suisse. Mais une offre importante crée l’embarras du
choix. Le mieux est d’essayer simplement les produits de l’assortiment. Il
y a parfois de grandes différentes de
goût. Si vous n’aimez pas une boisson
au soja, testez-en une d’un autre fabricant, ou essayez un des nombreux
autres produits végétaliens.
Depuis que j’ai découvert la boisson
chocolatée au soja de Provamel, je
n’ai plus besoin de renoncer à ma
boisson sucrée du matin, qui me
manquait tant. La boisson au soja de
Provamel au calcium est assez proche du goût du lait de vache. Il n’est
pas nécessaire de renoncer à votre
latte macchiato ni à la crème fouettée
au dessert. Certains laits végétaux et
crèmes peuvent même être très bien
battus en mousse.
Le lait de coco convient particulièrement pour de délicieux plats asiatiques et il est donc utilisé souvent même par des restaurants non végétaliens dans la préparation des plats.
Vous pouvez assaisonner et affiner
vos savoureuses créations avec de la
crème de soja ou de riz.
Autres délicieuses alternatives au lait: fromage végan, beurre et pâtes à tartiner:
que ce soit de Soyana, Wilmersburger ou Rapunzel & Cie, il existe de nombreux fabricants et produits différents. Il y en a certainement pour tous les goûts!
Boissons aux plantes et aux céréales: boissons à l’avoine, au quinoa, aux amandes,
au riz, à la noix de coco, au sarrasin, à l’orge, à l’épeautre, affinées à la crème. Des
fèves de soja du lac de Constance entrent dans la composition de la boisson du domaine agricole Storzeln, naturellement bio comme la plupart des boissons.
Le plus grand obstacle pour de nombreuses personnes désireuses de
changer leur alimentation, c’est probablement le «sevrage» au fromage.
Pour la plupart, la pizza, les pâtes, le
risotto et cie sont inconcevables sans
fromage. Alors que les végétaliens
devaient autrefois y renoncer, différents fabricants proposent aujourd’hui des succédanés de fromage dans toutes les variations. Que
ce soit du fromage râpé pour la pizza, du fromage en tranches pour le
sandwich ou une délicieuse salade
de tomates et mozzarella avec de la
mozzarella végane de Sojana, il existe un grand choix. Egalement pour le
fromage végan, il est conseillé d’essayer divers producteurs et goûts.
A l’époque de Noël, certains végétalien/nes se sentent désavantagés à la
table familiale. La raclette et la fondue sont un menu apprécié, célébré
souvent en société. Pour cela, j’utilise
le fromage Jezzo de VeGourmet. Ce
fromage délicieux peut être découpé
en tranches pour la raclette, il fond
très bien et fait même des fils. Pour
une fondue onctueuse, il suffit de
porter le fromage Jezzo à ébullition,
de l’affiner avec Creamy Risella (de
MozzaRisellis) et des épices. Rien ne
s’oppose donc à une soirée fondue
végane avec la famille et les amis.
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Aujourd’hui il est plus simple que jamais de passer du lait animal et de
ses sous-produits à des produits végétaliens. Il vous suffit d’oublier vos
vieilles habitudes et d’être ouvert à
la nouveauté. L’offre est là, vous êtes
prêts à essayer?
Question aux consommateurs de lait:
le lait de vache est créé pour que le veau double son poids corporel
en peu de temps. C’est ce que vous voulez?
Urs Hochstrasser, cuisinier de cuisine crue, LaHaute Cuisine Crue
www.urshochstrasser.ch
La cuisine entièrement sans produits laitiers
par Gina Kleingutti, Acusa.ch
La cuisine sans viande, ça va, mais même sans produits laitiers? C’est inimaginable pour bien des gens. Alors on ne peut plus
rien manger!
Loin s’en faut! Il n’y a aujourd’hui guère de recettes que l’on ne puisse préparer avantageusement avec des produits de remplacement végétaux aussi bien qu’avec du lait, de la crème ou du beurre. Il faut seulement avoir le courage d’essayer. Et le
grand avantage: contrairement au lait, ces produits de remplacement végétaux sont absolument sans cholestérol.
Gina Kleingutti, collaboratrice chez Acusa et cuisinière de formation, nous a sélectionné quelques recettes et les a préparées
elle-même. Elle a photographié le résultat et, comme vous le voyez sur les photos, les plats ont l’air très sympathique et délicieux.
