APECinfos MAÎTRISE DE PARIS - Association des Parents d`Eleves
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APEC infos N°30 Mai 2000 ASSOCIATION DES PARENTS D’ELEVES, ELEVES, ANCIENS ELEVES ET AMIS DU CONSERVATOIRE SUPERIEUR DE PARIS – CNR Association membre de la FNAPEC* Numéro spécial MAÎTRISE DE PARIS SOMMAIRE - Editorial Page 1 - La Maîtrise de Paris a 20 ans Page 2 - Les grands concerts de la Maîtrise Page 2 - Le Conseil d’Administration Page 3 - L’équipe pédagogique Page 3 - Interview de Patrick MARCO Page 3 - Interview de Marie-France GOUGEON Page 4 - Voix de l’enfant et enseignement vocal par Annie-Béatrice LEPRE Page 5 - Interview de Virginie DAO Page 9 - Interview de David DUPIRE Page 9 EDITORIAL PAR JACQUES TADDEI DIRECTEUR DU CONSERVATOIRE SUPERIEUR DE PARIS – CNR complet de l'établissement avec une vaste salle de chœur dotée d'un orgue, depuis notre installation dans les nouveaux locaux du 14, rue de Madrid en 1996. A la rentrée prochaine, elle pourra utiliser les locaux situés au rez-de-chaussée dans le nouveau bâtiment face à notre petit jardin "cloître". En tant que président, j'ai toujours eu beaucoup de plaisir à favoriser le développement et le rayonnement de la Maîtrise et soutenir l'action de son directeur musical, Patrick Marco, dont j'apprécie les qualités humaines et musicales. En tant que directeur du Conservatoire Supérieur de Paris, j'ai eu à cœur de renforcer ses structures pédagogiques et de permettre aux classes maîtrisiennes d'intégrer les classes instrumentales et vocales du Conservatoire pendant et à l'issue de leurs études. La Maîtrise de Paris s'intègre ainsi harmonieusement dans l'ensemble des études du Conservatoire. Je me réjouis que vos enfants puissent y trouver leur épanouissement, tant sur le plan artistique que sur le plan humain. Il y a plus de dix ans maintenant, préoccupé par la situation et l'installation précaire des Petits Chanteurs de Paris, j'ai suggéré de les associer au Conservatoire. La Ville et l'Etat ayant accepté l'intégration pédagogique que je proposais, la Maîtrise, devenue Maîtrise de Paris et département du Conservatoire Supérieur de Paris - CNR, dispose d'un étage * Fédération Nationale des Associations de Parents d’Élève de Conservatoires et Écoles de Musique APEC infos n° 30 Page 1 Mai 2000 LES GRANDS CONCERTS DE LA MAÎTRISE DE PARIS LA MAÎTRISE DE PARIS A 20 ANS La Maîtrise de Paris a été fondée en 1980, à l'initiative de la Mairie de Paris et du Ministère de la Culture, sous le nom des Petits Chanteurs de Paris. Elle ne comprenait à l'origine que des garçons; elle est devenue mixte en 1992 et compte aujourd'hui 73 enfants, qui sont en majorité des filles. 33 élèves font partie du Chœur Préparatoire et 40 du Chœur de Chant. Depuis dix ans, la Maîtrise de Paris est un Département du Conservatoire Supérieur de Paris - CNR. Comme les instrumentistes, les Maîtrisiens suivent, le matin, une scolarité normale (du CM1 ou CM2 à la Terminale), dans l'un des établissements scolaires parisiens dotés de classes à horaires aménagés; l'après-midi, ils reçoivent au Conservatoire une formation musicale complète et gratuite : chant choral, technique vocale, solfège, pratique instrumentale (piano, orgue, flûte à bec, flûte traversière…), avec éventuellement un second instrument. Recrutés à partir de huit ans, garçons et filles intègrent le Chœur Préparatoire ou le Chœur de Chant, en fonction de leur niveau vocal, et sont encadrés par une équipe de professionnels de la voix. Patrick Marco en assure la direction musicale depuis la création. Le professionnalisme des enfants de la Maîtrise de Paris est bien connu. A leur entrée au Chœur de Chant, ils sont initiés à la pratique du concert et se produisent régulièrement en France et à l'étranger avec de prestigieux chefs et orchestres; ils participent à des productions lyriques et à des créations mondiales. Leur répertoire très large leur permet d'aborder tous les styles, de la musique ancienne à la musique contemporaine. Clarté, fraîcheur des voix, émotion, possession de leur art caractérisent, avec une force expressive très vive, leur interprétation des œuvres des grands compositeurs. LA MAÎTRISE A L'HONNEUR La Maîtrise de Paris s'est vu décerner le prix de chant choral Liliane Bettencourt de l'Académie des Beaux-Arts, qui lui a été remis solennellement le 24 novembre1999, sous la coupole de l'Institut. APEC infos n° 30 H Les Maîtres de Chapelle au XVIIè siècle (Festival d'Ile-de-France, décembre 1987) H Xè anniversaire de l'IRCAM (avril 1987) H Le Grand Echiquier, avec R. Raimondi (déc. 1989) H Symphonie n°3 en ré mineur et Symphonie n°8 en mi bémol majeur (Des mille) de Gustav Malher (Théâtre du Châtelet, avril 1989) H Musique du XXè siècle avec l'ensemble Aleph (1989) H Prestige de la musique : La Dame de pique de Tchaïkovski (Salle Pleyel, mars 1990) H Requiem de Fauré, dir. Michel Corboz (Eglise de la Trinité, 1992) H Le Tombeau de Gilles de Rais d'Edith Canat de Chizy (création, Festival d'Avignon, juillet 1993) H Bicentenaire Palestrina, concert et disque avec l'ensemble vocal Sagittarius (1993) H Prestige de la musique : War Requiem de Benjamin Britten (Salle Pleyel, 1993) H La Femme sans ombre de Richard Strauss (Théâtre du Châtelet, 1994) H Carmina Burana de Carl Orff (Salle Pleyel, 1995) H Festival d'Art Sacré : Les Vêpres solennelles et la Messe du Couronnement de W. A Mozart (Eglise Saint-Séverin, 1995) H Ceremony of Carols de Benjamin Britten, avec Marielle Nordmann, harpiste (Salle Gaveau, 1995) H Le Tour d'Ecrou de Benjamin Britten (Opéra Comique, 1996) H Messe de l'Ascension, d'Edith Canat de Chizy (création, 1996) H L'Enfant et les Sortilèges de Maurice Ravel (Tremblay-en-France, Saint-Germain-en-Laye, RueilMalmaison et Valence, 1996) H Festival d'Art Sacré : Let' s Begin Again, dir. John Tavener (création, Eglise Saint-Eustache, nov. 1996) H Concert de Noël, avec Barbara Hendricks et Eric Ericson (Palais des Congrès, déc. 1996) H Requiem de Maurice Duruflé, dir. Didier Benetti (Eglise Sainte-Clotilde, avril 1997) H Festival des Musiques Sacrées du Monde, avec Soeur Marie Keyrouz (Fez, mai 1997) H Magnificat de J.-S. Bach (Eglises de Saint-Germaindes-Prés, Saint-Louis-en-l'Ile et Notre-Dame-duTravail, juin 1997) Mai 2000 Page 2 H Pawana de J.-M. G. Le Clézio (Théâtre National de l'Odéon, 1997) H Festival d'Art Sacré : Messe de l'Aurore, dir. Marcel Landowski (Eglise de la Trinité, déc. 1997) Directeur musical Patrick MARCO Chœur Préparatoire Marie-France GOUGEON H Brundibar de Hans Krasa (Opéra Bastille, mars 1998) Chef de chant Catherine CHARLES Accompagnateur Pierre ASTOR H Festival d'Auvers-sur-Oise : Regina Coeli et Requiem de W.A Mozart (mai 1998) Technique vocale H War Requiem de Benjamin Britten (Cathédrales de Dijon et de Reims, juin 1998) M.