Investissements hôteliers en Algérie

Transcription

Investissements hôteliers en Algérie
Investissements hôteliers en Algérie
Le foncier et le crédit bancaire, premiers obstacles
Les projets lancés totalisent une capacité d’accueil de l’ordre de 65 540 lits, mobilisent
quelques centaines de milliards de dinars en investissement et génèrent plus de 26 423 postes
d’emploi.
La commission chargée de l’étude des projets hôteliers a examiné 78 dossiers
d’investissements touristiques. Pour l’investisseur, la réussite d’un projet passe évidemment par
sa rentabilité économique
Plusieurs opérateurs ont décidé d’investir dans l’hôtellerie et les structures d’accueil. La
nouvelle vision s’inscrit dans une démarche partenariale fondée sur une confiance partagée et
des engagements mutuels du public et du privé. Au titre de ce partenariat, les investisseurs
concernés s’engagent à mobiliser les moyens de financement nécessaires à la réalisation de
leurs projets dans les délais souscrits, veiller au respect des lois et règles relatives aux normes
d’urbanisme, d’environnement et de la qualité et s’inscrire dans une dynamique d’amélioration
de la qualité des services dans les établissements touristiques et hôteliers. Mais au-delà des
bonnes intentions, certains investisseurs rencontrent des problèmes liés essentiellement à la
rareté du foncier et à la difficulté d’accès aux crédits bancaires. Où en est-on ? Éclairage.
Le gouvernement a compris que grâce à la promotion de l’investissement, il est désormais
possible d’atteindre les objectifs tracés visant à poser les jalons d’un tourisme à même
d’absorber la demande interne et satisfaire les marchés extérieurs. Smaïn Mimoune, ministre
du secteur, a déclaré, lui-même, à plusieurs reprises, qu’il faut changer de vision à l’égard des
investisseurs, de manière à les considérer comme des partenaires dans l’édification du
tourisme national, en leur garantissant un soutien dans la réalisation de leurs projets. Mais pour
relancer les chantiers, il est nécessaire d’aplanir toutes les difficultés auxquelles pourraient faire
face les investisseurs ou celles retardant la réalisation de leurs projets d’investissement.
L’investissement touristique est souvent cantonné au simple rôle de financement. Il s’agit, en
réalité, plus d’une démarche regroupant plusieurs phases : étude, négociation, réalisation,
gestion. Celles-ci vont de l’idée du projet à sa réalisation concrète, de la région où le projet
devrait s’implanter à la construction de l’établissement touristique sur un terrain précis.
L’investissement touristique est donc plus complexe à définir que le simple apport de capitaux :
il fait généralement intervenir de nombreux acteurs qui s’organisent en système au sein duquel
chacun a sa place.
Les acteurs privés, même s’ils élaborent leur propre stratégie de développement (business
1/4
Investissements hôteliers en Algérie
plan), réagissent à des stimuli externes généralement voulus par les gouvernements, tels que la
nouvelle stabilité politique d’un pays, un environnement favorable à l’investissement (incitations
fiscales par exemple) et une stratégie politique engageante pour le tourisme. Les projets
d’investissements touristiques sont très nombreux actuellement et il est souvent difficile de
s’orienter dans cette diversité. Le projet peut concerner une construction simple, comme la
création d’un hôtel ou bien le développement d’un site dans son ensemble. Pour l’investisseur,
la réussite d’un projet passe évidemment par sa rentabilité économique.
Le schéma directeur d’aménagement touristique (SDAT) horizon 2030, dont l’approbation en
Conseil de gouvernement date de février 2008, fait de la relance de l’investissement touristique
un axe prioritaire dans la mise en tourisme de l’Algérie et fixe, à ce titre, comme objectif
intermédiaire la réalisation de 75 000 lits de capacités supplémentaires d’hébergement à
l’horizon 2015.
Évaluation de l’état d’avancement
S’agissant des investissements en infrastructures hôtelières, le ministère du Tourisme et de
l’Artisanat a recensé, depuis l’avènement du SDAT au 30 juin 2011, 610 projets privés dont 29
sont achevés et 353 sont en cours de réalisation. Le reste des projets sont en cours de
lancement. Ces projets totalisent une capacité d’accueil de l’ordre de 65 540 lits, mobilisent
quelques centaines de milliards de dinars en investissements et génèrent plus de 26 423
postes d’emploi. Dans le cadre de sa mission d’accompagnement et de facilitation des projets
d’investissements touristiques, le ministère a organisé, en janvier dernier, une journée d’étude
sur la relance de l’investissement touristique créant ainsi l’occasion de mettre en contact direct
les investisseurs, les banquiers et les experts du domaine. Une commission chargée de l’étude
des plans des projets hôteliers a été installée le 29 mars dernier.
A fin juin 2011, elle a examiné 78 dossiers d’investissements touristiques dont 27, totalisant une
capacité de 2944 lits, ont bénéficié d’un accord de principe sans réserve au premier examen.
Ce nombre ira crescendo à la faveur des mesures d’appui aux investissements décidées par le
Conseil des ministres du 22 février 2011 et transcrites dans la LFC 2011. D’autres actions ont
été entreprises. Il s’agit du développement d’une offre foncière en adéquation avec la demande
à travers l’engagement de travaux d’aménagement et de viabilisation des zones d’expansion
touristiques et d’opération de reconstruction, de protection et d’assainissement du foncier
touristique.
