TD n° 8 :
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TD n° 8 :
Lucile Brethes Céline Biarrotte Elodie Bertaud TD n° 8 : Question de synthèse Pourquoi le Policy-mix ? Introduction : Dans la zone Euro, depuis quelques mois et surtout depuis l’appréciation de l’euro par rapport au dollar, il y a un débat sur le fait de l’indépendance de la Banque Centrale Européenne (BCE). Les politiques budgétaires étant à la charge des différents états membres et la politique monétaire revenant à la BCE qui, du fait de son indépendance suit son objectif : la stabilité des prix ; sans se soucier des politiques budgétaires qui diffèrent d’un état membre à l’autre du fait des divergences de conjoncture économique. La politique budgétaire étant l’augmentation des dépenses publiques ou la diminution des impôts pour relancer l’économie par la demande. La politique monétaire, à la charge de la BCE en Europe et de la FED aux Etats-Unis, est le fait de jouer sur les variations des taux d’intérêts pour faire varier le taux d’inflation par la demande. Mais comme nous l’avons vu au cours de cette année tant la politique budgétaire que monétaire comportent des effets néfastes pour l’économie. La politique budgétaire entraîne un accroissement du déficit public et la politique monétaire quant à elle enraye l’inflation par l’augmentation du taux d’intérêt, ce qui pénalise la demande intérieure. Donc de nos jours les pouvoirs publics et les banques centrales utilisent le policy-mix. Le policy-mix est une expression anglaise imagée signifiant « dosage des différentes politiques ». On peut le définir comme étant la combinaison ou l’articulation des politiques économiques budgétaire et monétaire mises en œuvre par les gouvernements et les banques centrales. L’articulation n’étant, bien sur, pas indifférente au contexte macroéconomique et institutionnel au débat entre règle et discrétion. Nous pouvons dès à présent dire que la BCE, indépendante, suit plutôt une politique basée sur des régles strictes. Elle a pour objectif premier un taux d’inflation n’excédant pas 2% par an et met tout en œuvre pour le réaliser. Alors que la FED a une indépendance moins prononcée car ses objectifs ne se limitent pas seulement à la lutte de l’inflation mais incorporent aussi la modération des taux d’intérêts sur le long terme pour favoriser investissement, plein emploi et croissance. Au travers de ce débat d’actualité nous sommes amenées à nous demander pourquoi pratiquer le policy mix ? Pour quels effets ? Quels sont les objectifs d’une articulation des politiques économiques ? Quelles sont les politiques menées par les différents pays du monde et principalement en Europe, depuis la création de l’union monétaire en 1999, et aux EtatsUnis ? Nous allons donc voir les mécanismes du policy mix tout en illustrant ceux-ci par des exemples de politiques menées dans différents pays (notamment l’Europe et les Etats-Unis). Dans un premier temps nous verrons les politiques coordonnées ayant pour objectif d’amplifier les effets attendus. Cette partie, présentée par Céline, exposera la politique de relance simultanée et le choc monétariste. Ensuite nous verrons les politiques coordonnées permettant d’atténuer les effets négatifs. Présentée par Lucile cette partie exposera la politique de relance combinée puis la politique de rigueur combinée. I. Le policy-mix afin d’amplifier les effets attendus : Nous verrons que deux policy-mix ont pour but de créer une impulsion amplifiée. La relance simultanée dont la coordination des politiques budgétaire et monétaire conduit à l’objectif unique du soutien de l’activité en situation de récession économique et le choc monétariste où la politique monétaire et la politique budgétaire s’allient pour enrayer l’inflation par une austérité prolongée. 