Le chat botte par les lunes a bulles - les lunes a bulles

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Le chat botte par les lunes a bulles - les lunes a bulles
DOSSIER PEDAGOGIQUE : Analyse de la pièce et pistes d’exploitation en classe
LE CHAT BOTTE PAR LES LUNES A BULLES
Adaptation du conte de Charles Perrault
SOMMAIRE :
1- DU CONTE A L’ADAPTATION THEATRALE.
a)Des changements par rapport au conte original


Le nom des personnages
Le déplacement d’un des personnages
b) De multiples personnages… deux comédiennes


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Les masques
Les marionnettes
Les personnages clownesques
c) Les chansons
Analyse des chansons :
 Du point de vue de la langue française
 Du point de vue de l’éducation musicale
2 - LA SCENOGRAPHIE
a) Un décor à multiples facettes : les cubes
b) Les lieux traversés
3- LES THEMES DU SPECTACLE
4- ANALYSE DE L’AFFICHE DU SPECTACLE
5- BIOGRAPHIE DE CHARLES PERRAULT
6- BIBLIOGRAPHIE
7- CONTACTS
8- ANNEXES : LE conte original
L’affiche du spectacle
1
1-
DU CONTE A L’ADAPTATION THEATRALE.
a) Des changements par rapport au conte original

Le nom des personnages
Dans le conte originel les personnages ne sont pas nommés. En leur octroyant un nom, nous
créons une empathie plus grande avec le spectateur car ils sont élevés au rang d’individus.
Le fils se nomme Gaspard
Le chat se nomme Malo
La reine se nomme Miranda
La princesse se nomme Eloïse
L’ogre se nomme l’Ogre de Barbarie
Les paysans-marmitons se nomment respectivement : Paul et Roland

Le déplacement d’un des personnages
Le roi du conte devient dans l’adaptation théâtrale la Reine Miranda.
 Après lecture du conte original en classe, relever avec les élèves les différences dans
l’adaptation théâtrale. Sont-ils d’accord avec cette interprétation ? Quels autres changements
pourraient-ils imaginer ?
 Relever avec les élèves tout ce qui fait partie de la magie du conte : exemple : le chat
parle, l’ogre se transforme etc.
b) De multiples personnages… deux comédiennes

Les masques :
L’ensemble des personnages du conte sont masqués : Le Chat, le fils Gaspard, le Père, la Reine
Miranda, la Princesse Eloïse, l’Ogre de Barbarie.
L’utilisation des doubles masques permet de multiplier le nombre de personnages sur scène : la
Reine/Gaspard et Eloïse/le Chat

Les marionnettes
Les fils en début de spectacle : l’aîné et le cadet
Gaspard lors de la noyade
Les deux paysans-marmitons
 Faire l’inventaire avec les élèves de tous les artifices qui permettent aux comédiennes de faire
vivre plusieurs personnages en même temps sur scène.
2

Les personnages clownesques
Ils assurent la transition entre les scènes et ont pour mission le changement de décor. Ces
personnages s’expriment exclusivement en « grommelot ». Nous sommes dans la dimension non
verbale de la communication. Ils sont antinomiques : l’un sourit et semble calme et posé, l’autre
est affairé, en colère, râlant constamment.
 Avec les élèves, analyser les dimensions de la communication non verbale : notre corps, nos
gestes, nos expressions faciales peuvent transmettre beaucoup, sans les mots.
c) Les chansons
Elles sont partie intégrante du cours du récit et font avancer la narration et le déroulement
des évènements. Elles nous indiquent aussi quelles émotions animent les protagonistes (par
exemple : l’ambition du chat, le coup de foudre entre Gaspard et la princesse…)
 Se rappeler d’autres spectacles ou films dans lesquels les chansons font avancer l’histoire.
Les textes s’amusent avec la langue grâce à des jeux de rimes, des allitérations… Empreints de
poésie, ils racontent eux aussi une partie de l’histoire. Chaque chanson interprétée par les
comédiennes est au cœur de la réalité de chaque personnage, le dévoilant un peu plus, et
rajoutant une dimension au discours et au jeu de l’interprète.