Spaghetti Carbonara
Ingrédients pour 4 personnes
400 g de spaghettis
½ oignon (ou poireau)
1 gousse d’ail
175 ml d’eau
5-6 c. à s. de purée d’amandes
1 bloc de tofu fumé
Sel, poivre, muscade
Préparation
Cuire les spaghettis dans de l’eau salée.
Zubereitung
Cuire les spaghettis dans de l’eau salée.
Pendant que les spaghettis cuisent, découper
le tofu fumé en petits dés, les mettre de côté.
Hacher finement l’oignon (ou le poireau) et
l’ail et le faire blondir dans un peu d’huile.
Ajouter ensuite l’eau et la purée d’amandes.
En remuant, cuire jusqu’à obtention d’une
sauce onctueuse. Saler, poivrer et saupoudrer
de muscade, ajouter le tofu fumé. Ensuite servir avec les spaghettis cuits.
Crêpes
Ingrédients (pour env. 6 crêpes)
300 ml de lait de soja
200ml d’eau
250 g de farine
1 pincée de sel
Huile
Préparation
Bien mélanger tous les ingrédients sauf
l’huile dans un bol.
Préchauffer brièvement la poêle à frire.
Avant chaque crêpe répartir un peu d’huile
dans la poêle à frire, puis la pâte avec une
louche dans la poêle à revêtement antiadhésif, cuire quelques minutes de chaque
côté.
Ensuite fourrer ou garnir à volonté. Sucrées
ou salées, tout convient.
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Gâteau de pâte sablée
Ingrédients
100 g de margarine végane
100 g de sucre
250g de farine
2 c. à c. de levure chimique
1 c. à c. de poudre de succédané d’œuf
(p. ex. MyEy Volley)
130 g de lait de soja
Pour la garniture:
Env. 350 g de cerises
50g de farine
35g de sucre
½ sachet de sucre vanillé
35g de margarine
Préparation
Pour la masse battue, remuer la margarine et le sucre jusqu’à obtention d’une mousse. Mélanger la farine à la levure
chimique et incorporer. Incorporer également la poudre de succédané d’œuf et le lait de soja. Verser la pâte dans un
moule graissé et la lisser.
Préchauffer le four à 200 degrés avec chaleur supérieure/inférieure. Répartir les cerises sur la pâte. Pour les granulés, pétrir la farine, le sucre, le sucre vanillé et la margarine avec les mains pour obtenir une pâte friable et disposer
sur les fruits. Cuire pendant 45 à 50 minutes au milieu du four. Laisser refroidir et saupoudrer de sucre en poudre.
Cappuccino
Avec la nourriture végétalienne, il
n’est même pas nécessaire de renoncer à un bon cappuccino.
Pour faire mousser le lait végétal,
c’est surtout a teneur en graisse qui
joue un rôle. Une teneur en graisse
plus élevée facilite l’obtention de la
mousse et produit une écume de lait
onctueuse. C’est pourquoi le lait végétal devrait avoir au moins 1,5% de
matière grasse pour que la mousse
réussisse.
Le cappuccino ci-contre a été produit
avec du lait de soja. Mais le lait
d’amande et d’épeautre peuvent
également être merveilleusement
battus en mousse.
Les bonnes choses doivent être réfléchies et apprises.
Albert Schweitzer
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Villa Kuhnterbunt, une oasis de paix
et d’harmonie
Interview par Sonja Tonelli, Acusa.ch AVEC Bea Gutzwiller
Lorsque je visite pour la première
fois la Villa Kuhnterbunt à Läufelfingen/BL, je suis immédiatement frappée par l’atmosphère extrêmement
harmonieuse qui règne à la ferme.
Nous nous rendons, avec Bea Gutzwiller, fondatrice de la Villa Kuhnterbunt, sur le pré, où un troupeau de
vaches hétéroclites nous regardent
déjà. Bea appelle une vache par son
nom, et celle-ci accourt tout de suite
joyeusement. Bientôt nous sommes
entourées par une foule de vaches
curieuses. Bien que de petits veaux
fassent partie du troupeau, ici aucune
méfiance et aucun comportement
agressif. Les animaux nous reniflent
tous avec confiance et cherchent des
friandises.
Nous avons posé quelques questions
à Bea: que recèle exactement le
nom de Villa Kuhnterbunt et depuis combien de temps existe-t-elle?