2 A. La relance simultanée : 1) Contexte d’utilisation de la politique de relance simultanée, objectif et instruments : Tout d’abord, il convient de déterminer le contexte d’utilisation de la politique de relance simultanée. Elle doit être menée dans un contexte de déflation et de récession économique où sont donc constatés un chômage important, un faible niveau d’activité et des prix en baisse. Comme nous l’avons dit précédemment, la politique de relance simultanée allie plusieurs instruments afin de tendre vers un seul objectif qui est le soutien de l’activité. Les politiques menées dans le cadre d’une relance simultanée sont toutes deux expansionnistes. Une politique budgétaire expansionniste est basée sur la hausse des dépenses publiques et/ou sur la baisse des prélèvements obligatoires. Le premier instrument sera préféré si l’on veut que l’effet voulu soit immédiat, mais une contrainte pèse sur le choix de cet instrument : le niveau de déficit public. L’utilisation d’une variation des taxes dépendra, elle, du niveau de pression fiscale déjà existant. Une politique monétaire expansionniste influe sur le niveau de l’activité par une baisse du taux d’intérêt ou des réserves obligatoires. Dans la suite de nos explications nous excluront les réserves obligatoires car elles sont peu utilisées aujourd’hui du fait d’un contournement possible sur les marchés financiers. Dans une politique de relance simultanée, la politique monétaire joue un rôle secondaire mais toutefois indispensable car sa mise en œuvre permet de soutenir, d’amplifier l’effet de relance « simple » de la politique budgétaire. 2) Mécanismes et incidences Ce policy-mix combine les effets d’une hausse des dépenses publiques ou d’une baisse des prélèvements obligatoires avec les effets d’une baisse du taux d’intérêt. Nous verrons dans un premier temps les effets d’une politique budgétaire expansionniste, auxquels nous ajouteront par la suite les influences amplificatrices apportées par la mise en œuvre d’une politique monétaire expansionniste. Une hausse des dépenses publiques ou une baisse des prélèvements obligatoires a pour conséquence d’augmenter le revenu disponible des ménages et le profit des entreprises. Ce surplus de richesse sera consommé entraînant ainsi une hausse de la demande intérieure et donc du niveau des prix, des importations et enfin de la production. En effet, l’ajustement de l’offre sur la demande étant inélastique sur le court terme, l’offre se trouvera pendant une période inférieure à la demande, d’où une hausse des prix. De ce fait, il faudra faire appel à des biens étrangers afin de satisfaire les besoins des agents. Cette hausse de la demande intérieure provenant de la politique budgétaire expansionniste sera amplifiée par la politique monétaire expansionniste car la baisse du taux d'intérêt va stimuler l’investissement et réduire l’épargne des agents. En effet, que ce soit pour les ménages ou les entreprises, il ne sera pas avantageux pour eux de placer leurs liquidités. Ces dernières seront donc consommées ou investies. De plus, la baisse du taux d’intérêt entraîne une sortie des capitaux, la monnaie nationale est moins demandée donc se déprécie. Cette dépréciation aura des effets positifs sur la production nationale et sur l’emploi du fait d’une hausse des exportations. L’objectif de la relance simultanée a été atteint. Au niveau interne, on assiste à une hausse de la demande intérieure ce qui relance l’activité et gomme les manifestations d’une récession économique grâce à une hausse de l’emploi et des prix. Au niveau externe, on peut avoir une possible dégradation de la balance commerciale due à une perte de compétitivité prix (réduction du niveau des exportations) et à une hausse des importations qui peuvent être atténuées par la dépréciation du taux de change. 3 Les effets de ce policy-mix sont immédiats mais il semblerait qu’à terme ils s’atténuent car le besoin de monnaie pour motif de transaction va s’accroître du fait de la hausse de la demande intérieure. Ainsi, à masse monétaire constante, le besoin de monnaie pour motif de transaction ne sera pas satisfait, ce qui entraînera indéniablement une hausse du taux d’intérêt. Cela entraînerait donc une atténuation de la relance. D’après le graphique 11, on constate que les Etats-Unis ont fréquemment recours à la relance simultanée (de 2001 à 2004). Ils la maîtrisent parfaitement puisqu’ils arrivent à relancer l’activité tout en limitant l’effet inflationniste qui ne sera que transitoire. On peut expliciter en partie l’effet inflationniste transitoire par le fait que les Etats-Unis consomment beaucoup de produits extérieurs donc l’inflation de leur pays pèse moins que cela peut être le cas ailleurs. Cette même politique a été menée en France en 1982 par le gouvernement Mauroy mais a eu des effets différents : une faible