-Christine DEMANGEL Annie-Béatrice LEPRE Sylvie PORTAL Chœur Préparatoire Sophie GEOFFROY-DECHAUME H L'An Mil de Gabriel Pierné (Salle Pleyel, nov. 1998) Solfège Virginie DAO H Festival d'Art Sacré : Angelus Domini et Nunc dimittis (création) de Renaud Gagneux (Eglise Sainte-Clotilde, déc. 1998) Piano complémentaire David DUPIRE Sylvie MALLET Emmanuelle MOUTIER H Litanies à la Vierge Noire et Gloria de Fr. Poulenc (Conservatoire Supérieur de Paris-CNR, mars 1999) Secrétariat Michèle BAUTIAN H Journal d'un Usager de l'espace II de Didier Lockwood (Opéra Bastille, mai et novembre 1999) H Festival d'Art Sacré : M. Ohana, J. Brahms, F. Mendelssohn (novembre 1999) H Concert Charité 2000 : Beatus Vir de H.M. Gorecki, dir. John Nelson (Notre-Dame de Paris, mars 2000) L'EQUIPE PEDAGOGIQUE _______________________________ Plusieurs professeurs ont accepté de répondre aux questions de l'APEC ou de rédiger un article pour ce numéro spécial Maîtrise. Nous leur en sommes très reconnaissants et tenons à les remercier ici vivement. ______________________________________________________________ INTERVIEW DE PATRICK MARCO _______________________________ DIRECTEUR MUSICAL DE LA MAÎTRISE LE CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA MAÎTRISE Président : Vice-Présidents : Secrétaire : Trésorier : Administrateurs : • • • • • • • APEC - Pourriez-vous vous présenter ? P. M. - Comme vous le savez, j'ai été nommé chef de chœur de la Maîtrise à ses tout débuts. J'en suis devenu le Directeur musical en 1984. J'ai moi-même fait des études de violoncelle, d'harmonie, de musique de chambre et de chant choral et me suis spécialisé dans la direction de chœur avec Michel Piquemal. Au Conservatoire Supérieur de Paris - CNR, je suis également Directeur musical du Département de Direction de chœur depuis 1993. Je dirige par ailleurs des stages de chant choral et lyrique et collabore avec les grands orchestres pour la préparation des chœurs, comme par exemple le Chœur de l'Orchestre Colonne. J'ai aussi fondé en 1990 un ensemble vocal, Le Paris Consort. - M. Jacques TADDEI - M. Gilles CANTAGREL - M. George SCHNEIDER - Mme Bernadette GREGOIRE - M. Henri LAGRANGE - M. Jean-Louis FLORENTZ - M. Renaud GAGNEUX - Mme Sabine VATIN - Mme Bernadette SATIN - les représentants de : APEC - La Maîtrise a été fondée en 1980. Voudriez-vous nous rappeler ce qui a motivé sa création ? P. M. - Il y a vingt ans, la France manquait d'un chœur d'enfants capable de se hisser au rang des meilleurs ensembles étrangers, tels que les maîtrises anglaises, les Petits Chanteurs de Vienne ou l'Escolania de Montserrat. Le premier souci des fondateurs a été de traduire dans les faits cette exigence de qualité. Il a donc été décidé de renouer avec la tradition plus que millénaire des "écoles maîtrisiennes" des cathédrales, où étaient dispensées la formation musicale par la voix et la polyphonie vocale en complément de l'enseignement général. C'est la révolution de 1789 qui marqua le déclin de l'institution. A quelques exceptions près - Maîtrise de Notre-Dame de Paris et Maîtrise de la Cathédrale d'Angers -, il fallut attendre 1948 et la création de la Maîtrise de la Radio (qui fut la première maîtrise laïque) pour qu'un montage pédagogique voisin de celui des maîtrises anciennes soit réalisé dans le cadre de l'Education Nationale avec des aménagements d'horaires. C'est ainsi que la Maîtrise de Paris a pu bénéficier du mitemps pédagogique, actuellement accordé à nos élèves. M. le Maire de Paris : la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris : - M. Philippe MORAS la Direction Régionale des Affaires Culturelles : - M. Pierre COSTES la Direction de la Musique et de la Danse du Ministère de la Culture la Direction de l'Académie de Paris la FNAPEC : - Mme Simone du BREUIL l'APECSP-CNR : - Mme Marieke HOUSSEAU _______________________________ APEC infos n° 30 Mai 2000 Page 3 APEC - A-t-elle gardé un statut particulier, en devenant un département du Conservatoire ? P. M. - Oui, en effet. La Maîtrise est un département du CSP - CNR à part entière et, à ce titre, elle bénéficie de ses infrastructures. Il n'en est pas moins vrai qu'elle a conservé le statut particulier d'association loi de 1901, qu'elle avait à sa fondation. C'est ainsi qu'elle est gérée par un Conseil d'Administration, qui est actuellement présidé par M. Taddei et où siège statutairement Mme Housseau en tant que représentant de l'APEC. La Maîtrise de Paris a son budget propre et elle fonctionne grâce essentiellement aux subventions de la Ville de Paris et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles. Il faut savoir que les trois quarts de son budget servent à rémunérer la part du corps enseignant qui n’est pas pris en charge par la Ville pour son Conservatoire. J'en profite d'ailleurs pour préciser aux parents, qui ne le sauraient pas, qu'en principe les Maîtrisiens ne touchent aucune rémunération pour les concerts, représentations ou productions diverses auxquels ils participent, car les prestations font partie de leur formation. Vous me direz que les élèves de la Maîtrise de Radio France perçoivent des indemnités pour leur participation aux activités de Radio France, mais la situation est très différente : cette Maîtrise a un statut de chœur professionnel permanent. P. M. - Cette question a été abordée à l'initiative de l'APEC au dernier Conseil d'Administration et a suscité beaucoup d'intérêt de la part de ses membres. Un cours de chant "intermédiaire" semble difficile à mettre en place dans l'état actuel des moyens financiers de la Maîtrise de Paris. Cependant l'idée d'une formation de choriste professionnel va être creusée. APEC - Comment la Maîtrise a-t-elle évolué depuis sa création ? P. M. - Au cours de ces vingt années la Maîtrise a beaucoup évolué. Dès sa création, elle a connu du succès et a donc rapidement grandi en effectifs, puisque de 10 enfants au début, elle est passée cette année à 73 élèves. Mais c'est surtout sa physionomie qui a changé avec l'arrivée des filles. Dans les premières années, j'ai été assez vite confronté au problème de la mue des garçons, car elle pouvait remettre en cause à tout moment l'équilibre du chœur. D'où l'intégration des filles, qui paradoxalement sont devenues majoritaires. Non pas que les garçons soient exclus, bien au contraire, et je suis d'ailleurs satisfait d'avoir pu accueillir plusieurs garçons au Chœur Préparatoire à la dernière rentrée. Il semble simplement que l'enseignement choral ne soit plus considéré de nos jours comme une formation "sérieuse" pour les garçons et bien des familles, mal informées, s'imaginent que nous renvoyons les adolescents à leur mue. Ce qui est totalement faux. Les garçons peuvent tout à fait rester jusqu'à la Terminale : ils apprennent à gérer leur mue, notamment en chantant en voix de tête. Ils ont également la possibilité de poursuivre, s'ils le souhaitent et si leur niveau le permet, un cursus instrumental au Conservatoire. Je peux vous citer un certain nombre de cas. __________________________________________________ APEC - Quels sont les projets pour la Maîtrise ? P. M. - Je peux vous annoncer que la Maîtrise vient de se voir officiellement rattachée au Théâtre du Châtelet comme chœur d'enfants : à ce titre elle participera régulièrement à des représentations et se produira dès le mois de novembre 2000 dans Hänsel und Gretel de Engelbert Humperdinck. Des cours d'expression corporelle devraient pouvoir être assurés pour aider les élèves à se présenter sur scène. Par ailleurs une tournée aux Etats-Unis est prévue au mois de juillet prochain : hélas, je ne pourrai emmener que 18 ou 20 enfants ! Nous avons également reçu une invitation pour nous produire à Montserrat en Espagne en novembre 2000. Enfin, comme vous me l'avez suggéré, il serait sympathique d'organiser une manifestation à l'occasion du vingtième anniversaire de la Maîtrise et j'aimerais notamment y faire participer les anciens Maîtrisiens. Je compte sur les parents pour mettre en œuvre ce projet. INTERVIEW DE M.