Austerlitz - Dossier

Transcription

Austerlitz - Dossier
présente
AUSTERLITZ
De W.G. Sebald
Traduction de Patrick Charbonneau
Adaptation, mise en scène et images de Volodia Serre
1
Il s'agit d'une adaptation d' Austerlitz, roman de W.G. Sebald, auteur allemand mort en décembre
2001, ayant écrit notamment la trilogie Vertiges, Les émigrants, Les anneaux de Saturne.
Une première étape de travail a été donnée à voir le 16 avril dernier au Théâtre de l’Onde, espace
culturel de Vélizy-Villacoublay. Dans le cadre de ce soutien, Austerlitz a reçu l’aide à la maquette de la
DMDTS.
L’équipe :
Scénographie : ......................................................................................Marc Lainé et Stephan Zimmerli
Montage et régie vidéo : ....................................................................................................Olivier Chauvin
Création lumières : .................................................................................................................Kelig le Bars
Création son : ...............................................................................................................Laurent Labruyère
Distribution :
Austerlitz : ……………………………………………………………………………. Alexandre Steiger
Narrateur-auteur, les réminiscences d’Emyr Elias, Penrith-Smith, André Hillary : …..... Olivier Balazuc
Les femmes, Penelope Peaceful, Tereza Ambrosova et Vera Rysanova : ..........................Gretel Delattre
Le souvenir d’Agata (en images) : .....................................................................................Lucia Hurajova
Le cimetière juif d’Alderney Road (Londres), dernier lieu
du récit de l’histoire d’Austerlitz. Photo réalisée par
Austerlitz et publiée dans le livre par Sebald p.395.
La dernière image du film réalisé en décembre 2006 pour
le spectacle au cimetière juif d’Alderney Road (Londres).
Texte :
Un narrateur-auteur raconte sa rencontre bouleversante avec un homme à la recherche de son
histoire. Cet homme, Jacques Austerlitz, choisit de se confier à lui. Il lui livre l'enquête de sa vie qui le
mène de Londres à Prague, en passant par Bruxelles et Paris, à la recherche de ses origines et des traces
de son passé. Sur sa route, il y a toujours une femme qui l'attend pour l'aider au moment où tout semble
se perdre. Il remonte ainsi le fil de son existence en défaisant un à un les noeuds de sa mémoire torturée,
marquant chacune des étapes de sa quête d'une "preuve" photographique venant constituer une pièce du
puzzle de sa trajectoire et de ses réflexions. Jusqu’à ce qu’il redécouvre les lieux de son enfance
pragoise d’où il a été arraché pour partir dans un convoi d’enfants juifs se réfugier en Angleterre à l’âge
de cinq ans… Jusqu’à ce qu’il retrouve sa bonne d’enfant Vera Rysanova qui va lui raconter les
premières années de sa vie, le départ de son père et le sacrifice de sa mère… Jusqu’à ce qu’il retrouve
les images et la langue de son enfance qu’il croyait disparues à jamais de sa mémoire.
2
Mise en scène :
Comme dans un jeu de poupées russes, j’ai mis en scène un spectacle-enquête du récit-enquête
par Sebald de l'existence-enquête d'Austerlitz. Je me suis ainsi rendu sur les lieux du récit (notamment
Londres et Prague) en décembre dernier afin d'en ramener de nouvelles preuves ou traces en images
filmées, qui serviront de base scénographique à la représentation de cette histoire.
Mon adaptation du texte est évidemment très sélective : je ne garde que la trame principale de
l'enquête mais je tente de conserver malgré cela la poésie des digressions multiples qui accompagnent
son récit.
Archives d’Etat de la Karmelitskà (Prague),
photo réalisée par Sebald et publiée p.200.
Image extraite du film réalisé pour le spectacle aux
anciennes Archives de la Karmelitskà, aujourd’hui Musée
de la musique de Prague.
Théâtralement, il s'agit de jouer sur les diverses postures de l'acteur face à son objectif: raconter et
donner à voir une histoire. Sebald, dans l'écriture de son récit, passe très habilement, en tant que
narrateur, de la traditionnelle première personne à une parole rapportée (“..., dit Austerlitz.”), voire
doublement rapportée (“..., dit Vera, dit Austerlitz.”), ou directe, jouant donc sur trois voire quatre
degrés de narration, que je tente de restituer avec les quatre comédiens que j'ai choisis. L’un des
enjeux majeurs de l’oeuvre portant sur la perte et le recouvrement de sa langue maternelle par Austerlitz,
j’ai décidé de faire appel à une actrice tchèque pour l’évocation filmée de la mère.