Analyse des chansons du point de vue de la maîtrise de la langue
 Une étude détaillée des textes des chansons permettra aux élèves d’enrichir leur lexique et
d’étudier la langue française de manière ludique.
- Le matou :
Travail autour des synonymes (synonymes de chat…)
Travail autour des rimes (structure de la chanson)
Travail sur les allitérations «le chat ainsi chaussé s’en va chasser», «je pressens où ma proie se
niche»…
- Affabulations
Travail autour du dictionnaire pour rechercher les mots inconnus
- Ogre de Barbarie
Travail autour du champ lexical de la peur
3

Analyse des chansons du point de vue de l’éducation musicale
 Le travail autour des chansons elles-mêmes permettra aux élèves de développer leurs
capacités d’écoute et d’analyse dans le domaine de l’éducation musicale (recherche des
instruments utilisés, étude des différences de rythme, d’orchestration, et de leur rôle…)
Importance de l’instrumentation et des chœurs qui donnent à chaque chanson une atmosphère
particulière que les élèves pourront analyser.
Dans «coup de foudre» : le glockenspiel (ou métallophone) donne une ambiance naïve et
romantique.
Dans «ogre de barbarie » : les chœurs et les basses rendent l’atmosphère plus lourde et
effrayante.
2 - LA SCENOGRAPHIE
a) Les lieux traversés
 Retrouver avec les élèves les différents lieux de l’histoire.
 Se remémorer les couleurs dominantes, les dessins.

Chez le Père : lieu austère, le Père mourant reste dans son lit qui devient son cercueil.

Chez Gaspard : le décor est le même mais le lit est réellement utilisé en tant que tel.

Chez la Reine Miranda : Le trône sur lequel est assise Miranda est rouge et or. Le château
situé en fond de scène est peint dans les mêmes tons. Il donne du relief à la scène et nous indique
que nous sommes chez quelqu’un de joyeux, d’excentrique.

A la rivière : Extérieur, nous sommes à la campagne. Les couleurs dominantes sont le vert
et le bleu. Des poissons sont dessinés ainsi que de la végétation.

Chez l’Ogre de Barbarie : Le château est noir et rouge, il indique que l’habitant de ce lieu
est un personnage effrayant. La boite de l’Ogre en avant scène rappelle les boites des diablotins magiciens.

Chez le Marquis de Carabas : Le décor est identique au précédent puisque Gaspard grâce à
son chat prend possession des terres et du château de l’ogre. Il y appose son blason qui par ses
couleurs bleu et doré adoucit le côté obscur que l’on trouvait chez l’ogre.
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b) Notes sur le décor du spectacle, par la conceptrice : Maud Metzger
Le décor du Chat Botté doit être modulable, intégré à la mise en scène, facile d’utilisation
et de transport. Après plusieurs pistes de réflexion et de recherche, le concept du puzzle s’est
imposé et avec lui, celui du cube. A l’instar de ces puzzles-cubes des enfants, facile de
manipulation, en relief, pouvant s’empiler, s’aligner, se retourner, se moduler.
Le cube, par sa forme géométrique, détermine et fixe l’espace en ses 3 dimensions : il donne
d’emblée un volume à l’espace, à la fois contenu et contenant. Le mot « cube » a pour étymologie
« kubos » : le dé en grec ancien. J’y vois un lien avec le jeu (théâtral, des enfants) et le hasard.
Ludiques et attrayants, les cubes répondent aux besoins de la mise en scène : ils offrent à la fois la
stabilité et la souplesse suffisante pour se transformer. Il est possible de monter dessus, de s’y
cacher, de les empiler et d’agencer des formes géométriques variées pour créer le nombre de
tableaux souhaités.
Par sa construction, le cube permet une possibilité finie et infinie. Il est à la fois la partie et le tout.
Le Chat Botté des Lunes à Bulles nécessite 4 décors qui, sans alourdir la mise en scène, sont
rapidement réalisables avec ce concept des cubes-puzzles. 13 cubes de 30 cm x 30 cm et 3 cubes
de 60 cm x 60 cm permettent la création de ces différents décors. Les changements se font à vue
et permettent aux spectateurs de cheminer au même rythme que les personnages. Le spectateur
est dans l’attente, la surprise de l’assemblage à venir : quel décor va naître de la manipulation ?
Le fil est maintenu et la scène peut se jouer…
3- LES THEMES DU SPECTACLE
 Pouvant être sujet à débat et discussion au sein de la classe

L’ascension sociale

Le poids des apparences

Le mensonge

La manipulation : Gaspard est la marionnette du chat.