-F. GOUGEON RESPONSABLE DU CHOEUR PREPARATOIRE APEC - Pourriez-vous vous présenter ? M-F. G. - J'ai suivi des études musicales classiques (piano, chant, harmonie et préparation au CAPES d'éducation musicale) au CNR de Reims. Au cours de mes études, j'ai eu l'occasion de travailler régulièrement avec le Maître de chapelle de la Cathédrale de Reims et d'assurer quelques cours à la Maîtrise de la Cathédrale : c'est là que j'ai attrapé le "virus" du chœur d'enfants. A Paris, j'ai intégré le cadre des professeurs d'enseignement musical de la Ville de Paris et je me suis passionnée pour l'initiation à la musique des jeunes enfants. J'ai été appelée, en 1991, à m'occuper du Chœur Préparatoire de la Maîtrise de Paris et, aujourd'hui, je suis toujours aussi heureuse du travail que je fais avec les petits Maîtrisiens. Cependant j'ai conservé une mission à la Direction des affaires scolaires de la Ville, où j'assure la coordination des actions d'animations musicales des professeurs et des élèves des écoles élémentaires parisiennes : j'ai pu organiser, par exemple, un concert, Place des Vosges, avec 600 écoliers parisiens pour la Fête de la Musique. APEC - Il y a plusieurs niveaux dans le Chœur de Chant. Pourriezvous les distinguer ? P. M. - Oui, le Chœur de Chant comporte deux niveaux, celui des débutants et le degré dit Supérieur, auquel les Maîtrisiens accèdent vers 14-15 ans. Mais l'âge de passage varie d'un enfant à l'autre, en fonction de son développement physique, de son épanouissement vocal, de sa motivation personnelle... APEC - Voudriez-vous nous expliquer en quoi consiste le cursus du Chœur Préparatoire ? M-F. G. - Le cursus idéal s'étale sur trois ans, du CM1 à la 6ème, et doit être entamé le plus tôt possible. Bien entendu, il est variable suivant les enfants : certains resteront quatre années; pour d'autres, entrés un peu plus tard et qui ont déjà fait de la musique, deux ans peuvent suffire. Pour l'entrée au Chœur Préparatoire, des qualités musicales sont certes requises, mais pas obligatoirement une formation préalable. L'enfant doit avoir une voix saine, claire et juste, de l'oreille, du rythme et... de la motivation ! APEC - Quel avenir professionnel les Maîtrisiens peuvent-ils envisager ? P. M. - Là encore, cela diffère pour chaque élève. La plupart viennent à la Maîtrise pour acquérir une solide formation musicale. Par la suite un certain nombre poursuivent un cursus d'instrumentiste ou intègrent un cours de chant en conservatoire. Quelques-uns connaissent un parcours encourageant, comme ce jeune homme qui est entré dans le Chœur de Radio France ou cette jeune fille qui, dès sa sortie de la Maîtrise, a réussi le concours d'entrée dans le cours de chant de Fusako Kondo et qui, au bout de trois ans, vient d’être admise au CNSM de Paris. Mais tous les Maîtrisiens n'ont pas forcément vocation à devenir des choristes professionnels ou des chanteurs lyriques. Il y a d'autres débouchés possibles, tel l'enseignement du chant ou la direction de chœur, par exemple. APEC - Quelle formation reçoivent les élèves du Chœur Préparatoire ? M-F. G. - J'assure pour les élèves du Chœur Préparatoire le cours de polyphonie, dont l'objectif principal est d'apprendre aux enfants à se situer à l'intérieur d'un chœur. La formation est essentiellement vocale, mais le travail de l'oreille est primordial, car les enfants devront progressivement savoir s'écouter et écouter les autres de manière à parvenir à un son homogène, à développer la personnalité de leur voix, tout en la modulant en fonction de la qualité d'ensemble recherchée. Les enfants étant au début de leur formation à la technique vocale (ils bénéficient d'un cours individuel hebdomadaire avec un professeur de APEC - Ne pensez-vous pas qu'il manque au Conservatoire un maillon intermédiaire, qui permettrait aux Maîtrisiens qui se destinent au chant, de préparer les concours du Supérieur ou d'intégrer un chœur professionnel ? APEC infos n° 30 Mai 2000 Page 4 technique vocale), il est un peu prématuré de les classer et de les spécialiser en différents pupitres selon le timbre ou la tessiture spécifiques de leur voix. Répartis en trois groupes, ils changent de voix à chaque partition, passant donc régulièrement de la voix la plus grave à la voix la plus aiguë, ce qui a l'avantage de les habituer à se situer différemment dans la polyphonie, sans risque de fatiguer, de forcer ou de s'abîmer la voix. Paris. Enfin nos petits Maîtrisiens sont régulièrement sollicités pour chanter dans le cadre d'un stage d'une semaine organisé pour la formation au chant choral des professeurs de la Ville de Paris. __________________________________________________ VOIX DE L'ENFANT ET ENSEIGNEMENT VOCAL A LA MAÎTRISE DE PARIS Enfin il est important de former le goût musical des jeunes Maîtrisiens, de leur apprendre à chercher et à sentir la musicalité dans une pièce, à en saisir le style, à en réaliser le phrasé, les nuances... Pour cela je choisis bien sûr un répertoire à leur portée. Il n'est pas question de les lancer trop tôt dans des partitions trop difficiles et qui dépasseraient leurs compétences : un répertoire apparemment plus facile n'en est pas moins intéressant musicalement parlant. Par contre l'occasion leur est souvent donnée d'aborder des partitions plus complexes lorsqu'ils sont amenés à chanter avec le Chœur de Chant; de se trouver soutenus et entraînés musicalement par les plus grands, l'expérience est toujours enrichissante. PAR ANNIE-BEATRICE LEPRE PROFESSEUR DE CHANT ET DE TECHNIQUE VOCALE En réponse aux questions posées par l'APEC En préambule, je souhaite rendre hommage ici aux deux grands maîtres qui ont si largement contribué à faire de moi un professeur de chant heureux de la profession qu'il exerce, parfaitement à l'aise dans son enseignement, enthousiaste et comblé par son inépuisable source d'invention pédagogique et musicale, la richesse des contacts humains qu'il autorise. Tout d'abord mon maître et ami Paul von Schilhawsky, du Mozarteum de Salzbourg, malheureusement disparu en 1995, pour nos dix années de travail sur l'interprétation de la musique sacrée, du répertoire mozartien et de la musique romantique allemande et autrichienne. Et puis, Richard Miller pour les deux années de formation à la pédagogie de la voix, denses et riches, dont j'ai eu le privilège de bénéficier et le travail vocal que nous avons fait ensemble. APEC - Les enfants du Chœur Préparatoire passent-ils tous au Chœur de Chant ? M-F. G. - Il faut savoir que les enfants n'ont pas tous vocation à entrer au Chœur de Chant. Le passage d'un enfant est fonction de multiples paramètres. Il faut bien entendu avoir acquis un bon niveau musical et vocal, mais il est nécessaire aussi de faire preuve de qualités d'attention, de concentration, de curiosité, d'une attitude positive et équilibrée, composée à la fois de calme, de patience ainsi que de dynamisme et de motivation active. Les enfants ne développent pas tous ces capacités idéales et il est souvent difficile de pronostiquer "à coup sûr" ce que sera l'évolution d'un enfant. Il arrive que pour certains l'enthousiasme des débuts s'émousse devant les difficultés, la rigueur et les efforts demandés; la fatigue et l'ennui s'installent parfois, compromettant bien sûr la poursuite de la progression. Par expérience, je peux vous assurer que, si un enfant s'ennuie au Chœur Préparatoire, c'est qu'il n'est pas foncièrement intéressé par l'activité chorale. Je conseille à ces enfants de quitter la Maîtrise et de continuer à pratiquer la musique de manière moins intensive ou de se motiver pour une autre activité. Il faut toutefois faire attention que le non-passage ou le départ ne soit vécu comme un échec de la part de l'enfant. Ma carrière de pédagogue du chant débute en 1980, d'abord à la Schola Cantorum, tout en continuant, en parallèle, une autre carrière dans les cabinets ministériels. En 1989-1990, j'ai présenté les épreuves du C.A. de technique vocale et abandonné définitivement mon long parcours administratif à Matignon. Une fois mon C.A. en poche, j'ai recherché une classe de chant vacante, facilement accessible depuis Paris. J'ai donc accepté le poste qui m'était offert dans une Ecole Nationale de Musique de Basse-Normandie. C'est à cette occasion, par hasard et sous la "contrainte", que