pardon – chemin de guerison

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pardon – chemin de guerison
LE PARDON – CHEMIN DE GUERISON
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LE PARDON – CHEMIN DE GUERISON
Le pardon-chemin de guérison
Sommaire
LE PARDON : CHEMIN DE GUERISON ......................................................... 3
A. LE RESSENTIMENT ..................................................................................... 3
LE CONTEXTE ...................................................................................................................... 3
LE RESSENTIMENT ............................................................................................................. 4
LA VENGEANCE .................................................................................................................. 5
LES TENSIONS INEVITABLES ............................................................................................ 5
B. ETABLIR LA PAIX ........................................................................................ 6
1. LEVER LE MALENTENDU ............................................................................................ 10
2. OBTENIR REPARATION ................................................................................................ 12
3. EXPRIMER SA SOUFFRANCE ....................................................................................... 14
4. PRATIQUER L’EMPATHIE............................................................................................. 17
5. CHANGER DE PERCEPTION ......................................................................................... 18
6. NE PAS JUGER ................................................................................................................ 20
7. ENTRER DANS LA COMPASSION ................................................................................ 22
8. REMERCIEMENT ............................................................................................................ 25
9. PRENDRE 100% DE RESPONSABILITE ........................................................................ 29
C. L’EXTERIEUR REFLETE L’INTERIEUR ................................................ 32
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LE PARDON : CHEMIN DE GUERISON
Université de Paix à Namur (Belgique) a proposé une session de formation « Le pardon:
Chemin de guérison » avec Paul-Henri CONTENT, axée sur la pratique de l’acceptation, du nonjugement et du pardon.
Le thème du pardon s’avérant particulièrement vaste, l’objectif du présent E-book se
limite à saisir les grandes lignes, sans prétendre épuiser la complexité du sujet.
A. LE RESSENTIMENT
Avant de parler du remède, commençons par étudier quelque peu la maladie à
laquelle il s’applique, à savoir, le ressentiment.
LE CONTEXTE
Posons d’abord le contexte: vous avez vécu une expérience douloureuse, plus ou
moins longue, plus eu moins intense, ponctuelle ou répétée et vous en attribuez la
responsabilité à autrui, vous vous sentez blessé, victime de malveillance, offensé,
vous perdez votre paix intérieure et vous entrez dans la colère, la rancune, voire la
haine.
A ce stade, plusieurs options s’offrent à vous : vous pouvez refouler vos
sentiments, les nier et les retourner inconsciemment contre vous, à peine ont-ils
effleuré votre conscience qu’ils se transforment en vague malaise, angoisse, culpabilité
ou désespoir.
Vous pouvez garder la mémoire de l’événement et de la rancœur qui en découle,
l’alimenter, la ressasser, la ruminer et entretenir un désir morbide de vengeance, sans
rien actualiser pour autant et maintenir, en façade, une relation apparemment
inchangée ;
Vous pouvez encore riposter de différentes manières, faire mal en retour,
interrompre la relation, faire regretter à l’autre son comportement négatif ou vécu
comme tel.
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Ce n’est pas le lieu pour aborder la dynamique complexe et les raisons du
refoulement. Notons simplement pour notre propos, qu’elle se superpose de toute façon
à celle de la rancune, laquelle est sous-tendue par différentes intentions positives.
LE RESSENTIMENT
Quelles sont donc les bonnes intentions du ressentiment actif ou passif ?
En premier lieu, le désir secret d’obtenir réparation, un minimum d’empathie pour
votre douleur, des regrets, des excuses, voire une simple prise de conscience de
la blessure infligée ou une compensation plus importante, qui permette d’effacer la
« faute » et par conséquent le ressentiment.
En effet, si ce désir était rencontré, la colère fondrait comme neige au soleil et vous
seriez assez rapidement prêt à la réconciliation. Néanmoins, si rien d’actif et
d’intentionnel n’est fait dans ce sens, la situation demeure.
En second lieu, l’intention positive est de chercher à empêcher l’autre de
recommencer, par exemple, en rompant la communication. Vous allez bouder ou
simplement couper les ponts. On entendra le refrain suivant : « Je ne lui parle plus, je
ne veux plus le voir, je ne veux même plus en entendre parler ».
Notons au passage que ce comportement lui-même est destiné à montrer l’importance
du dommage causé : la première intention mentionnée est toujours présente.
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LA VENGEANCE
Mais vous pouvez aussi décider d’entrer activement dans la vengeance en vous
employant à infliger a autrui un tort équivalent à celui que vous avez reçu, dans le but
toujours plus caché de lui faire comprendre à quel point il vous a blessé, espérant
encore l’éveil de quelque remord, ou dans le but plus intentionnel de le punir pour
décourager en lui toute envie de recommencer, espérant qu’il changera son
comportement à force de renforcements négatifs, en tonnant d’ailleurs pour l’occasion le
couplet : « Ca lui apprendra ! ».
Ici, la notion d’honneur intervient, venant encore compliquer les choses.
En effet, laisser une faute impunie pourrait impliquer qu’on est incapable de se
faire respecter par peur du conflit. L’étiquette « lâche » serait brandie, la valeur
personnelle pourrait être hypothéquée.
Laver l’offense par la vengeance peut sembler alors le seul moyen qui reste pour
maintenir ou restaurer sa dignité.
Dans certains cas, il s’agit seulement de se réhabiliter à ses propres yeux,
indépendamment des jugements extérieurs.
LES TENSIONS INEVITABLES
Nous voyons ici combien ces « bonnes intentions » peuvent être imbriquées dans un
système de croyances relatif aux valeurs personnelles, culturelles et/ou sociales.
Mais quelles que soient les intentions positives, en réalité, ces différentes options
posent problème à la personne qui les adopte car elles sont toutes destructrices à un
certain degré.
Le refoulement et la rumination entraînent un niveau permanent de tension, une
accumulation de stress intense et peuvent déboucher sur des ruptures d’équilibre
psychique et/ou psychologique relativement graves (névrose, dépression, ulcères,
cancers…).
L’harmonie intérieure se perturbe graduellement chez l’offensé, indépendamment
de toute interaction réelle et ultérieure avec l’offensant.
La vengeance, quant à elle, débouche la plupart du temps sur une véritable
guerre relationnelle pénible et douloureuse.
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En effet, lorsque vous faites regretter à l’autre ce qu’il vous a fait, vous le mettez
immanquablement en position de vous en vouloir en retour et de se sentir justifié de se
venger de votre vengeance et c’est l’escalade de la haine qui appelle la haine.
Où s’arrête ce cercle vicieux déchirant ?
Et quel en est le bénéfice, au-delà qu’une intense stimulation relationnelle ?
