Janvier-Juillet 2013
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Janvier-Juillet 2013
LEN°7MAGAZINE / Janvier - Juillet 2013 1 Edito 90 ans de règne, Il était une fois la Mamounia…. Un passé chargé d’histoire, un présent entre tradition et modernité et un avenir digne d’un conte des Mille et Une nuits. Chapeau bas ! « Madame », depuis près d’un siècle vous avez séduit les grands de ce monde, de Jacques Majorelle à Winston Churchill (« Le plus beau lieu du monde » disait il) ou encore Alfred Hitchcock pour « l’homme qui en savait trop ». Au fil des ans vous avez changé de « robe » mais jamais perdu votre âme. Le mythe est toujours là. En franchissant les marches, votre parfum nous grise, et le bal des lanternes nous conduit au jardin d’Eden. Votre beauté, «Madame», est éternelle. « La beauté est une promesse de bonheur » nous a murmuré Stendhal. Ninety years of reign. Once upon a time La Mamounia… it has made an indelible mark in history and continues to maintain a balance between tradition and modernity. The future can only be worthy of the Thousand and One Nights. We tip our hats off! Great lady, for nearly a century you have seduced the greats of a generation from Jacques Majorelle to Winston Churchill (who called it “The most beautiful place on earth”), and even served as backdrop to Alfred Hitchcock’s “The man who knew too much.” Over the years, your appearance may have changed, but you have never lost your soul. The myth remains. Upon passing through your doors, we become intoxicated by your essence. Your twinkling lanterns lead us to the Garden of Eden. Great lady, your beauty is eternal. French author Stendhal said “Beauty is a promise of happiness.” Didier Picquot Directeur Général 7 SOMMAIRE Personnalité : Nabil Ayouch, un cinéaste de dialogues 12 Joaillerie : Eclats de carats Evénements : Mohamed Nedali remporte le Prix littéraire de La Mamounia Bollywood fait son Festival à Marrakech 18 26 Gastronomie : Tratto-nomia, l’atout de Don Alfonso pour l’Italien Un nouveau chef tout en douceurs 78 84 Histoire : Les Almoravides, deux siècles d’histoire 36 Vins : La Mamounia crée son vin 94 Décoration : Orientalisme et Art-Déco à la Villa M 44 Art : Mohamed Melehi, prince de l’ondulation 52 Artisanat : L’art du tapis 60 Designer : Paulin Bedou ou le «classicisme déluré» 8 66 Beauté : L’expérience du hammam, deux visions à découvrir 74 100 Prestations 106 News 112 Shopping 116 Boutiques La Mamounia 123 CONTENTS Personality : Nabil Ayouch on filmmaking and dialogue Events : Mohamed Nedali wins the La Mamounia Literary Award Strong Bollywood Presence at the Marrakech FIFM 12 18 26 History : The Almoravides, two centuries of history 36 Decoration : Orientalism and Art Deco at the Villa M 44 Art : Mohamed Melehi, Prince of Waves52 Artisanat : The Art of carpet 60 Designer : Paulin Bedou - Savvy Classic LA MAMOUNIA MAGAZINE est édité par Les Editions COLBY Bd. Bir Anzarane, Résidence Romandie II Tour « Al Jazira » RDC n°2 Tél : (+ 212) 05 22 36 26 48 / 05 22 39 99 21 Fax : (+ 212) 05 22 36 26 63 E-mail : [email protected] 10 66 Jewellery : A Burst of Carats 74 Gastronomy : Tratto-nomia: A New Menu by Don Alfonso for the Italian Restaurant New pastry chef all about delicacy and sweetness Wines : La Mamounia creates its own wine Beauty : The Hammam experience two visions to be discovered 78 84 94 100 Services 106 News 112 Shopping 116 Stores La Mamounia 123 Directeur de la Publication : Albert Ohayon Directrice Commerciale : Dany Ohayon Rédacteur en Chef : Patrick Niclot Traduction : Judith garih Azerad Correctrices : Claire Eysseric-Lydie Pipari (Français)- Eliane Rosilio (Anglais) Direction Artistique et Technique : Anouar Berrezqi Ont collaboré à ce numéro : Marina Berrada, Aicha Grad, Naïma Lechiakh Photographes: Lamia Lahbabi - Rymza - Noureddine Doudouhi Impression : Direct Print PERSONNALITE Nabil Ayouch Nabil Ayouch, un cinéaste de dialogues Nabil Ayouch, le réalisateur du film « Les chevaux de Dieu » représentant le Maroc dans la compétition officielle du Festival International du Film de Marrakech 2012 revient sur sa carrière et sur son film qui connaît un parcours prestigieux. Sortie début 2013. Texte : Patrick Niclot - Photo : DR Qui êtes-vous Nabil Ayouch ? Je suis né en France en 1969, d’un père marocain musulman, d’une mère française juive de Tunisie. J’ai passé toute mon enfance en banlieue parisienne à Sarcelles jusqu’ à 14 ans puis à Paris. J’ai suivi des cours de théâtre, mais rapidement, je suis passé à la mise en scène, à l’écriture de textes. Créatif dans une agence de pub, j’ai réalisé plusieurs spots publicitaires. C’est la conjonction de la pub et du théâtre qui m’a amené au cinéma avec « Les pierres bleues du désert », un premier court-métrage, avec Jamel Debbouze qui avait 15 ans et moi 20. J’ai eu la chance de voir ce film voyager, circuler, gagner des prix. Cela m’a encouragé à en faire d’autres et voilà : premier long métrage, Mektoub, puis Ali Zaoua. La rencontre avec Mahi Binebine, l’auteur du livre « Les étoiles de Sidi Moumen », lauréat du Prix Littéraire de La Mamounia 2010, dont est adapté votre film. Voudriez-vous nous on parler? En fait, je ne le connaissais pas. J’avais commencé l’écriture d’un scénario sur les attentats de Casablanca. Je voulais faire un film sur la genèse et l’aborder sous l’angle humain. J’avais envie de passer de l’autre côté du miroir. En lisant un article de presse, j’ai appris que Mahi avait écrit un livre sur le sujet. Je l’ai appelé, je lui ai demandé s’il pouvait m’envoyer le manuscrit. Il a eu la gentillesse de le faire et j’y ai trouvé tout ce que j’avais envie de traiter dans le film ; l’environnement, le quartier, l’aspect chronique, l’aspect fresque et surtout des personnages absolument extraordinaires. Extrêmement bien construits. J’ai arrêté l’écriture du scénario et je me suis lancé, avec Jamal Belmahi, le scénariste, dans l‘adaptation du roman. Pourquoi ce titre, «Les chevaux de Dieu»? C’est extrait d’une phrase qui a été prononcée par un compagnon du prophète, au commencement de l’Islam, pour inciter les hommes à partir à la guerre sainte. Il leur a dit : « volez chevaux de Dieu et les portes du paradis s’ouvriront »! C’est une phrase que je trouve terrible et très belle, elle m’interpelle. Il se trouve que cette phrase a été reprise et Nabil Ayouch on filmmaking and dialogue Nabil Ayouch, director of the film “Les chevaux de Dieu” (Horses of God), which represented Morocco in official competition during the Marrakech International Film Festival in 2012, comments on his career and this film, which has been through the prestigious film festival circuit, and has yet to be released to theatres in 2013. Texte : Patrick Niclot - Photo : DR Who is Nabil Ayouch? I was born in France in 1969, from a Moroccan Muslim father and French Jewish mother from Tunisia. I spent my entire childhood in the Paris suburb of Sarcelles until the age of 14, and then in Paris. I studied the theatre, but quickly moved on to direction and writing. I worked for an ad agency, where I directed several commercials. The combination of commercials and theatre led me to the cinema with “Les pierres bleues du désert” (Blue stones in the desert), a first short film with Jamel Debbouze, who was 15 at the time and I was 20. I was lucky to see this film get around, travel and earn prizes. This encouraged me to make more films. My first feature was “Mektoub” and then came “Ali Zaoua.” Can you talk about your meeting with Mahi Binebine, author of the “Les étoiles de Sidi Moumen,” winner of the La Mamounia Literary Award in 2010, on which your film is based? In fact, I did not know him. I had begun writing a screenplay on the Casablanca attacks. I wanted to make a film on their origin and approach it from the human angle. I wanted to get on the other side of the mirror. When reading a first news article, I learned that Mahi had written a book on the subject. I called him and asked him if he would send me the manuscript. He agreed to do it and I found everything I wanted to deal with in the movie: the environment, neighbourhood, the chronic aspect, the epic aspect, and particularly characters that were so extraordinary and extremely well developed. I stopped writing my screenplay and went on to adapt the novel with scriptwriter Jamal Belmahi. How did you choose this title, Horses of God? It was taken from a phrase pronounced by the prophet’s companion, of early Islam, to encourage men to go to Holy War. He told them: “Fly horses of God and the doors of Paradise will open.” I find this sentence terrible, yet very beautiful. It calls out to me. It turns out that this sentence has been taken and twisted by current jihadists. Just 13 Tournage du film ‘Les chevaux de Dieu’ en compétition officielle PERSONNALITE détournée par les jihadistes actuels. Récemment dans des discours ils qualifiaient les jeunes kamikazes de chevaux de Dieu. Ce film a déjà eu pas mal de prix? Il a été primé 13 fois. Etre en sélection officielle au Festival de Cannes et obtenir le prix François Chalais, c’est un moment particulier dans la vie d’un réalisateur. On a eu quatre grands prix, des prix de la critique, des prix du public, des prix du jeune public. Les prix en eux-mêmes sont très éclectiques et j’aime ça, d’abord parce que c’est rare de pouvoir rassembler à la 14 fois la critique et le public et parce que le film peut être apprécié avec différents degrés de lecture. Je n’aurais jamais cru que des enfants de 12 ans pourraient aimer ce film et en parler. Quand il a gagné le prix du jury junior à Namur et ensuite à Montpellier, j’ai demandé aux enfants : vous avez aimé ce film, vous ne l’avez pas trouvé trop violent ? La réponse a été : « on l’a trouvé pédagogiquement très intéressant ». le 6 février. Il y a toute une série de sorties nationales prévues en février, puis une tournée dans les universités américaines. Que va-t-il se passer maintenant avec ce film ? C’est un bébé qu’il va falloir accompagner. Le film sort au Maroc Tous les films que vous avez réalisés portent sur des différences culturelles? Les chiens ne font pas des chats, je suis le fruit du mariage de deux Quel sera le sujet de votre prochain film, est-ce une continuité ? Je suis en écriture de scénarios. L’un d’entre eux pourrait s’inscrire dans la même veine, on peut imaginer une forme de prolongation, sinon ce sont des sujets différents. Tournage du film ‘Les chevaux de Dieu’ en compétition officielle recently in speeches, they described young suicide bombers as horses of God. This film has already been awarded several times? It has been rewarded 13 times, To be part of the official selection at the Cannes Film Festival and receive the François Chalais prize is a special moment for a director. We earned four important awards, critics’ awards, and awards from the public and young public. The prizes themselves have been very eclectic. I like that because it is rare to be able to attract both critics and the public. The film has been appreciated on many different levels. I would have never thought that 12 year-old children would enjoy this movie and talk about it. When it earned the junior jury prize in Namur and then Montpellier, I asked the kids if they liked the movie and didn’t find it too violent. They answered: “We found it very interesting and educational.” What is going to happen now with the film? It is a baby that will have to be followed. It is going to be released on February 6, in Morocco. A series of premiers are being planned across the country in February. Then, we are taking it to American audiences through universities. What will be the subject of your next film? Are you planning to continue the story? I am in the process of writing screenplays. One may be in the same vein. We can imagine some kind of sequel; otherwise, there will be other subjects. All the movies you have directed have dealt with cultural differences? Dogs don’t have cats. I am the result of a marriage of two cultures, two 15 PERSONNALITE cultures, de deux identités, de deux religions différentes. Toute ma vie j’ai été entre deux pays. Je fais des films sur la manière d’entrevoir les différences ou la réconciliation possible entre les cultures. Ça me passionne, j’ai vécu avec ça, j’ai souffert de ça, je souffre encore parfois et ça m’intéresse d’en parler, forcément par le biais du cinéma parce que c’est un formidable véhicule. Ne pensez-vous pas que les gens ont besoin de rêves ? Bien sur. « Whatever Lola wants » est un film grand public, capable de faire rêver. « Ali Zaoua » a aussi une part de rêve très forte. Je suis incapable de faire des films sur des sujets qui ne m’intéressent pas. Peut-être que ça suppose une certaine gravité mais je n’envisage pas le cinéma autrement. « Les chevaux de Dieu », trouvera lui aussi, un large public. C M J CM MJ CJ CMJ N identities and two different regions. My whole life, I have been split between two countries. I make movies on the manner of seeing differences or the possible reconciliation between cultures. It fascinates me and I have lived with this my entire life. I suffered from this and I still suffer at 16 times. I like to talk about it, and I deal with it inevitably in my movies, which are an incredible medium. Don’t you think that people need to dream? Of course. “Whatever Lola wants” is a movie that allowed people to fantasize. “Ali Zaoua” is another movie that makes you dream. I am incapable of making movies on subjects that don’t interest me. Maybe it means I am too serious. But I don’t see myself making movies any other way. “Horses of God” will also reach wide audiences. EVENEMENTS Mohamed Nedali 18 Mohamed Nedali remporte le Prix littéraire de La Mamounia C’est devant un aréopage de personnalités du monde littéraire et des medias venus de nombreux pays que Christine Orban, présidente du jury a remis son prix à Mohamed Nedali pour son dernier roman « Triste Jeunesse » en déclarant que c’est un roman «caractérisé par un style singulier, une certaine sensibilité et une musicalité inédite». Texte : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia «Triste Jeunesse» relate l’histoire de Houda et Saïd, étudiants issus des milieux modestes de Marrakech qui se rencontrent en première année de faculté. Ils s’aiment et ont une multitudes de rêves dans la tête. Leurs études achevées, vient le temps des désillusions, des rêves brisés… La triste réalité des jeunes diplômés – chômeurs, sans relation, victimes de la corruption et du népotisme. Ils finissent par travailler dans une maison d’hôtes. Et c’est là que la situation dérape : la jalousie de l’un, les contingences matérielles et familiales de l’autre amènent à la dislocation de cet amour et à une fin