Janvier-Juillet 2013

Transcription

Janvier-Juillet 2013
LEN°7MAGAZINE
/ Janvier - Juillet 2013
1
Edito
90 ans de règne, Il était une fois la Mamounia…. Un passé chargé
d’histoire, un présent entre tradition et modernité et un avenir digne
d’un conte des Mille et Une nuits. Chapeau bas ! « Madame », depuis
près d’un siècle vous avez séduit les grands de ce monde, de Jacques
Majorelle à Winston Churchill (« Le plus beau lieu du monde » disait il) ou
encore Alfred Hitchcock pour « l’homme qui en savait trop ».
Au fil des ans vous avez changé de « robe » mais jamais perdu votre âme.
Le mythe est toujours là. En franchissant les marches, votre parfum
nous grise, et le bal des lanternes nous conduit au jardin d’Eden. Votre
beauté, «Madame», est éternelle.
« La beauté est une promesse de bonheur » nous a murmuré Stendhal.
Ninety years of reign. Once upon a time La Mamounia… it has made an
indelible mark in history and continues to maintain a balance between
tradition and modernity. The future can only be worthy of the Thousand
and One Nights. We tip our hats off! Great lady, for nearly a century
you have seduced the greats of a generation from Jacques Majorelle to
Winston Churchill (who called it “The most beautiful place on earth”), and
even served as backdrop to Alfred Hitchcock’s “The man who knew too
much.”
Over the years, your appearance may have changed, but you have never
lost your soul. The myth remains. Upon passing through your doors, we
become intoxicated by your essence. Your twinkling lanterns lead us to
the Garden of Eden. Great lady, your beauty is eternal.
French author Stendhal said “Beauty is a promise of happiness.”
Didier Picquot
Directeur Général
7
SOMMAIRE
Personnalité :
Nabil Ayouch, un cinéaste de dialogues
12
Joaillerie :
Eclats de carats
Evénements :
Mohamed Nedali
remporte le Prix littéraire de La Mamounia
Bollywood fait son Festival à Marrakech
18
26
Gastronomie :
Tratto-nomia,
l’atout de Don Alfonso pour l’Italien
Un nouveau chef tout en douceurs
78
84
Histoire :
Les Almoravides, deux siècles d’histoire
36
Vins :
La Mamounia crée son vin
94
Décoration :
Orientalisme et Art-Déco à la Villa M
44
Art :
Mohamed Melehi, prince de l’ondulation
52
Artisanat :
L’art du tapis
60
Designer :
Paulin Bedou ou le «classicisme déluré»
8
66
Beauté :
L’expérience du hammam,
deux visions à découvrir
74
100
Prestations
106
News
112
Shopping
116
Boutiques La Mamounia
123
CONTENTS
Personality :
Nabil Ayouch on filmmaking and dialogue
Events :
Mohamed Nedali wins the
La Mamounia Literary Award
Strong Bollywood
Presence at the Marrakech FIFM
12
18
26
History :
The Almoravides,
two centuries of history 36
Decoration :
Orientalism and Art Deco at the Villa M
44
Art :
Mohamed Melehi, Prince of Waves52
Artisanat :
The Art of carpet
60
Designer :
Paulin Bedou - Savvy Classic
LA MAMOUNIA MAGAZINE est édité par
Les Editions COLBY
Bd. Bir Anzarane, Résidence Romandie II
Tour « Al Jazira » RDC n°2
Tél : (+ 212) 05 22 36 26 48 / 05 22 39 99 21
Fax : (+ 212) 05 22 36 26 63
E-mail : [email protected]
10
66
Jewellery :
A Burst of Carats 74
Gastronomy :
Tratto-nomia:
A New Menu by Don Alfonso
for the Italian Restaurant
New pastry chef all about
delicacy and sweetness
Wines :
La Mamounia creates its own wine
Beauty :
The Hammam experience
two visions to be discovered 78
84
94
100
Services
106
News
112
Shopping
116
Stores La Mamounia
123
Directeur de la Publication : Albert Ohayon
Directrice Commerciale : Dany Ohayon
Rédacteur en Chef : Patrick Niclot
Traduction : Judith garih Azerad
Correctrices : Claire Eysseric-Lydie Pipari (Français)- Eliane Rosilio (Anglais)
Direction Artistique et Technique : Anouar Berrezqi
Ont collaboré à ce numéro : Marina Berrada, Aicha Grad, Naïma Lechiakh
Photographes: Lamia Lahbabi - Rymza - Noureddine Doudouhi
Impression : Direct Print
PERSONNALITE
Nabil Ayouch
Nabil Ayouch, un cinéaste de dialogues
Nabil Ayouch, le réalisateur du film « Les chevaux de Dieu » représentant le Maroc dans la compétition officielle du Festival
International du Film de Marrakech 2012 revient sur sa carrière et sur son film qui connaît un parcours prestigieux. Sortie début 2013.
Texte : Patrick Niclot - Photo : DR
Qui êtes-vous Nabil Ayouch ?
Je suis né en France en 1969, d’un
père marocain musulman, d’une
mère française juive de Tunisie. J’ai
passé toute mon enfance en banlieue
parisienne à Sarcelles jusqu’ à 14
ans puis à Paris. J’ai suivi des cours
de théâtre, mais rapidement, je suis
passé à la mise en scène, à l’écriture
de textes. Créatif dans une agence
de pub, j’ai réalisé plusieurs spots
publicitaires. C’est la conjonction de
la pub et du théâtre qui m’a amené au
cinéma avec « Les pierres bleues du
désert », un premier court-métrage,
avec Jamel Debbouze qui avait 15
ans et moi 20. J’ai eu la chance de
voir ce film voyager, circuler, gagner
des prix. Cela m’a encouragé à en
faire d’autres et voilà : premier long
métrage, Mektoub, puis Ali Zaoua.
La rencontre avec Mahi Binebine,
l’auteur du livre « Les étoiles de Sidi
Moumen », lauréat du Prix Littéraire
de La Mamounia 2010, dont est
adapté votre film. Voudriez-vous nous
on parler?
En fait, je ne le connaissais pas.
J’avais commencé l’écriture
d’un scénario sur les attentats de
Casablanca. Je voulais faire un film
sur la genèse et l’aborder sous l’angle
humain. J’avais envie de passer de
l’autre côté du miroir. En lisant un
article de presse, j’ai appris que Mahi
avait écrit un livre sur le sujet. Je l’ai
appelé, je lui ai demandé s’il pouvait
m’envoyer le manuscrit. Il a eu la
gentillesse de le faire et j’y ai trouvé
tout ce que j’avais envie de traiter
dans le film ; l’environnement, le
quartier, l’aspect chronique, l’aspect
fresque et surtout des personnages
absolument extraordinaires.
Extrêmement bien construits. J’ai
arrêté l’écriture du scénario et je
me suis lancé, avec Jamal Belmahi,
le scénariste, dans l‘adaptation du
roman.
Pourquoi ce titre, «Les chevaux de
Dieu»?
C’est extrait d’une phrase qui a été
prononcée par un compagnon du
prophète, au commencement de
l’Islam, pour inciter les hommes à
partir à la guerre sainte. Il leur a dit :
« volez chevaux de Dieu et les portes
du paradis s’ouvriront »! C’est une
phrase que je trouve terrible et très
belle, elle m’interpelle. Il se trouve
que cette phrase a été reprise et
Nabil Ayouch on filmmaking and dialogue
Nabil Ayouch, director of the film “Les chevaux de Dieu” (Horses of God), which represented Morocco in official competition during
the Marrakech International Film Festival in 2012, comments on his career and this film, which has been through the prestigious film
festival circuit, and has yet to be released to theatres in 2013.
Texte : Patrick Niclot - Photo : DR
Who is Nabil Ayouch?
I was born in France in 1969, from a
Moroccan Muslim father and French
Jewish mother from Tunisia. I spent
my entire childhood in the Paris
suburb of Sarcelles until the age of
14, and then in Paris. I studied the
theatre, but quickly moved on to
direction and writing. I worked for an
ad agency, where I directed several
commercials. The combination of
commercials and theatre led me to the
cinema with “Les pierres bleues du
désert” (Blue stones in the desert), a
first short film with Jamel Debbouze,
who was 15 at the time and I was
20. I was lucky to see this film get
around, travel and earn prizes. This
encouraged me to make more films.
My first feature was “Mektoub” and
then came “Ali Zaoua.”
Can you talk about your meeting with
Mahi Binebine, author of the “Les
étoiles de Sidi Moumen,” winner of
the La Mamounia Literary Award in
2010, on which your film is based?
In fact, I did not know him. I had
begun writing a screenplay on the
Casablanca attacks. I wanted to make
a film on their origin and approach it
from the human angle. I wanted to get
on the other side of the mirror. When
reading a first news article, I learned
that Mahi had written a book on the
subject. I called him and asked him if
he would send me the manuscript. He
agreed to do it and I found everything
I wanted to deal with in the movie:
the environment, neighbourhood,
the chronic aspect, the epic aspect,
and particularly characters that were
so extraordinary and extremely well
developed. I stopped writing my
screenplay and went on to adapt
the novel with scriptwriter Jamal
Belmahi.
How did you choose this title, Horses of
God?
It was taken from a phrase
pronounced by the prophet’s
companion, of early Islam, to
encourage men to go to Holy War.
He told them: “Fly horses of God
and the doors of Paradise will open.”
I find this sentence terrible, yet very
beautiful. It calls out to me. It turns
out that this sentence has been taken
and twisted by current jihadists. Just
13
Tournage du film ‘Les chevaux de Dieu’ en compétition officielle
PERSONNALITE
détournée par les jihadistes actuels.
Récemment dans des discours ils
qualifiaient les jeunes kamikazes de
chevaux de Dieu.
Ce film a déjà eu pas mal de prix?
Il a été primé 13 fois. Etre en
sélection officielle au Festival de
Cannes et obtenir le prix François
Chalais, c’est un moment particulier
dans la vie d’un réalisateur. On a
eu quatre grands prix, des prix de
la critique, des prix du public, des
prix du jeune public. Les prix en
eux-mêmes sont très éclectiques et
j’aime ça, d’abord parce que c’est
rare de pouvoir rassembler à la
14
fois la critique et le public et parce
que le film peut être apprécié avec
différents degrés de lecture. Je
n’aurais jamais cru que des enfants
de 12 ans pourraient aimer ce film et
en parler. Quand il a gagné le prix
du jury junior à Namur et ensuite
à Montpellier, j’ai demandé aux
enfants : vous avez aimé ce film, vous
ne l’avez pas trouvé trop violent ?
La réponse a été : « on l’a trouvé
pédagogiquement très intéressant ».
le 6 février. Il y a toute une série de
sorties nationales prévues en février,
puis une tournée dans les universités
américaines.
Que va-t-il se passer maintenant avec
ce film ?
C’est un bébé qu’il va falloir
accompagner. Le film sort au Maroc
Tous les films que vous avez réalisés
portent sur des différences culturelles?
Les chiens ne font pas des chats,
je suis le fruit du mariage de deux
Quel sera le sujet de votre prochain
film, est-ce une continuité ?
Je suis en écriture de scénarios. L’un
d’entre eux pourrait s’inscrire dans
la même veine, on peut imaginer une
forme de prolongation, sinon ce sont
des sujets différents.
Tournage du film ‘Les chevaux de Dieu’ en compétition officielle
recently in speeches, they described
young suicide bombers as horses of
God.
This film has already been awarded
several times?
It has been rewarded 13 times, To
be part of the official selection at the
Cannes Film Festival and receive the
François Chalais prize is a special
moment for a director. We earned four
important awards, critics’ awards, and
awards from the public and young
public. The prizes themselves have
been very eclectic. I like that because
it is rare to be able to attract both
critics and the public. The film has
been appreciated on many different
levels. I would have never thought
that 12 year-old children would enjoy
this movie and talk about it. When it
earned the junior jury prize in Namur
and then Montpellier, I asked the
kids if they liked the movie and didn’t
find it too violent. They answered:
“We found it very interesting and
educational.”
What is going to happen now with the
film?
It is a baby that will have to be
followed. It is going to be released
on February 6, in Morocco. A series
of premiers are being planned across
the country in February. Then, we
are taking it to American audiences
through universities.
What will be the subject of your next
film? Are you planning to continue the
story?
I am in the process of writing
screenplays. One may be in the same
vein. We can imagine some kind of
sequel; otherwise, there will be other
subjects.
All the movies you have directed have
dealt with cultural differences?
Dogs don’t have cats. I am the result
of a marriage of two cultures, two
15
PERSONNALITE
cultures, de deux identités, de deux
religions différentes. Toute ma vie
j’ai été entre deux pays. Je fais des
films sur la manière d’entrevoir
les différences ou la réconciliation
possible entre les cultures. Ça me
passionne, j’ai vécu avec ça, j’ai
souffert de ça, je souffre encore
parfois et ça m’intéresse d’en parler,
forcément par le biais du cinéma
parce que c’est un formidable
véhicule.
Ne pensez-vous pas que les gens ont
besoin de rêves ?
Bien sur. « Whatever Lola wants » est
un film grand public, capable de faire
rêver. « Ali Zaoua » a aussi une part
de rêve très forte. Je suis incapable
de faire des films sur des sujets qui ne
m’intéressent pas. Peut-être que ça
suppose une certaine gravité mais je
n’envisage pas le cinéma autrement.
« Les chevaux de Dieu », trouvera lui
aussi, un large public.
C
M
J
CM
MJ
CJ
CMJ
N
identities and two different regions.
My whole life, I have been split
between two countries. I make movies
on the manner of seeing differences
or the possible reconciliation between
cultures. It fascinates me and I
have lived with this my entire life. I
suffered from this and I still suffer at
16
times. I like to talk about it, and I deal
with it inevitably in my movies, which
are an incredible medium.
Don’t you think that people need to
dream?
Of course. “Whatever Lola wants”
is a movie that allowed people to
fantasize. “Ali Zaoua” is another
movie that makes you dream. I
am incapable of making movies on
subjects that don’t interest me. Maybe
it means I am too serious. But I don’t
see myself making movies any other
way. “Horses of God” will also reach
wide audiences.
EVENEMENTS
Mohamed Nedali
18
Mohamed Nedali remporte le Prix
littéraire de La Mamounia
C’est devant un aréopage de personnalités du monde littéraire et des medias venus de
nombreux pays que Christine Orban, présidente du jury a remis son prix à Mohamed
Nedali pour son dernier roman « Triste Jeunesse » en déclarant que c’est un roman
«caractérisé par un style singulier, une certaine sensibilité et une musicalité inédite».