Remarquons que la plupart des guerres entre nations ne sont possibles que par le jeu
de ces mécanismes psychologiques dont découlent les motivations des individus qui y
participent.
B. ETABLIR LA PAIX
La question se pose de savoir s’il existe une alternative constructive qui puisse être
choisie quand vous vous trouvez victime d’un dommage que vous estimez causé par
autrui.
Comment faire pour rétablir la paix en vous et éviter toute la négativité inhérente à la
dynamique définie plus haut?
C’est ici que le processus du PARDON intervient en tant que moyen radical de
guérison.
On peut le définir comme une transformation libératrice qui s’opère à la fois sur le
plan mental et sur le plan émotionnel, le premier conditionnant l’autre.
En effet, dans la plupart des cas, c’est la signification que nous donnons à la
situation vécue qui induit notre rancune et non l’inverse.
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Pardonner va ainsi consister à transformer graduellement dans un sens positif
l’image que vous avez de l’autre et de ce qu’il vous a fait, de telle sorte que vous en
arriverez à lâcher le ressentiment et à le remplacer par de l’amour, ce qui ne
manquera pas de restaurer la sérénité intérieure qui était perturbée.
Pardonner, c’est donc changer sa vision, ses croyances concernant l’offensant, le
faire passer du statut d’ennemi au rang de frère humain, peinant tout comme soi sur
son chemin d’évolution et faisant du mieux (ou du moins mal) qu’il peut avec son histoire
personnelle.
Dès lors, la tension devient soulagement, la haine se transforme en compassion,
le rejet en l’acceptation et le désir de vengeance en une occasion de grandir.
Soulignons aussi, dès maintenant, un point essentiel dans cette acceptation du terme :
nous ne pardonnons pas pour obéir à un quelconque impératif moral ou religieux, nous
pardonnons pour nous faire du bien, pour nous guérir.
La personne qui pardonne le fait d’abord et avant tout pour elle-même plutôt que
pour autrui, même si, par ailleurs, autrui ne peut que bénéficier des conséquences
positives de la démarche.
Ajoutons encore que ce travail de transformation est purement interne et vise à
retrouver la paix du cœur par rapport à une personne que nous rejetons et ce, quel
que soit le comportement de cette personne à notre égard.
On peut pardonner dans le fond de soi-même à quelqu’un qui continue à nous
haïr.
Bien qu’il en soit la condition, le préalable nécessaire, le pardon n’implique donc
pas forcément la réconciliation, qui consiste à restaurer l’harmonie dans une relation,
ce qui ne peut être fait sans la collaboration volontaire des deux parties en présence.
Après en avoir donné une définition générale et avant d’aller plus loin dans l’analyse
et la description du processus du pardon qui s’étend sur plusieurs étapes successives,
voyons ce que pardonner n’est pas, car de nombreuses confusions existent à cet
égard.
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PARDONNER N’EST PAS….

Ce n’est pas occulter le ressentiment (« Je suis gentil, je ne t’en veux pas/ou
plus »), option refoulement, déni.

Ce n’est pas laisser l’autre nous faire n’importe quoi sans poser de limite à ses
comportements (« Je t’aime tellement, j’accepte tout de toi »).

Ce n’est pas lutter contre le ressentiment et s’en culpabiliser (« Un bon chrétien
doit toujours pardonner »).

Ce n’est pas tenter d’oublier l’événement (« Allez, n’en parlons plus »).

Ce n’est pas trouver à l’autre de bonnes raisons de faire ce qu’il a fait et tenter de
le justifier, de l’excuser (« Je ne peux pas lui en vouloir, le pauvre »).

Ce n’est cas se contenter de renouer tout en restant blessé et en continuant de
culpabiliser l’autre plus ou moins ouvertement (« Je te pardonne, mais je
n’oublierai quand même jamais »).

Ce n’est pas effacer l’ardoise à condition de recevoir (« Si tu verses autant de
dommages et intérêts, je veux bien laisser tomber »).

Ce n’est pas passer l’éponge avec un zeste de mépris si l’autre accepte de
s’humilier devant nous, ce qui est une forme subtile de vengeance (« Si tu me
fais tes plus plates excuses, je daignerai peut-être te réhabiliter »).
Certains prennent ces impostures (fausses apparences) pour du vrai pardon.
Soyons vigilants et ne nous y trompons pas, aucune des possibilités ci-dessus ne
conduisent à une paix du cœur durable, ni à la capacité d’éprouver pour l’offensant et
son offense une véritable acceptation inconditionnelle.
Le travail qui permet d’en arriver là ne se fait pas en un jour.
C’est un véritable cheminement initiatique qui fait grandir l’être.
Nous avons à présent défini le pardon comme un processus de transformation
libératrice qui permet de modifier graduellement l’image de offensant de telle sorte
qu’on en arrive à refuser la rancune pour la remplacer par l’amour.
Ce chemin se déroule en sept étapes bien définies pour chacune menant à la
suivante et nulle d’entre elles ne pouvant être évitée.
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C’est une progression toujours plus profonde dans la prise de conscience de soi,
la responsabilisation et l’acceptation de ce qui est.
Dès le départ, soyons clairs: il ne s’agit pas d’un voyage d’agrément qui peut
s’effectuer en un tournemain.
Ce travail est exigeant, il demande du courage, de la détermination et surtout du
temps (de quelques mois à quelques années selon les rythmes d’évolution et les
résistances individuelles).
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1. LEVER LE MALENTENDU
Bien souvent, nous nous sentons blessés par autrui sur base d’une simple erreur
d’interprétation. Ce n’est pas le comportement d’autrui en tant que tel qui nous fait mal,
mais plutôt le sens que nous lui donnons, l’intention malveillante que nous lui prêtons.
Illustrons ce propos par un exemple :
Nous nous promenons dans un parc par une belle après-midi d’automne, nous
croisons un groupe d’enfants délurés et, à peine sont-ils passés, nous recevons un
marron sur le crâne.
Voyant ces petits voyous rigoler, nous sentons la colère monter et nous apprêtons à
les réprimander vertement quand nous recevons un second marron sur l’épaule cette
fois.
Nous levons les yeux et nous apercevons que les marrons tombent du marronnier
sous lequel nous nous sommes arrêtés. Les gosses n’y sont rigoureusement pour rien.
Il y a maldonne.
Notre colère tombe instantanément et nous avons nous-mêmes envie de rire.
Faute d’avoir eu le courage d’un dialogue franc et direct à propos d’un problème,
certaines personnes sont restées en froid pendant des années alors qu’objectivement
aucun tort n’avait été causé à qui que ce soit et qu’il s’agissait seulement de
fantasmes, de projections malheureuses, d’idées fausses déformant involontairement la
réalité.
