nETITBS ANNONCES

Transcription

nETITBS ANNONCES
Le Progrès illustre
résumé, après quelques réflexions, elle m "a
*ovt bien laissé l'épouser. Aussi je ne veux pas
.maintenant accorder confiance à son dire quand
e e
" déclare avoir des prétendants possédant
toutes les perfections... Merci bien, chère tante,
• u »e expérience me suffit...
Et se levant, un peu énervée, elle fit quelques
. pas.
• D a n s l'air flottait, l'odeur pénétrante des violettes de Parme, cachées en d'énormes louil'cs
dans les moindres recoins, et dont la nuance
.tendre se fondait harmonieusement avec les
tentures de soie mauve qui capitonnaient les
'aurs, faisant ressembler le boudoir à un énorme
sachet embaumé.
— Irais-jc aux Grillons comme elle le sollicite? murmura-t-elle... Pourquoi pas?
Je ne crains, j e suppose, que tante Yseult me
ntarie malgré moi, et, au moins, j e lui dirai
Une bonne fois mon intention irrévocable de
rester veuve.
Aussitôt elle s'assit devant un minuscule bureau d'ébènc, sous la lueur de la haute lampe
atl
grand abat-jour mauve, qui mettait dans une
.auréole très douce sa gracieuse figure aux longs
yeux pers, au nez finement taillé, à la bouche
butine, faisant ressortir plus éclatant encore
fi
* on teint, d'une finesse et d'une blancheur de
' «acre. Et, prenant une carte à son chiffre, elle
se mit à griffonner quelques mots de remerciement pour l'invitation si aimable dont elle
allait profiter.
La lettre close, rêveuse, Eva demeura troublée malgré elle par ces propositions de inaria
ge constamment renouvelées.
Peut-être avait-elle tort de s'entêter ainsi à
demeurer veuve. Des joies de tendresse, d'intimité, d'affection, sans doute, lui échappaient,
e
t un jour, trop tard alors pour pouvoir y songer, elle les regretterait.
Mais aussitôt, se remémorant les souffrances
^ d u r é e s pendant son union avec le comte de
»allrey, jugeant tous les hommes sur le seul
quelle eût connu, la jeune femme, les bras en
* v ant comme pour se défendre d'une attaque,
energiquement jeta :
*— Non, jamais, jamais!
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'-
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cation de mon fils, répliqua avec calme Eva.
G'est une charge assez lourde pour que je ne
m'embarrasse point encore d'un époux...
— C'est déraisonnable.
•— Pas tant que cela. Vous vous en êtes bien
passée, ma chère tante, et voiis ne vous en porte/,
pas plus mal.
— Moi, c'est différent; j ' a i toujours été trop
occupée à marier les autres pour penser à ma
solitude.
— Eh bien ! oubliez la mienne, j e le désire.
— Oh! le marquis t'adore, il te fera céder.
— Lui? fit Eva, un doute dans la vois, j e ne
crois pas.
Allons donc, allons donc!...
Et la vieille demoiselle, désespérée de cette
résistance, avec de grands gestes, s'éloigna
pour donner quelques ordres, tandis qu'Eva
courait à la recherche du baby qui avait profité
de leur conversation pour s'enfuir.
Depuis deux mois la jeune femme était aux
Grillons, au milieu de nombreux invités que la
bonne demoiselle Yseult essayait plus ou moins
d'accrocher les uns aux autres par les multiples
fils matrimoniaux qu'elle tissait à la journée. Et
depuis qu'elle avait franchi le seuil du château,
Eva se trouvait en butte aux sollicitations de
sa tante et aux déclarations voilées, murmurées
tour à tour par Raoul de Melchède et Jacques
Davanne, séduits tous deux par sa beauté, son
esprit fin et son charme délicat de Parisienne.
Et quelquefois devant tant d'amour, tant de
passion si vraie, malgré ses projets de rester
veuve, elle se sentait troublée, indécise :
Mais, en ces rares moments, une chose surtout l'empêchait de s'avouer vaincue ; le choix
à faire.
<
. . . A qui confier son existence ?... Sur lequel
de ces bras, si gracieusement présentés, devaitelle appuyer la main, pour gravir, ainsi soutenue, le chemin rude de la vie ?