je me suis trouvée confrontée pour la première fois à la voix de l'enfant. Ce poste incluait, en plus de la responsabilité de la classe de chant, de consacrer quelques heures à la maîtrise de l'école, c'est-à-dire, dans la réalité, à jouer le rôle de chef de chœur pour les enfants des classes de formation musicale. Je n'avais jamais rien dirigé de ma vie ! jamais fait partie d'un chœur, sauf quelques productions du Théâtre du Capitole, dans le cadre de mes études au CNR de Toulouse, quelques vingt-cinq années en arrière ! Pour comble, je n'allais disposer d'aucune aide dans l'établissement, ni d'aucune partition ! Enfin, la plupart des enfants de l'école de musique ne souhaitaient pas alourdir leurs activités du mercredi par ce cours "obligatoire". Une petite fille était d'ailleurs entrée violemment dans ma classe en me criant avec colère : "C'est ici le chant obligatoire ?" Elle a refermé la porte : je ne l'ai plus revue. Mais, comme dit le proverbe : "à quelque chose malheur est bon". Deux mois après, j'entrais à l'hôpital - sans lien de cause à effet avec ce qui vient d'être dit précédemment - et, à mon retour, "ma maîtrise" s'était volatilisée ! Il me restait deux sopranos : un garçon et une fille d'une dizaine d'années, adorables et motivés, qui ne m'ont jamais fait grâce d'une seule minute de leur cours. Nous avons donc fait du chant, du chant, encore du chant et c'est auprès d'eux que j'ai découvert les spécificités de la voix d'enfant, dont la différence avec celle de l'adulte femme ne tient, à mon sens, qu'à l'état de miniaturisation de l'instrument. L'année suivante, j'ai accueilli deux groupes d'enfants : un très jeune, entre 5 et 8 ans, dont deux enfants présentaient des déficiences auditives, l'une doublement appareillée; l'autre composé d'enfants de 8 à 13 ans. APEC - Vos élèves travaillent-ils avec des partitions ? Doivent-ils travailler à la maison ? M-F. G. - Le travail avec les partitions fait partie de leur formation. Les élèves doivent apprendre à utiliser intelligemment une partition : comme ils forment leur oreille à se situer dans la polyphonie, ils doivent former les yeux à suivre le guide que constitue la partition, tout en les gardant disponibles pour suivre le chef de chœur. C'est tout un ensemble de réflexes qu'il faut acquérir en jouant en permanence avec la lecture, l'oreille et la mémoire auditive et visuelle. Enfin la partition est le support qui permet d'analyser la musique et la polyphonie, de l'annoter, de la travailler. Le travail effectué à la Maîtrise est assez dense pour de tout jeunes enfants, c'est pourquoi je ne leur donne pas de travail à la maison, sauf exception. APEC - Le Chœur Préparatoire participe-t-il à des manifestations ? M-F. G. - Le Chœur Préparatoire n'a pas pour objectif de se produire, mais il participe parfois à des représentations ou à des concerts avec le Chœur de Chant, comme par exemple dans Le Journal d'un Usager de l'espace II à l'Opéra Bastille ou plus récemment à la Cathédrale NotreDame de Paris pour le Concert Charité 2000. Cependant, afin de nourrir et d'entretenir la motivation des enfants, je tiens à le faire participer, au moins une fois par an, à une manifestation où il se présente avec son propre programme. Ainsi il animera le 21 juin prochain, à la Salle des Fêtes de l'Hôtel de Ville, la cérémonie de remise des prix du Maire de APEC infos n° 30 Mai 2000 Page 5 Nous avons débuté un vrai travail vocal et abordé quelques notions basiques mais essentielles de physiologie de la voix chantée, avec un vocabulaire "scientifique" adapté à la maturité des enfants. J'ai été surprise de constater qu'ils accordaient à cette approche physiologique un réel intérêt, que leur attention était captivée, leur capacité à répertorier et modifier les comportements défectueux de posture, soufflerie, articulation ou de résonance, aiguisée. A défaut d'être dirigés, ils ont fait des progrès remarquables sur le plan vocal. Nicole Corti, à l'occasion d'un stage de direction de chœur que j'avais entrepris de suivre pour décrisper la situation, avait eu la bonne idée de me dire : "Tu ne sais pas diriger (c'était clair pour moi aussi !) , sers-toi de ta voix, fais les chanter". Cette parole a été salutaire pour m'empêcher de sombrer dans la dépression du mauvais chef, lucide mais ô combien malhabile. Heureusement je pouvais confier les enfants à un vrai chef de chœur, à l'occasion des spectacles et concerts auxquels ils ont participé, dont Carmen de Bizet, les Carmina Burana de Carl Orff. répartissent l'ensemble des enfants de la Maîtrise : Christine Demangel, Sophie Geoffroy-Dechaume, Sylvie Portal et moi-même. Pour moi, dans cet échange privilégié et intime, je considère l'enfant comme un chanteur soliste à part entière, en recherche de la conscience de sa propre voix, de son propre timbre, de la correction des difficultés vocales qui lui sont propres. C'est aussi grâce à cette approche individualisée que toute "anomalie vocale" momentanée ou non peut être décelée. Pour l'enfant, c'est l'occasion de se responsabiliser davantage. De sortir de l'abri confortable du chœur, où ses inévitables erreurs de notes, de rythme ou de phrasé, ont plus de chance de passer inaperçues et où il reste subordonné au chef de chœur qui assume, lui, l'entière responsabilité des choix musicaux pour le chœur. Soudainement plongé dans l'univers soliste, c'est pleinement responsable et à découvert, qu'en prise directe avec sa seule voix, il va devoir contrôler son émission vocale, respecter la partition qu'il interprète, créer sa propre expressivité musicale. Bien entendu, mes élèves sont très friands de ce moment où ils partent à la conquête de leur voix. Ils quittent le monde familier et touffu de la polyphonie pour celui intimiste de la voix soliste. Ils savourent, c'est certain, cette occasion unique de s'abandonner à cette joie hebdomadaire de n'être plus menés à la baguette, mais enfin placés sous la férule de leur professeur de chant ! C'est à partir de cette toute neuve mais très riche approche du travail vocal avec ces enfants, que s'est répandue, par Rachid Safir, directeur du Centre d'art polyphonique d'Ile-de-France, l'assertion que j'étais "la spécialiste de la voix de l'enfant". Cela m'a valu, et je l'en remercie, d'intervenir dans d'innombrables formations destinées à des chefs de chœur d'enfants, des candidats aux concours d'Etat de Direction de chœur et de chant, des enseignants en milieu scolaire... et dans le même temps de rejoindre le CSP-CNR et la Maîtrise de Paris, à la demande de Patrick Marco, en recherche d'un second professeur de chant. J'y enseigne depuis la rentrée 1992, déjà huit années scolaires. Dès ma deuxième rentrée au CNR, j'ai pris en charge, en plus des enfants qui m'étaient confiés individuellement, la responsabilité de la formation vocale collective du Chœur de Chant. LA MUE CHEZ LE GARCON La Maîtrise de Paris est l'une des rares maîtrises à prendre en compte l'aspect psychologique des difficultés du garçon en période de mue. Elle ne le raye pas de ses listes en lui montrant la porte et il garde sa place dans un des pupitres du chœur. Ce temps de non-rejet lui permet de renoncer plus facilement au passé, puis de décider, de lui-même et sans frustration, le moment de son départ de la Maîtrise. C'est excessivement important, car la mue est un moment particulièrement délicat et douloureux pour l'enfant en passe de devenir adolescent. Il perd sa voix cristalline qu'il aimait tant et dont sa maman était folle... Il doit quitter l'enfance. Mon approche de cet apprentissage spécifique comporte deux objectifs : - Le premier, l'harmonisation du geste vocal collectif des enfants. L'apprentissage vise l'amélioration