Ceci est un vote blanc. - Ecole de Journalisme de Toulouse
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Ceci est un vote blanc. - Ecole de Journalisme de Toulouse
Le Toulousain Mercredi 9 décembre 2015 N°61 - Ne peut être vendu Le citoyen invisible i c Ce n u t s e Où en est la loi Léonetti? P.4 Dix ans après une première loi qui régit la fin de vie en France, Jean Léonetti fait le bilan. Un nouveau texte doit encore être examiné par le Sénat avant d’être promulgué. . c n a l b e t o v On a rencontré Tupac... P.8 Le plus légendaire des rappeurs américains a rencontré François, notre spécialiste culture pour un entretien sur la sortie du nouveau film du chanteur Orelsan. En grand admirateur du rappeur français, Tupac Shakur n’hésite pas à revenir sur la carrière d’Orelsan et fait part de ses attentes avant à la sortie du court métrage « Comment c’est loin ». Edito Suffrages 50,09%. C’est le pourcentage d’abstention pour les régionales au premier tour. Autrement dit, un électeur sur deux est allé voter. Le manque d’implication des Français pour des élections est de plus en plus visible même si les présidentielles et les municipales restent, plus ou moins,« plébiscitées ». Les bureaux de vote sont désertés. Mais qui dans son entourage n’a pas entendu, au moins une fois, «je n’ai pas envie d’aller voter» ou «ça sert à rien». Il y a donc ceux qui ne se déplacent pas, par dépolitisation ou même par rejet de la classe politique. Et puis, il y a ceux qui votent blanc. Un vote blanc significatif. Un vote qui manifeste le désaccord avec les différentes propositions des politiques. Un vote qui informe une volonté de changement. Vite. Et pourtant, un vote qui n’est toujours pas comptabilisé comme suffrage exprimé. Si la distinction entre vote blanc et abstention doit effectivement être établie, tout est lié. A quoi bon se déplacer si le choix fait n’est pas pris en compte ? Pékin, capitale polluée P.7 Hier, la capitale chinoise s’est retrouvée en alerte maximale «pollution» à la suite d’un taux de particules fines trop élevé. Une situation plutôt fâcheuse pour la Chine à l’heure de la COP 21. 2 I Régionales I Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015 Et si les absentionnistes votaient blanc ? 2,39% des votants, soit 526 595 personnes, ont voté blanc lors du premier tour des élections régionales. Une bonne occasion de rappeler le statut juridique de ce bulletin, et son intérêt politique. C ’est pourtant simple. Le vote blanc n’est pas pris en compte. Enfin si, il l’est. Il l’est depuis la loi du 21 février 2014 visant à reconnaître le vote blanc aux élections. La dite loi prévoit dans son article 1 que « les bulletins blancs sont décomptés séparément et annexés au procès-verbal ». Sauf que : « Ils n’entrent pas en compte pour la détermination des suffrages exprimés ». Le vote blanc est donc reconnu dans la loi, pas dans les faits. C’est « la fausse loi sur le vote blanc », comme l’appelle Stéphane Guyot, président fondateur de l’association « Citoyens du vote blanc ». Elle permet une avancée réelle mais ne fait pas pour autant progresser un vote trop souvent associé à l’abstention. « Nous, on veut faire en sorte que le vote blanc soit reconnu comme un suffrage exprimé, qu’il ait un impact sur les élections », appuie Stéphane Guyot. Un objectif forcément contrariant pour les politiques puisque il aurait le potentiel pour fragiliser les élections. Une fébrilité dénoncée par le président des Citoyens du vote blanc : « La loi est faite par ceux qui en profitent. Et en l’occurence, par ceux qui la craignent. » Le vote blanc comme candidat du rejet Lors du premier tour des régionales, le taux d’abstention s’est établi à 50,09%. « Mais ceux qui votent le font par défaut, par rejet des autres candidats. Faire reconnaître le vote blanc permettrait d’apporter de la clarté », déclare malicieusement le potentiel futur « candidat blanc » à l’élection présidentielle de 2017. Aujourd’hui les citoyens ont pourtant le choix entre une petite dizaine de candidats lorsqu’ils se rendent aux urnes. Une offre im- portante à défaut d’être de qualité ? L’argument semble autant recevable qu’hypocrite. En attendant, le taux d’abstention continue de rattraper celui de la participation. Et si le premier tour de dimanche dernier marque une légère inflexion du « parti des abstentionnistes », il est difficile d’ignorer l’influence des événements dramatiques de la capitale sur la mobilisation des citoyens. « Le vote blanc cristalliserait le rejet, il permettrait de faire baisser l’abstention et le vote sanction », assure Stéphane Guyot. Car pour l’instant, le rejet du système politique de manière générale reste difficilement quantifiable. Combien de personnes votent nul avec une vraie conscience citoyenne ? Combien de personnes ne votent pas pour marquer leur désaccord avec le comportement global de tous leurs représentants ? Combien de personnes votent pour les extrêmes, de gauche ou de droite, pour sanctionner le parti au pouvoir ? « Le vote nul est la retranscription d’une erreur qui n’est pas forcément volontaire. Ceux qui ne vont pas voter peuvent avoir des raisons tout à fait valables. Le vote blanc serait clairement le vote de ceux qui ne sont pas d’accord », précise Stéphane Guyot. « Le but du vote blanc est de rester à un niveau très faible. Il va agir comme une épée de Damoclès. » Améliorer l’offre politique S’il est enfin reconnu, le vote blanc devrait permettre d’invalider une élection « s’il obtient 50% des voix », explique le président des Citoyens du vote blanc. Dans ce cas, une autre élection devrait être organisée, et l’offre politique renouvelée. Stéphane et ses citoyens veulent donc, par cette reconnaissance, « améliorer l’offre politique ». Faire en sorte que ce soit elle qui s’adapte À défaut de bulletins blancs dans les bureaux de vote, les électeurs sont contraints de glisser une enveloppe vide dans l’urne, pour valider leur vote blanc. © AFP aux citoyens, et non l’inverse. Convaincu par leur combat, les citoyens du vote blanc se préparent doucement mais sûrement pour la prochaine élection présidentielle : « Il y aura un “candidat blanc“ en 2017 », promet Stéphane Guyot. Ce sera lui, déjà en contact avec les élus pour tenter d’obtenir les 500 parrainages. Il espère être accompagné dans sa quête de légitimité électorale par 200 candidats aux législatives. Le programme semble ambitieux pour cette petite association de 4 000 membres. Et pourtant, en 2014, dans son classement des recherches les plus effectuées par les internautes français, la question « comment voter blanc ? » arrivait première dans la catégorie des questions qui commencent par « comment ». De même, en septembre 2014, un sondage Ifop pour Synopia (think tank français dont les travaux visent à améliorer la gouvernance des institutions publiques et privées, en France et en Europe), annonçait que 85% des des personnes interrogées exprimaient le souhait que le vote blanc soit considéré comme un suffrage exprimé. Par ailleurs, 26 % vote- raient blanc au premier tour de l’élection présidentielle si le vote blanc était reconnu comme tel. Boris Teillet Chez eux, le vote blanc peut être roi Il faut se rendre en Amérique latine pour trouver une approche signifiante du vote blanc. Les systèmes législatifs de Colombie et du Pérou en ont fait un outil d’expression de dissension. Contrairement à la France, la