La notion de marché public
Transcription
La notion de marché public
Jean Mathieu Glatt Fiche de niveau 3. Droit public de l’économie / Les marchés publics / 2007 La notion de marché public La notion de marché public est une notion ancienne qui repose sur la prise en considération du caractère d’utilité publique de certains ouvrages et équipements. Cela étant, le marché public est une notion complexe et évolutive. La loi n° 2001-1168 du 11 décembre 2001 portant mesures urgentes de réformes à caractère économique et financier dispose dans son article 2 que « les marchés passés en application du Code des marchés publics ont le caractère de contrats administratifs ». Il s’agit d’un acte résultant de l’accord de deux volontés, celle d’un pouvoir adjudicateur et celle d’un opérateur économique. En effet, l’article 1er du Code des marchés publics issu du décret du 1er août 2006 le définit expressément comme un contrat. L’intervention d’une entité sur le fondement d’une disposition unilatérale ne saurait donc être un marché public. 1- Le critère organique du marché public : les cocontractants Comme tout contrat synallagmatique, un marché public naît de la rencontre de deux volontés : celle de l’administration, agissant sous les traits d’un pouvoir adjudicateur, et celle d’un opérateur économique (entrepreneur, fournisseur ou prestataire de services) qui accepte de répondre aux besoins exprimés par la collectivité commanditaire. Traditionnellement, le droit des marchés publics, et a fortiori le Code des marchés publics, s’applique aux personnes publiques (sauf aux établissements publics à caractère industriel et commercial de l’Etat). L’article 2 du Code des marchés publics dresse la liste des pouvoirs adjudicateurs soumis au Code des marchés publics : l’Etat et ses établissements publics autres que ceux ayant un caractère industriel et commercial, les collectivités locales et leurs établissements publics. Le Code des marchés publics définit également les marchés publics par la nature du cocontractant du pouvoir adjudicateur. Il s’agit de contrats conclus entre les pouvoirs adjudicateurs et des opérateurs publics ou privés. 2- Le critère matériel du marché public : l’objet du contrat Le contenu du marché public constitue, en lui-même, un critère de définition. Le marché public se définit donc également par rapport à un critère finaliste. En effet, l’article 1er du Code des marchés publics définit les marchés publics comme des « contrats conclus à titre onéreux entre des pouvoirs adjudicateurs définis à l’article 2 et des opérateurs économiques publics ou privés, pour répondre à leurs besoins en matière de travaux, de fournitures ou de services ». Pour être un marché public de travaux, le contrat en cause doit porter sur des travaux immobiliers. Plus précisément, le travail doit porter sur un immeuble par nature ou par destination. La définition du marché public de travaux n’exige pas que les travaux à réaliser soient des travaux publics. Ainsi, si les marchés publics de travaux sont, la plupart du temps, des marchés publics de travaux publics, ils peuvent porter également sur des travaux privés. L’article 1er, III) du Code des marchés publics définit les marchés publics de fournitures comme ayant « pour objet l’achat, la prise en crédit-bail, la location ou la location-vente de produits ou matériels ». Ainsi, le marché de fournitures désigne le contrat par lequel 1 le pouvoir adjudicateur se procure des produits ou biens mobiliers par l’intermédiaire d’un fournisseur privé. Ce contrat a pour objet non seulement les marchés de fournitures courantes, que l’on trouve dans le commerce, mais également des fournitures non courantes que le fournisseur élabore pour le compte de l’acheteur public et qu’il lui livre clés en mains. Le marché de fournitures ne peut porter que sur des biens mobiliers (CE, 2 novembre 1988, Commissaire de la République des Hauts de Seine c/ Société NCR, Dr. adm., 1998, hors série, comm. n°50). L’article 1er, III) se borne à préciser que « les marchés publics de services sont les marchés conclus avec des prestataires de services qui ont pour objet la réalisation de prestations de services ». D’un point de vue matériel, on distingue traditionnellement les marchés de services courants, qui ont pour objet l’acquisition par l’acheteur de services pouvant être fournis sans spécifications techniques exigées par cet acheteur, des marchés de services non courants. Il s’agit alors de prestations intellectuelles. La notion de services recouvre donc aussi bien des prestations matérielles qu’immatérielles. 3- Le critère financier Le marché est conclu à titre onéreux. Il suppose, en principe, le paiement d’un prix par la collectivité publique. Le prix constitue ainsi une condition de validité du contrat. Le prix fait partie des mentions obligatoires. Il s'agit d'une formalité substantielle dont l’omission entraîne la nullité du contrat. Il s’agit également de la rémunération du titulaire du marché: le prix est égal à la rémunération de l'entreprise à laquelle a été confiée l'exécution de la prestation. Bibliographie BRACONNIER S., Droit des marchés publics, Paris, Imprimerie nationale, coll. Essentiels experts, 2002 CASTAING B., NOGUELLOU R., PREBISSY-SCHNALL C., Les marchés publics, Paris, Litec, 2002 KAHN J. : « La notion juridique de marché public », Marchés publics, octobre 1968, p 3751 LICHERE F. : « La définition contemporaine du marché public », RDP, 1997, p 1753-1780 RAPP L. : « La prise en compte du critère économique et financier », BJCP, 2000, n° 9, p 82-91 RICHER L. : « Le marché public : problèmes actuels de définition », Marchés publics, janvier-février 1987, n° 223, p 35-39 RICHER L., Droit des contrats administratifs, Paris, LGDJ, coll. Connaissance du droit, 2002 2