La place du français dans les études supérieures en Bulgarie
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La place du français dans les études supérieures en Bulgarie
1 La place du français dans les études supérieures en Bulgarie Stoyan Atanassov Directeur du Département d’Etudes romanes Université de Sofia « Saint Clément d’Ohrid » Le français est enseigné pendant 2-3 semestres à l’Université comme une des langues étrangères qui figurent obligatoirement dans tout cursus d’études universitaires. Il existe 7 filières francophones universitaires regroupant quelque 650 étudiants. Dans les 5 départements universitaires d’Etudes françaises, il y a au total 940 étudiants, répartis comme suit : - Université de Sofia (depuis 80 ans) - 190 étudiants. - Université de Véliko Tarnovo (depuis 40 ans) - 285 étudiants - Université de Blagoevgrad - 210 étudiants - Université de Plovdiv (depuis 1992) - 150 étudiants - Nouvelle Université bulgare (depuis 2002) - 100 étudiants Le cursus d’études dans les Départements d’Etudes françaises (DEF) est de 4 ans (bakallaver), plus 1-2 ans d’études de « master ». Dans 4 DEF sur cinq, les étudiants ont deux spécialités, par exemple Français et Anglais ou Français et Bulgare. Cet enseignement a les caractéristiques de celui des Langues appliquées. Seul le DEF à l’Université de Sofia assure des études de Français comme spécialité unique. Ces études sont plus traditionnelles et correspondent à la tradition des études de philologie. Deux DEF (Sofia, Veliko Tarnovo) ont des programmes « Master » : 3 programmes à Sofia (« Traduction », « Etudes francophones », « Ingénierie linguistique ») et 2 à Veliko Tarnovo (« Traduction », « Etudes comparées »). Il faut mentionner spécialement un phénomène récent (depuis la chute du communisme en 1989) : actuellement quelques 3500 jeunes bulgares font leurs études universitaires en France (dont 40% en sciences humaines). Ainsi le nombre total des étudiants bulgares faisant leurs études de et en français représente plus de 5000. Jamais auparavant il n’y a eu autant d’étudiants bulgares francophones. Ce phénomène est à situer dans le contexte général des études universitaires à l’étranger. Aujourd’hui, 10% des étudiants bulgares font leurs études universitaires à l’étranger dont 7-10 000 en Allemagne et en Autriche et 3.500 aux EtatsUnis. Les retombées de ce phénomène sont difficiles à évaluer actuellement. Une chose paraît certaine : l’Etat (le Ministère de l’Education) devrait avoir à leur égard une politique de suivi afin que le 2 plus grand nombre possible de ces étudiants soient incités à revenir dans leur pays après leurs études à l’étranger. L’adhésion de la Bulgarie à la Francophonie et notre intégration à l’Union européenne est certainement un facteur favorable au français dans notre pays. Quatre universités sur cinq de celles où il y a un DEF sont membres de l’AUF. Tous les DEF entretiennent des relations avec des universités françaises et d’autres pays francophones dans le cadre des programmes ERASMUS et des accords bilatéraux. Nous sommes en train de passer au système dit de « semestrialisation » et de crédits, ce qui facilite la mobilité des étudiants. On peut constater tout de même un déséquilibre des échanges. En 2002, par exemple, 121 étudiants bulgares sont allés en France en études de mobilité (dans le cadre d’Erasmus), tandis que 51 étudiants français sont venus en Bulgarie. Il ne faudrait cependant pas considérer ce déséquilibre comme une anomalie. Par contre, la disproportion au niveau des enseignants effectuant des missions dans le cadre d’Erasmus est flagrante. Très peu d’universitaires bulgares acceptent les mauvaises conditions financières d’Erasmus pour partir en mission à l’étranger. J’aimerais, pour finir, faire part de trois problèmes que nous ressentons en Bulgarie et qui se posent probablement aussi dans d’autres pays de la région. 1. La base normative actuelle du système éducatif bulgare ne prévoit pas un enseignement à distance, ce qui nous prive de la possibilité de dispenser une formation de et en français à des jeunes qui habitent loin des grands centres universitaires. 2. Le fait que les Départements d’Etudes françaises n’ont pas le statut de filières francophones les prive de nombreuses possibilités et avantages prévus par les programmes des organisations internationales de la Francophonie à l’intention des filières. Je pense que la plupart des DEF présentent toutes les caractéristiques requises pour avoir le statut de filières universitaires francophones. 3. La place très réduite de pays comme la France, la Suisse et la Belgique dans l’économie nationale du pays est un facteur de désintérêt, chez les jeunes, pour la langue française.