tragique. Mohamed Nedali a accepté de répondre à nos questions sur son livre et sa vision de la culture. Faut-il habiter à Tahanaout pour être lauréat ? Le 1er gagnant était Mahi Binebine qui y possède un atelier, le troisième, c’est vous, est-ce une pépinière ? (rires) on peut être lauréat en habitant partout au Maroc. C’est un lieu très calme et propice au travail. Moi je ne fais pas qu’y habiter, j’y suis né, ainsi que mon père et mon grand-père. Pour moi, la condition sine qua non pour écrire, c’est le silence. À Tahanaout, il y a une forêt. La première étape de mon travail s’effectue, en marchant dans la forêt. Je fais une sorte de synopsis mental, j’ai le point de départ et là où je vais arriver. Je répartis sommairement les chapitres et de retour à la maison je commence à écrire. Vous êtes un écrivain prolixe, vous sortez un roman tous les ans? Tous les deux ans. Prolixe, je ne suis pas Amélie Nothomb. J’ai quand même beaucoup de peine à écrire, car le français n’est pas ma langue. Jusqu’à l’âge de sept ans, je ne parlais que berbère. À 7 ans, arrivé à l’école primaire les instituteurs parlaient l’arabe dialectal, le darija et nous enseignaient l’arabe classique. Vers l’âge de 10 ans, j’ai commencé à apprendre l’alphabet français. Prolixe, disons que je travaille régulièrement, tous les jours et ça donne un résultat au bout d’un an et demi. Le reste du temps, je le passe à relire, à faire des corrections et des rectifications. Je crois que c’est Montherlant qui disait : «un livre, on ne le termine jamais, on l’abandonne». C’est très souvent ma femme, professeur de français dans le même lycée que moi, qui me dit : « ce livre, il faut l’abandonner et passer à autre chose », et moi je continue. Je cherche peut-être la perfection. «Triste jeunesse» est un livre quelque peu désespérant. Apparemment, si on n’est pas riche et pas de relations, même si on fait des études brillantes, il n’y a pas d’avenir? Notre système scolaire ne s’adapte pas aux besoins de la société. Il y a un fossé entre les besoins des entreprises, de la société en général et les contenus dispensés dans les universités. Les étudiants diplômés arrivent sur le marché de l’emploi. On leur demande des apprentissages ou des compétences qu’ils n’ont pas. Ils se retrouvent au chômage ou doivent aller, dans des écoles privées qui coûtent cher, faire des études beaucoup plus pratiques dont la société a besoin. Donc, ces étudiants, il est vrai, ont du mal à se faire une place au soleil. Ceci dit, l’autre problème est celui de la culture. On peut avoir des diplômes et rester analphabète culturellement parlant. On 19 EVENEMENTS Qu’en est-il de votre prochain roman? (rires) il n’y aura pas non plus de « happy end » . J’ai décidé de consacrer une trilogie à la jeunesse marocaine. Triste jeunesse est le premier tome. Le second est l’histoire d’un jeune couple, elle, employée d’hôtel et lui, fonctionnaire de la santé publique. Leur travail leur permet de survivre mais pas de réaliser leurs rêves et leurs ambitions à cause de la crise et de ses corollaires, la corruption, le népotisme... Quand sortira-t-il? Il est écrit, je suis en train de le peaufiner. Comme les autres, il sortira d’abord au Maroc aux éditions Le Fennec et quelques mois plus tard chez mon éditeur français, «les éditions de l’aube». Merci Mohamed Nedali. Nous attendons la prochaine sortie de la suite de «Triste Jeunesse». Jury peut apprendre, c’est du bachotage, sans avoir jamais rien lu à côté. C’est pour cela qu’il y a des médecins, des avocats, des ingénieurs incultes. Est-ce que ce n’est pas un problème général et pas inhérent au Maroc ? Certainement, mais arrivés à un certain âge, les gens se mettent à la lecture. Si vous ouvrez le sac d’un touriste français, il y a toujours un livre. À partir de 30 ans, on se met spontanément à la lecture. Au Maroc, les gens ne lisent pas, ils regardent la télévision. En France, il y a une politique du livre et une offre culturelle exceptionnelle. Chez nous, ce n’est pas le cas. Les budgets du Ministère de la Culture sont très limités, ajouté à cela le fait qu’il n’y a pas de volonté réelle de changer les choses. Il faut vraiment mettre en place une politique du livre volontariste. C’est le seul moyen de combattre l’inculture et les intégrismes quels qu’ils soient, politiques ou religieux. Un citoyen qui lit est à l’abri des tentations intégristes, moi j’en suis sûr. Il y a lire et lire. Certains livres ne sont que de la propagande ou du prosélytisme. 20 Marie Laberge et Vincent Engel EVENEMENTS Christine Orban, Mohamed Nedali et Mr Didier Picquot 22 Mohamed Nedali wins the La Mamounia Literary Award A who’s who of personalities from the literary world and media from the world over assisted as Christine Orban, President of the jury awarded the prize to Mohamed Nedali for his latest novel “Triste Jeunesse,” stating that this novel is “characterized by a singular style, certain sensitivity and particular musicality.” Texte : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia “Triste Jeunesse” tells the story of Houda and Saïd, two students from a humble background in Marrakech who meet during their first year of university. They fall in love and are filled with dreams. As they finish their studies, disillusionment sets in and their dreams are broken. This is the sad reality for young graduates – unemployment, no family, they become victims of corruption and nepotism. They end up working in a small riad. This is where the situation falls apart – one’s jealousy and the other’s material and family situations lead to the breakdown of their relationship and a tragic end. Mohamed Nedali has accepted to answer our questions on his book and his vision of the culture. Is it necessary to live in Tahanaout in order to win? The 1st winner was Mahi Binebine, who has his workshop there, and you are the third. Is it a breeding ground? (Laughs) You can be a winner even if you live anywhere in Morocco. It is a very calm place and conducive to work. I don’t just live there; I was born there, as were my father and grandfather. For me, the essential condition for writing is silence. In Tahanaout, there is a forest. The first step in my process is to take a walk in the forest. While there, I create a sort of mental synopsis. I find the starting point and point where I will end up. I arrange the chapters. Once I return home, I start writing. You are a verbose writer. You put out a novel every year? Every two years. I’m not Amélie Nothomb. I still have a lot of trouble writing, because French is not my language. Until the age of seven, I spoke only Berber. Then I went to elementary school, where the teachers spoke Darija, a dialect of Arabic, and taught us classic Arabic. Around the age of ten, I began to learn the French alphabet. Verbose? Let’s say that I work regularly, every day, which produces a result after a year and a half. The rest of the time, I spend revising, making corrections and rectifications. I believe it was Montherland who stated that a book is never finished but rather given up. My wife, a French teacher at the same school as me, often tells me: “You have to give up this book and move on to something else,” and yet I continue. Maybe I seek perfection. “Triste jeunesse” is somewhat of a depressing book because apparently, if you are not rich and don’t have relationships, even if you have undergone brilliant studies, you don’t have a future? Our school system is not adapted to the needs of society. There is a gap between the needs of businesses and those of society in general, and the teachings dispensed in universities. Graduates arrive in the workplace and are asked for experience or skills they don’t have. They find themselves out of work or have to go to expensive private schools to learn a trade that society actually needs. These students therefore do have trouble finding their place in the sun. This being said, the other problem is culture. You can have a diploma, yet remain illiterate in the cultural sense, because you can study 23 EVENEMENTS Mr et Mme Orban et d’autres invités the subject at hand without having ever read anything on the side. This is why there are ignorant doctors, lawyers or engineers. Isn’t this a general problem that does not just specifically apply to Morocco? Certainly, but when people get to a certain age, they begin to read. If you open a French tourist’s bag, there is always a book. From the age of 30, we spontaneously start to read. In Morocco, people do not read. They watch television. French people read and have an exceptional literary culture. This is not the case here. The ministry of Culture’s budget is very 24 limited. Add to that the fact that there is no real will to change things. A voluntary reading policy ought to be implemented. It is the only way to fight ignorance and fundamentalism, both political and religious. I’m quite sure that reading helps to protect citizens from fundamentalist temptations. Of course, there is reading and reading. Some books are just propaganda or preachy. What about your next novel? (Laughs) There won’t be a happy end there either. I have decided to write a trilogy on Moroccan youth. “Triste Jeunesse” is the first volume. The second is the story of a young couple – she is a hotel worker and he is a public health civil servant. Their work allows them to survive, but not realise their dreams and ambitions because of the crisis and its consequences – corruption, nepotism, etc. When will it be released? It’s written. I am just polishing it. Like the others, it will first be released in Morocco by Le Fennec, and then by my French editor, Les éditions de l’aube. Thank you Mohamed Nedali. We await the release of the next book in the “Triste Jeunesse” series EVENEMENTS Bollywood fait son Festival à Marrakech Pour cette douzième édition, le Festival du Film de Marrakech a connu un succès incontestable. Tant par sa programmation que par la présence de stars de renommée internationale et notamment la pléthorique délégation indienne qui a défilé sur le tapis rouge du Palais des Congrès, illuminant la nuit par les flashs des photographes présents pour l’occasion. Texte : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia - MR 26 Strong Bollywood Presence at the Marrakech FIFM The 12th edition of the Marrakech Film Festival was an undeniable success. The program, attendance by international stars, particularly the abundant presence of the Indian delegation walking the red carpet at the Palais des Congrès, lighting up the night along with the flashes of photographers present for the occasion all contributed. Texte : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia - MR 27 EVENEMENTS « En tant que cinéaste, je sais combien il est difficile de faire un film et encore davantage d’en faire un bon. Je salue tous ceux qui ont trouvé leur chemin jusqu’à Marrakech ». C’est par ces mots que le réalisateur anglais John Boorman, Président du jury a ouvert ce 12e festival. John Boorman Ils étaient 15 en compétition mais il ne pouvait en rester qu’un au moment de décerner l’Etoile d’Or. Un Grand Prix que le jury, a remis à «L’attentat» du libanais Ziad Doueiri. « Hijacking », quant à lui, repart avec deux trophées: Prix du Jury, ex-aequo avec Taboor et Prix d’Interprétation Masculine pour Soren Malling. Le Prix d’Interprétation Féminine revient à Elina Reinold dans « Mushrooming ». Cette année, le cinéma marocain était représenté en compétition officielle par deux excellents films «Les Chevaux de Dieu» de Nabil Ayouch et «Zéro» de Nour-Eddine Lakhmari qui méritaient de figurer en tête du palmarès. C’était en tout “As a film-maker, I know how hard it is to make a movie, even more so a good one. I congratulate all those who have made their way to Marrakech,” said John Boorman, President of the Jury as he opened this 12th festival. Nabil Ayouch et l’équipe du film les Chevaux de dieu 28 Fifteen films were in competition, but only one could receive the Gold Star. The jury awarded this great honour to “L’attentat” by Lebanese director Ziad Doueiri. “Hijacking” received two trophies – the Jury Prize tied with “Taboor” and Best Actor for Soren Malling. The award for Best Actress was given to Elina Reinold in “Mushrooming.” This year, Moroccan cinema was represented in official competition by two excellent films – “God’s Horses” by Nabil Ayouch and “Zero” by Nour-Eddine Lakhmari, which deserved the honour of being top award-winners. This was the Hrithik Roshan et son épouse 29 EVENEMENTS Priyanka Chopra Mélanie Laurent 30 Kalki Koechlin et Son Producteur cas, le souhait de bien des festivaliers. Tout avait commencé neuf jours plus tôt. Des dizaines de personnes étaient rassemblées vendredi soir, sous une pluie battante, devant le Palais des Congrès où se déroulait la cérémonie d’ouverture, pour applaudir les stars présentes : Gemma Arterton, Julie Gayet, Monica Bellucci ainsi que les très sexy actrices de Bollywood Ileana D’ Cruz et Priyanka Chopra sublimissimes dans des tenues très légères pour le froid inhabituel. C’est la très belle et très blonde Mélanie Laurent, habillée en Dior, qui a ravi la vedette à toutes ces dames. Un hommage particulièrement chaleureux a été rendu à Isabelle Huppert lors de cette soirée d’ouverture du festival. L’actrice française rayonnante a été vivement applaudie par le nombreux public invité. Monica Bellucci wish of the festival attendees in any case. Everything began nine days earlier. Dozens of people had assembled in front of the Palais des Congrès on Friday night under the pouring rain to cheer the stars that had gathered: Gemma Arterton, Julie Gayet, Monica Bellucci, and very sexy Bollywood actresses Ileana D’ Cruz and Priyanka Chopra, both sublime in their attire, very light for this unusual cold. However, the very beautiful and very blonde Mélanie Laurent dressed by Dior stole the limelight from all these ladies. A particularly warm tribute was give to Isabelle Huppert at the festival’s opening night. The large invited audience gave the glowing French actress a strong applause. Isabelle Huppert 31 EVENEMENTS Christian Louboutin 32 Mallika Arora Khan Emir Kusturica, Président du jury de la précédente édition a annoncé le tournage de son prochain film au Maroc. « Ce sera mon premier film en langue française » a-t-il précisé. C’est une histoire d’amour qui mettra en scène Leïla Bekhti, Tahar Rahim et Monica Bellucci. La sublime actrice italienne a dit être intéressée par la nouvelle aventure du célèbre réalisateur serbe. Monica Bellucci a été très présente, durant ce festival, pour la promotion de son film «Rhino season» de l’Iranien Bahman Ghobadi où elle interprète un rôle «complètement différent» de ce qu’elle a l’habitude de faire, le personnage d’une femme kurde irakienne opprimée. Surnommé « le demi-dieu » par certains, l’acteur indien Shahrukh Khan a exécuté, devant un public survolté, réuni pour l’occasion sur Jury FIFM Emir Kusturica, President of the Jury at last year’s festival, announced the filming of her upcoming movie in Morocco. “This will be my first French language film,” he specified. This is a love story starring Leïla Bekhti, Tahar Rahim and Monica Bellucci. The sublime Italian actress had expressed her interest in the famous Serbian director. Monica Bellucci was very present during this festival, for the promotion of her movie “Rhino Season” by Iranian Bahman Ghobadi, where she plays a “completely different” role than to which she has been accustomed – the character of an oppressed Iraqi Kurd woman. Considered by some as a “demigod”, Indian Shahrukh Khan performed a show of song and dance for over a half-hour Shahrukh Khan 33 EVENEMENTS la Place Jamaa El Fna, un show de chants et de danses pendant plus d’une demi-heure » avant la projection en avant-première de son film « Jusqu’à mon dernier souffle » de Yash Chopra. Lors de la soirée qui a suivi la projection, la star bollywoodienne s’est vue décorée du Wissam, par SAR le prince Moulay Rachid. before an over-excited crowd gathered for the occasion at the Place Jemaa El Fna, prior to the premier of his film “As Long as There is Life” (Jab Tak Hai Jaan) by Yash Chopra. During the evening following the projection, the Bollywood star was given the Wissam award by HRH Prince Moulay Rashid. 