Texte : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia
«Triste Jeunesse» relate l’histoire de
Houda et Saïd, étudiants issus des
milieux modestes de Marrakech qui
se rencontrent en première année
de faculté. Ils s’aiment et ont une
multitudes de rêves dans la tête. Leurs
études achevées, vient le temps des
désillusions, des rêves brisés… La
triste réalité des jeunes diplômés –
chômeurs, sans relation, victimes de la
corruption et du népotisme. Ils finissent
par travailler dans une maison d’hôtes.
Et c’est là que la situation dérape :
la jalousie de l’un, les contingences
matérielles et familiales de l’autre
amènent à la dislocation de cet amour et
à une fin tragique.
Mohamed Nedali a accepté de répondre
à nos questions sur son livre et sa vision
de la culture.
Faut-il habiter à Tahanaout pour être
lauréat ? Le 1er gagnant était Mahi
Binebine qui y possède un atelier,
le troisième, c’est vous, est-ce une
pépinière ?
(rires) on peut être lauréat en habitant
partout au Maroc.
C’est un lieu très calme et propice au
travail. Moi je ne fais pas qu’y habiter,
j’y suis né, ainsi que mon père et mon
grand-père. Pour moi, la condition sine
qua non pour écrire, c’est le silence. À
Tahanaout, il y a une forêt. La première
étape de mon travail s’effectue, en
marchant dans la forêt. Je fais une
sorte de synopsis mental, j’ai le point
de départ et là où je vais arriver. Je
répartis sommairement les chapitres et
de retour à la maison je commence à
écrire.
Vous êtes un écrivain prolixe, vous sortez
un roman tous les ans?
Tous les deux ans. Prolixe, je ne suis
pas Amélie Nothomb. J’ai quand
même beaucoup de peine à écrire,
car le français n’est pas ma langue.
Jusqu’à l’âge de sept ans, je ne parlais
que berbère. À 7 ans, arrivé à l’école
primaire les instituteurs parlaient l’arabe
dialectal, le darija et nous enseignaient
l’arabe classique. Vers l’âge de 10 ans,
j’ai commencé à apprendre l’alphabet
français. Prolixe, disons que je travaille
régulièrement, tous les jours et ça donne
un résultat au bout d’un an et demi. Le
reste du temps, je le passe à relire, à faire
des corrections et des rectifications. Je
crois que c’est Montherlant qui disait :
«un livre, on ne le termine jamais, on
l’abandonne». C’est très souvent ma
femme, professeur de français dans le
même lycée que moi, qui me dit : « ce
livre, il faut l’abandonner et passer à
autre chose », et moi je continue. Je
cherche peut-être la perfection.
«Triste jeunesse» est un livre quelque peu
désespérant. Apparemment, si on n’est
pas riche et pas de relations, même si
on fait des études brillantes, il n’y a pas
d’avenir?
Notre système scolaire ne s’adapte
pas aux besoins de la société. Il y a un
fossé entre les besoins des entreprises,
de la société en général et les contenus
dispensés dans les universités. Les
étudiants diplômés arrivent sur le
marché de l’emploi. On leur demande
des apprentissages ou des compétences
qu’ils n’ont pas. Ils se retrouvent au
chômage ou doivent aller, dans des
écoles privées qui coûtent cher, faire
des études beaucoup plus pratiques
dont la société a besoin. Donc, ces
étudiants, il est vrai, ont du mal à
se faire une place au soleil. Ceci dit,
l’autre problème est celui de la culture.
On peut avoir des diplômes et rester
analphabète culturellement parlant. On
19
EVENEMENTS
Qu’en est-il de votre prochain roman?
(rires) il n’y aura pas non plus de
« happy end » . J’ai décidé de consacrer
une trilogie à la jeunesse marocaine.
Triste jeunesse est le premier tome.
Le second est l’histoire d’un jeune
couple, elle, employée d’hôtel et lui,
fonctionnaire de la santé publique. Leur
travail leur permet de survivre mais pas
de réaliser leurs rêves et leurs ambitions
à cause de la crise et de ses corollaires,
la corruption, le népotisme...
Quand sortira-t-il?
Il est écrit, je suis en train de le
peaufiner. Comme les autres, il sortira
d’abord au Maroc aux éditions Le
Fennec et quelques mois plus tard chez
mon éditeur français, «les éditions de
l’aube».
Merci Mohamed Nedali. Nous
attendons la prochaine sortie de la suite
de «Triste Jeunesse».
Jury
peut apprendre, c’est du bachotage,
sans avoir jamais rien lu à côté. C’est
pour cela qu’il y a des médecins, des
avocats, des ingénieurs incultes.
Est-ce que ce n’est pas un problème
général et pas inhérent au Maroc ?
Certainement, mais arrivés à un
certain âge, les gens se mettent à la
lecture. Si vous ouvrez le sac d’un
touriste français, il y a toujours un
livre. À partir de 30 ans, on se met
spontanément à la lecture. Au Maroc,
les gens ne lisent pas, ils regardent
la télévision. En France, il y a une
politique du livre et une offre culturelle
exceptionnelle. Chez nous, ce n’est pas
le cas. Les budgets du Ministère de la
Culture sont très limités, ajouté à cela
le fait qu’il n’y a pas de volonté réelle
de changer les choses. Il faut vraiment
mettre en place une politique du livre
volontariste. C’est le seul moyen de
combattre l’inculture et les intégrismes
quels qu’ils soient, politiques ou
religieux. Un citoyen qui lit est à l’abri
des tentations intégristes, moi j’en suis
sûr. Il y a lire et lire. Certains livres
ne sont que de la propagande ou du
prosélytisme.
20
Marie Laberge et Vincent Engel
EVENEMENTS
Christine Orban, Mohamed Nedali et Mr Didier Picquot
22
Mohamed Nedali wins the La Mamounia
Literary Award
A who’s who of personalities from the literary world and media from the world over assisted
as Christine Orban, President of the jury awarded the prize to Mohamed Nedali for his
latest novel “Triste Jeunesse,” stating that this novel is “characterized by a singular style,
certain sensitivity and particular musicality.”
Texte : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia
“Triste Jeunesse” tells the story of
Houda and Saïd, two students from
a humble background in Marrakech
who meet during their first year of
university. They fall in love and are
filled with dreams. As they finish
their studies, disillusionment sets in
and their dreams are broken. This is
the sad reality for young graduates
– unemployment, no family, they
become victims of corruption and
nepotism. They end up working in a
small riad. This is where the situation
falls apart – one’s jealousy and the
other’s material and family situations
lead to the breakdown of their
relationship and a tragic end.
Mohamed Nedali has accepted to
answer our questions on his book and
his vision of the culture.
Is it necessary to live in Tahanaout in
order to win? The 1st winner was Mahi
Binebine, who has his workshop there,
and you are the third. Is it a breeding
ground?
(Laughs) You can be a winner even if
you live anywhere in Morocco.
It is a very calm place and conducive
to work. I don’t just live there; I was
born there, as were my father and
grandfather. For me, the essential
condition for writing is silence. In
Tahanaout, there is a forest. The first
step in my process is to take a walk in
the forest. While there, I create a sort
of mental synopsis. I find the starting
point and point where I will end up.
I arrange the chapters. Once I return
home, I start writing.
You are a verbose writer. You put out a
novel every year?
Every two years. I’m not Amélie
Nothomb. I still have a lot of trouble
writing, because French is not my
language. Until the age of seven,
I spoke only Berber. Then I went
to elementary school, where the
teachers spoke Darija, a dialect of
Arabic, and taught us classic Arabic.
Around the age of ten, I began to
learn the French alphabet. Verbose?
Let’s say that I work regularly, every
day, which produces a result after a
year and a half. The rest of the time,
I spend revising, making corrections
and rectifications. I believe it was
Montherland who stated that a book
is never finished but rather given up.
My wife, a French teacher at the same
school as me, often tells me: “You
have to give up this book and move on
to something else,” and yet I continue.
Maybe I seek perfection.
“Triste jeunesse” is somewhat of a
depressing book because apparently,
if you are not rich and don’t have
relationships, even if you have
undergone brilliant studies, you don’t
have a future?
Our school system is not adapted to
the needs of society. There is a gap
between the needs of businesses and
those of society in general, and the
teachings dispensed in universities.
Graduates arrive in the workplace
and are asked for experience or skills
they don’t have. They find themselves
out of work or have to go to expensive
private schools to learn a trade that
society actually needs. These students
therefore do have trouble finding their
place in the sun. This being said, the
other problem is culture. You can have
a diploma, yet remain illiterate in the
cultural sense, because you can study
23
EVENEMENTS
Mr et Mme Orban et d’autres invités
the subject at hand without having
ever read anything on the side. This
is why there are ignorant doctors,
lawyers or engineers.
Isn’t this a general problem that does
not just specifically apply to Morocco?
Certainly, but when people get to a
certain age, they begin to read. If you
open a French tourist’s bag, there is
always a book. From the age of 30,
we spontaneously start to read. In
Morocco, people do not read. They
watch television. French people read
and have an exceptional literary
culture. This is not the case here. The
ministry of Culture’s budget is very
24
limited. Add to that the fact that there
is no real will to change things. A
voluntary reading policy ought to be
implemented. It is the only way to fight
ignorance and fundamentalism, both
political and religious. I’m quite sure
that reading helps to protect citizens
from fundamentalist temptations. Of
course, there is reading and reading.
Some books are just propaganda or
preachy.
What about your next novel?
(Laughs) There won’t be a happy end
there either. I have decided to write
a trilogy on Moroccan youth. “Triste
Jeunesse” is the first volume. The
second is the story of a young couple
– she is a hotel worker and he is a
public health civil servant. Their work
allows them to survive, but not realise
their dreams and ambitions because
of the crisis and its consequences –
corruption, nepotism, etc.
When will it be released?
It’s written. I am just polishing it. Like
the others, it will first be released in
Morocco by Le Fennec, and then by my
French editor, Les éditions de l’aube.
Thank you Mohamed Nedali. We
await the release of the next book in
the “Triste Jeunesse” series
EVENEMENTS
Bollywood fait son Festival à Marrakech
Pour cette douzième édition, le Festival du Film de Marrakech a connu un succès
incontestable. Tant par sa programmation que par la présence de stars de renommée
internationale et notamment la pléthorique délégation indienne qui a défilé sur le tapis
rouge du Palais des Congrès, illuminant la nuit par les flashs des photographes présents
pour l’occasion.
Texte : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia - MR
26
Strong Bollywood Presence at the Marrakech FIFM
The 12th edition of the Marrakech Film Festival was an undeniable success. The
program, attendance by international stars, particularly the abundant presence of the
Indian delegation walking the red carpet at the Palais des Congrès, lighting up the night
along with the flashes of photographers present for the occasion all contributed.
Texte : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia - MR
27
EVENEMENTS
« En tant que cinéaste, je sais combien
il est difficile de faire un film et
encore davantage d’en faire un bon.
Je salue tous ceux qui ont trouvé
leur chemin jusqu’à Marrakech ».
C’est par ces mots que le réalisateur
anglais John Boorman, Président du
jury a ouvert ce 12e festival.
John Boorman
Ils étaient 15 en compétition mais il
ne pouvait en rester qu’un au moment
de décerner l’Etoile d’Or. Un Grand
Prix que le jury, a remis à «L’attentat»
du libanais Ziad Doueiri. « Hijacking
», quant à lui, repart avec deux
trophées: Prix du Jury, ex-aequo
avec Taboor et Prix d’Interprétation
Masculine pour Soren Malling.
Le Prix d’Interprétation Féminine
revient à Elina Reinold dans
« Mushrooming ».
Cette année, le cinéma marocain
était représenté en compétition
officielle par deux excellents films
«Les Chevaux de Dieu» de Nabil
Ayouch et «Zéro» de Nour-Eddine
Lakhmari qui méritaient de figurer
en tête du palmarès. C’était en tout
“As a film-maker, I know how
hard it is to make a movie,
even more so a good one. I
congratulate all those who have
made their way to Marrakech,”
said John Boorman, President of
the Jury as he opened this 12th
festival.
Nabil Ayouch et l’équipe du film les Chevaux de dieu
28
Fifteen films were in competition,
but only one could receive the
Gold Star. The jury awarded this
great honour to “L’attentat” by
Lebanese director Ziad Doueiri.
“Hijacking”
received
two
trophies – the Jury Prize tied
with “Taboor” and Best Actor for
Soren Malling. The award for
Best Actress was given to Elina
Reinold in “Mushrooming.”
This year, Moroccan cinema
was represented in official
competition by two excellent
films – “God’s Horses” by
Nabil Ayouch and “Zero” by
Nour-Eddine Lakhmari, which
deserved the honour of being
top award-winners. This was the
Hrithik Roshan et son épouse
29
EVENEMENTS
Priyanka Chopra
Mélanie Laurent
30
Kalki Koechlin et Son Producteur
cas, le souhait de bien des festivaliers.
Tout avait commencé neuf jours plus
tôt. Des dizaines de personnes étaient
rassemblées vendredi soir, sous une
pluie battante, devant le Palais des
Congrès où se déroulait la cérémonie
d’ouverture, pour applaudir les stars
présentes : Gemma Arterton, Julie
Gayet, Monica Bellucci ainsi que
les très sexy actrices de Bollywood
Ileana D’ Cruz et Priyanka Chopra
sublimissimes dans des tenues très
légères pour le froid inhabituel. C’est
la très belle et très blonde Mélanie
Laurent, habillée en Dior, qui a ravi
la vedette à toutes ces dames.
Un hommage particulièrement
chaleureux a été rendu à Isabelle
Huppert lors de cette soirée
d’ouverture du festival. L’actrice
française rayonnante a été vivement
applaudie par le nombreux public
invité.
Monica Bellucci
wish of the festival attendees in
any case.
Everything began nine days
earlier. Dozens of people had
assembled in front of the Palais
des Congrès on Friday night
under the pouring rain to cheer
the stars that had gathered:
Gemma Arterton, Julie Gayet,
Monica Bellucci, and very sexy
Bollywood actresses Ileana D’
Cruz and Priyanka Chopra, both
sublime in their attire, very light
for this unusual cold. However,
the very beautiful and very
blonde Mélanie Laurent dressed
by Dior stole the limelight from
all these ladies.
A particularly warm tribute
was give to Isabelle Huppert at
the festival’s opening night. The
large invited audience gave the
glowing French actress a strong
applause.
Isabelle Huppert
31
EVENEMENTS
Christian Louboutin
32
Mallika Arora Khan
Emir Kusturica, Président du jury
de la précédente édition a annoncé
le tournage de son prochain film
au Maroc. « Ce sera mon premier
film en langue française » a-t-il
précisé. C’est une histoire d’amour
qui mettra en scène Leïla Bekhti,
Tahar Rahim et Monica Bellucci. La
sublime actrice italienne a dit être
intéressée par la nouvelle aventure
du célèbre réalisateur serbe. Monica
Bellucci a été très présente, durant
ce festival, pour la promotion de
son film «Rhino season» de l’Iranien
Bahman Ghobadi où elle interprète
un rôle «complètement différent»
de ce qu’elle a l’habitude de faire,
le personnage d’une femme kurde
irakienne opprimée.