Colombie comptabilise le vote blanc comme « valide ». Si les bulletins blancs obtiennent la majorité absolue à l’issue d’une élection uninominale majoritaire, celle-ci est annulée. Il faut alors revoter mais les candidats ne peuvent se représenter. C’est ce qui s’est passé en 2011 lors des élections municipales de Bello (environ 400 000 habitants). L’unique candidat avait été écrasé par 57 % de votes blancs. Six nouveaux candidats s’étaient ensuite opposés lors d’un second vote. Si le vote blanc avait de nouveau été majoritaire, le vainqueur aurait été le candidat avec le plus de votes « valides ». La législation Péruvienne prévoit une mesure analogue. Votes blancs et votes nuls sont additionnés. S’ils représentent plus des deux tiers des votes « valides », l’élection est déclarée nulle. Les constitutions de ces deux pays donnent ainsi à leurs citoyens un ultime recours face à une offre politique insuffisante. Adrien Serrière « Le vote blanc, c’est de la fainéantise » Pour Eric Dupin, journaliste politique, essayiste et collaborateur au Monde Diplomatique et à Slate, la reconnaissance du vote blanc ne règle aucun des problèmes politiques actuels mais vient, au contraire affaiblir, le pouvoir même du vote. Si le vote blanc avait un statut juridique, les résultats du premier tour des Régionales auraient-ils été différents ? Non, cela n’aurait absolument rien changé. L’insatisfaction du corps électoral actuel ne se manifeste par le vote blanc mais par l’abstention et le choix des extrêmes. C’est d’ailleurs cette abstention, plus que les « blancs et nuls » qui a progressé au cours des dernières décennies. De plus, les électeurs mécontents préfèrent souvent affubler leurs bulletins de mentions vengeresses ou de propos peu amènes pour exprimer leur douloureux ressenti politique. C’est alors une source précieuse d’information alors que le bulletin de pureté virginale ex- prime une contestation de basse intensité qui reste énigmatique. Mais si le vote blanc était reconnu, cela ne ramènerait-il pas une partie des abstentionnistes et des insatisfaits aux urnes ? C’est le résultat d’un raisonnement élitiste que de penser cela. On oppose parfois à l’abstentionniste coupable de se soustraire à son devoir électoral, le courageux citoyen qui prend la peine de se rendre au bureau de vote afin de manifester son civisme contestataire. Mais le vote blanc, c’est de la fainéantise. C’est un bout de papier qui dispenserait de la corvée de choisir entre les candidats, de lire leurs programmes soporifiques, de soupeser leurs turpitudes, de les écouter se contredire. Un rectangle magique qui vous donnerait la garantie absolue de ne jamais regretter votre vote. L’idéal n’existe pas en politique et de ne pas trouver chaussure à son pied, ou s’en rapprocher, c’est ne rien connaître à la politique. La reconnaissance du vote blanc fait-elle prendre un risque dont on ne connaît pas les conséquences ? Elle porterait en tout cas un coup à la légitimité symbolique du vote. Compter les votes blancs d’un côté et les nuls de l’autre, affaibli clairement le pouvoir du vote en luimême. Par exemple, François Hol- lande n’aurait pu être élu Président de la République en 2012 puisqu’il n’avait été choisi que par 48,6% des votants (suffrages exprimés plus blancs et nuls). Même résultat pour Jacques Chirac en 1995 (49,5%). Rappelons que l’article 7 de la Constitution dispose que « le Président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés ». Mais changer la règle serait briser l’épreuve symbolique du franchissement de la barre des 50% des suffrages exprimés, intimement liée au sacre du suffrage universel. Julie L’Hostis Eric Dupin. © DR I Régionales-Justice I Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015 3 Face au FN, les états d’urgence En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, comme dans cinq autres régions, le Front National est arrivé en tête au premier tour. Lors de cet entredeux tours, face au parti lepéniste, le Parti socialiste et Les Républicains cherchent à adopter la meilleure stratégie possible. Ou la moins pire. L e maintien pour Les Républicains, le retrait pour le Parti socialiste. LR et PS adoptent deux stratégies différentes face au Front national. Le parti de Nicolas Sarkozy appelle ses candidats à se maintenir au second tour. Pas de retrait de liste, ni de fusion avec la gauche ou d’appel à voter pour le PS. Autre vision à gauche. « Dans les régions à risque Front national où la gauche ne devance pas la droite, le Parti socialiste décide de faire barrage républicain », annonce Jean-Cristophe Cambadélis, premier secrétaire du PS. Résultat, le PS ne siègera pas pendant cinq ans dans les régions Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Paca. Faire barrage au FN « Ces stratégies sont plurielles et ne font pas consensus, annonce Alexandre Dézé, maître de conférences en science politique à l’Université Montpellier 1. Le PS veut principalement faire échec au FN, alors que la droite ne veut pas plier face à ses objectifs initiaux. » L’union LR-UDI-MoDem veut garder la face. Montrer que l’opposition ne s’incarne pas exclusivement dans le Front national. Le parti LR compte rester présent au sein des régions, pour peser de l’intérieur en cas de victoire du FN dans une région. En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (LRMP), le frontiste Louis Aliot arrive en tête (31,83 %). Obligeant les partis de gouvernement à adapter leurs positions. Le PS, arrivé en deuxième position Carole Delga et Gérard Onesta, lors d’une conférence de presse d’entre deux-tours. © Olivier Levrault (24,41 %), n’a pas à se retirer. Pour faire barrage au FN, Carole Delga choisit la fusion avec la liste de l’écologiste Gérard Onesta (10,26 %). L’ancienne ministre pourra également profiter du report des votes de Philippe Saurel (5%). Bien que le dissident socialiste, maire de Montpellier, n’ait pas donné de consignes de vote, il appelle à « s’opposer au FN ». Aucune bonne stratégie Le candidat LR Dominique Reynié doit, quant à lui, respecter la consigne nationale de son parti. Malgré sa troisième place (18,84 %), le politologue se maintient donc pour une triangulaire. Un second tour qui s’annonce compliqué pour ce novice de la politique électorale, tout comme l’a été sa campagne. Maintien, retrait, alliance. Aucune de ces stratégies n’apparaît idéale face au Front national. Car elles répondent à l’urgence de la situation. Il convient, pour les partis de gouvernement, d’élaborer une Faits divers Hier après-midi, deux affaires étaient jugées au Palais de Justice de Toulouse. Compte-rendu des audiences. Photo d’illustration. © Victor Miget « J’étais pas là » L’homme debout au banc des accusés est parfaitement calme et regarde partout dans la salle alors que la juge égrène : « Vous êtes accusé d’avoir jeté une pierre sur une vitre de voiture, cassé une vitre arrière, brisé un pare-brise, cabossé un véhicule, cassé un rétroviseur, un autre parebrise, la vitre d’un restaurant avec une pierre avant de briser le cadenas d’un vélo et de le voler ». Aucune réaction. La juge rappelle au prévenu qu’il a été reconnu formellement par plusieurs témoins et qu’il a tout nié au moment de son interpellation. « Vous niez toujours les faits ? » - « Euh... non » - « Ah ! Vous reconnaissez les faits ! » - « Euh… non j’étais pas là ». Après avoir parlé d’une rupture amoureuse difficile