de la qualité générale d'émission du chœur. La technique est identique à celle d'un travail individuel, mais elle met davantage l'accent sur les moyens de mettre en synergie l'ensemble des voix du chœur. Elle veille à la précision et garantit le nécessaire "fondu" de l'ensemble des voix. C'est ce travail spécifique qui, pour ce qui concerne son aspect vocal technique, est le garant de la qualité du chœur. Il permet la magie de l'émergence de ce timbre si homogène et si rond des enfants de la Maîtrise de Paris. C'est cette sensation d'homogénéité de précision et de musicalité que le public reçoit lorsqu'il écoute notre maîtrise. C'est d'autant plus magique que, si l'on individualise ce qui se passe à l'intérieur du chœur, la réalité est tout autre. Les disparités de niveau de compétence vocale d'un enfant à l'autre sont souvent très grandes, compte tenu de la fourchette des âges, et en fonction du niveau vocal de chaque enfant, de son investissement dans l'apprentissage, de son talent personnel. Mais n'oublions pas que tous sont à des degrés divers des apprentis chanteurs, plus ou moins maladroits, empêtrés dans une conscience vocale encore peu élaborée et globalement confrontés aux difficultés d'ambitus, de tessiture, de dynamique, de texte et d'écriture des partitions travaillées. Les modifications de la voix lors de la puberté chez le garçon font de la mue un véritable caractère sexuel secondaire. En voix spontanée, les jeunes enfants utilisent, pour la plupart, leur registre dit "de tête" (système léger). A l'occasion de sa puberté, dans nombre de civilisations, dont la nôtre, le garçon se doit de confirmer son "identité masculine", en changeant le registre de sa voix parlée. Il va passer progressivement au registre dit "de poitrine" (système lourd). Ce changement de registre, entièrement d'origine culturelle, très différent de celui utilisé dans l'enfance, complique encore la mue. Il nécessite, au cours de la mue, une adaptation musculaire constante pour transformer le régime vibratoire physiologique des cordes vocales. Pendant quelques mois, l'adolescent oscille entre les sons aigus infantiles et les sons plus graves et plus timbrés de la voix adulte. Une fois l'adaptation faite, la voix parlée se stabilise définitivement dans le registre d'adulte, environ une octave plus bas que la voix d'enfant. La mue est terminée. Physiologiquement, au cours de la mue, sur une période de 6 à 18 mois, le larynx s'agrandit dans toutes ses dimensions, il s'abaisse, les cartilages qui en constituent la structure s'épaississent, le cartilage thyroïde se ferme à 90° avec la formation de la pomme d'Adam, les cavités de résonance augmentent de volume, le thorax se développe, le cou s'allonge, la portion membraneuse des cordes vocales augmente de 4 à 8 mm suivant la catégorie vocale, à laquelle ce tout jeune homme va désormais appartenir (1 à 3,5 mm seulement pour les filles). - Le deuxième objectif, aussi important que le premier, concerne la protection individuelle des voix contre les risques de fatigue vocale générée par la pratique en chœur. Il donne aux enfants des notions collectives d'émission et d'écoute touchant, par exemple, à la nécessité d'accepter comme étant sa propre voix le son collectif du chœur, à éviter toute surenchère vocale, pour jouer la "locomotive de son pupitre" ou pour n'entendre à aucun prix son voisin immédiat qui commet quelques fautes qui vous sont "insupportables", à ne pas pousser au-delà de l'actuel possible les limites de sa voix... Ces modifications perturbent tout particulièrement le garçon chanteur, qui sent se décaler subitement les repères vocaux qu'il connaissait bien. Une voix inconnue et instable s'installe, octaviant de façon sournoise vers le grave les notes écrites sur la partition. De grosses difficultés apparaissent dans le registre grave et la première partie du médium de sa voix d'enfant. C'est cette zone devenue délicate qui deviendra par la suite la zone du registre aigu de sa voix d'adulte, qu'il soit devenu basse, baryton ou ténor. De plus, il commence à éprouver des difficultés dans l'aigu de sa voix d'enfant, le timbre général de sa voix se modifie. C'est pourquoi, compte tenu de tout ce qui vient d'être dit au-dessus, il est fondamental, et ce n'est malheureusement pas le cas dans toutes les maîtrises, que chaque enfant bénéficie d'un travail personnalisé et individualisé avec un professeur de chant. Quatre professeurs se APEC infos n° 30 Mai 2000 Page 6 Il va de soi que le professeur dans cette période joue un rôle d'accompagnement psychologique et vocal essentiel auprès de son élève. Il doit, avant tout, dédramatiser la situation et, en lui faisant chanter les notes présentes et facilement émissibles de sa nouvelle voix, l'habituer à son étrange nouveauté, l'amener à l'accepter, le rassurer sur sa potentialité d'avenir vocal et l'apprécier. LA MUE CHEZ LA FILLE Comparativement au garçon, les modifications organiques existent, mais elles sont moins brusques et surtout moins intenses chez la fille. En premier lieu et en lien avec ce qui vient d'être dit plus haut pour le garçon, contraint d'affirmer sa masculinité par l'aggravation de sa voix, l'absence de modification vocale, pour la fille, lors de la puberté, ne renforce pas un doute quant à son identification sexuelle. Elle était fille, elle le reste et avec la même voix. Tout s'avère donc bien plus simple pour elle. Sur le plan strictement pédagogique, travailler cette zone vocale naissante est indispensable. Ces incursions chantées sur cette partie de voix définitive, qui commence à se dessiner, sont propices à atténuer les tensions induites par le fait que ce jeune "mutant" tient toujours sa place dans le chœur, où il chante encore dans le système léger de sa voix d'enfant, alors que son larynx, en pleine mutation, s'engage de plus en plus dans un nouveau mode de fonctionnement, musculairement plus lourd. Dès le début de sa vie, la fondamentale, c'est-à-dire la hauteur de son qui revient le plus fréquemment dans sa voix conversationnelle, va s'aggraver. Il en va de même pour le garçon jusqu'à sa mue. Il est clair qu'une voix de petite fille ou de petit garçon n'est pas la même à deux, quatre, six ou dix ans. De la naissance à la puberté, le larynx infantile va graduellement changer de proportions et descendre, d'environ une vertèbre cervicale. La dimension des cordes vocales d'une fille, d'environ 4,5 mm à la naissance, atteindra 8 mm à l'âge de six ans, 17 mm après la puberté. La croissance des cordes vocales, au moment de la puberté, est comprise entre 1 mm et 3,5 mm. C'est donc très peu comparé au garçon. Médicalement la fourchette d'âge de la mue en voix parlée concerne les 11 à 16 ans. La mue trop précoce ou trop tardive peut révéler une pathologie ou un problème psychologique. Par expérience, je peux dire que la mue, en voix chantée, démarre le plus souvent autour de 13/14 ans. J'ai pu constater que l'enfant, dont le niveau de conscience technique vocale est assez faible, éprouvera plus de difficulté à l'apparition de la mue. Sa voix d'enfant n'ayant jamais été parfaitement libre, il se montrera peu en mesure de s'adapter aux changements qui s'opèrent en elle. A contrario, l'enfant à la conscience plus accomplie, une fois le premier choc vocal et psychologique passé, intègrera rapidement de nouveaux repères. Il n'y a donc pas de rupture marquée de la voix chez la fille au moment de la puberté. Le timbre va prendre plus d'ampleur, de richesse, et, en dehors d'une pathologie d'ordre psychologique - volonté de garder une voix de petite fille ou d'affirmer son indépendance par une virilisation vocale - l'ensemble des modifications de la puberté doivent passer