Surnommé « le demi-dieu » par
certains, l’acteur indien Shahrukh
Khan a exécuté, devant un public
survolté, réuni pour l’occasion sur
Jury FIFM
Emir Kusturica, President of
the Jury at last year’s festival,
announced the filming of her
upcoming movie in Morocco.
“This will be my first French
language film,” he specified.
This is a love story starring
Leïla Bekhti, Tahar Rahim and
Monica Bellucci. The sublime
Italian actress had expressed her
interest in the famous Serbian
director. Monica Bellucci was
very present during this festival,
for the promotion of her movie
“Rhino Season” by Iranian
Bahman Ghobadi, where she
plays a “completely different”
role than to which she has been
accustomed – the character of an
oppressed Iraqi Kurd woman.
Considered by some as a
“demigod”, Indian Shahrukh
Khan performed a show of song
and dance for over a half-hour
Shahrukh Khan
33
EVENEMENTS
la Place Jamaa El Fna, un show
de chants et de danses pendant
plus d’une demi-heure » avant la
projection en avant-première de son
film « Jusqu’à mon dernier souffle »
de Yash Chopra.
Lors de la soirée qui a suivi la
projection, la star bollywoodienne
s’est vue décorée du Wissam, par
SAR le prince Moulay Rachid.
before an over-excited crowd
gathered for the occasion at the
Place Jemaa El Fna, prior to
the premier of his film “As Long
as There is Life” (Jab Tak Hai
Jaan) by Yash Chopra.
During the evening following the
projection, the Bollywood star
was given the Wissam award by
HRH Prince Moulay Rashid.
34
SAR le prince Moulay Rachid et Shahrukh Khan
HISTOIRE
Les Almoravides,
deux siècles d’histoire
La dynastie des Almoravides qui régna de
1056 à 1147, est issue d’un mouvement
religieux et politique né, à partir de 1039,
dans des tribus berbères du sud du Sahara.
Abdallah ibn Yacine, juriste malikite
prêche la réforme des pratiques religieuses
des populations sahariennes.
Texte : Patrick Niclot - Photos : DR
I
bn Yacine fonda un couvent
militaire appelé Ribat qui donna
son nom à ses disciples les
Almoravides. Il entame la conquête
du Sahara et du Maghreb, en suivant
les axes du commerce transsaharien
et meurt au combat en 1059. Un de
ses lieutenants, Aboubaker ibn Omar,
prend le pouvoir et poursuit la lutte. Il
fonda la ville de Marrakech vers 1061.
Contraint de retourner au Sahara, il
confia le pouvoir à son cousin Youssef
ibn Tachfine qui s’établit dans la
The Almoravides,
two centuries of
history
The dynasty of the Almoravides, who ruled
from 1056 to 1147, originated from a
political and religious movement born in
1039, in Berber tribes from the southern
Sahara. Abdallah ibn Yacine, a Malikite
jurist preached in favour the reform of
the religious practices by the Saharan
populations.
Texte : Patrick Niclot - Photos : DR
I
bn Yacine founded a military
convent called Ribat, which
gave its name to his disciples, the
Almoravides. He began conquering
the Sahara and Maghreb, following
the trans-Saharan trade routes, and
died in combat in 1059. One of his
lieutenants, Aboubaker ibn Omar,
took over power and continued
the fight. He founded the city of
36
La Koutoubia
HISTOIRE
La Koutoubia
nouvelle capitale, Marrakech et prend
le titre d’Émir des musulmans. Cela lui
permet de légitimer son pouvoir tout
en reconnaissant le calife abbasside de
Bagdad. En 1086, les princes arabes
d’Espagne lui demandent son aide
contre le roi de Castille. La victoire
d’Ibn Tachfine contre Alphonse VI à
38
Sarajas, lui donne la légitimité pour
soumettre les royaumes des Taifas.
Durant une trentaine d’années, les
Almoravides réussissent à contenir la
conquête chrétienne, notamment en
reprenant Valence occupée par le Cid.
L’Empire almoravide s’étendant de la
vallée de l’Èbre jusqu’à la Mauritanie
actuelle, se dote d’un appareil
administratif organisé et centralisé.
Il bénéficie d’un développement
économique important, grâce au
contrôle des axes du commerce
transsaharien. L’or africain alimente
le trésor impérial d’où sont émis
des dinars nommés « Marabotins »
Université Al Quaraouiyine
Marrakech in approximately 1061.
Since he had to return to the Sahara,
he turned power over to his cousin,
Youssef ibn Tachfine, who settled
in the new capital of Marrakech
and gave himself the title of Emir
of Muslims. This enabled him to
legitimize his power while recognising
the Bagdad Abbassid Caliphate.
In 1086, the Arab princes of Spain
asked for his help against the king of
Castile. Ibn Tachfine’s victory against
Alphonse VI in Sarajas gave him
the legitimacy to subject the Taifas
kingdoms. For nearly thirty years,
the Almoravides were successful
in containing Christian conquest,
particularly by retaking Valencia,
which was occupied by El Cid.
The Almoravide Empire extended
from the Ebro Valley to what is now
Mauritania. Its government was
central and organised. It flourished
economically thanks to control over
39
HISTOIRE
largement diffusés dans les royaumes
chrétiens d’Espagne. L’essor de ville,
comme Alméria, témoigne de cette
riche activité économique.
On doit aux Almoravides deux
réalisations majeures dans l’urbanisme
du Maroc. Ils fondent Marrakech,
y construisent un palais, plusieurs
grandes mosquées dont la Koutoubia et
la mosquée Ali ben Youssef. Ils créent
un réseau complexe de canalisations
souterraines, les khettaras, nécessaire
à l’irrigation des nombreux jardins
urbains. Marrakech est protégée par
une grande enceinte en terre. Les
Almoravides réunifient la ville de
Fès et agrandissent la mosquée Al
Karawin.
Enlisés dans la guerre en Andalousie
contre les chrétiens et la prise de
Saragosse par les Aragonais, les
Almoravides connaissent sous le règne
de l’émir Ali ben Youssef le début de
leur déclin. Malgré leur force militaire
et la série de fortifications mises en
place, les Almoravides succombent
aux attaques Almohades, et la capitale
Marrakech tombe en 1147.
Les derniers souverains Almoravides
se réfugient aux Baléares où ils
maintiendront un pouvoir autonome
pendant un demi-siècle.
La Koutoubia
Université Al Quaraouiyine
the trans-Saharan trade routes.
African gold funded the imperial
treasure. Dinars, or “Marabotins,”
were issued from there and greatly
used across the Spanish Christian
kingdoms. Cities such as Almeria
experienced great expansion from
bustling economic activity.
Morocco owes the Almoravides two
major achievements. They established
Marrakech, built a palace there and
40
several great mosques, including
the Koutoubia and Ali ben Youssef
mosque. They developed a complex
network of underground canalizations
– the khettaras – required to
irrigate the numerous city gardens.
Marrakech is protected by a large
earthen enclosure. The Almoravides
also reunified the city of Fès and
expanded the Al Karawin mosque.
Their reign began to decline under
the Emir Ali ben Youssef as they got
entangled in the war in Andalusia
between the Christians and capture
of Saragosse by the Aragonese.
In spite of their military strength
and the fortifications installed, the
Almoravides fell to attacks from the
Almohades and took refuge in the
Balearic Islands, where they would
maintain autonomous power for half
a century.
HISTOIRE
Jennifer Aniston
Sir Winston Churchill
Calogero
La Mamounia et ses célébrités
A
Hillary Clinton
u fil des décennies La Mamounia a reçu tous
les grands de ce monde. Ils furent si nombreux
qu’il est impossible de tous les citer : l’un des plus
fidèles fut Sir Winston Churchill dont le nom reste
gravé à jamais sur l’une des plus prestigieuses
suites de l’hôtel. D’autres hommes politiques
y séjournèrent : hier Théodore Roosevelt, plus
récemment Nelson Mandela, Jacques Chirac et
aujourd’hui Hillary Clinton.
Le monde du cinéma se laissa séduire, Jean
Tissier y tourna « Alerte au Sud » en 1953 et
Alfred Hitchcock « l’homme qui en savait trop ».
Acteurs et chanteurs succombèrent à son charme.
Parmi les grands couturiers Pierre Balmain et
Yves Saint Laurent aimaient s’y ressourcer bien
qu’ayant une résidence à Marrakech.
Après la réouverture de Septembre 2009,
le Palace mythique renoua avec sa tradition
et accueillit Sarah Jessica Parker en plein
tournage de «Sex and the city 2». Pour le
Grand Opening toute la Jet-Set internationale
a foulé le tapis rouge de La Mamounia:
The Place to be !.
The Rolling Stones
42
Yves Saint Laurent
Sharon Stone
David Guetta
Gwyneth Paltrow
Robert De Niro
La Mamounia and its celebrities
T
Roschdy Zem
Faouzi Bensaidi
hroughout its existence, La Mamounia has
received many world famous celebrities.
So many it would be impossible to list. But let’s
remember one of its most faithful guests, who gave
his name to a prestigious suite called after him,
Sir Winston Churchill. Other politicians stayed
there. Yesterday, it was Theodore Roosevelt,
more recently Nelson Mandela, Jacques Chirac
and Hilary Clinton.
The film industry was seduced. Jean Tissier
used it as a location for «Alert in the South”.
In 1953, Alfred Hitchcock shot « The man who
knew too much”. Actors and singers discovered
its magic power. Although they had their own
holiday homes in Marrakech, La Mamounia
was Yves Saint Laurent and Pierre Balmain
preferred place of relaxation. After its reopening
in September, 2009, the legendary luxury palace
continued this tradition and welcomed Sarah
Jessica Parker, who was shooting the film ‘Sex
and The City’2. The grand opening was attended
by major international celebrities for whom La
Mamounia is “The Place to be”.
Salma Hayek
Sarah Jessica Parker
Saïd Taghmaoui
43
DECORATION
44
Orientalisme et
Art-Déco à
la Villa M
En compagnie de Jérôme Vermelin, nous
partons à la découverte de la Villa M, cette
authentique maison de style colonial qu’il
a transformé en écrin pour présenter, à
une clientèle d’amateurs, ses créations et
ses coups de coeurs chinés au cours de ses
balades dans le monde.
Texte : Patrick Niclot - Photos : Lamia Lahbabi
M
arrakech, troisième étape de
son périple professionnel,
après Aix-en –Provence
et Paris. C’est à Aix-en –Provence
dans le sud de la France, qu’il crée,
dans un quartier historique, sa
première galerie dédiée au mobilier,
la décoration et l’art de vivre. Il
ouvre un deuxième lieu à Paris Rive
gauche, sur le même principe et y
ajoute un cabinet de curiosités. Puis,
ce sera Marrakech. Après des études
d’architecture et d’histoire de l’Art, il
succombe à sa passion et entreprend
une spécialisation en peinture
orientaliste. C’est ce qui le fera venir
au Maroc. Au bout de deux séjours,
il prend un riad en médina qui lui sert
de point de départ pour son travail. Il
le redécore entièrement et à partir de
là, il aura toujours un pied au Maroc,
depuis 13 ans.
La villa M est son nouvel espace, il
y reçoit comme à la maison. Ce n’est
pas une boutique, ni un show-room,
d’ailleurs il n’aime pas le terme.
C’est un lieu : « ce sont mes coups
de cœur, c’est un résumé de ma vie.
J’ai toujours eu des lieux et ici, je
voulais créer quelque chose qui ait
une identité. C’est pour ça que j’ai
45
DECORATION
pris cette maison coloniale du Gueliz
complètement typique du Marrakech
des années 50 ». Et finalement, c’est
ce que les gens aiment. On arrive
dans une maison, on pousse la porte,
c’est la découverte.
La Villa M est un temple à la gloire
des grands courants du XXe siècle
qui sont orientalisme, africanisme et
Art – déco. La villa M est orientée
vers la pièce unique. Dans cet endroit
exclusif et intimiste. On y reçoit les
clients sur rendez-vous et on leur
présente des pièces de mobilier,
des tableaux d’artistes marocains
ou européens installés au Maroc,
des portraits orientalistes. Il y a des
objets de curiosités, de l’argenterie
ancienne, des coiffes africaines, des
collections de Murano et des objets
de décoration, des coussins, de
la passementerie et un cabinet de
bijoux. La plupart sont des bijoux
ottomans ainsi que des bijoux de
créateurs d’inspiration orientale,
revisitée.
Les pièces sont sélectionnées dans
différents endroits du monde.
Certaines proviennent d’Orient,
de France ou de Belgique pour
le mobilier Art – déco. D’autres
sont des collections suivies de sa
création de canapés, de chaises, de
luminaires. Le concept de la Villa M
est de faire un décor où les objets sont
présentés en situation. Chaque objet
a une place bien définie, les styles se
mélangent avec harmonie. L’aspect
symétrique
des
présentations
accentue la présence de pièces
prestigieuses. La collection automne
– hiver est «noir et blanc» avec une
base de tendances géométriques et
graphiques. Les objets évoluent ou
changent en permanence.
46
« Je pars de pièces fortes comme la
paire de portes – turbans syriens de
la présentation actuelle et le buffet
Autrichien avec la marqueterie à
damiers des années quarante. Je
crée alors un mélange de décors ».
La collection de printemps sera sur
le même principe, avec un autre
décor, d’autres couleurs, une autre
ambiance, toujours sur la base
orientaliste, africaniste, et Art - déco.
Contact : 05 46 92 06 89
[email protected]
DECORATION
48
Orientalism and
Art Deco at the
Villa M
Along with Jérôme Vermelin, we head
to discover the Villa M, this authentic
Colonial style house, which he has
transformed into a showcase for his
designs and finds throughout his travels
around the world.
Texte : Patrick Niclot - Photos : Lamia Lahbabi
M
arrakech is the third
step on his professional
voyage,
after
Aixen-Provence and Paris. It is in
a historic quarter in Aix-enProvence, in the south of France
that he designed his first gallery
focusing on furniture, decoration
and lifestyle. He opened a second
gallery on rive gauche in Paris,
based on the same principle, and
added a locale for unique objects.
Then, he came to Marrakech.
After studying architecture and
Art History, he succumbed to his
passion and decided to specialise in
oriental art. This is what brought
him to Morocco. After two trips,
he settled in a riad in the medina to
start on his work. He redecorated
it entirely, and it has remained his
home in Morocco for the last 13
years.