La confrontation systématique de la parole à l'image (photographies accompagnant son texte) est
un autre enjeu majeur de cette oeuvre qui me paraît éminemment théâtral. De même que la prise en
charge par les acteurs d'une parole écrite me semble correspondre à une mise en mouvement physique de
celle-ci, j’ai travaillé à une mise en mouvement des preuves-images à l'aide des vidéos réalisées sur les
lieux du récit et de leur confrontation avec les acteurs.
3
Scénographie et lumières :
L’installation scénographique permet de déployer physiquement sur le plateau l’espace mental de
la mémoire d’Austerlitz. Une frontière essentielle est installée à mi-chemin dans la profondeur du
plateau : un grand tulle sur lequel sont rétroprojetées à l’aide d’un puissant vidéoprojecteur les images
choisies, montées et traitées qui servent de support aux différentes séquences de l’adaptation.
Ce tulle est d’abord la métaphore des rives de la conscience : la frontière entre ce dont on garde
une trace et ce qu’on a oublié. Ainsi figure-t-on à l’aide d’un couloir lumineux au sol devant le tulle
l’espace de recherches d’Austerlitz, son chez-lui tant réel que psychique où sont accumulées à même le
sol des dizaines d’épreuves photographiques N&B, pouvant servir de clés de passage du présent au
passé, de la conscience du souvenir au souvenir lui-même. Ces photos sont celles prises par Austerlitz au
cours de l’ensemble de son existence.
Ce tulle est donc aussi métaphore des rives du temps : il nous permet de distinguer
intuitivement ce qui a trait au présent, qui se déroule devant le tulle, de ce qui a trait au souvenir, qui se
déroule derrière et revêt ainsi une existence voilée, évanescente. A l’aide d’un système de vignettage de
l’image, l’action qui se déroule derrière le tulle reste visible de tous les spectateurs.
Les différents souvenirs exhumés des ténèbres de l’oubli (derrière le tulle, le fond du plateau
paraît infini) sont autant de pièces d’un puzzle à reconstituer. Chacune de ces « pièces » bénéficie d’un
traitement spatial, visuel et sonore spécifique et fonctionne indépendamment des autres. Ces différents
espaces-fragments de souvenirs trouvent leur mise en relation globale lorsque Austerlitz raconte
comment il a redécouvert, des dizaines d’années après l’avoir quitté, l’appartement dans lequel il avait
grandi et qui, toujours occupé par sa bonne d’enfant d’alors, n’a absolument pas changé depuis son
départ, le temps s’étant comme arrêté en ce lieu. Tous ces fragments deviennent alors des morceaux de
cet appartement, lieu du recouvrement de son identité par Austerlitz et du premier aboutissement de ses
recherches qui est l’objet de ce spectacle. Au moment où il redécouvre ce lieu, le tulle disparaît
permettant enfin à Austerlitz et au spectateur une appréhension directe de la partie jusque là voilée du
plateau et la projection vidéo bascule alors sur un écran disposé au préalable au fond du plateau et
découvert à cet instant.
4
Création image :
Le travail de l’image consiste en une recherche de sa place et de sa circulation : deux supports de
projection sont utilisés avec un basculement de l’un à l’autre, mais on utilise aussi différents lieux de
projection sur un même support grâce au système de vignettage de l’image, ce qui permet d’évoquer
différents degrés dans la conscience du souvenir ainsi que différents statuts de l’image qui intervient
tour à tour en tant que simple décor, évocation métaphorique, preuve…
Sont projetées les images vivantes des lieux évoqués (à Londres et Prague principalement).
J’entends par « images vivantes », l’expression pouvant définir la recherche picturale que j’ai entreprise
à l’occasion de ce spectacle et qui a consisté à retrouver les lieux réels ou non du récit et à les filmer
comme s’il s’agissait de photographies en mouvement. L’objectif est de donner à voir la mémoire se
mettant en branle face à l’image photographique, donnant alors vie à l’image qui se met elle-même à
bouger. Je n’exclus d’ailleurs pas de poursuivre ce travail et d’organiser un nouveau voyage sur les lieux
du récit afin d’en ramener de nouvelles images.
Agata, la mère d’Austerlitz, photo retrouvée par Austerlitz
aux Archives théâtrales de Prague et donnée à Sebald.
Publiée p.344.
Image extraite de l’un des films réalisés à Prague avec
l’actrice Lucia Hurajovà qui interprète le souvenir
d’Agata.
5
Création son :
Chaque espace, parcelle de souvenir a sa propre grammaire sonore. Il s’agit de donner à
entendre comment le souvenir d’un son, d’une ambiance, d’une voix, revient à notre mémoire. La
diffusion est adaptée à cette conception et les sources sont différenciées afin d’individualiser chaque
souvenir et d’en saisir sa saveur particulière.
Dans le même esprit que celui du travail de scénographie et de lumières, le morcellement sonore
correspondant aux différents fragments mémoriels évoqués trouve sa cohérence au moment de la mise
en relation des espaces, des images, des lumières et des sons lors de la redécouverte par Austerlitz de
l’appartement de son enfance.