et promis d’arrêter de « jeter des pierres », il écope de six mois de prison avec sursis, deux ans de mise à l’épreuve et le remboursement des dégâts occasionnés par sa « petite crise ». Dénigrement Accusé de harcèlement envers son ex-femme, un prévenu comparaît libre. Devant le juge, il grommèle des sons inaudibles à chaque détail du catalogue de ses actes auprès de son ex-épouse. « Vous rentrez sur le parking de son lieu de travail pour relever sa plaque d’immatriculation » - « HUN ! » Cette fois le son est fort, et l’attitude ostentatoire. Le juge lui jette un long regard glacial, l’homme baisse la tête et cesse les bruits, le juge reprend. « Vous êtes allé voir son employeur avec un dossier sur elle en lui disant « Vous devez savoir qui vous avez embauché », c’était pour la dénigrer ? » - « Je… je… je… si vous voulez… je ne l’ai jamais… je… » - « Pour quelqu’un qui travaille dans la communication, il y a comme un problème là ! » Le prévenu se raidit et lève la main droite : « Je prends l’engagement solennel de tout arrêter ! » - «…Bon euh oui on va en discuter. » Trois mois de sursis et deux ans de mise à l’épreuve. Hugo Cisterne vision politique globale, dépassant ce moment électoral. Dépassant également la récupération des thèmes récurrents du Front national, attitude qui a renforcé le parti d’extrême-droite ces dernières années. Adepte de cette stratégie, Nicolas Sarkozy, président des Républicains, va-t-il changer son fusil d’épaule ? Il a, en tout cas, d’ores et déjà affirmé qu’ « il y aura un débat à ouvrir » sur la ligne idéologique du parti d’opposition de droite. Olivier Levrault En bref Deux nouvelles interpellations par la DGSI Les hommes de la DGSI ont interpellé à Albi, vers 9h30 du matin deux personnes dans le cadre d’une enquête pour radicalisation. Originaire de Tchétchènie le couple a été placé en garde-à-vue et leur domicile a été perquisitionné par les enquêteurs. Ces arrestations pourraient avoir un lien avec une opération menée en février 2015 dans le Tarn. A l’époque huit personnes d’originaires Tchétchènes avaient été arrêtées. Cachez cette exposition que l’on ne saurait voir Une oeuvre d’Olivier Ciappa vandalisée. © DR Les clichés d’Olivier Ciappa, qui avaient été vandalisés le weekend dernier à Toulouse, ont été volés hier. C’est ce qu’indique l’artiste sur son compte Facebook. «La première fois, ils ont voulu montrer leur mécontentement. La deuxième fois, ils ont carrément décidé de faire disparaître l’expo pour qu’aucun passant toulousain ne puisse la voir » écrit-il. Le photographe avait décidé de garder exposer les clichés saccagés. Les panneaux installés la veille par la mairie pour afficher les nouvelles photographies ont également été dérobées. Déjà le matin, le photographe avait fait parler de lui sur les réseaux sociaux suite à une altercation avec la présidente du parti Chrétien démocrate Christine Boutin. Olivier Ciappa avait interpellé la politique sur la dévastation de ses oeuvres par de jeunes catholiques. Un tweet choc sorti de nulle part, que la politique n’a pas apprécié et interprété comme il fallait. 4 I Société I Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015 Jean Leonetti : « On meurt mal en France » Dix ans après une première loi qui porte son nom, Jean Leonetti revient sur la nouvelle loi qu’il a rédigée avec Alain Clays. Adoptée courant 2015, elle régit la fin de vie en France et doit encore être examinée par le Sénat, avant d’être validée. Pourriez-vous présenter les avancées de cette nouvelle loi par rapport à celle de 2005 ? Marisole Tourraine a annoncé début décembre un plan de soutien de 190 millions d’euros sur trois ans en ce sens. Est-ce suffisant ? La loi de 2005 était mal connue, mal appliquée. C’est ce que confirment deux rapports, celui de Didier Sicard et celui du Comité consultatif national éthique qui montrent que l’on meurt encore mal en France. Ils préconisaient de travailler sur les directives anticipées qui existent depuis 2005 mais qui sont rendues contraignantes avec cette nouvelle loi et la sédation en phase terminale. C’est le point phare. Aujourd’hui, cette sédation est un droit de tout citoyen alors qu’elle n’était qu’une décision médicale auparavant. Vous aviez répondu à Marisol Tourraine qui disait que la loi de mars 2015 n’était qu’une étape vers une autre, en affirmant : « Je ne considère pas qu’il y a une évolution inéluctable vers l’euthanasie ou le suicide assisté. » Certains critiquent votre loi car elle va trop loin. D’autres, car elle ne va pas assez loin. Pensezvous que cette loi soit parfaite à l’heure actuelle ? Il n’y a pas de loi parfaite. Ca serait extrêmement dangereux d’imaginer sur des diversités de situations qui vont du nouveau-né au vieillard, de faire une loi qui règle tous les cas de manière définitive. Cette loi est probablement une étape. Une loi n’est pas figée dans le marbre. Mais je pense qu’aller vers l’euthanasie est une régression. La loi évolue toujours mais pas inéluctablement vers le fait de donner la mort qui est une transgression importante dans les C’est tardif mais c’est bien. Lorsqu’Alain Clays et moi-même avons remis le rapport au président de la République, on a dit que cette loi n’aurait de l’impact que s’il y avait deux préalables majeurs : la formation de l’ensemble des soignants et la reprise d’un plan de développement des soins palliatifs, interrompu en 2012. Je me réjouis qu’ils reprennent le plan de 2012, même si on a perdu trois ans. Jean Leonetti, auteur de la loi sur la fin de vie 2005 et 2015. © Lucie Coquart fondamentaux constitutionnels, dont celui au droit à la vie. Vous dénoncez l’euthanasie clandestine en Belgique qui a légalisé ce procédé. Pourtant, d’après l’Ined*, 48% des décès en France feraient suite à une décision médicale qui a pu hâter la mort du patient. Mais dans seulement 0,8% des cas, les médicaments ont été donnés volontairement pour mettre fin à la vie. Cela veut dire que l’euthanasie illégale est déjà très présente en France ? Tout dépend de ce qu’on appelle l’euthanasie. Effectivement, une personne sur deux meurt par limitation ou arrêt des traitements, mais c’est la loi de 2005. Il est normal et raisonnable de ne pas s’obstiner à faire de l’acharnement thérapeutique. Si on regarde l’euthanasie telle qu’elle est définie, dans 0,4 à 0,6% des cas en France, un médicament est là pour hâter la mort. Mais en Belgique, le chiffre monte à 1,8%, ce qui montre que légaliser une pratique transgressive entraîne la transgression en sortant du cadre défini de la loi. Vous pointez souvent le manque de soins palliatifs en France et préconisez leur développement. actuelle n’est pas bien connue. Je n’ai pas vu de fronde. Que répondez-vous à ceux qui affirment que la mort relève du domaine de l’intime et qu’il serait dangereux d’y apporter une réponse juridique ? Ils ont raison. Cette loi doit être une loi cadre mais elle ne doit pas aller dans le fond du détail ni dans la précision. La mort est un problème de société mais elle est aussi intime donc il faut faire en sorte que ce problème de société puisse s’appliquer au cas par cas. La loi est une démarche plutôt qu’une réponse stéréotypée. Alain Aubry, l’ancien président de l’Observatoire sur la fin de vie, milite pour une culture palliative, encore trop peu présente en France. La nouvelle loi a renforcé le rôle des directives anticipées. Sontelles assez