Villa M is his new space. He
welcomes people there just as he
does at home. It is not a boutique
or showroom, in fact, he does not
like the word. It is a place where
he keeps his “treasures, which
summarize my life. I have always
had a place, but here I wanted
49
DECORATION
to create something that has an
identity. This is why I took this
colonial house in Gueliz that is
so typical of Marrakech and the
1950s.” It turns out that this is
what people enjoy. You enter the
house, open the door, and discover.
Villa M is a temple to the glory
of the main movements of the
XXth century – Orientalism,
Africanism and Art Deco. Villa
M is a unique in this exclusive
and intimate place, and people
are welcomed by appointment to
view pieces of furniture, paintings
by Moroccan or European artists
who have settled in Morocco, and
orientalist portraits. There are
unique objects, ancient silverware,
African headdresses, collections
of Murano and decorative
objects, pillows, passementerie
and a jewellery case. Most pieces
originate from the Ottoman period
or come from designers who have
revisited oriental art.
The pieces were recovered in different
parts of the world. Some come from
the Orient, France or Belgium (with
regard to the Art Deco furniture).
Others are collections of designs for
sofas, chairs and lamps. The Villa M
concept is to create a décor where
the pieces are presented in a setting.
Each piece has his well-defined
space, and styles blend harmoniously.
The symmetrical appearance allows
the prestigious pieces to stand out.
The fall-winter collection is black
and white with a base of geometric
and graphic trends. Objects evolve or
change constantly.
50
“I start with strong pieces, such as
the pair of doors – Syrian turbans
from the current collection and
the Austrian buffet with the inlaid
check pattern from the 1940s, and
I blend the decors.”
The spring collection will be based
on the same principle, with a
different decor, different colours,
and a different atmosphere, yet
still focusing on Oriental, African
and Art Deco styles.
ART
52
Mohamed Melehi,
prince de l’ondulation.
Mohamed Melehi est considéré comme
un des pères fondateurs de la peinture
contemporaine marocaine, non figurative.
A la fois charmant et charmeur, il répond
avec beaucoup d’humour, à certaines
étiquettes qui l’accompagnent dans sa
quête de l’onde et de l’ondulation
Texte : Patrick Niclot - Photos : DR
Vous êtes reconnu comme étant le père
de la peinture contemporaine?
On me colle cela. Les appellations
sont des espèces de béquilles. Je
fais partie d’une génération, la
première, qui aborde la pratique des
arts plastiques par le biais de l’école
des Beaux-Arts. Auparavant, on
apprenait par mimétisme auprès d’un
artiste établi.
Quel a été votre parcours?
J’ai fait un parcours que je trouve
intéressant, du Maroc en passant par
l’Espagne, l’Italie. Ensuite, je suis
allé aux Etats-Unis, une espèce de
saut. J’ai connu certaines tendances,
et des manières de percevoir le
monde. Ma peinture à l’époque était
totalement minimaliste, presque
nihiliste. Il n’y avait que des noirs et
des traits.
Pulsation 1964 - Centre Pompidou Paris
On va parler de votre peinture?
Quand j’arrive aux Etats-Unis, il y
une boîte qui explose, de couleurs
et de formes. J’ai ramené tout ça à
ma peinture, la couleur, les points.
Je reprends des techniques ou des
compositions que j’ai faites, il y a
longtemps. Mon travail actuel est
une recomposition qui comporte
les lettres d’un alphabet artistique
lié à une certaine période, dans la
matière. J’ai introduit la toile de jute,
le carreau. J’étais impressionné par
l’informatique. La similitude entre
les cartes perforées des ordinateurs
et les immeubles éclairés, le soir à
New-York. J’ai toujours travaillé
avec l’ondulation, soit une vague, soit
un courant d’eau. C’est un geste qui
comporte une sensation sensuelle.
Avat Art 2012
53
ART
On dit de vous que vous êtes un
peintre érotique?
Oui, très bien. J’approuve, parce
qu’une civilisation se fait par des
contre-courants. Dans l’art africain,
en architecture, en bijouterie, il y
a toujours cette forme comme un
discours abstrait. Je me suis affirmé
dans la forme de l’onde. Pour moi,
c’est un élément de sensualité
occulte. Le corps humain était
patent, on voyait les fesses, les
ondes. Aujourd’hui c’est très clair
dans mon travail. Il y a cette espèce
d’amalgame de l’onde, de la matière,
organique comme la toile de jute,
élément corporel symbolisant la
sensualité. Ce n’est pas un discours
qui fonctionne avec la mentalité
qui court aujourd’hui, mais ça
m’intéresse, c’est le contre-courant.
Vous êtes un peintre engagé?
Je l’ai toujours été, politiquement,
avec modération. Je n’ai jamais
voulu jeter de pierres. Je vis dans
un monde avec lequel je suis en
antagonisme, lui-même recherchant
une autre voie. Je me suis converti
par la pensée à la tradition Zen.
Vous avez des personnages, comme
le samouraï, qui est un guerrier
pacifique mais très violent. J’ai
toujours été engagé, d’une manière
pacifique.
Vous êtes plus Gandhi que Mao?
Oui, mais Mao je l’aime beaucoup
parce que c’était un bon
photographe. Savez-vous que Hitler
s’est engagé dans le mouvement
nationaliste parce qu’il a été refusé
au concours des Beaux-Arts. Je
n’aime pas la violence et je sais
qu’on ne peut pas arranger les
choses par la violence. J’ai été
furieux quand les modérés ont
pris le pouvoir en Iran et que les
mollahs ont récupéré la situation
avec la bénédiction de l’Occident,
qui n’a pas compris le risque que ça
représentait.
Quel regard portez vous sur la
création contemporaine?
Mon regard porté sur la création
contemporaine est encourageant.
54
Sculpture monumentale 2011 - Autoroutes du Maroc
Les collections se sont ouvertes à
l’abstraction. Le Maroc, dans le
panorama arabo-musulman est en
avance et se situe à l’instar des pays
occidentaux. Le Maroc est à la veille
de la création de son premier musée
d’Art Contemporain dont M Qotbi a
la charge, à l’initiative de Sa Majesté
le Roi Mohamed VI, qui va être
l’objet de référence.
ART
56
Mohamed Melehi,
Prince of Waves
Mohamed Melehi is considered to be one
of the founders of Moroccan contemporary
abstract art. Both charming and a
charmer, he responds with a lot of humour
to certain labels that have followed him in
his quest for waves and undulation.
Texte : Patrick Niclot - Photos : Mehdi Qotbi
You are known as the father of
contemporary art ?
They stuck this on me. Labels are
like crutches. I belong to a generation
– the first to have practiced the
plastic arts. I attended the École des
Beaux Arts. They used to teach us by
having us mimic established artists.
Tell us about your journey?
I find my journey interesting. I went
from Morocco to Spain and Italy and
then made the jump to the US. I was
exposed to different trends and ways
to see the world. My painting at the
time was very minimalist, almost to
the point of being almost nihilistic.
There was only black and lines.
Let’s talk about your paintings?
When I got to the US, I found a
box of shapes and colours that was
exploding. I brought all of this to my
painting. I went back to techniques
or designs I had done a long time
ago. My current work consists of a
reconstitution of alphabet letters with
various materials that are artistically
linked to certain periods. I use burlap
and plaid. Computers fascinate
me. There is a similarity between
computer key punch cards and lit-up
buildings at night in New York City.
I have always worked with waves
or water sources. Their movements
show sensuality.
Femmes de Pablo II - 1997
They say about you that you are an
erotic painter?
Yes, good. I approve, because
civilizations are created from
57
ART
Collection particulière
counter-currents. In African art,
architecture, jewellery, this form is
always found. It is a sort of abstract
conversation. For me, the wave has
an element of hidden sensuality. The
human body was obvious – you see
the buttocks, you see waves. Today,
it is very clear in my work. There is a
sort of blend of waves, organic matter
such as burlap, and the body, which
symbolises sensuality. This is not
the kind of speech that works with
today’s mentality. But it interests me
because it goes against the current.
You are a politically involved artist?
I’ve always been, with moderation. I
have never wanted to throw stones
58
I live in a world with which I have
issues. The world itself is seeking
another direction. I have converted to
the Zen ways. You have people like
the Samurai, who were peaceful, but
very violent warriors. I have always
been involved in a peaceful manner.
You’re more Gandhi than Mao?
Yes, but I like Mao a lot because he
was a great photographer. Did you
know that Hitler was involved in
the nationalist movement because
he was rejected by the École des
Beaux Arts? I hate violence and I
know that things can’t be fixed with
violence. I was furious when the
moderates came to power in Iran
and the mullahs took advantage of
the situation with blessings from the
West, which didn’t understand the
danger this represented.
What do you think of modern design?
I see modern art as encouraging.
Collections are often open to abstract
art. In Morocco, the Arab-Muslim
landscape is ahead of its time and
following the example of the western
countries. Morocco is on the verge of
establishing its first contemporary art
museum with Mr. Qotbi at the helm,
at the initiative of His Majesty, King
Mohamed VI. It will be a reference
in the world of art.
ARTISANAT
L’art du tapis
Le tissage est l’activité artisanale la plus ancienne du Maroc. Carrefour de civilisation grâce
à la diversité ethnique de ses populations – berbère, africaine, arabe – le Maroc a développé des
techniques de tissage, quoique souvent originales, très proches de celles issues de l’Asie et de l’Orient.
Texte : Patrick Niclot - Photos : DR
I
l existe, aujourd’hui, deux familles
de tapis avec leurs spécificités
propres : le tapis berbère et le tapis
royal.
Le Tapis Berbere
Le tapis de tradition berbère est la
60
catégorie la plus importante et la plus
représentative des tapis marocains.
C’est une production typique de l’Atlas
avec une décoration et des motifs
exceptionnels, propres à chaque tribu.
La maîtrise de l’art du tissage se
transmet de mère en fille et constitue
une tradition d’apprentissage dans les
milieux ruraux.
Les motifs décoratifs sont très
significatifs et diffèrent d’une tribu
à une autre, ce qui fait de cet art
une vraie mosaïque. Le tapis est une
tradition berbérophone localisée
The Art of Carpet
Weaving is the most ancient artisanal activity in Morocco. It represents a crossroads of civilization with the
ethnic diversity of populations involved in this craft – Berber, Africa, and Arab. Morocco developed weaving
techniques that are very close to those of Asia and the Orient, though they are often original.
Texte : Patrick Niclot - Photos : DR
T
oday, there are two types
of carpets with their own
particularities: Berber and
Royal carpets.
Berber Carpets
Berber carpets are the most
significant and representative of
Moroccan carpets. Their production
is typical of the Atlas, with
exceptional styles and motifs specific
to each tribe.
Mastering the art of weaving
is passed down from mother to
daughter and represents a tradition
of training in rural areas.
Decorative patterns are very
significant and vary from one tribe to
another. This is what makes this art
a true mosaic. Carpets are a Berber
tradition originating from southern
61
ARTISANAT
62
dans le Sud marocain. C’est dans le
Haut et le Moyen Atlas qu’il a connu
son épanouissement sous le nom
de Tazarbit.
D’une façon générale, la composition
artistique utilise des motifs simples
: losange, carré, triangle, lignes
brisées…
Le tapis kilim berbère est associé à l’art
du tissage, à la broderie, mais aussi à
l’art nomade des monts de l’Atlas. Les
motifs et les couleurs, transmis d’une
génération à l’autre, varient selon les
régions et sont propres à chaque tribu
et à chaque famille.
Les kilims sont en laine ou en soie. Un
tapis de qualité peut compter jusqu’à
480 000 nœuds au mètre carré et
demander jusqu’à neuf mois de travail.
Réputés parmi les plus anciens du
Maroc, les tapis de Taznakht avec
les Hanbal de la même région, font
aujourd’hui la fierté de l’artisanat
marocain. Originaire du Haut Atlas, le
Taznakht est fait de noeuds sur deux
lignes; son fond est jaune à dessins
géométriques de couleur rouge, vert
foncé et blanc cassé. Le Hanbal est
une pièce tissée, plus légère et moins
épaisse que le tapis. Son utilisation
diffère d’une région à l’autre. Il est
utilisé comme couverture, décoration
murale et même comme sac de voyage.
Le Tapis Royal
Le tapis royal, d’origine citadine,
est plus récent que ceux issus des
régions berbères. Un grand doute
subsiste quant à ses origines. En
fait deux thèses existent. Pour les
uns, il serait venu d’Asie Mineure.
Pour d’autres, ce sont les musulmans
chassés d’Andalousie au XVe siècle
qui en auraient importé les motifs et
les techniques. Les modèles les plus
anciens remontent au XVIlle siècle.
Le tapis Rbati représente la dernière
Morocco. It developed in the High
and Middle Atlas under the name
Tazarbit.
In general, the artistic design uses
simple motifs: diamonds, squares,
triangles, broken lines, etc.
The Kilim Berber carpet is associated
with the art of weaving, embroidery,
and nomad art from the Atlas
mountains, Patterns and colours
are passed down from generation to
generation, vary according to region,
and are specific to each tribe and
family.
Kilims are made of wool or silk. A
quality carpet can use up to 480,00
knots per square metre and require
up to nine months of work.
Known to be the most ancient in
Morocco, carpets from Taznakht
with the hanbal from the same region
represent the pride of Moroccan
craftsmanship. Originating from
the High Atlas, Taznakhts are made
of knots over two lines; their base
is yellow, with red, dark green and
off-white geometric lines. Hanbals
are woven, lighter and not as thick
as carpets. Their use varies from one
region to another. They are used as
blankets, for mural decorations, or
even as travel bags.
Royal Carpets
Royal carpets originate from urban
areas. Their origins are more recent
than those from the Berber regions.
There remains great doubt as to
their origins. Two theories were
actually formed on this. Some believe
that they may have come from
Asia Minor. Others think that the
Muslims fleeing Andalusia in the
XVth century imported the patterns
and techniques. The oldest models
were made during the XVIIIth
century.
63
ARTISANAT
création en matière de tissage.
Entièrement en laine, il offre un
superbe contraste de couleurs avec
une dominante bleu roi, un médaillon
en forme «d’étoile de Salomon» au
centre, et des arcades sur les bordures.
Il se distingue des tapis d’Orient par
ses larges surfaces unies agrémentées
d’un motif floral stylisé dans un grand
losange central. Contrairement aux
tapis persans ou aux kilims turcs,
il donne une impression de grande
tranquillité. D’un minimum de
160000 nœuds au m², au point noué,
sur des métiers de haute lisse, il est
confectionné par des femmes qui ont
devant elles un modèle sur papier
quadrillé.
Synonyme de finesse et de richesse,
le tapis de Rabat est l’expression d’un
art rarement égalé qui en a fait une
référence mondiale, parmi les tapis de
laine. Les plus anciens ont valeur de
pièces de collection. Oriental carpets with their large solid
coloured surface adorned with floral
motifs in a large central lozenge.