34 SAR le prince Moulay Rachid et Shahrukh Khan HISTOIRE Les Almoravides, deux siècles d’histoire La dynastie des Almoravides qui régna de 1056 à 1147, est issue d’un mouvement religieux et politique né, à partir de 1039, dans des tribus berbères du sud du Sahara. Abdallah ibn Yacine, juriste malikite prêche la réforme des pratiques religieuses des populations sahariennes. Texte : Patrick Niclot - Photos : DR I bn Yacine fonda un couvent militaire appelé Ribat qui donna son nom à ses disciples les Almoravides. Il entame la conquête du Sahara et du Maghreb, en suivant les axes du commerce transsaharien et meurt au combat en 1059. Un de ses lieutenants, Aboubaker ibn Omar, prend le pouvoir et poursuit la lutte. Il fonda la ville de Marrakech vers 1061. Contraint de retourner au Sahara, il confia le pouvoir à son cousin Youssef ibn Tachfine qui s’établit dans la The Almoravides, two centuries of history The dynasty of the Almoravides, who ruled from 1056 to 1147, originated from a political and religious movement born in 1039, in Berber tribes from the southern Sahara. Abdallah ibn Yacine, a Malikite jurist preached in favour the reform of the religious practices by the Saharan populations. Texte : Patrick Niclot - Photos : DR I bn Yacine founded a military convent called Ribat, which gave its name to his disciples, the Almoravides. He began conquering the Sahara and Maghreb, following the trans-Saharan trade routes, and died in combat in 1059. One of his lieutenants, Aboubaker ibn Omar, took over power and continued the fight. He founded the city of 36 La Koutoubia HISTOIRE La Koutoubia nouvelle capitale, Marrakech et prend le titre d’Émir des musulmans. Cela lui permet de légitimer son pouvoir tout en reconnaissant le calife abbasside de Bagdad. En 1086, les princes arabes d’Espagne lui demandent son aide contre le roi de Castille. La victoire d’Ibn Tachfine contre Alphonse VI à 38 Sarajas, lui donne la légitimité pour soumettre les royaumes des Taifas. Durant une trentaine d’années, les Almoravides réussissent à contenir la conquête chrétienne, notamment en reprenant Valence occupée par le Cid. L’Empire almoravide s’étendant de la vallée de l’Èbre jusqu’à la Mauritanie actuelle, se dote d’un appareil administratif organisé et centralisé. Il bénéficie d’un développement économique important, grâce au contrôle des axes du commerce transsaharien. L’or africain alimente le trésor impérial d’où sont émis des dinars nommés « Marabotins » Université Al Quaraouiyine Marrakech in approximately 1061. Since he had to return to the Sahara, he turned power over to his cousin, Youssef ibn Tachfine, who settled in the new capital of Marrakech and gave himself the title of Emir of Muslims. This enabled him to legitimize his power while recognising the Bagdad Abbassid Caliphate. In 1086, the Arab princes of Spain asked for his help against the king of Castile. Ibn Tachfine’s victory against Alphonse VI in Sarajas gave him the legitimacy to subject the Taifas kingdoms. For nearly thirty years, the Almoravides were successful in containing Christian conquest, particularly by retaking Valencia, which was occupied by El Cid. The Almoravide Empire extended from the Ebro Valley to what is now Mauritania. Its government was central and organised. It flourished economically thanks to control over 39 HISTOIRE largement diffusés dans les royaumes chrétiens d’Espagne. L’essor de ville, comme Alméria, témoigne de cette riche activité économique. On doit aux Almoravides deux réalisations majeures dans l’urbanisme du Maroc. Ils fondent Marrakech, y construisent un palais, plusieurs grandes mosquées dont la Koutoubia et la mosquée Ali ben Youssef. Ils créent un réseau complexe de canalisations souterraines, les khettaras, nécessaire à l’irrigation des nombreux jardins urbains. Marrakech est protégée par une grande enceinte en terre. Les Almoravides réunifient la ville de Fès et agrandissent la mosquée Al Karawin. Enlisés dans la guerre en Andalousie contre les chrétiens et la prise de Saragosse par les Aragonais, les Almoravides connaissent sous le règne de l’émir Ali ben Youssef le début de leur déclin. Malgré leur force militaire et la série de fortifications mises en place, les Almoravides succombent aux attaques Almohades, et la capitale Marrakech tombe en 1147. Les derniers souverains Almoravides se réfugient aux Baléares où ils maintiendront un pouvoir autonome pendant un demi-siècle. La Koutoubia Université Al Quaraouiyine the trans-Saharan trade routes. African gold funded the imperial treasure. Dinars, or “Marabotins,” were issued from there and greatly used across the Spanish Christian kingdoms. Cities such as Almeria experienced great expansion from bustling economic activity. Morocco owes the Almoravides two major achievements. They established Marrakech, built a palace there and 40 several great mosques, including the Koutoubia and Ali ben Youssef mosque. They developed a complex network of underground canalizations – the khettaras – required to irrigate the numerous city gardens. Marrakech is protected by a large earthen enclosure. The Almoravides also reunified the city of Fès and expanded the Al Karawin mosque. Their reign began to decline under the Emir Ali ben Youssef as they got entangled in the war in Andalusia between the Christians and capture of Saragosse by the Aragonese. In spite of their military strength and the fortifications installed, the Almoravides fell to attacks from the Almohades and took refuge in the Balearic Islands, where they would maintain autonomous power for half a century. HISTOIRE Jennifer Aniston Sir Winston Churchill Calogero La Mamounia et ses célébrités A Hillary Clinton u fil des décennies La Mamounia a reçu tous les grands de ce monde. Ils furent si nombreux qu’il est impossible de tous les citer : l’un des plus fidèles fut Sir Winston Churchill dont le nom reste gravé à jamais sur l’une des plus prestigieuses suites de l’hôtel. D’autres hommes politiques y séjournèrent : hier Théodore Roosevelt, plus récemment Nelson Mandela, Jacques Chirac et aujourd’hui Hillary Clinton. Le monde du cinéma se laissa séduire, Jean Tissier y tourna « Alerte au Sud » en 1953 et Alfred Hitchcock « l’homme qui en savait trop ». Acteurs et chanteurs succombèrent à son charme. Parmi les grands couturiers Pierre Balmain et Yves Saint Laurent aimaient s’y ressourcer bien qu’ayant une résidence à Marrakech. Après la réouverture de Septembre 2009, le Palace mythique renoua avec sa tradition et accueillit Sarah Jessica Parker en plein tournage de «Sex and the city 2». Pour le Grand Opening toute la Jet-Set internationale a foulé le tapis rouge de La Mamounia: The Place to be !. The Rolling Stones 42 Yves Saint Laurent Sharon Stone David Guetta Gwyneth Paltrow Robert De Niro La Mamounia and its celebrities T Roschdy Zem Faouzi Bensaidi hroughout its existence, La Mamounia has received many world famous celebrities. So many it would be impossible to list. But let’s remember one of its most faithful guests, who gave his name to a prestigious suite called after him, Sir Winston Churchill. Other politicians stayed there. Yesterday, it was Theodore Roosevelt, more recently Nelson Mandela, Jacques Chirac and Hilary Clinton. The film industry was seduced. Jean Tissier used it as a location for «Alert in the South”. In 1953, Alfred Hitchcock shot « The man who knew too much”. Actors and singers discovered its magic power. Although they had their own holiday homes in Marrakech, La Mamounia was Yves Saint Laurent and Pierre Balmain preferred place of relaxation. After its reopening in September, 2009, the legendary luxury palace continued this tradition and welcomed Sarah Jessica Parker, who was shooting the film ‘Sex and The City’2. The grand opening was attended by major international celebrities for whom La Mamounia is “The Place to be”. Salma Hayek Sarah Jessica Parker Saïd Taghmaoui 43 DECORATION 44 Orientalisme et Art-Déco à la Villa M En compagnie de Jérôme Vermelin, nous partons à la découverte de la Villa M, cette authentique maison de style colonial qu’il a transformé en écrin pour présenter, à une clientèle d’amateurs, ses créations et ses coups de coeurs chinés au cours de ses balades dans le monde. Texte : Patrick Niclot - Photos : Lamia Lahbabi M arrakech, troisième étape de son périple professionnel, après Aix-en –Provence et Paris. C’est à Aix-en –Provence dans le sud de la France, qu’il crée, dans un quartier historique, sa première galerie dédiée au mobilier, la décoration et l’art de vivre. Il ouvre un deuxième lieu à Paris Rive gauche, sur le même principe et y ajoute un cabinet de curiosités. Puis, ce sera Marrakech. Après des études d’architecture et d’histoire de l’Art, il succombe à sa passion et entreprend une spécialisation en peinture orientaliste. C’est ce qui le fera venir au Maroc. Au bout de deux séjours, il prend un riad en médina qui lui sert de point de départ pour son travail. Il le redécore entièrement et à partir de là, il aura toujours un pied au Maroc, depuis 13 ans. La villa M est son nouvel espace, il y reçoit comme à la maison. Ce n’est pas une boutique, ni un show-room, d’ailleurs il n’aime pas le terme. C’est un lieu : « ce sont mes coups de cœur, c’est un résumé de ma vie. J’ai toujours eu des lieux et ici, je voulais créer quelque chose qui ait une identité. C’est pour ça que j’ai 45 DECORATION pris cette maison coloniale du Gueliz complètement typique du Marrakech des années 50 ». Et finalement, c’est ce que les gens aiment. On arrive dans une maison, on pousse la porte, c’est la découverte. La Villa M est un temple à la gloire des grands courants du XXe siècle qui sont orientalisme, africanisme et Art – déco. La villa M est orientée vers la pièce unique. Dans cet endroit exclusif et intimiste. On y reçoit les clients sur rendez-vous et on leur présente des pièces de mobilier, des tableaux d’artistes marocains ou européens installés au Maroc, des portraits orientalistes. Il y a des objets de curiosités, de l’argenterie ancienne, des coiffes africaines, des collections de Murano et des objets de décoration, des coussins, de la passementerie et un cabinet de bijoux. La plupart sont des bijoux ottomans ainsi que des bijoux de créateurs d’inspiration orientale, revisitée. Les pièces sont sélectionnées dans différents endroits du monde. Certaines proviennent d’Orient, de France ou de Belgique pour le mobilier Art – déco. D’autres sont des collections suivies de sa création de canapés, de chaises, de luminaires. Le concept de la Villa M est de faire un décor où les objets sont présentés en situation. Chaque objet a une place bien définie, les styles se mélangent avec harmonie. L’aspect symétrique des présentations accentue la présence de pièces prestigieuses. La collection automne – hiver est «noir et blanc» avec une base de tendances géométriques et graphiques. Les objets évoluent ou changent en permanence. 46 « Je pars de pièces fortes comme la paire de portes – turbans syriens de la présentation actuelle et le buffet Autrichien avec la marqueterie à damiers des années quarante. Je crée alors un mélange de décors ». La collection de printemps sera sur le même principe, avec un autre décor, d’autres couleurs, une autre ambiance, toujours sur la base orientaliste, africaniste, et Art - déco. Contact : 05 46 92 06 89 [email protected] DECORATION 48 Orientalism and Art Deco at the Villa M Along with Jérôme Vermelin, we head to discover the Villa M, this authentic Colonial style house, which he has transformed into a showcase for his designs and finds throughout his travels around the world. Texte : Patrick Niclot - Photos : Lamia Lahbabi M arrakech is the third step on his professional voyage, after Aixen-Provence and Paris. It is in a historic quarter in Aix-enProvence, in the south of France that he designed his first gallery focusing on furniture, decoration and lifestyle. He opened a second gallery on rive gauche in Paris, based on the same principle, and added a locale for unique objects. Then, he came to Marrakech. After studying architecture and Art History, he succumbed to his passion and decided to specialise in oriental art. This is what brought him to Morocco. After two trips, he settled in a riad in the medina to start on his work. He redecorated it entirely, and it has remained his home in Morocco for the last 13 years. Villa M is his new space. He welcomes people there just as he does at home. It is not a boutique or showroom, in fact, he does not like the word. It is a place where he keeps his “treasures, which summarize my life. I have always had a place, but here I wanted 49 DECORATION to create something that has an identity. This is why I took this colonial house in Gueliz that is so typical of Marrakech and the 1950s.” It turns out that this is what people enjoy. You enter the house, open the door, and discover. Villa M is a temple to the glory of the main movements of the XXth century – Orientalism, Africanism and Art Deco. Villa M is a unique in this exclusive and intimate place, and people are welcomed by appointment to view pieces of furniture, paintings by Moroccan or European artists who have settled in Morocco, and orientalist portraits. There are unique objects, ancient silverware, African headdresses, collections of Murano and decorative objects, pillows, passementerie and a jewellery case. Most pieces originate from the Ottoman period or come from designers who have revisited oriental art. The pieces were recovered in different parts of the world. Some come from the Orient, France or Belgium (with regard to the Art Deco furniture). Others are collections of designs for sofas, chairs and lamps. The Villa M concept is to create a décor where the pieces are presented in a setting. Each piece has his well-defined space, and styles blend harmoniously. The symmetrical appearance allows the prestigious pieces to stand out. The fall-winter collection is black and white with a base of geometric and graphic trends. Objects evolve or change constantly. 