À la rencontre de l`Économie sociale et solidaire

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À la rencontre de l`Économie sociale et solidaire
Métiers
À la rencontre de l’Économie
Sociale et Solidaire
L’Économie sociale et solidaire (ESS) désigne un ensemble de structures d’activités diverses mais
fondées sur des valeurs et des principes autres que la seule finalité du profit. Zoom sur ce champ
économique alternatif notamment en Lorraine.
Périmètre et principes
Le rôle des CRESS
« Dans l’ESS, on parle d’hommes
avant de parler de capital parce
que l’argent est un moyen et non
une fin. La gestion est démocratique : une personne = une voix »
*
notamment pour les jeunes à travers des plateformes numériques d’information et de sensibilisation comme
« JEUN-ESS » ou encore « SAY-YESS ».
** www.achatsresponsablesenlorraine.com.
L
’Économie Sociale et
Solidaire n’est pas un
secteur à part entière,
il est composé par l’ensemble
des coopératives, mutuelles,
associations, ou fondations
qui peuvent toutes relever de
secteurs économiques différents. Le point commun de ces
structures réside en fait dans
le sens même de leurs activités
reposant sur un principe de
solidarité et d’utilité sociale.
explique Solène Baï, chargée
de développement à la CRESS
Lorraine. Les structures de
l’ESS ne fonctionnent toutefois pas en vase clos : elles
sont également prises dans
des rapports de domination
socioéconomiques et, dans
certains cas, entretiennent
des liaisons économiques ou
financières au-delà du champ
de l’ESS.
Si la loi n°2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l’Économie
Sociale et Solidaire introduit
la possibilité pour certaines
entreprises commerciales de
relever du champ de l’ESS, elle
encadre néanmoins l’utilisation des bénéfices qui peuvent
être réalisés : le profit individuel est proscrit et les résultats
doivent être obligatoirement
réinvestis dans la structure.
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Les Chambres régionales de l’économie sociale et solidaire (CRESS) sont des associations de loi
1901 ayant pour vocation de réunir les différents réseaux de l’ESS. Leur mission s’articule autour
de trois grands objectifs : structurer et représenter l’ensemble des membres de l’ESS, accompagner le développement des entreprises et des filières relevant du champ, et faire connaître l’ESS
auprès du grand public*. La coordination des réseaux de l’ESS est d’autant plus nécessaire que
les structures connaissent une grande diversité, à la fois en termes de taille, de statuts, comme
de secteurs concernés.
En Lorraine, la CRESS compte 4 salariés et mène différentes actions tout au long de l’année.
Depuis 2008, elle organise chaque année en novembre le « Mois de l’ESS » (projet décliné dans
chaque région simultanément) et d’autres initiatives autour du travail et de l’emploi. Elle vient de
lancer, en partenariat avec la Région, le portail « Achats responsables en Lorraine »** qui vise à
promouvoir le secteur tout en favorisant la mise en relation des acteurs de l’ESS avec les particuliers, les entreprises et les collectivités publiques.
La reconnaissance récente de ces entreprises au
sein de l’ESS n’est pas sans conséquence sur les
associations chargées de l’insertion, notamment
en termes de concurrence.
Principaux secteurs de l’ESS
Les structures de l’ESS sont présentes dans de
nombreux secteurs d’activités : action sociale
(par exemple pour l’aide à domicile ou encore
l’hébergement médicosocial), activités financières (banques coopératives et assurances
mutualistes), arts et spectacles, information et
communication, sports et loisirs (clubs, fédérations), activités de santé (prévention, activités physiques adaptées), industries (SCOP),
enseignement et éducation, agriculture
(AMAP), transports, hébergement, restauration, etc. Potentiellement, l’ensemble des
secteurs d’activités peut être concerné par les
valeurs et les principes de l’ESS.
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
En plus des secteurs historiques de l’ESS, de
nouvelles initiatives voient le jour ces dernières
années : que cela soit dans celui de l’énergie
renouvelable, de l’écoconstruction, du financement coopératif ou encore du développement
de moyens de transport alternatifs (vélo, autopartage, covoiturage, etc.), l’ESS conquiert
toujours plus d’espaces qui répondent à la fois
à des besoins économiques et à des aspirations
sociales.
