Le rap pour enseigner l`anglais dans le 93

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Le rap pour enseigner l`anglais dans le 93
Le rap pour enseigner l'anglais dans le 93
Casquette à l'envers, « Vi », le prof d'anglais, distribue aux élèves les paroles de la chanson au
programme du cours: « The Fire » du groupe américain The Roots,
un rap engagé, une manière novatrice d'enseigner l'anglais en Seine-Saint-Denis.
Ecrire un rap en anglais.
« That's good rap, isn'tit ? », demande de son vrai nom VivaddhanaKhaou, franco-cambodgien,
à la dizaine d'élèves dans une salle du club de football américain des Flash de La Courneuve.A
l'aide d'un rétroprojecteur, le jeune professeur, membre de l'association « one, two, three... rap
», diffuse le clip du mythique groupe avec les sous-titres, avant d'expliquer, « in english of course
», l'histoire de The Roots.
Un peu de grammaire, un peu de vocabulaire et un peu de lecture pour ces élèves âgés de 11
à 19 ans.« On a plus envie d'apprendre à travers la musique », explique Franck, 14 ans. « Et
puis au collège, je dois enlever mon bonnet en classe
», s'amuse-t-il.Après l'étude de texte vient le moment tant attendu. Les élèves doivent écrire un
rap en anglais avec des rimes, autour du thème de la « passion
».
« Vi » lance un « beat » (fond musical) qui résonne dans la salle de classe. En cercle, chacun
essaye à tour de rôle de se lancer dans la scansion, avec plus ou moins de réussite. Mais
même pour ceux qui bafouillent, les encouragements sont là. « Yes I likeit
!
», félicite
Vi après le rap de Matthieu, charmante petite tête blonde de 11 ans.
« J'ai toujours aimé le hip hop et l'anglais », explique Anthony Mahoungou, 19 ans, aux faux
airs de Will Smith, qui a disputé la Coupe du monde juniors de football américain au Texas en
2012. « Dans le club, tous les jeunes rêvent d'aller aux
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US et on sait qu'il faut bien parler anglais. C'est une bonne manière de se perfectionner
», ajoute-t-il, pas peu fier d'avoir eu 14 au bac en anglais.Le dernier atelier doit permettre de
révéler son talent d'improvisation. Sur le tableau, Vi inscrit des mots qui riment avec les
prénoms: « Franck=Bank/Daoud=Hollywood/Anthony=Melody...
». Pas forcément évident de faire un rap cohérent, mais là aussi, la bonne humeur est au
rendez-vous.
Une idée qui séduit les jeunes.
« Le but de l'asso est de les mettre à l'aise avec l'anglais pour qu'ils n'aient pas honte de parler
», explique « Vi
», professeur bénévole de 26 ans, qui choisit des « chansons de rap avec des messages
», récusant les plus salaces ou provocantes comme celles de SnoopDogg.
A l'origine du projet: Audrey Noeltner, 26 ans, née d'une mère française et d'un père américain,
diplômée de Sciences-Po et amatrice de hip-hop. « Je donnais des cours de soutien scolaire à
des jeunes dans le XVIIIe à Paris et j'avais du mal à les motiver, explique-t-elle. Ils me disaient
+c'est nul l'anglais, ça sert à rien+. J'ai pensé qu'avec le rap ça pouvait marcher et on a décidé
de monter l'association, d'abord dans ce club de football américain, où j'ai été la première
femme licenciée
».Une idée qui a tout de
suite plu à la direction de l'équipe de football américain, « conscient du rôle social que le Flash doit jouer dans la ville
», glisse Bruno Lacam-Caron, manageur général du club.
Aussi, depuis septembre 2012, une dizaine de professeurs donnent des cours gratuits d'anglais
à La Courneuve, mais aussi à Saint-Ouen et dans le nord de la capitale.« Il y a beaucoup de
choses qui se montent dans le monde entier par le biais du rap
», rappelle Audrey Noeltner, de retour d'un un symposium à Harlem sur le hip-hop et
l'éducation. « Aux Etats-Unis, ils se servent du rap pour enseigner la chimie et même pour réciter du
Shakespeare, car sa rythmique se prête bien au hip-hop
», glisse-t-elle.
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Photo principale: des élèves entre 11 et 19 ans assistent à un cours d'anglais, basé sur les
paroles d'une chanson rap, le 11 décembre 2013 à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis ©
AFP/Archives Benjamin Massot
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