reprise de l’activité, un chômage persistant et une forte inflation. Les effets de ce policy-mix ont été très limités du fait de contraintes extérieures : les autres pays européens étaient en récession et la production française a peiné pour trouver des débouchés. Ceci nous permet de souligner que le contexte macroéconomique dans lequel prend place le policy-mix joue un rôle important puisqu’il détermine l’amplitude des effets et le résultat final. Cette politique a été dernièrement utilisée par la zone euro en 2000 (graphique 12). Il semblerait que l’objectif ait été atteint puisqu’à cette époque la croissance était relativement soutenue, supérieure à 2%. B. Le choc monétariste : 1) Contexte d’utilisation de la politique de choc monétaire, objectif et instruments : Le choc monétariste allie lui aussi plusieurs instruments afin de tendre vers un seul objectif qui est le maintien d’une inflation stable. Pour cela, ce policy-mix s’appuie sur des politiques monétaire et budgétaire restrictives qui concourront à la désinflation par la récession économique. Une politique budgétaire restrictive est basée sur la baisse des dépenses publiques et/ou sur la hausse des prélèvements obligatoires. Une politique monétaire restrictive, quant à elle, limite l’inflation par une hausse du taux d’intérêt ou des réserves obligatoires. Dans une politique de choc monétariste, la politique budgétaire joue un rôle secondaire mais toutefois indispensable. Sa mise en œuvre permet d’amplifier l’effet désinflationniste de la politique monétaire. 2) Mécanismes et incidences : Ce policy-mix combine les effets d’une hausse des taux d’intérêts et les effets d’une baisse des dépenses publiques. Dans le cas où la politique budgétaire associée est équilibrée, c’est-à-dire en situation d’austérité monétaire pure on constate qu’une hausse des taux d’intérêts augmente le coût du crédit. Ainsi, la consommation et l’investissement vont diminuer. De plus, du fait qu’il sera plus avantageux pour les agents de placer leurs liquidités plutôt que de les investir ou de les consommer, la consommation et l’investissement baisseront. Cette baisse de la demande entraîne donc inévitablement une baisse des prix ainsi qu’une baisse du niveau d’activité. Au niveau externe, la hausse du taux d’intérêt entraîne une entrée de capitaux. La monnaie nationale étant très demandée par l’étranger, elle va s’apprécier ce qui sera un frein pour les exportations nationales si elles reposent sur une compétitivité prix et si elles sont substituables car leur prix augmentant les autres pays achèterons ailleurs. De plus, si les monnaies étrangères se déprécient face à la monnaie nationale, les importations coûteront moins chères et seront donc plus importantes. Ces mouvements commerciaux seront amplifiés par une baisse de la production nationale (donc baisse des exportations et hausse des importations 4 pour satisfaire les besoins des agents nationaux). Dans ce cas, le résultat obtenu est bien une désinflation résultant d’une récession économique. Dans le cas d’une austérité monétaire combinée à un freinage budgétaire, c’est-à-dire lorsque la politique budgétaire associée est restrictive, la baisse des dépenses publiques amplifie la récession économique. En effet, une baisse des dépenses publiques diminue la richesse des agents (revenu disponible et profit) et donc la demande intérieure et l’activité. L’effet souhaité est réalisé, on assiste à une baisse du niveau des prix. Cependant, par le jeu des stabilisateurs automatiques, la consommation et la production étant ralenties, les recettes publiques seront moindres. Ceci associé à une hausse du taux d’intérêt et donc à une hausse des charges financières à l’endettement, débouche inévitablement sur une dynamique dépressive avec une hausse du déficit public malgré le freinage budgétaire mis en place. Cette politique de choc monétariste est choisie depuis 2004 par le gouvernement américain qui s’est fixé l’objectif de diviser par deux son déficit. Ce policy-mix s’appuie sur une hausse des recettes fiscales : en 2005, elles ont augmenté de 14,5 %. Il semblerait que depuis 2007, à cause du ralentissement de la conjoncture américaine dû au retournement du marché immobilier, la tendance aille vers une politique de relance combinée, qui nous sera présentée par Lucile. Les