Le marquis de Melchède, s'il n'était bien de
sa personne avec son corps maigrelet, son type
de blondin fadasse, portait du moins un beau
nom etjoignait à ce titre celui d'un homme du
monde accompli.
Jacques Davanne, lui, si le blason lui faisait
défaut, rachetait ce manque do haute, naissance
' VI
par sa fière et mâle tournure, par sa personna— Eh bien ! comment trouves-tu M. de Mel- lité historique.
Ec fermant les yeux, fouillant aux plus proÇuèdc? questionnait M Uo Yseulfc qui, assise dans
fonds replis de son Ame, elle n'y trouvait rien,
, | e parc, à l'ombre d'un tilleul centenaire dont
rien que de l'indifférence*
J^s branches s'élevaient fouillées et impénéPourtant, ne fût-ce que par distraction et se
J^bles, dévidant un écheveau de laine qu'il) va
croyant absolument maîtresse de Ses vibrations
lui tendait.
intimes, Eva résolut de tenter une épreuve dé— Pas mal, ma tante.
cisive
qui lui montrerait le plus réellement
— Gomment pas mal! s'écria la vieille demoiamoureux de ses deux chevaliers.
selle indignée, brandissant son peloton vers le
c 6
Elle connaissait assez la vie pour savoir que
! '; pas mal, le rejeton d'une de nos plus a n C1
le
langage d'amour n'est pas toujours sincère.
*nncs familles !... mais il est très bien.
, ~— Son ami, M. Davanne, est mieux.
VII
r^~— Ma chère enfant, il n'est pas question de
u
&vanne.
Le soir descendait, amenant enfin un peu de
fraîcheur après cette chaude journée sous les
— C'est un artiste de talent, ma tanLe.
voûtes ombreuses du grand parc des Grillons.
,~"~ Oh 1 ce barbouilleur ne compte pas, il
?*st dans l'affaire qu'un repoussoir... j e l'ai •Le soleil semblait s'attarder dans sa chute, emJvitê simplement pour distraire le marquis pen- brasant tout l'horizon d e s e s rayons de pourpre
d'or qui, obliquement pâlis à travers le feuildant ton absence.
lage, venaient mourir sur la mousse verte de
f>a petite comtesse partit d'un éclat de rire
l'allée, faisant des taches claires au milieu de
^ s ' é g r e n a comme un collier de pcflcs :
l'herbe sombre.
"— Ali! ma tante... le pauvre monsieur, sV.
v
°us entendait...
La nature, lentement, s'endormait dans un
calme auguste, dans une grande sérénité qui
._ M1Ic de Montlieu haussant J e s épaules, Eva
c
l'enveloppait tout entière.
°ntinua, taquine :
Inconscient de ces choses, Jacques Davanne,
,."~~ Mais vous avez beau dire, il est bien plus
s'avançait rêveur et, à son approche, les geais
distingué que M. de Melchède.
effrayés, avec des cris stridents, fuyaient, stfns
, " - Malheureuse enfant! tais-toi... ne blasqu'il les entendit.
phème pas, interrompit la vieille fille avec exuéranec. Tu ne vas point, j e pense, te laisser
Il allait, ne pensait qu'à la comtesse de
n
jôler par un peintre quand un marquis te
Vallrey,
^«rtise?...
Oh 1 qu'il e û t voulu la rencontrer l à , dans
ce coin un peu abandonné, et pouvoir, lui
---. Tranquillisez-vous, j e ne m'éprendrai ni
causer un instant sans témoins, lui dire à quel
*1 Un ni de l'autre. Comme j e vous l'ai déjà
€
point il l'aimait, lui demander d'être sa femme.
claré, j e ne veux pas me marier.
Entraîné par sa songerie, il était parvenu
. "?- Mais enfin, pourquoi? fit M1]0 Yseult fuie
sans s'en apercevoir à un rond-point où. pluUse; pourquoi? lu es incapable de le-dire?
sieurs allées venaient aboutir.