50 “I start with strong pieces, such as the pair of doors – Syrian turbans from the current collection and the Austrian buffet with the inlaid check pattern from the 1940s, and I blend the decors.” The spring collection will be based on the same principle, with a different decor, different colours, and a different atmosphere, yet still focusing on Oriental, African and Art Deco styles. ART 52 Mohamed Melehi, prince de l’ondulation. Mohamed Melehi est considéré comme un des pères fondateurs de la peinture contemporaine marocaine, non figurative. A la fois charmant et charmeur, il répond avec beaucoup d’humour, à certaines étiquettes qui l’accompagnent dans sa quête de l’onde et de l’ondulation Texte : Patrick Niclot - Photos : DR Vous êtes reconnu comme étant le père de la peinture contemporaine? On me colle cela. Les appellations sont des espèces de béquilles. Je fais partie d’une génération, la première, qui aborde la pratique des arts plastiques par le biais de l’école des Beaux-Arts. Auparavant, on apprenait par mimétisme auprès d’un artiste établi. Quel a été votre parcours? J’ai fait un parcours que je trouve intéressant, du Maroc en passant par l’Espagne, l’Italie. Ensuite, je suis allé aux Etats-Unis, une espèce de saut. J’ai connu certaines tendances, et des manières de percevoir le monde. Ma peinture à l’époque était totalement minimaliste, presque nihiliste. Il n’y avait que des noirs et des traits. Pulsation 1964 - Centre Pompidou Paris On va parler de votre peinture? Quand j’arrive aux Etats-Unis, il y une boîte qui explose, de couleurs et de formes. J’ai ramené tout ça à ma peinture, la couleur, les points. Je reprends des techniques ou des compositions que j’ai faites, il y a longtemps. Mon travail actuel est une recomposition qui comporte les lettres d’un alphabet artistique lié à une certaine période, dans la matière. J’ai introduit la toile de jute, le carreau. J’étais impressionné par l’informatique. La similitude entre les cartes perforées des ordinateurs et les immeubles éclairés, le soir à New-York. J’ai toujours travaillé avec l’ondulation, soit une vague, soit un courant d’eau. C’est un geste qui comporte une sensation sensuelle. Avat Art 2012 53 ART On dit de vous que vous êtes un peintre érotique? Oui, très bien. J’approuve, parce qu’une civilisation se fait par des contre-courants. Dans l’art africain, en architecture, en bijouterie, il y a toujours cette forme comme un discours abstrait. Je me suis affirmé dans la forme de l’onde. Pour moi, c’est un élément de sensualité occulte. Le corps humain était patent, on voyait les fesses, les ondes. Aujourd’hui c’est très clair dans mon travail. Il y a cette espèce d’amalgame de l’onde, de la matière, organique comme la toile de jute, élément corporel symbolisant la sensualité. Ce n’est pas un discours qui fonctionne avec la mentalité qui court aujourd’hui, mais ça m’intéresse, c’est le contre-courant. Vous êtes un peintre engagé? Je l’ai toujours été, politiquement, avec modération. Je n’ai jamais voulu jeter de pierres. Je vis dans un monde avec lequel je suis en antagonisme, lui-même recherchant une autre voie. Je me suis converti par la pensée à la tradition Zen. Vous avez des personnages, comme le samouraï, qui est un guerrier pacifique mais très violent. J’ai toujours été engagé, d’une manière pacifique. Vous êtes plus Gandhi que Mao? Oui, mais Mao je l’aime beaucoup parce que c’était un bon photographe. Savez-vous que Hitler s’est engagé dans le mouvement nationaliste parce qu’il a été refusé au concours des Beaux-Arts. Je n’aime pas la violence et je sais qu’on ne peut pas arranger les choses par la violence. J’ai été furieux quand les modérés ont pris le pouvoir en Iran et que les mollahs ont récupéré la situation avec la bénédiction de l’Occident, qui n’a pas compris le risque que ça représentait. Quel regard portez vous sur la création contemporaine? Mon regard porté sur la création contemporaine est encourageant. 54 Sculpture monumentale 2011 - Autoroutes du Maroc Les collections se sont ouvertes à l’abstraction. Le Maroc, dans le panorama arabo-musulman est en avance et se situe à l’instar des pays occidentaux. Le Maroc est à la veille de la création de son premier musée d’Art Contemporain dont M Qotbi a la charge, à l’initiative de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, qui va être l’objet de référence. ART 56 Mohamed Melehi, Prince of Waves Mohamed Melehi is considered to be one of the founders of Moroccan contemporary abstract art. Both charming and a charmer, he responds with a lot of humour to certain labels that have followed him in his quest for waves and undulation. Texte : Patrick Niclot - Photos : Mehdi Qotbi You are known as the father of contemporary art ? They stuck this on me. Labels are like crutches. I belong to a generation – the first to have practiced the plastic arts. I attended the École des Beaux Arts. They used to teach us by having us mimic established artists. Tell us about your journey? I find my journey interesting. I went from Morocco to Spain and Italy and then made the jump to the US. I was exposed to different trends and ways to see the world. My painting at the time was very minimalist, almost to the point of being almost nihilistic. There was only black and lines. Let’s talk about your paintings? When I got to the US, I found a box of shapes and colours that was exploding. I brought all of this to my painting. I went back to techniques or designs I had done a long time ago. My current work consists of a reconstitution of alphabet letters with various materials that are artistically linked to certain periods. I use burlap and plaid. Computers fascinate me. There is a similarity between computer key punch cards and lit-up buildings at night in New York City. I have always worked with waves or water sources. Their movements show sensuality. Femmes de Pablo II - 1997 They say about you that you are an erotic painter? Yes, good. I approve, because civilizations are created from 57 ART Collection particulière counter-currents. In African art, architecture, jewellery, this form is always found. It is a sort of abstract conversation. For me, the wave has an element of hidden sensuality. The human body was obvious – you see the buttocks, you see waves. Today, it is very clear in my work. There is a sort of blend of waves, organic matter such as burlap, and the body, which symbolises sensuality. This is not the kind of speech that works with today’s mentality. But it interests me because it goes against the current. You are a politically involved artist? I’ve always been, with moderation. I have never wanted to throw stones 58 I live in a world with which I have issues. The world itself is seeking another direction. I have converted to the Zen ways. You have people like the Samurai, who were peaceful, but very violent warriors. I have always been involved in a peaceful manner. You’re more Gandhi than Mao? Yes, but I like Mao a lot because he was a great photographer. Did you know that Hitler was involved in the nationalist movement because he was rejected by the École des Beaux Arts? I hate violence and I know that things can’t be fixed with violence. I was furious when the moderates came to power in Iran and the mullahs took advantage of the situation with blessings from the West, which didn’t understand the danger this represented. What do you think of modern design? I see modern art as encouraging. Collections are often open to abstract art. In Morocco, the Arab-Muslim landscape is ahead of its time and following the example of the western countries. Morocco is on the verge of establishing its first contemporary art museum with Mr. Qotbi at the helm, at the initiative of His Majesty, King Mohamed VI. It will be a reference in the world of art. ARTISANAT L’art du tapis Le tissage est l’activité artisanale la plus ancienne du Maroc. Carrefour de civilisation grâce à la diversité ethnique de ses populations – berbère, africaine, arabe – le Maroc a développé des techniques de tissage, quoique souvent originales, très proches de celles issues de l’Asie et de l’Orient. Texte : Patrick Niclot - Photos : DR I l existe, aujourd’hui, deux familles de tapis avec leurs spécificités propres : le tapis berbère et le tapis royal. Le Tapis Berbere Le tapis de tradition berbère est la 60 catégorie la plus importante et la plus représentative des tapis marocains. C’est une production typique de l’Atlas avec une décoration et des motifs exceptionnels, propres à chaque tribu. La maîtrise de l’art du tissage se transmet de mère en fille et constitue une tradition d’apprentissage dans les milieux ruraux. Les motifs décoratifs sont très significatifs et diffèrent d’une tribu à une autre, ce qui fait de cet art une vraie mosaïque. Le tapis est une tradition berbérophone localisée The Art of Carpet Weaving is the most ancient artisanal activity in Morocco. It represents a crossroads of civilization with the ethnic diversity of populations involved in this craft – Berber, Africa, and Arab. Morocco developed weaving techniques that are very close to those of Asia and the Orient, though they are often original. Texte : Patrick Niclot - Photos : DR T oday, there are two types of carpets with their own particularities: Berber and Royal carpets. Berber Carpets Berber carpets are the most significant and representative of Moroccan carpets. Their production is typical of the Atlas, with exceptional styles and motifs specific to each tribe. Mastering the art of weaving is passed down from mother to daughter and represents a tradition of training in rural areas. Decorative patterns are very significant and vary from one tribe to another. This is what makes this art a true mosaic. Carpets are a Berber tradition originating from southern 61 ARTISANAT 62 dans le Sud marocain. C’est dans le Haut et le Moyen Atlas qu’il a connu son épanouissement sous le nom de Tazarbit. D’une façon générale, la composition artistique utilise des motifs simples : losange, carré, triangle, lignes brisées… Le tapis kilim berbère est associé à l’art du tissage, à la broderie, mais aussi à l’art nomade des monts de l’Atlas. Les motifs et les couleurs, transmis d’une génération à l’autre, varient selon les régions et sont propres à chaque tribu et à chaque famille. Les kilims sont en laine ou en soie. Un tapis de qualité peut compter jusqu’à 480 000 nœuds au mètre carré et demander jusqu’à neuf mois de travail. Réputés parmi les plus anciens du Maroc, les tapis de Taznakht avec les Hanbal de la même région, font aujourd’hui la fierté de l’artisanat marocain. Originaire du Haut Atlas, le Taznakht est fait de noeuds sur deux lignes; son fond est jaune à dessins géométriques de couleur rouge, vert foncé et blanc cassé. Le Hanbal est une pièce tissée, plus légère et moins épaisse que le tapis. Son utilisation diffère d’une région à l’autre. Il est utilisé comme couverture, décoration murale et même comme sac de voyage. Le Tapis Royal Le tapis royal, d’origine citadine, est plus récent que ceux issus des régions berbères. Un grand doute subsiste quant à ses origines. En fait deux thèses existent. Pour les uns, il serait venu d’Asie Mineure. Pour d’autres, ce sont les musulmans chassés d’Andalousie au XVe siècle qui en auraient importé les motifs et les techniques. Les modèles les plus anciens remontent au XVIlle siècle. Le tapis Rbati représente la dernière Morocco. It developed in the High and Middle Atlas under the name Tazarbit. In general, the artistic design uses simple motifs: diamonds, squares, triangles, broken lines, etc. The Kilim Berber carpet is associated with the art of weaving, embroidery, and nomad art from the Atlas mountains, Patterns and colours are passed down from generation to generation, vary according to region, and are specific to each tribe and family. Kilims are made of wool or silk. A quality carpet can use up to 480,00 knots per square metre and require up to nine months of work. Known to be the most ancient in Morocco, carpets from Taznakht with the hanbal from the same region represent the pride of Moroccan craftsmanship. Originating from the High Atlas, Taznakhts are made of knots over two lines; their base is yellow, with red, dark green and off-white geometric lines. Hanbals are woven, lighter and not as thick as carpets. Their use varies from one region to another. They are used as blankets, for mural decorations, or even as travel bags. Royal Carpets Royal carpets originate from urban areas. Their origins are more recent than those from the Berber regions. There remains great doubt as to their origins. Two theories were actually formed on this. Some believe that they may have come from Asia Minor. Others think that the Muslims fleeing Andalusia in the XVth century imported the patterns and techniques. The oldest models were made during the XVIIIth century. 