deux policy-mix vus précédemment permettent d’amplifier les effets positifs. Cependant, ces politiques peuvent dégrader considérablement une autre variable de l’économie. En effet, la politique de relance simultanée en relançant doublement l’activité va provoquer une double inflation. C’est pourquoi cette politique n’est préconisée que dans le cas d’une récession et d’une déflation économique. Le second policy-mix, lui, a pour but d’entraîner une forte augmentation des taux d’intérêts, ce qui est totalement déconseillé pour un pays endetté car ses charges financières vont s’accroître considérablement. De plus si le taux d’intérêt réel est supérieur au taux de croissance la dette va devenir insoutenable pour le pays. De ce constat, on comprend l’utilité des policy-mix permettant d’atténuer les effets négatifs. C’est ce que nous présentera Lucile dans cette seconde partie. II. Le policy-mix afin de limiter les effets négatifs : Nous verrons que deux policy-mix ont pour but de limiter les effets négatifs des politiques. Tout d’abord la politique de relance combinée associant politique budgétaire expansive et politique monétaire restrictive ; ensuite la politique de rigueur combinée associant politique budgétaire restrictive et politique monétaire accommodante. A. La politique de relance combinée : 1) Un objectif de relance limitant l’inflation : Lors d'une politique de relance budgétaire, l'Etat intervient avec comme objectif de relancer la croissance en stimulant la demande. Celle-ci s'effectuant dans un contexte de chômage Keynésien, l'Etat décide d'augmenter les dépenses publiques ou de réduire les impôts, afin d'augmenter la demande intérieure ce qui peut entraîner des effets négatifs : d'abord l'offre étant relativement inélastique à court terme elle risque d'entraîner une inflation, puisque les entreprises réagiront par une augmentation des prix. Cette augmentation des prix des produits intérieurs risque de faire baisser les exportations du pays et donc de rendre la balance commerciale déficitaire. Celle-ci sera d'autant plus négative que la propension à importer du pays est importante puisque l'augmentation de la demande intérieure entraînera une augmentation des importations. C'est là qu'intervient le policy-mix, il a pour but de limiter les deux effets négatifs de la politique de relance budgétaire. La banque centrale va augmenter 5 ses taux d'intérêts en même temps que la politique budgétaire est lancée ; c'est ce qu'on appelle une relance combinée. Cela entraîne donc une baisse de l'investissement et de la consommation dûe à l'augmentation du coût du crédit. Cette baisse limitera l'augmentation de la demande et donc la hausse des prix. D'un autre côté l'augmentation du taux d'intérêt peut attirer les capitaux étrangers et donc pourra rendre la balance commerciale moins déficitaire, voire excédentaire. La relance combinée peut donc avoir deux objectifs : effectuer une relance sans pression inflationniste ou garantir lors d'une relance les équilibres extérieurs et intérieurs. D'un autre côté, lorsque la relance veut être faite sur une courte période, le policy-mix peut être mis en place à travers une politique de contrôle : contrôle des importations si l'objectif est d'avoir de la croissance tout en maintenant l'équilibre extérieur, ou un contrôle des prix et des revenus pour un objectif de stabilité des prix. Cette relance combinée a été appliquée à plusieurs reprises dans l'histoire. Par exemple Nixon en 1971-1972 a effectué une relance avec contrôle des prix pour lutter contre la stagflation aux Etats-Unis. Il avait également surtaxé les importations et dévalué le dollar pour augmenter les exportations, afin d'améliorer la balance commerciale. Par la suite, Reagan en 1981-1986 a mis en place une relance avec augmentation des dépenses publiques et baisse des impôts, cette relance étant accompagnée de variations du taux d'intérêt, appelés pilotage, en fonction des évolutions de l'inflation et de l'état de la balance commerciale. Ainsi pour cette politique de relance combinée c'est la politique budgétaire qui détermine la politique monétaire, c'est donc à la banque centrale de s'adapter aux décisions du gouvernement. Or, en Europe, la banque centrale est indépendante et ne peux pas suivre les décisions des gouvernements puisque les différents Etats membres ne prennent pas forcement des décisions allant dans le même sens au même moment. C'est donc, dans ce cas là, la politique monétaire qui est la base et la politique budgétaire des Etats membres qui s'y adaptent. 