Je veux me consacrer entièrement à l'édu-
comme du plomb. Elle pa'ssa dans son cabinet
de toilette et trempa la tête dans de l'eau glacée;
puis, avec des mouvements encore incertains,
elle peigna ses longs cheveux noirs que jamais
une main profane n'avait touchés et elle les
ramassa en une tresse épaisse attachée par une
grosse épingle d'or. Elle enleva cette robe de
velours noir que son pauvre cœur meurtri avait
traînée toute la nuit, et elle revêtit une toilette
de laine noire garnie de jais. Quand elle voulut
attacher son col avec sa broche, un gros trèfle
de perles noires, offert par Laure à l'occasion de
son mariage, elle s'aperçut qu'une perle s'était
détachée... Le trèfle porte-bonheur ne valait
plus rien, le fétiche était brisé.
— Qu'importe les trèfles et les fétiches... se
dit-elle.
Mais cette perle égarée la frappa tellement,
qu'elle dut s'asseoir les jambes cassées. Onze
heures sonnèrent à sa petite pendule d'argent
, et en même temps on frappa discrètement à la
porte.
— Entrez, cria-t-elle faiblement.
César parut, le visage reposé, l'œil clair, la
t^ 8 a ^ a r t ô blafarâe d'un matin d'hiver entrait
mine souriante, prêt à sortir, son chapeau et sa
tiQ m e n t dans la chambre d'Anne ; au dehors,,
ç. ^mière grise et froide noyait le ciel et la canne à la main.
a
— Bonjour ! tu vas sortir ? demanda-L-il de
<i6
° s une teinte plombée, et des lambeaux
sa voix tranquille.
lipw ^&Gs flottaient sur les collines de Pausi— Non... j e ne sais pas, répondit-elle avec
ve«t soufflait violemment et semblait
un geste vague.
^tttrftV * des cendres sur tout le beau paysage
Tous ses nerfs tremblèrent en regardant le
**Po»"'
^ n n e fie l Gva > étonnée de se sentir
e a r
beau
visage du traître, ce visage si calme et si
1 ob- . P c s ces quelques heures do veille dans
serein !
.
'jr^g n ^ - Elle alla vers la fenêtre et recula
— Tu voulais me dire quelque chose? fit-il
'^So e m - e n % c a r s c s y G U X étaient brûlés par
'Omn 1Q et ses paupières étalant lourdes
en fronçant un peu les sourcils.
César décidera de ma vie.
Elle- resta un moment appuyée contre cette
Porte close, image d'un coeur fermé pour tou«otirs, puis elle réunit ses dernières forces pour
j^&agner sa chambre. Là, un autre souvenir
«tendait, mais plus récent celui-ci, — le souïurde la scène avec sa sœur où par trois fois,
• "avait adjurée de renoncer à son mari. Et
/*fbis, l'enfant avait répondu qu'elle ne pou*J* pas, qu'elle ne pouvait pas, qu'elle,ne pou**k pas,
T~ C'est le dernier mot, se dit Amne.
**Ue s'étendit sur son lit sans se déshabiller,
*ou T e rte de sa robe noire comme d'un drap
J'tuaire. Une longue veille commença dans le
d. dans la solitude, dans la ruine de tout ce
e
Ue avait aihné, de tout ce qu'elle aimait ens> «*'•• Elle éteignit sa lumière pour mieux
lm
e r dans la nuit, et les ténèbres e.nvelopa_ n t c e c o r P s douloureux, cette âme agoni-
Brusquement le sable d'un sentier transversal
cria sous des pas.
Le jeune homme, ennuyé d'être surpris cr.
sa- mélancolique rêverie, s'enfonça dans i::i
taillis.
Une minute après, un couple arrivait. S"étant penché pour reconnaître les promeneur;?,
il recula, le visage angoissé, les traits convulsés.
Au bras du marquis de Melchède, Eva de
Vallrey passait.
Leur conversation» semblait fort animée, et
jusqu'à lui la voix claire, toujours un peu moqueuse de la comtesse parvint, répondant à de
Melchède :
— Vous dites m ' a d o r c r . . . Pourquoi alors,
n'aïmerais-je pas qui m'aimo? Seulement.. .
Mais il ne put en entendre davantage, la
brise emportait le reste.
Alors, sortant du fourré, Davanne s'enfuit
désespéré, une sueur glacée aux tempes, sentant au cœur une douleur si vive et. si aiguë,
qu'il croyait étouffer.
A h ! c'était affreux, a h ! c'était, atroce: elle
lui préférait son rival.
Tout ^on beau rêve tendre était évanoui, fini,
anéanti. Il n'avait plus qu'à s'enfuir, qu'à aller
cacher au loin sa désespérance. Et, sans force,
il s'abattit sur le gazon.