En Lorraine, une des spécificités de l’ESS réside
dans une part plus importante d’associations
relevant du secteur de l’action sociale que dans
le reste de la France. Cette tendance peut s’expliquer à la fois par une demande plus forte, mais
aussi par une politique régionale plus volontariste en matière de développement de ce secteur.
L’ESS, grâce aux différentes ressources des acteurs locaux, possède un potentiel
pour le développement de nombreuses innovations socioéconomiques en Lorraine,
à l’image des circuits courts, du tourisme solidaire sur le territoire de Briey,
de l’économie circulaire en Terres de Lorraine ou encore de l’incubation de projets liés
à la jeunesse et au numérique et de pépinières d’entreprises sur Nancy-Couronne.
Cependant, ce potentiel n’est pas toujours mis en action, dû à un manque
de coordination et de moyens humains et financiers au sein des territoires1.
Métiers
Chiffres clés de l’ESS en Lorraine2 (Données INSEE-CLAP 2012)
9,3 %
des établissements employeurs
lorrains privés et publics soit
6 342 établissements employeurs
70,1 %
des emplois occupés
par des femmes
11,5 %
de l’emploi salarié total
(public et privé) régional2
soit 79 569 salariés
77 %
CDI
de CDI
57 %
des salariés ont plus de 40 ans
Emplois, métiers, formations
Au niveau national, le nombre de salariés dans
l’ESS s’est accru de 25 % depuis 2000 pour
atteindre 2,4 millions en 2013 (INSEE-CLAP).
Malgré une légère baisse en 2011 et 2012,
l’emploi s’est maintenu et a même progressé
depuis la crise financière de 2008, avec un taux
de croissance annuel moyen de +0,8 % entre
2008 et 2013 pour l’ESS contre -0,2 % pour le
reste de l’économie. Les associations sont les
premiers employeurs de l’ESS avec 78 % des
emplois, suivies par les coopératives (13 %).
© Shutterstock
Cette part importante des associations
explique en partie que la rémunération moyenne
dans l’ESS à temps de travail équivalent reste
inférieure de 8 % à celle du reste de l’économie
régionale.
D’ici à 2020, Le Conseil national des chambres
régionales de l’économie sociale et solidaire
(CNCRES) estime que l’ESS proposera
600 000 postes à renouveler en France en raison
des départs en retraite, auxquels s’ajouteraient
les créations nettes d’emplois, notamment du fait
du dynamisme du secteur associatif qui dépend
pour beaucoup du bénévolat de leurs membres3.
Un des enjeux majeurs de l’ESS réside dans
la sécurisation des parcours professionnels,
en particulier dans les petites structures qui
peinent parfois à stabiliser leur main d’œuvre.
Par ailleurs, l’ESS compte trois formations universitaires spécifiques en Lorraine, de niveau
Master et professionnalisantes. Elles concernent
les Métiers de l’insertion par l’activité économique (MIAE), la Conduite de projets et le
développement des territoires (PROJTER) ou
encore l’Administration économie et sociale,
parcours entreprise sociale (AES-ES).n
Plus d’informations sur les formations :
www.lorpm.eu
Par Julien Dufour / GIP LorPM
Pour aller plus loin :
- CNCRES (2015) « Panorama de l’Economie Sociale
et Solidaire en France ».
- AVISE (2015) « Mode
d’emploi. L’Economie
Sociale & Solidaire en
région ».
Pablo Parra, doctorant en sociologie
au Laboratoire Lorrain de Sciences
Sociales, 2L2S-Université de Lorraine.
2
En Alsace, Champagne-Ardenne,
Lorraine, l’ESS concerne 198 500
salariés, soit 11,3% de l’emploi salarié total, cf. INSEE Analyses Champagne-Ardenne, « Plus d’un salarié
sur dix de la nouvelle région ACAL
dans l’ESS en 2013 », n°15, novembre
2015.
3
On estime à 12,5 millions le nombre
de bénévoles associatifs en France en
2015, cf. Recherches et Solidarités,
« Les associations face à la conjoncture », 2015.
1
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
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