La confiance en soi

L’amour : le coup de foudre
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4- ANALYSE DE L’AFFICHE DU SPECTACLE
Le violet en fond : couleur royale (on est chez la reine Miranda).
Le trône occupe une place importante dans le spectacle c'est pourquoi il est présent sur l'affiche :
c'est l'ambition, l'ascension sociale qui va mener le chat à entreprendre tout ce qu'il va faire avec
Gaspard.
On ne voit que la tête du chat car son ambition n'est pas de briller de prendre la 1ère place mais
de provoquer l'ascension de son maitre pour profiter alors d'une situation confortable...il use de
ruse mais reste discret.
Les cercles concentriques derrière le trône symbolisent le côté envoûtant du chat et de ses
propos. Comme les yeux d'un serpent qui peuvent hypnotiser la personne qui les regarde. Le chat
cherche à faire prendre conscience à son maître de tout ce qu'il est capable de réussir pour
bonifier sa situation, il l'encourage, le persuade.
Malgré les symboles forts utilisés sur cette affiche, le dessin reste naïf et amusant car nous
sommes dans un conte qui s’adresse à un jeune public.
 Avant et/ ou après le spectacle, faire analyser l’affiche aux élèves : qu’est-ce que les personnages, les
éléments inspirent à celui qui les regarde ? Que peut-on en déduire sur leur caractère, leur relation, leur
importance ?
 Imaginer avec les élèves une autre affiche possible
5- BIOGRAPHIE DE CHARLES PERRAULT
Charles Perrault est un écrivain français, né à Paris le 12 janvier 1628 et décédé à Paris le 16
mai 1703. Issu d’une famille aidée de la bourgeoisie d’offices, il est le dernier de quatre frères.
Après des études de droit et une première œuvre burlesque « Les murs de Troie », il entre en
1654 comme commis chez son frère ainé Pierre, receveur général. Ses poèmes, notamment les
« Odes au Roi », le font remarquer. Nommé commis auprès de Colbert, conseiller de Louis XIV, il
devient Premier commis des bâtiments du Roi en 1665. Elu en 1671 à l’Académie Française, il
s’oppose à Boileau dans la célèbre querelle des Anciens contre les Modernes en 1687. Les
modernes refusent en effet de considérer les auteurs antiques (grecs et latins) comme des
modèles insurpassables. Chancelier de l’Académie, il en devient bibliothécaire en 1673.
Son œuvre la plus célèbre tient aujourd’hui dans ses contes, nourris de l’imaginaire médiéval
légendaire, chevaleresque et courtois. Perrault reprend dans une prose faussement naïve des
histoires transmises traditionnellement par voie orale, encore considérées d’une influence
majeure dans l’inconscient collectif. Quelques uns de ses contes : « Contes en vers et en prose »,
« La Belle au bois dormant », « Contes et fables », « Les contes de ma mère l’Oye » « Les fées »,
« Le Chat Botté », « Cendrillon », « Barbe-bleue », « Peau d’Ane » « Le petit Chaperon rouge »
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6- BIBLIOGRAPHIE

Bruno Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées, Robert Laffont1976

Georges Jean, Le pouvoir des contes, Casterman1990

Vladimir Propp, Morphologie du conte, Le seuil, 1970

Gianni Rodari, Grammaire de l’imagination, Rue du monde, 1973

Marc Soriano, Les contes de Perrault : culture savante et traditions populaires

Gallimard 1968

Héril, Alain / Mégrier, Dominique.- Entraînement à l'improvisation théâtrale : à partir de 8
ans.- Paris : Retz, 1999 et l’ensemble de la collection RETZ.

Jacques Choque, l’expression corporelle, édition Hellébore, 1995.

Jacques Lecoq, le corps poétique, Actes Sud, 1997.