efficaces sachant qu’à l’heure actuelle seuls 2% des gens les écrivent ? Il a raison. Nous avons tous le même droit à cet accompagnement, cette nonsouffrance, ce non-acharnement thérapeutique. C’est ça, la culture palliative et elle devrait être largement diffusée, notamment au près des soignants. Il y a deux raisons à cette faiblesse. Elles n’étaient pas contraignantes. Et elles étaient écrites sur papier libre sans qu’il n’y ait aucun modèle. Mais l’objectif n’est pas que tout le monde les rédige, c’est une liberté. Est-ce que la France est prête, culturellement et religieusement, à avoir une loi sur la fin de la vie et la mort ? Elle est d’autant plus prête que la loi de 2005 n’a été contestée ni par les religions monothéistes ni par les courants de pensée laïque. Elle a été plutôt bien acceptée par la population et adoptée à l’unanimité au Parlement. L’idée de mourir de manière apaisée et sans douleur a conquis l’ensemble de la population même si la loi Mais une directive anticipée aurait pu aider dans l’affaire de Vincent Lambert ? Vous avez parfaitement raison, si la directive anticipée de Vincent Lambert avait été écrite plutôt qu’orale, on aurait eu un argument fort pour trancher dans un conflit familial dramatique. (*l’Institut national des études démographiques) Propos recueillis par Zhifan Liu La loi sur la fin de vie en France... déjà dix ans Accompagner le malade à la fin de sa vie grâce au développement des soins palliatifs, tel est le but de la loi relative aux droits des malades et à la fin de la vie, dite loi Leonetti. Le 12 avril 2005, Jean Leonetti, député-maire UMP d’Antibes, propose cette loi au Parlement. Promulguée dix jours plus tard, cette loi condamne « l’obstination déraisonnable » du corps médical, et la « prolongation artificielle de la vie » du patient, lorsque celui-ci est en fin de vie, tout en condamnant l’euthanasie active, soit l’injection d’un produit létal au malade. La loi autorise l’euthanasie passive, la « sédation profonde et continue jusqu’à la fin de vie », destinée à éviter des souffrances supplémentaires au patient. La sédation n’est possible qu’avec l’accord du malade, qui l’aurait émis dans des directives anticipées, soit avec l’avis d’une personne de confiance. La décision est ensuite prise de façon collégiale, regroupant le corps médical, la famille et la personne de confiance si elle n’en est pas membre. Former les jeunes médecins Si l’accompagnement du malade en fin de vie grâce aux soins palliatifs est une solution pour lui permettre de « mourir dignement », elle est pourtant « Combat pour mourir dans la dignité ». © Stéphanie Para (Le Berry républicain) méconnue. D’abord par le grand public, mais surtout par le corps médical. « Seulement huit heures de cours sur la fin de vie en dix ans d’études », souligne Valérie Révol, présidente de l’association pour le développement des soins palliatifs, pour qui « la fin de vie doit entrer dans les programmes des étudiants ». Le professeur Régis Aubry, ancien président de l’Observatoire de la fin de vie, rappelle que les soins palliatifs sont récents et que « les médecins de demain n’y sont pas préparés ». Ils savent guérir, mais ils doivent apprendre désormais à « guérir sans maintenir en vie ». C’est dans ce sens que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a dévoilé, début décembre, un plan national sur trois ans, pour le développement des soins palliatifs et l’accompagnement en fin de vie. Lucie Coquart I Local I Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015 La science au comptoir Sortir la science des laboratoires et la partager avec le grand public au travers des événements informels. Tel est l’enjeu des Cafés des sciences. 5 Du sens pour nos achats L’allée Jules-Guesdes accueille, depuis le 5 décembre, le marché de Noël artisanal et solidaire. Un marché alternatif à celui proposé place du Capitole. tous : les anecdotes se mêlent aux photos, les termes et chiffres sont expliqués simplement. Son objectif : démontrer comment les particules fines sont oubliées des débats, alors qu’une lutte contre le CO2, « grande star », peut avoir des co-bénéfices. Ambiance studieuse autour de scientifiques aux spécialités variées. © Lucas Simonnet C onfortablement installé dans votre fauteuil en cuir, vous sirotez un thé venu d’Inde, qui vous réchauffe autant que le fondant au chocolat dans votre assiette. Si le goût et l’odorat sont comblés, votre regard se concentre, quant à lui, sur des graphiques, représentant l’échantillonnage de particules calculées en microgrammes par mètre cube d’air, ou la représentation schématique du graphène. Les mots « carbone-suie », « biogéochimie » ou encore « PM2,5 » sont fréquents. Mais tout cela, vous le comprenez, et vous y trouvez même un réel intérêt. Car la présentation du scientifique est suivie d’une discussion, libre et enjouée. « L’Observatoire de Midi-Pyrénées a créé cette année les Cafés des sciences pour pouvoir aborder des thématiques liées à la COP 21. C’est un moyen d’amener la science au cœur de la ville, d’engager la discussion avec les citoyens autour d’un format pédagogique », précise Sylvie Etcheverry, chargée de communication de l’institution. « Nous sommes relativement contents du résultat : malgré une visibilité limitée, entre 25 et 30 personnes se sont rendues à chaque édition mensuelle. L’année prochaine, l’ambition sera de coller à l’actualité. » Si l’Observatoire coordonne les thèmes et les intervenants, c’est à ces derniers que la réussite de la soirée revient. Benjamin Guinot, chercheur au CNRS, a animé lundi 7 décembre le dernier Café des sciences de l’année, une bière à la main, le laser dans l’autre. En 2006, son voyage à vélo de Paris à Pékin lui a permis de se rendre compte de la réalité des particules fines et du carbone-suie. Sa démarche se veut accessible à Un lieu qui s’y prête L’initiative des Cafés ne peut être que profitable selon lui : « Je suis très favorable à ce genre de rendez-vous. Pour nous chercheurs, c’est un exercice très intéressant où l’on se fait un peu bousculer : soit parce qu’il s’agit de vulgariser un vocabulaire technique et précis, soit parce qu’il nous oblige à sortir du format académique, ou encore parce que le public peut faire preuve de bons sens et de questions désarmantes. » Si l’ambiance est autant détendue, c’est en partie dû au lieu qui accueille la conférence. Avec une baie vitrée offrant une magnifique vue sur la basilique Saint-Sernin, le café Aux délices de Saturnin est un havre de paix, propice à la réflexion. Stéphane Messan, son gérant, raconte : « Nous accueillions déjà des Cafés de l’Histoire, des Cafés psychologie, alors pour varier les ambiances et toucher des publics différents, nous avons accepté d’accueillir les Cafés des sciences. » Un vrai engagement, qui soulève néanmoins quelques questions pratiques : « L’entrée est gratuite et ouverte à tous mais il nous a fallu investir dans un écran, un rétroprojecteur, repousser la fermeture… Si culturellement, nous sommes gagnants, cela a quand même un coût. Donc, pour compenser, nous demandons une consommation obligatoire. » Lucas Simonnet Le marché de Noël, artisanal et solidaire, allée Jules-Guesdes. © Clarisse Watue À l’entrée du marché, des jeux de société en bois sont entreposés sur une table installée devant un petit chalet. Tous sont construits à partir de matériaux recyclés domestiques : « des palettes de lit, des manches de pioche, des tringles de rideau », précise Anaïs Marquet, à la tête de l’atelier « Jeux 2 mains ». « On remet à jour d’anciens jeux d’Amérique du Sud, de Corée, explique-t-elle, comme le Puluc par exemple ». L’objectif de « Jeux 2 mains », ajoute-t-elle : « Redonner aux gens le goût de jouer en famille, de créer du lien social ». À une centaine de pas de là, sous une toile de tente, des pots de confiture sont empilés sur une étagère. Avec ceux-ci : des biscuits, des meringues multicolores soigneusement emballées dans des pochettes surprises. Derrière son comptoir, Véronique Loze, la cinquantaine, d’origine ariégeoise, déclare fièrement : « Tout ce qu’il y a sous cette tente, est préparé par nos soins, et tout est bio, naturel et surtout fait-main. » Promouvoir l’artisanat et l’économie sociale et solidaire, c’est tout l’objectif de ce marché lancé il y a quelques années par la Mairie de Toulouse en collaboration avec l’association « Alternatif ». Nathalie Despas, à la tête de cette association, déclare clairement : « On avait envie de monter une alternative au marché de Noël du Capitole, avant d’ajouter, nous avons organisé les choses de façon à créer une ambiance conviviale, où les gens peuvent acheter des produits de qualité, où ils viennent passer un bon moment. « Le message qu’on souhaite véhiculer au travers cet événement, précise Nathalie Despas, c’est de se tourner vers une économie responsable, de consommer autrement ou, en tout cas, de donner du sens à ce que l’on achète, à ce que l’on fait. » La clientèle, quant à elle, a compris le concept de ce marché. Cylène, habite le quartier et est venue flâner au milieu des stands en compagnie de sa fille, toute souriante : « J’adhère complètement au concept de ce marché, mais personnellement, la qualité n’est pas au rendez-vous », regrette-t-elle. Clarisse Watue Drôle de commerce Fini de jouer sur la qualité, pas d’obsolescence programmée 23 rue des Filatiers, chez « Le Petit Tom », les couleurs sont vives. Des pantins bougent de bas en haut, dans des cliquetis de bouts de bois qui s’entrechoquent. Les clients trop grands se cognent aux articles suspendus. La petite surface de la boutique est imprégnée de cette odeur si particulière des jeux en bois vernis. Surtout qu’ici, ils sont tous à l’air libre, aucun emballage plastifié, tout est à portée de main, posé çà et là. Pas de rayons impersonnels, proposant le même article enfermé dans son carton. Douze ans que leur magasin est ouvert. Douze ans que Gérard Mistrai et son fils Thomas vendent des jouets « qui ont fait leurs preuves ». Puristes, ils revendiquent leur qualité. Cubes, Pinocchio, bateaux, le bois règne en maître. Le fruit d’artisans, allemands pour la plupart. Quelques Français aussi. En Bretagne, en Auvergne et dans le Jura. Un déclin de la créativité Leur bête noire, c’est l’industrie du jouet, qui, d’après Gérard Misrai, est purement et simplement gangrenée par l’obsolescence programmée. « Les techniciens doivent justifier leur travail, donc ils produisent des jouets destinés à se casser, explique-t-il. Regardez après Noël, les poubelles sont pleines de jouets en plastique. » Gérard extrapole. À ses yeux, l’industrie du jouet aurait sa part de responsabilité dans la difficulté des enfants face aux tâches manuelles. « Les nouveaux jouets, les tablettes numériques, le virtuel, ça développe le cerveau d’une certaine manière. Mais maintenant ils ne sont plus du tout créatifs. » Leurs produits sont des répliques d’anciens modèles, parfois vieux de cinquante ans, qui sont toujours fabriqués, la rançon du succès. Victor Miget Demain, la rubrique « Drôle de commerce » vous emmenera aux portes de l’Asie. Thomas Misrai, dans le magasin qu’il gère avec son père Gérard, « Le Petit Tom », rue des Filatiers. © Elaine Cordon 6 I Sports Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015 Boxe : Arsen Goulamirian mis KO par sa fédération Samedi se déroulera, à Strasbourg, le championnat de France de Boxe des lourdslégers. Engin Karakaplan et David Radeff s’affronteront pour la ceinture, une finale que le boxeur blagnacais Arsen Goulamirian conteste. L e pugiliste d’origine arménienne, Arsen Goulamirian et Mohamed Bennama, son entraineur, se sentent floués. « Cette décision de faire combattre Karakaplan, alors qu’il a subit un KO terrible il y a peu, est dangereuse pour la santé de ce combattant et l’on ne comprend pas pourquoi ce combat n’est pas dévolu à Arsen, qui est le meilleur Français dans sa catégorie », confie le coach blagnacais. Des accusations dont la Fédération française de boxe (FFB) se défend : « Ces affirmations sont fausses, certes Engin Karakaplan a subi un KO mais il a respecté les 28 jours d’attentes et les médecins ont donné leurs feu vert. » Pour Mohamed Bennama, tout est truqué. « Cette fédération, en plus d’être incompétente, est rongée par les magouilles. Sérieusement, 28 jours ce n’est pas assez. Le fait de maintenir ce combat malgré la faible santé du boxeur fera gagner 5 000 à 6 000 euros à la fédération. Quand Arsen était prêt à combattre plus tard, afin que Karakaplan se remette en forme, eux préfèrent privilegier un combat moyen mais qui sera plus juteux. » Des manoeuvres que le duo blagnacais dénonce sans réserve comme un « ras le bol de cette fédération qui ne cesse d’être malhonnête depuis 50 ans ». La FFB, qui avait pourtant « appelé Arsen Floué par sa fédération, Arsen Goulamirian compte prendre sa revanche en 2016. Photo Facebook. pour se preparer au cas où » a fait marche arrière et déclare que le boxeur de Saint-Denis défendra bien son titre contre Radeff, « car c’est tout simplement lui le champion de cette catégorie », ponctue l’attachée de presse de la fédération. Dégoûté, Arsen Goulamirian est tourné vers son prochain combat, lui, l’ancien champion de France et sparring-partner du grand JeanMarc Mormeck, devra se contenter d’attendre. Une attente qui génère la frustration de son entraineur. « Avec de telles fédérations comment voulez-vous que la boxe survive ? De toute façon, un combat contre Karakaplan ou Redeff ne se fera jamais. Les deux ont peur d’Arsen. C’est à l’image de la boxe moderne, les champions ont peur de s’affronter entre eux par crainte de perdre . » Le coach blagnacais dresse un bien triste portrait de son sport, un noble-art autrefois concurrent médiatique du football, du rugby ou du vélo, qui perd de sa superbe à cause de conflits permanents avec les fédérations nationales ou internationales. Le 29 janvier, on devrait revoir Arsen Goulamirian sur le ring. Devant son public blagnacais, il se lancera à la reconquête d’un titre « pour lequel on ne lui a laissé aucune chance ». Le puncheur boxera plus que jamais avec la rage au ventre. Maxime Brossard Hand : les Bleues qualifiées sans la manière «Pas juste une fille qui fait coucou» Pauline Guerguil, 22 ans, est étudiante en journalisme à l’ISCPA de Blagnac. Jusqu’à mars, elle est l’ambassadrice du Toulouse Football Club, qui vit des heures difficiles. C’est quoi, être Mademoiselle TFC ? Ma mission, c’est de représenter le club de la manière la plus sympa possible, parler du TFC au public le plus large possible, notamment aux filles. J’en profite pour mettre le foot féminin en avant, j’écris des portraits de joueuses de l’équipe première. J’ai aussi soumis l’idée de faire des tutos, des petites vidéos pour expliquer