Des infrasons pour éloigner le poisson

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Des infrasons pour éloigner le poisson
SAMEDI- É CONOMIE
SAMEDI 26 DÉCEMBRE 2009
NAMUR
NR
11
Naninne
Des infrasons pour éloigner le poisson
Un générateur à
infrasons : le dispositif
que commercialise ProFish
pour éloigner les
poissons des prises
d’eau industrielles.
Une porte ouverte sur le
marché nord-américain
Avec son générateur
d’infrasons, Damien Sonny
compte conquérir le Québec.
La signature d’un accord de partenariat avec
Hydro-Québec pourrait ouvrir d’énormes
perspectives pour la jeune société namuroise.
쎲 Br uno MAL TER
T
ur une carte de visite, le
nom claque comme une bannière étoilée au vent. Travailler en partenariat avec
Hydro-Québec, le numéro 1 de
l’hydroélectrique en Amérique
du Nord, c’est presque l’assurance d’un sésame qui peut vous
ouvrir les portes des plus grands
barrages américains et ailleurs
dans le monde.
Un accord de collaboration est
sur le point d’être signé. ProFish
Technology SA serait choisi
comme partenaire par HydroQuébec pour équiper des centrales le long du Saint-Laurent qui
avalent quelque 9 000 m3 d’eau
à la seconde. Excusez du peu…
« Leur objectif est d’arriver à guider les anguilles pour leur éviter
d’être prises par les turbines, explique Damien Sonny. Mais il faut
adapter notre technologie, la renforcer car il arrive au fleuve québécois
de charrier des troncs entiers ».
La collaboration visera donc à
déterminer si la technologie
peut s’adapter à un tel cahier
des charges.
S
ÉdA
out commence par une recherche universitaire. Etudiant en biologie à l’ULG,
Damien Sonny réalise une
thèse de doctorat sur l’impact
sur la population des poissons
des prises d’eau industrielles.
Et pour nourrir sa réflexion
rien de tel que de se pencher
sur un beau cas concret : la
centrale nucléaire de Tihange.
Pour refroidir ses réacteurs, la
centrale a besoin d’eau, de
beaucoup d’eau : 50 m3 d’eau à
la seconde.
Tout naturellement, beaucoup de poissons se font piéger, aspirés par les turbines
puis rejetés en Meuse, complètement sonnés quand ils parviennent à se remettre de ce
parcours inattendu en terrain
industriel. Des saumons, des
anguilles, mais aussi des poissons que l’on trouvait à foison
dans la Meuse avant qu’elle ne
soit canalisée, tels des barbeaux ou des hotus, en font les
frais.
« Différentes techniques existent
pour éloigner les poissons, explique Damien Sonny. Flashs lumineux, barrières électriques ou
sons, mais on ne trouve pas souvent de références scientifiques ?
Il n’y a aucune preuve du bon
fonctionnement de ces dispositifs ».
Capacités auditives
Dans son étude comparative,
Damien Sonny a été amené à
s’intéresser aux recherches du
professeur norvégien Olaf
Sand. La particularité de ce
chercheur nordique et de son
équipe est de s’être intéressés
aux capacités auditives du
poisson.
« Les poissons sont très stressés
par les infrasons (20 hertz et
moins), constate Damien
Sonny. Les poissons émettent ces
sons-là. C’est comme cela qu’une
proie repère son prédateur et viceversa ».
De ces constatations scientifiques va découler une application concrète. Les scientifiques
mettent au point un instrument capable de générer ces infrasons sous l’eau. Cet instrument se compose d’une double
membrane souple, qui provoque des mouvements de va-etvient, selon la fréquence et l’intensité.
Ce dispositif ne laisse pas les
poissons indifférents : « c’est
comme si les poissons étaient secoués, explique le biologiste. C’est
un peu comme un stimulus de
douleur qui pousse les poissons à
s’éloigner, même si l’on ne sait
pas si le poisson est capable de
vraiment sentir la douleur ».
Un test à Tihange
De la théorie à la pratique…
Le pas va être franchi par Damien Sonny, les chercheurs
norvégiens lui ayant passé la
main. En 2007, il fonde la société ProFish et convainc la
centrale nucléaire de Tihange
d’expérimenter son système à
infrasons. Deux générateurs à
infrasons sont installés et les
résultats ne se font pas attendre : 80 % de pertes en moins.
Fort de cette première référence, ProFish est parti à la
conquête de marchés à l’étranger. Et cocorico, elle s’apprête
à signer un accord de partenariat avec le géant Hydro-Québec. Les filets sont jetés, reste
maintenant à les relever. ■
Coups de pouce
Pour arriver à ce premier rapprochement prometteur, ProFish a pu compter sur quelques
solides coups de pouce en Wallo-
nie. Celui de Namur Invest
d’abord, qui a octroyé un prêt à
la jeune entreprise pour l’aider à
passer le cap toujours difficile
du lancement. Celui du Bureau
économique de la Province, qui
encadre le projet pas à pas et
aide Damien Sonny à trouver
des partenaires à l’étranger. Celui de l’Awex enfin. ProFish a
ainsi bénéficié de l’aide d’un avocat belge implanté au Canada
pour établir les conventions.
Cette aide est subsidiée à 75 %
par la Région wallonne.
Échange
En Europe, ProFish compte
aussi renvoyer l’ascenseur au
Québec. ProFish s’est engagé à
devenir le représentant de la société Envirotel pour commercialiser ses innovations. Plusieurs
pistes vont être explorées :
compteur automatique de poissons ou de chauves-souris, utilisation du radar pour comptabiliser des oiseaux dans un périmètre déterminé, recensement de
batraciens par relevés sonores…
En échange, Envirotel assurera
concrètement les contrats que
ProFish pourrait engranger de
l’autre côté de l’Atlantique. Un
partenariat
win-win,
en
B.M.
somme. ■
VITE DIT
Partenariat
Le générateur à infrasons est le
fruit d’une alliance entre trois
sociétés. ProFish, les ateliers
Malcourant Mécaniques à
Gembloux pour la fabrication et
Wow Company de Naninne,
pour la domotique (gestion
électronique, alertes SMS,...).
Indice supplémentaire des liens
qui se sont tissés entre ces
entreprises : ProFish vient de
quitter Jambes pour établir ses
bureaux à côté de ceux de
Wow Company.
De 10 à 15 hertz
Tous les générateurs ne
travaillent pas à la même
fréquence. « Cela dépend du
béton, explique Damien Sonny.
Il faut éviter de le faire vibrer.
En dessous de 14 hertz, on
peut travailler en toute
confiance avec le béton ».
Libre circulation
Pour développer son activité,
Damien Sonny compte sur
l’application des directives
européennes et wallonnes sur
la libre circulation des poissons.
En cas de renouvellement d’un
permis, les industriels sont
invités à s’y conformer. Et c’est
là que ProFish peut entrer dans
la danse.
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