File - Prosorrifique

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File - Prosorrifique
30EF75
Rock ’n’ roll star
Extrait : interview de Philippe Manœuvre par Rockline, janvier 1980 :
Rockline : Philippe, que pensez-vous des valeurs montantes telles que Alan Gerba et
Jimmy Morribon ?
Philippe : Le premier est un véritable artiste qui vous fout le cul en feu, un virtuose de la
musique qui parvient, par je ne sais quel miracle, à faire acheter des disques arborant le
slogan Suck my dick à des ménagères de plus de 60 ans ; sacrée paire de couilles le gars. Le
second est une espèce d’ivrogne qui schlingue la 33 export, un vagabond prêt à pourrir nos
rues de son vomi, un éternel insatisfait qui flaire la meuf bon marché prête à purger l’horrible
liquide qui sommeille en chacune de ses bourses. C’est le seul type que je connaisse qui a le
pouvoir de vous faire sentir la merde alors que vous sortez de la douche, c’est quand même
pas rien.
Rockline : Belle image, les fans apprécieront. Mais au final Philippe, êtes-vous plutôt
Gerba ou Morribon ?
Philippe : Aucun des deux...
Paris, Whisky à Go Go, 2 juillet 1980
Je suis une rock star, un synonyme du mot cauchemar, un habitué des aiguilles, un putain
de chanteur qui amasse les foules et tringle les filles. Sur scène je collectionne les strings, j’en
ai tellement que je m’éponge avec quand je transpire. Je me parfume à l’eau de chatte, celle
de Kathy celle d’Éveline, mais à qui appartient le poil pubien qui nage dans mon gin ? Je
traîne mon pantalon sale depuis des lustres, il scotche les filles comme un ruban antimouches, cuir inestimable schlinguant le foutre, elles aiment souvent y coller leur bouche. Le
succès ça me connaît, même que je l’ai pas volé, I Love Héroïne et J’te prends comme une
chienne c’était moi, deux œuvres majeures issues de ma cervelle de p’tit pois. Je suis une
machine à tubes comme ils disent et je suis intransigeant sur la marchandise. Je suis le
cinquième Beatles, la planche de surf des Beach Boys, j’ai même la tignasse pouilleuse de
Bon Scott et le déhanché aphrodisiaque d’Elvis. Je veux les meilleurs morceaux et j’y mets le
prix qu’il faut, la bonne came y a que ça de vrai pour attirer les belles poupées, mais pour
toucher une star du rock faut qu’elles aient de gros nénés.
Dans le couloir sombre une porte s’ouvre, je la découvre, petite chatte perdue dans une
impasse, électrochoc sous ma carcasse. Les bras m’en tombent, la langue aussi, son allure fait
des ravages, silhouette endiablée chevelure dorée, ma vertu fait ses bagages. Cul de déesse
qu’on m’tienne en laisse, sous ma ceinture j’la sens qui se dresse. Trente minutes, c’est tout ce
qu’il me faut pour en faire ma pute. Viens ici ma poulette... Ouais toi, tu vois quelqu’un
d’autre ici ? Emmène ton petit lapin blanc si tu veux, j’vais aussi le rendre heureux. Tu sais
qui j’suis ma salope ? Jimmy, c’est comme ça qu’on me surnomme, Jimmy le beau. Vais t’en
faire baver, tellement que tu pourras plus te lever. Les voix que tu entends s’élèvent pour moi,
je suis une bête de scène, tu seras pas déçue, le plus grand monstre vivant depuis John
Holmes, la haine des cocus j’lui pisse dessus, bouches ouvertes et culs serrés, Jimmy le beau
va vous arroser. J’ai tatoué mon nom de scène sur mon pénis en érection, les gorges profondes
n’ont jamais dépassé la cinquième lettre, dire qu’au temps de ma première fellation, j’rêvais
encore d’être prêtre... Maintenant je suis une belle ordure qui pratique la sodomie à la dure,
dit le grand méchant loup à l’agneau. De ma vie je n’aurai jamais de doublure, que cela soit
écrit et accompli. Tu bronches toujours pas ? Ben merde alors, y a rien qui t’impressionne toi,
t’as peur de rien ma coquine... Attends de voir mon instrument, tu vas t’en lécher les babines,
j’vais m’en servir abusivement. Ma verge est une épée qui déchire tout sur son passage et
élargit même les trous les plus sages. Suis-moi mon cœur, vais t’inonder de sueur.