2) Un objectif de stabilisation : Le policy-mix peut aussi servir à atténuer les effets négatifs d'une politique de rigueur monétaire. En effet, lors d'une trop grande inflation, les banques centrales décident d'augmenter leurs taux d'intérêts ou d'augmenter le taux de réserves obligatoires afin de limiter l'accès aux crédits entraînant la limite la demande et de l'inflation. Cette décision a des conséquences négatives, notamment une baisse de la croissance. Ici c'est donc la politique budgétaire qui s'adapte à la politique monétaire à travers une politique budgétaire accommodante, c'est-à-dire légèrement expansionniste ou neutre, par exemple en mettant en place des emplois aidés. Mais un des principes importants de cette politique est l'assainissement du budget et donc on ne veut pas aggraver le déficit public. On met donc en place une croissance saine où l'on cherche à fixer la croissance de la masse monétaire et le niveau de l'emprunt public, sans pour autant pénaliser la croissance. La politique budgétaire est accommodante et discrétionnaire et dépend donc complètement des besoins de l'économie et du contexte aussi bien intérieur qu'international. On peut remarquer que la politique de Nicolas Sarkozy aujourd'hui est une politique de relance combinée. En effet, la Banque Centrale Européenne pratique des forts taux d'intérêts, faisant penser à une politique monétaire restrictive, afin de limiter l'inflation tandis que de son côté le président Français tente une politique de relance en baissant notamment la fiscalité sur les ménages les plus aisés et les entreprises. La politique budgétaire se fait donc accommodante puisque la France ayant une croissance faible a besoin d'une relance budgétaire. Cependant le gouvernement garde à l'esprit l'assainissement budgétaire puisque par exemple il n'a pas augmenté ses dépenses publiques par rapport à l'an dernier et souhaite les diminuer dans les années à venir. Les pays de la zone Euro suivent presque tous ce modèle de policy-mix en ce moment puisque la Banque Centrale pratique des forts taux d'intérêts et 6 qu'il faut tout de même soutenir la croissance, sans trop aggraver le déficit afin de respecter le pacte de stabilité et de croissance. Ainsi on peut voir que lorsque les Banques Centrales pratiquent des politiques monétaires restrictives, les Etats cherchent à contrebalancer l'effet dépressif de cette politique avec la politique budgétaire sans toutefois creuser le déficit public. Il en résulte quelquefois l'incompréhension des citoyens qui ont l'impression que les différentes institutions décisionnelles (les gouvernements et les banques centrales) s'opposent alors qu'ils devraient s'accorder. B. La politique de rigueur combinée : Si la banque centrale décide de baisser ses taux d'intérêts afin de relancer la croissance, alors les crédits sont facilités et la demande augmentée. Le problème résultant de cette relance est l'inflation puisque l'offre ne s'adapte pas tout de suite à la demande. Ainsi, pour atténuer les effets négatifs, il faut compenser par la politique budgétaire restrictive. Pour cela, les gouvernements vont baisser les dépenses publiques ou augmenter les prélèvements obligatoires afin de diminuer la demande intérieure et donc de limiter l'inflation. Au niveau extérieur, la baisse des taux d'intérêts risque d'entraîner une fuite des capitaux vers d'autres pays, ce qui entraîne que la balance extérieure sera négative. De plus l'inflation risque d'entraîner une augmentation des importations pour se substituer aux produits nationaux, trop chers, et une baisse des exportations car elles coûteront trop chères pour l'étranger. L'intervention de la politique budgétaire à travers une politique restrictive limite l'inflation, ce qui peut rétablir la balance commerciale. La limite de la demande, donc la demande de monnaie à but de transaction fait baisser les taux d'intérêts à terme, évitant la fuite des capitaux à l’étranger. Dans un autre sens, si c'est la politique budgétaire étant restrictive dans le but de limiter, par exemple, le déficit public, on aura alors