inaperçues. Compte tenu du peu d'amplitude des modifications intervenant, qu'elle commence à apprendre le chant ou dispose d'un passé vocal, on peut considérer que la fille utilise un larynx qu'elle connaît depuis toujours. Elle dispose d'un instrument plus fiable, auquel elle a toujours pu s'habituer sans s'en apercevoir. C'est pourquoi tout jury de chant, pédagogiquement compétent, se fait un devoir d'être plus indulgent dans ses jugements avec une jeune basse, un jeune baryton ou un jeune ténor, mis en compétition avec une fille du même âge. Parmi les garçons qui ont travaillé avec moi et dont j'ai accompagné la mue, deux cas étonnants : Camillo Angarita, soprano-garçon soliste du Chœur de Chant pendant de nombreuses années, magnifique artiste par la maîtrise parfaite de sa voix, sa rigueur, sa musicalité et ses talents d'interprète. Après un moment de flottement très court, au début de sa mue, il a pu reprendre sa place de super-soliste et continuer de représenter la Maîtrise en France et à l'étranger, auprès de chefs prestigieux, pendant plus d'une année. Il a poursuivi sa carrière dans le chœur de la Maîtrise de Paris jusqu'à la fin de sa Terminale. Il chante aujourd'hui en voix de ténor. C'est incontestablement grâce à sa conscience très pointue de sa voix d'enfant, à son extrême sensibilité aux modifications qui s'opéraient dans sa voix, à sa faculté d'analyser la moindre sensation musculaire, à son invention pour trouver l'antidote, propre à chaque difficulté. Enfin c'est grâce à notre degré de connivence et de liberté d'échange pendant les années de travail fait ensemble, dont cette période compliquée de la mue, que je peux aujourd'hui aborder mon accompagnement psychologique et vocal des jeunes garçons de la Maîtrise en "mutation vocale" sans angoisse et avec une bonne conscience de ce qu'il faut faire. Merci Camillo, tu as été un super-prof ! L'imprégnation hormonale devient complète chez la fille au bout d'une période d'environ dix-huit mois, après la première menstruation. La puberté commence, à quelques exceptions près, entre 11 ans et 13 ans. La fille est donc très avantagée sur le plan vocal par rapport au garçon. Aucune rupture de sa conscience vocale n'est à craindre. Il n'y a donc pas de mue significative chez la fille et il est dangereux, pour des raisons d'ordre psychologique identiques à celles du garçon et qui touchent uniquement à l'abandon du monde de l'enfance, que le pédagogue mette l'accent sur de potentielles difficultés vocales en lien avec une mue qui, dans la réalité, s'installe naturellement, graduellement et sans heurt ou soubresaut sur les 18 mois nécessaires à la mutation hormonale complète de "l'enfant à la femme". En revanche, il est à craindre que, pour au moins les trente années à venir, l'apparition des règles s'accompagne de modifications désagréables. A chaque période, la voix est plus difficile, souvent soufflée, la conscience vocale modifiée, une inflammation plus ou moins importante peut parcourir tout le conduit vocal, jusqu'à provoquer une sorte d'angine, dont les femmes se sont souvent plaintes. La chanteuse sera d'autant plus sensible à ces "sautes d'humeur de l'instrument" qu'elles modifient ses sensations vocales. Suivant sa personnalité et son degré de technicité, ce moment délicat sera porteur ou non d'une angoisse passagère. Autre phénomène, Florent Martin, doté d'une conscience vocale très sûre, qui a chanté, pendant les deux ans de l'installation définitive de sa voix chantée d'adulte, simultanément en voix de soprano-garçon et de baryton-basse. Florent était capable d'interpréter en soliste, à 16 ans, en voix d'enfant, les Lieder de Strauss, dont les aigus et les pianissimi constituent une des difficultés, et, immédiatement à la suite, en voix d'homme, l'air de basse du Magnificat de Bach et quelques airs d'opéra. Il a quitté la Maîtrise, après avoir passé avec succès son baccalauréat. Aujourd'hui installé définitivement dans sa voix d'adulte, il est capable d'aborder, avec le même degré de conscience vocale et la même musicalité que lorsqu'il était enfant et d'une voix magnifique, le répertoire de baryton. Qui peut avoir oublié Camillo et Florent, chantant côte à côte dans le pupitre de soprano de la Maîtrise, jetant en concert au comble de l'exaltation, avec une joie et une fougue incroyable, les magnifiques mais ultimes notes de leur voix de soprano-garçon ? APEC infos n° 30 Mai 2000 Page 7 LA SANTE VOCALE DU MAÎTRISIEN ils pas déjà payé un lourd tribut aux méfaits d'un mauvais enseignement, ou laissé leur voix sous l'emprise du "je ne sais pas très bien ce que je fais". Ils ont par ces pratiques redoutables détruit et brûlé leur potentiel vocal au feu dévorant du hasard. Les cabinets d'orthophonie de la place de Paris en regorgent ! A mon sens - et ma longue expérience pédagogique, qui fête ses vingt ans à l'aube du nouveau millénaire, m'y autorise - on peut à partir de seulement 10% de voix, mais avec les 100% de capacités mentales nécessaires à l'apprivoisement et l'appropriation de sa propre voix, comprendre en quelques années la subtilité de l'alchimie vocale. La conscience vocale du chanteur, c'est sa capacité à créer un outil de pointe de haute technicité, fait de sensations musculaires et de perceptions sonores mentalisées. C'est à partir de cette construction subtile de "l'instrument-voix", porté à un degré de "haute facture instrumentale", que le chanteur a toutes les chances d'accéder à un niveau vocal et, en possession de tous les moyens techniques dont il a besoin, d'autoriser ainsi le jaillissement de sa sensibilité musicale et artistique. Il est, et cela tombe sous le sens, tout à fait indispensable que le jeune Maîtrisien, en train de construire sa voix, bénéficie d'un suivi médical sérieux. Ses parents doivent se montrer très soucieux de le faire consulter chaque fois qu'il se plaint d'une fatigue vocale excessive, due le plus souvent, compte tenu de son peu d'expérience vocale, à l'inadéquation entre la demande forte du chœur et son incapacité à s'en protéger. Au même titre, toute manifestation de souffrance de la sphère ORL, qu'elle intervienne par contamination microbienne ou manifestation allergique, ne doit pas être négligée et nécessite consultation médicale. Le chanteur doit savoir prendre en compte ce qui peut l'handicaper dans sa pratique vocale et altérer sa voix. S'il est clair que certaines pathologies sans gravité, désagréables en ce qu'elles modifient les sensations au niveau du conduit vocal, peuvent autoriser la pratique du chant, en revanche, toute altération de la voix au niveau laryngé doit s'accompagner d'un impératif repos vocal. Mais, me direz-vous, après toutes ces précisions si techniques, pas un instant vous n'avez fait référence au "plaisir du chant" ? Ne vous y méprenez pas, le plaisir du chant est immense et présent à chaque instant, à part égale pour le pédagogue et le chanteur, même si l'apprentissage est émaillé de difficultés. Oui, il peut prétendre toucher aux frontières paradisiaques du plaisir le chanteur qui interprète une partition ! C'est certain, son bonheur est parfait et incomparable, lorsque, asservis à son impulsion mentale, la musique, le verbe et les sentiments qui le traversent s'unissent pour porter haut et fort sa verve lyrique à travers les airs ! Point commun aux chanteurs des deux sexes Quel que soit son sexe, le chanteur est le seul instrument au monde à être, à la fois "et dans le même étui", l'instrument et l'instrumentiste. C'est unique, extraordinaire mais parfois peu rassurant. Toute perturbation ressentie au niveau de l'instrument ou toute indisposition physique est à coup sûr pour lui source d'inquiétude mentale. Seule la qualité