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Au vu de ce qui précède, avant d’entamer un travail de pardon, si cela s’avère encore
possible, on a tout intérêt à vérifier d’abord s’il y a vraiment quelque chose à
pardonner en donnant la parole à l’autre et en lui permettant non pas de se justifier,
mais tout simplement de s’expliquer, ce qui peut parfois suffire à corriger la perception
erronée dont le ressentiment découle.
Communiquer clairement nous facilite souvent la vie, ne nous en privons pas.
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2. OBTENIR REPARATION
Rappelons que l’intention positive primordiale de la rancœur est le désir d’obtenir
réparation pour le dommage enduré.
Il n’est pas rare que l’autre nous ait blessé sans même s’en être aperçu, sans en
être conscient.
Une maladresse, une négligence, une méconnaissance, un acte manqué ou tout
autre comportement inadéquat ayant des conséquences négatives pour nous, peut
s’avérer téléguidé par une programmation totalement inconsciente chez l’autre.
Il s’agit dès lors de conditionnements qui échappent à toute intention volontaire et
délibérée et dont les effets néfastes ne sont nullement souhaités par celui qui les
produit, même s’il en est néanmoins bel et bien responsable.
Dans cette hypothèse, il ne serait pas juste de lui tenir rigueur de quoi que ce soit
avant de l’avoir clairement informé des tenants et aboutissants de la situation qu’il a
contribuée à générer.
Si nous l’aidons à voir le tort qu’il nous a causé en mettant honnêtement cartes
sur table et en nous montrant vrais dans nos sentiments et nos attentes, il y a fort à
parier qu’il nous proposera spontanément de nous dédommager, regrettant de nous
avoir nui d’une manière ou d’une autre.
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Il peut également arriver que l’autre soit parfaitement au courant de ce qu’il nous a
fait et de ce que ça a impliqué pour nous comme désagrément.
Peut-être même est-il réellement désolé et aurait-il sincèrement voulu que cela ne soit
pas arrivé?
Auquel cas peut-être n’ose-t-il pas faire le premier pas par peur d’un rejet et attend-il
avec impatience un feu vert de notre part?
Quoi qu’il en soit, avant de prendre le chemin du pardon, il est utile de nous demander
en notre âme et conscience si nous avons bien fait tout ce qui est en notre pouvoir pour
offrir à l’autre l’occasion de se racheter.
Ne sommes-nous pas nous aussi retenus quelque part par nos fausses pudeurs et
nos peurs du conflit à traiter plutôt qu’à éviter?
Avons-nous vraiment pris le risque de la transparence en révélant à l’autre ce que
nous vivions et ce que nous espérions secrètement recevoir de lui?
En réalité, le véritable pardon au sens où je l’entends ici ne commence que
lorsque l’autre nous signifie définitivement une fin de non-recevoir et refuse
absolument de reconnaître ses torts, de s’excuser et de réparer le mal qu’il nous a
fait.
N’allons toutefois pas encore trop vite pour conclure par la négative, car une
résistance apparente chez l’autre peut vouloir dire simplement qu’il teste
inconsciemment notre bonne foi et vérifie qu’il n’a pas à craindre une vengeance
cachée.
Il n’est pas toujours inutile d’insister quelque peu.
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3. EXPRIMER SA SOUFFRANCE
Quand nous avons eu à souffrir du comportement d’autrui, que nous voulions ou non,
nous éprouvons une certaine quantité de colère à son égard plus ou moins grande
selon l’ampleur de notre blessure.
Quelque chose de beau qui touche à notre intégrité a été atteint, voire même saccagé
en nous et les émotions négatives parfois intenses (rancune, haine, désir de
vengeance) qui nous habitent alors sont des réactions normales, inhérentes à notre
humanité et sont sous-tendues par des intentions positives.
Ces réactions ont néanmoins un effet potentiellement destructeur et c’est
précisément de cela que nous avons besoin de nous libérer en les transformant.
Or nous ne pouvons transformer que ce que nous connaissons bien et que nous
avons d’abord totalement accepté en nous-mêmes.
Il nous faut donc avant tout sentir à fond la pleine mesure de notre ressentiment
pour être ensuite à même de le lâcher véritablement.
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Il est absolument impossible de pardonner en profondeur sans avoir apprivoisé
et exprimé complètement toute la rage qui nous ronge de l’intérieur.
La fonction première de l’émotion est de nous donner de l’énergie pour agir et faire
changer notre environnement dans un sens plus satisfaisant.
Une mobilisation énergétique non utilisée en action se doit d’être déchargée d’une
manière ou d’une autre sous peine de déséquilibre dommageable pour la santé au sens
large du terme.
La pire des choses que nous puissions faire avec notre colère est donc de nous
en couper, de la nier, de la refouler.
C’est un peu comme si nous mettions le feu dans une corbeille à papiers et que nous
l’enfermions ensuite dans une armoire sans plus nous en occuper.
De plus, les émotions négatives non traitées sont comme de gros nuages dans un ciel
bleu. Ils nous empêchent de voir le soleil, ils enferment notre cœur dans un carcan qui
entrave sérieusement ses capacités à éprouver l’amour et la joie.
Refuser nos émotions, c’est refuser la vie en nous.
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Nous pouvons admettre nos côtés sombres sans pour autant leur permettre de faire
n’importe quoi et exprimer notre colère sans agresser personne, sans attaquer, sans
émettre de comportement destructeur.
Pour dire vraiment oui en profondeur, il faut d’abord dire oui ou non, sans quoi la
situation reste bloquée.
Si nous disons non, c’est parce que nous avons mal et quand la colère est dégagée
nous rencontrons immanquablement notre douleur, douleur du manque, douleur de la
perte dont nous accusions l’autre d’être responsable.
A ce stade, notre bois étant consumé, notre attention ne se porte plus tant sur le soidisant coupable que sur la douleur elle-même et la nécessité de l’intégrer.
Si j’ai perdu mon ami dans un accident de travail, le fait que sa mort soit due à une
négligence humaine plutôt qu’à une défaillance technique n’a finalement qu’une
importance fort relative, l’important c’est qu’il n’est plus là et que j’en crève.
Le venger ne lui rendra pas la vie. Cela n’aurait pas plus de sens que d’aller démolir
un ordinateur responsable d’une erreur.
Il n’est pas rare que certaines personnes offensées restent accrochées obstinément à
un désir de vengeance pour éviter de ressentir vraiment toute l’ampleur de leur douleur
considérée comme invivable.