D’autre part, il faut citer l’opération de modernisation du parc hôtelier qui vise, selon le ministre
du secteur, «non seulement la réhabilitation et la modernisation des infrastructures hôtelières
publiques dans l’objectif de les aligner sur les normes internationales en matière de prestation à
la clientèle, mais aussi l’extension de leurs capacités d’accueil et la création de nouvelles
prestations». Globalement, elle a concerné, outre le tour operator ONAT, 61 structures
hôtelières et vise à rénover, en profondeur, les unités hôtelières concernées dans l’objectif de
les faire monter en gamme et les rendre plus attractives au management et prises de
participation par des groupes internationaux.
Dans le détail, l’opération concerne 11 hôtels du Sud dont 2 (Mehri de Ouargla et Mzab de
2/4
Investissements hôteliers en Algérie
Ghardaïa) sur fonds de développement du Sud et les 9 autres (Les Zibans/Biskra, Louss/El
Oued, Oasis/Touggourt, Djanoub/Ghardaïa, El Boustène/El Menea, Gourara/Timimoun,
Touat/Adrar, Antar/Béchar, Tahat/Tamanrasset) sur l’enveloppe de 2 milliards de concours
définitif allouée par l’Etat. Il y a aussi 5 établissements hôteliers dont les travaux sont soit
achevés (hôtels El Djazaïr/Alger, Kerdada/Boussaâda, Les Zianides/Tlemcen et Les
Andalouses/Oran) ou en voie d’achèvement (El Aurassi/Alger dont la réception est prévue
avant la fin de 2011 pour un coût de rénovation de 66 millions d’euros). Sont concernés aussi
45 autres structures hôtelières et l’ONAT.
Le programme relatif y a été examiné et validé par le conseil des participations de l’Etat le 24
mars dernier. Celui-ci est d’un coût global de 49,358 milliards de dinars, dont 10,211 milliards
de dinars au titre des extensions et prestations nouvelles et 771 millions de dinars au titre du
programme de formation du personnel aux métiers de l’hôtellerie et aux TIC et concerne toutes
les filières. Le parc hôtelier national est riche de 92 000 lits. Le gouvernement a opté depuis un
certain temps pour la formule «contrat de management» pour attirer les groupes internationaux.
La chaîne Accor a été la première à s’implanter par l’enseigne Sofitel.
Des contrats de management aux rénovations des hôtels
Le Sofitel Alger a ouvert ses portes en 1992. Premier hôtel d’un groupe international, Sofitel est
le premier contrat de management signé en Algérie. Un contrat jugé, par les responsables de
l’Entreprise gestion touristique (EGT) Centre, de «positif, qui a permis une amélioration des
services atteignant un taux d’occupation de 80% et la formation du personnel». L’hôtel Mercure
Alger-aéroport a ouvert en mars 2000. Cet établissement est le fruit d’un contrat de gestion
entre la chaîne et l’EGT Centre. Le représentant de la chaîne Accor a exprimé sa joie après l’ouverture de l’hôtel Ibis Oran Les
falaises . Il a rappelé que la chaîne Accor est déjà présente en Algérie depuis 20 ans, plus
précisément depuis 1992. «Nous n’avons jamais douté de notre présence dans ce pays et nous
envisageons la réalisation de 3600 chambres en Algérie», dira-t-il.
En partenariat avec Djillali Mehri, l’homme d’affaires algérien, Accor semble avoir trouvé le bon
filon pour étendre son royaume. Après Alger, les enseignes du groupe poussent comme des
champignons à Oran, Tlemcen et bientôt à Constantine avec un Novotel et un Ibis.
Les marques sont l’autre grand atout de Accor, seul acteur présent sur les cinq segments de
marche : depuis hôtel F1 en France, Motel 6 aux États-Unis et Etap Hôtel sur le très
économique, en passant par Ibis et all seasons sur l’économique ou Novotel et Mercure pour le
milieu de gamme, jusqu’a Pullman et MGallery sur le haut de gamme et Sofitel sur le luxe. Avec
une segmentation très fine, il est bien armé pour répondre aux attentes toujours plus précises
des clients.
Les différents projets du partenariat Accor-Mehri répondent à plusieurs objectifs définis par le
SDAT, a savoir atteindre une capacité de 75 000 lits de qualité pour satisfaire la demande de la
clientèle nationale et internationale exigeant des produits haut de gamme, et délocaliser l’offre
hôtelière qui se concentre actuellement essentiellement dans 6 wilayas. En effet, actuellement,
seules Alger, Annaba, Oran, Tlemcen, El Oued, Aïn Temouchent disposent d’une capacité
d’accueil de plus de 2000 lits. «Le délai de réalisation de 4 hôtels par an, que nous nous
3/4
Investissements hôteliers en Algérie
sommes fixé au départ, s’est vite heurté à l’absence de disponibilité immédiate de terrains
d’assiette appropriés», a souligné Mehri.
Par conséquent, les délais de réalisation seront incontestablement plus longs que prévu, sans
pour autant remettre en cause le programme affiché. Pour l’heure, dira-t-il «nous ouvrons au
public un hôtel de type Ibis 3 étoiles à Oran de 150 chambres et un autre à Tlemcen de 125
chambres. Ces deux hôtels s’ajoutent à celui d’Alger que nous avions inauguré en février 2009,
auxquels viendront se joindre, dès le mois de septembre prochain, deux autres hôtels à
Constantine de type Ibis et Novotel de 288 chambres au total ».
Sous l'aimable autorisation de Kamel Benelkadi
Source El Watan du 01 Octobre 2011
Photo de Yassine Cherif Mosteghanemi
4/4