Que devons-nous à l`Etat

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Que devons-nous à l`Etat
corrigé bac 2013
Examen : Bac ES
Epreuve : Philosophie
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RAPPEL DU SUJET
SUJET N°1 : QUE DEVONS-NOUS A L'ETAT ?
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LE CORRIGÉ
QUE DEVONS-NOUS A L'ETAT ?
1. Analyse du sujet
Un sujet classique de philosophie politique sur le rapport entre le citoyen et l’État, qui renvoie au rapport ambigu que
chacun entretient avec l’État, à qui l’on demande de résoudre tous nos problèmes ou difficultés, en particulier d’ordre
social et économique, et à qui l'on reproche en même temps de trop intervenir dans notre vie et de réduire notre liberté
individuelle.
En d’autres termes, nous attendons tout de l’État en pensant ne rien lui devoir. C’est cette attitude contradictoire que le
sujet nous invite à interroger et clarifier.
La notion du programme est « L’État », dans le chapitre « La politique ». La question renvoie aussi au concept de
devoir (et implicitement à celui de droit ) mais aussi à l’idée de dette . Le « nous » désigne en même temps chaque
individu et la communauté politique toute entière à laquelle il appartient.
L’État, c’est la structure institutionnelle de la Nation, ou communauté politique, qui organise la vie en société sur un
territoire déterminé. Il apparaît lorsque le pouvoir s’institutionnalise et cesse d’être personnifié. Il permet la permanence
de la souveraineté au delà de la diversité des individus qui exercent le pouvoir ou des régimes politiques successifs
(monarchie, démocratie parlementaire, etc...). Il suppose par là même l’existence de la chose publique (res publica, en
latin), c’est-à-dire d’un espace public, commun à tous.
La notion de devoir est inséparable ici de celle de droit, dans la mesure où tout État par ses institutions organise un
État de droit, c’est-à-dire un système de lois réglant les relations entre les membres d’une même communauté et fixant
ainsi des droits et des devoirs à chaque citoyen. Tout droit définit un espace de liberté qui renvoie nécessairement à un
ensemble d’ obligations . Au delà de ce sens juridique, il fallait se demander si n’avions pas aussi une
obligation morale
envers l’État, et s’interroger plus largement sur l’idée de
dette
(Serions-nous redevables
financièrement, politiquement, moralement, ou même existentiellement envers l’État ?).
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2. La problématique du sujet
Tout approfondissement du problème suppose implicitement une certaine conception de L’État. Il faut peut-être se déprendre
d’une vision caricaturale de l’État comme un pouvoir surpuissant et tentaculaire qui nous imposerait de multiples contraintes
et limiterait voire supprimerait notre liberté individuelle. Si l’État est le représentant de l’intérêt général et si sa finalité est
l’organisation raisonnable d’une liberté commune, il institue nécessairement un ensemble de droits et de devoirs que nous
sommes tenus de respecter si nous ne voulons pas nuire à la liberté et la sécurité de tous.
De manière plus nuancée, il faut bien constater que tout État institutionnalise un état de fait (qui est toujours le reflet
historique d’un rapport de forces) en État de droit qui le légalise et le stabilise.
En ce sens, le premier (et peut-être le seul) devoir du citoyen serait de participer à l’action et à la décision publique afin de
faire évoluer les lois et les institutions dans un sens plus juste et équitable pour tous.
3. La boîte à outils
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L’anarchisme voit dans l’État un pouvoir d’oppression se plaçant au-dessus de la société civile et des individus, le mal
politique absolu qui dévore la liberté des personnes. Notre seul devoir envers l’État serait de s’efforcer d’en supprimer
l’existence.
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Cette théorie extrême repose sur le postulat que les communautés humaines peuvent s’auto-organiser spontanément,
sans avoir besoin d’un pouvoir centralisateur. Elle renvoie donc elle aussi à l’hypothèse d’un pacte social implicite où
les hommes renoncent à leur droit naturel d’agir de leur propre chef et acceptent de rentrer dans un État de droit fixant
des règles communes liées à un ensemble de droits et de devoirs. On a donc bien ici aussi l’idée de la nécessité de
l’existence de l’État, même si celui-ci prenait une toute autre forme institutionnelle que celle que nous connaissons.
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De manière plus générale, les théories du contrat social posent que la finalité de l’État est de garantir la paix civile, la
sûreté et la liberté de tous. Nous devons à l’État l’obéissance qui garantie notre liberté définie par la loi. Dans un État
démocratique, où la loi est l’expression de la volonté générale, l’obéissance ne contredit pas la liberté. « Un peuple libre
obéit, mais il n’obéit qu’aux lois » affirme Rousseau. L’État devient ainsi l’espace où l’individu accède à une liberté
raisonnable en concevant un intérêt général, au delà de son égoïsme naturel.
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L’État serait donc selon Hegel « la réalisation effective de la liberté » qui résoudrait en tant que représentant de la
volonté générale les conflits des volontés particulières. Les institutions et les lois de l’État reflèteraient le degré de liberté
auquel est arrivé un peuple au cours de son développement historique. Mais c’est dire aussi que les lois et les
institutions changent, et que le premier devoir du citoyen est de participer activement aux affaires publiques pour les
faire évoluer dans le sens de l’intérêt général, afin que l’État ne soit pas simplement, comme le pense Marx, l’instrument
politique au service de la classe dominante.
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Ainsi il fallait éviter dans ce sujet les visions caricaturales de l’Etat-tyran ou de l’Etat-providence. On comprendra mieux
ainsi pourquoi, dans le dialogue de Platon Le Criton, Socrate refuse de s’évader pour ne pas désobéir aux lois et à la
justice d’Athènes qui l’ont pourtant condamné à mort : tout en étant très nuancée, l’argumentation de Socrate vise à
montrer qu’il a une dette morale et existentielle envers Athènes qui l’a nourri, instruit et surtout lui a permis d’accéder à
une existence d’homme libre.
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On pouvait toutefois souligner qu'il y a un domaine où l'on ne doit rien à l'Etat (et tout à la raison) c'est celui de la
pensée. C'est ce que soutient Kant dans son opuscule Réponse à la question : Qu'est-ce que les Lumières ? L'individu
n'est pas seulement membre d'un Etat particulier, auquel il se trouve soumis en tant que "pièce d'une machine", il est
aussi membre d'une "société civile universelle". En tant qu'être raisonnable, il appartient en effet à la société des êtres
raisonnables, société qui transcende les frontières des Etats et leurs lois particulières. A ce titre, il ne doit de compte
qu'à la raison et ses semblables en sont les seuls juges. C'est ce que Kant nomme "l'usage public de la raison" et qui
consiste à faire un usage de la raison "en tant que savant devant le public qui lit". Cet usage ne doit avoir aucune limite
dit Kant, et peut porter sur tous les sujets possibles et imaginables. Si l'usage public de la raison exige une liberté sans
limite, il trouve sa norme dans ces deux instances régulatrices que sont la raison d'un côté et le public de l'autre. En
spéculant, l'homme ne sort pas des limites de la raison et reste soumis à ses lois. Et en livrant ses spéculations au
public, il les soumet à l'approbation et à la critique de la raison de ses semblables.
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