Notons au passage qu’il s’agit là d’une croyance, car aucune douleur n’est invivable et
une fois de plus, c’est en acceptant de la ressentir et de l’exprimer pleinement que
l’on s’en libère.
C’est aussi bien sûr ce qu’il convient de faire pour clôturer la présente étape de notre
voyage.
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4. PRATIQUER L’EMPATHIE
Dans la plupart des cas, l’expression émotionnelle ne suffit pas à retrouver une paix
durable.
Encore faut-il changer le sens que nous donnons à ce que nous avons vécu, sans
quoi nous risquons d’éprouver un soulagement temporaire mais pas définitif, car notre
mental réalimente la rancœur qui se réinstalle progressivement et nous nous retrouvons
sans cesse à la case départ.
Certains bouclent ainsi un cycle colère/décharge sans jamais en voir la fin avec pour
seul résultat que le problème se renforce au lieu de se résoudre.
C’est l’écueil majeur de certaines thérapies émotionnelles mal comprises qui
négligent l’importance fondamentale du pardon dans le processus de guérison.
Attachons-nous donc à présent à transformer vraiment l’image de celui qui nous a
blessé de telle sorte que ce qui génère la négativité dont nous voulons nous libérer
s’évanouisse complètement.
En général, le comportement de l’autre à notre égard nous est d’autant plus difficile à
accepter que nous ne le comprenons pas. Nous avons tendance à l’attribuer à la
malveillance, à la mauvaise volonté, à la mauvaise foi, à une intention délibérée de nous
faire du tort.
Nous définissons dès lors l’autre comme mauvais, méchant, nous le jugeons
négativement et le plus souvent nous ne rejetons pas seulement son acte mais
toute sa personne. C’est pourquoi il est capital de faire une distinction nette entre l’acte
et celui qui le pose.
La philosophie de base qui sous-tend cet article pose comme axiome que tout être
humain a sa valeur intrinsèque par le simple fait d’exister et ce quoi qu’il fasse ou quoi
qu’il ait fait.
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Nous sommes tous imparfaits, incomplets et inachevés, nous aspirons tous au
bonheur et à la paix et nous faisons tous des erreurs nombreuses sur notre chemin de
vie. Certains font des erreurs plus graves que d’autres, dérapent, défaillent, s’enlisent,
vont jusqu’à commettre des actes totalement inacceptables voire monstrueux.
Ils n’en perdent pas pour autant leur dignité humaine et leur droit de se corriger, de
s’améliorer, de se réorienter, de continuer leur quête.
A tout moment de son existence, chacun fait du mieux qu’il peut avec son histoire
personnelle, ses limites, ses ressources, ses croyances, ses faiblesses, ses inhibitions,
ses problèmes et son niveau de conscience présent.
C’est également vrai dans le cas précis où il nous fait souffrir.
Si nous pouvons comprendre et accepter cela, nous entrons dans le processus
du vrai pardon.
5. CHANGER DE PERCEPTION
Le point focal de cette étape : nous sommes invités à entrer dans les chaussures de
l’autre, à nous identifier à lui pour saisir par l’intérieur toute la complexité de sa réalité
au moment de l’offense.
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Entendons-nous bien; il ne s’agit pas de nous mettre mentalement et superficiellement
à sa place pour lui trouver des circonstances atténuantes. Il s’agit d’éprouver vraiment
son expérience totale, de devenir lui, d’accéder en le vivant pour du vrai à ses
pensées et à ses émotions.
Certaines techniques psychologiques inspirées de la « Gestalt », du
« Psychodrame », de la « Process oriented psychotherapy » permettent de faciliter ce
travail qui n’est pas toujours évident de mener a bien sans aide extérieure.
La plupart des personnes qui s’engagent honnêtement dans cette démarche se
trouvent extrêmement surprises de découvrir à quel point le vécu de l’autre était
différent de ce qu’ils imaginaient auparavant.
Ils réalisent avec un soulagement parfois bouleversant que l’autre n’a pas agi par
malveillance ou méchanceté, mais au départ de sa propre douleur, de sa peur, de
son ignorance, voire même d’un simple manque d’information.
Son agression, son attaque étaient une manière maladroite et indirecte de chercher à
satisfaire un besoin, à résoudre un problème, àsortir d’une souffrance.
Son but premier n’était pas de faire du tort ou de blesser, mais de manifester une
intention qu’il croyait positive pour lui et peut-être même pour la victime.
Il est extrêmement satisfaisant de constater en la vivant de l’intérieur que
la motivation d’autrui n’était ni un manque d’amour, ni un rejet, en particulier dans
une relation avec des personnes proches.
Par exemple, de nombreuses femmes en veulent à leur père de les avoir soi-disant
rejetées à l’adolescence, elles en souffrent beaucoup et ont bien du mal à pardonner.
Le travail est fortement facilité quand, s’étant identifiées à lui, elles ont compris
que cette mise à distance servait en fait à les protéger d’un désir physique
inavouable, source d’une grande culpabilité et très difficile à gérer pour cet homme dont
la petite fille devient femme.
Le plus souvent, toute cette dynamique affleure à peine à la conscience du père et il
convient de la faire émerger en pleine lumière, Il n’est pas rare que le père ne soit en
contact qu’avec sa propre détresse de se sentir éloigné de sa fille et s’imagine
qu’elle le rejette tant elle se montre agressive à son égard, alors que cette agressivité
n’est elle même qu’une réponse au sentiment d’être rejetée.
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La découverte du cercle vicieux mené par les inconscients en collusion hors de toute
intention volontaire, la similitude des vécus respectifs, la mise en évidence d’une
nouvelle donne quant à la répartition des responsabilités réelles, le ressenti en
profondeur de la souffrance du père et de ses regrets éventuels de n’avoir pu taire
mieux par manque de moyens, tout cela contribue à transformer radicalement l’image
mentale négative “papa ne m’aime plus” qui était à la base du ressentiment chez ces
personnes blessées dans leur cœur de jeunes filles en manque d’amour paternel.
Nous sommes ici en présence du processus de pardon tel que nous l’avons défini plus
haut, à savoir un changement de perception: ce n’est pas le manque d’amour mais
l’amour et la protection qui expliquent la situation.
Peut-être cet exemple se prête-t-il particulièrement bien à la démonstration alors que
dans d’autres situations ce n’est pas toujours aussi évident. Il reste qu’une grande règle
semble pouvoir s’appliquer dans tous les cas: plus on approfondit la connaissance
de ce qui s’est vraiment passé, plus on éclaire les différents paramètres en jeu, y
compris les facteurs inconscients, plus on se rapproche du pardon.
