Gestes, signes, traces : quand les peintures ne
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Gestes, signes, traces : quand les peintures ne
Gestes, signes, traces : quand les peintures ne représentent plus la réalité ! Du cycle 1 au collège Année scolaire 2013 / 2014 Une découverte de l’art abstrait à partir de l’observation d’œuvres des années 1910 à nos jours. Le parcours invite les élèves à explorer plusieurs techniques d’expression et à entrer dans l’intimité des œuvres et du travail des artistes. Durée : 1h à 1h30 selon le niveau de la classe. Qu’est-ce que l’art abstrait ? L’art abstrait est né du travail de trois peintres qui, sans se connaître, réalisent pratiquement au même moment des œuvres abstraites. Il s’agit du Russe Vassily Kandinsky, en 1910, du Néerlandais Piet Mondrian, en 1914 à Paris et du Russe Kazimir Malevitch, en 1913 à Moscou. L’art abstrait nait d’une démarche personnelle, réfléchie, philosophique, enrichie du contexte politique ambiant. Contemporains des Nabis, du Fauvisme, de l’Expressionnisme et du Cubisme (première période), ces trois artistes y ajoutent leur expérience. L’art abstrait montre des formes qui ne représentent pas les objets du monde extérieur. S’il existe une certaine continuité dans l’art, portant sur la représentation du monde extérieur, avec l’abstraction apparaît une rupture : la réalité liée à la forme n’est plus. En cela, l’art abstrait rompt avec le passé. Né au début du siècle, l’art abstrait, phénomène de l’art et non pas seulement une de ses tendances, s’épanouit au XXe siècle, en Europe et aux Etats-Unis. Il apparaît entre 1910 et 1920, se développe principalement en peinture et en sculpture entre 1920 et 1930, puis s’étend à l’Europe entière entre 1930 et 1945. Après 1945, les artistes français renouvellent la création abstraite. À partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’art abstrait est un phénomène mondial : nombres d’artistes se sont emparés de ses théories plastiques et esthétiques. De nouveaux mouvement émergent : l’art optique (op art) et l’art cinétique, le tachisme, la peinture gestuelle (Action painting), l’art calligraphique, le Minimal Art, l’art informel… Les collections d’art abstrait du musée À partir des années 1980, le Musée d’Art, Histoire et Archéologie a constitué une importante collection d’œuvres du XXe siècle ; des achats en galerie ont été enrichis de dons d’artistes, de dépôts de l’État (Musée National d’Art Moderne -Centre Georges Pompidou notamment) et du legs de Jacques Blot (1920-1993), collectionneur ébroïcien proche des milieux de l’avant-garde et des surréalistes. Une grande partie de ces œuvres se rattachent à des courants de l’art abstrait avec notamment des peintures réalisées par des représentants de l’abstraction gestuelle ou abstraction lyrique et du mouvement Support/Surface. L’abstraction lyrique (ou abstraction gestuelle) L’abstraction lyrique est un terme employé pour désigner l’expression directe de l’émotion individuelle. Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux peintres partagent une même démarche qui consiste à valoriser la spontanéité du geste, sa vitesse, son énergie et l’émotion de l’instant. Elle donnera naissance au mouvement de l’abstraction lyrique en France (Hartung, Soulages, Schneider). Une partie des œuvres exposées présente des œuvres exprimant l’intériorité profonde de l’artiste (conservant ses empreintes et ses traces) , tout en laissant une place importante au spectateur, à son interprétation et à ce qu’il ressent. Le mouvement Supports/Surfaces Les artistes de ce courant, créé à la fin des années 1960 (1969-1972), Claude Viallat, Jean-Pierre Pincemin, Marc Devade notamment, s’intéressent au statut de la peinture et aux œuvres en tant qu’objets. Ils s’attachent alors à énoncer les composants de la peinture (toile, dimension, couleur, lieu, accrochage). Le tableau n’est plus envisagé comme illusion d’un thème ou état d’âme de l’artiste. On assiste à un réel tournant dans l’histoire de l’art : la peinture en elle-même est décomposée, disloquée. Une relation nouvelle entre l’artiste et la peinture Avec l’art abstrait, l’artiste utilise un vocabulaire dont les couleurs, les formes, la matière, la surface, le support, les pleins ou les vides constituent les mots. Mais la manière dont il les combine n’appartient qu’à lui, il crée son propre langage plastique. Aussi, le corps tout entier de l’artiste a souvent pris possession de l’espace de ses peintures. Les signes qu’il inscrit et les traces de ses gestes et de les instruments