Au milieu du couloir le petit lapin blanc nous épie, viens te joindre à nous mon ami, ton
joli nœud papillon me met en transe, lorsque autour de mon cou tu le serres avec insistance. Je
ne sais plus où est ma loge, il me semblait pourtant qu’elle était entre Elvis et Lennon. Je ne
sais plus où est ma tombe, mais la terre qui la remplit se languit de ma personne. T’inquiète
pas ma belle on va trouver autre chose, histoire que je te dévaste comme un cyclone. Porte
fermée sur la droite, faces de craie qui miroitent, bureau sur la gauche, porte ouverte sur la
dope. Petit nid douillet pour baiser ou poubelle pourrie pour vomi ? Ferme la porte derrière toi
ma beauté, on n’est pas venus pour boire du thé. Obscurité bienfaisante, souffle chaud sur ma
tempe, ton parfum n’est qu’un leurre, je voudrais goûter ta fleur pour connaître son odeur.
Lolita l’élastique, j’le veux tendu comme une trique. Afflux sanguin tiens-toi bien, mes joues
poilues sur ses seins, voici la reine et le roi, prêt à en découdre avec toi. Barman, j’veux un
shoot sans bulles et pour ma meuf un doigt de whisky vaginal. Le spectacle a commencé,
j’entends déjà hurler. Tu vois l’eau du Nil passer sous ma peau ? Plante ta flèche empoisonnée
à cet endroit. Avec mon cerveau de génie j’ai calculé juste ce qu’il faut pour pas finir en
morceaux, je suis quand même Jimmy le beau, mon rêve n’est pas de figurer au panthéon du
27 Club, devant moi m’attendent encore de belles années au pub. Presse la détente poupée,
jusqu’à ce que je te dise d’arrêter, après c’est ton tour, un p’tit roulement de tambour ? Le
monstre sous ma braguette vibre pour toi petite starlette, on va se faire des saletés salement
faites... Hasta la vista baby, bienvenue au paradis. Putain de came, putain de vie, je l’ingère et
je la chie. Le singe est nourri, j’prends la sortie.
Dans le couloir deux grabataires, ne serait-ce pas les propriétaires ? Bonsoir madame,
bonsoir monsieur, mes jours sont beaux mes nuits sont belles, vous avez un beau bordel. Ce
soir c’est mon soir, vais vous faire des misères vous allez voir, un spectacle de toute beauté
avec des artistes bien pétés. Vieux cul terreux et vieille catin, où sont les chiottes merci tout
plein ? Quel beau spectacle n’est-ce pas, que ce chanteur qui se perdra. Baisse le regard
couple vicelard, ou j’me transforme en sale clébard. Je vous pisse sur les murs, ou bien sur la
figure ? Troisième porte à droite ? M’en souviendrai, comme le premier cul que j’ai fourré.
Devant moi le petit lapin blanc trace son chemin... Où vas-tu l’ami ? Attends-nous, mateur
maté y a rien de plus vrai, j’veux que tu reluques mes fesses quand je plonge en eau trouble.
Je divague et je nage, devant des tableaux aux yeux sans âge. Tout au bout du corridor des
voix raisonnent, à les entendre j’suis bon pour la potence : « Jimmy, gros tas de merde ! Où
qu’il est l’idole des jeunes ? Quelqu’un va nous l’amener cet abruti de chanteur d’opérette ! »
Causez toujours bande de cons, ici tout va bien pour moi. Devant moi la porte est ouverte.