63 ARTISANAT création en matière de tissage. Entièrement en laine, il offre un superbe contraste de couleurs avec une dominante bleu roi, un médaillon en forme «d’étoile de Salomon» au centre, et des arcades sur les bordures. Il se distingue des tapis d’Orient par ses larges surfaces unies agrémentées d’un motif floral stylisé dans un grand losange central. Contrairement aux tapis persans ou aux kilims turcs, il donne une impression de grande tranquillité. D’un minimum de 160000 nœuds au m², au point noué, sur des métiers de haute lisse, il est confectionné par des femmes qui ont devant elles un modèle sur papier quadrillé. Synonyme de finesse et de richesse, le tapis de Rabat est l’expression d’un art rarement égalé qui en a fait une référence mondiale, parmi les tapis de laine. Les plus anciens ont valeur de pièces de collection. Oriental carpets with their large solid coloured surface adorned with floral motifs in a large central lozenge. Contrary to Persian or Turkish kilim carpets, they give a feel of great tranquillity. With a minimum 160,000 knots per m², women make them using knotted stitched on vertical looms, following a model on graph paper set before them. Rabat rugs are synonymous with refinement and luxury. They are an international reference in the carpet industry. The oldest are valued as collection pieces. Tapis de Mediouna Rabat carpets represent the latest type of woven carpets. They are made entirely of wool and show a superb contrast in colours with royal blue being the dominant colour. They have a medallion in the shape of “Solomon’s star” in the centre and arches on the edges. They differ from 64 DESIGNER Paulin Bedou ou le classicisme déluré Paulin Bedou, créateur de bijoux et d’accessoires de mode a posé ses valises à Marrakech pour le plus grand bonheur des amatrices de belles pièces. Ce français d’origine béninoise mélange les matières, les textiles et les couleurs avec talent pour donner naissance à des bijoux uniques vecteurs d’émotion et de poésie. Nous l’avons rencontré, il nous dit tout sur ses créations et ses projets. Texte : Marina Berrada- Photos : Frédérique Le Compagnon Comment êtes-vous devenu créateur de bijoux ? Par le hasard et la force des choses. J’ai travaillé pour Tumi, marque de bagages de luxe, puis Kenzo et Cacharel, marques du groupe LVMH. Ensuite, j’ai passé trois ans dans une bijouterie traditionnelle. Ce secteur m’a beaucoup plu. J’ai alors décidé de lancer ma propre entreprise. Je suis allé au Bénin pour créer un label de commerce équitable dans le secteur de l’artisanat. Mais le commerce équitable s’orientait à l’époque vers les produits de l’agriculture. Je suis revenu en France avec des sautoirs en verre de Murano, premier produit métissé entre Europe et Afrique, car la verroterie était la « monnaie » avec laquelle on achetait les esclaves. Le bijou dans toute l’Afrique a une très grande importance. Chez nous, le Cori, un coquillage qui servait aussi de monnaie d’échange a été remplacé par le verre de Murano. J’ai fait des opérations de maintenance sur ces colliers : remplacement des fermoirs, démontage pour les classer par couleurs. Marisa Laurens, créatrice de la célèbre marque Zaza of Marseille, m’a poussé à faire de réelles créations avec les colliers que j’avais. Ca m’a motivé. J’ai créé dix colliers qu’elle a achetés et depuis je n’ai pas arrêté de créer. Comment êtes-vous passé de la verroterie aux pierres fines ? Progressivement. J’ai commencé à acheter de l’argent massif en maille et j’y ai additionné des perles de verre en montage et plus en enfilage. A ce moment-là, il y avait plus de richesses dans les matières, mais c’était encore assez basique. Ensuite, j’ai découvert le cuivre et le laiton que j’ai fait usiner 66 au format que je souhaitais pour créer ma propre maille. Puis, j’ai intégré des pierres fines que j’achète à Paris chez Bresilophile International. Comment vous êtes-vous fait connaître ? Mes créations ont été présentées pour la première fois dans une boutique passage Jouffroy, à côté de Bresilophile International. On les trouve toujours là-bas. Elles sont aussi présentes dans la boutique du créateur de haute couture napolitain Pasquale Morlondo, dans le 7ème arrondissement. Et comment vous êtes-vous retrouvé au Maroc ? J’avais une cliente marocaine à Paris qui m’achetait de très belles pièces. Elle m’a invité à venir la voir à Casablanca pour participer à une vente privée. Elle m’a ensuite emmené à Marrakech. J’y ai retrouvé mes clients, mais beaucoup moins stressés et j’ai pu toucher une nouvelle clientèle. J’ai décidé de rester. Le shooting pour « Madame à Marrakech » et le bouche à oreille m’ont fait connaître. Comment décrivez-vous vos créations ? Ce sont des créations néo-baroques. On peut aussi les qualifier de « Classicisme déluré », un peu années folles. Pour moi, l’intemporalité est importante. Je travaille dans l’équilibre, pas dans la symétrie. Je leur donne des noms de dieux et de déesses, quelque chose d’universel. Pour moi, la beauté n’est belle que dans les imperfections. J’aime les petits défauts. La beauté parfaite ne m’excite pas. Je suis dans une recherche permanente de la qualité. Je garantis mes pièces à vie, car le 67 DESIGNER placage or doit rester permanent. Je veux aussi que les pierres prennent de la valeur avec le temps. Je propose une maintenance évolutive sur mes pièces. Quelles sont vos pierres préférées ? Le quartz fumé qui donne une touche classe et l’obsidienne, une pierre noire avec des reflets. L’obsidienne étoilée est très mystérieuse. Ce sont les pierres que je travaille le plus. J’adore aussi l’opale, car ce n’est pas une pierre à reflet unique. C’est comme de l’eau cristalline, c’est une pierre aquatique. En revanche, j’ai horreur du diamant. Je le trouve froid. C’est une pierre maudite pour moi. Quelles autres matières utilisez-vous ? Toutes les matières. Mes créations sont baroques, car elles sont synonymes d’accumulation de matières. J’utilise beaucoup le cuivre et les pierres fines parce que pour moi la matière doit être en adéquation avec le corps, elle doit l’accompagner positivement. Pour cet hiver, je vais aussi utiliser les plumes. Elle sera comment la prochaine collection ? Il y aura beaucoup de plastrons et de grandes manchettes. J’ai envie de faire des pièces exceptionnelles comme des bijoux de jambe par exemple qui n’existent pas encore. Je vais également développer la maroquinerie avec des sacs bijoux dotés d’anses en pierres. Quels sont vos projets ? Je vais me lancer dans la fabrication de luminaires pour des bars à Paris. J’aimerais aussi créer des statues et des installations, proposer des pièces qui auront une histoire. J’ai envie de techniques bijoutières détournées. www.paulinbedou.com Résidence Taissir, rue Yves Saint Laurent, 40090 Marrakech Tél.: 06 56 21 50 49 68 DESIGNER Paulin Bedou - Savvy Classic Paulin Bedou, Frenchman of Benin origin, a designer of jewellery and fashion accessories, has made many of his fans very happy by setting up a shop in Marrakech. His unique talent of blending materials, textiles and colours leads to the creation of unique pieces that show poetry and sensitivity. We met with him and he told us everything about his designs and projects. Texte : Marina Berrada - Photos : Paulin Bedou How did you become a jewellery designer? It happened through the circumstances of life. I worked for Tumi, the luxury luggage brand, then Kenzo and Cacharel, brands from the LVMH group. Then, I spent three years working in a traditional jewellery shop. My interest in this sector grew significantly. I then decided to start my own business. I went to Benin to create a fair trade label in the artisanal sector. But at the time, faire trade was focused on farm products. I returned to France with necklaces made of Murano glass, the first product made both in Europe and Africa, since glass jewellery was the “currency” used to buy slaves. In Africa, jewellery has great significance. In our country, Murano glass replaced the Cori, a shell that also served as currency. My work was to repair these necklaces – replace clasps, take them apart and colour-coordinate them. Marisa Laurens, a designer for the famous brand Zaza from Marseille, encouraged to create my own designs with the necklaces I had. This motivated me. I designed ten necklaces that she bought, and since then, I have not stopped designing. How did you move on from glass jewellery to precious stones? Gradually. I started to buy silver links, and added glass beads, first by mounting them, and then by stringing them. There were richer materials at the time, but it was still pretty basic. I then discovered copper and brass, 70 which I had made in the format I wanted in order to create my own links. I then started to integrate precious stones that I bought in Paris from Bresilophile International. How did you become known? My designs were introduced for the first time in a boutique in the Passage Jouffroy, in Paris, near Bresilophile International. You can still find them there. They were also made available at the boutique of haute couture designer Pasquale Morlondon from Naples, in the 7e arrondissement. So how did you end up in Morocco? I had a Moroccan client in Paris who bought very beautiful pieces from me. She invited me to visit her in Casablanca and participate in a private sale. She then brought me to Marrakech. I found clients there, who were a lot more stress-free, and I was able to build a new client base. I decided to stay. The shoot for “Madame à Marrakech” and word of mouth allowed me to become known. How do you describe your designs? Neo-baroque or “savvy classicism,” a little Golden Twenties. For me, timelessness is important. I work for balance, not symmetry. I name my designs after the gods, something universal. I see beauty as being beautiful only with its imperfections. I like the small flaws. Perfect beauty does not excite me. I am in a constant 71 DESIGNER search for quality. My pieces are guaranteed for life, because gold plate must be permanent. I also want the stones to gain value over time. I offer evolving maintenance for my jewellery. What are your favourite pieces? Smoky quartz and obsidian, a dark reflective stone, add a touch of class. The starry obsidian is very mysterious. These are the stones I work with the most. I also love opals, because they reflect in different ways. Like Cristaline water, it is an aquatic stone. I hate diamonds, though. For me, they are cursed. What other materials do you use? All materials. My designs are baroque because they are synonymous with the accumulation of material. I use a lot of copper and precious stones because I feel that matter must be in harmony with the body and enhance it. This winter, I will also be using feathers. What will your next collection be like? There will be a lot of bib necklaces and big cuffs. I want to make exceptional pieces such as jewellery for legs, which does not yet exist. I also plan to design handbags with handles adorned with stones. What projects are you working on? I am working on designing light fixtures for bars in Paris. I’d also like to design statues and installations, pieces that will make history. I’m into unconventional jewellery techniques. www.paulinbedou.com Résidence Taissir, rue Yves Saint Laurent, 40090 Marrakech Tél.: 06 56 21 50 49 72 73 JOAILLERIE Eclats de carats Les grandes marques de joaillerie sont toutes présentes au Maroc. Outre les modèles des collections internationales, ces maisons réalisent des créations exclusives dont nous avons le plaisir de vous présenter un florilège d’exception. Des parures pleines d’élégance, de raffinement et d’éclat qui susciteront envie et admiration, pour sublimer votre beauté. Texte : Patrick Niclot - Photos : DR A Burst of Carats The great names in jewellery are all present in Morocco. Besides models from the international collections, these houses create exclusive designs, of which we have the distinct privilege of presenting exceptional pieces. These are very elegant, refined and brilliant creations that stir up wonder and admiration, and highlight your beauty. Texte : Patrick Niclot - Photos : DR 74 Mauboussin Bague «Le Vice» - bague or gris, 13,2g, pavage diamants, 0,65 ct et laque noire Bague «La Vertu» - bague or gris, 13,4g, pavage diamants 0,64ct et nacre blanche Bague «Le Vice» et «La Vertu» - bague or gris, 12,9g, full pavage diamants 1,20 cts «Le Vice» ring - grey gold ring, 13.2g, paved in 0.65 ct diamonds and black lacquer «La Vertu» ring - grey gold ring, 13.4g, paved in 0.64 ct diamonds and white mother-of-pearl «Le Vice» and «La Vertu» ring - grey gold ring, 12.9g, fully paved in 1.20 ct diamonds 75 JOAILLERIE Azuelos - Pendentif «Khmissa» , or rose serti de brillants Collection Sevilla - Boucles d’oreilles pendants en or rose et brillants Collection Zeillij - “Khmissa” pendant in rose gold with diamonds Sevilla Collection - Pendant earings in rose gold and diamonds Zeillij Collection 76 Cartier a.garreau©Cartier Collection Panthère Cartier Collier or jaune, onyx, émeraudes Collection Panthère Cartier Necklace in yellow gold, onyx and emerald 77 GASTRONOMIE Don Alfonso 78 Tratto-nomia, l’atout de Don Alfonso Tratto-nomia: pour l’Italien A New Menu by Don Alfonso for the Italian Si les bases demeurent, la cuisine moderne, y compris gastronomique connaît de Restaurant profondes mutations, pour ne pas dire révolution. Après une première tentative réussie au restaurant français avec la carte « Bistronomique », c’est maintenant l’Italien qui subit un lifting culinaire avec la mise en place de sa nouvelle carte pour le déjeuner intitulée « Tratto-nomia » Text : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia A lfonso Iaccarino, chef – propriétaire du fameux restaurant Don Alfonso 1890 en Italie, créé par sa famille, dont il représente avec ses deux fils les 3e et 4e générations de cuisiniers nous explique les raisons qui l’ont amené à cette réflexion sur la cuisine italienne. Chef Alfonso, pourquoi cette nouvelle carte Tratto-nomia ? Tout d’abord, Tratto-nomia, c’est un mot qui a été créé pour la circonstance. Il représente l’alliance de la cuisine familiale et de la gastronomie. C’est une manière adaptée à notre vie actuelle de faire perdurer la tradition familiale, la tradition du repas, du rassemblement de la famille autour de la table. Le monde a changé, le mari et la femme travaillent, les enfants sont à l’école. Je pense surtout aux enfants, quand j’étais enfant, on jouait partout, même sur la route. Aujourd’hui, c’est un véritable désastre, il n’y a plus d’espaces pour le faire. C’est la même chose pour l’alimentation, fini les goûters dans la cuisine autour de la mère ou de la grand-mère à se goinfrer de tartes ou de gâteaux encore tièdes. Désormais, ce sont les enfants de la grande distribution alimentaire. La religion médiatique des produits et des plats préparés. Il faut les éloigner de cela, leur faire découvrir ce qu’est le bien manger. C’est un choix de santé, de qualité de vie; On le voit déjà avec le développement de l’obésité en Amérique qui arrive en Europe et même au Maroc. C’est l’occasion pour envoyer un message. Notre mode de vie a changé, Although the basics remain, modern cuisine has experienced deep changes, if not to say that it has been revolutionised. Following the French restaurant’s successful attempt with its “Bistronomique” menu, the Italian restaurant has undergone a culinary face-lift with the introduction of his new “Tratto-nomia” menu for lunch. Text : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia A lfonso Iaccarino is the chef and owner of the famous Don Alfonso 1890 restaurant, founded by his family. With his two sons, he represents