avec humour les règles du foot aux filles qui ont un mec footeux mais qui n’y comprennent rien. Le projet devrait se concrétiser dès janvier 2016, les vidéos seront diffusées sur le site du club. Cela a été un peu compliqué au départ, non ? Les Indians (groupe de supporters ultras, ndlr) sont des mecs un peu bourrus et l’élection de Mademoiselle TFC, c’est pas trop leur truc. Il y a eu des insultes, ils m’ont jugée sans me connaître. Donc j’ai fait des déplacements à l’extérieur avec eux, histoire de leur montrer que derrière ce titre honorifique, il y a une fille qui partage la même passion qu’eux et qui est à fond derrière le club. Pas juste une fille qui est là pour faire coucou sur les terrains et qui n’y connait rien. Ca s’est très bien passé, ils ont été étonnés de ce que j’étais. Maintenant, je vais en virage de temps en temps, même si j’ai mes places en loges. Les joueurs, eux, ont toujours été adorables avec moi. Petite anecdote : le jour de mon intronisation, c’était le derby contre Bordeaux, le 21 mars 2015. Le club était déjà dans la merde. Les joueurs étaient ultra-concentrés, mais ils ont tous eu un mot sympa quand on s’est croisés. Comment sens-tu cette fin de championnat ? La ligue 2, j’ai du mal à y croire. Toulouse, quatrième ville de France, on n’a pas le droit. Et même si ça m’arrive de m’énerver devant les matchs, je me dis qu’il y a du potentiel. Braithwaite, Trejo, Ben Yedder…Après, la défense est ce qu’elle est. Parfois, je me dis que ça pourrait être bien de faire un tour en Ligue 2 pour rebâtir un nouveau projet et fédérer à les supporters. Aujourd’hui, on rentre dans le stade : c’est triste. Il y a plein d’amateurs de foot qui ne viennent pas au stade. J’ai envie que le club ait sa place dans la ville. Mon plus grand souhait, c’est de voir deux virages de supporters pleins, comme au Vélodrome. Recueillis par Albert Marie Pauline Guerguil, le soir de son élection. ©TFC En bref Après l’accroc de la veille face aux sud-coréennes, l’équipe de France a remporté une petite victoire (20-12) face à la modeste Argentine. La qualification pour les huitèmes O. Pistorius libéré sous caution de finale des championnats du monde est acquise. Rien de plus à retenir. Les Françaises avaient pourtant su se rendre la partie facile. Avec une équipe remaniée (Marie Prouvencier et Alice Levêque titulaires, Estelle Mzé Minko sur le banc), les Bleues se sont malgré tout assez vite envolées. A la 13ème minute, l’écart était déjà fait (8-1), sous l’impulsion de Camille Ayglon, impériale dans cette première mitemps avec un 4/4 au tir. Jusque-là, la recette était simple : bonne défense, attaque argentine imprécise (moins de 40% de réussite au tir) et des françaises qui profitaient à fond du manque de repli défensif des sudaméricaines pour enchaîner les contre-attaques. A la mi-temps, les Bleues donnaient l’impression de gérer (13-6). Alain Portes, leur entraîneur, s’en est d’ailleurs montré satisfait : « En première mi-temps, elles ont très bien fait leur travail. » Sept buts en seconde période La suite n’a pas été pas du même acabit. Dès les premières minutes du second acte, l’équipe de France a semblé s’impatienter face aux longues séquences offensives de Condamné en appel pour meurtre jeudi 3 décembre, le sprinteur sud-african, Oscar Pistorius a vu sa demande de mise en liberté sous caution acceptée par la Haute-cour de Pretoria (Afrique du Sud). Dans l’attente de la décision de justice - une audience devrait se tenir le 18 avril - Pistorius (29 ans) est pour l’instant libre, après s’être acquitté d’une caution de 10 000 rands, soit un peu plus de 600 euros. Il devra rester en résidence surveillée et sera soumis à un contrôle électronique. Il pourra quitter son domicile entre 7 h et midi, mais devra rester dans un périmètre d’un rayon de 20 kilomètres. M. Platini au tirage au sort de l’Euro Rentrée en deuxième partie de match, la capitaine Siraba Dembélé a emmené les bleues en huitièmes de finale . ©AFP l’Argentine. « On a passé 45 minutes de jeu en défense, a constaté, amer, Alain Portes. Les arbitres doivent avoir une autre version que moi de la notion de refus de jeu. » Conséquence : à la moindre récupération de balle, les Françaises se sont précipitées et ont multiplié les approximations. « Le match a été très pénible, avoue Béatrice Edwige, pivot de l’équipe. Hier, la Corée du Sud jouaient à 10 000 à l’heure, tout le contraire de l’Argentine aujourd’hui. » Dans cette deuxième mi-temps, seule la gardienne, Laura Glauser, a brillé en enchaînant les parades (11/17 au tir, 65% de réussite). Elle a d’ailleurs été désignée joueuse du match. Signe de la faiblesse offensive des Bleues dans ce second acte, elles ont terminé avec un très moyen 55% de réussite aux tirs. « Une heure de torture », dira Gnonsiane Niombla. Le mot de la fin. Lucas Serdic Jacques Lambert, président du comité d’organisation de l’Euro 2016, a indiqué ce mardi que Michel Platini serait présent au tirage au sort de la compétition, qui aura lieu samedi à Paris. Actuellement suspendu, le président de l’UEFA attend les décisions concernant son inculpation, à la suite d’un versement suspect de 1,8 million d’euros, touché en 2011 . « Si le TAS (tribunal arbitral du sport) annule sa suspension, Michel Platini sera là samedi au tirage au sort », a assuré Jacques Lambert. Le gardien « laboureur » paye l’addition 123 euros, c’est la somme que devra rembourser le gardien d’Augsburg, en Allemagne, après avoir «labouré» un morceau de pelouse au point de penalty, samedi. Face à Cologne, Marwin Hitz avait abîmé le gazon à l’aide de ses crampons, sous les yeux de l’arbitre. Quelques instants plus tard, l’attaquant français de Cologne, Anthony Modeste, chutait en tirant et le gardien arrêtait le tentative. Un acte de jardinage qui a poussé le gardien allemand de formuler de plates excuses : « Ce n’était pas l’action la plus juste, je dois l’admettre. » I International I Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015 7 À Pékin, l’empire est poussiéreux Pékin a décrété, lundi soir, « l’alerte rouge » à la pollution atmosphérique. Dominée par un épais smog, la capitale chinoise subit le contrecoup de ses habitudes énergétiques. P our les 22,5 millions de Chinois qui habitent Pékin, c’est la vie en gris. L’épais smog qui plane au-dessus de la capitale chinoise depuis la semaine dernière a obligé la municipalité à proclamer des mesures drastiques. Tous les chantiers de construction en extérieur ont été arrêtés, et les écoles et collèges de la ville ont été fermés. Faisant écho aux premières décisions prises le 30 novembre, jour d’ouverture de la COP21 et de l’instauration de l’alerte orange, Pékin a acté la fermeture des voies rapides et demandé à ses habitants de rester chez eux. La ville a d’ailleurs annoncé le retrait temporaire de la circulation de 30 % de leurs véhicules de fonction, la mise en place d’une circulation alternée, et le déploiement de 200 bus électriques ou hybrides, pour pallier ces restrictions. Winter is coming Depuis la création en 2013 du protocole «Airpocalypse», un ensemble de mesures coordonnées par les autorités pour réagir aux pics de pollutions, le dernier échelon « alerte rouge » n’avait jamais été activé. Une première qui n’inquiète pas outre mesure Cathy Clerbaux, directrice de recherche au CNRS et spécialiste des questions atmosphériques : « Il y a souvent des