Trône en faïence prêt pour une danse, balais à chiottes, brosses à quenottes. Ici ça sent la pisse
et l’excrément, des virgules merdeuses me sourient méchamment. Entrons là ma coquine. Vais
te lécher l’arrière train si tu veux bien, vais tellement le faire briller que je pourrai me raser
devant. Ça te dérange pas si je gerbe un petit coup juste avant ? Sous mon nez les fragrances
de ton cul divin made in France diabolisent mes neurones à outrance. Comment t’as dit que tu
t’appelais dejà ? Ah t’as rien dit... Vais t’appeler Esméralda, parce qu’on peut y mettre les
doigts. Empale-toi sur ma queue objet de tous les vœux, après j’te chante une chanson
d’amour si tu veux. Les halètements s’accélèrent, j’commence à manquer d’air. « Fuck me
Jimmy, fuck me ! » Ça par exemple, une anglaise ? Puisque je t’ai sous la main, vais pas y
aller par quatre chemins : pendant que j’te culbute, pourrais-tu fredonner Yesterday ? Oui ma
belle je te fuck, je te baise, un coup dehors un coup dedans, je suis le matador au sperme
giclant. Par tous les saints, je sens que ça vient. Yeah... yeah... YEAH ! J’ai un anglais
irréprochable, n’est-il pas ? Que c’est bon, orgasme au sommet de son art, c’est moi le patron,
le roi du dard.
Souffle court, sexe fripé, semence inerte entre mes doigts. Désolé ma poupée, suis pas
Bobby Vinton, la guimauve était une truie que j’ai assassinée un soir d’été, depuis mon
répertoire ne s’est forgé que de tubes aussi durs que la trique que t’as pris dans le fion. Merde
ça y est, j’commence à émerger, j’me souviens même de ma mort... Non j’veux pas revenir,
pas déjà. Quelqu’un m’appelle dans le couloir. Je suis vissé sur les chiottes, j’arrive à peine à
bouger le petit doigt. En poster sur la porte miss Playboy est là, fesses à l’air devant moi.
Alors c’était toi... miss playboy avril 80. Joli prénom dis-moi, tu m’avais caché ça. J’t’ai
déchiré ma cochonne, mais t’as rien senti j’parie... Surtout va pas hurler dans le mégaphone
que Jimmy s’est astiqué l’artillerie. Rhabille-toi s’il te plaît, quelqu’un pourrait entrer. Le
sperme refroidi dégouline le long de ses cuisses. Le lapin blanc en a pris aussi pour son grade.
Désolé mon pote, je sais pas viser. Putain quel shoot, j’ai baisé comme un mammouth.
Horreur, j’porte une chemise hawaïenne... Oignons, lardons, champignons, ça ressemble
étrangement à ce que j’ai bouffé juste avant. Que quelqu’un appelle mon manager, faut que je
lui montre l’état de mon 31.
« Jimmy c’est toi ? »
Quand on parle du loup.
« Eh, mon pote, c’est fini la branlette, sors des chiottes maintenant, on a presque une
heure de retard. Remue-toi, les gens ont commencé à balancer leurs chaises sur la scène, du
coup ils ont dû faire monter le groupe de chevelus là, les Iron machin chose, des enflures
d’anglais encore... avec tous les œufs pourris qu'ils ont reçu on dirait qu'ils chantent en
mayonnaise. Au fait, je viens de croiser le patron et sa femme dans le couloir, paraît que tu
leur as manqué de respect... Tu veux qu’on se fasse virer du club, putain de merde ?
Maintenant ils veulent revoir le prix à la baisse, ils disent que t’es pas en état.
— Comment ça je suis pas en état ? Puis de quel état ils parlent d’ailleurs, y en a
tellement.
— Tu vas sortir de là et leur faire des excuses.