Yoshi Oida, l’acteur flottant, Actes Sud, 1992.
7
CONTACT
Compagnie « Les Lunes à Bulles »
63 Rue Sainte
13001 Marseille
Contacts : Nelly Bois / Karine Griffoni
Téléphone : 06 20 45 52 82
Mail : [email protected]
Site internet : http ://leslunesabulles.free.fr
Nous nous ferons une joie d’échanger avec vous vos impressions sur notre spectacle, et si vous
avez des questions nous essaierons d’y répondre au mieux.
CD Chansons du Spectacle
Tarif scolaire : 5 €
Pour vos commandes n’oubliez pas de mentionner le nom de l’école, l’adresse de livraison, le
nombre exact de CD. Règlement à établir à l’ordre des Lunes à Bulles.
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LE MAITRE CHAT OU LE CHAT BOTTE
De Charles Perrault
Un Meunier ne laissa pour tous biens à trois enfants qu'il avait, que son Moulin, son âne, et son chat.
Les partages furent bientôt faits, ni le Notaire, ni le Procureur n'y furent point appelés. Ils auraient eu
bientôt mangé tout le pauvre patrimoine. L'aîné eut le Moulin, le second eut l'âne, et le plus jeune n'eut
que le Chat. Ce dernier ne pouvait se consoler d'avoir un si pauvre lot :
- Mes frères, disait-il, pourront gagner leur vie honnêtement en se mettant ensemble ; pour moi,
lorsque j'aurai mangé mon chat, et que je me serai fait un manchon de sa peau, il faudra que je meure
de faim.
Le Chat qui entendait ce discours, mais qui n'en fit pas semblant, lui dit d'un air posé et sérieux :
- Ne vous affligez point, mon maître, vous n'avez qu'à me donner un Sac, et me faire faire une paire de
Bottes pour aller dans les broussailles, et vous verrez que vous n'êtes pas si mal partagé que vous
croyez.
Quoique le Maître du chat ne fît pas grand fond là-dessus, il lui avait vu faire tant de tours de
souplesse, pour prendre des Rats et des Souris, comme quand il se pendait par les pieds, ou qu'il se
cachait dans la farine pour faire le mort, qu'il ne désespéra pas d'en être secouru dans sa misère.
Lorsque le chat eut ce qu'il avait demandé, il se botta bravement, et mettant son sac à son cou, il en prit
les cordons avec ses deux pattes de devant, et s'en alla
dans une garenne où il y avait grand nombre de lapins. Il
mit du son et des lasserons dans son sac, et s'étendant
comme s'il eût été mort, il attendit que quelque jeune
lapin, peu instruit encore des ruses de ce monde, vînt se
fourrer dans son sac pour manger ce qu'il y avait mis. À
peine fut-il couché, qu'il eut contentement ; un jeune
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étourdi de lapin entra dans son sac, et le maître chat tirant aussitôt les cordons le prit et le tua sans
miséricorde. Tout glorieux de sa proie, il s'en alla chez le Roi et demanda à lui parler. On le fit monter à
l'Appartement de sa Majesté, où étant entré il fit une grande révérence au Roi, et lui dit :
- Voilà, Sire, un Lapin de garenne que Monsieur le Marquis de Carabas (c'était le nom qu'il lui prit en
gré de donner à son Maître), m'a chargé de vous présenter de sa part.
- Dis à ton Maître, répondit le Roi, que je le remercie, et qu'il me fait plaisir.
Une autre fois, il alla se cacher dans un blé, tenant toujours son sac ouvert ; et lorsque deux Perdrix y
furent entrées, il tira les cordons, et les prit toutes deux. Il alla ensuite les présenter au Roi, comme il
avait fait le Lapin de garenne. Le Roi reçut encore avec plaisir les deux Perdrix, et lui fit donner pour
boire. Le chat continua ainsi pendant deux où trois mois à porter de temps en temps au Roi du Gibier
de la chasse de son Maître.
Un jour qu'il sut que le Roi devait aller à la promenade sur le bord de la rivière avec sa fille, la plus
belle Princesse du monde, il dit à son Maître :
- Si vous voulez suivre mon conseil, votre fortune est faite : vous n'avez qu'à vous baigner dans la
rivière à l'endroit que je vous montrerai, et ensuite me laisser faire.
Le Marquis de Carabas fit ce que son chat lui conseillait, sans savoir à quoi cela serait bon.
Dans le temps qu'il se baignait, le Roi vint à passer et le Chat se mit à crier de toute sa force :
- Au secours, au secours, voilà Monsieur le Marquis de Carabas qui se noie !
À ce cri le Roi mit la tête à la portière, et reconnaissant le Chat qui lui avait apporté tant de fois du
Gibier, il ordonna à ses Gardes qu'on allât vite au secours de Monsieur le Marquis de Carabas. Pendant
qu'on retirait le pauvre Marquis de la rivière, le Chat s'approcha du Carrosse, et dit au Roi que dans le
temps que son Maître se baignait, il était venu des Voleurs qui avaient emporté ses habits, quoiqu'il eût
crié au voleur de toute sa force ; le drôle les avait cachés sous une grosse pierre.
Le Roi ordonna aussitôt aux Officiers de sa Garde-robe d'aller quérir un de ses plus beaux habits pour
Monsieur le Marquis de Carabas. Le Roi lui fit mille caresses, et comme les beaux habits qu'on venait