Le troupeau hétéroclite de la Villa Kuhnterbunt. Ces bovins vivent une vie heureuse
loin de toute exigence d’exploitation.
La Villa Kuhnterbunt est un refuge
pour bovins (vaches, veaux et bœufs)
et un lieu de rencontre pour hommes
et animaux. Chez nous, les animaux
peuvent vivre une vie sans aucune
contrainte d’exploitation de la part
des hommes et comme représentants
pour leurs congénères dans la production alimentaire pour susciter davantage d’intérêt, de sympathie, d’attention et de protection pour leur
espèce. La Villa Kuhnterbunt existe depuis 10 mois.
Comment es-tu arrivée à l’idée de
créer la Villa Kuhnterbunt, et cela
a-t-il été difficile de mettre cette
idée en application?
En août dernier, j’ai entendu parler
par voies détournées d’une action de
sauvetage de vaches, j’ai vu des photos d’elles et décidé spontanément
d’acheter une vache et de la sauver
ainsi de l’abattoir. La photo d’Odyssée
s’est gravée au plus profond de mon
âme: un être épuisé, qui n’avait plus
que la peau et les os, attaché à une
courte chaîne et attendant son rendezvous à l’abattoir. Odyssée a trouvé refuge chez un agriculteur de Suisse orientale et a pu récupérer lentement de
son inflammation du pis et reprendre
du poids. Mais je voulais savoir Odyssée près de moi, établir une relation
avec elle, mais comment faire? Quel-
A la Villa Kuhnterbunt, les veaux peuvent rester près de leur mère. La vache «Donau»
se laisse même téter par un veau orphelin, en plus de son propre bébé.
ques agriculteurs du voisinage m’ont
proposé de l’héberger mais comment
pouvais-je gérer le fait que des vaches
du troupeau d’Odyssée étaient abattues les unes après les autres? Je ne
pouvais pas imaginer cela, je savais
que je ne le supporterais pas et ne
voulais plus imposer à Odyssée ce
changement permanent. Comme les
rares refuges existants étaient tous
pleins, j’ai décidé relativement vite
d’agir et me suis mise à la recherche
de compagnons de lutte et d’un endroit approprié pour fonder mon propre refuge pour bovins. A mon grand
étonnement, ce lieu a été très vite
trouvé. Un couple d’agriculteurs disposant de l’infrastructure idéale et
d’un cœur au bon endroit était tout de
suite disposé à transformer leur ferme
d’établissement de production en refuge et à entamer avec moi ce chemin
osé. Avec une vache et un rêve audacieux, notre collaboration a débuté, li-
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brement inspirée de la devise: Personne n’est trop fou pour ne pas trouver
quelqu’un d’encore plus fou qui le
comprendra (Friedrich Nietzsche).
Au début, la plus grande difficulté
étaient constituée par mes propres
peurs et doutes. De l’extérieur j’ai été
accueillie par beaucoup d’incompréhension, de méfiance et d’hostilité.
Depuis lors je gère très bien les inimitiés et la critique et c’est un fait que
lorsque l’on s’engage, on s’expose
aussi.
Quel est le but de la Villa Kuhnterbunt?
En premier lieu la Villa Kuhnterbunt
est un refuge pour bovins. Comme représentantes de leurs congénères
dans la production alimentaire, les vaches reçoivent un nom, une histoire et
un visage et elles peuvent montrer
qu’elles valent beaucoup plus que
d’être des fournisseurs de lait et de viande.
Par ailleurs, nous informons sur tout ce
qui concerne le bovin avec l’accent
sur la relation entre l’homme et l’animal ainsi que la détention d’animaux
de rente sous les aspects éthiques,
écologiques, politiques et de la santé.
Nous encourageons le contact entre
l’homme et l’animal sous la forme de
rencontres individuelles avec les animaux.
Pour moi, le contact entre l’homme et
l’animal joue un rôle essentiel. Pratiquement personne ne connaît une vache ou n’a eu des contacts rapprochés
avec une vache. Tout ce que nous attribuons aux animaux de compagnie en
caractère, intelligence, esprit, instinct
de jeu, capacité à souffrir, etc., une vache le possède aussi mais personne
ne le sait! Grâce au contact direct avec
les animaux, la compréhension naît, et
on ne protège que ce que l’on comprend et que l’on aime.