Contrary to Persian or Turkish kilim
carpets, they give a feel of great
tranquillity. With a minimum 160,000
knots per m², women make them
using knotted stitched on vertical
looms, following a model on graph
paper set before them.
Rabat rugs are synonymous with
refinement and luxury. They are an
international reference in the carpet
industry. The oldest are valued as
collection pieces.
Tapis de Mediouna
Rabat carpets represent the latest
type of woven carpets. They are
made entirely of wool and show a
superb contrast in colours with royal
blue being the dominant colour.
They have a medallion in the shape
of “Solomon’s star” in the centre and
arches on the edges. They differ from
64
DESIGNER
Paulin Bedou ou le classicisme déluré
Paulin Bedou, créateur de bijoux et d’accessoires de mode a posé ses valises à Marrakech
pour le plus grand bonheur des amatrices de belles pièces. Ce français d’origine béninoise
mélange les matières, les textiles et les couleurs avec talent pour donner naissance à des
bijoux uniques vecteurs d’émotion et de poésie. Nous l’avons rencontré, il nous dit tout sur
ses créations et ses projets.
Texte : Marina Berrada- Photos : Frédérique Le Compagnon
Comment êtes-vous devenu créateur de
bijoux ?
Par le hasard et la force des choses.
J’ai travaillé pour Tumi, marque
de bagages de luxe, puis Kenzo et
Cacharel, marques du groupe LVMH.
Ensuite, j’ai passé trois ans dans une
bijouterie traditionnelle. Ce secteur
m’a beaucoup plu. J’ai alors décidé de
lancer ma propre entreprise. Je suis
allé au Bénin pour créer un label de
commerce équitable dans le secteur
de l’artisanat. Mais le commerce
équitable s’orientait à l’époque vers
les produits de l’agriculture. Je suis
revenu en France avec des sautoirs
en verre de Murano, premier produit
métissé entre Europe et Afrique, car
la verroterie était la « monnaie » avec
laquelle on achetait les esclaves. Le
bijou dans toute l’Afrique a une très
grande importance. Chez nous, le
Cori, un coquillage qui servait aussi
de monnaie d’échange a été remplacé
par le verre de Murano. J’ai fait des
opérations de maintenance sur ces
colliers : remplacement des fermoirs,
démontage pour les classer par
couleurs. Marisa Laurens, créatrice de
la célèbre marque Zaza of Marseille,
m’a poussé à faire de réelles créations
avec les colliers que j’avais. Ca m’a
motivé. J’ai créé dix colliers qu’elle a
achetés et depuis je n’ai pas arrêté de
créer.
Comment êtes-vous passé de la
verroterie aux pierres fines ?
Progressivement. J’ai commencé à
acheter de l’argent massif en maille et
j’y ai additionné des perles de verre
en montage et plus en enfilage. A ce
moment-là, il y avait plus de richesses
dans les matières, mais c’était encore
assez basique. Ensuite, j’ai découvert
le cuivre et le laiton que j’ai fait usiner
66
au format que je souhaitais pour créer
ma propre maille. Puis, j’ai intégré des
pierres fines que j’achète à Paris chez
Bresilophile International.
Comment vous êtes-vous fait connaître ?
Mes créations ont été présentées
pour la première fois dans une
boutique passage Jouffroy, à côté
de Bresilophile International. On
les trouve toujours là-bas. Elles sont
aussi présentes dans la boutique du
créateur de haute couture napolitain
Pasquale Morlondo, dans le 7ème
arrondissement.
Et comment vous êtes-vous retrouvé au
Maroc ?
J’avais une cliente marocaine à
Paris qui m’achetait de très belles
pièces. Elle m’a invité à venir la
voir à Casablanca pour participer à
une vente privée. Elle m’a ensuite
emmené à Marrakech. J’y ai retrouvé
mes clients, mais beaucoup moins
stressés et j’ai pu toucher une nouvelle
clientèle. J’ai décidé de rester. Le
shooting pour « Madame à Marrakech
» et le bouche à oreille m’ont fait
connaître.
Comment décrivez-vous vos créations ?
Ce sont des créations néo-baroques.
On peut aussi les qualifier de «
Classicisme déluré », un peu années
folles. Pour moi, l’intemporalité
est importante. Je travaille dans
l’équilibre, pas dans la symétrie. Je
leur donne des noms de dieux et de
déesses, quelque chose d’universel.
Pour moi, la beauté n’est belle que
dans les imperfections. J’aime les
petits défauts. La beauté parfaite
ne m’excite pas. Je suis dans une
recherche permanente de la qualité.
Je garantis mes pièces à vie, car le
67
DESIGNER
placage or doit rester permanent. Je
veux aussi que les pierres prennent
de la valeur avec le temps. Je propose
une maintenance évolutive sur mes
pièces.
Quelles sont vos pierres préférées ?
Le quartz fumé qui donne une touche
classe et l’obsidienne, une pierre
noire avec des reflets. L’obsidienne
étoilée est très mystérieuse. Ce sont les
pierres que je travaille le plus. J’adore
aussi l’opale, car ce n’est pas une
pierre à reflet unique. C’est comme
de l’eau cristalline, c’est une pierre
aquatique. En revanche, j’ai horreur
du diamant. Je le trouve froid. C’est
une pierre maudite pour moi.
Quelles autres matières utilisez-vous ?
Toutes les matières. Mes créations
sont baroques, car elles sont
synonymes d’accumulation de
matières. J’utilise beaucoup le cuivre
et les pierres fines parce que pour
moi la matière doit être en adéquation
avec le corps, elle doit l’accompagner
positivement. Pour cet hiver, je vais
aussi utiliser les plumes.
Elle sera comment la prochaine
collection ?
Il y aura beaucoup de plastrons et
de grandes manchettes. J’ai envie de
faire des pièces exceptionnelles comme
des bijoux de jambe par exemple
qui n’existent pas encore. Je vais
également développer la maroquinerie
avec des sacs bijoux dotés d’anses en
pierres.
Quels sont vos projets ?
Je vais me lancer dans la fabrication
de luminaires pour des bars à Paris.
J’aimerais aussi créer des statues et
des installations, proposer des pièces
qui auront une histoire. J’ai envie de
techniques bijoutières détournées.
www.paulinbedou.com
Résidence Taissir, rue Yves Saint
Laurent, 40090 Marrakech
Tél.: 06 56 21 50 49
68
DESIGNER
Paulin Bedou - Savvy Classic
Paulin Bedou, Frenchman of Benin origin, a designer of jewellery and fashion accessories,
has made many of his fans very happy by setting up a shop in Marrakech. His unique
talent of blending materials, textiles and colours leads to the creation of unique pieces
that show poetry and sensitivity. We met with him and he told us everything about his
designs and projects.
Texte : Marina Berrada - Photos : Paulin Bedou
How did you become a jewellery
designer?
It happened through the
circumstances of life. I worked
for Tumi, the luxury luggage
brand, then Kenzo and Cacharel,
brands from the LVMH group.
Then, I spent three years working
in a traditional jewellery shop.
My interest in this sector grew
significantly. I then decided to
start my own business. I went to
Benin to create a fair trade label
in the artisanal sector. But at
the time, faire trade was focused
on farm products. I returned to
France with necklaces made of
Murano glass, the first product
made both in Europe and Africa,
since glass jewellery was the
“currency” used to buy slaves.
In Africa, jewellery has great
significance. In our country,
Murano glass replaced the Cori, a
shell that also served as currency.
My work was to repair these
necklaces – replace clasps, take
them apart and colour-coordinate
them. Marisa Laurens, a designer
for the famous brand Zaza
from Marseille, encouraged to
create my own designs with the
necklaces I had. This motivated
me. I designed ten necklaces that
she bought, and since then, I
have not stopped designing.
How did you move on from glass
jewellery to precious stones?
Gradually. I started to buy silver
links, and added glass beads,
first by mounting them, and then
by stringing them. There were
richer materials at the time, but
it was still pretty basic. I then
discovered copper and brass,
70
which I had made in the format
I wanted in order to create my
own links. I then started to
integrate precious stones that I
bought in Paris from Bresilophile
International.
How did you become known?
My designs were introduced for
the first time in a boutique in
the Passage Jouffroy, in Paris,
near Bresilophile International.
You can still find them there.
They were also made available
at the boutique of haute couture
designer Pasquale Morlondon
from Naples, in the 7e
arrondissement.
So how did you end up in Morocco?
I had a Moroccan client in Paris
who bought very beautiful
pieces from me. She invited me
to visit her in Casablanca and
participate in a private sale. She
then brought me to Marrakech.
I found clients there, who were
a lot more stress-free, and I was
able to build a new client base.
I decided to stay. The shoot for
“Madame à Marrakech” and
word of mouth allowed me to
become known. How do you describe your designs?
Neo-baroque or “savvy
classicism,” a little Golden
Twenties. For me, timelessness
is important. I work for balance,
not symmetry. I name my
designs after the gods, something
universal. I see beauty as
being beautiful only with its
imperfections. I like the small
flaws. Perfect beauty does not
excite me. I am in a constant
71
DESIGNER
search for quality. My pieces
are guaranteed for life, because
gold plate must be permanent.
I also want the stones to gain
value over time. I offer evolving
maintenance for my jewellery.
What are your favourite pieces?
Smoky quartz and obsidian, a
dark reflective stone, add a touch
of class. The starry obsidian is
very mysterious. These are the
stones I work with the most. I
also love opals, because they
reflect in different ways. Like
Cristaline water, it is an aquatic
stone. I hate diamonds, though.
For me, they are cursed.
What other materials do you use?
All materials. My designs
are baroque because they
are synonymous with the
accumulation of material. I use a
lot of copper and precious stones
because I feel that matter must
be in harmony with the body and
enhance it. This winter, I will also
be using feathers.
What will your next collection be
like?
There will be a lot of bib
necklaces and big cuffs. I want
to make exceptional pieces such
as jewellery for legs, which does
not yet exist. I also plan to design
handbags with handles adorned
with stones.
What projects are you working
on?
I am working on designing
light fixtures for bars in Paris.
I’d also like to design statues
and installations, pieces that
will make history. I’m into
unconventional jewellery
techniques.
www.paulinbedou.com
Résidence Taissir,
rue Yves Saint Laurent, 40090
Marrakech
Tél.: 06 56 21 50 49
72
73
JOAILLERIE
Eclats de carats
Les grandes marques de joaillerie sont toutes
présentes au Maroc. Outre les modèles des
collections internationales, ces maisons réalisent
des créations exclusives dont nous avons le plaisir
de vous présenter un florilège d’exception. Des
parures pleines d’élégance, de raffinement et d’éclat
qui susciteront envie et admiration, pour sublimer
votre beauté.
Texte : Patrick Niclot - Photos : DR
A Burst of Carats
The great names in jewellery are all present in
Morocco. Besides models from the international
collections, these houses create exclusive designs, of
which we have the distinct privilege of presenting
exceptional pieces. These are very elegant, refined
and brilliant creations that stir up wonder and
admiration, and highlight your beauty.
Texte : Patrick Niclot - Photos : DR
74
Mauboussin
Bague «Le Vice» - bague or gris, 13,2g, pavage
diamants, 0,65 ct et laque noire
Bague «La Vertu» - bague or gris, 13,4g, pavage
diamants 0,64ct et nacre blanche
Bague «Le Vice» et «La Vertu» - bague or gris,
12,9g, full pavage diamants 1,20 cts
«Le Vice» ring - grey gold ring, 13.2g, paved in
0.65 ct diamonds and black lacquer
«La Vertu» ring - grey gold ring, 13.4g, paved in
0.64 ct diamonds and white mother-of-pearl
«Le Vice» and «La Vertu» ring - grey gold ring,
12.9g, fully paved in 1.20 ct diamonds
75
JOAILLERIE
Azuelos
- Pendentif «Khmissa» , or rose serti
de brillants Collection Sevilla
- Boucles d’oreilles pendants en or
rose et brillants Collection Zeillij
- “Khmissa” pendant in rose gold with
diamonds Sevilla Collection
- Pendant earings in rose gold and
diamonds Zeillij Collection
76
Cartier
a.garreau©Cartier
Collection Panthère Cartier
Collier or jaune, onyx, émeraudes
Collection Panthère Cartier
Necklace in yellow gold, onyx and
emerald
77
GASTRONOMIE
Don Alfonso
78
Tratto-nomia, l’atout
de Don Alfonso
Tratto-nomia:
pour l’Italien
A New Menu by Don
Alfonso for the Italian
Si les bases demeurent, la cuisine moderne,
y compris gastronomique connaît de
Restaurant
profondes mutations, pour ne pas dire
révolution. Après une première tentative
réussie au restaurant français avec la
carte « Bistronomique », c’est maintenant
l’Italien qui subit un lifting culinaire avec
la mise en place de sa nouvelle carte pour
le déjeuner intitulée « Tratto-nomia »
Text : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia
A
lfonso Iaccarino, chef –
propriétaire du fameux restaurant
Don Alfonso 1890 en Italie, créé
par sa famille, dont il représente avec
ses deux fils les 3e et 4e générations de
cuisiniers nous explique les raisons
qui l’ont amené à cette réflexion sur la
cuisine italienne.
Chef Alfonso, pourquoi cette nouvelle carte
Tratto-nomia ?
Tout d’abord, Tratto-nomia, c’est un
mot qui a été créé pour la circonstance.
Il représente l’alliance de la cuisine
familiale et de la gastronomie. C’est une
manière adaptée à notre vie actuelle de
faire perdurer la tradition familiale, la
tradition du repas, du rassemblement de
la famille autour de la table. Le monde a
changé, le mari et la femme travaillent,
les enfants sont à l’école. Je pense surtout
aux enfants, quand j’étais enfant, on jouait
partout, même sur la route. Aujourd’hui,
c’est un véritable désastre, il n’y a plus
d’espaces pour le faire. C’est la même
chose pour l’alimentation, fini les goûters
dans la cuisine autour de la mère ou de
la grand-mère à se goinfrer de tartes ou
de gâteaux encore tièdes. Désormais, ce
sont les enfants de la grande distribution
alimentaire. La religion médiatique des
produits et des plats préparés. Il faut les
éloigner de cela, leur faire découvrir ce
qu’est le bien manger. C’est un choix de
santé, de qualité de vie; On le voit déjà
avec le développement de l’obésité en
Amérique qui arrive en Europe et même
au Maroc.
C’est l’occasion pour envoyer un
message. Notre mode de vie a changé,
Although the basics remain,
modern cuisine has experienced deep
changes, if not to say that it has been
revolutionised. Following the French
restaurant’s successful attempt with
its “Bistronomique” menu, the Italian
restaurant has undergone a culinary
face-lift with the introduction of his new
“Tratto-nomia” menu for lunch.
Text : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia
A
lfonso Iaccarino is the chef and
owner of the famous Don Alfonso
1890 restaurant, founded by his
family. With his two sons, he represents
the 3rd and 4th generations of chefs.
