Antarctique : la fonte des glaciers serait irréversible

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Antarctique : la fonte des glaciers serait irréversible
Antarctique : la fonte des glaciers serait irréversible
Les scientifiques de la NASA et de l’institut Potsdam craignent leur rupture "relativement
soudaine", ainsi qu’une montée des eaux à "trois mètres"… même si actuellement
l’augmentation des chutes de neige accroisse le volume de la calotte glaciaire.
Où en sont les glaciers ?
Ça chauffe pour les glaciers de la mer d'Amundsen, Ils ont déjà fondu de 20 %. relevait la revue
Science, au printemps. L'Institut allemand Potsdam, l'une des références mondiales sur la recherche
climatique, va plus loin : ces glaciers ont "probablement déjà été déstabilisés".
Risquent-ils de se briser ?
Il ne fait pas bon titiller un glacier. Une fois les masses de glace perturbées, elles continuent à
"travailler", à craquer. Faisant craindre "une rupture relativement soudaine".
Est-il déjà trop tard ?
Les chercheurs estiment que "soixante ans de fonte des glaces au rythme actuellement observé
dans l'Antarctique suffisent pour déclencher un processus irréversible qui perdurera pendant des
centaines ou des milliers d'années". Pour la Nasa (agence spatiale américaine), il ne fait plus de doute
que ces glaciers, comme ceux de la barrière de Larsen, risquent alors "une désintégration complète".
Et s'ils s'effondrent ?
En se déversant dans l'Océan, la glace "provoquera une élévation du niveau de la mer d'environ
trois mètres", prévient Johannes Feldmann de l'institut Potsdam. Ce scénario catastrophe n'est pas pour
demain : "Le processus sera long, mais il a déjà probablement commencé".
Pourquoi une montée des eaux ?
Le niveau des océans monte d'environ trois millimètres par an depuis vingt ans. Cette élévation est
générée pour deux tiers par la fonte des calottes polaires et des glaciers. Et pour un tiers par la
dilatation des océans. Le volume de la mer croit sous l'effet de la hausse des températures.
La neige à l'est de l'Antarctique est-elle une bonne nouvelle ?
À court terme, oui. Les relevés satellites de la Nasa pointent un phénomène jamais observé, à l'est
et au centre-ouest : la neige qui s'y accumule depuis 10 000 ans permet de gagner plus de glace qu'elle
n'en perd, du fait du réchauffement. La calotte glaciaire a ainsi gonflé de 112 milliards de tonnes de
glace par an (de 1992 à 2001), avant de retomber à 82 milliards de tonnes (de 2003 à 2008). Cette
découverte laisse les chercheurs de l'Institut Postdam perplexes. Pour eux, la perte de glace est
générale, même si elle est plus marquée à l'ouest. Même écho du Groupe d'experts intergouvememental sur l'évolution du climat (Giec). En 2013, ils assuraient que la glace avait diminué de
147 milliards de tonnes, de 2002 à 2011.
La glace pour sauver les glaciers ?
Non. Car le réchauffement climatique accélère dangereusement sa fonte. "Les chutes de neige ne
suffiront plus à compenser ces pertes dans vingt ou trente ans", note Jay Zwally, chercheur de la Nasa.
Quelles conséquences ?
D'ici à 2050, 250 millions de réfugiés climatiques pourraient être contraints de fuir leur région,
inondée. Cette montée des eaux signera aussi la disparition de surfaces agricoles, comme dans le delta
du Nil, en Egypte, ou le long des Sundarbans, au Bangladesh. De quoi déclencher de nouvelles crises
alimentaires.
(d’après Cécile Réto, Ouest-France, 4 novembre 2015)

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