un fort risque de déflation dans le pays car la demande diminuera, donc la production et les prix diminueront et pour limiter cet effet là, la banque centrale peut diminuer ses taux d'intérêts afin de relancer la demande et donc la croissance. Ce policy-mix marche donc dans les deux sens. Par exemple en 1999 dans l'Union Européenne qui vient de se doter de l'euro, la Banque Centrale Européenne a pris le parti de ne pas chercher à avoir une appréciation de l'euro immédiate, ainsi, elle a mis en place une politique monétaire relativement accommodante, comme le montre sa première décision qui fut de baisser les taux d'intérêts d'un demi point. Cette politique a ainsi permis aux Etats-membres de continuer l'assainissement budgétaire entrepris depuis 1995 en baissant les dépenses publiques, puisqu'il fallait limiter l'inflation. De même les Etats-Unis en 1999-2000 essayent de diminuer leur déficit budgétaire à travers une politique restrictive tandis que la politique monétaire suivie par la FED est plus accommodante. Ainsi dans ce cas de policy-mix, c'est la politique budgétaire qui est restrictive, soit parce que la politique monétaire l'impose, soit parce que le pays veut pratiquer un assainissement budgétaire, tandis que la politique monétaire est expansive, soit pour limiter la déflation risquée par la politique budgétaire restrictive, soit car la décision a été prise pour relancer la croissance. Ce policy-mix peut être une résultante de la politique budgétaire ou au contraire une résultante de la politique monétaire. Conclusion : 7 Nous sommes donc amenées, après ce développement, à conclure qu’il existe plusieurs façons de coordonner, combiner les politiques économiques existantes, que sont la politique monétaire et celle budgétaire. Ensuite pour répondre à la question de départ : Pourquoi le Policy-mix ? Nous pouvons répondre clairement et succinctement que cela dépend tout d’abord des choix politiques et donc des effets et objectifs à atteindre. On peut chercher à amplifier les effets voulus ou atténuer les effets négatifs d’une politique. Le choix de coordonner les politiques économiques est le fait qu’une politique seule peut être néfaste ou inefficace. Par exemple une politique budgétaire menée seule entraine par l’augmentation des dépenses publiques une augmentation du déficit public et peut donc au final ne pas augmenter nécessairement la demande car les agents économiques anticipent une augmentation future des prélèvements obligatoires. Le Policy-mix reste un élément complexe de la politique économique mais, est, comme nous l’avons vu indispensable. Il existe un calcul pour permettre de conclure sur le fait que le Policy-mix mené est restrictif ou expansif. Selon la direction générale du trésor et de la politique économique : Le Policy mix = - le multiplicateur keynésien * (solde structurel + soutien à la croissance des conditions financières et monétaires passées dites CMF) Le solde structurel est le solde corrigé des effets de la conjoncture. Les CMF tiennent compte de l’évolution du taux long, du taux de change et des indices boursiers. Le Policy-mix est considéré expansif si supérieur à 0 et restrictif si inferieur. Après avoir vu cela nous pouvons montrer que l’orientation du Policy-mix diverge entre l’Europe et les Etats-Unis. Illustration de ce qui suit se trouve en annexe. Selon les graphiques 11, 12, 13, 14 nous pouvons dire que le Policy-mix est moins marqué en zone euro qu’aux Etats-Unis et répond à des évolutions cycliques moins prononcées. D’après les graphiques 15 et 16 nous pouvons dire que les amplitudes des variations du Policy-mix répondent respectivement à une variation de l’écart de production d’ampleur similaire. La faible amplitude du Policy-mix en zone euro pourrait donc être liée notamment à une moindre volatilité de l’écart de production (écart entre la production effectivement observée en t et celle potentielle de l’année t). Nous pouvons donc nous demander à la vue de ce devoir si les variations du Policy-mix européen ne vont pas s’amplifier dans quelques mois du fait de l’appréciation de l’euro qui entraîne une diminution de nos exportations et donc nécessairement de notre production ? Et si les politiques européennes vont réagir en menant une politique de change, pour arriver à une parité euro/dollar ? 8