Les muséums de Bourgogne - Bourgogne

curiosité
Les muséums
de Bourgogne
et leurs collections ornithologiques
Daniel SIRUGUE
par Marie-Laure BAUDEMENT
Les musées d’histoire naturelle de Bourgogne
sont au nombre de 3 : Le Muséum d’histoire naturelle
d’Autun Jacques de La Comble, le Muséum - Jardin
des sciences de Dijon et le Muséum d’Auxerre.
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La plupart des muséums se sont constitués
autour des collections scientifiques qui ont été
réquisitionnées pendant la Révolution française.
En France, 64 muséums voient le jour avant 1900
(un essai d’histoire de la muséologie scientifique,
G. Emptoz musées et collections publiques de France
n° 206) ; en 1991, 166 musées de l’Éducation
Nationale sont répertoriés.
Galerie
Muséum - Jardin
des Sciences de Dijon
Juste un petit rappel, tout espace ne peut pas
être un musée, nos 3 établissements entrent dans
2 cadres bien circonscrits : la définition officielle du
musée et la loi musées de France.
La loi relative aux musées de France, plus
récente, date du 4 janvier 2002. Dans le code du
patrimoine (article L410-1), il est indiqué : Est
considéré comme musée, au sens du présent livre,
toute collection permanente composée de biens dont
la conservation et la présentation revêtent un intérêt
public, et organisée en vue de la connaissance, de
l’éducation et du plaisir du public.
Daniel SIRUGUE
En 1975, le Conseil International des musées
(ICOM) a donné une définition officielle du musée
dans ces statuts : le musée est une institution permanente sans but lucratif, au service de la société
et de son développement, ouverte au public, et qui
fait des recherches concernant les témoins matériels
de l’homme et de son environnement, acquiert
ceux-là, les conserve, les communique et notamment les expose à des fins d’étude, d’éducation et
de délectation.
Les collections des muséums de
Bourgogne sont riches et variées :
de la géologie, de la botanique mais
aussi la zoologie. Cet article s’intéresse
plutôt aux collections d’oiseaux…
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Rev. sci. Bourgogne-Nature - 11-2010
Le Muséum
d’histoire naturelle d’Autun
Jacques de La Comble
Les collections du musée proviennent des collections
de la section d’histoire naturelle de la Société Eduenne
créée en 1836 et de la Société d’Histoire Naturelle et
des Amis du Muséum d’Autun créée à partir de cette
section en 1886.
Le Muséum est né en 1964.
L’ensemble, qui fut constitué au cours de la seconde
moitié du XIXe siècle, comporte près de 11 000 pièces. Elles
se répartissent notamment entre les oiseaux naturalisés,
4 200 spécimens, les œufs et les nids, plus de 6 600 échantillons. Une grande partie de ce magnifique patrimoine
provient de la donation du Docteur de Montessus du 26
septembre 1894. Dans cette collection, nous retrouvons
toutes les espèces des oiseaux de la zone paléarctique,
zone qui comprend l’Afrique du Nord, l’Europe, le MoyenOrient, la Russie, la Mandchourie, la Chine.
Parmi les oiseaux naturalisés, certains présentent des
particularités pour l’espèce : plumage nuptial, oiseaux
albinos ou mélaniques, plumages d’hiver ou d’été, ... Tous
présentent une qualité de conservation exceptionnelle
malgré la date relativement ancienne de leur naturalisation.
Certains spécimens sont essentiels pour comprendre
l’évolution de la biodiversité comme le Courlis à bec-grêle
dont la collection comporte plusieurs individus ; ils font
l’objet de travaux d’inventaires récents au niveau européen. Les scientifiques comparent les aires de répartition
anciennes avec les actuelles par exemple.
De la même façon, les rapaces, les limicoles, les
passereaux des collections qui sont d’une provenance
locale sont les témoins de la biodiversité de notre région.
Outre cette diversité remarquable, il est à noter la présence de trois spécimens d’un intérêt scientifique majeur :
•Un couple de Pigeon migrateur américain (Ectopictes
migratorius)
•Le Grand pingouin (Alca impennis), acheté à Dresde
(Allemagne) en 1873 et naturalisé par le Docteur de
Montessus pour sa collection. Le nombre d’exemplaires
conservés en collection de cet animal disparu en 1864
est actuellement très réduit. Cela constitue donc pour
notre collection un attrait scientifique primordial.
