Laissez-vous conter l`hôpital d`Uzès
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Laissez-vous conter l`hôpital d`Uzès
« Monseigneur l’évêque a dit que la maison de l’hôpital est une ancienne maison qui demande beaucoup de réparations (…). Il a fait faire des plans par le sieur Rollin, architecte de la province, pour la construction d’un bâtiment à faire. Le corps de logis du côté nord doit donner au rez-de-chaussée, une buanderie, un office, un garde-manger, au 1er étage une salle des malades avec un vestibule et une chambre particulière, au 2e étage des logements pour enfants. » Archives de l’hôpital, 1746. laissez-vous conter l’hôpital d’Uzès Chapelle de l’hôpital, XVIIIe s. (S. Balmassière). Villes et Pays d’art et d’histoire L’hôpital d’Uzès Les origines de l’hôpital Rivière crée le bureau de charité L’histoire de l’hôpital d’Uzès qui remplace le conseil de commence au Moyen Âge. l’hôpital. Ce bureau est présidé A cette époque, les hôpitaux ont par l’évêque et comprend deux vocation à offrir un gîte aux assemblées : les directeurs pèlerins, aux passants et aux d’office (le vicaire, les deux pauvres, qu’ils soient ou non premiers consuls, des prêtres malades. et des officiers) et les directeurs Un «hospital des posvres» existe d’élection (douze personnes dont dès la fin du XIIIe siècle à Uzès. le recteur de l’hôpital et un Plan et élévation de l’hôpital St-Sauveur, Guillaume Rollin, 1754. Archives départementales du Gard. Au XIVe siècle, il est établi à médecin). Désormais, seuls les rentes sur des terres, d’aumônes L’hôpital devient vite trop exigu. l’emplacement du bâtiment pauvres natifs du lieu ou qui y et de quêtes. Il possède Dans la première moitié du XVIIIe actuel, au-delà des murs de la demeurent depuis plus de trois également des biens fonciers siècle, les évêques commandent ville, à la porte de la Barrière. Il ans peuvent être assistés. dont il tire des redevances. plusieurs projets est géré par les consuls, En outre, seuls les malades ne A partir de 1700 s’ajoute une d’agrandissement mais il faut magistrats en charge de la ville. pouvant pas payer les honoraires recette supplémentaire, le liard attendre 1746 et l’épiscopat de En 1596, les consuls décident de d’un médecin sont accueillis à des pauvres, taxe perçue sur Mgr Bauyn (1737-1779) pour reconstruire l’hôpital l’hôpital. chaque livre de viande vendue qu’un chantier d’ampleur voie partiellement détruit pendant les Jusqu’au milieu du XVIII siècle, dans l’unique boucherie de la le jour . Celui-ci fait appel à guerres de religion. Il comprend l’hôpital ne change pas. Il ville, régie par les consuls. l’architecte Guillaume Rollin alors quatorze lits disposés dans comporte toujours deux deux pièces principales, une chambres et une cuisine. En pour les hommes, une pour les 1708, l’évêque Poncet de la Les travaux sont financés à plus femmes. Parallèlement est Rivière fait construire une de la moitié par l’évêque, sur institué un conseil de l’hôpital : chapelle à l’intérieur du sa cassette personnelle. Cet un recteur, le deuxième consul bâtiment. Celle-ci ouvre sur les «hôpital Saint-Sauveur» de la ville, dirige l’établissement, chambres des malades qui comprend trois niveaux dont les aidé d’officiers et de conseillers. peuvent ainsi assister pièces sont desservies par un Au quotidien, un hospitalier se directement aux offices. couloir central. Une nouvelle charge des malades et des plus Auparavant, il semble que chapelle est édifiée au premier démunis. l’hôpital ait été rattaché à la étage , au-dessus de l’ancienne En 1686, au lendemain de la chapelle Saint-Sauveur de l’église salle des malades . Ses tribunes Révocation de l’Édit de Nantes, Saint-Étienne, détruite pendant communiquent avec les l’Église catholique entend les guerres de religion. renforcer sa domination sur la Du Moyen Âge à la Révolution, ville. L’évêque Poncet de la l’hôpital vit de dons, de legs, de e pour construire un nouveau L’hôpital du XVIII e siècle Mgr Bauyn, évêque d’Uzès, tenant les plans de l’hôpital. Anonyme, XVIIIe s. Musée Georges Borias, Uzès, dépôt de l’Hôpital d’Uzès. bâtiment, qui englobe l’ancien. chambres et un escalier d’honneur permet d’y accéder. Chapelle et escalier occupent le pavillon central, bordé de deux siècle : le rez-de-chaussée en ailes à quatre travées de fenêtres. contrebas de la rue est humide et Ces ailes sont reliées à la façade sombre, les salles mal ventilées principale par deux tourelles et, à l’extérieur, le cimetière et supportées par des trompes l’abattoir jouxtent l’hôpital. d’angle et coiffées de coupoles . Pour y remédier et agrandir le L’hôpital Saint-Sauveur faire face à l’accroissement du compte 91 lits à la veille de la nombre de malades, plusieurs Révolution. Il accueille projets sont proposés dès 1788 davantage de malades, et se concrétisent au siècle notamment des militaires établis suivant. bâtiment qui ne peut déjà plus dans les casernes nouvellement L’hôpital d’Uzès, carte postale du début du XXe siècle. Médiathèque d’Uzès. continuent d’y trouver refuge. Les transformations des XIXe et XXe siècles nourrice permettent de fonctionnement de l’hôpital. À Les pièces principales sont la A la Révolution, le bureau de compenser en partie