Le moteur rotatif
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Le moteur rotatif
Le moteur rotatif Le principe du moteur rotatif est certainement le plus basique des moteurs thermiques ; pas de transformation du mouvement alternatif/rotatif et pas de soupapes. Pourtant, les décompositions du cycle 4 temps et du mouvement du rotor ne sont pas aisés à comprendre. Auto-innovations vous détaille son fonctionnement et vous présente les dernières évolutions. Le moteur rotatif a été inventé par Felix Wankel, ingénieur allemand (1903-1988), en 1924 et fut commercialisé grâce à un accord avec NSU en 1951. Si la paternité appartient à Felix Wankel, il faut tout de même noter que Elijah Galloway en eu l'idée en 1846 et que l'Américain Cooley déposa un brevet d'un moteur rotatif avec les segments logés dans le carter en 1901. Le premier avantage du concept du moteur rotatif est son mouvement de piston circulaire et non alternatif, ce qui lui évite l'utilisation du système bielle/vilebrequin. Par contre, la description du mouvement du piston est particulièrement complexe. La création du mouvement toroïdal Nous pouvons imaginer une seule pièce en commun entre les concepts des moteurs rotatifs et alternatifs : le vilebrequin. Les autres pièces majeures sont très différentes : le piston est en fait un rotor à trois faces et le cylindre une chambre de forme ovoïde appelée stator. A partir de là, le système se complique. Imaginez le pistonrotor directement pris dans le vilebrequin, à la place de la bielle. Il effectue alors un mouvement de rotation imposé par le maneton (excentrique). Il tourne aussi autour de celui-ci grâce à sa couronne dentée prise dans un pignon fixé au carter moteur. C'est un peu la Terre qui tourne autour du Soleil et sur elle-même. Le résultat de ces deux ensembles donne un mouvement toroïdal au piston. Le rapport entre le pignon et la couronne étant de 2/3, pour un tour du rotor, le vilebrequin aura effectué 1,5 tours… Ci-dessous les différentes pièces composant le moteur rotatif turbo-compressé de la Mazda RX-7 : 1 2 3 4 5 6 - carter latéral carter du rotor rotor arbre excentré (vilebrequin) pignon fixe volant moteur 7 - segments axiaux et latéraux 8 - tubulures d'admission 9 - collecteur d'échappement 10 - vis de fixation des carters 11 - double turbocompresseur à étage 12 - joints de carter Le cycle 4 temps respecté Le vilebrequin permet la récupération du couple créé par la pression de la combustion sur une face du piston et transmet sa puissance à l'arbre de sortie par l'intermédiaire d'un pignon à denture intérieure. Ce moteur n'a pas non plus de soupape ; l'admission et l'échappement se font par obstruction d'orifices, comme dans le moteur 2 temps. L'admission Le piston découvre l'orifice d'admission au fur et à mesure de sa rotation. En agrandissant le volume de la chambre d'admission, le mélange air/essence est aspiré. Le piston obstrue ensuite l'orifice d'admission. La compression Le volume diminue. L'air est comprimé. Le taux de compression volumétrique est du même ordre que celui d'un moteur alternatif, environ 9:1. L'allumage et la détente L'étincelle de la bougie enflamme le mélange. La pression générée s'applique sur le piston et crée un couple sur l'arbre de sortie (excentrique). Il faut noter que le volume de détente peut être supérieur à celui de compression et permet une meilleure récupération de l'énergie (principe du cycle Miller). L'échappement Le piston refoule les gaz brûlés par l'orifice découvert. Le cycle 4 temps est donc bien respecté. La production du couple Quel que soit le type de moteur, le couple est issu de la combustion du mélange d'air et du carburant générant une pression sur une surface. Sur un moteur à mouvement alternatif, la pression de combustion s'appuie sur la surface supérieure du piston. Ce dernier transmet sa force à la bielle qui, à son tour, la retransmet au vilebrequin (B) en deux effets : une première force (V) en direction du palier, et une seconde (C) perpendiculaire au rayon du vilebrequin. Cette dernière force crée le couple du moteur grâce au rayon (r) du vilebrequin. Le principe de la récupération du couple est semblable avec le moteur