rappellent son passage. Gestes : Le mouvement du corps, et spécialement celui des bras et des mains. Le geste laisse sa trace dans son tableau. La peinture peut être le moyen de se libérer de ses tensions, de s’exprimer avec spontanéité et énergie. En faisant de la peinture, on peut improviser, gribouiller, barbouiller. Le tableau gardera pour toujours la trace de ce moment de liberté. Traces : Vestiges laissés par le passage d’un homme, d’un animal ou d’un objet. Il y a les traces laissées par le geste et celles laissées par les outils. Parfois, elles se confondent. Ces traces nous parlent des matériaux utilisées et aussi du support. Signes : Une marque, un repère. On fait aussi « signe » d’un « geste de la main ». Le signe indique, communique ou raconte. Les gestes sont des signes du corps, les notes des signes de la musique, les lettres des signes typographiques… On peut aussi voir un signe sans le comprendre. Pour pouvoir le lire, il faut en posséder les clés. Un artiste peut s’exprimer en signe sans passer par l’écriture. Sources bibliographiques : Fiche pédagogique réalisée à l’occasion de l’exposition « Geste, trace, signe, espace » au musée d’Art, Histoire et Archéologie d’Evreux en 2008 et dossier pédagogique de l’exposition « Réintégration XXe siècle », réalisé en 2012 par le Service éducatif du musée. Activités pendant la visite Quelques œuvres observées au musée (sous réserve de modifications selon les accrochages) Jeux de recherche et d’observation d’œuvres autour de la notion de gestes, de traces et de signes dans la peinture abstraite. Réalisation d’une création plastique autour du travail de Pierre Célice : collage pour les plus petits et dessin pour les plus grands. Quelques pistes d’exploitations pédagogiques Les supports : Expérimenter ce qu’implique les dimensions du support d’un travail plastique et essayer de comprendre le geste de l’artiste en fonction de la taille du support : travail qui implique l’ensemble du corps de l’artiste dans les grandes oeuvres, travail physique (marcher, toile au sol, puis au mur, déplacement autour et sur la toile…) / travail sur petits formats, généralement support papier, sur un table, plus proche d’un travail d’écriture, temps généralement plus brefs, moins d’implication corporelle. Les outils : Répertorier avec les élèves les outils plastiques qu’ils connaissent, : pinceaux, racloirs, couteaux. Imaginer de nouveaux outils à peindre (finalement en arts, tout objet peut être un outil : peigne, règle, bâton...) , avec des fonctions différentes : faire des lignes (fines, épaisses), recouvrir de grandes surfaces, laisser une empreinte de texture dans la matière peinture, s’éloigner du support, peindre un très grand support…Associer un outil à une trace laissée sur un support : expérimenter. Quels outils pour quelle trace? Les signes : Repérer les signes visibles dans les œuvres des artistes. Que peuvent évoquer ces signes ? Ouvrir sur la notion de composition : comment chaque élément est-il placé par rapport aux autres ? Peut-on trouver un rythme, une cadence aux compositions ? Répétition, fragmentation, prolongement, rupture, ponctuation, opposition… La création d’un langage plastique : Identifier les éléments mis en place par les artistes pour créer leur langage plastique : couleurs, formes, matière, surface, support… L’abstraction : Faire des recherches sur les artistes présentés. Essayer de les rattacher à un courant artistique. Comprendre l’évolution de la création des oeuvres : quand et pour quelles raisons l’art abstrait apparaît-il au début du 20ème siècle? Les titres : Ouvrir sur le rôle du titre dans l’art abstrait. Se réfère-t-il à un référen- cement dans l’œuvre et la démarche de l’artiste ? Ouvre-t-il vers une interprétation figurative et/ou poétique ? Quelle place a le spectateur dans l’appréhension du titre ? Le rôle du spectateur : Rechercher ce qui se passe dans la tête d’un spectateur face à des œuvres abstraites. Que peut-il faire ? Que se passe-t-il en lui ? Inviter les élèves à observer les œuvres autrement. Selon qu’on est couché ou debout, en mouve- ment ou au repos, on voit l’espace différemment. C’est aussi le spectateur qui crée l’espace de l’oeuvre. Légendes des visuels de haut en bas et de gauche à droite : G. Schneider, Opus 95-E, 1961, huile sur toile, P.Pallut, 2.6.89, 1989, huile sur toile; Pierre Célice, sans titre, acrylique sur mur peint, Jean Degottex, Vide de l’inaccessible, huile sur toile, 1959; Hans Hartung, T.1964.h45, 1964, huile sur toile, Simon Hantaï, Tabula 1981, 1981, acrylique sur toile