He explains the reasons behind this
interpretation of Italian cuisine.
Chef Alfonso, what brought about this
new Tratto-nomia menu?
First of all, Tratto-nomia is a word
we created for the circumstance. It
represents a union of family cooking with
gastronomy. It is a manner of adapting
our current lifestyle to family life with
the tradition of gathering around the
table. The world has changed. Men and
women both work and children go to
school. I think particularly about the
children. When I was younger, we used
to play everywhere, even in the streets.
Today, there is no room for kids to play
anywhere. The way we eat has also
changed. The tradition of coming home
from school to enjoy a snack of freshly
baked goodies prepared by the mother
or grandmother is a thing of the past.
Kids now come home to mass-marketed
packaged and ready-to-eat foods. We
see this already with the development of
obesity in America and now in Europe
and even Morocco. We have to change
children’s habits and teach them what
eating well is all about. It is a health and
79
GASTRONOMIE
notre alimentation doit s’adapter. Il
faut moins de protéines et de graisses,
beaucoup plus de légumes et de fruits,
des pâtes aussi, parce que ce n’est pas
vrai que les pâtes font grossir. Il faut
manger de tout mais modérément.
Consommer les produits naturels dans
les périodes de maturité. A chaque chose
selon la saison, c’est un gage de bien être
et de bien vivre. Les agrumes mûrissent
en hiver et ils contiennent de la vitamine
C pour supporter le froid. L’été, les
fruits sont riches en sels minéraux, les
fraises, les abricots, les pêches… C’est la
même chose pour les herbes, on voit que
celles qui poussent en été contiennent
des éléments complètement différents de
celles d’hiver. Il faut suivre la nature dans
toutes ses dispositions. C’est le message
que nous voulons envoyer à nos invités
qui séjournent à La Mamounia, un des
plus beaux palaces du monde. C’est une
façon intelligente de faire connaître une
grande table, avec son ambiance, son
service et sa qualité.
Comment passez-vous du message à
l’assiette ?
Cette nouvelle carte est conçue pour le
déjeuner. Il y a des plats qu’on retrouve
dans la carte du soir mais à midi, c’est
plus simple. Comment dire, étudier pour
simplifier. Une nourriture abondante
de façon à ce qu’un plat suffise. Il n’est
pas nécessaire de prendre entrée, plat,
dessert. Un concept moderne pour
donner des émotions. Une cuisine de
qualité, simple, avec une présentation
soignée. Beaucoup de produits de la
terre et moins de viande. En entrée, par
exemple, une salade de poulpes avec des
petites sardines et un superbe morceau de
thon rouge. C’est magnifique. Un retour
aux origines avec la technique moderne
et l’expérience d’un discret cuisinier
italien. Nous réinventons une cuisine
actuelle, moderne, légère, très simple,
avec le moins de manipulations possibles.
Une tradition revisitée, moderne mais
authentique.
Autrefois l’activité physique était
importante. Ce n’est plus le cas, les
apports caloriques doivent être réduits.
On conserve l’essence du plat en
enlevant tout ce qui ne sert à rien. Les
repas à l’ancienne étaient essentiellement
composés de protéines : entrée de poisson,
feuilleté avec des rognons, poulet de
80
Mezzelune Con Genovese Di Coniglio
quality of life choice.
This is an opportunity to send a
message. Lifestyles have changed.
Nutrition must be adapted as well.
We have to reduce the amounts of fat
and protein in our diets and add more
vegetables and fruits, and even pasta.
It isn’t true that eating pasta makes you
gain weight. Everything has to be taken
with moderation. Natural products are
recommended in their season. Following
these guidelines ensures a person’s well
being and healthy lifestyle. Citrus ripen
in the winter and contain vitamin C,
which helps protect against colds. In the
summer, fruits are rich is mineral salts –
strawberries, apricots, peaches, etc. The
same is true for herbs – those that grow
in the summer contain elements that are
completely different from those grown
in winter. Nature should be respected in
all its dispositions. This is the message
we want to send to our guests at La
Mamounia, one of the most beautiful
hotels in the world. It is an intelligent
manner of presenting a fine table, with
ambiance, service and quality.
Linguine di Gragnano Crevette Carabineiro
How do you get from the message to the
plate itself?
This new menu has been designed for
lunch. Some dishes can be found in the
evening menu, but at lunch it is simpler.
The food is abundant so that one dish
suffices. It is not necessary to order an
appetizer, a main course and a desert.
This is a modern concept comprised
of simple, quality cuisine, with careful
presentation, designed to entice. For the
appetizer, for example, you can order
the octopus salad with small sardines
and a superb piece of red tuna. It is
wonderful – a return to the source with
modern technique and the experience of
a simple Italian chef. We are reinventing
current, modern, light and very
simple cuisine with the least amount
of manipulation possible. Tradition is
being reinterpreted, modernised, but
remains true to itself.
We used to practise more physical
activity in the past. This is no longer the
case. Calorie intakes have to be reduced.
The essence of the dish is preserved
and anything superfluous is removed.
Old time meals used to be comprised
essentially of protein – a main course
81
GASTRONOMIE
Bresse à la truffe blanche et une chantilly
à la crème... Aujourd’hui, on vous
proposera : sardines marinées, spaghetti
aux tomates, un thon légèrement cuit
avec des pommes de terre à l’origan et
une salade de fraises. Vous sortez de table
léger et en pleine forme.
On donne l’image de la vraie cuisine
Don Alfonso et son fils Mario
of fish, kidneys in pastry, chicken with
white truffle, whipped cream, etc.
Today, we offer marinated sardines,
spaghetti with tomato sauce, lightly
cooked tuna with potatoes sprinkled
with oregano and a strawberry salad.
You feel light and healthy when the
meal is over.
82
italienne avec des produits de saison de
première qualité. Et surtout, il y a les
pâtes. Si vous alliez manger dans les
grands restaurants étoilés, il n’y avait pas
de pâtes. C’est moi qui, depuis 1985,
ai réussi à avoir jusqu’à 3 étoiles avec
les pâtes et les tomates. Les pâtes, c’est
un élément de digestion. J’ai 65 ans, je
mange de tout et je fais partager mon
style de vie : une grosse portion d’anchois
frais marinés et un dessert ou pâtes sauce
tomate, un morceau de fromage, café. A
midi, on mange léger et le soir, on peut
manger plus gastronomique. Une cuisine
de tradition, de saveurs et de santé, c’est
ça la Tratto-nomia!
Sardines grillées pochées - Fresh, marinated sardines
We give the image of real Italian cuisine
with top quality products that are in
season. And of course, there is the pasta.
If you went to top star restaurants, you
would not find any pasta. Since 1985,
I have managed to earn three stars,
even with pasta and tomatoes. Pasta is
an element of digestion. I am 65, I eat
everything and I share my lifestyle: a large
portion of fresh, marinated anchovies
and a desert, or pasta with tomato sauce,
a piece of cheese and coffee. At noon,
we eat light. In the evening, we can eat
more gastronomically. Tratto-nomia
is traditional cuisine, flavourful and
healthy
GASTRONOMIE
Xavier Castello
84
Un nouveau chef
tout en douceurs
Xavier Castello, le nouveau Chef pâtissier
vient de poser ses valises à La Mamounia,
après un tour du monde des plus
prestigieux établissements de la planète,
qui a duré plus de vingt ans. Une rencontre
pleine de saveurs où se mêlent les senteurs
de chocolat, de caramel et de brioches
tièdes.
Texte : Patrick Niclot - Photos : Noreddine Doudouhi
Xavier Castello qui êtes vous ?
Je suis né dans le sud de la France à
Perpignan où j’ai fait mes études en
boulangerie – pâtisserie – chocolaterie
à l’école hôtelière. Mon diplôme en
poche, je suis parti directement à
l’étranger. Je n’ai jamais travaillé en
France. J’ai commencé ma carrière
à l’hôtel Hilton de Bruxelles. J’y ai
passé deux ans et je suis allé dans des
brasseries de luxe où je pouvais mieux
exprimer mes capacités. Ensuite, retour
à l’hôtellerie de luxe avec le Radisson
SAS où j’ai touché à la haute cuisine et
la haute pâtisserie puisque le restaurant
avait deux étoiles. J’ai terminé mon
séjour à Bruxelles au restaurant étoilé
de l’hôtel Conrad qui venait d’ouvrir.
Après six ans à Bruxelles, je voulais voir
autre chose. Je suis tout d’abord parti
pour l’Angleterre perfectionner mon
anglais. Six mois plus tard, je le parlais
couramment et j’ai pu poursuivre ma
carrière à l’international. Je me suis
retrouvé à Barcelone où personne ne
parlait anglais ! J’y suis resté un an et
j’ai appris l’espagnol. Ensuite, Dubai,
puis Chypre, la Barbade, Maurice, la
Chine, les Philippines, Hong-Kong, la
Turquie et enfin le Maroc.
Je devais rester 18 mois en Turquie.
J’ai découvert une ville et des gens
fantastiques et j’y suis resté sept ans
et demi. La Mamounia m’a proposé ce
nouveau challenge, j’ai accepté.
85
GASTRONOMIE
prétentieux! J’aime travailler le
chocolat, mais un chef pâtissier doit
s’occuper de tout : crèmes, chocolat,
tartes,… Depuis mon arrivée, je me
suis consacré aux pains et aux petits
déjeuners. Les boulangers ont toujours
été les parents pauvres de la pâtisserie
mais c’est un travail à part entière. A
La Mamounia on fabrique notre propre
pain. Pour le restaurant italien on a
créé un pain au Pesto. On a revu les
buffets des petits déjeuners en ajoutant
des muffins, des beignets, différentes
sortes de brioche, les bagels. Il en faut
pour tous les goûts.
Vos premières impressions ;
Pour moi c’est très différent, j’ai
l’habitude des grands volumes, des
hôtels de plus de cinq cent chambres.
Ici tout est axé sur la gastronomie, ce
n’est pas un hôtel de quantité mais
de qualité. La priorité ce sont les
restaurants, avec beaucoup de service
à l’assiette. C’est intéressant parce
86
que l’outil de travail est extraordinaire,
beaucoup de personnel très compétent.
Et surtout, la qualité des produits,
quand on demande quelque chose on
l’obtient, ce qui n’était pas toujours le
cas dans mes précédents postes.
Quelles sont vos spécialités ?
Si je réponds tout on va dire quel
Vous avez été influencé par les différents
pays où vous êtes allé ?
Oui, mais il faut s’adapter au marché,
de l’hôtel. J’aime bien suivre les
tendances. On sert un vacherin avec une
présentation originale. Il faut innover
mais pas bouleverser. La tendance est
de présenter le millefeuille sur le côté,
la pâte feuilletée du milieu remplacée
par du chocolat. Notre clientèle aime
retrouver les saveurs d’antan. Si je
présente une crème brûlée liquide en
tube, on va me regarder bizarrement.
Néanmoins ce n’est pas rigide, il y a
des possibilités. J’ai lancé ma première
carte du Marocain. Les desserts
classiques sont conservés et je présente
une version moderne avec les mêmes
ingrédients. La salade d’oranges devient
une tarte à la marmelade d’orange avec
une chantilly à la fleur d’oranger. Les
fraises marinées au citron évoluent en
une glace marbrée à la tomate mass’la.
La pastilla au lait se présente sous
forme de cigarettes de pâte d’amandes,
fourrées de dattes et d’orange, servies
avec un condiment épicé et une glace au
lait d’amande. Le dessert à la figue est
constitué d’une mousse de figue colorée
au pistolet avec un cœur à la cannelle.
Les clients ont le choix entre les deux
versions. Progressivement, j’apporte
ma touche de nouveautés.
GASTRONOMIE
88
New pastry chef all
about delicacy and
sweetness
A new head pastry maker, Xavier Castello,
has arrived at La Mamounia. He comes
following more than twenty years of
touring the world’s most prestigious
establishments and making discoveries
flavoured with chocolate, caramel and
warm brioches.
Texte : Patrick Niclot - Photos : Noreddine Doudouhi
Who is Xavier Castello?
I was born in Perpignan, in the south
of France, where I studied pastry and
chocolate making at a catering school.
With my diploma in hand, I went
directly abroad. I never worked in
France. I started my career at the Hilton
in Brussels. I spent two years there
and then went on to work in luxury
brasseries, where I had more leeway
to express my capacities. Afterward,
I returned to luxury hotels, starting at
the Radisson SAS, where I worked in
haute cuisine and pastry, since the hotel
had two stars. My stay in Brussels
ended at the Conrad hotel, which had
just opened. After six years spent in
Brussels, I wanted to discover new
places. I first went to the UK in order
to improve my English. Six months
later, I was fluent and could then head
to work in the international arena.
I found myself in Barcelona, where
no one spoke English! I stayed there
one year and learned Spanish. Then,
I went to Dubai, Cyprus, Barbados,
Mauritius, China, the Philippines,
Hong Kong, Turkey, and finally
Morocco. I discovered a magnificent
city and people, and have been here for
seven and a half years. La Mamounia
offered me this new challenge, and I
have accepted.
Your first impressions?
For me, this is very different. I am
used to producing in large quantities,
for hotels with over 500 rooms.
89
GASTRONOMIE
Here, everything is focused on
gastronomy. It is not the quantity,
but the quality. Priority is given to
the restaurants and the dish itself.
It is very interesting, because the
tools are extraordinary and the staff
is very skilled. Particularly, the
products are high quality. When I
ask for something, I get it, which
was not always the case at my
previous positions.
What are your specialties?
If I tell you “everything,” you’ll
think how conceited I am! I love to
work with chocolate, but a pastry
maker must work with everything –
creams, chocolate, tarts, etc. Since
I arrived, I have concentrated my
efforts on breads and breakfast.
Bakers have always been the poor
relatives of pastry makers, but this
is entirely different work. At La
Mamounia, we prepare our own
bread. For the Italian restaurant,
we have created a Pesto bread. We
have reviewed the breakfast buffets,
adding muffins, beignets, various
types of brioche, and bagels. We
cater to all tastes.
Have you been influenced by the
different countries you have visited?
Yes, but you have to adapt to the
market and the hotel you are
working for. I enjoy following
trends. We serve vacherin in an
original presentation. We innovate,
but don’t revolutionize. The trend
90
is to present the mille-feuille on the
side, with the pastry usually placed in
the middle replaced by chocolate. Our
clientele enjoys finding the flavours
they are used to. If I present a crème
brûlée as liquid in a tube, it will leave
them very puzzled. But, we are not stiff.