Pour quelle raison les vaches sontelles des animaux spéciaux à tes
yeux?
Les vaches m’ont toujours fascinée. Il
n’y a guère d’autre animal qui soit si
étroitement lié à l’homme du point de
vue historique et culturel et aucun autre n’est tombé à ce point dans l’oubli
et n’est exploité si intensivement. Les
vaches sont des animaux merveilleux:
elles ont du caractère, elles sont prévenantes, pleines d’amour, intelligentes, fidèles et amusantes.
A combien d’animaux peux-tu offrir un foyer à la Villa Kuhnterbunt
et comment ces animaux vous par-
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viennent-ils?
Nous avons de la place pour 35 animaux, mais nous sommes déjà en train
d’étendre et de développer, car la demande de places est très importante.
Il est intéressant de constater que la
plupart des demandes ne proviennent
pas de défenseurs des animaux et
d’associations, mais généralement ce
sont des particuliers qui, par des circonstances particulières, souvent aussi
par hasard, ont développé une étroite
relation avec un bovin et souhaitent lui
épargner un cruel destin. Ce qui me
réjouit toujours beaucoup personnellement, ce sont les demandes d’agriculteurs qui demandent que nous prenions un de leurs animaux.
J’ai remarqué lors de ma visite
que tu entretiens une relation très
étroite avec les bovins; murmurestu à leurs oreilles?
Non, je ne crois pas... J’ai grandi sur un
refuge pour les animaux de compagnie, sauvages et de rente, et j’ai eu
l’occasion d’apprendre beaucoup sur
la manière de les traiter. L’essentiel
dans le contact avec tous les animaux,
c’est certainement l’amour, l’intérêt,
les connaissances spécialisées, un bon
don d’observation et d’être conscient
de son propre langage corporel et de
que l’on dégage soi-même. Ma relation avec les bovins est très intime; nous
entretenons une bonne relation empreinte d’amour, de confiance, de respect et de libertés.
Combien de temps faut-il aux animaux pour apprendre la confiance, lorsqu’ils arrivent ici?
La plupart des nouveau-venus ont besoin de quelques jours pour s’habituer
et trouver leur place dans le nouveau
troupeau. L’âge, la race, le caractère et
la forme de détention antérieure jouent aussi un rôle important à cet
égard. Mais généralement les animaux
sont vite en confiance. Les vaches sont
très curieuses et intelligentes et ressentent exactement d’où ou de quoi
provient le danger et à qui elles peuvent faire confiance.
A la Villa Kuhnterbunt vivent des
vaches qui étaient portantes et qui
auraient quand même dû être
abattues. Est-ce que cela arrive
souvent en Suisse?
L’abattage de vaches portantes est interdit en Suisse (contrairement à l’UE).
Mais en Suisse, des vaches portantes
sont abattues tous les jours et on accepte que les veaux étouffent de manière cruelle dans le ventre de leur
mère lors de l’abattage.
Lors de ma visite à la Villa Kuhnterbunt, tu avais un très petit veau
qui venait d’arriver chez vous avec
une pneumonie. Comment Léonie
est-elle arrivée chez vous et comment va-t-elle aujourd’hui?
Léonie a eu la grande chance d’être
découverte tout de suite après sa naissance par un couple aimant les animaux, qui l’ont rachetée. Ils ont assumé la responsabilité du petit être et
apporté la petite Léonie, âgée de
quelques jours seulement, directement chez nous dans leur voiture. Léonie s’est magnifiquement développée,
elle est un veau plein de joie de vivre
qui savoure la vie à fond.
Tu m’as dit à l’époque que les petits veaux séparés de leur mère en
subissent un grand tort. Qu’entendais-tu par là?
Dans l’industrie laitière, les veaux sont
retirés à leur mère peu après la naissance et(souvent) logés individuellement dans l’espace le plus réduit possible. Ces jeunes animaux ne peuvent
ni connaître l’amour et l’affection de
leurs mères, ni apprendre le comportement spécifique à l’espèce. Ils ne
peuvent ni bouger, ni jouer, ni avoir
des contacts physiques avec leurs congénères, on les prive donc de tous
leurs besoins fondamentaux (les bovins sont des animaux grégaires). De
telles conditions artificiellement créées conduisent forcément à des comportements anormaux.
Les vaches qui arrivent chez vous
gestantes peuvent garder leur
veau après la naissance, pour la
première fois de leur vie. Dirais-tu
que les vaches ont une relation intime avec leur veau et les veaux
avec leur mère?