the 3rd and 4th generations of chefs. He explains the reasons behind this interpretation of Italian cuisine. Chef Alfonso, what brought about this new Tratto-nomia menu? First of all, Tratto-nomia is a word we created for the circumstance. It represents a union of family cooking with gastronomy. It is a manner of adapting our current lifestyle to family life with the tradition of gathering around the table. The world has changed. Men and women both work and children go to school. I think particularly about the children. When I was younger, we used to play everywhere, even in the streets. Today, there is no room for kids to play anywhere. The way we eat has also changed. The tradition of coming home from school to enjoy a snack of freshly baked goodies prepared by the mother or grandmother is a thing of the past. Kids now come home to mass-marketed packaged and ready-to-eat foods. We see this already with the development of obesity in America and now in Europe and even Morocco. We have to change children’s habits and teach them what eating well is all about. It is a health and 79 GASTRONOMIE notre alimentation doit s’adapter. Il faut moins de protéines et de graisses, beaucoup plus de légumes et de fruits, des pâtes aussi, parce que ce n’est pas vrai que les pâtes font grossir. Il faut manger de tout mais modérément. Consommer les produits naturels dans les périodes de maturité. A chaque chose selon la saison, c’est un gage de bien être et de bien vivre. Les agrumes mûrissent en hiver et ils contiennent de la vitamine C pour supporter le froid. L’été, les fruits sont riches en sels minéraux, les fraises, les abricots, les pêches… C’est la même chose pour les herbes, on voit que celles qui poussent en été contiennent des éléments complètement différents de celles d’hiver. Il faut suivre la nature dans toutes ses dispositions. C’est le message que nous voulons envoyer à nos invités qui séjournent à La Mamounia, un des plus beaux palaces du monde. C’est une façon intelligente de faire connaître une grande table, avec son ambiance, son service et sa qualité. Comment passez-vous du message à l’assiette ? Cette nouvelle carte est conçue pour le déjeuner. Il y a des plats qu’on retrouve dans la carte du soir mais à midi, c’est plus simple. Comment dire, étudier pour simplifier. Une nourriture abondante de façon à ce qu’un plat suffise. Il n’est pas nécessaire de prendre entrée, plat, dessert. Un concept moderne pour donner des émotions. Une cuisine de qualité, simple, avec une présentation soignée. Beaucoup de produits de la terre et moins de viande. En entrée, par exemple, une salade de poulpes avec des petites sardines et un superbe morceau de thon rouge. C’est magnifique. Un retour aux origines avec la technique moderne et l’expérience d’un discret cuisinier italien. Nous réinventons une cuisine actuelle, moderne, légère, très simple, avec le moins de manipulations possibles. Une tradition revisitée, moderne mais authentique. Autrefois l’activité physique était importante. Ce n’est plus le cas, les apports caloriques doivent être réduits. On conserve l’essence du plat en enlevant tout ce qui ne sert à rien. Les repas à l’ancienne étaient essentiellement composés de protéines : entrée de poisson, feuilleté avec des rognons, poulet de 80 Mezzelune Con Genovese Di Coniglio quality of life choice. This is an opportunity to send a message. Lifestyles have changed. Nutrition must be adapted as well. We have to reduce the amounts of fat and protein in our diets and add more vegetables and fruits, and even pasta. It isn’t true that eating pasta makes you gain weight. Everything has to be taken with moderation. Natural products are recommended in their season. Following these guidelines ensures a person’s well being and healthy lifestyle. Citrus ripen in the winter and contain vitamin C, which helps protect against colds. In the summer, fruits are rich is mineral salts – strawberries, apricots, peaches, etc. The same is true for herbs – those that grow in the summer contain elements that are completely different from those grown in winter. Nature should be respected in all its dispositions. This is the message we want to send to our guests at La Mamounia, one of the most beautiful hotels in the world. It is an intelligent manner of presenting a fine table, with ambiance, service and quality. Linguine di Gragnano Crevette Carabineiro How do you get from the message to the plate itself? This new menu has been designed for lunch. Some dishes can be found in the evening menu, but at lunch it is simpler. The food is abundant so that one dish suffices. It is not necessary to order an appetizer, a main course and a desert. This is a modern concept comprised of simple, quality cuisine, with careful presentation, designed to entice. For the appetizer, for example, you can order the octopus salad with small sardines and a superb piece of red tuna. It is wonderful – a return to the source with modern technique and the experience of a simple Italian chef. We are reinventing current, modern, light and very simple cuisine with the least amount of manipulation possible. Tradition is being reinterpreted, modernised, but remains true to itself. We used to practise more physical activity in the past. This is no longer the case. Calorie intakes have to be reduced. The essence of the dish is preserved and anything superfluous is removed. Old time meals used to be comprised essentially of protein – a main course 81 GASTRONOMIE Bresse à la truffe blanche et une chantilly à la crème... Aujourd’hui, on vous proposera : sardines marinées, spaghetti aux tomates, un thon légèrement cuit avec des pommes de terre à l’origan et une salade de fraises. Vous sortez de table léger et en pleine forme. On donne l’image de la vraie cuisine Don Alfonso et son fils Mario of fish, kidneys in pastry, chicken with white truffle, whipped cream, etc. Today, we offer marinated sardines, spaghetti with tomato sauce, lightly cooked tuna with potatoes sprinkled with oregano and a strawberry salad. You feel light and healthy when the meal is over. 82 italienne avec des produits de saison de première qualité. Et surtout, il y a les pâtes. Si vous alliez manger dans les grands restaurants étoilés, il n’y avait pas de pâtes. C’est moi qui, depuis 1985, ai réussi à avoir jusqu’à 3 étoiles avec les pâtes et les tomates. Les pâtes, c’est un élément de digestion. J’ai 65 ans, je mange de tout et je fais partager mon style de vie : une grosse portion d’anchois frais marinés et un dessert ou pâtes sauce tomate, un morceau de fromage, café. A midi, on mange léger et le soir, on peut manger plus gastronomique. Une cuisine de tradition, de saveurs et de santé, c’est ça la Tratto-nomia! Sardines grillées pochées - Fresh, marinated sardines We give the image of real Italian cuisine with top quality products that are in season. And of course, there is the pasta. If you went to top star restaurants, you would not find any pasta. Since 1985, I have managed to earn three stars, even with pasta and tomatoes. Pasta is an element of digestion. I am 65, I eat everything and I share my lifestyle: a large portion of fresh, marinated anchovies and a desert, or pasta with tomato sauce, a piece of cheese and coffee. At noon, we eat light. In the evening, we can eat more gastronomically. Tratto-nomia is traditional cuisine, flavourful and healthy GASTRONOMIE Xavier Castello 84 Un nouveau chef tout en douceurs Xavier Castello, le nouveau Chef pâtissier vient de poser ses valises à La Mamounia, après un tour du monde des plus prestigieux établissements de la planète, qui a duré plus de vingt ans. Une rencontre pleine de saveurs où se mêlent les senteurs de chocolat, de caramel et de brioches tièdes. Texte : Patrick Niclot - Photos : Noreddine Doudouhi Xavier Castello qui êtes vous ? Je suis né dans le sud de la France à Perpignan où j’ai fait mes études en boulangerie – pâtisserie – chocolaterie à l’école hôtelière. Mon diplôme en poche, je suis parti directement à l’étranger. Je n’ai jamais travaillé en France. J’ai commencé ma carrière à l’hôtel Hilton de Bruxelles. J’y ai passé deux ans et je suis allé dans des brasseries de luxe où je pouvais mieux exprimer mes capacités. Ensuite, retour à l’hôtellerie de luxe avec le Radisson SAS où j’ai touché à la haute cuisine et la haute pâtisserie puisque le restaurant avait deux étoiles. J’ai terminé mon séjour à Bruxelles au restaurant étoilé de l’hôtel Conrad qui venait d’ouvrir. Après six ans à Bruxelles, je voulais voir autre chose. Je suis tout d’abord parti pour l’Angleterre perfectionner mon anglais. Six mois plus tard, je le parlais couramment et j’ai pu poursuivre ma carrière à l’international. Je me suis retrouvé à Barcelone où personne ne parlait anglais ! J’y suis resté un an et j’ai appris l’espagnol. Ensuite, Dubai, puis Chypre, la Barbade, Maurice, la Chine, les Philippines, Hong-Kong, la Turquie et enfin le Maroc. Je devais rester 18 mois en Turquie. J’ai découvert une ville et des gens fantastiques et j’y suis resté sept ans et demi. La Mamounia m’a proposé ce nouveau challenge, j’ai accepté. 85 GASTRONOMIE prétentieux! J’aime travailler le chocolat, mais un chef pâtissier doit s’occuper de tout : crèmes, chocolat, tartes,… Depuis mon arrivée, je me suis consacré aux pains et aux petits déjeuners. Les boulangers ont toujours été les parents pauvres de la pâtisserie mais c’est un travail à part entière. A La Mamounia on fabrique notre propre pain. Pour le restaurant italien on a créé un pain au Pesto. On a revu les buffets des petits déjeuners en ajoutant des muffins, des beignets, différentes sortes de brioche, les bagels. Il en faut pour tous les goûts. Vos premières impressions ; Pour moi c’est très différent, j’ai l’habitude des grands volumes, des hôtels de plus de cinq cent chambres. Ici tout est axé sur la gastronomie, ce n’est pas un hôtel de quantité mais de qualité. La priorité ce sont les restaurants, avec beaucoup de service à l’assiette. C’est intéressant parce 86 que l’outil de travail est extraordinaire, beaucoup de personnel très compétent. Et surtout, la qualité des produits, quand on demande quelque chose on l’obtient, ce qui n’était pas toujours le cas dans mes précédents postes. Quelles sont vos spécialités ? Si je réponds tout on va dire quel Vous avez été influencé par les différents pays où vous êtes allé ? Oui, mais il faut s’adapter au marché, de l’hôtel. J’aime bien suivre les tendances. On sert un vacherin avec une présentation originale. Il faut innover mais pas bouleverser. La tendance est de présenter le millefeuille sur le côté, la pâte feuilletée du milieu remplacée par du chocolat. Notre clientèle aime retrouver les saveurs d’antan. Si je présente une crème brûlée liquide en tube, on va me regarder bizarrement. Néanmoins ce n’est pas rigide, il y a des possibilités. J’ai lancé ma première carte du Marocain. Les desserts classiques sont conservés et je présente une version moderne avec les mêmes ingrédients. La salade d’oranges devient une tarte à la marmelade d’orange avec une chantilly à la fleur d’oranger. Les fraises marinées au citron évoluent en une glace marbrée à la tomate mass’la. La pastilla au lait se présente sous forme de cigarettes de pâte d’amandes, fourrées de dattes et d’orange, servies avec un condiment épicé et une glace au lait d’amande. Le dessert à la figue est constitué d’une mousse de figue colorée au pistolet avec un cœur à la cannelle. Les clients ont le choix entre les deux versions. Progressivement, j’apporte ma touche de nouveautés. GASTRONOMIE 88 New pastry chef all about delicacy and sweetness A new head pastry maker, Xavier Castello, has arrived at La Mamounia. He comes following more than twenty years of touring the world’s most prestigious establishments and making discoveries flavoured with chocolate, caramel and warm brioches. Texte : Patrick Niclot - Photos : Noreddine Doudouhi Who is Xavier Castello? I was born in Perpignan, in the south of France, where I studied pastry and chocolate making at a catering school. With my diploma in hand, I went directly abroad. I never worked in France. I started my career at the Hilton in Brussels. I spent two years there and then went on to work in luxury brasseries, where I had more leeway to express my capacities. Afterward, I returned to luxury hotels, starting at the Radisson SAS, where I worked in haute cuisine and pastry, since the hotel had two stars. My stay in Brussels ended at the Conrad hotel, which had just opened. After six years spent in Brussels, I wanted to discover new places. I first went to the UK in order to improve my English. Six months later, I was fluent and could then head to work in the international arena. I found myself in Barcelona, where no one spoke English! I stayed there one year and learned Spanish. Then, I went to Dubai, Cyprus, Barbados, Mauritius, China, the Philippines, Hong Kong, Turkey, and finally Morocco. I discovered a magnificent city and people, and have been here for seven and a half years. La Mamounia offered me this new challenge, and I have accepted. Your first impressions? For me, this is very different. I am used to producing in large quantities, for hotels with over 500 rooms. 