6. NE PAS JUGER
Poussée à la limite, cette approche implique qu’une personne en possession de toutes
les informations relatives à l’offense ne peut que pardonner et constater qu’elle n’a pas
plus de raison réelle d’en vouloir à autrui que de raison d’en vouloir à la tuile qui lui
tomberait par hasard sur la tête.
Le problème vient de ce que notre mental est par trop limité pour être à même de
saisir simultanément toutes les situations humaines. Etant donné cela, qui peut
encore honnêtement se permettre de juger qui que ce soit? Dans le doute,
abstenons-nous !
Nous serons plus heureux, d’autant que le seul verdict permis par l’extrapolation d’une
inaccessible connaissance totale d’une situation ne peut être que « reconnu innocent ».
C’est ce qui fait du pardon la seule attitude logique de guérison réelle, vu qu’elle
se base sur ce que je crois être une vérité profonde: tout manque d’amour est un
appel à la compassion, car il est un signe de détresse.
Mais redescendons sur terre et reconnaissons qu’un tel niveau de détachement ne se
rencontre guère sur la planète à ce stade de notre évolution.
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Ajoutons qu’il n’est aucunement requis pour accomplir l’étape qui nous occupe ici où il
s’agit seulement d’opérer un recadrage et de donner un sens nouveau à notre
vécu afin de commencer à fermer la vanne qui alimente le ressentiment.
Je dis bien « commencer », car si nous avons mieux compris la motivation de l’autre à
faire ce qu’il nous a fait, si nous avons mieux saisi ce qu’il cherchait de positif pour lui
dans ce comportement blessant, nous pouvons encore lui en vouloir d’avoir choisi de se
satisfaire à nos dépens et garder par là même une certaine dose de rancœur
résiduelle.
Cela nous amène aux trois dernières étapes de notre processus qui vont nous
permettre de fermer définitivement la vanne.
Pour ce faire nous allons quitter le domaine de ce que Graf Durkheim appelle le « moi
existentiel » (émotions, croyances, personnalité) pour entrer, dans les prochains
chapitres, dans celui de l’ « être essentiel » (profondeur, quête du sens ultime,
spiritualité).
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7. ENTRER DANS LA COMPASSION
Au cours de la quatrième étape, nous nous sommes efforcés de comprendre quelles
étaient les vraies motivations de l’offensant (exercer l'empathie). Nous avons pu mettre
en lumière ce qu’il avait trouvé de positif pour lui dans cet acte que nous avons vécu
comme blessant, par exemple une réassurance, un sentiment de sécurité ou encore
l’impression d’être valorisé.
Peu importe, toujours est-il que nous avons dû payer un certain prix pour que l’autre
puisse bénéficier des bénéfices qu’il espérait.
A partir du moment où nous arrivons à identifier le bien réel que l’autre a obtenu au
travers de ce qu’il nous a fait et pour autant que les étapes précédentes aient été
suffisamment accomplies, nous pouvons délibérément et volontairement décider de
lui faire cadeau, de lui offrir ce qu’il nous a en quelque sorte extorqué sans notre
accord.
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LE PARDON – CHEMIN DE GUERISON
Le Bouddhisme définit la compassion comme l’attitude qui consiste à vouloir le
bonheur de tous les êtres, y compris ceux qui nous font du mal.
En occurrence, dans le contexte qui nous occupe ici, nous pouvons choisir d’accepter
de payer le prix du cadeau et nous réjouir sincèrement de ce qu’il ait été reçu.
Dès lors où je prends la pleine responsabilité de donner à postériori ce qui m’a
été volé, je n’ai plus aucune raison d’encore en vouloir à mon voleur.
Un exemple parmi les plus connus dans la littérature d’un tel amour inconditionnel
nous est donné par l’évêque qui héberge Jean Valjean dans ‘Les Misérables’ de Victor
Hugo.
Rappelons-nous l’histoire en quelques mots: après avoir été accueilli, réconforté,
nourri et loge par ce vieil évêque, Valjean s’enfuit au petit matin en emportant
l’argenterie de son hôte.
Assez vite, il est repris par les gendarmes qui le ramènent à l’évêque. Au lieu
d’accuser sévèrement, celui-ci innocente le coupable en affirmant lui avoir fait don
de l’argenterie et s’étonne même qu’il n’en n’ait point pris davantage.
Le vieil homme comprend la pauvreté extrême qui pousse à voler, il comprend la
révolte de l’exploité contre l’injustice sociale et ceux qui, selon lui la cautionnent.
Il comprend que l’acte est motivé par une immense détresse et il pardonne évitant
ainsi à Valjean d’être renvoyé au bagne.
C’est ici que le mot pardon prend tout son sens, le terme anglais « for-give »
exprimant du reste la même idée.
Eminemment bouleversé de se sentir à ce point aimé et reconnu, Valjean va
radicalement transformer sa vie dans le sens d’une guérison profonde et déterminante.
Ainsi non content de transformer celui qui le donne, le pardon transforme très
souvent celui que le reçoit.
Reprenons à présent le cours de notre cheminement pour constater qu’une fois de
plus la dynamique de cette étape continue à modifier image négative qui sous-tendait le
ressentiment initial, car si notre liberté ne nous permet pas de changer l’événement
passé en tant que tel, elle nous permet toujours de changer le sens que nous lui
donnons, la perception que nous en avons.
A y regarder de près, j’en arrive à penser que cette simple capacité fait parfois des
miracles.
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LE PARDON – CHEMIN DE GUERISON
Du méchant qu’il était au départ, l’autre est d’abord devenu un humain en
souffrance et est à présent celui qui me procure la joie de donner librement et de me
rapprocher quelque peu de ma nature essentielle qui est tout Amour, si l’on en croit les
grandes traditions spirituelles de l’humanité.
A ce stade, le niveau de soulagement ressenti est considérable et une véritable paix
intérieure commence à s’installer.
En effet, la rancune est en voie d’extinction, car elle a perdu toute sa signification
préalable.
L’énergie de Vie peut de nouveau circuler librement, renforçant encore l’ouverture du
cœur qui fut amorcée dès le premier lâcher prise, dès le premier oui.
En effet, le sens ultime de cette étape est bien de dire oui: oui à ce qui est, oui à ce
qui a été, oui à la faiblesse humaine, sans jugement.
Il s’agit ni plus ni moins d’abandonner l’arbre de la définition du bien et du mal, pour
s’essayer à goûter à l’arbre de Vie.
Ne jugez pas et vous ne serez pas jugé, disait quelqu’un.
Pardonner, c’est l’acte de non-jugement par excellence, c’est continuer à voir la
beauté essentielle de l’autre par delà la laideur de ce qu’il nous a fait.