de sa technique vocale est à même de lui offrir la capacité de s'adapter à la difficulté du moment et, partant, de diminuer son stress. Il en va, bien entendu, tout autrement lorsque la technique est aléatoire. Annie-Béatrice Lepré L'ENTRAÎNEMENT VOCAL A LA MAISON Il est extrêmement rare que je demande à mes élèves de travailler le chant chez eux. Seulement parfois, quand l'attitude est par trop dilettante. Je considère qu'ils sont, le plus souvent, en over-dose de pratique vocale plutôt qu'en manque, et qu'ils doivent se reposer, ce qui ne les empêche pas, s'ils ont su entrer dans la bonne démarche de l'apprentissage du chant, de réfléchir "dans leur tête", donc sans chanter, à la manière de faire passer dans leur voix les informations pédagogiques qu'ils ont reçues à l'occasion de leur cours. EN QUOI CONSISTE LA TECHNIQUE VOCALE ? Expliquer en quoi consiste le chant et la technique qui s'y rattache, est tellement vaste et complexe que, bien entendu, quelques lignes n'y suffisent pas. Côté pédagogue, et c'est ce que je mets en pratique, il s'agit d'accompagner enfant ou adulte chanteur tout au long d'un apprentissage subtil et délicat. Il faut l'aider à construire et harmoniser sa voix, la rendre fiable et capable de révéler sa sensibilité musicale. C'est un travail "sur mesure", de longue haleine, précis et rationnel. C'est une entreprise passionnante qui doit avoir pour éthique le respect de la personne enseignée, de sa personnalité, de ses rythmes et capacités d'apprentissage, des facilités ou difficultés qui lui sont propres. C'est un échange et un moment de partage extraordinaire. CONFERENCE SUR LA VOIX La conférence, organisée à l'initiative de l'APEC le jeudi 2 mars 2000, à l'Auditorium du CSP-CNR, a connu un très vif succès. Le Dr Claude FUGAIN, qui avait accepté d'y intervenir gracieusement, est une phoniatre de renom. Elle a expliqué avec une grande clarté ce qu'est la voix, comment elle fonctionne, comment l'on chante. Le chant suppose de la part du chanteur une excellente maîtrise du mécanisme, grâce à une technique vocale appropriée, mais aussi une implication du corps tout entier. La conférencière a ensuite évoqué les troubles qui peuvent affecter la voix et, pour finir, a prodigué toutes sortes de conseils d'hygiène vocale aux jeunes chanteurs. Qu'elle soit ici remerciée pour son intervention si passionnante. Côté élève, celui-ci doit se convaincre, dès le début, qu'il doit s'imposer à sa voix par un geste vocal connu et conscient, où le hasard n'a pas sa place. Ainsi, il entre dans la bonne démarche de l'apprentissage du chant, si passionnante. Elle va lui permettre, à son rythme et au fil du temps, de s'approprier les informations pédagogiques qui lui sont données de façon à devenir un chanteur autonome. On est, dans cette approche, aux antipodes de la voix dite "naturelle", toute faite d'une spontanéité hasardeuse, absolument impropre à garantir la santé, la longévité et la beauté de la voix. Il est vrai que certains ont reçu en cadeau, dès le départ, une voix plus facile, au timbre plus intéressant. Pour eux, comme pour ceux moins favorisés, seul l'apprentissage d'un geste vocal sain et contrôlé est garant de longévité, donc d'avenir. Tant d'artistes, aux voix somptueuses, n'ont- APEC infos n° 30 Mai 2000 Page 8 C'est pourquoi la décision a été prise d'intégrer dorénavant cette matière culturelle au cours de formation musicale, en tenant compte des acquis et des manques des Maîtrisiens. INTERVIEW DE VIRGINIE DAO PROFESSEUR DE FORMATION MUSICALE APEC - En ce qui concerne les œuvres chantées en concert, les resituez-vous dans leur contexte historique et évoquez-vous les compositeurs ? V. D. - Il est bien évident qu'un travail parallèle, voire en amont, peut et doit être mené en cours de formation musicale. Au-delà d'un simple aperçu historique, il me semble intéressant de bâtir également un travail technique et analytique sur les œuvres, axe vers lequel s'est orientée la formation musicale depuis une vingtaine d'années. Or toutes les œuvres ne sont pas exploitables dans tous les niveaux et à tous les âges. Il m'appartient donc de sélectionner les œuvres de concert susceptibles d'être traitées en cours et de les inclure dans le programme de l'année, pour chaque niveau. Il ne faut pas oublier que les temps de cours restent restreints. Aussi me paraît-il difficile d'aborder, même succinctement, toutes les œuvres chantées dans l'année. Je pense que le travail de renseignements sur une œuvre (recherche du compositeur, du genre) peut être également effectué par les enfants à la maison... avec les parents ! APEC - Pourriez-vous vous présenter personnellement ? V. D. - Voici un bref curriculum vitae pour me situer : - Hautboïste et pianiste (Prix de perfectionnement en hautbois) - Expériences professionnelles de soliste, chambriste, musicienne d'orchestre - Cours de chant lyrique et pratique du chant choral - Titulaire du Certificat d'Aptitude et Diplôme d'Etat de formation musicale - Maîtrise de musicologie en cours (sur l'enseignement de la formation musicale) - Enseigne la formation musicale depuis 1986. APEC - Vous êtes chargée depuis l'an passé de l'enseignement du solfège aux Maîtrisiens. Voudriez-vous faire un bilan général de l'année 1998-1999 ? V. D. - Dans l'ensemble, j'ai pu constater une bonne motivation des élèves, qui sont assez sérieux et conscients de l'importance de la matière pour eux. En ce qui concerne les cours, je dois dire que l'organisation inhérente à la Maîtrise, avec ses périodes intensives de répétitions et de concerts, ne permet pas un travail régulier tout au long de l'année. C'est pourquoi il a été adopté cette année un système d'évaluation plus souple, à savoir une évaluation continue et non plus ponctuelle. __________________________________________________ INTERVIEW DE DAVID DUPIRE PROFESSEUR DE PIANO APEC - En combien de niveaux les Maîtrisiens sont-ils répartis ? V. D. - Il existe 5 niveaux de formation musicale, dont les appellations sont propres à la Maîtrise. QUELQUES REFLEXIONS ET CONSEILS A L'INTENTION DES MAÎTRISIENS POUR LA PRATIQUE DU PIANO COMPLEMENTAIRE APEC - Quelle est la finalité de la formation musicale pour les élèves de la Maîtrise ? V. D. - La formation musicale doit permettre aux élèves d'acquérir une autonomie vis-à-vis des partitions, de façon à ce qu'ils soient capables de les comprendre et de les restituer. APEC - Pourriez-vous vous présenter ? D. D. - C'est depuis cette année que j'enseigne le piano comme instrument complémentaire aux Maîtrisiens. En ce qui me concerne, j'ai effectué mon cursus d'études musicales en piano, solfège et musique de chambre à l'Ecole Nationale de Musique d'Arras. Après quoi, j'ai eu la chance de perfectionner ma pratique pianistique en compagnie d'André Dumortier, grand pédagogue et interprète belge. Et dernièrement j'ai passé avec succès le Diplôme d'Etat de piano. APEC - Combien de temps les enfants doivent-ils travailler le solfège à la maison ? V. D. - Il est souhaitable que l'enfant travaille au moins deux fois dans la semaine, en plus du cours, car la répétition est nécessaire pour acquérir les réflexes visuels, vocaux et auditifs. La durée de travail varie, bien sûr, d'un élève à l'autre, cependant une moyenne de 30 minutes est nécessaire pour réaliser les différents exercices demandés. Ce qui importe surtout, c'est la concentration, la rigueur, l'exigence avec lesquelles est effectué le travail personnel. Parallèlement, j'avais entrepris d'étudier l'orgue sous la direction de Stéphane Detournay à l'Académie Saint-Grégoire de Tournai, d'Aude Heurtematte au CNR de Lille, puis de Marie-Louise Langlais au CSPCNR de Paris, où j'ai obtenu mes prix. Par ailleurs