89 GASTRONOMIE Here, everything is focused on gastronomy. It is not the quantity, but the quality. Priority is given to the restaurants and the dish itself. It is very interesting, because the tools are extraordinary and the staff is very skilled. Particularly, the products are high quality. When I ask for something, I get it, which was not always the case at my previous positions. What are your specialties? If I tell you “everything,” you’ll think how conceited I am! I love to work with chocolate, but a pastry maker must work with everything – creams, chocolate, tarts, etc. Since I arrived, I have concentrated my efforts on breads and breakfast. Bakers have always been the poor relatives of pastry makers, but this is entirely different work. At La Mamounia, we prepare our own bread. For the Italian restaurant, we have created a Pesto bread. We have reviewed the breakfast buffets, adding muffins, beignets, various types of brioche, and bagels. We cater to all tastes. Have you been influenced by the different countries you have visited? Yes, but you have to adapt to the market and the hotel you are working for. I enjoy following trends. We serve vacherin in an original presentation. We innovate, but don’t revolutionize. The trend 90 is to present the mille-feuille on the side, with the pastry usually placed in the middle replaced by chocolate. Our clientele enjoys finding the flavours they are used to. If I present a crème brûlée as liquid in a tube, it will leave them very puzzled. But, we are not stiff. The possibilities are endless. I launched my first menu for Le Marocain. The classic desserts are preserved and I am presenting a modern version with the same ingredients. The orange salad has become a orange marmalade tart with orange blossom water flavoured whipped cream. The lemon-marinated strawberries have been transformed into a marbled ice cream with mass’la tomato. The dessert pastilla is presented in the form of almond paste cigarettes stuffed with dates and orange, and served with a spiced condiment and almond milk. The fig dessert is made of caramelized fig mousse coloured with a heart of cinnamon. Clients can choose from the two versions. My innovations are being added gradually. VINS 94 La Mamounia crée son vin Pour commémorer ses quatre vingt dix ans d’existence, La Mamounia a souhaité ponctuer cet événement par un autre, aussi inattendu qu’insolite, pour un palace. Créer une cuvée exclusive qui ne pourra être consommée qu’à l’hôtel. Manuel Schott, le chef sommelier, à qui est revenue la lourde charge de réaliser ce vin de prestige, nous explique les différentes étapes de sa conception. Texte : Patrick Niclot - Photos : Stefano Berca Comment est venue l’idée? On voulait faire un vin à notre image, une cuvée de prestige dans un but essentiellement qualitatif exclusivement vendue a l’hôtel. On travaille avec quasiment tous les vignerons du Maroc, qui font de très beaux vins. Mais on voulait vraiment des assemblages plus précis et plus pointus, dans l’esprit des vins de la Vallée du Rhône. Un grand vin méditerranéen qui se marie parfaitement avec la cuisine marocaine, française ou italienne. Comment avez-vous créé ce vin? On a fait beaucoup de dégustations pour faire une pré-sélection. J’ai goûté tous les fûts en rouges, des fûts de Syrah, de Tempranillo, avec différents tonneliers, avec différentes chauffes, légères, moyennes, d’autres plus longues, avec des bois plus vieux d’un ou deux ans. Le fût est important, car il influence la qualité du vin. Finalement, on a pris un fût dont les douelles – les lattes de bois – ont séché trois ans. Normalement, on fait sécher le bois deux ans et là il y a eu une sèche de trois ans afin d’éliminer toutes les impuretés et La Mamounia creates its own wine To commemorate its 90th anniversary, La Mamounia wanted to celebrate by doing something quite unexpected and out of the ordinary for a luxury hotel – create an exclusive vintage that can be consumed only at the hotel. Manuel Schott, Head Sommelier, who had the heavy duty of creating this prestigious wine, explains to us the process of its design. Texte : Patrick Niclot - Photos : Stefano Berca How did the idea come about? We wanted to create a wine in our image, a prestigious quality vintage to be sold here exclusively. We work with nearly every wine grower in Morocco, who make excellent wines, but we wanted a more specific and more precise production, in the spirit of the wines from the Rhône Valley – a great Mediterranean wine that would go perfectly with Moroccan, French or Italian cuisine. How was this wine designed? We had a lot of tastings in order to make a pre-selection. I tasted from all the barrels of reds, Syrah, Tempranillo, with different cooperages, different levels of heating – light moderate, others longer with wines older than a year or two. The barrel is important because it influences the wine’s quality. Finally, we took a barrel whose curved sides – wooden slats were given three years to dry. Normally, the wood is given two years to dry, but here three years were given in order to eliminate any impurities, and to allow the wood to be as neutral as possible. Several assemblies were made with Syrah – Viognier and Tempranillo – Viognier. 95 VINS 96 pour que le bois soit le plus neutre possible. On a fait plusieurs d’assemblages avec de la Syrah – Viognier et Tempranillo – Viognier. On s’est inspiré d’un Côte-Rôtie en France et nous avons sélectionné un assemblage à 94 % de Syrah et 6 % de Viognier, pour avoir un vin agréable mais qui vieillira bien. L’idée étant de faire un grand vin de garde pour La Mamounia. Comment s’appellera-t-il ? La Mamounia Icône. On a choisi ce nom car il est représentatif de l’image emblématique de La Mamounia pour le pays. Dans le même esprit, l’étiquette sera la reproduction d’un tableau du célèbre peintre Hassan El Glaoui représentant des calèches. On pense garder le même nom et réaliser une étiquette différente chaque année. Comment se situera-t-il par rapport aux vins marocains? C’est une cuvée de qualité supérieure, qui fera partie des vins de haut de gamme. On en gardera une quantité pour le faire vieillir. Elle nous servira de référence dans le futur. En espérant que les qualités s’améliorent pour pouvoir faire des choses aussi bonnes sinon meilleures. We drew inspiration from a Côte-Rôtie in France and selected a composition of 94% Syrah and 6% Viognier to obtain a pleasant wine that would age well. The idea was to create a great house wine for La Mamounia. spirit, the label will be a reproduction of a painting by famous artist Hassan El Glaoui, representing horse-drawn carriages. We are considering keeping the same name and creating a different label each year. We put some bottles aside to allow them to age. They will serve as a reference in the future. We hope that the quality will improve to allow us to produce more wine of similar, if not better quality. How will it be called? La Mamounia Icon. We chose the name because it represents La Mamounia’s emblematic image to the country. In that How will it rate in comparison with Moroccan wines? It is a superior quality vintage, which will be part of upscale wine selections. When will this vintage become available? First quarter 2013. This is the time when having quality wine is necessary. If we want to do things properly, we need to have a wine that has reached 97 VINS Quand cette Cuvée sera-t-elle disponible? Au premier trimestre 2013. C’est le temps nécessaire pour avoir un vin de qualité. Si on veut bien faire les choses, il faut les faire complètement et obtenir un vin qui soit à sa pleine maturité, sans pousser trop vers le côté bois. Ce juste équilibre entre le vin et l’élevage se situera entre fin février et début mars. full maturity, and not push too much with regard to the wood. This right balance between wine and the process of winemaking occurs around the end of February and early March. In the future, will you continue to focus on red wine, or consider producing the other colours? The red shall remain, but we are studying the possibility of producing a white. We need conduct tastings and find something that appeals to us. 98 Dans l’avenir, allez-vous rester sur du rouge ou passer sur les trois couleurs? Le rouge restera. On est en train d’étudier la possibilité de faire un blanc. Il faut aller goûter, trouver ce qui nous intéresse. On préfère prendre notre temps car on sait que les domaines au Maroc ne font que progresser qualitativement. We prefer taking our time because we know that the estates in Morocco will only grow in quality. BEAUTÉ 100 L’expérience du hammam, deux visions à découvrir Le Spa de La Mamounia fidèle, à sa tradition d’excellence et sa volonté d’innovation propose désormais deux approches différentes de l’expérience du hammam. L’approche traditionnelle, orientale, plus dynamique et tonique et l’approche asiatique, plus douce et relaxante. Texte : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia S i les buts recherchés sont identiques, une sensation de plénitude, un rajeunissement de l’épiderme, une sublimation de la peau et un éclat incomparable, les techniques sont assez différentes dans les deux expériences. La vision orientale débute par le bain de vapeur qui permet de nettoyer la peau et d’évacuer les toxines. Il est suivi d’une application de savon noir sur la base traditionnelle d’une marmelade d’olives enrichie d’huile essentielle d’eucalyptus, préalable au gommage. Cette opération très dynamique est réalisée avec un gant abrasif. Un bon gommage peut éliminer jusqu’à un kilo de peaux mortes. On procède ensuite à un lavage avec une crème à base d’amandes et un rinçage avec une eau parfumée à la fleur d’oranger. On clôturera cette première partie par une application de ghassoul, une argile, très riche en minéraux, extraite dans les montagnes de The Hammam experience two visions to be discovered True to its tradition of excellence and innovation, the Spa at La Mamounia now offers two different approaches to the Hammam. The traditional Oriental approach is more dynamic and stimulating and the Asian approach is smoother and more relaxing.Texte : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia T hough their goals are similar – radiant, younger-looking, purified skin, and an incomparable glow, the techniques for both approaches are quite different. The oriental treatment begins with a steam bath to cleanse the skin and release toxins. Black soap is then applied over a traditional base of olive marmalade enriched with eucalyptus essential oil, prior to the scrub. This procedure is very dynamic and conducted with an abrasive glove. A good scrub can eliminate up to one kilo of dead skin. Cleansing is then done with an almondbased cream, which is rinsed off with orange blossom perfumed water. This first part of the treatment concludes with the application of ghassoul, a clay very rich in minerals, extracted from the Moroccan Atlas mountains, and used exclusively for the body. The 101 BEAUTÉ l’Atlas Marocain que l’on l’utilise uniquement pour le corps. On laisse le produit agir quinze minutes pour extraire toutes les impuretés résiduelles. Après un rinçage apaisant avec une infusion d’orange, on applique une crème hydratante à l’huile d’argan. La vision asiatique, une exclusivité mondiale, est le fruit du développement des équipes de La Mamounia et l’expertise du groupe Shiseido. 102 Tout en douceur et en sensualité, ce soin joue sur les contrastes : le chaud et le froid. La vapeur du hammam traditionnel est opposée aux « Oshiboris », petites serviettes glacées et parfumées, ce qui rend le soin plus doux. Egalement, le dynamique gommage marocain au gant de crin est remplacé par un soin massant, exfoliant haute performance, intégrant deux types de micro-granules gommantes à une base de crème douce. Des particules sphériques roulent délicatement sur la peau tandis que les particules amorphes éliminent activement et efficacement les cellules mortes. Associés, ces deux types de particules éliminent les impuretés et procurent un grain de peau affiné, une peau lisse, douce et sublime. Cette première partie se clôture par un nettoyage du visage. Dans les deux visions, l’expérience se poursuit avec un massage personnalisé d’une heure. product is left to act against all residual impurities for fifteen minutes. After an appeasing rinse with orange infusion, an Argan oil hydrating cream is applied. The team at La Mamounia and experts from the Shiseido group developed the internationally exclusive Asian technique. This treatment is a play in contrasts between hot and cold. It is smooth and sensual. The vapour from the traditional Hammam is contrasted with the “Oshiboris” – small iced and perfumed towelettes, allowing for a the treatment softer. The dynamic scrub with the Moroccan abrasive glove is also replaced with a massaging, exfoliating and high-performance treatment integrating two types of scrubbing micro-granules with a soft lotion base. Spherical particles roll delicately over the skin while the amorphous particles actively and effectively eliminate the dead skin cells. These two types of particles work together to eliminate the impurities and provide a polished skin texture, smooth, soft and purified skin. This first part of the treatment concludes with a facial cleansing. With both visions, the experience continues with a personalised one-hour 103 BEAUTÉ Confortablement installé, avec la musique d’ambiance que vous aurez choisie, vous apprécierez ce moment de détente. La particularité du massage marocain est de comporter des mouvements très fluides, d’une grande ampleur. Effectué avec une huile d’argan pure, à la fois nourrissante et régénérante, il est particulièrement adapté à la relaxation. Pour augmenter son efficacité, certains points énergétiques sont stimulés par l’application de pierres chaudes. Le massage japonais, beaucoup plus codifié, s’inscrit dans un protocole qui ne compte pas moins de 300 gestes. Orientale ou asiatique, cette expérience, apportera la découverte de sensations inédites. massage. The guest selects the mood music, lies down comfortably on the table, and is given a moment of relaxation. The particularity of the Moroccan massage is that it consists of very large and fluid movements. It is given using pure Argan oil, which is both nourishing and regenerating, and suitable for relaxation. To increase the massage’s effectiveness, some pressure points are stimulated by the application of hot stones. The Japanese massage is much mode regulated and entails a protocol that includes no less than 300 movements. Whether you select the Oriental or Asian experience, you are bound to discover new sensations. 