The possibilities are endless. I launched
my first menu for Le Marocain. The
classic desserts are preserved and I
am presenting a modern version with
the same ingredients. The orange salad
has become a orange marmalade tart
with orange blossom water flavoured
whipped cream. The lemon-marinated
strawberries have been transformed
into a marbled ice cream with mass’la
tomato. The dessert pastilla is presented
in the form of almond paste cigarettes
stuffed with dates and orange, and
served with a spiced condiment and
almond milk. The fig dessert is made of
caramelized fig mousse coloured with a
heart of cinnamon. Clients can choose
from the two versions. My innovations
are being added gradually.
VINS
94
La Mamounia
crée son vin
Pour commémorer ses quatre vingt
dix ans d’existence, La Mamounia a
souhaité ponctuer cet événement par un
autre, aussi inattendu qu’insolite, pour
un palace. Créer une cuvée exclusive qui
ne pourra être consommée qu’à l’hôtel.
Manuel Schott, le chef sommelier, à qui est
revenue la lourde charge de réaliser ce vin
de prestige, nous explique les différentes
étapes de sa conception.
Texte : Patrick Niclot - Photos : Stefano Berca
Comment est venue l’idée?
On voulait faire un vin à notre
image, une cuvée de prestige dans
un but essentiellement qualitatif
exclusivement vendue a l’hôtel. On
travaille avec quasiment tous les
vignerons du Maroc, qui font de
très beaux vins. Mais on voulait
vraiment des assemblages plus
précis et plus pointus, dans l’esprit
des vins de la Vallée du Rhône. Un
grand vin méditerranéen qui se
marie parfaitement avec la cuisine
marocaine, française ou italienne.
Comment avez-vous créé ce vin?
On a fait beaucoup de dégustations
pour faire une pré-sélection. J’ai
goûté tous les fûts en rouges, des
fûts de Syrah, de Tempranillo, avec
différents tonneliers, avec différentes
chauffes, légères, moyennes, d’autres
plus longues, avec des bois plus
vieux d’un ou deux ans. Le fût est
important, car il influence la qualité
du vin. Finalement, on a pris un fût
dont les douelles – les lattes de bois
– ont séché trois ans. Normalement,
on fait sécher le bois deux ans et là
il y a eu une sèche de trois ans afin
d’éliminer toutes les impuretés et
La Mamounia
creates its own wine
To commemorate its 90th anniversary, La
Mamounia wanted to celebrate by doing
something quite unexpected and out of the
ordinary for a luxury hotel – create an
exclusive vintage that can be consumed
only at the hotel. Manuel Schott, Head
Sommelier, who had the heavy duty of
creating this prestigious wine, explains to
us the process of its design.
Texte : Patrick Niclot - Photos : Stefano Berca
How did the idea come about?
We wanted to create a wine in our
image, a prestigious quality vintage
to be sold here exclusively. We work
with nearly every wine grower in
Morocco, who make excellent wines,
but we wanted a more specific and
more precise production, in the spirit
of the wines from the Rhône Valley – a
great Mediterranean wine that would
go perfectly with Moroccan, French or
Italian cuisine.
How was this wine designed?
We had a lot of tastings in order to
make a pre-selection. I tasted from all
the barrels of reds, Syrah, Tempranillo,
with different cooperages, different
levels of heating – light moderate,
others longer with wines older than a
year or two. The barrel is important
because it influences the wine’s quality.
Finally, we took a barrel whose curved
sides – wooden slats were given three
years to dry. Normally, the wood is
given two years to dry, but here three
years were given in order to eliminate
any impurities, and to allow the wood
to be as neutral as possible. Several
assemblies were made with Syrah –
Viognier and Tempranillo – Viognier.
95
VINS
96
pour que le bois soit le plus neutre
possible. On a fait plusieurs
d’assemblages avec de la Syrah –
Viognier et Tempranillo – Viognier.
On s’est inspiré d’un Côte-Rôtie en
France et nous avons sélectionné
un assemblage à 94 % de Syrah
et 6 % de Viognier, pour avoir un
vin agréable mais qui vieillira bien.
L’idée étant de faire un grand vin de
garde pour La Mamounia.
Comment s’appellera-t-il ?
La Mamounia Icône. On a choisi ce
nom car il est représentatif de l’image
emblématique de La Mamounia
pour le pays. Dans le même esprit,
l’étiquette sera la reproduction d’un
tableau du célèbre peintre Hassan El
Glaoui représentant des calèches. On
pense garder le même nom et réaliser
une étiquette différente chaque année.
Comment se situera-t-il par rapport
aux vins marocains?
C’est une cuvée de qualité supérieure,
qui fera partie des vins de haut de
gamme. On en gardera une quantité
pour le faire vieillir. Elle nous servira
de référence dans le futur. En espérant
que les qualités s’améliorent pour
pouvoir faire des choses aussi bonnes
sinon meilleures.
We drew inspiration from a Côte-Rôtie
in France and selected a composition of
94% Syrah and 6% Viognier to obtain a
pleasant wine that would age well. The
idea was to create a great house wine
for La Mamounia.
spirit, the label will be a reproduction
of a painting by famous artist Hassan
El Glaoui, representing horse-drawn
carriages. We are considering keeping
the same name and creating a different
label each year.
We put some bottles aside to allow them
to age. They will serve as a reference in
the future. We hope that the quality will
improve to allow us to produce more
wine of similar, if not better quality.
How will it be called?
La Mamounia Icon. We chose the name
because it represents La Mamounia’s
emblematic image to the country. In that
How will it rate in comparison with
Moroccan wines?
It is a superior quality vintage, which
will be part of upscale wine selections.
When will this vintage become available?
First quarter 2013. This is the time
when having quality wine is necessary.
If we want to do things properly, we
need to have a wine that has reached
97
VINS
Quand
cette
Cuvée
sera-t-elle
disponible?
Au premier trimestre 2013. C’est le
temps nécessaire pour avoir un vin
de qualité. Si on veut bien faire les
choses, il faut les faire complètement
et obtenir un vin qui soit à sa pleine
maturité, sans pousser trop vers le
côté bois. Ce juste équilibre entre le
vin et l’élevage se situera entre fin
février et début mars.
full maturity, and not push too much
with regard to the wood. This right
balance between wine and the process
of winemaking occurs around the end
of February and early March.
In the future, will you continue to focus
on red wine, or consider producing the
other colours?
The red shall remain, but we are
studying the possibility of producing
a white. We need conduct tastings
and find something that appeals to us.
98
Dans l’avenir, allez-vous rester sur du
rouge ou passer sur les trois couleurs?
Le rouge restera. On est en train
d’étudier la possibilité de faire un
blanc. Il faut aller goûter, trouver
ce qui nous intéresse. On préfère
prendre notre temps car on sait que
les domaines au Maroc ne font que
progresser qualitativement.
We prefer taking our time because we
know that the estates in Morocco will
only grow in quality.
BEAUTÉ
100
L’expérience du hammam,
deux visions à découvrir
Le Spa de La Mamounia fidèle, à sa tradition d’excellence et sa volonté
d’innovation propose désormais deux approches différentes de l’expérience du
hammam. L’approche traditionnelle, orientale, plus dynamique et tonique et
l’approche asiatique, plus douce et relaxante.
Texte : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia
S
i les buts recherchés
sont
identiques,
une
sensation de plénitude, un
rajeunissement de l’épiderme, une
sublimation de la peau et un éclat
incomparable, les techniques sont
assez différentes dans les deux
expériences.
La vision orientale débute par
le bain de vapeur qui permet de
nettoyer la peau et d’évacuer
les toxines. Il est suivi d’une
application de savon noir sur
la base traditionnelle d’une
marmelade
d’olives
enrichie
d’huile essentielle d’eucalyptus,
préalable au gommage. Cette
opération très dynamique est
réalisée avec un gant abrasif.
Un bon gommage peut éliminer
jusqu’à un kilo de peaux mortes.
On procède ensuite à un lavage
avec une crème à base d’amandes
et un rinçage avec une eau
parfumée à la fleur d’oranger. On
clôturera cette première partie
par une application de ghassoul,
une argile, très riche en minéraux,
extraite dans les montagnes de
The Hammam experience
two visions to be discovered
True to its tradition of excellence and innovation, the Spa at La Mamounia now
offers two different approaches to the Hammam. The traditional Oriental approach
is more dynamic and stimulating and the Asian approach is smoother and more
relaxing.Texte : Patrick Niclot - Photos : La Mamounia
T
hough
their
goals
are similar – radiant,
younger-looking,
purified
skin,
and
an
incomparable
glow,
the
techniques for both approaches
are quite different.
The oriental treatment begins
with a steam bath to cleanse
the skin and release toxins.
Black soap is then applied
over a traditional base of olive
marmalade
enriched
with
eucalyptus essential oil, prior
to the scrub. This procedure is
very dynamic and conducted
with an abrasive glove. A good
scrub can eliminate up to one
kilo of dead skin. Cleansing
is then done with an almondbased cream, which is rinsed
off with orange blossom
perfumed water. This first part
of the treatment concludes with
the application of ghassoul,
a clay very rich in minerals,
extracted from the Moroccan
Atlas mountains, and used
exclusively for the body. The
101
BEAUTÉ
l’Atlas Marocain que l’on l’utilise
uniquement pour le corps. On
laisse le produit agir quinze
minutes pour extraire toutes les
impuretés résiduelles. Après un
rinçage apaisant avec une infusion
d’orange, on applique une crème
hydratante à l’huile d’argan.
La
vision
asiatique,
une
exclusivité mondiale, est le fruit
du développement des équipes
de La Mamounia et l’expertise du
groupe Shiseido.
102
Tout en douceur et en sensualité,
ce soin joue sur les contrastes : le
chaud et le froid. La vapeur du
hammam traditionnel est opposée
aux « Oshiboris », petites serviettes
glacées et parfumées, ce qui rend
le soin plus doux. Egalement, le
dynamique gommage marocain
au gant de crin est remplacé par
un soin massant, exfoliant haute
performance, intégrant deux types
de micro-granules gommantes
à une base de crème douce. Des
particules sphériques roulent
délicatement sur la peau tandis que
les particules amorphes éliminent
activement et efficacement les
cellules mortes. Associés, ces deux
types de particules éliminent les
impuretés et procurent un grain
de peau affiné, une peau lisse,
douce et sublime. Cette première
partie se clôture par un nettoyage
du visage.
Dans les deux visions, l’expérience
se poursuit avec un massage
personnalisé
d’une
heure.
product is left to act against all
residual impurities for fifteen
minutes. After an appeasing
rinse with orange infusion, an
Argan oil hydrating cream is
applied.
The team at La Mamounia and
experts from the Shiseido group
developed the internationally
exclusive Asian technique.
This treatment is a play in
contrasts between hot and cold.
It is smooth and sensual. The
vapour from the traditional
Hammam is contrasted with
the “Oshiboris” – small iced
and
perfumed
towelettes,
allowing for a the treatment
softer. The dynamic scrub
with the Moroccan abrasive
glove is also replaced with a
massaging, exfoliating and
high-performance
treatment
integrating
two
types
of
scrubbing micro-granules with
a soft lotion base. Spherical
particles roll delicately over
the skin while the amorphous
particles actively and effectively
eliminate the dead skin cells.
These two types of particles
work together to eliminate
the impurities and provide a
polished skin texture, smooth,
soft and purified skin. This first
part of the treatment concludes
with a facial cleansing.
With
both
visions,
the
experience
continues
with
a
personalised
one-hour
103
BEAUTÉ
Confortablement installé, avec
la musique d’ambiance que vous
aurez choisie, vous apprécierez
ce moment de détente.
La particularité du massage
marocain est de comporter des
mouvements très fluides, d’une
grande ampleur. Effectué avec
une huile d’argan pure, à la fois
nourrissante et régénérante, il
est particulièrement adapté à
la relaxation. Pour augmenter
son efficacité, certains points
énergétiques sont stimulés par
l’application de pierres chaudes.
Le massage japonais, beaucoup
plus codifié, s’inscrit dans un
protocole qui ne compte pas
moins de 300 gestes.
Orientale ou asiatique, cette
expérience,
apportera
la
découverte de sensations inédites.
massage. The guest selects
the mood music, lies down
comfortably on the table, and is
given a moment of relaxation.
The
particularity
of
the
Moroccan massage is that it
consists of very large and fluid
movements. It is given using
pure Argan oil, which is both
nourishing and regenerating,
and suitable for relaxation.
To increase the massage’s
effectiveness, some pressure
points are stimulated by the
application of hot stones.
The Japanese massage is much
mode regulated and entails a
protocol that includes no less
than 300 movements.
Whether
you
select
the
Oriental or Asian experience,
you are bound to discover new
sensations.
104
105
PRESTATIONS
Nouvelle saison musicale au bar Churchill
Pour cette nouvelle saison, c’est un
duo de choix qui vient de rejoindre le
bar Churchill. La chanteuse Trebeka
dont la voix bouscule les genres et
crée de nouvelles sonorités dans
un remarquable répertoire où se
mêlent rythme et mélancolie, Soul et
Jazzy. Trebeka, qui a déjà chanté en
compagnie de grands artistes comme
Pascal Obispo et Manu Dibango,
est accompagnée au piano par Nano
Prado. Ce grand musicien chilien,
à la fois compositeur et pianiste a
accompagné tout au long de sa carrière
la célèbre chanteuse américaine de
Soul Gladys Knight, ainsi que les
non moins célèbres Gloria Gaynor et
Barry White.
Ce magnifique duo se produit tous
les soirs, sauf le dimanche à partir de
19h30.
New music season at the Churchill bar
For this new season, a duo of voices
have joined at the Churchill Bar.
Singer Trebeka’s voice has jostled
genres and created new sounds
in a remarkable repertoire with
blends of rhythms and melancholy,
soul and jazz. Trebeka has sung
106
with the likes of Pascal Obispo
and Manu Dibango. Nano Prado
accompanies her on the piano.
This great Chilean musician,
both composer and pianist,
has accompanied the famous
American soul singer Gladys
Knight throughout her career, as
well as the equally famous Gloria
Gaynor and Barry White.
This terrific duo performs every
night, except for Sundays, at 7:30
PM.
Nouvel an magique à La Mamounia
Pour fêter dignement cette fin d’année,
La Mamounia, parée de ses plus beaux
habits de lumière, vous convie à partager
ce moment privilégié. Les chefs de nos
restaurants ont rivalisé d’imagination
pour proposer à votre choix, non pas
un mais, trois menus gastronomiques
aux couleurs, du Maroc, de l’Italie et
de la France. A l’émerveillement de vos
papilles s’ajoutera la magie d’Olmac,
un des plus grands magiciens de son
temps. Ensuite, place à la danse. Cette
soirée exceptionnelle, se poursuivra
au Grand Salon où la blonde walkyrie
des fjords de Norvège, Miss Vixen,
référence musicale des évènements
prestigieux vous fera tourbillonner,
comme à son habitude, jusqu’au petit
matin. Après quelques heures de repos,
on se retrouvera au Pavillon de la
Piscine, autour du somptueux Brunch
du Jour de l’An, pour prolonger l’esprit
de fête avec l’animation musicale de
Serge Dionne.