Réalisons ici qu’à ce stade du processus, même si le travail accompli nous permet de
commencer à réhabiliter véritablement la personne à qui nous en voulions, nous
persistons à définir son comportement comme mauvais, négatif, nocif, toxique ou
encore destructeur.
Si nous ne rejetons plus l’autre en tant qu’être humain et lui offrons notre compassion,
nous pourrions néanmoins continuer à regretter que les choses se soient passées de
cette manière et penser sincèrement qu’il eût été de loin préférable pour tous que cette
malheureuse épreuve eût pu être évitée.
Nous n’avons encore aucune conscience du moindre bénéfice que nous
pourrions retirer du fait même d’avoir vécu cette offense.
C’est précisément à faire naitre ce nouvel éclairage encore différent, encore plus
profond que nous convie la huitième étape ou il ne s’agit plus d’offrir le don, mais de le
recevoir.
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8. REMERCIEMENT
« Perçois tes problèmes comme des opportunités » peut-on lire dans un très beau
texte intitulé « Love project ».
En d’autres termes, toute situation humaine, toute expérience de vie, si négative, si
douloureuse, si insupportable soit elle, peut toujours être transformée en une occasion
de grandir, d’apprendre, d’évoluer, de devenir plus mûr, plus sage, plus humain.
Toute crise, toute épreuve, même la plus extrême peut être utilisée comme un
tremplin vers un plus être, vers une plus grande paix du cœur et de l’esprit.
Appliquée au sujet qui nous occupe, cette idée signifie qu’au sein même de l’offense
se trouve un cadeau caché, une pierre précieuse qui nous est destinée.
Nous sommes bien sûr totalement libres de l’extraire de la vase ou de l’y laisser
croupir sans nous en soucier, voire sans même en connaître l’existence, ce qui est
hélas le cas pour la plupart d’entre nous.
Dans le processus du pardon, il s’agit d’aller chercher cette perle et d’en profiter
pleinement.
Pour ce faire, posons-nous honnêtement la question suivante: comment cette
blessure, cette souffrance m’a-t-elle fait évoluer?
Ce que l’autre nous a fait, peut, si nous le voulons, nous permettre d’apprendre ou
de réaliser quelque chose d’unique, de spécifique, qui est propre à ce contexte précis
et inaccessible dans un autre contexte.
Peut-être même cela s’est-il déjà produit sans que nous l’ayons clairement compris.
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LE PARDON – CHEMIN DE GUERISON
Illustrons cette approche par l’exemple de Jean-Paul
Jeune, ingénieur animé par une ambition dévorante, Jean-Paul a gravi quatre à
quatre les échelons de la réussite sociale et se retrouve à 35 ans PDG d’une
multinationale.
Son existence est essentiellement motivée par la poursuite du pouvoir et il n’a pas
hésité jusqu’à présent à écraser impitoyablement ses principaux rivaux, il est ce
qu’on appelle un « requin ».
Il travaille en moyenne 12 heures par jour et accumule une énorme quantité de
stress sans même s’en apercevoir, car il est totalement coupé de ses sentiments
et soumis à l’exigence intérieure de paraître fort aux yeux du monde.
Marié à Nathalie, qu’il considéra comme le prototype de la petite épouse parfait.
Il l’emmène occasionnellement dans les restaurants chics pour compenser ses trop
nombreuses absences.
Il est convaincu d’être un mari irrésistible et béatement admiré, méconnaissant
totalement de nombreux signes de détresse envoyés régulièrement par sa femme
depuis plusieurs mois.
Athée convaincu, il méprise souverainement tout ce qui n’est pas strictement rationnel
et efficace.
Il se veut et se croit le meilleur, le plus charmant, le plus brillant, le plus élégant, le
plus, le plus, le plus.
Jusqu’au jour où, « par hasard », il découvre une lettre lui révélant l’incontournable
vérité: Nathalie le trompe !
Commence alors pour lui un véritable calvaire qui va durer des mois.
Tout bascule dans l’horreur d’une blessure narcissique insupportable. Son estime
de lui tombe en flèche et s’écrase au sol.
Il tombe de « sa superbe ».
Sa belle assurance s’écroule comme un château de cartes. Il se sent humilié jusqu’au
fond de l’âme et entre dans une terrible anxiété alternant avec des moments de haine
féroce et de profond désespoir: il est ainsi confronté à des envies tantôt meurtrières,
tantôt suicidaires.
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Toujours est-il que son état mental se trouve à ce point perturbé par ce qu’il considère
comme la pire des trahisons, qu’il est obligé d’arrêter de travailler (ce qui, soit-dit en
passant, lui évitera probablement un infarctus, premier cadeau caché, dont il n’est alors
absolument pas conscient).
Bien que la révolte et l’indignation le poussent dans ce sens, il ne quittera pas
Nathalie.
Pour la première fois de sa vie, grâce à cet événement, qui n’est en somme qu’un
dérapage temporaire, il pourra mesurer combien il est attaché à sa femme.
La crise les mettra en face l’un de l’autre et ils commenceront à se parler sincèrement
ce qu’ils n’avaient jamais pris le temps de faire auparavant.
Bien sûr, le ressentiment est tel que le dialogue est difficile au départ. Mais il s’installe
dans l’authenticité, car la situation est assez grave pour permettre aux masques de
tomber, le couple n’ayant plus grand chose à perdre. Ils vont pouvoir nettoyer leurs
poubelles relationnelles respectives.
Jean-Paul réalise finalement à quel point il a négligé leur relation amoureuse et prend
douloureusement conscience de la vanité des valeurs qui menaient sa vie jusqu’alors.
Ceci provoque une angoisse existentielle profonde et une souffrance extrême
devant le vide laissé par sa désintégration de ce qui, auparavant, donnait sens à tous
ses actes.
Il se sent alors tellement mal, tellement désemparé que, sur les conseils de son
médecin traitant, il accepte de se faire aider et commence une thérapie en profondeur.
Dans ce travail intensif, il traverse des expériences transpersonnelles très fortes qui
l’ouvrent à la dimension spirituelle de l’existence. Il découvre que la clé du vrai
bonheur se trouve dans l’amour d’autrui et non dans son asservissement.
Dés lors, il regarde en face tout ce qu’il a infligé aux autres, comprend toute la
culpabilité inconsciente qui en découle et se pardonne.
Il réalise à quel point sa recherche de pouvoir était censée compenser une insécurité
fondamentale sous-tendue par une épouvantable haine de lui-même.
Il en débusque les origines, se répare et apprend à s’aimer inconditionnellement,
Il cesse de travailler comme une bête, se donne du temps pour le plaisir, le jeu et la
relation avec Nathalie vis-à-vis de laquelle il a entamé un processus de pardon déjà
bien avancé.