alertes pollution en Chine. Il suffit qu’il fasse beau et qu’il y ait peu de vent durant plusieurs jours pour que la pollution s’accumule très rapidement. Notamment durant l’hiver, période propice aux particules fines. » Avec 70 % de son électricité produite à base de charbon, la Chine brûle ainsi la moitié de la production mondiale chaque année, et nécessairement lorsque le froid se fait ressentir. Les particules fines qui émanent de ces industries ont atteint des pics pharaoniques cette année : 671 microgrammes par m3 d’air à Pékin, contre les 25 recommandés par l’Organisation mondiale de la santé. Entraînant, fatalement, des victimes parmi la population, plus d’un million de personnes meurent chaque année des effets de la pollution. En réponse à cette catastrophe sanitaire, le gouvernement chinois a adopté une pléthore de mesures restrictives, dont certaines pourraient être amplifiées après la COP21. Parmi elles figurent la limitation des nouvelles immatriculations sur le marché chinois, portée à 240 000 par an sur la ville de Pékin, la baisse de la part du charbon dans la production énergétique (65% comme objectif en 2017) ou encore la réduction des émissions d’usines polluantes. Cheng Jining, le ministre de la protection de l’environnement, a assuré dans les colonnes du Global Times que les organismes et responsables qui n’appliquent pas les mesures d’antipollution « s’exposeront à des sanctions ». « Mais il faudra du temps pour voir les impacts des mesures qui sont ou seront prises », estime la chercheuse Cathy Clerbaux. En espérant que cet élan écologique ne soit pas un écran de fumée. Rémi Rivière Une personne sur trois mourrant prématurément de la pollution dans le monde est chinoise. © AFP À la Cop, le dragon s’étire L’Empire du milieu, tout comme les Etats-Unis, est au centre de la COP21, organisée jusqu’au 11 décembre à Paris. Avec l’ambition de trouver un accord entre les 195 pays réunis, pour stabiliser à 1,5 degrés le réchauffement climatique, l’exercice diplomatique n’est pas simple face à des puissances orientées davantage vers le bénéfice industriel , en dépit des préoccupations climatiques. Aux Etats-Unis, Barack Obama a annoncé avoir pris conscience de la gravité de la situation, la Chine, plus gros pollueur mondial, semble aussi sur la bonne voie. Aujourd’hui, pour la première fois, le gouvernement chinois a tiré la sonnette d’alarme maximale Du survêt’ rouge à la chemise bleue Les élections législatives du dimanche 6 décembre au Venezuela marquent la première défaite du chavisme, avec 56 sièges contre 110 pour la coalition adverse. Entre le président Nicolas Maduro et l’opposition, le changement de style est radical. Nicolas Maduro, le visage rond, la moustache noire et fournie, est apparu à la télévision vénézuélienne dimanche, le soir même des élections. Arborant un survêtement rouge, il a reconnu l’amère défaite de son parti aux élections législatives. Tellement amère qu’il a laissé tomber sa traditionnelle veste de jogging jaune, rouge et bleu, aux couleurs du pays. Celle que portait son mythique prédécesseur, Hugo Chavez, président révolutionnaire du Venezuela, de 1999 à sa mort en 2013. Le populisme semble avoir fait son temps dans ce pays pétrolier, ruiné par des années de mauvaise gestion économique et miné par l’insécurité. L’opposition, regroupée dans une grande coalition anti-chaviste, de gauche à droite, et baptisée la Table de l’unité démocratique (MUD), s’est engouffrée dans la brèche, avec succès. Et une mesure phare : libérer les opposants politiques. Jesus Torrealba, leader de cette opposition hétéroclite, chauve, le verbe concernant la pollution de l’air à Pékin. Mais, suivant le verdict postCop21, quelles restrictions seront appliquées à la Chine ? Quel impact pour son économie ? En tant que pays en développement, les suivrat-elle ? Un choix cornélien Pour Marion Lemoine, chargée de recherche au CNRS, « l’annonce de cette alerte maximale à Pékin aura peu d’influence sur les négociations. D’ailleurs, les medias en parlent peu, et les négociateurs ne l’envisagent pas comme un moyen de pression envers Xi Jinping ». Depuis Kyoto, en 1997, le pays est devenu le premier émetteur de gaz à effet de serre, « ce qui en fait un négociateurs de taille, si ce n’est le plus important de la COP », assure-t-elle. La COP repose sur les engagements des grandes puissances à travers des accords communs entre économie et écologie, sans quoi une issue ne sera pas envisageable. En d’autres termes, le dragon asiatique désormais éveillé, qui n’en est qu’aux étirements, doit trouver le moyen de réduire ses émissions, sans pour autant menacer son économie. En évitant que la terre tremble. Guillaume Almalech-Asmanoff En bref Canada : enquête pour les 1 200 disparues Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, fraîchement élu, tient ses promesses de campagne. Il a annoncé, hier, l’ouverture d’une vaste enquête publique sur les meurtres et disparitions de femmes autochtones au Canada, entre 1980 et 2012. Une décision qui se faisait attendre, puisque 1 200 femmes autochtones ont été recensées comme disparues ou mortes en 32 ans. Ce qui est quatre fois plus élevé que l’ensemble de la population canadienne. La police est d’ailleurs souvent accusée de laxisme lorsqu’il s’agit d’enquêtes concernant cette population. Joe Biden menace la Russie Après la défaite du président Maduro (à droite), l’opposant Leopoldo Lopez pourrait être libéré. © DR haut et la chemise décontractée, compte bien sortir des geôles du régime chaviste un allié charismatique : Leopoldo Lopez. Arrêté en février 2014 lors de manifestations monstres dans les rues de Caracas, la capitale, cet économiste formé à Harvard est devenu le symbole de la contestation. Il devrait être libéré dès janvier, lorsque la nouvelle Assemblée nationale sera formée. Le choc des styles est total. Au physique bonhomme de Nicolas Maduro s’oppose la carrure de nageur de Leopoldo Lopez. Au survê- tement emblématique du président se heurte la chemise bleue ciel et la casquette de l’opposant. Un seul point rassemble les deux partis : la volonté de sortir le pays de la crise par la démocratie. Les élections législatives, outre les résultats, ont marqué la victoire d’un pays sur ses vieux démons. Pas un affrontement n’a secoué les rues du Venezuela dimanche soir. Elaine Cordon Nouvelles tensions entre les Etats-Unis et la Russie. Hier, le vice-président américain Joe Biden a menacé de faire payer au Kremlin « son agression contre l’Ukraine », en 2014. Les EtatsUnis dénoncent notamment la Russie d’armer les sépartistes, à l’Est de l’Ukraine. Joe Biden appelle également les autorités pro-occidentales de Kiev, « à ne pas rater leur chance historique » de reformer le pays, longtemps sous emprise russe. Pour l’instant, les sanctions occidentales prises en 2014 à l’encontre de la Russie sont maintenues. Un satellite français mesura le CO2 Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, a annoncé hier que la France se lançait dans le projet MicroCarb. Il s’agit de création d’un satellite apte à mesurer la répartition du dioxyde de carbone (CO2) dans l’air. Un projet qui coûtera 175 millions d’euros et sera développé par le Centre national d’études spatiales. Le satellite, s’alimentant à l’énergie solaire, récoltera des données pour toute la communauté scientifique. Il devrait être actif en 2020. 