Maintenant la nuit déroulait son grand voile
sombre pailleté d'étoiles. Tout dormait. Seul
un chat huant, perché sur un grand chêne, de
son hululement plaintif répondait aux sanglots
de la victime d'amour.
VIII
dre ce que j e souffre... J'avais espéré l'inaccessible... Moi, un simple artiste, devenir l'époux
de M"16 de Vallrey, comtesse et-millionnaire.
insensé que j ' é t a i s ! . . . Un seul homme pouvait
| être aimé de vous ici, de Melchède. Mais il a
i fallu que je surprisse vos confidences pour m'en
apercevoir. Ah! pauvre sot!,..
Une émotion douce envahit l'âme d'Eva en
constatant la profonde passion qu'elle avait fait
naîlre, et elle interrogea, la voix mal assurer :
Enfin, quelle est donc la chose si grave qu-i
vous avez entendue?
— Hélas! le sort impitoyable a voulu que
j'assistasse juste à l'aveu... Gomme vous passiez devant moi, au bras de mon ami, vous d-siez: Pourquoi naimerais-jc
pas qui m\nme?...
Un sourire vint éclairer le profil d'Eva, et
elle répondit:
— Mais, monsieur l'indiscret, ce n'était là
1 que le commencement de ma phrase...
'
Il la regarda anxieux, n'osant croire à une
erreur.
— J'ai terminé ainsi:... Seulement,
monsieur le marquis,' je dois vous avertir loyalement que je suis ruinée par de mauvais
placements, et que mon enfant, et moi nous
serions complètement à la charge de l'homme
qui ni*épouserait.
Déjà Jacques était déçu, el il murmura tristement:
— Cette déclaration n'a nulle importance.
* Vos sentiments pour Raoul...
— Mais, dit-elle impatientée, ces paroles
n'avaient point le sens que vous leur prêtez...
ce n'était qu'une supposition... Quant au marquis, fort ennuyé, et très embarrassé, il m'a
répondu : Madame la comtcsse} je vous adore,
mais jamais ma famille ne consentirait à c«
que j'épousasse
une femme sans dot. Aussi,
malgré mes profonds regrets, je quitterai les
Grillons
demain,,.
— G'est impossible! fit-il indigné, une pareille considération n.'a pu le faire reculer?
— Il a si bien reculé qu'il s'est enfui ce
matin.
Alors, voyant que, pour lui, tout n'était pas
perdu, reprenant courage, Jacques balbutia:
— A h ! si vous me permettiez d'espérer, si
vous vouliez avoir confiance en moi, en mon
talent, j e vous ferai riche, heureuse, votre fili
sera le mien.
Et en proie à toute l'émotion qui le poignaiî
depuis la veille, deux grosses larmes, lentement, roulèrent en ses yeux.
L'enfant, qui jusque-là était resté à jouer à
leurs pieds, indifférent, relevant soudain la tête,
vit les larmes briller sur les joues pâlies d<>
Jacques. Un étonnement se peignit sur sa figura
rieuse et se hissant sur ses genoux :
— Bis, monsieur, pourquoi tu pleures? demanda-t-il.
Et comme Davanne, confus, sans répondre,
cachait vivement son visage:
— Tiens, embrassa maman, ajouta le bébvV.
elle me console toujours quand j ' a i du chagrin.
Et, de ses petits bras, enlaçant sa mère et le
jeune homme, il rapprocha leurs deux tètes.
Jacques n'eut point la force de se dégagor et,
vaincu, il effleura le visage de la jeune femme,
sans qu'elle songeât môme à l'éviter.
Paf un baiser, encore, Eva se trouvait enchaînée, mais cette fois, elle comprenait tout h
charme, toute la poésie de la douce étreinte:
A son tour elle aimait.
Dans le petit salon oriental régnait "une ombre fraîche, et les volets, hermétiquement clos
ne laissaient passer qu'un mince filet lumineux,
courant en une longue traîne droite sur les
nattes de paille.
Eva de Vallrey, tout en surveillant son fils,
qui jouait bruyamment avec un cheval de bois,
se laissait mollement aller sur un canapé, pensant à la conversation de la veille avec de
Melchède et à l'épreuve tentée qui avait si bien
tourné à l a confusion du marquis.