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Enfin, il donne sa démission à son boulot, revend sa grosse voiture et investit l’argent
qu’il a gagné en abondance dans un centre de réinsertion professionnelle pour jeunes
caractériels, dont il sera coordinateur.
--------------Cette belle histoire nous montre quelqu’un qui, loin de se laisser enfermer dans la
haine et le ressentiment, a été capable de faire naitre le lotus sur la boue.
Il a su transformer à son avantage et à celui de ses proches une situation qui était
initialement invivable.
Sans la défaillance de Nathalie, qui n’était qu’un ultime appel au secours, peut-être
Jean-Paul serait-il mort à l’heure actuelle.
Au moment de la décompensation, son niveau de stress atteignait les limites du
supportable et, sans cet événement, il ne se serait jamais autorisé à s’arrêter de luimême, fort de sa devise: plutôt crever que faiblir.
Ayant accompli les précédentes étapes du processus de pardon, Jean-Paul est
maintenant en mesure de réaliser l’impensable et avant dernier changement de
perception requis sur ce chemin: remercier Nathalie de l’avoir trompé.
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9. PRENDRE 100% DE RESPONSABILITE
Après avoir reçu et apprécié le cadeau caché, la seule attitude cohérente consiste
à exprimer notre reconnaissance à l’égard de celui que nous pouvons â présent voir
comme un maitre car il nous a permis d’enrichir notre vie d’une manière ou d’une autre.
Des lors, ce qui était au départ blessant devient providentiel, l’offense se mute en
ressource, le plomb en or.
Nous sommes en présence d’un véritable processus alchimique apparenté par
certains côtés au grand mythe initiatique de la mort/renaissance.
Nous touchons ici au niveau ontologique qui transcende, sans le renier, le niveau
psychologique caractérisant les sept premières étapes de notre démarche.
C’est à ce niveau, et à ce niveau seulement, qu’il devient possible d’accepter
l’inacceptable, de donner un sens â l’absurde.
Je pense par exemple au père de cette jeune fille assassinée, qui, au bout d’un
intolérable chagrin, fit l’expérience directe de la présence divine.
Il s’en trouva transfiguré au point d’être capable d’un pardon total à l’égard du
meurtrier.
Il nous reste encore à aborder l’ultime étape que d’aucuns trouveront sans doute
tellement scandaleuse qu’ils choisiront peut-être de ne pas me suivre jusque là, ce que
je peux comprendre.
Je ne sais pas encore si les idées que je vais développer dans cette dernière partie
sont généralisables à tous les cas possibles de comportements à pardonner.
Il se peut que non et j’avoue ne pas avoir de réponses à toutes les questions que ces
réflexions sont à même de susciter.
Pour faciliter les choses, je vous invite à éviter de nourrir un débat abstrait et à
n’adhérer à cette perspective que dans l’hypothèse où elle vous est utile à vous comme
outil de croissance personnelle.
En ce qui me concerne, elle n’arrête pas de me faire évoluer, il me semble dès lors
qu’elle mérite d’être partagée.
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Mais, trêve de précautions et sautons à pieds joints dans ce qui ne peut manquer
d’apparaître que comme folie aux yeux des hommes, à savoir que nous pardonnions
aux autres pour ce qu’ILS NE NOUS ONT FAS FAIT!!
Je pense par exemple au père de cette jeune fille assassinée, qui, au bout d’un
intolérable chagrin, fit l’expérience directe de la présence divine. Il s’en trouva
transfiguré au point d’être capable d’un pardon total à l’égard du meurtrier.
Il nous reste encore à aborder l’ultime étape que d’aucuns trouveront sans doute
tellement scandaleuse qu’ils choisiront peut-être de ne pas me suivre jusque là, ce que
je peux comprendre.
Je ne sais pas encore si les idées que je vais développer dans cette dernière partie sont
généralisables à tous les cas possibles de comportements à pardonner.
Il se peut que non et j’avoue ne pas avoir de réponses à toutes les questions que ces
réflexions sont à même de susciter.
Pour faciliter les choses, je vous invite à éviter de nourrir un débat abstrait et à
n’adhérer à cette perspective que dans l’hypothèse où elle vous est utile à vous comme
outil de croissance personnelle.
En ce qui me concerne, elle n’arrête pas de me faire évoluer, il me semble dès lors
qu’elle mérite d’être partagée.
Mais, trêve de précautions et sautons à pieds joints dans ce qui ne peut manquer
d’apparaître que comme folie aux yeux des hommes, à savoir que nous pardonnions
aux autres pour ce qu’ILS NE NOUS ONT FAS FAIT!!
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Dans les huit premières étapes, nous avons toujours attribué à l’offensant
l’entière responsabilité de l’offense.
Nous allons voir qu’il s’agit là d’une dernière illusion à dépasser en menant jusqu’à
sa limite extrême notre processus de changement de perception. Nous arriverons alors
â donner à notre aventure un sens radicalement différent de celui qui apparaissait tout
au début du voyage.
En réalité, il n’y a rien à pardonner à personne d’extérieur à nous-mêmes. Voyons
comment cette idée tient la route et commençons par examiner quelques faits
susceptibles de donner une base concrète à notre réflexion.
Exemple 1 :
Depuis de nombreuses années, Marcel se voit reprocher par sa femme d’être un
paresseux qui n’en fait pas assez dans le ménage.
Objectivement, cette accusation n’est pas du tout justifiée.
Les tâches sont équitablement reparties et Marcel se sent blessé et indigné à chaque
fois qu’elle enfonce le clou.
Au cours d’un stage de développement personnel, il découvre en lui-même un
message contraignant venant de son père : « Travaille dur, dans la vie. On ne fait
jamais assez d’efforts ».
Suite à cette prise de conscience, il installe en lui la permission antidote de prendre du
temps pour lui et de s’octroyer des moments de plaisir.
Il se libère vraiment de cette exigence inconsciente et par conséquent il se permet
de travailler moins à la maison pendant ses heures de loisirs.
Il se sent tout à fait à l’aise avec cette décision et tant pis si sa femme n’est pas
contente.
Surprise !
Sans être informée aucunement de l’évolution intérieure de son époux, non seulement
elle ne s’aperçoit même pas qu’il en fait moins, mais en plus, elle cesse complètement
de lui adresser le moindre reproche à ce sujet.
Interpellée ultérieurement sur la question, elle dira qu’elle est devenue moins
exigeante et que ce n’est plus un problème pour elle.
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Exemple 2 :
Voyons maintenant l’histoire de Dominique qui consulte un thérapeute pour apprendre
à se faire respecter tant il souffre de ce que les autres le persécutent.