les pertes de Uzès, les sœurs de la Charité salle des hommes, la salle des charité présidé par l’évêque est recettes successives à la officient jusqu’en 1958. femmes, celle des blessés, supprimé. Il est remplacé par Révolution : disparition du liard De nombreuses transformations l’infirmerie et la pharmacie. une commission administrative des pauvres et baisse des revenus affectent le bâtiment aux XIXe et Médecins et chirurgiens visitent dirigée par le maire de la ville. issus des rentes versées par le XXe les malades pris en charge au Au XIXe siècle, l’hospitalisation clergé, dont les biens sont David conçoit une galerie quotidien par les sœurs de la de malades civils qui paient un nationalisés. Le nom de l’hôpital couverte côté nord . Par la Charité. montant forfaitaire par jour se change souvent : «hospice civil suite, l’architecte Durant L’organisation des pièces reste développe, ainsi que l’accueil des et militaire», «hospice d’Uzès», prolonge l’aile sud. cependant médiévale et ne enfants abandonnés et des «hospice civil d’Uzès». Les Au début du XXe siècle, correspond pas aux théories orphelins. Journées congrégations religieuses sont l’architecte Bernady supprime la hygiénistes de la fin du XVIIIe d’hospitalisation et frais de toujours très présentes dans le galerie de 1808 et crée de construites. Les pauvres siècles. En 1808, l’ingénieur nouvelles chambres. Son Différentes phases de construction de l’Hôpital d’Uzès (G. Welisch). Edifice du XVIe s. Chapelle de 1707 Extensions éventuelles avant la construction de Rollin Hôpital conçu par Rollin en 1746 Agrandissement de l’ingénieur David en 1808 Aménagements du XXe s. successeur Pialat surélève le second étage et réorganise la façade principale : il perce une grande arcade pour éclairer l’escalier d’honneur et construit deux conciergeries, qui viennent cacher les tourelles du XVIIIe siècle . A l’intérieur, l’électricité, le chauffage et le téléphone sont installés. Au lendemain de la seconde Uzès appartient au réseau national des Villes et Pays d’art et d’histoire Le ministère de la Culture et de la Communication, direction générale des patrimoines, attribue l’appellation Villes et Pays d’art et d’histoire aux collectivités territoriales qui animent leur patrimoine. Il garantit la compétence des guides conférenciers et des animateurs de l’architecture et du patrimoine Aménagement des espaces intérieurs, projet 2014 (G. Welisch). et la qualité de leurs actions. Des vestiges antiques à l’architecture XXIe réadaptation ; hospitalisation ; Guillaume Rollin au XVIII siècle : du accueil dans des services adaptés restitution des volumes mettent en scène leur patrimoine e siècle, les villes et pays d’une population âgée originels , des plafonds à la dépendante ou en perte française, de la façade principale réseau de 179 villes et pays vous guerre mondiale, les pièces se d’autonomie ; soins et aide à avec ses tourelles dégagées des offre son savoir-faire sur toute la répartissent par services : hôpital domicile. conciergeries du xxe siècle France. des hommes, des femmes, Le bâtiment historique de (photo de couverture), et de sanatorium, maternité, loge l’hôpital a désormais pour l’escalier d’honneur . Celui-ci d’aliénés. Peu à peu apparaissent vocation d’accueillir les services se prolonge jusqu’au second Hôtel de Ville les chambres à quatre, trois, administratifs de cette étage par des degrés 1 place du Duché deux ou même un seul lit. En institution. d’expression architecturale 30700 Uzès 1955, l’hôpital compte 225 lits. Après plus de deux siècles de contemporaine, et il est Tel. 04 66 03 48 48 Sept ans plus tard, un ascenseur fonctionnement, surmonté d’un plafond [email protected] est installé, détruisant certains d’agrandissement et représentant les différentes www.uzes.fr éléments architecturaux qui d’adaptation, la structure et la périodes importantes de subsistaient depuis l’origine. cohérence de l’édifice du XVIIIe travaux depuis la création de L’hôpital se nomme alors siècle ont été conservées. Il l’hôpital. «hôpital rural» puis «hôpital constitue l’une des richesses général». architecturales d’Uzès, et à ce Façade principale de l’hôpital, Pialat, 1922. Archives de l’hôpital d’Uzès. l’inventaire supplémentaire des Depuis 2006, «le centre monuments historiques. Les hospitalier d’Uzès», est installé travaux entrepris par la suite par dans de nouveaux locaux. Ses la Direction de l’Hôpital visent à missions sont multiples : retrouver les éléments médecine, soins de suite et de significatifs conçus par Animation du patrimoine Remerciements : Gabrielle Welisch, architecte du patrimoine, et son équipe ; Denis Bruguier, directeur de l’Hôpital d’Uzès ; Mireille Olmière, responsable des archives municipales d’Uzès ; Martine Peyroche d’Arnaud, conservatrice honoraire du musée d’Uzès. Photo de couverture : G. Welisch. Texte : A.-L. Moreau, service patrimoine, Uzès. Conception graphique : LM communiquer. Maquette : Compomakète, Nîmes. titre, a été inscrit en 2004 à L’hôpital aujourd’hui dans sa diversité. Aujourd’hui, un Edition mai 2014 Restauration de l’escalier d’honneur, projet 2014 (G. Welisch). 14 20 N DE E / 29 JUI UR MAI IS MO CTLLON 14 LE HITE SSI OU RC C-R L’A GUEDO LAN