Elle en souriait encore, revoyant la mine
effarée do sa tante quand elle lui avait narré
l'histoire.
Tout à coup, Jacques Davanne, en costume
de voyage, pénétra, prêt à quitter les Grillons.
A la vue de la jeune femme, il fit un soubresaut et voulut se retirer.
Mais elle l'arrêta :
— En vérité, monsieur, on dirait (pie ma
présence vous fait fuir ce salon?
— Oh 1 madame..., balbutia le pauvre garçon, ou contraire... mais...
— Mais quoi?.,, questionna-t-ellc gentiment.
— Je quitte le château... tout à l'heure...
et...
— Ah I vous aussi, fit-elle avec amertume,
vous partez?... M. de Melchède vous a averti,
vous le suivez dans sa retraite?
Le succès do son mensonge, cette fois, lui
causait une véritable désillusion.
— ^ J e n e comprends pas ce que vous voulez
dire, madame, reprit-il. Je pars, n'ayant point
le courage d'assister au bonheur, au triomphe
de mon ami... Ohl ne voyez dans ma conduite
ni jalousie, ni haine; mais j'avais forgé de
telles chimères que mon cœur, tombant du haut
de ses échafaudages, s'estblessé mortellement.
— Oh! interrompit la jeune femme subitement attristée, de quel ton vous dites cela !...
Daniel Riche.
vous avez l'air de souffrir... Asseyez-vous là,
continua-t-elle affectueusement en lui faisant
une place près d'elle sur le canapé, et. contezmoi vos peines.
POUR
— Ne vous moquez point, dit-il vibrant, ce
LES
serait mal, bien mal... Hier, dans le parc, j ' a i
s'adresser à l'imprimerie V'» LÉON DELAROCIU;,
surpris un lambeau de votre conversation avec
85, rue de là République. — Bureaux au i«r —
Raoul.
E n t r é e par la Salle de» Dépêches du G Procrèitn.
—• Et alors?
— Mais vous savez bien, s*exclama-t-il avec
feu, que j e vous aime, et vous devez compren-
IMPRIMÉS '
• —-... Oui.
— Je suis rentré tard... et j e n'ai pas voulu
te déranger... continua-t-il en faisant une cigarette et demandant du regard la permission de
l'allumer.
— T u ne m'aurais pas troublée, répliqua
Anne avec une certaine fermeté.
— Ce n'est pas une chose bien importante, j e
pense ?
— C'est extrêmement grave.
— Comme d'habitude, remarqua-t-il négligemment..
— Je te jure sur la mémoire de ma mère que
rien n'est plus grave, cria-t-elle.
— Grand Dieu I... acte trois, scène quatre !
— Scène finale ! dît-elle sourdememeht en
arrachant quelques perles de jais de sa robe.
— Tant mieux I nous sommes au dénouem e n t alors, le drame était long ?
— Laissons cela, César. Je veux te demander
une grâce. Veux-tu me l'accorder ?
— Demandez, belle dame, et malgré que
vous nq'ayez fermé votre porte au nez, hier soir,
je suis àNvos ordres.
— Je veux cette grâce, César !
— Dis vite, car j e dois sortir.
— Je veux faire un long voyage avec toi.
— Une seconde lune de miel? Cela ne s'est
jamais vu.
— Un long voyage, entends-tu! Un voyage
d'une année (1 Je serai ton compagnon, ton
ami, ton domestique, et nous irons loin, très
loin...
— Et nous emmènerons ta soeur, l'insliLutrice, le chien. le chat, et toute la mnï=nn i
— Nous deux seuls, articula Anne brièw*
ment.
— Ah!
— Que décides-tu?
— J'y penserai 1
— Non, il faut te décider immédiatement.
— Quelle hàtel Une épidémie nous menaça
donc?
— Décide-toi I
— Eh-bien ! non.
Pourquoi? demanda-t-ellé en pâlissant
encore.
— Parce que....
— Dis-moi la raison de ce refus. S
— Je n'ai pas envie de voyager.
— Cela t'a toujours amusé, cependant...
— Plus maintenant. Je suis fatigué, vieux,
et blasé^je préfère rester à la maison.
— Je t'en supplie, partons, allons-nous en
très loin...
— Mais pourquoi veux-tu partir?
(il suivre.)
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