rotatif, l'intermédiaire " bielle " en moins. La pression de combustion crée une force sur le piston se décomposant en deux effets : une première force (V) en direction du palier, et une seconde (C) perpendiculaire au rayon de l'excentrique. Cette dernière force crée le couple du moteur grâce au rayon (r) de l'excentrique. Comparaison avec le moteur alternatif bielle/vilebrequin Le concept de base du moteur rotatif permet de se passer de l'encombrant et lourd ensemble bielles et vilebrequin. Mais cette différence induit aussi d'autres particularités dans le cycle de fonctionnement. Ainsi, si le moteur alternatif demande deux tours de vilebrequin pour effectuer un cycle 4 temps complet, le moteur rotatif a besoin d'un tour supplémentaire de son arbre de sortie (excentrique). Il faut en effet trois tours de cet arbre pour un tour du rotor. Cet inconvénient est vite oublié par une autre particularité du moteur. Son piston a, en effet, trois faces de travail, contrairement à son homologue alternatif qui en a qu'une. Il y a donc trois cycles pour une rotation du rotor. En compilant ces deux dernières remarques, nous constatons que, par piston, le moteur rotatif réalise 6 cycles pour 6 tours alors que le moteur alternatif en fait 3 pour le même nombre de tours. En d'autres termes, le premier effectue un cycle par tour et le deuxième seulement un demi-cycle. Nous pouvons aussi conclure qu'un moteur rotatif bi-rotor est équivalent à un 4 cylindres conventionnel, un tri-rotor équivalent à un 6 cylindres,… et ainsi de suite. Mazda précise aussi un autre point technique : grâce à ses 3 cycles par tour de rotor, le moteur génère moins de variations de couple et, donc, moins de contraintes pour les pièces du moteur et de la transmission. Évolution du rotatif : les segments Le talon d'Achille du moteur rotatif est l'étanchéité de la chambre de combustion. Ce rôle est attribué aux différents segments du rotor. Le segment placé aux trois " pointes " du rotor est celui qui est soumis aux plus fortes contraintes : différence de pression entre deux chambres, température élevée et fortes accélérations et décélérations latérales. Les premiers segments, développés par les ingénieurs Mazda, étaient en aluminium imprégné de carbone. Le carbone était utilisé pour son excellente propriété d'auto-lubrification. En 1973, le segment à base de carbone fût remplacé par un support en fonte recouvert d'une couche poreuse en chrome. Cette nouvelle matière a aussi permis la réalisation d'un segment en deux parties afin d'améliorer l'étanchéité de la chambre de combustion entre ses surfaces axiale et radiale. Son épaisseur fût réduite de moitié : 3 mm. En 1975, les bords du segment furent usinés de 0,05 mm afin de compenser sa déformation due à la température élevée de fonctionnement. La forme du siège du segment reçut aussi une modification pour réduire les fuites de la chambre de combustion (ci-dessous). A partir de 1985, son épaisseur fût réduit à 2 mm. Autre évolution, la pièce passa en 3 parties pour un meilleur maintien dans son logement grâce à une coupe en biseau entre les parties supérieure et inférieure et à l'effet de la pression de combustion. Moteur rotatif à hydrogène Mazda a testé aussi une version hydrogène du moteur rotatif : le prototype HR-X. Une des particularités de l'hydrogène est sa vitesse de combustion plus élevée que celle de l'essence : 2,7 mètres par seconde contre 1,14 m/s. Cela pose quelques problèmes d'auto-allumage et de retour de flamme dans l'admission. Le moteur rotatif est dans ce domaine avantagé car sa chambre de combustion est séparée de la zone d'admission. Succès du moteur rotatif en compétition Mazda est le seul constructeur japonais à avoir remporté la mythique course des 24 heures du Mans en 1991. La Mazda 787B était propulsée par un quadri-rotor de 515 kW (700 ch) appelé R26B. Données techniques Quadri-rotor 515 kW (700 ch) à 9000 tr/mn, 608 Nm à 6500 tr/mn Bloc moteur en aluminium avec renforts en fibres de carbone Taux de compression de 10 : 1 Admission variable par trompettes télescopiques commandées électriquement 3 bougies par rotor Segments en deux parties en céramique Poids du moteur : 180 kg