Les vaches sont de merveilleuses mères, s’occupent de leurs veaux avec
beaucoup d’amour et d’attention et les
veaux s’orientent très fortement vers
leurs mères, qui leur donnent chaleur,
protection, affection et nourriture. Notre Aiyana a pu, après six veaux qu’on
lui avait retirés, garder chez nous un
veau pour la première fois de sa vie. A
peine la petite Amali était-elle au
monde qu’Aiyana l’avait transportée
tout au fond de l’étable, l’avait recouverte de paille et s’était couchée devant elle. Elle avait caché son petit
pour le protéger. Oui, ils ont une relation très intime! (Vous trouverez l’histoire émouvante d’Aiyana et d’Amali
dans le premier article de ce magazine, note de la rédaction.
Meggy avec son petit veau mâle Atreju
Que souhaites-tu pour l’avenir?
Odyssée vivait naguère en stabulation
entravée et savoure sa nouvelle vie.
Pour l’avenir lointain je souhaite que des endroits
comme la Villa Kuhnterbunt ne soient plus nécessaires!
Pour un proche avenir, je souhaite que de nombreuses personnes visitent les endroits comme la Villa
Kuhnterbunt, s’y intéressent, ouvrent leurs cœurs, élargissent leurs idées et transposent cela dans leur
comportement de tous les jours et leurs habitudes de
consommation. Je souhaite que les gens reconnaissent enfin le rapport direct entre la détention des animaux de rente, la destruction de l’environnement et
la faim dans le monde!
Sois toi-même le changement que tu souhaites pour
ce monde.
(Mahatma Gandhi).
Nous te remercions vivement de cet entretien.
Vous trouverez de plus amples informations sur la
Villa Kuhnterbunt et la manière de soutenir cet endroit admirable sous:
www.villakuhnterbunt.ch et à la page suivante
La petite Amali (son nom signifie «espoir») et l’espoir
qu’un jour tous les animaux comme elle
pourront mener une vie heureuse.
Villa Kuhnterbunt, un petit paradis paisible pour les animaux
au cœur d’un «monde d’animaux de rente» orienté profit et sans cœur.
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Odyssée, notre gentille vache parrainée
par Sonja Tonelli, Acusa.ch
Nous avons le grand plaisir de présenter
Odyssée à nos lecteurs. Odyssée est l’un
des bovins qui peuvent mener à la Villa
Kuhnterbunt une vie heureuse loin de
toute exigence d’exploitation. Acusa a
pris un parrainage partiel pour Odyssée et nous en parlerons à l’avenir régulièrement dans notre revue.
Photo ci-dessous à gauche: Odyssée à sa
résidence antérieure en stabulation entravée. Bien qu’elle ait été encore jeune,
elle était totalement épuisée par l’exploitation excessive et devait être abattue
parce qu’elle souffrait d’une inflammation du pis.
Photo ci-dessus et en bas à droite: Odyssée aujourd’hui à la Villa Kuhnterbunt.
Comme on peut le voir, elle a magnifiquement récupéré.
Pourquoi assumer le parrainage d’un animal?
Les refuges pour anciens «animaux de rente» méritent notre soutien. Ce sont des lieux de paix et d’absence
de violence, où les gens qui n’ont encore jamais eu de contact avec un animal de ferme peuvent apprendre à
connaître et à apprécier ces êtres merveilleux. En assumant un parrainage pour l’un de ces animaux, nous lui
offrons une vie heureuse et sans peur et contribuons ainsi à apporter une petite lueur d’espoir dans le monde
triste des animaux dits «de rente».
L’entretien d’un bovin à la Villa Kuhnterbunt s’élève à 250 francs par mois. Mais même les petits parrainages
partiels sont les bienvenus. Chaque franc est apprécié! Indépendamment du montant, le parrain reçoit un
certificat et peut rendre visite sur rendez-vous à son filleul. Les parrainages font plaisir et sont donc également une magnifique idée de cadeau!
Souhaitez-vous soutenir vous aussi la Villa Kuhnterbunt par un don ou un parrainage? Dans ce cas, adressezvous à Bea Gutzwiller, www.villakuhnterbunt.ch, e-mail: [email protected]
Compte pour les dons: CH02 0076 9017 3354 4200 1 / BIC: BLKBCH22