je poursuis des études universitaires, préparant actuellement une thèse de littérature française sur saint Augustin. APEC - Vous avez assuré l'année dernière un cours de culture musicale. Pouvez-vous nous expliquer ce qu'il en est cette année ? V. D. - Il s'agissait l'an passé d'un cours de culture musicale basé sur l'écoute. Il avait été en effet constaté un manque de culture musicale chez la plupart des élèves. Il m'a donc paru nécessaire de donner, en premier lieu, aux élèves un maximum d'outils auditifs, afin qu'ils puissent repérer les instruments, les styles. La Maîtrise étant souvent appelée à se produire avec des instrumentistes, j'ai donc basé mon programme sur les instruments et les genres musicaux : Reconnaissance des principaux instruments occidentaux utilisés en musique "savante". Formations de musique de chambre. Evolution de la formation orchestrale (du Baroque au XXè siècle). Genres : symphonie, concerto. Ces différents aspects étant, je le rappelle, abordés par le biais de l'écoute, il a été proposé aux élèves environ 90 extraits musicaux de toutes époques. Le cours du Chœur de Chant regroupant 45 enfants âgés de 12 à 17 ans, il s'est avéré délicat de gérer l'intérêt de chacun et de contenter tout le monde : le fossé était grand entre un jeune élève, dénué de repères historiques, linguistiques et auditifs, et un lycéen en section musique, bénéficiant de 3-4 heures hebdomadaires d'histoire de la musique et d'analyse. APEC - Quel est, selon vous, le but de l'enseignement du piano ? D. D. - L'enseignement du piano, tel que je le conçois, se propose d'utiliser et de découvrir en soi un patrimoine de richesses inconscientes. Il consiste à amener l'élève à parcourir une sorte de chemin intérieur. APEC - Quelle est la méthode pour y parvenir ? De quelle manière faites-vous travailler vos élèves ? D. D. - Il s'agit en premier lieu de mettre en œuvre les possibilités nombreuses de ce que Pascal appelait "l'automate" - c'est-à-dire la part de réflexes que chacun de nous possède - par un travail bien conscient et méthodique, orienté autour de plusieurs axes. La lenteur d'abord. On ne dira jamais assez les vertus de l'entraînement au ralenti, où non seulement le tempo, mais aussi l'ensemble des gestes (déplacements, attaques...) se trouvent effectués calmement, avec le souci de mouvements mentalement décomposés. En effet, tandis que cela s'effectue, dans l'esprit déjà la vitesse s'acquiert sans qu'il ne soit vraiment nécessaire de s'en soucier particulièrement. Disons, de façon imagée, que plus les fondations de l'édifice sont ancrées profondément dans le sol, plus la construction peut s'élever haut. APEC infos n° 30 Mai 2000 Page 9 Dans cette perspective, il est intéressant d'opter pour une division en phrases (et, si nécessaire, en toutes petites sections) des pièces à monter. Les élèves, assez naturellement, pratiquent la séparation préalable des mains, pour vaincre la difficulté de la superposition des voix, mais trop peu songent à construire, puis juxtaposer des unités de petites dimensions, dont la longueur sera fonction de la complexité des passages étudiés. C'est là un second moyen de se maintenir en position de constante maîtrise face à l'œuvre en cours de mise en place, ainsi qu'une chance supplémentaire pour la mémoire d'intégrer rapidement l'apprentissage et de le faire mûrir. Représentants de l'Association auprès de la Maîtrise de Paris Isabel BIDAULT 01 43 46 86 40 Vice-Présidente Maîtrise Annie BLANCHARD 01 42 85 07 12 Trésorière Marieke HOUSSEAU 01 46 33 42 12 Représentant auprès du Conseil d'Administration de la Maîtrise Il faudrait aussi insister sur la nécessaire recherche, au cours du déchiffrage, de doigtés cohérents et simples, limitant le nombre des passages de pouces et des substitutions. Cela permet de réfléchir sur le texte, d'avoir une attitude intelligente - non pas passive -, de fixer le plus tôt possible écarts et autres parcours "géographiques" pour une assimilation d'autant plus naturelle. Telles sont les pistes que je conseille de suivre, pratiques dont je ne saurais trop recommander enfin la régularité journalière , même quand le temps semble manquer cruellement. Chacun pourra éprouver la plus grande efficacité de fréquents quarts d'heure à des demi-heures consacrées sporadiquement à l'instrument, tant il est vrai que l'on s'enrichit mieux d'un art souvent remis sur le métier, ne serait-ce que brièvement. AIDE AUX LOGEMENTS L’association a mis en place une aide au logement pour les étudiants du Conservatoire. Les étudiants de province n’ont en particulier pas les « bon plans » pour se loger. Cette année, une nouvelle citée étudiante mise en place Porte de Clichy a bien simplifié la vie des musiciens. A partir du mois de septembre des propriétaires nous contactent. Si l’étudiant mis en contact ne se présente pas sans prévenir, il pénalise un autre qui aurait pu profiter de cette location sans frais d’agence. Nous remercions en particulier le foyer « les enfants des arts » qui héberge des enfants du Conservatoire (12-18 ans) venant de tous les horizons (province mais aussi de l’étranger). APEC - Et comment envisagez-vous l'éveil proprement musical, interprétatif ? D. D. - En plus des indispensables éléments de style que tout Maîtrisien se doit d'intégrer au cours de sa formation musicale, il convient pour l'élève, à mon avis, de porter prioritairement l'attention sur l'écoute de la qualité sonore et sur la réunion des moyens permettant de l'obtenir. Ainsi il lui est nécessaire, en travaillant chez lui, de veiller à la bonne position de doigts acteurs, aux phalanges se recourbant dans le bon sens (qu'il prenne garde notamment aux "4" et "5" écrasés) et auxquels il doit accorder un poids, une rapidité d'attaques bien déterminés, dans la logique d'une main stable, portée par des bras et poignets légers et souples, et à peine soulevée en direction de l'auriculaire. Il s'agit pour le jeune musicien d'adopter une structure propre à éveiller en lui, grâce au bon résultat acoustique obtenu, une richesse de désirs expressifs et toute une gamme d'émotions tendant à se manifester, jaillissements qui, en retour, l'inciteront à perfectionner son outil corporel et à le rendre véritablement l'instrument de ses volontés artistiques. Combien de personnes se voient qualifiées de non-réceptives à l'expression musicale, tout simplement parce qu'elles sont dépourvues, ne les ayant cultivées, des dispositions physiques qui permettent à l'âme de se dévoiler, aux ressources de sortir de l'ombre ! Tant il est vrai qu'un corps mal connu est souvent un empêchement et un fardeau pour l'esprit. N'invitait-on pas l'individu, dans les temps anciens, à "se connaître soi-même " ? Nous manquons de familles d’accueil pour recevoir les élèves pendant l’année scolaire. Si vous voulez devenir famille d’accueil, rien de plus simple contacter Mme SURZUR au 01 40 37 01 67 Comment nous contacter - Soit par téléphone : demander nos coordonnées à l’accueil du Conservatoire - Soit par courrier : APECSP-CNR 14, rue de Madrid 75008 PARIS LE BUREAU Jean-Paul WALD Isabel BIDAULT Bronwenn SURZUR Annie BLANCHARD Joceline HAMON Président Vice-Présidente (maîtrise) Vice-Présidente (danse) Trésorière Secrétaire Violon / Piano Maîtrise / Viole de Gambe Danse contemporaine Maîtrise / Viole Gambe Piano / Violon / Orgue Les courriers peuvent être également déposés à la Maison de la Danse, 30, rue Germain Pilon 75018 PARIS LE CONSEIL D’ADMINISTRATION Marieke HOUSSEAU Dominique SENASSON Katia NOVACK-PASCAL Brigitte GRIES de la BARBELAIS Nicole MOUTON de MONTAIGNAC Joëlle OPOH Maîtrise Contrebasse Danse Piano Danse Piano Danielle CORBEL Membre honoraire APEC infos n° 30 Mai 2000 Page 10