Cette adaptation d’Austerlitz est un projet nécessitant l'invention d'une "forme" vraiment
spécifique. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité tout d’abord en réaliser une maquette afin de
tester librement certains parti-pris particuliers. Je pense que ce type de tentative est susceptible
d’intéresser un lieu comme le vôtre dans le cadre d’une future production.
Compléments :
La compagnie :
La Jolie Pourpoise a été fondée en février 2005 par Olivier Balazuc et Volodia Serre. Elle est le
résultat d’une envie commune de monter des spectacles avec une “famille” d’acteurs rencontrée au
CNSAD, la volonté de faire vivre un théâtre de troupe.
Avec la Jolie Pourpoise, Olivier Balazuc a d’abord monté L'Institut Benjamenta, de Robert
Walser pour une représentation-maquette au CDN de Montreuil en juin 2002. Puis Le Chapeau de paille
d'Italie, de Labiche, créé au CDN de Montreuil en janvier 2006, et repris en tournée cette saison. Et
enfin Elle, de Jean Genet, créé à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, repris pour quelques dates au
CDN de Montreuil et au festival Mettre en scène du TNB à Rennes et qui sera joué pour cinq semaines
cette saison au Théâtre de la Cité Internationale.
Volodia Serre a monté Le Suicidé, de Nikolaï Erdman au Théâtre 13 en juin 2006, spectacle
lauréat du Prix Théâtre 13 / Jeunes metteurs en scène, qui sera repris pour six semaines au Théâtre 13 en
2008/2009 en coproduction notamment avec le Théâtre Romain Rolland de Villejuif.
Le metteur en scène :
Volodia Serre a été formé au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique (CNSAD,
promotion 2001) et y a suivi les cours de Daniel Mesguich, Catherine Hiégel, Olivier Py , Catherine
Marnas, Mario Gonzales, Caroline Marcadé…
Il y a mis en scène Partage de midi - acte I, de Claudel, dans lequel jouait déjà, entre autres,
Olivier Balazuc.
Depuis sa sortie, il a travaillé comme acteur avec Gilberte Tsaï au CDN de Montreuil (La Nuit
Blanche, 2001), Irène Bonnaud au Théâtre de la Bastille et Théâtre de Vidy-Lausanne (Tracteur, 2002),
Antoine Campo au Théâtre de l'Athénée-Louis Jouvet (Histoire du Soldat, 2003), Philippe Calvario à la
Comédie de Reims et au Théâtre des Bouffes du Nord (Roberto Zucco, 2004), Clément Poirée au
Théâtre de la Tempête (Kroum l'ectoplasme, 2004), Karine Saporta au Théâtre du Vieux-Colombier
(Feu le Music Hall, 2004), Jean de Pange à la Scène Nationale de Bar-le-Duc (Le Retour au Désert,
2004), Véronique Caye au Red Brick House Theater de Yokohama (Tokyo-Line, 2005), Benoît Lavigne
6
au Théâtre 13 (Roméo et Juliette, 2005/2006), Olivier Balazuc au CDN de Montreuil (L’institut
Benjamenta, 2002 et Un chapeau de paille d'Italie, 2006/2007), Denis Podalydès et Frédéric BélierGarcia au Théâtre du Rond-Point (Le Mental de l'Equipe, 2007).
Il a monté Le Suicidé, de Nikolaï Erdman au Théâtre 13 en juin 2006, spectacle lauréat du Prix
Théâtre 13 / Jeunes metteurs en scène, qui sera repris pour six semaines au Théâtre 13 en 2008/2009 en
coproduction avec le Théâtre Romain Rolland de Villejuif, la Scène Watteau de Nogent-sur-Marne et
l’Onde – Espace Culturel de Vélizy-Villaboublay.
Les acteurs :
Alexandre Steiger a été formé au CNSAD. Il y a suivi l'enseignement de Philippe Adrien et Dominique
Valadié. Depuis sa sortie en 2003, il a travaillé avec Jean-Baptiste Sastre dans Les Paravents (Théâtre
National de Chaillot, 2004), Jean-Marie Villégier dans Les Joyeuses Commères de Windsor (Théâtre de
l'Athénée-Louis Jouvet, 2004), Olivier Treiner dans Le petit maître corrigé (Théâtre de verdure de
Chantilly, 2004), Karine Saporta dans Feu le music-hall (Théâtre du Vieux-Colombier, 2004), Victor
Gauthier-Martin dans La vie de Timon (Théâtre de l'Aquarium, 2005), Véronique Caye dans Robert
Capa - Focus (Red Brick House Theatre de Yokohama, 2005), Marie Rémond dans Promenades
(Théâtre Ouvert, 2006), Volodia Serre dans Le Suicidé (Théâtre 13, 2006 et 2008/2009), Denis
Podalydès et Frédéric Bélier-Garcia dans Le Mental de l'équipe (Théâtre du Rond-Point, 2007). Il vient
de tourner avec Emmanuel Bourdieu dans Les amitiés maléfiques.