de lui donner relevaient sa bonne mine (car il était beau, et bien fait de sa personne), la fille du Roi le
trouva fort à son gré et le Comte de Carabas ne lui eut pas jeté deux ou trois regards fort respectueux,
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et un peu tendres, qu'elle en devint amoureuse à la folie. Le Roi voulut qu'il montât dans son Carrosse,
et qu'il fût de la promenade.
Le Chat ravi de voir que son dessein commençait à réussir, prit les devants, et ayant rencontré des
Paysans qui fauchaient un Pré, il leur dit :
- Bonnes gens qui fauchez, si vous ne dites au Roi que le pré que vous fauchez appartient à Monsieur le
Marquis de carabas, vous serez tous hachés menu comme chair à pâté.
Le Roi ne manqua pas à demander aux Faucheux à qui était ce Pré qu'ils fauchaient.
- C'est à Monsieur le Marquis de Carabas, dirent-ils tous ensemble car la menace du Chat leur avait fait
peur.
- Vous avez là un bel héritage, dit le Roi au Marquis de Carabas.
- Vous voyez, Sire, répondit le Marquis, c'est un pré qui ne manque point de rapporter abondamment
toutes les années.
Le maître Chat, qui allait toujours devant, rencontra des Moissonneurs, et leur dit :
- Bonnes gens qui moissonnez, si vous ne dites que tous ces blés appartiennent à Monsieur le Marquis
de carabas, vous serez tous hachés menu comme chair à pâté.
Le Roi, qui passa un moment après, voulut savoir à qui appartenaient tous les blés qu'il voyait. « C'est
à Monsieur le Marquis de Carabas » répondirent les Moissonneurs, et le Roi s'en réjouit encore avec le
Marquis. Le Chat, qui allait devant le Carrosse, disait toujours la même chose à tous ceux qu'il
rencontrait ; et le Roi était étonné des grands biens de Monsieur le Marquis de Carabas.
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Le maître Chat arriva enfin dans un beau Château dont le Maître était un Ogre, le plus riche qu'on ait
jamais vu, car toutes les terres par où le Roi avait passé étaient de la dépendance de ce Château. Le
Chat, qui eut soin de s'informer qui était cet Ogre, et ce qu'il savait faire, demanda à lui parler disant
qu'il n'avait pas voulu passer si près de son Château, sans avoir l'honneur de lui faire la révérence.
L'Ogre le reçut aussi civilement que le peut un Ogre, et le fit reposer.
- On m'a assuré, dit le Chat, que vous aviez le don de vous changer en toute sorte d'Animaux, que vous
pouviez par exemple, vous transformer en Lion, en Éléphant ?
- Cela est vrai, répondit l'Ogre brusquement, et pour vous le montrer, vous m'allez voir devenir Lion.
Le Chat fut si effrayé de voir un Lion devant lui, qu'il gagna aussitôt les gouttières, non sans peine et
sans péril, à cause de ses bottes qui ne valaient rien pour marcher sur les tuiles. Quelque temps après,
le Chat, ayant vu que l'Ogre avait quitté sa première forme, descendit, et avoua qu'il avait eu bien peur.
- On m'a assuré encore, dit le Chat, mais je ne saurais le croire, que vous aviez aussi le pouvoir de
prendre la forme des plus petits Animaux, par exemple, de vous changer en un Rat, en une Souris ; je
vous avoue que je tiens cela tout à fait impossible.
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- Impossible ? reprit l'Ogre, vous allez voir, et en même temps il se changea en une Souris, qui se mit à
courir sur le plancher. Le Chat ne l'eut pas plus tôt aperçue qu'il se jeta dessus, et la mangea.
Cependant le Roi, qui vit en passant le beau Château de l'Ogre, voulut entrer dedans.
Le Chat, qui entendit le bruit du Carrosse qui passait sur le pont-levis, courut au-devant, et dit au Roi :
- Votre Majesté soit la bienvenue dans ce Château de Monsieur le Marquis de Carabas.
- Comment, Monsieur le Marquis, s'écria le Roi, ce Château est encore à vous ! Il ne se peut rien de plus
beau que cette cour et que tous ces Bâtiments qui l'environnent ; voyons les dedans, s'il vous plaît.
Le Marquis donna la main à la jeune Princesse, et suivant le Roi qui montait le premier, ils entrèrent
dans une grande Salle où ils trouvèrent une magnifique collation que l'Ogre avait fait préparer pour
ses amis qui le devaient venir voir ce même jour-là, mais qui n'avaient pas osé entrer sachant que le
Roi y était. Le Roi charmé des bonnes qualités de Monsieur le Marquis de Carabas, de même que sa fille
qui en était folle, et voyant les grands biens qu'il possédait, lui dit, après avoir bu cinq ou six coups :
- Il ne tiendra qu'à vous, Monsieur le Marquis, que vous ne soyez mon gendre.
Le Marquis, faisant de grandes révérences, accepta l'honneur que lui faisait le Roi ; et dès le même jour
épousa la Princesse. Le Chat devint grand Seigneur et ne courut plus après les souris .que
divertir.
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pour se

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