104 105 PRESTATIONS Nouvelle saison musicale au bar Churchill Pour cette nouvelle saison, c’est un duo de choix qui vient de rejoindre le bar Churchill. La chanteuse Trebeka dont la voix bouscule les genres et crée de nouvelles sonorités dans un remarquable répertoire où se mêlent rythme et mélancolie, Soul et Jazzy. Trebeka, qui a déjà chanté en compagnie de grands artistes comme Pascal Obispo et Manu Dibango, est accompagnée au piano par Nano Prado. Ce grand musicien chilien, à la fois compositeur et pianiste a accompagné tout au long de sa carrière la célèbre chanteuse américaine de Soul Gladys Knight, ainsi que les non moins célèbres Gloria Gaynor et Barry White. Ce magnifique duo se produit tous les soirs, sauf le dimanche à partir de 19h30. New music season at the Churchill bar For this new season, a duo of voices have joined at the Churchill Bar. Singer Trebeka’s voice has jostled genres and created new sounds in a remarkable repertoire with blends of rhythms and melancholy, soul and jazz. Trebeka has sung 106 with the likes of Pascal Obispo and Manu Dibango. Nano Prado accompanies her on the piano. This great Chilean musician, both composer and pianist, has accompanied the famous American soul singer Gladys Knight throughout her career, as well as the equally famous Gloria Gaynor and Barry White. This terrific duo performs every night, except for Sundays, at 7:30 PM. Nouvel an magique à La Mamounia Pour fêter dignement cette fin d’année, La Mamounia, parée de ses plus beaux habits de lumière, vous convie à partager ce moment privilégié. Les chefs de nos restaurants ont rivalisé d’imagination pour proposer à votre choix, non pas un mais, trois menus gastronomiques aux couleurs, du Maroc, de l’Italie et de la France. A l’émerveillement de vos papilles s’ajoutera la magie d’Olmac, un des plus grands magiciens de son temps. Ensuite, place à la danse. Cette soirée exceptionnelle, se poursuivra au Grand Salon où la blonde walkyrie des fjords de Norvège, Miss Vixen, référence musicale des évènements prestigieux vous fera tourbillonner, comme à son habitude, jusqu’au petit matin. Après quelques heures de repos, on se retrouvera au Pavillon de la Piscine, autour du somptueux Brunch du Jour de l’An, pour prolonger l’esprit de fête avec l’animation musicale de Serge Dionne. Magical New Year’s Eve at La Mamounia To celebrate the New Year fittingly, La Mamounia, all adorned in sparkly lights, invites you to share in this special night. Our chefs have delved into the depths of their imagination to create not one, but three delicious menus for our Moroccan, French and Italian restaurants. A performance by Olmac, one of the great magicians of our time, will contribute to the wonder of the evening. This exceptional evening will continue in the Grand Salon, with entertainment by Miss Vixen, the mythical blonde Valkyrie of the Norwegian fjords who will have you dancing till dawn. After a few hours of rest, we will continue the celebration at the Pavilion by the pool with the lavish New Year’s Day brunch and musical entertainment from Serge Dionne. 107 PRESTATIONS L’expérience Golf de La Mamounia La Mamounia offre à ses hôtes golfeurs une nouvelle expérience adaptée à leur attente. « Expérience Golf » permet un séjour plein de raffinement et de découvertes. Dès l’atterrissage, l’expérience débute avec un transfert de l’aéroport en Range Rover. A l’arrivée à l’hôtel, un passage par le Spa pour un soin relaxant destiné à effacer les tensions du voyage. Le lendemain, après un petit déjeuner autour de la piscine, transfert en Range Rover vers les terrains de golf de Marrakech. De retour à l’hôtel, une heure de bien-être avec le « Massage Mamounia Tonifiant » puis dîner au restaurant Le Français. Le troisième jour, un drainage lymphatique d’une heure, suivi d’un dîner à la carte au restaurant Le Marocain. Golf Experience at La Mamounia La Mamounia is offering golf enthusiasts a new experience that will surpass their expectations. “Gold Experience” is an event filled with discovery and refinement. Upon landing, you will be picked up at the 108 airport by Range Rover and taken to the hotel. When you arrive, you will be led to the Spa for a relaxing treatment to erase the tensions of travel. The following morning, after breakfast by the pool, you will be taken by Range Rover to the Marrakech golf course. Upon your return to the hotel, you will be treated to a “Toning Mamounia Massage,” and then dinner à la carte at Le Marocain restaurant. « Day Pass Tennis et Day Pass Fitness» Les superbes installations sportives de La Mamounia et ses deux courts de tennis en terre battue incitent à prendre soin de son corps. La Mamounia crée, à l’attention de ses clients non résidents 4 nouveaux « Day Pass » Une première formule, permet aux amateurs de tennis de jouer une heure avec un professeur, suivie d’une heure de massage sportif, à 1400 MAD par personne. La même formule suivie d’un déjeuner au Pavillon de La Piscine est à 2100 MAD. Des formules similaires sont proposées aux amateurs de Fitness avec des cours de Pilates, Spining ou musculation avec coach, suivi d’une heure de massage sportif au tarif de 1400 MAD. La même formule avec déjeuner au Pavillon de la Piscine est à 2100 MAD. Les déjeuners sont hors boissons et ne comprennent pas le brunch dominical. Les Day Pass sont valables sur réservation. Tennis Day Pass Tennis Fitness Day Pass La Mamounia’s top of the line sports installations and two clay courts encourage fitness. La Mamounia has designed four new “Day Passes” for it non-resident clients. A first package allows tennis enthusiasts to play for one hour with a coach, and then receive a one-hour sports massage, for 1400 MAD per person. The same package is offered along with lunch at the Pavilions by the Pool for 2100 MAD. Similar packages are offered to exercise buffs, which include Pilates, Spinning or weights with a trainer, followed by a one-hour sports massage, for 1400 MAD per person. The same package is offered along with lunch at the Pavilions by the Pool for 2100 MAD. Lunch does not include drinks or the Sunday brunch. Day Passes are available upon reservation 109 PRESTATIONS Escale Bien-Être à La Mamounia La Mamounia vous convie à découvrir sa formule « Détente Hivernale ». Au fil d’une journée exceptionnelle vous aurez accès à toutes les installations sportives de l’hôtel. Un soin au Spa: à choisir entre un somptueux « Hammam Evasion » ou le « Massage Mamounia » d’une heure, un soin relaxant ou tonifiant. L’ensemble ponctué par une pause gastronomique pour un déjeuner à « l’Italien par Don Alfonso» du Lundi au Mercredi ou au « Français par Jean-Pierre Vigato» du Jeudi au Dimanche. Cette journée de tous les plaisirs vous est proposée à seulement 1500 dirhams par personne, boissons non incluses. Sur réservation. Une idée originale placée sous le signe du bien-être. “Winter Relaxation” at La Mamounia La Mamounia invites you to discover its “Winter Relaxation” package. At the end of an exceptional day, you will have access to all of the hotel’s sports installations. At the Spa, a one-hour relaxing and toning luxurious treatment is included, with a 110 choice between the “Hammam Escape” or “Mamounia Massage.” The package includes a gourmet lunch at “l’Italien par Don Alfonso” Mondays to Wednesdays or “Le Français par Jean-Pierre Vigato” on Thursdays to Sundays. This package can be yours for only 1500 Dirhams per person, drinks not included. Reservation required. An unique opportunity to indulge and take care of yourself. NEWS Deuxième Concours des Barmen du Maroc L’association des barmen a organisé, à Marrakech, la deuxième édition de son concours annuel destiné à récompenser les meilleurs barmen du Maroc. Lors de cette journée, les concurrents, outre une épreuve écrite, comprenant une série de questions, destinée à évaluer leurs connaissances du métier, devaient réaliser deux cocktails. Le premier était imposé et le second une création. Les candidats, outre le respect de la recette et l’originalité de la création, étaient notés sur différents critères: la dextérité des gestes, la propreté de la tenue et de l’espace de travail, la décoration des cocktails, ainsi que la qualité de communication avec le public. A l’issue de ces épreuves, le jury a annoncé les résultats. Mohammed Oudrhiri Oudaba et Saad Bennani, respectivement premier et deuxième lauréats du concours, sont tous les deux barmen A La Mamounia. Second Contest for Morocco Barmen The barmen’s association organised its second annual contest to determine the best barmen in Morocco. During this event, the contestants were required to perform two competitions: first, a written test, where their answers to a series of questions determined their knowledge of the trade; second, they 112 were required to demonstrate their creativity by designing two cocktails. Candidates were rated according to different criteria, aside from the recipe and originality of their creation. These included dexterity during the assembly of their concoction, neatness of their work and workspace, and their talents at communicating with the public. At the end of the competition, the jury announced the results. Mohammed Oudrhiri Oudaba and Saad Bennani, both barmen at La Mamounia, came in respectively first and second. La Mamounia, Meilleur Spa du Maroc 2012 Notre SPA vient de recevoir, pour la troisième année consécutive, le très convoité Awards 2012 de meilleur Spa du Maroc décerné par le très renommé magazine Américain SpaFinder. Les critères d’évaluation pour l’obtention de ces distinctions ont porté sur les installations, les soins, les produits, la qualité du service et le personnel. Le raffinement oriental, l’éventail pléthorique des soins proposés et l’extrême qualité des produits utilisés – Sisheido pour le visage et le corps, marocMaroc pour les massages, La Ric pour la manucurie – ont permis de faire la différence avec les autres établissements en compétition. La Mamounia, Best Spa in Morocco for 2012 Our SPA has just received, for the third consecutive year, the very coveted 2012 Award for best spa in Morocco, given by the very renowned US magazine SpaFinder. The criteria on which this award is based are excellence in the installations, treatments, products, quality of the staff and service. The oriental refinement, abundant range of treatments offered and extreme quality of the products used – Sisheido for face and body, marocMaroc for massages, and La Ric for manicures have set it at a higher standard than its competing establishments. 113 NEWS La Mamounia nominée dans le classement de « Conde Nast Traveler’s 2012 Gold List » La Mamounia a été nominée dans le prestigieux classement du magazine américain «Conde Nast Traveler’s 2012 Gold List » avec un score global de 92,3. Il est le seul et unique hôtel classifié au Maroc. Le journaliste mentionne notamment « le service d’une qualité exceptionnelle ainsi que la perfection dans tous les domaines» Près de 47000 lecteurs participent à ce classement annuel du magazine Conde Nast. La Mamounia named in the classification of « Conde Nast Traveler’s 2012 Gold List » We are very proud to inform you that La Mamounia has been the only hotel in Morocco to be named to the prestigious Condé Nast Traveler 2012 Gold List. This year’s Gold List is truly a representation of the best of the 114 best across the globe. Every entry on this list has been rigorously tested and screened by our readers. Nearly 47,000 of the world’s most discerning travelers produced a final selection of the very best places in the world, by participating in the annual Readers’ Choice survey. This nomination for the second consecutive year, witnesses of the excellence of service and the perfection in all fields. SHOPPING Shopping, version La Mamounia Dans les boutiques de luxe de La Mamounia, chacun pourra se laisser séduire. Envie d’une jolie robe ou d’un magnifique bijou pour un dîner élégant, d’un sac ou d’une paire de chaussures griffés pour être dans la tendance, d’une tenue tout en légèreté ou de lunettes de soleil pour « farnienter » au bord de la piscine… Photos : Lamia Lahbabi - Dior 116 Shopping, Mamounia style In the luxury shopping of La Mamounia, each boutique is there to entice. Fancy a beautiful dress or a magnificent jewel to show off at an elegant dinner, a bag or a pair of trendy designer shoes, a light and easy to wear outfit or sunglasses for “lounging about” by the swimming pool…? Photos : Lamia Lahbabi - Dior Cruise 2013 Lunettes forme papillon, monture en acétate Bleu Pastel, incrustations de perles et cristaux Swarovski, créées en édition limitée et numérotée à 5OO exemplaires Butterfly shape glasses, Pastel Blue acetate frame with pearls and Swarovski crystals inlays, limited and numbered edtion to 500 pieces Cruise 2013 Casquette blanche en viscose et nylon, visière en agneau avec tranche contrastée bleue White cap in viscose and nylon, peak in lambskin with a contrasted blue border Dior VIII Grand Bal Modèle « Plissé » Opale 38 mm automatique - Or blanc, céramique noire, diamants, opale et nacre Édition limitée de 88 pièces Dior VIII Grand Bal “Plissé” Model Opal 38 mm automatic – White gold, black ceramic, diamonds, opal and mother-of-pearl Limited Edition – 88 pieces bleu ile semi mat ior” en crocod ile od oc cr e tt a Sac “ Miss D blue soft m in g ba r” io “Miss D Dior Cruise Escarpin pointu en veau velours bleu Pointy pump in blue suede 117 SHOPPING Photophore Sphère Ciselé Hand-sawn Globe candle holder Lustre Flamme Ciselé Hand-sawn Flame chandelier Photophore Jarre Ciselé Hand-sawn Jarre candle holder 118 Chez Zoé Linge de maison Set de lit en percale 200 fils Pochette trame léger Home linens Percale 200 thread count sheet set Weft-knitted case Kiosque à Fleurs Composition florale Floral composition Chez Zoé Linge de maison Set de bain en éponge 700g Home linens Terry bath set 700 g Béatrice Paul Marinière en crêpe de soie brodée main façon marocaine Crepe shirt with Moroccan embroidery B trice Pa Sac en toiléa l e et cuir, bruod é façon a rt is a n a le Canvas and leather ha. n dbag with traditional embroidery Chez Zoé Linge de maison Peignoir trame léger Finition habbick rouge argentin Home linens Light weft-knitted bathrobe Red Argentine habbick trim Co Béa Pasllier en trice P sem pas aul ente sem rie n ente eckl rie ace 119 Khalid Art Gally SHOPPING Grande lampe de mosquée dans le style de Mamelouk en Crystal émaillé. Début XXèmeSiècle Big lamp for a mosque in the Mamluk style in enamelled crystal Early 20th century Bougeoir juif en cuivre et argent à sept branches. XIXème Siècle Jewish seven-branch candelabra in copper and silver. 19th century Deux vases vénitiens en verre soufflé. Début XXème siècle Two Venetian vases in free-blown glass early 20th century 120 Micheline Perrin Micheline Perrin Collier plastron en vermeil et argent avec grenat Collier en perle, corail et onyx Pearl, coral and onyx necklace Manchette en bronze Bronze cuff Bracelet en bronze Bronze bracelet Bague en corail et turquoise avec perles montées sur argent Coral and turquoise ring with pearls set in silver Boîte tibetaine en turquoise, corail et argent ancien Tibetan box in turquoise, coral and ancient 121 silver Jad Bijoux SHOPPING Bague en argent avec zircon, poudre de rubis et émeraude Silver ring with zircon, ruby powder and emerald Manchette en argent, zyrcon et amethyste Pouch in silver, zircon and amethyst Manchette en vermeil et pierres semi-précieuses 122 Vermeil cuff and semi-precious stones Bagues en argent avec zircon et pierres semi-précieuses Gold ring with zircon and semi-previous stones Pendentif en argent avec zircon et pierres semi précieuses et ruban fils d’or Silver pendant with zircon and semi-precious stones, with gold thread ribbon bague en argent et perles de culture Silver and cultured pearl ring Bracelet en argent, zircon et pierres semi-précieuses Silver bracelet with, zircon and semi-precious stones Les Boutiques The Stores BEATRICE PAUL 05 24 42 19 00 CHEZ ZOE05 24 38 65 87 DIOR05 24 43 10 08 JAD BIJOUX05 24 42 03 07 KHALID ART GALLERY 05 24 44 24 10 KIOSQUE A FLEURS 05 24 43 20 60 KIOSQUE A JOURNAUX 05 24 39 06 68 MICHELINE PERRIN 05 24 44 96 01 YAHYA COLLECTION 06 61 08 47 30