Olivier Balazuc a été formé au CNSAD. Il y a suivi les cours de Philippe Adrien, Catherine Hiégel,
Olivier Py, Catherine Marnas, Mario Gonzales… Depuis sa sortie, il a travaillé comme acteur avec
Antoine Campo dans Histoire du Soldat (Théâtre de l'Athénée-Louis Jouvet, 2003), Clément Poirée dans
Kroum l'ectoplasme (Théâtre de la Tempête, 2004), Olivier Py dont il est aussi l'assistant pour Le
Soulier de Satin (Théâtre de la Ville, 2003), Les Vainqueurs (TNP-Villeurbane, 2004/2005) et Illusions
comiques (Théâtre du Rond-Point, 2006), Volodia Serre dans Le Suicidé (Théâtre 13, 2006 et
2008/2009).
Il a lui-même mis en scène L'institut Benjamenta de Robert Walser, Un chapeau de paille d'Italie
d'Eugène Labiche (CDN de Montreuil, 2002 et 2006) et Elle de Jean Genet (Espace des Arts de Chalonsur-Saône et CDN de Montreuil, 2005, reprise au Théâtre de la Cité Internationale 2007).
Gretel Delattre a été formée dans la Classe Libre du Cours Florent puis au CNSAD dans les classes de
Jacques Lassalle et Daniel Mesguich. Sortie en 2000, elle a depuis été dirigée par Daniel Mesguich dans
Esther puis Andromaque (Comédie Française, 2001/2002), Jean-Pierre Miquel dans En délicatesse
(Théâtre de la Tempête, 2002), Jacques Osinski dans Richard II (CDN de Montreuil, 2003), L’ombre de
Mart (Théâtre de l’Aquarium, 2004), Dom Juan (tournée 2005) et L’Usine (Théâtre du Rond-Point,
2007), Bruno Bayen dans Plaidoyer en faveur des larmes d’Héraclite (Théâtre National de Chaillot,
2003), Laurence Mayor dans Les chemins de Damas et Philippe Ulysse dans On est pas si tranquille
(Théâtre de Saint Quentin puis CDN de Montreuil, 2006), Volodia Serre dans Le Suicidé (Théâtre 13,
2006 et 2008/2009).
7
Lettre de recommandation de Denis Podalydès
AUSTERLITZ est un spectacle admirable dans sa légèreté, sa précision, et son ambition
formelles. Adaptation d’un roman, il offre un moment de théâtre-mémoire comme on voit rarement.
Fidèle à Sebald, dont l’écriture est tramée dans l’image, et inversement, la mise en scène de Volodia
Serre, de tableau en tableau, remonte patiemment, méthodiquement, avec beaucoup d’humour et de tact,
à une origine, celle du héros de l’histoire nommé Jacques Austerlitz, à la recherche de sa mère, morte
dans les camps, et dont il ne savait plus rien. Cette remontée du souvenir est construite comme une
enquête dont les pièces à conviction sont essentiellement des images, filmées et photographiées,
projetées sur grande et petite surface d’écran, ou posées à terre comme les éléments d’un puzzle.
Volodia Serre a filmé les lieux même décrits par Sebald, retrouvé certaines personnes, redoublant la
mémoire fictive (le livre est un roman, pas même une autobiographie) de sa propre mémoire en quête du
lieu concret où l’auteur s’est tenu. On pense bien sûr au Perec inventoriant, classant, listant lieux,
souvenirs, images, déployant une mathématique de mémoire pour retrouver, délimiter, combler et
conjurer la place manquante, la béance sans nom de la perte de la mère, disparue dans les chambres à
gaz. Une photographie désuète montre à la fin du spectacle le petit enfant, tel que sa mère dût l’habiller,
le prendre dans ses bras, et la pièce trouve là l’ultime pièce de sa quête. Moment très simplement mis en
scène et proprement déchirant.
Trois acteurs servent ce parcours, avec une justesse et délicatesse infinies. Alexandre Steiger
prête sa grâce drôlatique, à peine mélancolique, au personnage d’Austerlitz, et crée naturellement, dans
son corps et dans sa voix, cet équilibre difficile entre la légèreté du dispositif, et la gravité du propos.
Il faut voir AUSTERLITZ, et faire en sorte que ce spectacle connaisse la brillante carrière qu’il mérite.
Denis Podalydès / 16 rue de la Glacière 75013 Paris / [email protected]
8

Documents pareils