Les muséums de Bourgogne et leurs collections ornithologiques
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Le Muséum
d’histoire naturelle d’Auxerre
À l’origine du musée d’histoire naturelle d’Auxerre,
on trouve les collections et documents réunis par le Père
F.X. Laire bibliothécaire de l’Yonne durant la Révolution
française.
À la mort du Père Laire, les collections sont abandonnées pendant 20 ans et en partie dispersées. Les maires de
la ville d’Auxerre essaient de constituer un muséum local
en demandant de l’aide au MNHN de Paris et notamment
à M Geoffroy Saint Hilaire. C’est ainsi que le 21 juillet
1828 le muséum d’Auxerre reçoit un don de 40 espèces
de mammifères et d’oiseaux.
Des savants de grande réputation vont développer
un grand musée départemental dès la fondation de la
Société des Sciences Historique et Naturelle de l’Yonne
(SSHNY) en 1847.
La première collection d’oiseaux régionale voit le jour
sous l’impulsion du vétérinaire A. Colin et de son célèbre
élève Paul Bert qui va être durant 7 ans conservateur
des collections zoologiques et va enrichir cette collection
de façon importante.
Enfin le Docteur Felix Rabé par de nombreux échanges
et collectes de spécimens à travers l’Europe va donner
une collection ornithologique complète au muséum
d’Auxerre avec des espèces rares comme le prouvent
les écrits de l’époque.
Son étude et ouvrage (Catalogue annoté des oiseaux
qui vivent à l’état sauvage dans le département de l’Yonne)
fait encore référence pour les ornithologues icaunais.
Les années 1950 :
Années noires pour les collections
À la mort du dernier Conservateur en 1953 les collections sont abandonnées et dispersées.
La collection d’ornithologie va payer un très lourd
tribut du fait du manque d’entretien, vols et autres dons
aux écoles, lycées et ou aux personnalités de passage
à Auxerre.
Aujourd’hui encore malgré une politique active
d’acquisition, ces pièces disparues n’ont pas toutes été
remplacées.
La redécouverte et renaissance
des collections du muséum d’Auxerre
En 1968 sous l’impulsion du conservateur F. Pavy et
de bénévoles les collections sont regroupées, inventoriées,
restaurées, étudiées et enrichies.
Il faut attendre 1970 pour la première exposition à
l’abbaye Saint Germain d’Auxerre.
Les premières publications sur les collections d’oiseaux sont réalisées
•Catalogue « Les rapaces » en 1975
•Catalogue « Les Echassiers » en 1976
•« Les Canards du musée d’Auxerre » dans cette même
période
•Catalogue des oiseaux de mer 1979.
Les différentes publications donnent une idée assez
précise de l’état de la collection ornithologique dans les
années 1970.
Les collections ornithologiques aujourd’hui
Depuis l’installation du muséum au 5 boulevard
Vauban, la collection d’oiseaux a fait l’objet d’une détermination complète et d’un inventaire papier et informatique.
Depuis 1996 une politique d’acquisition dynamique
permet de compléter les taxons manquants afin de
redonner une cohérence à cette collection (mâle-femelle;
différents stades de plumages…).
Grace à de multiples partenariats, une collecte raisonnée des espèces manquantes est organisée. Chaque
spécimen arrive au musée avec ses données de terrain.
Une fois naturalisé le spécimen est présenté en commission scientifique interrégionale d’acquisition avant d’être
inscrit à l’inventaire du muséum.
À ce jour la collection est « vivante » avec en projet
pour 2010 de naturalisation d’espèces emblématiques
comme la sterne arctique (Sterna paradisaea), la Marouette
de Baillon (Porzana pusila), l’Aigle de Bonelli (Hieraeetus
fasciatus) sous réserve de réussite de naturalisation..