8 I RegardsI Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015 Six pieds sous terre L’humeur Tupac : «Orelsan est la « Les tas nouvelle génération» d’urgences… » Rappeur emblématique assassiné par balles en 1996, Tupac Shakur a également eu une courte carrière au cinéma. L’occasion de recueillir son avis sur «Comment c’est loin», le premier long-métrage d’Orelsan. Rendez-vous cosy sur son nuage, mitoyen de celui d’Hendrix et de Brando, forcement. François Rieux rencontre Tupac ¢VIctor Miguet En 1992, en marge de votre carrière musicale, vous jouez dans «Juice», le premier longmétrage d’Ernest R. Dickerson. Comment s’est faite cette connexion ? J’accompagnais un pote qui devait passer des auditions. Le directeur de casting a voulu que je passe un bout d’essai. J’ai balancé une chaise à travers la pièce. C’était plié. S’en suit donc une courte carrière cinématographique qui...(Il coupe) En même temps j’ai pas choisi de me faire descendre... (léger malaise) Selon vous, comment expliquer l’engouement des studios de cinéma pour les rappeurs ? Nous sommes les derniers Dieux vivants parés d’or et de diamants descendus de l’Olympe pour tout casser. Mais encore ? Faire du rap nécessite une palette d’émotions qui se rapproche de celle des acteurs. On fait pas que gesticuler casquette à l’envers et bandana sur le visage dans des clips. Plus jeune, au lycée, j’ai fait du théâtre donc j’ai une certaine légitimité. Quel regard avez-vous sur votre propre filmographie du coup ? Elle est en adéquation avec ma personnalité. J’ai joué des jeunes paumés, des gangsters, des romantiques... J’ai pu mettre en images ce que je racontais dans mes chansons. Vous n’êtes donc pas du même avis que ceux qui pensent que vos films ont plus leur place sur l’étagère poussiéreuse d’un vidéoclub qu’au Panthéon du 7ème Art ? (Gros blanc). C’est quoi le concept là ? Me mettre en boîte ? On ne vous a pas appris à avoir du tact avec les morts ? NDLR : L’interview est arrêtée momentanément. L’impresario de Tupac, un homme maigre et livide aux allures de croquemort vient tempérer la star. L’entretien reprend vingt minutes plus tard, quelques étages plus bas, au bar de Saint-Pierre. Le rappeur est plus détendu, un verre de Hennessy à la main et un joint dans l’autre. Aujourd’hui sort le film assez attendu, «Comment c’est loin». C’est le passage d’Orelsan devant et derrière la caméra sur un format long. Vous en avez entendu parler ? Ouais... Je suis la carrière du blancbec depuis le début. Je suis fan du personnage même si ses raps claquent pas toujours des masses. Par contre j’aime le format court «Bloqué» sur Canal + dans lequel il joue son propre rôle. On le compare trop souvent à tort à «Bref» alors que c’est pas le même délire. Qu’est-ce qu’on peut attendre du long-métrage ? J’avais compris que c’était un prolongement artistique de sa part. D’abord en 2013, avec l’album des Casseurs Flowteurs puis cette année avec «Bloqué». Orelsan a tissé une toile intéressante avec son univers et ses potes en représentant la nouvelle génération. Celle des loosers magnifiques faisant de la procrastination un art à part entière. C’est plutôt cool. Et pour vous, c’est quoi la suite ? (Courte pause puis s’impatiente) C’est quoi que vous ne comprenez pas dans le concept d’être mort ? Je pensais au niveau des oeuvres posthumes et tout le reste ? Ben je reste LA poule aux oeufs d’or du rap américain, la vache à lait du Gangsta Rap. Du coup albums posthumes avec des fond de tiroirs pour faire marcher le tiroir-caisse d’abord. Ensuite Eazy-E (autre rappeur emblématique décédé, ndlr) m’a appris hier qu’il y allait avoir un film biographique sur ma vie et je sais aussi qu’on planche sur l’adaptation d’un scénario que j’ai écrit quand j’étais en prison. La réussite bravant la mort, quoi ! Dommage qu’une fois retourné à l’état de poussière, l’argent ne serve à rien. Propos recueillis d’outre-tombe par François Rieux Photo du jour Jesse Hughes, leader du Eagles of Death Metal, en larmes devant le Bataclan, à Paris, le 8 décembre 2015. - MIGUEL MEDINA / AFP E t pendant ce temps là, le Front National gagne du terrain. A chaque nouvelle élection, nouvelle stupéfaction. « Premier parti de France », « vague bleue marine », les Français sont submergés et s’insurgent. Pourtant les urnes crient famine : désabusés par une classe politique qui n’inspire plus confiance, plus de 20 millions de citoyens n’ont pas fait entendre leur voix dimanche. A Paris, au détour du pont d’Austerlitz, des lettres rouge sang tranchent avec le paysage : « l’état d’urgence pour faire oublier les tas d’urgences ». Tandis que des multinationales pétroleuses s’exhibent au Bourget, des citoyens sont réprimés avec violence. Au motif de la sécurité, L’Etat étend son contrôle jusqu’à l’air que nous respirons. Perquisitions, gardes à vues arbitraires, assignations à résidence, interdiction de manifester, contrôle accru d’internet… Sans même avoir le temps de se faire entendre, nos libertés sont restreintes et, à ce rythme, le risque que l’état d’urgence se meuve peu à peu en État policier est bien réel. Pourtant, alors que les évènements se répètent et se ressemblent, notre société reste immobile. Mais nous ne devons pas nous laisser guider par des sentiments ou la confusion se mêle à la peur. Nos combats concernent tous les extrémismes, religieux comme politiques. Non, le radicalisme n’est pas une solution. Non, l’état d’urgence ne doit pas rimer avec censure. Non, notre climat ne se négocie pas. Ne laissons pas notre démocratie être sournoisement instrumentalisée. Ensemble, nous devons panser les plaies qui entravent la société, en refusant d’être les garants malgré nous de l’ordre établi. Nos préoccupations ne sont pas celles d’anciens footballeurs dans des costumes étriqués. Les réponses à nos questions ne seront pas apportées par des hommes politiques coincés dans les rouages d’un système dépassé. Pendant trop longtemps nous avons été détournés des questions essentielles. Retrouver notre conscience collective et citoyenne, voilà la véritable urgence. Charles Deluermoz Histoires courtes Ils retrouvent 100 000 euros dans le Danube Deux jeunes hommes ont découvert des dizaines de billets de 100 et 500 euros dans le Danube en Autriche, lundi dernier. Les deux garçons ont plongé dans l’eau glaciale pour récupérer un montant qui s’élève à 100 000 euros. Selon la police, il s’agirait de vrais billets, «sans doute le fruit d’un délit». Des météorites… aux enchères Quelques 250 météorites ont été mises en vente à Drouot lundi dans une enchère. Ces objets venus de l’espace sont de plus en plus cotés par les collectionneurs. Leur prix sont estimés entre 100 et 60 000 euros, pour les plus chères. LCI dans l’embarras Belle bourde pour la chaine d’info en continu lors des élections régionales. Au moment d’annoncer les résultats dimanche, une infographie apparait, montrant les scores par candidat. A la place de François Sauvadet (candidat des Républicains et de l’UDI en Bourgogne-France-Comté), LCI affiche «M. Machin-Chose». Machin-Chose a donc remporté 23,8% des voix. Directeur de publication : Bertrand Thomas Directeur d’édition : Rémi Bouquet des Chaux Rédacteur en chef : Elsa Tabellion Rédacteur en chef adjoint : Guillaume Almalech-Asmanoff Secrétaires de rédaction : Sylvain Labaune/ Florent Le Dû/ Gabriel Moret/ Olympe Pacaud Responsable photo : François Rieux