Par une exploration approfondie de sa problématique, Dominique découvre en lui une
grande culpabilité qu’il traine depuis la prime enfance.
Inconsciemment, il s’en veut très fort de sa propre agressivité refoulée, une partie de
lui-même le condamne très sévèrement et le déteste réellement.
Après avoir nettoyé les sentiments négatifs qu’il entretenait à son encontre et avoir
appris à s’accepter tel qu’il est, il constate que les autres cessent de l’attaquer sans
avoir pour autant à utiliser la force ou l’intimidation.
II comprend qu’il n’est nul besoin de devenir un Rambo pour se faire respecter, mais
qu’il suffit simplement de se respecter soi-même.
Citons encore l’exemple de ces sages hindous qui passent des années nus dans la
jungle parmi les bêtes sans jamais être inquiétés, ou encore celui mieux connu de SaintFrançois l’ami des loups.
C. L’EXTERIEUR REFLETE L’INTERIEUR
Il n’y a pas d’attaque extérieure sans attaque intérieure.
D’une part, les hommes spirituellement élevés, qui ont nettoyé leur psychisme des
énergies destructrices, semblent protégés par le rayonnement d’amour qu’ils
dégagent.
D’autre part, les « victimes » se font traiter par les autres de la manière dont elles
se traitent elles-mêmes inconsciemment et, dès qu’elles se libèrent des pressions
internes, les pressions externes disparaissent instantanément.
C’est un peu comme si le monde se chargeait parfois de nous refléter, tel un miroir,
des parties de nous dont nous nous sommes coupés, que nous refusons de voir et
d’assumer en nous, soit parce qu’elles nous font honte, nous font peur soit pour toute
autre raison. (Elles sont certes nombreuses, mais ce n’est pas le lieu ici d’en faire
l’inventaire détaillé).
Autrement dit, quand un autre nous heurte par son comportement, quand nous nous
sentons blessés ou niés, c’est avant tout parce que se reflète une partie cachée de
nous-mêmes qui nous blesse ou qui nous nie exactement de la même façon.
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LE PARDON – CHEMIN DE GUERISON
Cependant, si nous sommes bien dans notre peau, que nous nous acceptons nousmêmes et sommes conscients de notre valeur et que quelqu’un nous traite de
"mauviette", nous allons peut-être nous étonner, ou encore serons-nous capables de
percevoir une détresse sous-jacente chez l’autre et d’y répondre, mais il est fort
probable que nous ne nous sentirons pas profondément humiliés.
En revanche, si une petite voix murmure en coulisse que l’individu en question a peutêtre raison, si nous avons des doutes quant à notre courage sans oser vraiment nous
l’avouer, il est à parier que nous nous écrierions avec indignation et prêt à en
découdre: « Môssieu. personne ne me traite de mauviette ». (Référence au film
« Retour vers le futur »).
Dans ce cas, c’est l’écho de l’attaque en nous qui nous perturbe et non l’attaque
elle-même.
A ce point de notre recherche, j’ose affirmer d’expérience que dans la plupart des
conflits verbaux entre proches, entre collègues, entre voisins ou encore avec des
inconnus, ce sont nos pensées qui nous blessent et pas le comportement de
l’autre.
Si nous réagissons émotionnellement sans être capable de rester centré, c’est
l’indice qu’une partie de nous approuve secrètement ce qui nous est envoyé.
En outre, nous rejetons cette partie et refusons de l’inclure dans notre identité.
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LE PARDON – CHEMIN DE GUERISON
La présente approche peut dès lors nous servir en ce que j’appellerai le pardon au
quotidien.
Dans les contextes relationnels définis plus haut, et ils sont extrêmement fréquents,
nous devons toujours nous demander, à l’instant même ou à postériori, quelle partie de
nous, jusqu’alors exclue, l’autre nous reflète au travers de ce qu’il nous a fait.
Ainsi, si nous nous mentons à nous-mêmes, allons-nous probablement rencontrer sur
notre route des gens qui nous mentiront, si nous nous trompons nous-mêmes, des
gens nous tromperont et si nous nous haïssons, des gens nous haïront.
Vous comprendrez aisément que cette démarche est d’autant plus difficile à appliquer
que l’offense s’avère grave.
A chacun de mettre la limite où il l’entend, mais plus vous aurez le courage de la poser
loin, plus les fruits de votre choix vous seront profitables.
Ajoutons qu’il est parfois nécessaire de repasser plusieurs fois par les étapes
précédentes (voir Chapitres 3 à 8) avant d’être à même d’envisager sereinement la
dernière.
Si vous y parvenez néanmoins, vous vous trouvez alors dans un cas particulier de
l’étape 8 où le cadeau consiste à découvrir en vous une partie refoulée qu’il vous
reste à vous réapproprier, à accepter, à intégrer et enfin à vous pardonner et c’est
ainsi que cette phrase étonnante s’éclaire enfin:
« Nous pardonnons aux autres pour ce qu’ils ne nous ont pas fait »
En effet, ils n’ont fait que nous révéler à nous-mêmes un coin de notre
inconscient qui demande à être nettoyé, purifié.
Ils étaient l’instrument pédagogique choisi par l’univers pour nous faire évoluer.
De là, ils méritent encore davantage d’être reconnus pour ce qu’ils nous ont appris et
d’être remerciés.
Nous avons donc à nous pardonner à nous-mêmes et c’est alors seulement que
le travail de pardon se termine vraiment.
A ce stade, nous acceptons de prendre l’entière responsabilité de tout ce qui
nous arrive, ayant compris en profondeur que notre "Etre Essentiel" nous guide sur
les chemins de la vie et attire à nous les leçons dont nous avons besoin pour
apprendre à "Aimer".
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LE PARDON – CHEMIN DE GUERISON
Plus nous progressons sur cette voie, plus la peur et la haine disparaissent et plus
la paix s’installe définitivement dans notre cœur et dans notre vie.
Nous sommes alors en route de plus en plus consciemment, de plus en plus
délibérément vers un état ultime, un état au-delà de toutes les étapes, un état ou notre
joie peut enfin rayonner comme un soleil et ce, quelles que soient les
circonstances extérieures, ou quel que soit le comportement des autres à notre
égard.
Bien sûr, peu d’humains ont, à l’heure actuelle, atteint ce sommet et ceux qui l’habitent
déjà ne s’en vantent généralement pas.
J’ai cependant l’intime conviction que c’est là que nous allons tous.
Vu la souffrance de la planète, j’aimerais contribuer quelque peu à accélérer le
mouvement, c’est pourquoi je m’intéresse au pardon.
Vous aussi dirait-on...
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