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Rev. sci. Bourgogne-Nature - 11-2010
Le Muséum
Jardin des Sciences de Dijon
La collection initiale provient du « cabinet de curiosité » de Monsieur de Chamblanc dont les
biens ont été confisqués à la Révolution française. Le fond est essentiellement constitué de dons
anciens, dont on garde, bien entendu, la trace avec parmi les plus importants : don du Docteur
Lorey (1835), constitué de 475 oiseaux d’Europe et 20 exotiques ; don de Léonard Nodot en 1836
qui propose à la ville 1200 oiseaux et en 1859, celui de Monsieur Marchant enrichit les collections
de 148 spécimens et Monsieur de Kolly offre au muséum en 1865 2000 oiseaux dont un Vautour
fauve (Gyps fulvus) tué dans la combe de Gevrey-Chambertin.
Malheureusement, à la fin de la seconde guerre mondiale, les allemands ont fait sauter la gare
de Dijon. Le muséum, qui se trouve juste en dessous, perd le tiers de ses collections et des informations essentielles.
Daniel SIRUGUE
Au gré des dons, les collections ornithologiques ont pris de l’ampleur, avec aujourd’hui plus
de 5000 spécimens, conservés par le musée. Environ 600 pièces sont exposées et déjà plus de
3000 pièces sont inventoriées sur un logiciel spécifique permettant une gestion informatisée de
très bonne qualité. Les montages conservés sont de nature différente : naturalisation, montages
ostéologiques, mises en peau, nids, œufs et quelques spécimens au congélateur….La conservation de ces espèces est effectuée dans des réserves climatisées dans des armoires métalliques
permettant des manipulations sécurisées. Une gestion rigoureuse est nécessaire pour en assurer
la conservation : dépoussiérage, fumigation au minimum 2 fois par an… La sortie des spécimens
des réserves demande une attention toute particulière afin d’éviter toute perte d’information lors
des désoclages notamment.
Les muséums de Bourgogne et leurs collections ornithologiques
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Réserve des collections
du Muséum d’Auxerre.
Réserve des collections
du Muséum de Dijon.
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Si ces quelques lignes vous ont donné envie
d’en savoir plus et de visiter les muséums de
votre région, voici leurs coordonnées :
Museum d’histoire naturelle d’Autun
14 rue Saint-Antoine
71400 AUTUN
Tél : 03 85 52 09 15
Courriel : [email protected]
www.autun.com
Vous pouvez aussi vous connecter au site de la Société
d’histoire naturelle d’Autun et des Amis du muséum :
www.shna.autun.net
Musée d’histoire
naturelle d’Auxerre
5 boulevard Vauban
89000 AUXERRE
Tél : 03 86 72 96 40
- Fax : 03 86 72 96 49
Courriel : [email protected]
www.auxerre.com
Cette collection conserve des spécimens
devenus rares : Cigognes noires (Ciconia
nigra), Ibis fascinelle (Plegadis falcinellus),
Casse-noix (Nucifraga caryocatactes) ainsi
que des pièces anciennes et originales : un
Geai (Garrulus glandarius) de 1830, un
couple d’Outarde barbue (Otis tarda) (la
femelle tuée à Sainte-Sabine le 9 janvier
1926, le mâle tué à Perrigny le 20 janvier
1909), un bel ensemble d’oiseaux mouches
dont certain sous globe en verre ont été
donnés par Eugène Spuller, une collection
importante d’oiseaux de mer, un perroquet
carnivore de Nouvelle-Zélande Nestor kéa
(Nestor notabilis). Enfin, plus récemment, un
ensemble d’oiseaux des îles Crozet suite au
travail du laboratoire d’écologie de la Faculté
des sciences de Dijon dans les années 1980.
Je tiens à remercier Dominique Chabard,
Gilles Pavy et Béatrice Remoissenet qui ont coécrit cet article avec moi ainsi que la direction
des 3 établissements.
Daniel SIRUGUE
Museum - Jardin des Sciences de Dijon
1 avenue Albert 1er (Pavillon de l’Arquebuse)
14 rue Jehan de Marville (Pavillon du Raines)
21000 DIJON
Tél : 03 80 48 82 00 - Fax : 03 80 48 82 05
Courriel : [email protected]
www.dijon.fr
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