Magical New Year’s Eve at La Mamounia
To celebrate the New Year fittingly,
La Mamounia, all adorned in sparkly
lights, invites you to share in this special
night. Our chefs have delved into the
depths of their imagination to create
not one, but three delicious menus
for our Moroccan, French and Italian
restaurants. A performance by Olmac,
one of the great magicians of our time,
will contribute to the wonder of the
evening. This exceptional evening
will continue in the Grand Salon,
with entertainment by Miss Vixen,
the mythical blonde Valkyrie of the
Norwegian fjords who will have you
dancing till dawn. After a few hours of
rest, we will continue the celebration at
the Pavilion by the pool with the lavish
New Year’s Day brunch and musical
entertainment from Serge Dionne.
107
PRESTATIONS
L’expérience Golf de La Mamounia
La Mamounia offre à ses hôtes golfeurs
une nouvelle expérience adaptée
à leur attente. « Expérience Golf »
permet un séjour plein de raffinement
et de découvertes. Dès l’atterrissage,
l’expérience débute avec un transfert de
l’aéroport en Range Rover. A l’arrivée
à l’hôtel, un passage par le Spa pour un
soin relaxant destiné à effacer les tensions
du voyage. Le lendemain, après un petit
déjeuner autour de la piscine, transfert en
Range Rover vers les terrains de golf de
Marrakech. De retour à l’hôtel, une heure
de bien-être avec le « Massage Mamounia
Tonifiant » puis dîner au restaurant Le
Français. Le troisième jour, un drainage
lymphatique d’une heure, suivi d’un dîner
à la carte au restaurant Le Marocain.
Golf Experience at La Mamounia
La Mamounia is offering golf enthusiasts
a new experience that will surpass their
expectations. “Gold Experience” is an
event filled with discovery and refinement.
Upon landing, you will be picked up at the
108
airport by Range Rover and taken to the
hotel. When you arrive, you will be led to
the Spa for a relaxing treatment to erase the
tensions of travel. The following morning,
after breakfast by the pool, you will be
taken by Range Rover to the Marrakech
golf course. Upon your return to the hotel,
you will be treated to a “Toning Mamounia
Massage,” and then dinner à la carte at Le
Marocain restaurant.
« Day Pass Tennis et Day Pass Fitness»
Les superbes installations sportives de
La Mamounia et ses deux courts de
tennis en terre battue incitent à prendre
soin de son corps. La Mamounia crée, à
l’attention de ses clients non résidents 4
nouveaux « Day Pass »
Une première formule, permet aux
amateurs de tennis de jouer une heure
avec un professeur, suivie d’une heure
de massage sportif, à 1400 MAD par
personne. La même formule suivie d’un
déjeuner au Pavillon de La Piscine est
à 2100 MAD. Des formules similaires
sont proposées aux amateurs de Fitness
avec des cours de Pilates, Spining ou
musculation avec coach, suivi d’une
heure de massage sportif au tarif de
1400 MAD.
La même formule avec déjeuner au
Pavillon de la Piscine est à 2100 MAD.
Les déjeuners sont hors boissons et ne
comprennent pas le brunch dominical.
Les Day Pass sont valables sur
réservation.
Tennis Day Pass Tennis Fitness Day Pass
La Mamounia’s top of the line sports
installations and two clay courts
encourage fitness. La Mamounia has
designed four new “Day Passes” for it
non-resident clients.
A first package allows tennis enthusiasts
to play for one hour with a coach, and
then receive a one-hour sports massage,
for 1400 MAD per person.
The same package is offered along with
lunch at the Pavilions by the Pool for
2100 MAD.
Similar packages are offered to exercise
buffs, which include Pilates, Spinning
or weights with a trainer, followed by
a one-hour sports massage, for 1400
MAD per person.
The same package is offered along with
lunch at the Pavilions by the Pool for
2100 MAD.
Lunch does not include drinks or the
Sunday brunch.
Day Passes are available upon
reservation
109
PRESTATIONS
Escale Bien-Être à La Mamounia
La Mamounia vous convie à découvrir
sa formule « Détente Hivernale ». Au fil
d’une journée exceptionnelle vous aurez
accès à toutes les installations sportives
de l’hôtel. Un soin au Spa: à choisir entre
un somptueux « Hammam Evasion » ou
le « Massage Mamounia » d’une heure,
un soin relaxant ou tonifiant. L’ensemble
ponctué par une pause gastronomique
pour un déjeuner à « l’Italien par Don
Alfonso» du Lundi au Mercredi ou au
« Français par Jean-Pierre Vigato» du
Jeudi au Dimanche.
Cette journée de tous les plaisirs vous
est proposée à seulement 1500 dirhams
par personne, boissons non incluses. Sur
réservation. Une idée originale placée
sous le signe du bien-être.
“Winter Relaxation” at La Mamounia
La Mamounia invites you to discover its
“Winter Relaxation” package. At the end
of an exceptional day, you will have access
to all of the hotel’s sports installations. At
the Spa, a one-hour relaxing and toning
luxurious treatment is included, with a
110
choice between the “Hammam Escape”
or “Mamounia Massage.” The package
includes a gourmet lunch at “l’Italien par
Don Alfonso” Mondays to Wednesdays
or “Le Français par Jean-Pierre Vigato”
on Thursdays to Sundays.
This package can be yours for only 1500
Dirhams per person, drinks not included.
Reservation required. An unique
opportunity to indulge and take care of
yourself.
NEWS
Deuxième Concours des Barmen du Maroc
L’association des barmen a organisé, à
Marrakech, la deuxième édition de son
concours annuel destiné à récompenser
les meilleurs barmen du Maroc.
Lors de cette journée, les concurrents,
outre une épreuve écrite, comprenant
une série de questions, destinée à
évaluer leurs connaissances du métier,
devaient réaliser deux cocktails. Le
premier était imposé et le second une
création.
Les candidats, outre le respect de la
recette et l’originalité de la création,
étaient notés sur différents critères:
la dextérité des gestes, la propreté
de la tenue et de l’espace de travail,
la décoration des cocktails, ainsi que
la qualité de communication avec le
public. A l’issue de ces épreuves, le jury
a annoncé les résultats. Mohammed
Oudrhiri Oudaba et Saad Bennani,
respectivement premier et deuxième
lauréats du concours, sont tous les deux
barmen A La Mamounia.
Second Contest for Morocco Barmen
The barmen’s association organised its
second annual contest to determine the
best barmen in Morocco.
During this event, the contestants were
required to perform two competitions:
first, a written test, where their answers
to a series of questions determined their
knowledge of the trade; second, they
112
were required to demonstrate their
creativity by designing two cocktails.
Candidates were rated according to
different criteria, aside from the recipe
and originality of their creation. These
included dexterity during the assembly
of their concoction, neatness of their
work and workspace, and their talents
at communicating with the public. At
the end of the competition, the jury
announced the results. Mohammed
Oudrhiri Oudaba and Saad Bennani,
both barmen at La Mamounia, came in
respectively first and second.
La Mamounia, Meilleur Spa du Maroc 2012
Notre SPA vient de recevoir, pour la
troisième année consécutive, le très
convoité Awards 2012 de meilleur Spa
du Maroc décerné par le très renommé
magazine Américain SpaFinder.
Les critères d’évaluation pour l’obtention
de ces distinctions ont porté sur les
installations, les soins, les produits, la
qualité du service et le personnel. Le
raffinement oriental, l’éventail pléthorique
des soins proposés et l’extrême qualité
des produits utilisés – Sisheido pour le
visage et le corps, marocMaroc pour les
massages, La Ric pour la manucurie –
ont permis de faire la différence avec les
autres établissements en compétition.
La Mamounia, Best Spa in Morocco for 2012
Our SPA has just received, for the
third consecutive year, the very
coveted 2012 Award for best spa
in Morocco, given by the very
renowned US magazine SpaFinder.
The criteria on which this award
is based are excellence in the
installations, treatments, products,
quality of the staff and service.
The oriental refinement, abundant
range of treatments offered and
extreme quality of the products
used – Sisheido for face and body,
marocMaroc for massages, and La
Ric for manicures have set it at a
higher standard than its competing
establishments.
113
NEWS
La Mamounia nominée dans le classement de
« Conde Nast Traveler’s 2012 Gold List »
La Mamounia a été nominée
dans le prestigieux classement du
magazine américain «Conde Nast
Traveler’s 2012 Gold List » avec
un score global de 92,3.
Il est le seul et unique hôtel
classifié au Maroc.
Le
journaliste
mentionne
notamment « le service d’une
qualité
exceptionnelle
ainsi
que la perfection dans tous les
domaines»
Près de 47000 lecteurs participent
à ce classement annuel du
magazine Conde Nast.
La Mamounia named in the classification of
« Conde Nast Traveler’s 2012 Gold List »
We are very proud to inform
you that La Mamounia has been
the only hotel in Morocco to be
named to the prestigious Condé
Nast Traveler 2012 Gold List.
This year’s Gold List is truly a
representation of the best of the
114
best across the globe.
Every entry on this list has been
rigorously tested and screened
by our readers. Nearly 47,000
of the world’s most discerning
travelers produced a final
selection of the very best places
in the world, by participating
in the annual Readers’ Choice
survey.
This nomination for the second
consecutive year, witnesses of
the excellence of service and
the perfection in all fields.
SHOPPING
Shopping, version
La Mamounia
Dans les boutiques de luxe de La Mamounia, chacun pourra
se laisser séduire. Envie d’une jolie robe ou d’un magnifique
bijou pour un dîner élégant, d’un sac ou d’une paire de
chaussures griffés pour être dans la tendance, d’une tenue tout
en légèreté ou de lunettes de soleil pour « farnienter » au bord
de la piscine…
Photos : Lamia Lahbabi - Dior
116
Shopping,
Mamounia style
In the luxury shopping of La Mamounia, each boutique
is there to entice. Fancy a beautiful dress or a magnificent
jewel to show off at an elegant dinner, a bag or a pair of
trendy designer shoes, a light and easy to wear outfit or
sunglasses for “lounging about” by the swimming pool…?
Photos : Lamia Lahbabi - Dior
Cruise 2013
Lunettes forme papillon, monture en acétate Bleu Pastel,
incrustations de perles et cristaux Swarovski, créées en
édition limitée et numérotée à 5OO exemplaires
Butterfly shape glasses, Pastel Blue acetate frame
with pearls and Swarovski crystals inlays, limited and
numbered edtion to 500 pieces
Cruise 2013
Casquette blanche en viscose et nylon, visière en
agneau avec tranche contrastée bleue
White cap in viscose and nylon, peak in lambskin
with a contrasted blue border
Dior VIII Grand Bal Modèle
« Plissé » Opale
38 mm automatique - Or
blanc, céramique noire,
diamants, opale et nacre
Édition limitée de 88 pièces
Dior VIII Grand Bal “Plissé”
Model Opal
38 mm automatic – White
gold, black ceramic, diamonds,
opal and mother-of-pearl
Limited Edition – 88 pieces
bleu
ile semi mat
ior” en crocod
ile
od
oc
cr
e
tt
a
Sac “ Miss D
blue soft m
in
g
ba
r”
io
“Miss D
Dior Cruise
Escarpin pointu en veau velours bleu
Pointy pump in blue suede
117
SHOPPING
Photophore Sphère Ciselé
Hand-sawn Globe candle holder
Lustre Flamme Ciselé
Hand-sawn Flame chandelier
Photophore Jarre Ciselé
Hand-sawn Jarre candle holder
118
Chez Zoé
Linge de maison
Set de lit en percale 200 fils
Pochette trame léger
Home linens
Percale 200 thread count sheet set
Weft-knitted case
Kiosque à Fleurs
Composition florale
Floral composition
Chez Zoé
Linge de maison
Set de bain en éponge 700g
Home linens
Terry bath set 700 g
Béatrice Paul
Marinière en crêpe de soie brodée
main façon marocaine
Crepe shirt with Moroccan
embroidery
B trice Pa
Sac en toiléa
l
e et cuir, bruod
é façon
a
rt
is
a
n
a
le
Canvas and
leather ha. n
dbag with
traditional
embroidery
Chez Zoé
Linge de maison
Peignoir trame léger
Finition habbick rouge argentin
Home linens
Light weft-knitted bathrobe
Red Argentine habbick trim
Co Béa
Pasllier en trice P
sem pas aul
ente sem
rie n ente
eckl rie
ace
119
Khalid Art Gally
SHOPPING
Grande lampe de mosquée dans le style de Mamelouk
en Crystal émaillé. Début XXèmeSiècle
Big lamp for a mosque in the Mamluk style in
enamelled crystal Early 20th century
Bougeoir juif en cuivre et argent à
sept branches. XIXème Siècle
Jewish seven-branch candelabra
in copper and silver.
19th century
Deux vases vénitiens en verre soufflé.
Début XXème siècle
Two Venetian vases in free-blown glass
early 20th century
120
Micheline Perrin
Micheline Perrin
Collier plastron en vermeil
et argent avec grenat
Collier en perle, corail et onyx
Pearl, coral and onyx necklace
Manchette en bronze
Bronze cuff
Bracelet en bronze
Bronze bracelet
Bague en corail et turquoise avec perles montées
sur argent
Coral and turquoise ring with pearls set in silver
Boîte tibetaine en turquoise, corail et argent ancien
Tibetan box in turquoise, coral and ancient 121
silver
Jad Bijoux
SHOPPING
Bague en argent avec zircon,
poudre de rubis et émeraude
Silver ring with zircon, ruby
powder and emerald
Manchette en argent, zyrcon et amethyste
Pouch in silver, zircon and amethyst
Manchette en vermeil et pierres semi-précieuses
122
Vermeil cuff and semi-precious stones
Bagues en argent avec zircon et
pierres semi-précieuses
Gold ring with zircon and
semi-previous stones
Pendentif en argent avec zircon
et pierres semi précieuses et ruban fils d’or
Silver pendant with zircon and semi-precious
stones, with gold thread ribbon
bague en argent et perles de culture
Silver and cultured pearl ring
Bracelet en argent, zircon et pierres semi-précieuses
Silver bracelet with, zircon and semi-precious stones
Les Boutiques
The Stores
BEATRICE PAUL
05 24 42 19 00
CHEZ ZOE05 24 38 65 87
DIOR05 24 43 10 08
JAD BIJOUX05 24 42 03 07
KHALID ART GALLERY
05 24 44 24 10
KIOSQUE A FLEURS
05 24 43 20 60
KIOSQUE A JOURNAUX
05 24 39 06 68
MICHELINE PERRIN
05 24 44 96 01
YAHYA COLLECTION
06 61 08 47 30