— Ben voyons, toi tu sais parler aux hommes mon coco, tu me scie le manche avec tes
citations. Des excuses, tu dis ? Le truc qu'on sniffe à la paille-là ? Ok j’arrive, juste le temps
pour moi d’éponger ma chemise et d’embrasser Esméralda sur les quatre joues. J’espère qu’il
y aura des strings humides et du whisky à gogo, c’était Jimmy Morribon en direct du couloir
de la mort, j’en demande encore... Viens-tu d’Extrême-Orient ou bien d’un marché persan ?
— Nom de Dieu Jimmy, qu’est-ce qui pue là-dedans ? Tu t’es chié dessus ou quoi ?
— Suis désolé, j’crois que j’ai eu un petit accident, j'ai dû boire trop de margaritas.
— Mon cul oui... oh putain, me dis pas que t’as replongé, enfoiré ?
— Je dirai rien c’est promis, parole d’enfoiré.
— Enculé de mes deux, putain de camé à la con, tu te rends compte qu’avec tes conneries
on va se retrouver à jouer sous les ponts ? Merci l’artiste !
— C’est monsieur l’artiste, t’as oublié ?... Euh, j’peux emmener mon lapin blanc et la
pétasse qui va avec ?
— La ferme ! Marvin, rapplique ici en vitesse ! Marviiiiiin ! Putain dis moi que t’as
toujours ta perruque, mon pote ? Ouais, la bouclée avec le serre-tête, celle qui servait de
coussin pour le gros cul de Rosie. Tu l’as encore ? Oh putain tu sais que je t'aime toi, on est
sauvés ! Marvin, j’ai une grave nouvelle à t’annoncer, Morribon est raide comme une saillie
ce soir, va falloir que tu brailles comme une truie à sa place... Attends t’affoles pas ça va aller,
surtout écoute-moi bien, j’vais t’expliquer le topo... Oui oui, il est derrière cette porte si tu
veux tout savoir... ça change quelque chose à notre histoire ? T’as l’intention de le sortir de là
peut-être, de le nettoyer de sa merde puis de le présenter à l’assemblée avec sa mine
défoncée... avec le patron du bar dans la salle, notre patron, celui qui nous fait bouffer depuis
deux mois ? Mais t’es défoncé mon pote !
Ah Ça y est, tu commences à redescendre de ton nuage, là ? Alors écoute, premièrement tu
regardes pas le public dans les yeux, c’est d’accord, à la limite tu lui tournes le dos. Qu’est-ce
que t’as à me regarder comme ça, j’ai l’air de plaisanter là ? Enlève-moi tout de suite ce
sourire à la con de ton visage et écoute-moi bien, j’suis en train de te parler de ton avenir, là !
J’ai toute ta putain d’attention maintenant ? Bon, y a une chose importante que tu dois
absolument retenir : le tordage de cul... Les meufs adorent, tu le remues comme si tu avais
toute une armée de fourmis rouges qui te bouffaient l’arrière-train, t’as compris ? Putain oui
t’as compris ! Ça te fait moins marrer, hein ? Pour le reste tu beugles en lançant les obscénités
habituelles, « Mother fucker » par exemple, mais n’abuse pas trop de celui-ci, ça pourrait
choquer l’assistance, y en a qui on dû pleurer en voyant Bambi, tu sais. Tu devrais bien t’en
sortir mon pote, de toute façon ils au moins trois grammes dans cette foutue salle... Putain ça
m’botte, ça ! De mon côté je vais essayer de le retaper avant Je l’avais connu raide... Beh
ouais, tu comprends, c’est sur ce titre qu’il déballe sa robinetterie en général, et vu la tienne ça
va pas le faire, t’es pas vexé au moins ? Putain non t’es pas vexé !
— Euh... les gars, vous voulez connaître mon point de vue, parce que figurez-vous que
j’en ai un : j’arrive à voir vos culs par le trou de la serrure !
—
Rassure-moi Marvin, c’est pas toi qui lui as filé la dope ? »

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